Conférence à 17h30 à la faculté de Droit de Clermont-Ferrand, sur le thème du droit des animaux, avec Jean-Pierre Marguénaud, juriste, et Claude Reiss, biologiste et président d’Antidote Europe (association de scientifiques pour la promotion de méthodes alternatives à l’ expérimentation animale).
L’ amphithéatre mis à disposition ( qui pouvait contenir une centaine de personnes) était bien rempli, et pour un tiers environ par les étudiants en droit de la faculté.
A Pour la 1ère intervention, Jean-Pierre Marguénaud a mis en avant quelques points essentiels, sans le changement desquels la condition animale dans la société française ne pourra espérer réellement évoluer.
Entre autres, il préconise :
1) une modification du statut de l’ animal dans la constitution française.
En effet celui-ci n’a pas changé depuis l’ avènement de la vème république (soit depuis 1958), à savoir que l’ animal est assimilé à un « bien » matériel dans la constitution, et non pas à celui d’ un être vivant doué de sensibilité…
Ce statut confère une grande liberté aux hommes quant à leur manière d’appréhender l’animal et leur procure ainsi une sorte « d’ impunité juridique » pour toutes les formes d’exploitations outrancières qu’ ils ont mis en place.
En résumé cela leur permet donc une exploitation commerciale des animaux la plus efficace possible (conditions sordides d’ élevage, de transport et d’abattage des animaux destinés à la consommation humaine…)...
Dans le cadre de l’expérimentation animale, liberté totale est laissée à l’appréciation des chercheurs dans la mise en place de leurs protocoles d’expérimentation.
En effet, ce qui peut paraître assez inadmissible, c’est que seules les conditions de détention de l’animal sont soumises à contrôle.
En dehors de cela, le champs libre est laissé aux expérimentateurs, qui sont les propres juges de leurs expériences et du bien fondé de celles-ci.
Eux seuls sont aptes à déterminer l’utilité du degré de souffrance à infliger à l’animal pour mener à bien leur travaux…
Il faut donc, de manière urgente, l’extraction des animaux de la catégorie des biens, dans la constitution française (il faut prendre exemple sur la Suisse qui a réalisé cette modification).
Il faut protéger les animaux pour eux-mêmes.
Mais la difficulé à laquelle se heurte les décideurs, c’est de savoir dans quelle catégorie les mettre (pour les proteger un minimum mais en même temps répondre au mieux aux exigences de la société actuelle qui a encore besoin de les exploiter pour fonctionner.)
Une solution serait de leur accorder une personnalité juridique, ils doivent devenir « personnes morales » (au même titre que le sont déjà les entreprises ou associations).
2) Jean-Pierre Marguénaud préconise la libération de la parole des opposants à toute forme d’ exploitation des animaux, afin de dévérouiller le débat juridique.
Là encore la Suisse a été l’objet d’un arrêt historique en la matière :
A l’origine, une publicité mensongère de l’industrie de la viande.
Une association de protection animal a voulu diffuser sur une chaine télévisée Suisse un spot dénonciateur de cette supercherie, spot qui a été refusé par la chaine en question suite à de nombreuses pressions des lobbies.
La Suisse a alors été condamnée pour entrave à la liberté d’ expression.
B Pour la 2ème intervention Claude Reiss nous a présenté une méthode scientifique d’évaluation de la toxicité d’un produit chimique sur l’organisme humain, qui est fiable, rapide, relativement peu coûteuse et se pratique sans recours à l’ expérimentation animale : la Toxicogenomique
Cette méthode utilise un outil révolutionnaire, la puce à AD.N. (qui éxiste depuis une dizaine d’ années déjà) et consiste à observer la dérégulation de certains gènes, dans des cellules humaines, suite à l’exposition de ces cellules à une substance chimique.
Claude Reiss nous rappel ensuite que le modèle animal employé depuis le début du XIXe siècle par l’industrie pharmaceutique peut s’avérer très dangereux pour la santé humaine.
En effet les espèces sont définies par leur isolement reproductif (impossibilité de se reproduire entre espèces différentes), car chaque espèce a son propre patrimoine génétique.
Or, ce qui définit l’activité biologique d’un individu, c’est son patrimoine génétique.
On ne peut donc prendre une espèce comme modèle biologique fiable pour une autre.
Il est possible que deux espèces se comportent d’une manière identique, différente ou opposée par rapport à une même substance chimique, virus ou bactérie.
Par exemple, l’animal le plus proche de l’homme dans la théorie de l’ évolution des espèces, c’est le chimpanzé.
Or, si on injecte le virus du sida humain au chimpanzé, il ne tombe pas malade.
Il reste également indifférent à l’ hépatite B, mais meurt comme les humains lorsqu’ il est atteint par le virus Ebola..
Le scandale du sang contaminé éclaire bien ce problème.
Au début des années 80, lorsque l’on a vu que le virus du sida pouvait être un problème pour la transfusion sanguine, on a testé le sang contaminé sur le chimpanzé et on a constaté que celui ci se portait comme un charme.
Les « experts » ont donc décidé de laisser circuler le sang contaminé, avec la suite que l’on connaît.
Sans compter que plus de la moitié des médicaments présents actuellement sur le marché, non seulement n’ont aucuns réels effets positifs avérés mais aussi présentent une toxicité importante.
En effet un ministre de la santé a déclaré en 1997 (en se basant sur les donnés de pharmaco- vigilance des départements) qu’ il y a 20000 personnes tous les ans qui meurent à cause des médicaments.
Les médicaments qui tuent sont la 4e cause de mortalité en France (4 X plus que le nombre de tués sur la route…), sans compter les 1,3 millions de personnes par an qui sont envoyés à l’hôpital à cause de leurs effets secondaires (et du coût que cela entraîne pour la sécurité sociale).
Il devient donc urgent d’utiliser une méthode scientifique fiable pour pallier à tous ces problèmes.
Cela devient d’autant plus urgent que l’on constate depuis les années 80 une augmentation fulgurante du nombre de cancers ( + 82% de 1980 à nos jours), d’autistes, de personnes atteinte de la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson, sans rapport avec l’accroissement de la population et son vieillissement, mais bien à cause des facteurs environnementaux (pollution, pesticides…).
1/13 des femmes en 1970 étaient concernées par le cancer du sein, et en 2009 elles sont 1/7 à être concernées.
5 à 10% seulement des cancers ont une origine génétique, et 90% résultent de facteurs environnementaux..
1 cancer sur 3 est dû aux proliférateurs endocriniens environnementaux (PEE).
Les PEE majeurs sont : le bisphénol A, les phtalates, les pesticides…
Enfin l’association Antidote Europe se mobilise pour faire adopter la Toxicogénomique aux scientifiques et a déjà contacté entre autres la Commission européenne et le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche afin de leur demander de remplacer les tests de toxicologie sur des animaux par des méthodes véritablement scientifiques.
Par Aïda
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