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Humanitaire - Page 43

  • Gaspillage institutionnalisé : l'exemple des supermarchés réunionnais

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    Que deviennent les invendus de nos supermarchés ?

    CLICANOO.COM | Publié le 9 mai 2008

    Chaque année, les grandes surfaces de l’île se retrouvent avec plusieurs centaines de tonnes de produits invendus. Qu’ils soient alimentaires ou non, comment et pourquoi sont-ils quotidiennement retirés des rayons ? Que deviennent-ils par la suite ?

    Enquête derrière les étals garnis de la grande distribution.

    Mercredi, 13h52. Un rapide coup d’œil à droite et à gauche et hop ! Ce petit gourmand d’environ 7 ans vient d’engloutir en un quart de seconde un savoureux biscuit au chocolat qui, visiblement, lui faisait de l’œil. Consciencieux, il prend soin de remettre le paquet entamé bien à sa place au premier étage du rayon biscuits d’une grande surface. Ni vu, ni connu…

    Ce geste n’est pas un cas isolé. “Cela arrive très fréquemment. Malheureusement, tous les paquets qui sont entamés, juste ouverts ou éventrés, ne sont plus vendables. On en retire tous les jours des rayons”, explique le manager du département “Produits de Grande Consommation (PGC) et frais industriel” d’un supermarché dionysien.

    Avec les dates limites de consommation (DLC) qui arrivent à échéance, les retards de livraisons ou encore les intempéries, les packagings abîmés figurent parmi les facteurs mettant le plus souvent au rebut quantité de produits.

    D’après Carole Bachot, commerciale à la Star, “une très grande surface comme Jumbo Score, par exemple, peut se retrouver à elle seule avec plusieurs centaines de tonnes d’invendus par an”.

    Le directeur par intérim d’un supermarché de superficie équivalente affirme que sur leur chiffre d’affaires annuel, “cela représente au moins un million d’euros de perte, uniquement pour les produits frais, avec un pic en période de fête”.

    Une masse de rejets dont la majeure partie va tout droit… à la poubelle. “Chaque mois, par département (ndlr : PGC, produits frais, textile…), on jette l’équivalent d’une Mercedes”, poursuit notre manager, qui souhaite garde l’anonymat.

    Pour tenter d’enrayer le phénomène, les entreprises de grande distribution ont mis en place différentes stratégies. “Lorsque nous estimons qu’un produit non alimentaire n’est plus vendable pour diverses raisons, nous l’isolons en réserve puis nous le ressortons en période de soldes”, confie un chef de rayon.

    Quant aux hard discounters, ils ne sont pas en reste. Selon Eric Dany, superviseur des magasins Dia, pour qu’une grande partie des produits frais puisse être écoulée, l’une des solutions est de faire jouer les prix :

    “Nous les baissons à un mois, puis à quinze jours de la date limite de consommation (DLC). Il nous arrive aussi de faire -50% sur un produit qui périme le lendemain”.

    Afin de réduire leur budget “pertes”, les grandes surfaces procèdent également à une vérification des palettes de produits fraîchement livrés. Toutes les boîtes cabossées, percées ou encore écrasées sont immédiatement retournées au fournisseur avant même d’être mises en rayon. Celles-ci seront remboursées par la centrale d’achat, ou ne seront tout simplement pas facturées au magasin.

    Mais il arrive que, de temps en temps, quelques-unes passent entre les mailles du filet et soient disposées dans les rayons. En ce qui concerne les sacs de riz, de café ou de sucre n’ayant pas trouvé acquéreur, ce sont les fabricants eux-mêmes qui récupèrent leurs propres produits en vue d’une “revalorisation”.

    Malgré cela, tout le reste, même si c’est encore utilisable, finit à la poubelle : paquets de couches ouverts intentionnellement par des clients afin de vérifier si c’est la bonne taille, matériel hi-fi comportant de fines rayures, vêtements…

    Pour ce faire, les grandes surfaces louent des bennes et des compacteurs d’ordures à des sociétés spécialisées. Elles procèdent dans un premier temps au tri des déchets valorisables (cartons, plastiques, petites ferrailles) puis envoient au compacteur ce qui ne peut pas être traité à l’instar des produits frais, entre autres. Ce sont les déchets ultimes.

    “Nous nous occupons d’une quinzaine de petites et grandes surfaces sur toute l’île. Nous collectons tous leurs déchets : ceux qu’ils ont triés au préalable, nous les apportons aux centres de tri agréés. Pour le reste, nous les transportons jusqu’aux centres de stockage des déchets ultimes situés à la Rivière Saint-Étienne et à Sainte-Suzanne”, explique Carole Bachot, responsable du service commercial à la Star.

    Avant l’avènement du tri sélectif, les déchets, quelle que soit leur nature, étaient amenés aux différents centres de tri. Conducteur d’engin dans l’un d’entre eux, Jean-Pierre*, 30 ans, a débuté sa carrière en travaillant pendant trois ans dans la chaîne de tri. Avec lui, les rejets des grandes surfaces disposaient d’une seconde vie.

    “À l’époque, tous les déchets étaient mélangés. Nos conditions de travail étaient vraiment dégueulasses mais bon, en même temps je pouvais récupérer plein de choses même si c’était, évidemment, formellement interdit”.

    Père de deux enfants en bas âge à ce moment-là, Jean-Pierre n’a pratiquement rien investi de sa poche dans l’achat de couches-culottes :

    “Tellement de paquets à peine abîmés sont passés entre mes mains, je n’ai eu qu’à me servir. Je me suis fait un vrai petit stock. Je me souviens également d’un Noël où j’ai pu faire plaisir à ma fille ainsi qu’à d’autres petites de ma famille : je leur ai, à toutes, offert des poupées jetées par les supermarchés. Les emballages étaient juste un petit peu détériorés”.

    Mis à part ces produits récupérés qui lui permettaient d’économiser sur son budget personnel, Jean-Pierre avoue avoir revendu certaines choses, dont lui, n’avait pas forcément besoin. “Je n’avais pas de chien mais il n’empêche que je conservais ces gros sacs de croquettes. Je les vendais à des prix imbattables. Mes copains étaient ravis”, lance-t-il en souriant.

    Le trentenaire n’était pas le seul à “se fournir” au centre de tri : nombre de ses collègues s’étaient également lancés dans l’aventure de la récupération et de la revente des invendus des grandes surfaces à ce moment-là.

    “C’était super parce que nous récupérions tous des choses différentes. Il nous arrivait de nous échanger des trucs mais la plupart du temps, on se les revendait entre nous. C’était plus intéressant. Chacun voulait pouvoir tirer son épingle du jeu. On ne gagnait pas des fortunes mais cela nous permettait de mettre du beurre dans les épinards”, admet-il.

    Aujourd’hui, la société dans laquelle il travaille s’est spécialisée et ne traite plus les déchets industriels banals (DIB). “On ne peut plus rien récupérer maintenant. C’est dommage. Mais il y a toujours énormément de gaspillage et c’est réellement scandaleux de voir ça. C’est pour cela que nous n’avons pas hésité à nous servir”.

    S’ils sont retirés des rayons pour diverses raisons, les invendus des grandes surfaces, fort heureusement, ne finissent pas toujours dans les déchetteries et dans les centres d’enfouissements :

    “On ne peut pas prendre de risques en ce qui concerne les produits frais. On est obligé de respecter la législation (cf. repères) mais nous faisons quand même pas mal de dons aux associations qui en font la demande. Il s’agit surtout de produits ayant de petits défauts et que nous ne pourrions pas vendre comme les barils de lessive percés, les boîtes de conserves cabossées …Cela nous permet aussi de réduire les coûts de décharge”, souligne Eric Dany.

    Une pratique où tout le monde semble y gagner mais qui, au final, reste très peu répandue dans l’île. Dans un hypermarché, les choses sont claires : les dons aux associations restent très marginaux.

    “Nous ne le faisons que lorsque nous sommes sollicités. La décision définitive revient au directeur du magasin. Il donne son accord en fonction de la cause et si nous offrons des marchandises, celles-ci sont toujours prélevées sur le stock. Nous ne proposons pas d’invendus”, souligne un responsable de rayons avant d’avouer sans ambages :

    “De toute façon, c’est très rare que cela arrive car ce n’est pas dans notre intérêt de donner. Nous n’avons rien à y gagner donc nous préférons jeter les invendus. Et puis, dans les associations ou les boutiques de solidarité, il y a trop de dérives”.

    Une idée reçue qui scandalise Elise Rangoulaman, présidente de l’épicerie sociale Soubic : “Notre travail consiste à aider les personnes ayant des problèmes financiers et qui se retrouvent en situation de précarité. Comment peuvent-ils porter un tel jugement sur ce que l’on fait au quotidien ? Ils ne savent vraiment pas ce qu’ils disent !”, s’insurge-t-elle.

    La présidente de cette association basée sur Saint-Denis déplore que la plupart des supermarchés ne soient pas de grands philanthropes. “Malgré nos nombreuses demandes, ce que nous recevons de leur part est assez dérisoire comparé à nos besoins réels.”

    Basée à Saint-Paul, l’association “Agir contre l’exclusion” aide depuis 12 ans maintenant les sans-abri, les mal-logés ainsi que des familles nécessiteuses. Au sein de leur structure, ils distribuent près de 60 repas par jour. Selon la trésorière, Yvette Maesen, les dons perçus proviennent surtout des bazardiers du marché forain qui fournissent généreusement légumes ou viandes.

    “En ce qui concerne les grandes surfaces, il y a deux ans, le Super U de Saint-Paul nous a contactés. Ils souhaitaient nous donner des yaourts qui allaient périmer dans les trois jours. Nous avons accepté. Depuis, chaque semaine, les repas de nos accueillis sont accompagnés de yaourts comme dessert”.

    L’initiative généreuse ne présente pas vraiment de risque puisque entre les dates limites de vente et celle de consommation, il existe un laps de temps dont profitent les plus démunis.

    Entre les supermarchés qui n’ont pas du tout souhaité s’exprimer et ceux qui ont usé de la langue de bois, difficile d’obtenir des précisions quant au tonnage exact des produits finissant au fond de la benne. Les seuls chiffres obtenus sont vagues et communiqués par une société de collecte des déchets (voir repères).

    Les professionnels de la grande distribution ayant préféré éluder soigneusement la question. Philippe Salmon, directeur technique à la Star est perplexe : “Ils nous payent à la tonne, ils doivent avoir les chiffres, c’est logique”.

    Pourquoi faire preuve alors d’autant de mystère ? Y aurait-il des enjeux financiers à la clef ?

