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Littérature, Philosophie - Page 24

  • Vegan.fr au Paris Vegan Day

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    L’association Vegan.fr sera présente au ParisVeganDay 2010. 

    On espère que cet évènement sera l’occasion de faire connaître au plus grand nombre le véganisme éthique basé sur une approche abolitionniste.

    Les conférences de Roger Yates, Vincent Guihan & Alix Charlebois ainsi que Valérie Giroux seront un très bon moyen de vous familiariser avec cette approche éthique et militante.

    On peut aussi espérer que le mouvement animaliste français évolue enfin vers une promotion claire et sans compromis du véganisme.

  • "Les animaux ont-ils des droits ?" (Le Monde / auteurs : Florence Burgat et Jean-Pierre Marguénaud)

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    Florence Burgat et Jean-Pierre Marguénaud sont respectivement rédactrice en chef et directeur de la Revue semestrielle de droit animalier

    Les animaux ont-ils des droits ?

    Cette question, communément moquée et balayée d'un revers de main il y a peu, fait aujourd'hui partie des interrogations recevables, comme l'a montré récemment le 21e forum "Le Monde – Le Mans" intitulé "Qui sont les animaux ?".

    Qu'est-ce qui justifie que l'on fasse souffrir, de manière routinière, industrielle, et dans des proportions jamais atteintes, des milliards d'animaux terrestres et marins pour des bénéfices dont la légitimité et l'utilité sont au moins discutables ?

    Si l'on pense que les animaux n'ont pas de droits et qu'ils n'ont, somme toute, que ce qu'ils méritent, il faut s'en expliquer.

    Un grand pas vers l'explication est franchi lorsque beaucoup se sentent contraints d'étayer une position qui semblait jusque-là acquise, inébranlable, pour ne pas dire irréprochable : après tout, ce ne sont que des bêtes ; d'où il faut entendre que quand on agit contre l'intérêt des bêtes, on ne fait rien de vraiment mal, rien de vraiment grave.

    De cela, nous ne sommes peut-être pas absolument persuadés en notre âme et conscience, mais la collectivité ayant entériné les pratiques cruelles et massives contre les animaux, tout se passe comme si nous nous sentions individuellement justifiés d'en profiter, et donc innocents.

    Ce trouble que chacun ressent en songeant aux souffrances infligées aux animaux a du reste entraîné depuis longtemps ses premières conséquences juridiques sur le continent européen : en Angleterre par le Martin's Act, dès 1822, en France par la loi Grammont de 1850 punissant les mauvais traitements commis publiquement envers les animaux domestiques.

    Ces premiers pas étaient cependant bien timides, car la condition de publicité des actes commis tendait à protéger davantage la sensibilité des hommes auxquels le spectacle en était imposé que celle des animaux qui les subissaient.

    Sans doute la condition de publicité tombera-t-elle par le décret du 7 septembre 1959 pour les mauvais traitements et ne sera-t-elle pas reprise par le loi du 19 novembre 1963 qui institua le délit d'actes de cruauté.

    Cependant, aux côtés des souffrances inutilement infligées, c'est-à-dire non nécessitées par la finalité d'usages la plupart du temps générateurs de souffrance, il faut désormais songer à ces violences qui sont imputables au système d'exploitation.

    Si la cruauté contre les animaux n'a pas d'âge, quelque chose s'est emballé.

    Dans le même temps, l'invisibilité de la souffrance animale se fissure, l'évidence selon laquelle les bêtes ne sont bonnes qu'à être tuées semble, pour peu qu'on y réfléchisse, douteuse.

    Derrière le "produit" se profile parfois quelque chose que nous n'aimons pas voir.

    La torsion que subit le statut juridique des animaux traduit ce malaise.

    Le législateur européen prend des mesures de plus en plus nombreuses pour "protéger" les animaux et veiller à leur "bien-être", y compris et surtout au moment le plus paradoxal où on les mutile et où on les tue.

    La prédilection des législateurs pour un mot aussi fort que le "bien-être", visant à faire face à des situations où sa prise en compte confine à l'absurdité, reflète probablement pour une part le malaise inhérent à la justification implicite d'activités animalicides.

    La proposition de règlement du Conseil du 18 septembre 2008 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort en appelle d'ailleurs à la "prise en compte du bien-être des animaux" tout en enjoignant les exploitants "d'épargner au maximum la douleur, la détresse ou la souffrance aux animaux destinés à l'abattage".

    On découvrira une nouvelle dimension du paradoxe dans la Directive 93/119/CE du Conseil du 22 décembre 1993 sur la protection des animaux au moment de leur abattage ou de leur mise à mort qui mentionne dans l'un de ses alinéas qu'il "est interdit d'assener des coups ou d'exercer des pressions aux endroits particulièrement sensibles.

    Il est en particulier interdit d'écraser, de tordre, voire de casser la queue des animaux ou de les saisir par les yeux.

