Quelle farceuse, cette Sonia !
Elle a, à plusieurs reprises, fait exprès — du moins, on l’imagine ainsi, sans toutefois vraiment comprendre si c’est « un gag » ou non — de ne pas obéir, de ne pas se mettre là où on lui ordonnait de se poser.
Et pourtant, pauvre tigresse a finalement obtempéré, elle n’a pas eu le choix, les animaux sauvages, durement contraints, comme ils le sont, ne l’ont jamais dans les cirques.
Parfois, ils se révoltent, attaquent, griffent, piétinent.
Très récemment, aux États-Unis, en Pennsylvanie, un éléphant a ainsi écrasé son soigneur, et, il y a quelque temps, en Floride, une dresseuse, attaquée par son orque, n’a pas survécu.
Mais c’est très rare.
À croire que ces « sauvages » sont bien plus civilisés que nous…
La plupart des animaux dits « de cirque » — comme les taurins nomment les taureaux de corrida « de combat » — subissent cette vie d’esclaves, triste à souffrir, triste à devoir la vivre ainsi prisonniers.
Un léger doute nous fait cependant nous interroger.
Est-ce que, par moments, elle n’a pas eu un tout petit peu envie de le boulotter, son dompteur ?
Elle montrait de ces crocs…
Quoi qu’il en soit, cette coquine de Sonia nous a bien fait rire.
Quel scénario !
Comme c’était drôle de la voir gentiment réprimandée par son dompteur !
Et lui, seul parmi quatre tigres du Bengale, quel courage !
Enfin, seul, presque…
Parce que ces bêtes-là, quand même, c’est dangereux, ça garde toujours un fond sauvage, et un accident est bien vite arrivé.
Alors monsieur dompteur en chef Grüss l’accompagnait, le collait même littéralement, il n’était pas rassuré, ça se ressentait — imaginez, ç’aurait été du plus mauvais effet si Bernard Lavilliers s’était fait bouffer pendant son numéro, là, devant tout ce beau monde.
Ah, monsieur Lavilliers, que vous sachiez, pour le moins, combien de fans vous avez déçus.
Mais à quoi assistons-nous donc ?
Au 49e gala de l’Union des artistes, absent depuis vingt-huit ans, et dont on se serait bien passé du « grand retour », depuis le Cirque d’Hiver, à Paris, retransmis sur France 2.
Quel jour ?
Mardi 13 avril 2010.
Un autre jour, celui-là, précisément le 20 juillet 2007, le BVP (Bureau de vérification de la publicité) a refusé de donner un avis favorable à la vidéo réalisée par Jacques Perrin pour la SPA, dénonçant l’exploitation des animaux dans les cirques et destinée à être diffusée sur M6.
Il était pourtant parfait, ce spot, avec, en (belle) voix off, celle de Jacques Perrin lui-même :
« Pour amuser les enfants, sachez que les animaux souffrent.
Les animaux ne sont pas des clowns.
Ne participons pas à ce spectacle. »
Le mot « cirque » ni prononcé ni même écrit, juste, au tout début, la petite musique bien caractéristique, trompette et grosse caisse, qui annonce habituellement la représentation.
Eh bien, voilà, justement.
« Ce projet utilisant quelques notes classiques de musique de cirque permettant l’identification de cet univers ainsi que la citation du métier de “clown” […] sont de nature à porter préjudices […] aux personnes vivant […] du métier du cirque […]. »
Faux procès.
De plus en plus de cirques (Plume, du Soleil, des Nouveaux Nez …) vivent, et bien, aujourd’hui sans utiliser d’animaux.
Qu’est-ce qui dérangeait donc le BVP ?
La vérité, tout simplement.
Mais les enfants aiment le cirque, pourquoi les priver de ces spectacles ?
Les enfants ne méritent pas les mensonges des adultes, qui leur font accroire que c’est tout naturellement et par pur plaisir qu’un ours se maintient en équilibre sur une seule patte sur un tabouret ridicule ou qu’un lion s’éclate à sauter dans un cercle de feu, numéros contre nature et dangereux pour eux.
Les enfants aiment avant tout les animaux.
Chez eux, c’est naturel.
Et ils ne veulent sûrement pas qu’on leur fasse du mal.
Il suffit juste de leur expliquer, honnêtement, en quoi le cirque leur est mauvais.
Ils sont de bien meilleure foi que nous…
Quand les enfants connaissent le sort de ces bêtes, ils refusent tout simplement les cirques avec animaux.
Des animaux sauvages qui ne quittent leur camion-cage que pour aller sur la piste, pour y subir un dressage fondé sur la peur et la contrainte, et qui n’ont aucune chance de courir un jour dans la savane.
« Des éléphants, des hippopotames, des primates et des fauves, des ours devenus fous parcourant de long en large leur cage de quelques mètres carrés. »
Jacques Perrin avait gracieusement réalisé ce spot afin de « permettre une prise de conscience du grand public […] sur le mode de vie infligé à des espèces animales […] qu’il est inconcevable de maintenir ainsi détenues ».
Il disait souhaiter « voir évoluer le cirque sans animaux sauvages comme l’ont fait […] l’Autriche, l’Inde, la Finlande, le Brésil, la Suède, Israël, la Norvège... ».
Au Cirque d’Hiver, à Paris, mardi 13 avril 2010, le 49e gala de l’Union des artistes, retransmis sur France 2, qui comportait des numéros avec des animaux, avait pour président Jacques Perrin.
Luce Lapin
14 avril 2010
lucelapin@charliehebdo.fr
• LE SPOT ! Efficace, percutant, émouvant. Sur http://www.dailymotion.com/video/x2iq04_spa
• http://www.code-animal.com/campagne/gala_union_artiste.htm, profitez-en pour visiter le site : www.code-animal.com
• Photos : Code Animal. Un grand merci à Franck pour sa collaboration.
• www.spa.asso.fr
• À lire articles (entre autres, une interview de Caroline Lanty, présidente de la SPA, sur les cirques) dans «La Puce», rubrique «Cirques/zoos» : www.charliehebdo.fr/la_puce/cirques et aussi, de Jo Benchetrit : http://psychanalyse-et-animaux.over-blog.com/article-gala-de-l-union-des-artistes-2010-le-retour-du-pire-48585697.html
http://www.charliehebdo.fr/la_puce/cirques