    Quoi qu’il en soit, une solution efficace pour résoudre au moins la gestion des déchets des grandes surfaces se fait urgente : des études menées par l’Adème en 2006 montrent que le centre d’enfouissement de la Rivière Saint-Étienne arrivera à saturation en…2012

    Textes : Mélodie Nourry Photos : Richel Ponapin

    (*Prénom d’emprunt)

    - La benne aux trésors - Parce qu’ils sont souvent encore propres à la consommation, les invendus alimentaires jetés sont l’objet de convoitises. Certaines personnes n’hésitent pas à soulever le couvercle de “la benne aux trésors”.

    Superviseur des magasins Dia à la Réunion, Eric Dany se souvient : “Il y a des gens qui attendaient la fermeture de certains de nos magasins pour aller fouiller nos poubelles et récupérer ce qui leur semblait encore valable. Depuis, nous avons mis en place une nouvelle procédure : nous javellisons tout ce que nous jetons. Dans certains de nos magasins, les bennes sont enfermées dans les réserves. On se dégage de toutes responsabilités en cas d’intoxication alimentaire”.

    Cette pratique, très répandue en métropole et aux États-Unis, s’appelle le freegan (de free : gratuit et de vegan : végétalien). Elle consiste pour ses adeptes, à récupérer dans les poubelles, tout ce dont les grandes surfaces se sont débarrassées et qui n’a pas encore été broyé ou compacté.

    Selon la loi, tout ce qui est déposé dans une poubelle n’a plus de propriétaire.

    - Quid de la restauration rapide ?

    Au Mac Do de l’avenue de la Victoire, on donne aussi vite à manger que l’on répond aux questions des journalistes. Au sujet de leurs invendus, un responsable répond sèchement : “Il ne nous reste jamais rien sur les bras, tout est vendu chaque jour”.

    Devant notre insistance, l’homme s’impatiente et parvient à lâcher : “S’il nous reste des sandwichs ou autres, c’est jeté. En fait, on s’en tient à la charte mise en place par notre société et qui est valable dans tous nos restaurants à travers le monde : tout ce qui n’est pas parti au bout de dix minutes est automatiquement mis à la poubelle. C’est comme ça, on ne cherche pas à savoir pourquoi.”

    Devant un tel gaspillage, certains employés n’hésitent pas à s’affranchir des règlements. Christophe, 33 ans, raconte :

    « Mon meilleur ami travaillait dans un de ces restaurants. Chaque fois qu’il devait faire la fermeture, il m’appelait quelques minutes avant afin que je l’attende sur le parking situé à l’arrière du restaurant. Là, il me donnait des sachets remplis de hamburgers. Il n’y en avait tellement que même à plusieurs, on n’arrivait pas à tout finir. Comme on ne pouvait pas se résoudre à les jeter, on donnait ce qu’il restait à des SDF que l’on croisait au hasard dans la rue. »

    http://www.clicanoo.com/index.php?id_article=181444&page=article

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  • Le Nouvel Observateur : "Frères humains, devenez végétariens !"

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    Les bovins ruminent 30% de nos céréales.

    Frères humains, devenez végétariens !

    Il suffirait de renoncer à la viande pour soulager la pénurie de grains tout en préservant l'environnement et notre santé

    "L'élite intellectuelle dans les pays développés trouve parfaitement normal de s'inquiéter de la surpopulation dans le monde, mais elle oublie toujours un fait. La vraie surpopulation, c'est celle du bétail."

    L'auteur de ces phrases n'est pas un vachophobe excentrique ou un végétarien fanatique mais l'économiste américain Jeremy Rifkin, auteur, entre deux essais sur le travail ou les nouvelles technologies, du passionnant Beyond Beef, un essai sur l'impact dévastateur de l'industrie de l'élevage.

    Surpopulation ? Avec 1,4 milliard de vaches, notre planète croule en effet littéralement sous le bétail : le poids cumulé de tous ces ruminants est supérieur à celui de toute la population humaine avec ses 6 milliards d'habitants !

    Et c'est de pire en pire. La production de viande a été multipliée par cinq depuis les années 1950, pour passer à 265 millions de tonnes. Et devrait encore doubler sur les vingt années à venir.

    De quoi affoler les experts en alimentation, qui se demandent bien comment la terre pourra nourrir les 3 milliards d'humains supplémentaires de ces prochaines décennies.

    La concurrence entre les animaux d'élevage et les hommes s'annonce très rude. Car 80% de l'alimentation animale proviennent de cultures qui conviendraient également à la consommation humaine : maïs, soja.

    A l'ère de l'élevage industriel, nos bêtes accaparent à elles toutes seules 60% de la production mondiale de céréales, soit 670 millions de tonnes ! Un volume qui suffirait amplement à nourrir les 850 millions d'êtres humains souffrant de malnutrition.

    En fait, d'un point de vue malthusien, la viande n'est pas « rentable ». On estime qu'un végétarien consomme en moyenne 180 kilos de grains par an alors qu'un consommateur de viande en gaspille 930 kilos par an.

    Pour comparer le rendement de diverses spécialités agricoles, les agronomes calculent un taux de conversion alimentaire qui correspond au rapport entre le nombre de protéines consommées et produites.

    Pour obtenir 1 calorie de poulet, il faut ainsi environ 4 calories de nourriture végétale. Idem pour le porc ou les oeufs. Pour le lait, on grimpe à 8. Et pour le boeuf, à 17, voire bien plus !

    En comparaison, la pomme de terre est bien moins gourmande, son taux de conversion n'étant que de 0,46.

     

    Et encore, on ne compte pas les besoins en eau : pour produire 100 grammes de boeuf, il faut 25 000 litres d'eau. 

    Glouton, notre cheptel est aussi expansionniste. Au total, l'élevage et la production des aliments pour le bétail squattent 78% des terres agricoles mondiales, soit 30% de toute la surface du globe, trois fois plus qu'en 1960.

    « Sur un hectare de terrain, un agriculteur peut nourrir une trentaine de personnes s'il le consacre à la culture de légumes ou de fruits. S'il produit des oeufs ou de la viande, le ratio passe à cinq personnes. Et à beaucoup, beaucoup, moins, s'il ne s'agit que de viande rouge », dit ainsi Bruno Parmentier, auteur de Nourrir l'humanité et directeur de l'Ecole supérieure d'Agriculture d'Angers.

    Des périls verts à quatre pattes

    Le plus insensé ? C'est que toute cette bidoche est en priorité destinée à 0,1% de la population de la planète, l'infime petite minorité des riches de ce monde.

    Notre consommation de viande est passée de 30 kilos par personne et par an en 1919 à plus de 100 kilos aujourd'hui. C'est trois fois plus que la quantité préconisée par les organismes de santé.

    Non seulement notre régime carnivore affame la planète, mais il nous tue aussi par la recrudescence des maladies de « biens nourris » : accidents cardiovasculaires, diabète, obésité...

    Et pour ne rien arranger, il contribue au réchauffement climatique. Selon un rapport publié en 2006 par la FAO, l'élevage est responsable de 18% des émissions des gaz à effet de serre. Soit plus que le secteur des transports !

    Avec leurs flatulences chargées de méthane, leurs tonnes de fumier gorgé de gaz hilarant, le fameux NO2 également des plus nocifs, sans compter les émissions d'ammoniac synonymes de pluies acides et leurs déjections qui polluent les nappes phréatiques, nos charmants bovins sont des périls verts à quatre pattes.

    L'extension de leurs pâturages fait des ravages. En Amérique centrale, 20% des zones sylvestres ont déjà été ratiboisées. Et c'est encore pire au Brésil, où 38% de l'Amazonie ont été sacrifiés pour les bovins.

    Une déforestation qui s'accélère avec les immenses plantations de soja destinées à nourrir nos vaches, toujours elles.

    Mon royaume pour une entrecôte. 

    Doan Bui pour Le Nouvel Observateur

     

     

    http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2270/articles/a374222-.html

  • Le Belge mange trop de viande

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    Onkelinx tire la sonnette d'alarme : « Nous ne voulons pas encourager la consommation de viande des plus de 15 ans. »

    BRUXELLES - Alors que les barbecues festifs sont à nos portes, La ministre de la Santé tire la sonnette d'alarme. Interrogée à la Chambre sur la qualité de la viande biologique qui serait par ailleurs meilleure pour la santé, Laurette Onkelinx a réagi :

    « Actuellement, l'organisation d'une campagne d'information consacrée à la viande biologique n'est pas programmée parce qu'il n'y a pas de consensus en la matière et que l'argumentaire scientifique en faveur de la viande biologique n'est pas assez solide. Qui plus est, le Belge lambda âgé de plus de quinze ans mange déjà trop de viande et nous ne voulons donc pas encourager la  consommation de viande, biologique ou non. »

    La ministre de la Santé va plus loin : « L'objectif que poursuit mon département, c'est de faire augmenter la consommation quotidienne de légumes et de fruits. À cet égard, les normes en matière d'agriculture biologique sont de la compétence des Régions. Je ne suis donc pas compétente pour accorder des subsides aux producteurs de viande biologique. »

    V. Li.

    © La Dernière Heure 2008

    http://www.dhnet.be/infos/societe/article/206885/le-belge-mange-trop-de-viande.html

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  • La fin de la faim

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    Vu la crise alimentaire mondiale qui fait de plus en plus parler d'elle, je trouve important de rappeler ici qu'une autre agriculture est possible et que notre chère Terre suffit à nourrir tous ses habitants si on l'exploite intelligemment.

    Si on réfléchit un peu aux éléments suivants, on s'aperçoit que la famine ne devrait plus exister.

    Voici certains chiffres, tirés d'Internet, concernant la production mondiale de viande qui m'ont interpellée. Aussi je vous invite à vous arrêter quelques instants sur ces aberrations :

    De 7 à 16 kg de céréales ou de produits végétaux sont nécessaires pour produire un kilo de viande.

    Il faut un demi hectare (5 000 m2) de terre cultivable pour produire 70 kg de viande de boeuf ou 10 000 kg de pommes de terre.

    Entre 30 000 et 60 000 litres d'eau pour produire 1 kg de viande de boeuf contre seulement 800 litres pour 1 kg de blé. La production de viande utilise ainsi 60% des réserves d'eau mondiales.

    Près de 50% de toutes les récoltes alimentaires dans le monde servent à nourrir le bétail et 64% des terres cultivables servent à la production de viande (pâturages et fourrage).

    Les animaux-esclaves exploités pour la viande dans les pays riches mangent autant de céréales que les Indiens et les Chinois réunis (2,5 milliards d'êtres humains, soit un tiers de la population mondiale environ).

    Il faut 5 kg de poisson pour faire un kilo de farine et 5 kg de cette farine pour qu'un boeuf ou un porc produise 1 kg de viande, soit 25 kg de poissons pour un kilo de viande au final.

    Un boeuf fournit 200 kg de viande, soit 1 500 repas. Les céréales qu'il a mangées auraient pu servir pour 18 000 repas.

    Pour fournir 50 kg de protéines, un animal a dû consommer 800 kg de protéines végétales.

    Je vais m'arrêter là, mais avouez que cela laisse perplexe…

    Comment ose-t-on encore parler de faim dans le monde et de problèmes d'eau potable quand on sait finalement que la majeure partie des réserves d'eau et de céréales qui pourraient largement nourrir la population mondiale sont bêtement gaspillées par toute une industrie agro-alimentaire carnivore ?

    Il est temps d’en prendre conscience et de stopper sa consommation de produits carnés, afin de libérer de l'espace arable pour cultiver davantage de céréales qui pourraient alors nourrir les hommes et les femmes vivant dans des pays aux climats plus arides...

    Inspiré de : http://uneheurepourlaterre.blog.tdg.ch/archive/2007/11/21/la-fin-de-la-faim.html

  • Faim dans le monde : le véganisme comme unique solution

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    Et les élevages, M. Dominique Strauss-Kahn, qu’en faites-vous ?

    Car plus encore que les biocarburants, ce sont eux les véritables responsables de la famine...

    Si demain l’humanité devenait végétalienne, le problème de la faim et de la soif dans le monde serait immédiatement résolu, car les céréales actuellement destinées à l’alimentation des animaux-esclaves exploités par l'industrie viandiste et laitière permettraient de nourrir jusqu’à 15 milliards d’humains, soit plus du double de la population mondiale actuelle.

    Alors cessez l'hypocrisie. Si vous vous moquez des animaux, qui meurent par centaines de milliards chaque année dans les abattoirs du monde, agissez au moins réellement en faveur des humains que vous prétendez défendre : engagez-vous, devenez végan, et faites passer le message.

    ***

    PARIS (Reuters) - Face aux émeutes de la faim, les biocarburants issus de produits agricoles alimentaires posent un problème moral, a déclaré vendredi le directeur du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn.

    Il n'a pas exclu un arrêt de ces produits ou un moratoire.

    "Quand on fait du biofioul à partir de produits agricoles non alimentaires, ça va bien. Mais quand c'est à partir de produits alimentaires, il y a quand même un vrai problème moral qui se pose", a-t-il estimé au micro d'Europe 1.

    Il faut faire "la balance entre les deux objectifs" que sont les problèmes environnementaux de la planète et "le fait que les gens vont mourir de faim", a-t-il dit.

    Pour Dominique Strauss-Kahn, "les moteurs à hydrogène sont devant nous et ils sont beaucoup plus efficaces" que les agrocarburants.

    A la question : "êtes-vous favorable à un arrêt ou à une réflexion conduisant à un moratoire sur les biocarburants", il a répondu : "quand ils utilisent des denrées alimentaires".

    "Pour ce qui est des révoltes de la faim, le pire est malheureusement peut-être devant nous", a prévenu le directeur du FMI. "Des centaines de milliers de personnes vont être touchées".

    "Ce qui est important, c'est de mobiliser très vite les ressources pour venir en aide à ces populations. Il y a un aspect humanitaire et économique et puis il y a la démocratie dans ces pays jeunes qui est en cause", a-t-il estimé.

    A court terme, le Programme alimentaire mondial peut aider ces pays mais il ne faut pas s'en contenter, a mis en garde Dominique Strauss-Kahn, car "quand vous apportez des millions" pour importer des produits agricoles "vous ne changez pas la quantité de blé disponible" sur la planète.

    "Il faut donc arriver à augmenter la production agricole. Cela suppose plus de surface, cela suppose surtout de dire 'productivité' et en Afrique il y a de très nombreux exemples qui montrent que c'est possible" comme au Malawi, qui a "plus que doublé sa production en deux ans en utilisant les bons fertilisants", a-t-il expliqué.

    A son niveau, le FMI doit contribuer, a-t-il dit, à réorienter les politiques économiques de ces pays afin de "rééquilibrer leur commerce extérieur".

    Laure Bretton

    http://fr.news.yahoo.com/rtrs/20080418/tts-alimentation-fmi-strauss-kahn-biocar-ca02f96.html

    ***

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    L'animal est en effet une très mauvaise machine à transformer le végétal ; en moyenne :

     ·          7 calories d'origine végétale et 1 calorie sous forme de viande

    ·          9 kg de protéines d'origine végétale et 1 kg de protéines animales

    C'est pourquoi une grande partie des productions végétales mondiales finit par tomber dans le tonneau des Danaïdes de l'animal :

    ·          Production mondiale de céréales 38 %

    ·          Production mondiale de plantes alimentaires 49 %

    ·          Production mondiale de soja 90 %

    La conséquence immédiate est que la majorité des superficies cultivables (64 %) est destinée à produire des aliments pour les animaux, en pâturages ou en cultures .

    Mais comme l'animal a un rendement moyen très faible, les terres utilisées produisent beaucoup moins que ce qu'elles produiraient si elles étaient ensemencées directement pour l'alimentation humaine :

    Ex. - sur 1 hectare, on peut produire : 25 kg de protéines de boeuf ou 500 kg de protéines de soja.

    Ce gaspillage de terres agricoles fait que pour nourrir une personne pendant 1 an, il faut :

    ·         par des protéines animales 2 ha de terre

    ·         par des protéines végétales 0,16 ha de terre

    C'est pourquoi la pratique du végétarisme au niveau mondial permettrait de produire suffisamment pour nourrir entre 2 et 3 fois plus de personnes qu'il n'en existe actuellement.

    Ex.- sur 100 ha de terres cultivables :

    ·         Si 64 ha sont destinés aux productions animales ; à raison de 2 ha/personne, 32 personnes peuvent vivre de cette superficie.

         Si les 36 ha restants sont destinés aux productions végétales ; à raison de 0,16      ha/personne, cela fait 225. Donc, 257 personnes peuvent vivre sur 100 ha.

    Mais si les 100 ha sont utilisés à des productions exclusivement végétales, alors 625 personnes peuvent en vivre, ce qui fait environ 2,5 fois plus.

    Source : http://ivu.org

    Si la question du végétarisme vous intéresse et que vous avez envie d'approfondir le sujet, Le Pétard vous propose trois sites à visiter: http://ivu.org/french http://www.vegetarismus.ch/heft/f2000-1/parfait.htm http://www.vegetarisme.org

    http://terresacree.org/petard.htm

    ***
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    « Pourquoi les véganes (vegans/végétaliens) avaient raison depuis le début » - The Guardian

    Article écrit par George Monbiot et publié dans le Journal « The Guardian », le mardi 24 décembre 2002

    Traduction par Jill

    La famine peut uniquement être évitée si les riches renoncent à la viande, aux poissons et aux produits laitiers :

    Les Chrétiens ont volé le solstice d’hiver aux païens, et le capitalisme l’a volé aux Chrétiens. Mais une particularité n’a pas changé : la consommation gigantesque de viande lors de la célébration des Fêtes. Ce rituel avait un sens. Le bétail était abattu à l’automne avant que l’herbe ne disparaisse.

    À la fin de l’année, tandis qu’elle commençait à se gâter, la viande était consommée en grandes quantités par des gens qui devaient aussi stocker beaucoup de graisses pour survivre pendant les trois mois suivants. Aujourd’hui, c’est l’inverse : nous passons les trois mois suivants à essayer de se débarrasser de cette graisse.

    Nos excès saisonniers seraient parfaitement tolérables, si nous ne faisions pas la même chose toutes les deux semaines. Mais, à cause du pouvoir d’achat disproportionné des pays riches, beaucoup d’entre nous peuvent maintenant festoyer tous les jours. Cela pourrait être acceptable, si les ressources mondiales n’étaient pas limitées.

    En comparaison les animaux que nous mangeons le plus, les dindes sont des convertisseurs relativement efficaces : pour chaque kilo de grain mangé, les dindes produisent environ trois fois autant de viande que le bétail.

    Mais il y a beaucoup de raisons de ne pas les apprécier. La plupart des dindes sont élevées dans l’obscurité et elles sont si entassées que c’est à peine si elles peuvent bouger. La pointe de leurs becs est taillée avec un couteau chauffé à blanc pour les empêcher de s’entretuer.

    Juste avant Noël, elles deviennent si lourdes que leurs hanches se déboîtent. Quand vous voyez l’intérieur d’un élevage en batterie, vous commencez à avoir de sérieux doutes sur la civilisation européenne.

    C’est une des raisons pour lesquelles beaucoup de gens recommencent à manger de la viande rouge à Noël. Les bœufs de boucherie semblent être des animaux plus heureux. Mais l’amélioration du bien-être animal est compensée par la détérioration du bien-être humain.

    Le monde produit assez d’alimentation pour les humains et leurs bétails, quoique environ 800 millions soient sous-alimentés (en grande partie parce qu’ils sont très pauvres). Cependant, étant donné l’accroissement de la population, la famine mondiale ne sera évitée que si les riches réduisent leur consommation en viande.

    Depuis 1950, le nombre d’animaux de ferme dans le monde a été multiplié par cinq : les animaux de ferme sont maintenant trois fois plus nombreux que les humains. Le bétail consomme déjà la moitié des céréales mondiales et continue à s’accroître de manière presque exponentielle.

    C’est pourquoi la biotechnologie - dont les promoteurs prétendent qu’elle alimentera le monde - est en fait utilisée pour produire non pas de la nourriture mais du fourrage : elle permet aux fermiers de cesser de produire des céréales pour la consommation humaine et d’opter pour la production d’une agriculture plus lucrative pour alimenter des animaux.

    D’ici 10 ans, le monde n’aura plus qu’un choix possible : soit les champs continuent à alimenter les animaux, soit ils continuent à alimenter les hommes. Ils ne pourront plus faire les deux.

    La crise menaçante sera accélérée par l’épuisement des engrais phosphates et de l’eau, utilisés pour faire pousser les cultures. Selon une étude conduite par les agronomes David Pimental et Robert Goodland, pour produire chaque kilogramme de bœuf que nous consommons, il faut environ 100.000 litres d’eau. Les sources aquifères commencent à se tarir, en grande partie à cause de leur utilisation par les fermiers.

    En réponse à cette situation, ceux qui ont commencé à comprendre les limites de production mondiale des céréales sont devenus végétariens. Mais les végétariens, qui continuent à consommer du lait et des œufs, réduisent à peine leur impact sur l’écosystème.

    La production d’œufs et de lait est généralement plus efficace que la production de viande. Même si chaque personne, qui mange de la viande de bœuf aujourd’hui, le remplaçait par du fromage ; cela ne retarderait nullement la famine mondiale.

    Et, comme le bétail laitier et la volaille sont souvent alimentés avec du guano de poisson (ce qui signifie que personne ne peut prétendre manger du fromage et non du poisson), il pourrait même l’accélérer.

    Le changement serait également accompagné par une détérioration massive du bien-être animal : à l’exception possible des poulets produits en élevage intensif et des porcs, les poulets de batterie et les vaches laitières sont les animaux de ferme qui souffriraient le plus.

    Nous pourrions manger des faisans, dont beaucoup sont jetés dans les décharges après avoir étés chassés et dont le prix, à cette période de l’année, tombe à environ 3 euros l’oiseau.

    Mais, la plupart des gens n’apprécieraient pas de subventionner la soif de sang des "pseudos aristos". La solution des faisans d’élevage, qui sont aussi alimentés avec du grain, ne serait viable que si l’offre répond à la demande.

    Nous pouvons manger du poisson, mais seulement si nous voulons contribuer à l’effondrement des écosystèmes maritimes et - comme la flotte européenne est en train de piller les mers de l’Afrique de l’Ouest - précisément là où la famine est la plus sévère au monde.

    Il est impossible d’éviter l’unique solution durable et socialement juste - que les habitants des pays riches deviennent presque végétaliens, comme la majorité des autres habitants de la planète, et qu’ils ne mangent plus de viande que pour des occasions spéciales comme à Noël.

    En tant que consommateur de viande, j’ai toujours trouvé plus facile de classer le végétalisme comme une réponse à la souffrance des animaux ou à un engouement hygiéniste.

    Mais aujourd’hui, après avoir regardé la réalité en face, il me semble évident que le végétalisme est la seule réponse morale à ce qui est probablement la question de justice sociale la plus urgente sur cette planète.

    Plus nous nous empiffrons, plus le Tiers-Monde crève de faim.

    www.monbiot.com

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    Texte original :

    "Why vegans were right all along"

    By George Monbiot, article published on Wednesday December 24, 2002 - The Guardian.

    Famine can only be avoided if the rich give up meat, fish and dairy :

    The Christians stole the winter solstice from the pagans, and capitalism stole it from the Christians. But one feature of the celebrations has remained unchanged : the consumption of vast quantities of meat. The practice used to make sense. Livestock slaughtered in the autumn, before the grass ran out, would be about to decay, and fat-starved people would have to survive a further three months. Today we face the opposite problem : we spend the next three months trying to work it off.

    Our seasonal excesses would be perfectly sustainable, if we weren’t doing the same thing every other week of the year. But, because of the rich world’s disproportionate purchasing power, many of us can feast every day. And this would also be fine, if we did not live in a finite world.

    By comparison to most of the animals we eat, turkeys are relatively efficient converters : they produce about three times as much meat per pound of grain as feedlot cattle. But there are still plenty of reasons to feel uncomfortable about eating them. Most are reared in darkness, so tightly packed that they can scarcely move. Their beaks are removed with a hot knife to prevent them from hurting each other. As Christmas approaches, they become so heavy that their hips buckle. When you see the inside of a turkey broiler house, you begin to entertain grave doubts about European civilisation.

    This is one of the reasons why many people have returned to eating red meat at Christmas. Beef cattle appear to be happier animals. But the improvement in animal welfare is offset by the loss in human welfare. The world produces enough food for its people and its livestock, though (largely because they are so poor) some 800 million are malnourished. But as the population rises, structural global famine will be avoided only if the rich start to eat less meat. The number of farm animals on earth has risen fivefold since 1950 :humans are now outnumbered three to one. Livestock already consume half the world’s grain, and their numbers are still growing almost exponentially.

    This is why biotechnology - whose promoters claim that it will feed the world - has been deployed to produce not food but feed : it allows farmers to switch from grains which keep people alive to the production of more lucrative crops for livestock. Within as little as 10 years, the world will be faced with a choice : arable farming either continues to feed the world’s animals or it continues to feed the world’s people. It cannot do both.

    The impending crisis will be accelerated by the depletion of both phosphate fertiliser and the water used to grow crops. Every kilogram of beef we consume, according to research by the agronomists David Pimental and Robert Goodland, requires around 100,000 litres of water. Aquifers are beginning the run dry all over the world, largely because of abstraction by farmers.

    Many of those who have begun to understand the finity of global grain production have responded by becoming vegetarians. But vegetarians who continue to consume milk and eggs scarcely reduce their impact on the ecosystem. The conversion efficiency of dairy and egg production is generally better than meat rearing, but even if everyone who now eats beef were to eat cheese instead, this would merely delay the global famine. As both dairy cattle and poultry are often fed with fishmeal (which means that no one can claim to eat cheese but not fish), it might, in one respect, even accelerate it. The shift would be accompanied too by a massive deterioration in animal welfare : with the possible exception of intensively reared broilers and pigs, battery chickens and dairy cows are the farm animals which appear to suffer most.

    We could eat pheasants, many of which are dumped in landfill after they’ve been shot, and whose price, at this time of the year, falls to around £2 a bird, but most people would feel uncomfortable about subsidising the bloodlust of brandy-soaked hoorays. Eating pheasants, which are also fed on grain, is sustainable only up to the point at which demand meets supply. We can eat fish, but only if we are prepared to contribute to the collapse of marine ecosystems and - as the European fleet plunders the seas off West Africa - the starvation of some of the hungriest people on earth. It’s impossible to avoid the conclusion that the only sustainable and socially just option is for the inhabitants of the rich world to become, like most of the earth’s people, broadly vegan, eating meat only on special occasions like Christmas.

    As a meat-eater, I’ve long found it convenient to categorise veganism as a response to animal suffering or a health fad. But, faced with these figures, it now seems plain that it’s the only ethical response to what is arguably the world’s most urgent social justice issue. We stuff ourselves, and the poor get stuffed.

    www.monbiot.com

    Guardian Unlimited © Guardian Newspapers Limited 2002

    http://www.veganimal.info/article.php3?id_article=12

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  • Environnement : la filière de l'or, opaque de la mine à la vitrine

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    Sur une moyenne de 2 500 tonnes de métal jaune extrait chaque année par des firmes transnationales polluantes, seuls quelques kilos issus de l’orpaillage en Colombie peuvent revendiquer à ce jour le label d’or « propre », respectueux de l’environnement.

    La filière de l’or reste opaque par excellence. Même en France, où les écologistes viennent pourtant de remporter une petite victoire.

    Exemple en Guyane

    Gilles Labarthe / DATAS

    Or propre : métal précieux qui a été extrait dans le respect des populations locales et de l’environnement, par opposition à « l’or du sang » (provenant de zones dévastées par des conflits armés) ou à « l’or sale » (extrait au moyen de procédés hautement toxiques, comme le mercure ou le cyanure)…

    Pour une enseigne de luxe qui voudrait miser sur une ligne de bijoux « éthiques et responsables », se procurer de « l’or propre » représente encore un défi hors du commun.

    D’abord, parce que si l’on tient compte de critères écologiques, il faudrait disqualifier d’office la plupart des grandes multinationales d’extraction, accusées de pollution sur quatre continents (lire encadré).

    Où trouver de l’or propre ?

    En France, qui applique des réglementations très contraignantes, après avoir fermé le site polluant de Salsigne (lire ci-dessous) ?

    « La France se positionne à la fois comme pays producteur (sites aurifères de Guyane) et pays consommateur (grandes enseignes de la joaillerie internationale basées à Paris) », rappelait en mars 2007 une action commune de mouvements écologistes[1], qui proposait de lancer une campagne intitulée « D’où vient l’or de la place Vendôme ? ».

    Problème : même le gouvernement français n’arrive pas à assurer une traçabilité de la filière.

    Sur environ 10 tonnes d’or officiellement exportées de Guyane, moins de 4 tonnes sont déclarées à la production.

    Et les propositions de créer une commission d’enquête sur ce sujet sensible n’ont jamais abouti devant l’Assemblée nationale.

    La même opacité règne autour des conditions réelles d’extraction.

    Les lois françaises sont pourtant très strictes.

    L’usage du mercure pour séparer les paillettes d’or du minerai est officiellement interdit.

    Mais les ravages causés par l’orpaillage clandestin sont toujours d’actualité : en visite en Guyane la semaine dernière, le président Nicolas Sarkozy l’a encore publiquement dénoncé, annonçant qu’une « opération exceptionnelle de sécurisation du territoire de la Guyane va débuter ».

    S’attaquer aux garimpeiros (orpailleurs illégaux brésiliens, responsables de pollution au mercure de la forêt tropicale guyanaise[2]) est une chose, mais peut-on citer aujourd’hui une seule multinationale aurifère sur place qui soit vraiment respectueuse de l’environnement ?

    Contacté par téléphone, Patrick Monier, président d’Attac-Guyane, n’en voit aucune.

    « Vaut mieux arrêter d’extraire de l’or », conclut en substance Patrick Monier, qui reste très dubitatif sur le concept d’ « or propre ».

    Quel que soit son mode de traitement, le métal jaune engendrerait de toute manière un cortège de nuisances.

    Sa valeur est arbitraire.

    Autant s’en passer, selon lui.

    Autre danger : celui que le concept d’or propre soit récupéré par des firmes transnationales, qui pointent du doigt les dégâts commis par l’orpaillage traditionnel et l’utilisation du mercure, pour se profiler comme seules garantes d’une extraction industrielle effectuée « dans les règles de l’art ».

    Le lobby industriel minier semble très actif dans ce domaine.

    « Nos entreprises s’engagent sur la voie de l’or propre », déclarait en 2004 Jean-Paul Le Pelletier, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Guyane (CCIG).

    Pour savoir lesquelles, nous avons joint en France le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), qui fait autorité au niveau international en matière d’études géologiques et des répercussions du traitement des minerais sur l’environnement.

    Au BRGM, Valérie Laperche s’interroge.

    A l’extraction, elle n’a connaissance d’aucun site dans le monde qui serait encadré par une coopération internationale pour améliorer ses standards environnementaux et produire de « l’or propre ».

    Et pour la transformation en lingots, elle ne peut signaler aucune société de raffinage française travaillant exclusivement, ou partiellement, à partir d’or propre.

    La spécialiste nous renvoie à Jean-François Thomassin, chargé de mission filière minière en Guyane, qui apporte une assistance technique aux entreprises et aux mineurs, au sein de la CICG : il connaîtrait une firme « qui travaille très bien ».

    Surprise : la seule firme « qui travaille très bien » que Jean-François Thomassin recommande est précisément CBJ Caïman, une filiale de la multinationale canadienne Iamgold, accusée de pollution mortelle au Mali[3].

    Joint à Cayenne, Jean-François Thomassin présente l’extraction par cyanuration comme l’un des procédés les plus modernes et les plus « corrects » qui soient.

    Il défend le projet de CBJ Caïman, qui entend exploiter au cyanure une mine à ciel ouvert à deux pas de la montagne de Kaw, importante réserve naturelle… un projet décrié depuis longtemps par les milieux écologistes, qui ont bataillé ferme pour informer et sensibiliser les élus locaux sur les risques encourus.

    Les défenseurs de ce sanctuaire de la biodiversité peuvent enfin respirer : le gouvernement français vient de dire « non » au projet d’extraction de CBJ Caïman fin janvier 2008, quelque mois après le « Grenelle de l’environnement ».

    Pour les écologistes guyanais, la vigilance reste de mise.

    Leur inquiétude se porte sur d’autres sociétés privées, comme la française Auplata, qui travaille avec un traitement du minerai par gravimétrie (table à secousses) et revendique une production d’or « responsable » [4].

    Les multinationales minières, principales productrices d’or dans le monde et soutenus par les puissants lobbies du milieu bancaire, ont appris à communiquer sur leur « responsabilité sociale et environnementale ».

    Mais ce qu’elles affirment sur le papier est vite contredit dans la pratique.

    « Auplata, la société minière cotée à la Bourse de Paris, est dans le collimateur de la DRIRE (Directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement) en Guyane et du MEDAD à Paris (Ministère de l’écologie, du développement et de l’aménagement durables).

    En Guyane, l’administration chargée du respect de l’environnement a relevé pas moins de vingt-sept infractions au code de l’Environnement », informait en octobre 2007 un service d’information économique des Antilles françaises.

    Affaires à suivre.

    Gilles Labarthe / DATAS

    [1] WWF, Kwata, Gepog, Sepanguy.
    [2] Lire à ce sujet le reportage d’Axel May, Guyane française, l’or de la honte, éditions Calmann-Lévy, Paris, 2007.
    [3] Sur les engagements d’Iamgold, voir leur site : http://www.iamgold.com/social.php
    [4] Idem pour Auplata : http://www.auplata.fr/engagements.php

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    Salsigne : visite de la dernière mine d’or en Europe

    C’était la dernière mine d’or en Europe.

    A une dizaine de kilomètres de Carcassonne, dans le sud-ouest de la France, le complexe minier avoisinant Salsigne (département de l’Aude) était il y a quelques années encore l’un des plus importants lieux d’exploitation aurifère du continent.

    Le minerai extrait était transporté par camion à La Combe du Saut, près d’une rivière (l’Orbiel), pour y être traité au cyanure et « rincé » à l’eau.

    Robert, un ancien responsable syndical CGT qui a travaillé vingt ans à la mine, propose une visite.

    Nous partons en voiture direction du nord, sur la départementale D111, qui serpente entre bruyères et châtaigniers.

    En dépassant le village de Salsigne, on atteint très vite un plateau gris et dénudé, avec au loin d’imposants remblais de roches stériles.

    Le site, avec son ancienne carrière à ciel ouvert, a été fermé en 2001.

    Robert, qui a participé à « l’assainissement », explique comment des milliers de tonnes de résidus toxiques - intransportables - ont été « confinés », enfouis sur plusieurs hectares de « stockage » recouverts de terre et « végétalisés ».

    En fait de verdure, sur ces larges collines artificielles, seules de rares brindilles sèches sortent de terre.

    Chemin faisant, Robert pointe du doigt des galeries, qui ont été bouchées, condamnées.

    En longeant ce paysage désolé, lunaire, il remet en place dans sa mémoire les bâtiments industriels qui ont été détruits.

    Disparues, les usines de La Caunette et de l’Artus.

    A la hauteur du puits Castan, les imposantes installations de concassage ont aussi été rasées.

    Seul le chevalement du puits a été préservé, « en témoignage des activités passées ».

    On sent bien que l’ancien mineur regrette la perte de son « outil de travail », comme il l’appelle.

    Dans la vallée de l'Orbiel, certains habitants hésitent encore à reconnaître les ravages causés par la pollution durable des eaux et des sols.

    L’or donnait du travail.

    Pour extraire les précieux 20 grammes ou plus d’or par tonne de minerai, il fallait concasser, finement broyer les minéraux aurifères, ce qui générait « 99,9% de déchets soufrés et riches en arsenic et métaux lourds appelés les stériles », rappelle une fiche pédagogique de l’Académie de Montpellier, qui énumère la longue liste des pollutions et maladies engendrées dans la région à la suite de ces activités industrielles extractives : empoisonnements à l’arsenic par contamination de l’eau potable, dermatoses, troubles gastro-intestinaux chez les habitants avoisinants ; mortalité par cancers (respiratoires chez les hommes, digestifs chez les femmes) largement supérieur à la moyenne nationale ; empoisonnement de vaches laitières…

    Après les inondations de novembre 1996, puis de 1999, des arrêtés ministériels interdisent même la vente des salades et de thym contaminés à l’arsenic par l’eau de l’Orbiel.

    Robert s’énerve encore en parlant des années qu’il a fallu pour que l’arsenic soit reconnu comme étant à l’origine du cancer bronchique, maladie professionnelle des mineurs.

    Le service de pneumologie de l’hôpital de Carcassonne, s’occupant des ouvriers de la mine, ne pouvait l’ignorer.

    Salsigne aimerait aujourd’hui se défaire de sa triste réputation : c'est l’un des plus grands chantiers de dépollution en France.

    « Plus de 10 0000 personnes vivant dans un rayon dépassant les 15 kilomètres autour du site sont touchées ; la contamination s’est propagée par l’air et l’eau », souligne une enquête épidémiologique.

    Un constat qui ne plaît pas à Robert : selon lui, les riverains auraient souvent « exagéré » l’étendue des dégâts.

    En attendant, le résultat est là : Salsigne, comme la plupart des petits villages avoisinants (de 100 à 400) habitants, se dépeuple, faute d’emploi.

    Les petits commerces de proximité ferment boutique…

    L’extraction de l’or, conjointe à d’autres minerais, a laissé place à un grand chantier de réhabilitation, dont les inspections de surveillance sont loin d’être terminées.

    Maître d'ouvrage : l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), qui estime la masse totale des déchets inventoriés sur le site à 15 millions de tonnes.

    Coût des travaux, qui s’étaleront en définitive sur plus de 10 ans : environ 55 millions d’euros, payés par le gouvernement français.

    « C’est la plus coûteuse de toutes les opérations de réhabilitation des sites et sols pollués à la charge de l’Etat », explique un rapport de la Cour des comptes, en précisant que la facture pourrait s’allonger : on a déjà largement dépasse les 30 millions initialement prévus sur 5 ans, après la mission d’inspection menée en 1998.

    En un siècle, la mine de Salsigne aura produit quelques 120 tonnes d’or.

    Gilles Labarthe / DATAS

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    L’or propre : un concept encore trop nouveau ?

    Discrète par excellence, la filière commerciale de l’or reste opaque à tous les étages.

    On sait pourtant où l’or termine sa course : les chiffres du World Gold Council, principal lobby du monde de l’or, mentionnent qu’environ 80 % du métal jaune extrait dans le monde est utilisé pour la bijouterie et l’horlogerie de luxe ; 15 % environ finiraient en pièces ou en lingots, dans les coffres des banques et chez des privés ; le reste servant à des applications industrielles (circuits imprimés dans les téléphones portables ou les ordinateurs, etc.) ou dentaires.

    La Suisse, qui importe plus de 1000 tonnes d’or par an - plus du tiers de la production mondiale - est particulièrement concernée.

    Dans les boutiques de luxe à Genève-Aéroport, chez les grands bijoutiers de la place Vendôme à Paris, chez leurs collègues d’Aix-les-Bains ou dans les comptoirs d’achat d’or avoisinant la Bourse à Bruxelles, j’ai demandé s’il était possible d’acheter une bague en or propre.

    Partout, le même regard interloqué des vendeurs.

    « Ce que j’ai ici, ça vient d’Anvers. Mais l’origine de l’or, c’est une question que l’on ne pose pas », conclut un joaillier belge du boulevard Anspachlaan, avant de retourner derrière son guichet terminer son frites-kebab.

    La démarche semble incongrue.

    On apprendra tout au plus qu’à Genève, Cartier se procure des plaques d’or chez le raffineur suisse Metalor, qu’une autre enseigne achète puis fait fondre des lingots achetés à la Banque nationale suisse ; tel autre encore s’approvisionne depuis longtemps en lingots sur le marché de Londres, qui écoule la production sud-africaine.

    A la question de l’origine de l’or, UBS et Crédit Suisse nous renvoient à leurs fournisseurs, les multinationales d’affinage suisses.

    Et ces dernières, aux trois grandes sociétés transnationales d’extraction aurifère, qui produisent à elles seules le quart de l’or au niveau mondial, avec des méthodes présentant des risques de pollution considérables.

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    Un projet de filière à Genève

    Difficile de proposer une définition de « l’or propre » : pour des ONGs suisses travaillant dans coopération humanitaire, le concept semble « trop nouveau ».

    Rêve d’alchimiste, ou réalité qui ne demande qu’à être encouragée ?

    Depuis l’instauration du processus de Kimberley en 2003 pour la certification des diamants bruts, une enquête montrait que 15% au moins des diamantaires aux USA se souciaient de l’origine de leurs gemmes.

    Pour l’or, hormis de rarissimes exceptions, c’est 0 %.

    Depuis Genève, un projet de filière d'or propre se met pourtant en place, suscitant entre autres l'intérêt d’Amnesty International, déjà bien engagée contre les « diamants de la guerre ».

    Le mérite de cette initiative revient à Transparence SA, société récente basée à Dardagny, qui entend commercialiser des bijoux en « or équitable ».

    Pour sa directrice Veerle Van Wauve, qui travaillait auparavant pour l’un des plus grands diamantaires d’Anvers, le chemin est encore long.

    « En Europe, il n’y a que deux possibilités d’obtenir de l’or certifié « propre », à ma connaissance : EcoAndina et Oro Verde », nous explique-t-elle.

    La première est une fondation qui encourage des principes d’orpaillage écologiques en Argentine, avec une production écoulée notamment vers une association d’orfèvres en Allemagne.

    La coopérative Oro Verde (« or vert ») travaille à Choco (Colombie).

    Les quelques kilos extraits par année sont destinés à une enseigne de bijouterie de luxe à Londres : CRED, qui vend des bijoux « éthiques ».

    L’Angleterre aurait une longueur d’avance dans ce domaine.

    Elle pourrait faire école, tout comme les tentatives actuelles d’ARM (Association for responsible mining), qui mène des projets pilotes dans le domaine de l’or propre, avec un label équitable prévu pour l’horizon 2009. I

    l resterait à reproduire l’expérience, et à trouver des partenaires en Suisse.

    Un sacré « challenge » pour Veerle Van Wauve : il faudra sensibiliser le milieu de la bijouterie, de l’horlogerie de luxe, mais aussi des raffineries et des banques suisses.

    « J’aimerais bien que l’industrie progresse plus vite, avec plus d’engagement, sur ces points.

    La création de CRJP (Council for Responsible Jewellery Practices, organisation internationale sans but lucratif regroupant les principaux acteurs sur le marché de l’or et du diamant, encourageant depuis 2006 des pratiques « transparentes et responsables », ndlr) en est un exemple.

    Depuis plusieurs années ils souhaitent améliorer les conditions.

    Malheureusement, nous attendons encore des résultats concrets », regrette Veerle Van Wauve.

    Interrogé à ce sujet, un responsable d’UBS nous a dit être « très sceptique » sur l’avenir de « l’or propre », invoquant les contraintes du « business ».

    En attendant que le travail de prise de conscience porte ses fruits, Transparence SA distribue les bijoux de CRED.

    Gilles Labarthe / DATAS

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    Multinationales de l’or : la course en avant

    Depuis septembre 2001, l’empêtrement de l’armée US au Moyen-Orient, la baisse du dollar et la récente crise des sub-primes, l’envolée des cours de l’or accélère les méga-fusions de sociétés transnationales privées, sur un marché déjà très concentré.

    Dans le secteur de l’or, trois compagnies (AngloGold Ashanti, Newmont Mining et Barrick Gold, épaulées financièrement par des banques suisses) produisent presque 600 tonnes par an, soit le quart de la production mondiale.

    Toutes trois sont accusées par des ONGs et représentants de la société civile de pollution, sur quatre continents : le traitement massif du minerai au cyanure, pour détacher les particules d’or, demeure l’un des procédés les plus nocifs qui soient, surtout quand les rejets toxiques dans la nature sont mal maîtrisés.

    Il faut traiter plus de 30 tonnes de minerai au cyanure pour obtenir l’équivalent d’une seule bague en or ; plus de 300 tonnes pour un lingot d’un kilo.

    La majorité des projets aurifères en cours sur le contient noir concerne des « mines à ciel ouvert, cinquante fois plus dommageables pour la planète que des exploitations souterraines qui produiraient la même quantité d’or. », affirme un spécialiste de Greenpeace, Jed Greer.

    Nombre de mouvements écologistes militent pour un arrêt immédiat de ce type d’exploitation, d’autant que l’industrie extractive représente l’une des principales causes de pollution liée au changement climatique (gaz à effet de serre).

    Elle consomme aussi énormément d’énergie (pour les travaux de forage, pour concasser les roches renfermant de l’or, pour faire tourner les broyeuses) et d’eau (pour rincer le minerai) qu’elle restitue polluée.

    Dans les mines d’or des pays du Sud, l’extraction signifie souvent cadences éprouvantes imposés aux ouvriers, peu ou pas d’équipements de protection, une exposition constante à des produits toxiques et à des nuages de poussière.

    Pour les mineurs, l’extraction à échelle industrielle reste l’une des activités les plus dangereuses, les plus meurtrières qui soient.

    Les récents événements tragiques en Chine (qui vient de devenir le premier producteur mondial d'or, selon institut londonien GFMS, avec 276 tonnes du précieux métal en 2007) ou la catastrophe évitée de justesse en octobre 2007 en Afrique du Sud (environ 3 000 mineurs coincés sous terre dans une mine d'or près de Johannesburg) le rappellent.

    Dans les galeries sud-africaines, plus de 500 mineurs mourraient chaque année dans les années 1980, pendant le régime d’apartheid.

    199 mineurs ont encore succombé en 2006 dans des accidents ou à la suite de chutes de rochers, selon les chiffres publiés par le Conseil de sécurité et de santé des mines, qui dépend du gouvernement de Pretoria.

    Gilles Labarthe / DATAS

    http://www.datas.ch/article.php?id=513

  • "La grande tribu des hommes petits : retour sur le meurtre de Sohane Benziane" (Méryl Pinque)

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    LA GRANDE TRIBU DES HOMMES PETITS :

    retour sur le meurtre de Sohane Benziane

     

    « Vos femmes sont pour vous un champ de labour : allez à votre champ comme vous le voudrez. » (II, 223)

    «  Les hommes sont supérieurs aux femmes [...]. Vous réprimanderez celles dont vous avez à craindre la désobéissance ; vous les relèguerez dans des lits à part, vous les battrez. » (IV, 38)

    « Abaissez un voile sur leur visage. » (XXXIII, 57)

    Le Coran


    « Le poil est une trace, un marqueur, un symbole. De notre passé d'homme des cavernes, de notre bestialité, de notre virilité. De la différence des sexes. Il nous rappelle que la virilité va de pair avec la violence, que l'homme est un prédateur sexuel, un conquérant. »

    Éric Zemmour


    « Ben quoi, ils ont juste cramé une fille. »

    Un jeune des cités


    « La "proclamation phallique" est un signe de désarroi, d'anxiété et d'incertitude. Alors que toutes les valeurs s'effondrent, jouir est une certitude qui vous reste. [...] Plus l'intelligence se sent impuissante à résoudre et à s'imposer, et plus le coït devient l’ersatz de solution. »

    Romain Gary

     

    Le 5 octobre 2002, un jeune homme aux mains calcinées se présentait aux portes de l’hôpital Pitié-Salpêtrière.

    Parmi les infirmières de garde présentes ce jour-là, il en fut une, admirablement perspicace, qui ne tarda pas à établir le rapprochement entre ce patient et le criminel dont toute la presse parlait depuis vingt-quatre heures, qui se serait brûlé la veille en immolant - banal plaisir tôt voué au frelatage, le point d’inévitabilité éjaculatoire étant sans cesse différé sous l’action conjuguée de la pornographie et de l’ultraviolence omniprésentes - une jeune fille dans un local à poubelles de Vitry-sur-Seine.

    Ayant fourni son signalement à la police, l’infirmière fut accusée de délation par sa hiérarchie et sommée de comparaître devant le Conseil de service pour non respect du secret professionnel.

    Le jour même où Sohane Benziane fut brûlée vive, un autre crime, raciste celui-là, avait lieu à Dunkerque, mobilisant cette fois l’ensemble de la classe politique.

    Les « délateurs » furent, ici, chaudement félicités. Quant à notre infirmière, elle s’en sortit sans autre dommage, mais cette anecdote reste emblématique du malaise national.

    Ainsi la France condamna-t-elle, unanime, Joël Damman, le meurtrier de Mohamed Meghara, fauché, comme Sohane, en pleine jeunesse, à dix-sept ans.

    Rien de plus normal, dira-t-on, que cette saine réaction devant l’abject.

    L’on était cependant en droit d’attendre, au nom de nos beaux principes républicains, de notre attachement viscéral au Bien, de notre foi inébranlable en notre insurpassable espèce, laquelle, n’en doutons pas, finira par triompher d’elle-même et renaître de ses cendres puisque, selon l’unique formule sacrée ornant les frontispices de nos cités, elle le vaut bien, au moins autant de vert courroux, de fraternelle communion, de franc sursaut civilisateur de la part de ces nobles âmes en révolte, de ces vigilances du cœur armé, de ces chœurs pathétiques si prompts à s’émouvoir, face au meurtrier de Sohane, j’ai nommé Jamal Derrar, alias « Nono », digne fleuron de certaine mâle jeunesse des quartiers dont on attend tout désormais, y compris qu’ils nous consument, qu’ils revirilisent, ensemencent et peuplent la France à venir d’un même puissant et solide coup de reins.

    Nono, un homme un vrai, le sauveur de ces messieurs en débandade, le messie zemmourien, que l’on ne saurait élire tout à fait mais sur lequel on louche, quand même, avec envie, dans nos solitudes d’homoncules frustrés, parce que ce sera toujours, bêtement, de pouvoir qu’il s’agira.

    Nono, qui savait se faire respecter des femmes forcément inférieures, là-bas, sur les rivages des banlieues proches et lointaines, aussi magnifiques, barbares et fascinantes que les jungles d’émeraude de Kurtz, à la force du vit, de l’allumette et du poing.

    Nono, la résurgence d’un très vieux fantasme, un rêve de pierre, de sperme et de sang, un berserk ressuscité poussé à l’ombre des barres grises, un mec qui avait « des couilles » enfin, puisque tout semble se réduire à ça.

    Bref, un dur, qui détenait peut-être, allez savoir, intact, le principe de cette virilité fabuleuse toujours-déjà menacée, sans cesse à prouver, à reconduire, à valider en un mouvement perpétuel de surenchère, jusqu’à remettre au goût du jour de vieux usages perdus, par exemple, la condamnation des femmes au bûcher[1].

    Nono, ou l’islam au secours du mâle occidental. Foi de Malek Chebel :

    « Je suis toujours surpris par la force de conviction des chrétiens convertis à l’islam. Qu’est-ce qu’ils y trouvent ? Une virilité et une sécurité qu’il n’y a plus dans le christianisme[2]. »

    Mais cela, pour qui maîtrise son sujet – et je me targue de le connaître assez bien - n’est hélas qu’évidence.

    Et Sohane dans tout cela ?

    Le spectacle qu’offrit la France au lendemain du drame est éloquent.

    Robert Badinter, d’abord, qui ne trouva rien de mieux que d’opérer devant Alain Duhamel une gradation abjecte des meurtres qui venaient d’être commis (mais il faut dire qu’il est, avec Élisabeth déroutée[3], à bonne école), jugeant, après avoir évoqué l’assassinat de la jeune fille, « plus important encore » le crime raciste, sans seulement voir, puisque enfin l’on est tenu désormais d’ajouter quelque épithète consacrée, qu’il faut encore mettre celle-ci partout, et qualifier donc le meurtre de Sohane de sexiste, comme le souligna avec force l’avocat général  Jean-Paul Content.

    Jean-Pierre Raffarin, ensuite, alors Premier ministre, auteur d’un vibrant hommage à la mémoire du jeune Meghara suivi d’une minute de silence à la mosquée de Dunkerque, pendant que Sarkozy réunissait autour de lui les principaux représentants de la communauté musulmane.

    C’est en vain que l’on attendit, pour Sohane, pareil déploiement de sympathie.

    Le petit monde médiatique enfin, qui ne s’en sortit pas mieux : un journal télévisé de l’époque consacra dix minutes à l’agression du maire de Paris[4], cinq à Meghara, trente secondes à Benziane.

    Certes, et c’est terrible à dire, la valeur d’une femme reste toujours moindre que la valeur d’un homme, y compris dans notre bel Occident démocratique pétri de principes humanisants.

    « Ce n’est rien, ce n’est qu’une femme qui se noie », pouvait écrire ainsi La Fontaine, dont l’amende honorable (« ce sexe vaut bien que nous le regrettions, puisqu'il fait notre joie ») fleure plus encore cette misogynie bon teint qui s’épanouit partout.

    Les plus grands esprits, lorsqu’ils se mettent à parler des femmes, ou, pis, de la femme, en bien ou en mal d’ailleurs, comme s’il s’agissait de quelque espèce à part, vile ou idéale, à la lisière de l’humanité toujours, où l’une serait peu ou prou la copie conforme de l’autre (il est vrai que Pygmalion fabrique Galatée à la chaîne), excepté quelques différences anatomiques extensivement détaillées, deviennent ces non-esprits creux, vulgaires et radoteurs, ces parfaits clones dénués du plus petit atome d’intelligence, condamnés aux poncifs, aux théorèmes vaseux et aux plaisanteries de caserne.

    Pourtant ces matamores pathétiques, qui ont aujourd’hui pour nom Eric Zemmour ou Alain Soral (je ne cite que les plus médiatiques d’entre eux) sont sûrs de remporter, comme hier, tous les suffrages.

    Zemmour. Soral.

    Les mâles alpha.

    Les frères ennemis.

    Nos glorieux hommes de demain.

    La particule et l’antiparticule élémentaires, dont j’attends avec quelle impatience qu’elles s’autodétruisent lors de ces Ragnarök ultimes que l’Occident féminisé ne leur permet plus de mener, sinon le long des pages ineptes du Figaro Madame, des méandres de leurs cervelles délirantes et des tréfonds abyssaux de la sitosphère.

    De fameux agitateurs ma foi, de fiers brasseurs de bière surie, des amateurs de pissat d’âne bâté dont la vertu ne dépasse seulement pas le demi-nanomètre carré.

    Des lutteurs de foire dûment récompensés, parions-le, par trois douzaines de houris pour services rendus à la Virilité chancelante.

    Comparer le féminisme au totalitarisme, quel flair et quelle bravoure.

    Hitler et Staline doivent s’en frotter les mains, à l’heure qu’il est.

    Ainsi que tous les Derrar de la terre, et l’on sait combien ils sont nombreux.

    N’en doutons plus : le devoir de mémoire est bel et bien passé à la trappe, avec quelques autres principes substantiels, et la reductio ad hitlerum n’est donc plus seulement l’apanage de la gauche boboïsante.

    Rien ne semble devoir effrayer ces cuistres passés maîtres dans l'art de la forfaiture et du raccourci médiatique dès qu’ils abordent, la peur au bas-ventre, le dossier femmes, et surtout pas le ridicule, s’égosillant comme coqs en déroute sur leurs tas de fientes androestampillées, forts d’une souveraineté que je qualifierais, puisque je n’ai jamais dédaigné d’employer quelque mot rare, fût-ce pour qualifier l’ordinaire, d’achondroplasique.

    C’est contre de telles mauvaises fois, qui partout pullulent, que les meilleures volontés finissent toujours par buter, et qui s’avance les bras chargés de roses doit s’attendre à s’en voir fouetter le visage avec les épines, à rendre compte de chaque bonté exactement, perlée, fourbie par l’âme.

    La force, c’est de ne point lâcher les roses et de continuer sa route, mais en ayant désormais, fichée au coin du cœur, la conscience de son échec à créer des liens avec et entre les hommes.

    On ne pacifie pas tout un monde en guerre simplement parce que, brave petit soldat, on a décidé un jour de passer outre et de croire à nouveau, de tendre la main à l’ennemi imbécile, après l’avoir combattu, dans un pieux désir de fraternité.

    Seulement il est bien vrai que nous sommes seule à désirer la paix, que nous n’avons qu’une seule enfance et que le monde meurt avec elle.

    Etrange impression que la mienne, tandis que je rédige ces lignes, celle de me soustraire une seconde fois, de retourner à ma vie fantomatique et comme superposée, au lieu que j’avais désiré renaître par la grâce d’une enfance seconde, luxueuse et illusoire, et de même qu’il n’y a point tout à fait de hasard en ce monde, de même les idées s’enchaînant les unes aux autres finissent-elles par trouver leur cohérence et leur lieu d’élection.

    Me voici donc apparemment aussi éloignée de mon sujet que l’austère Sedna du soleil, et cependant je me trouve aussi proche du soleil qu’on peut l’être, puisque la vérité a toujours le tragique éclat du feu.

    Aussi vois-je, aggravés encore par la parfaite lucidité du soir, les hommes franchir les arceaux du temps avec le même front débile, et cette odieuse constance, autrement dit cet arrêt au cœur même du mouvement apparent, est bien le signe de quelque damnation irrémédiable.

    C’est néanmoins désespérément sereine (et cela confirme la ténuité de ma présence) que je referme cette courte parenthèse incandescente, et que je m’en vais poser une seconde explication à l’odieuse hiérarchie des meurtres à l’œuvre.

    Il faut y voir, bien sûr, l’influence pernicieuse de la tribu dominante des petits hommes (mais les petits hommes ne sont-ils pas partout ?) et de leurs innombrables sacculines régnant en maîtres et censeurs sur la parole vraie, condamnée dès lors à l’in-pace ainsi que ceux qui la profèrent, qui adjoignent à force de sentences moralisatrices de relativiser tout crime dont l’auteur est un jeune habitant des cités, reléguant le principe de responsabilité dans quelque obscur cul-de-basse-fosse, quand « être homme, c’est précisément être responsable[5] ».

    La France multiculturaliste, pétrie de jésuitisme et de naïveté fausse, est atteinte d’un haut mal : le déni du réel, entraînant à son tour l’euphémisme généralisé.

    C’est ainsi qu’un crime devient une incivilité, qu’un homicide volontaire se transmue, au mieux, comme dans l’affaire qui nous occupe, en « actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner », au pire en fait divers.

    C’est ainsi que, doucement, l’on donne raison au pire, et qu’après les voitures, on laisse brûler les femmes, sans que cela génère autre chose que de lénitifs rapports dans les médias, lesquels, comme l’AFP, prennent soin de ne pas mentionner la religion des assassins, alors que l’islam et sa haine des femmes sont précisément au cœur de telles affaires[6].

    On ouvre des tribunes aux barbares parce qu’on préfère perdre du terrain que d’affronter la réalité en face.

    Et l’on sait où mène ce genre d’aveuglement volontaire : à ce pire, justement, dont personne ne veut, à cette entière récupération du problème par une certaine droite extrême dénuée de toute subtilité.

    Tant que nous nous dissimulerons la vérité pour mieux continuer de dormir dans le meilleur des mondes possibles, ceux d’en face en profiteront pour aller toujours plus loin.

    De même que nous souffrons du syndrome du colonisateur, les banlieues souffrent du complexe du colonisé.

    Ce sont là deux folies parallèles, qui sont la folie même de la France.

    On objectera que Derrar, le 8 avril dernier, écopa de vingt-cinq années de réclusion pour son acte abominable, soit sensiblement la même peine que Joël Damman.

    Certes, mais outre que ce n’est point là cette perpétuité absolue que pareil crime eût méritée, ce fut bien le vent de la peur qui souffla sur la France au lendemain du drame.

    Il parut alors plus prudent, plus stratégique, plus politiquement correct à la classe dirigeante de mettre l’accent sur l’affaire Meghara, puisque enfin, disons-le tout net, le meurtrier avait pour prénom Joël et non Jamal, au risque, conscient, soupesé, accepté, de relativiser l’affaire Benziane, afin d’éviter tout nouvel incident - euphémisme cher à l’époque - dans des banlieues toujours à cran.

    Preuve supplémentaire, s’il était besoin, les trois années de patience qu’il fallut à la famille et aux associations féministes pour obtenir du maire (communiste) de Vitry qu’une stèle soit érigée à la mémoire de la victime.

    Une stèle qui sera profanée, non pas une, non pas deux, mais plusieurs fois, avec l’odieuse régularité d’une horloge, sans que cela soulève d’indignation particulière.

    Le mot d’ordre, ensuite, fut de ne point transformer Derrar en bouc émissaire.

    Aussi ce dernier n’a-t-il, à en croire la Cour, jamais eu l’intention d’assassiner Sohane.

    Seulement, à moins que ce jeune homme – dont personne ne doutera de la démoniaque candeur - ignorât tout encore des vertus combustibles de l’essence, que peut-on bien vouloir faire avec un briquet allumé près d’une fille préalablement arrosée d’un semblable liquide ?

    Parler avec elle ?

    Mais peut-être est-ce la nouvelle façon de faire la cour aux femmes, dans les banlieues, auquel cas nous serions, n’en déplaise aux cuistres, en pleine hypervirilisation française.

    Chaque homme tue ce qu’il aime, c’est bien connu.

    Le mal à l’œuvre, dans cette affaire, était autant dans le local à ordures, dansant son rituel de mort un briquet à la main, que partout autour.

    Il était autant en Derrar qu’en Tony Rocca, 23 ans, alias « Pyro » en référence à son amour des engins explosifs, un amour qui lui valut la perte de deux doigts et, détail touchant, d’un testicule.

    Rocca, petite frappe au nom tout droit sorti du ghetto italien d’East Harlem, qui maintint la porte du local fermée afin que l’autre puisse tranquillement achever son « truc de ouf » (sic) et qui, contrairement à Derrar, ne baissa nullement la tête lors du procès, mais ne cessa d’adresser des clins d’œil à sa bande.

    Le mal était en chacun de ces imbéciles hurlants, acéphales, qui, lors de la reconstitution du meurtre certain 25 mars 2003, et avec le lyrisme qu’on leur connaît, acclamèrent les bourreaux aux cris de « Pyro, Nono, on vous aime », « Nono poto pour toujours », « Nono à jamais », ou encore (légère variante) : « T'inquiète pas, on va pas t'oublier ».

    Le mal était enfin du côté de tous ceux qui ne dirent rien.

    Détail surréaliste : le sacrifice de Sohane eut lieu cité « Balzac ».

    C’est donc là-bas que nous n’oublierons pas que la France fut grande - littérairement parlant - et qu’elle donna au monde des noms illustres dont elle ne fait plus rien, jusqu’à les recycler dans des barres d’immeubles où croît l’engeance violente qui va définitivement la mettre à bas.

    Jamal Derrar, comme tous ses frères, grandit dans le mépris de l’autre sexe.

    Un mépris savamment distillé par la culture islamique (l’islam n’est-il pas « la religion masculine par excellence », dixit Chebel ?) et, indirectement, la société française, y compris par ceux qui s’érigent en sauveurs des valeurs occidentales tout en pactisant avec l’ennemi sur le dos des femmes : il est vrai que ce mépris-là reste la chose la mieux partagée du monde.

    Derrar reçut donc une éducation machiste avalisée par deux Frances pourtant farouchement antagonistes, et ces Frances-là, qui se donnent mutuellement les leçons de morale qu’elles n’appliquent pas elles-mêmes, ont le sang de Sohane sur les mains.

    J’attends, pour ma part, l’avènement d’une troisième France, une France éthique qui obéirait enfin à ses principes républicains.

    De cet éternel défaut de civilisation Sohane a payé le prix fort, elle qui mourut autant de fois qu’on salit sa mémoire.

    Qu’on s’en souvienne, lorsqu’un jour nos pas nous mèneront à Vitry-sur-Seine, et qu’alors nous foulerons le gazon pauvre qui entoure la stèle commémorative, pas très loin de cet anonyme et sinistre bâtiment « H » où mourut la jeune fille.

    Qu’on s’en souvienne, lorsque des fleurs cent fois profanées surgira la voix suppliciée, et qu’elle demandera : « Comment ce pays a-t-elle pu laisser pareille chose advenir ? »

    Que Zemmour, Soral et tous les petits hommes qui leur ressemblent s’en souviennent, au crépuscule de leur vie, s’ils sont jamais capables du moindre honneur.

    Quant à votre serviteur, elle s’en va tranquillement reprendre, après quelque candeur délibérée où elle avait posé ce si léger fardeau à ses pieds, ses vieilles hardes de misanthrope (je n’écris point misandre), abandonnant à la place quelque autre faix plus lourd qu’elle avait cru pouvoir supporter, le temps d’une confiance, parce qu’il faut bien parfois faire halte et boire, réinventer ce monde en le rêvant, bref, croire à la vertu des dialogues transversaux, même s’ils échouent toujours, pour rejoindre son propre chemin d’étoiles et de poussière, des brassées de roses entrenouées aux veines, et les yeux grands ouverts.


    Méryl Pinque (2006)

     


    [1] La dernière « sorcière » fut brûlée en terre d’Occident en 1695.

    [2] Le Point, 22 septembre 2005.

    [3] Élisabeth Badinter commit en 2003 Fausse route, piètre livre tissé d’incohérences volontaires, dénué parfaitement de rigueur analytique, monument de mauvaise foi mâtinée de malveillance à l’égard d’un féminisme qu’elle dénature pour mieux l’invalider.

    [4] On se souvient que Delanoë reçut un coup de couteau lors de la très festivissime « Nuit blanche » du 5 au 6 octobre.

    [5] Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes.

    [6] « Une jeune femme a été hospitalisée dans un état jugé très sérieux dimanche après avoir été brûlée vive par son ancien ami à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), a rapporté la police lundi. Selon les premiers éléments de l’enquête de la brigade criminelle, la jeune femme, âgée d’une vingtaine d’années, a été aspergée d’essence par le suspect dans une rue non loin de chez elle. Il a mis le feu et pris la fuite se brûlant au bras, selon des témoins. Le suspect, qui a agi par ‘dépit amoureux’, a été identifié et devait être interpellé ‘sans délai’, selon la source. La jeune femme a été admise à l’hôpital dans un état jugé très grave, a-t-on indiqué lundi. » AFP, 14 novembre 2005.

    La jeune femme en question est bien sûr Shéhérazade, 18 ans, brûlée vive le 13 novembre 2005 par un Pakistanais dont elle avait refusé les avances.

    On admirera avec quel art consommé le journaliste « noie le poisson », transmuant un meurtre sexiste en banale querelle amoureuse.

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  • Robert Redeker : "L'islamophobie, l'arme des islamistes contre la laïcité" (La Dépêche du Midi)

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    Un néologisme vient de se tailler une place, de façon fracassante, sur notre scène politique : " islamophobie ".

    Ce mot, proche, phonétiquement, de " xénophobie ", est autant destiné à faire peur - en évoquant, de manière subliminale, la haine, les persécutions, les discriminations - qu'à culpabiliser.

    Quelques-uns voudraient le voir devenir synonyme de " racisme " et symétrique d'" antisémitisme ", deux monstres qui ne dorment que d'un œil.

    Son usage, pourtant, est-il en adéquation avec la double exigence républicaine : sauvegarder la laïcité et combattre le racisme ?

    N'engendre-t-il pas des amalgames aux résultats ruineux pour la République, ses valeurs et son héritage ?

    Une enquête, réalisée par Caroline Fourest et Fiammetta Verner dans leur livre Tirs croisés [1], sur ses origines et son histoire, réserve des surprises, donnant à voir les intentions de ses concepteurs.

    Il n'est pas innocent que le vocable d'" islamophobie " ait été forgé initialement (dans les années 1970) par des islamistes radicaux s'attaquant aux féministes.

    La guerre contre les femmes est le berceau de ce terme ; ainsi, Kate Millet, célèbre militante du mouvement de l'émancipation féminine, fut violemment insultée, puis traitée d'islamophobe pour avoir incité les iraniennes au refus de porter le voile.

    C'est à nouveau autour de la question de l'apartheid des femmes - foulard à l'école, dans des institutions, dans la rue, auto-ségrégation dans des piscines - que se concentre la crispation, et que l'accusation d'islamophobie menace quiconque s'élève contre la tentative d'officialisation de cet apartheid.

    Dans les années 1990 le terme d'" islamophobie " a été diffusé plus largement par les islamistes londoniens dans le cadre des campagnes anti-Rushdie.

    L'écrivain et les défenseurs de la liberté de penser et de publier se trouvaient accusés du crime d'islamophobie tout en étant menacés de mort.

    Le concept d' " islamophobie " est originairement une arme forgée par les islamistes dans le but d'imposer leur vision totalitaire du monde.

    Il plonge ses racines dans le plus sordide obscurantisme. Au départ, " islamophobie " était donc un mot de combat - et chacun se souvient de la formule du poète révolutionnaire Maïakovski, " les mots sont des balles " !

    En le réutilisant naïvement, de sincères amis de la liberté se placent sur le terrain de ses adversaires.

    Peut-on, comme le souhaitent les islamistes, identifier l'islamophobie avec un racisme et l'équivaloir avec l'antisémitisme ?

    L'amalgame entre l'islamophobie et le racisme est destiné à se retourner contre toute critique de la religion, si importante dans notre culture depuis Bayle et Voltaire, si importante aussi dans l'élaboration de l'idée républicaine.

    Est-il " raciste " de refuser les exactions qui se pratiquent, de la Mauritanie jusqu'au Pakistan, au nom de l'islam ?

    De refuser la charia, les lapidations, les mutilations, l'esclavage (encore vivace dans des sociétés musulmanes), la criminalisation de l'homosexualité, le statut inférieur des femmes, etc ?

    Est-il raciste de rappeler que dans aucun pays musulman les droits de l'homme ne sont à l'honneur, pas plus d'ailleurs que la démocratie ?

    Est-il raciste d'estimer que des centaines de millions d'êtres humains vivent quotidiennement sous le joug imposé par cette religion ?

    Est-il raciste de s'inquiéter des exigences, dans notre société, d'une religion qui a aussi peu fait la preuve de sa capacité à intérioriser les valeurs issues des Lumières ?

    Est-il raciste de se poser la question: un islam à visage humain est-il possible, comme on se demandait naguère si un socialisme à visage humain est possible ?

    Si le racisme (par exemple: l'arabophobie) est absolument condamnable, le combat contre les empiétements du religieux sur la vie civique, combat dont sont issues les valeurs républicaines, ne l'est aucunement.

    L'islam est une religion - un ensemble d'idées, de mythes, de superstitions et de rites - pas une " race " (si ce mot a un sens) ni une ethnie.

    Il existe des musulmans de tous les types humains ; cette religion, semblablement au christianisme, vise à l'universalité.

    Etant une religion, l'islam est aussi une idéologie, comme le communisme et le libéralisme.

    Doit-on condamner l'antilibéralisme ou l'anticommunisme, le refus de leurs idéologies et de l'organisation du monde qu'elles impliquent, comme s'il s'agissait de racisme ?

    L'attitude accusée d'islamophobie n'est pas du racisme, dans la mesure où, loin d'être la haine de tel ou tel peuple, elle est le refus véhément de ce que certains prêchent et veulent imposer au nom de l'islam.

    Elle est le refus des aspects archaïques et incompatibles avec les valeurs républicaines, que véhicule une certaine interprétation de l'islam.

    L'antisémitisme, pour sa part, ne stigmatise pas une religion, mais un peuple.

    Or, il n'y a pas un peuple musulman comme il y a un peuple juif ; par suite, la mise en parallèle de l'islamophobie et de l'antisémitisme est abusive.

    L'islam est un attribut accidentel, applicable - du fait de sa nature prosélyte - à tout être humain, quelles que soient son ethnie et sa couleur de peau.

    Au contraire, Juif ne désigne qu'un seul peuple, à cause de son non-prosélytisme.

    Loin d'être le simple combat contre une religion, l'antisémitisme est la haine immotivée et inextinguible d'un certain peuple, le peuple juif.

    Les Juifs pourraient bien être athées, changer de religion, que l'antisémitisme persisterait.

    S'il existe des Juifs athées (parce que le mot " juif " énonce l'appartenance à un peuple, quelles que soient les idées de ceux qui sont ainsi indexés), la locution " musulman athée " s'avère absurde, (parce qu'être musulman signifie adhérer à une croyance).

    Les islamistes voient, dans la bataille du vocabulaire, un enjeu d'importance.

    Le terme d'islamophobie cache le piège tendu aux institutions laïques par les intégristes musulmans pour empêcher la critique de la religion, tout en soumettant des segments de l'existence sociale (spécialement celle des femmes) à une emprise totalitaire.

    Perdre la bataille sémantique, en réutilisant le vocabulaire mis en circulation par les islamistes, comme s'il allait de soi, est désastreux.

    Le mot " islamophobie " rabat, à faux titre, la défense de la liberté et de la laïcité sur l'intolérance et sur la haine.

    Il réussit à contraindre les valeurs républicaines à demeurer sur la défensive : ce sont elles, désormais, qui, mises en difficulté par la sophistique d'un tour de passe-passe lexical, se voient accusées d'intolérance et d'intégrisme.

    La prestidigitation de ce mot consiste à renverser la réalité en plaçant l'obscurantisme dans la position de la victime et la laïcité dans celle de l'agresseur.

    La laïcité doit maintenir le mot " islamophobie " hors du cercle des débats, tout en pourchassant le racisme, en particulier l'arabophobie.

    R. Redeker (Ce texte a été publié dans La Dépêche du Midi le 21 octobre 2003.)

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    [1] Titre complet : Tirs croisés : La Laïcité à l'épreuve des intégrismes juif, chrétien et musulman : voir sur le site d’Amazon.  Le site Prochoix met en ligne les nombreuses recensions de cet ouvrage : voir sa Revue de Presse.

    http://www.gaucherepublicaine.org/2,article,340,,,,,_L-islamophobie-l-arme-des-islamistes-contre-la-laicite..htm