    Les coups appliqués sans ménagement, notamment les coups de pied, sont interdits".

    Faut-il que ces actes fussent répandus pour qu'il ait été nécessaire de les noter aussi explicitement dans une directive !

    LA PERSONNALITÉ JURIDIQUE

    Alors que certains scientifiques s'en remettrent au concept mécaniste de nociception, que d'autres admettent l'existence de douleurs "seulement physiques", le législateur européen, quant à lui, reconnaît aux animaux cette évidence, à savoir la capacité à souffrir, à être le sujet de leur douleur et à ressentir la souffrance psychique qu'est la détresse.

    En vérité, tout le monde sait cela.

    Pourtant, les animaux sont très exactement traités comme des matières premières dont les règles de transformation sont soigneusement décrites.

    Comment peut-on tranquillement reconnaître en même temps que les animaux sont profondément affectés par ce qui leur est fait, et en affirmer le caractère licite ?

    La légitimité de ces pratiques n'est-elle pas mise en question au cœur de leur réglementation ?

    S'il est vrai que les animaux demeurent versés du côté des biens, et à ce titre appropriables, ils bénéficient depuis le décret de 1959, la loi de 1963 (précités), la loi du 10 juillet 1976 – dont l'article 9 proclame que "Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce" – et le Code pénal entré en vigueur en 1994, d'une protection contre leur propriétaire lui-même.

    Désormais, le droit ne laisse plus le propriétaire disposer de sa chose comme bon lui semble lorsque cette chose est un animal.

    D'ailleurs cette prise en compte de l'intérêt propre de l'animal, être vivant et sensible, n'exprime-t-elle pas une forte résistance à sa classification dans la catégorie des choses ?

    Une ligne se dégage alors pour comprendre les raisons d'octroyer des droits aux animaux, par-delà les devoirs de l'homme à les utiliser le moins cruellement possible.

    A ceux qui considèrent que les avancées législatives en matière de protection des animaux, et plus encore l'idée de leur reconnaître des droits, comme une insulte à la misère humaine, il faut répondre que la misère humaine résulte de l'exploitation ou de l'indifférence à la souffrance des plus faibles et que c'est au contraire l'insulter, sinon la légitimer, que de prôner l'indifférence farouche à l'égard de la souffrance d'autres êtres plus faibles encore et qui ne peuvent jamais consentir.

    Il faut leur répondre que, dans la mesure où il ne suffit pas de rester indifférent à la souffrance des animaux pour soulager la misère humaine, la protection des animaux et celle des plus faibles des hommes relève du même et noble combat du Droit pour aider ceux à qui il peut être fait du mal, beaucoup de mal.

    Considérer les animaux comme des choses, c'est les maintenir dans la catégorie où on les avait enfermés à l'époque où la négation de leur sensibilité permettait de les exploiter pleinement.

    Nous estimons au contraire que tant sur le plan éthique que sur le plan juridique, dans le prolongement des idées avancées par René Demogue il y a plus d'un siècle, il est inacceptable de continuer à considérer les animaux comme des choses.

    On peut, certes, améliorer le sort des animaux sans leur accorder la personnalité juridique, et des progrès ont été accomplis en ce sens aussi bien en droit français qu'européen.

    Il semble cependant difficile de faire véritablement ressortir l'utilité de règles protectrices toujours plus nombreuses sans accorder aux animaux un statut qui leur reconnaisse la personnalité juridique et leur attribue techniquement des droits.

    De toute façon, dans ce domaine comme dans tout autre, les améliorations concrètes dépendent de l'interprétation des textes par le juge.

    Or, il ne fait guère de doute que les mêmes règles également protectrices ne seront pas interprétées dans un sens aussi favorable aux animaux dans un Etat continuant à les considérer comme des choses, toujours un peu viles, que dans un Etat les ayant déjà admis dans la catégorie des personnes titulaires de droits.

    Florence Burgat est directeur de recherche en philosophie, INRA, université de Paris-I.

    Jean-Pierre Marguénaud est professeur de droit privé, faculté de droit et de sciences économiques de Limoges (OMIJ).

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/07/15/les-animaux-ont-ils-des-droits_1387965_3232.html

  • "Théologie animale", d'Andrew Linzey (éditions One Voice)

    Andrew Linzey (photo 1)

    Dans cet ouvrage, publié en français par One Voice, les animaux ont droit au respect.

    A travers une relecture de la bible qui bouleverse les conventions généralement admises de la domination de l’humain sur les animaux, chaque être trouve sa place.

    Chaque vie a droit au respect.

    Andrew Linzey est un prêtre anglican, membre de la faculté de théologie de l’Université d’Oxford et directeur fondateur du Oxford Center for Animal Ethics.

    Il est l’auteur d’un grand nombre d’articles et d’ouvrages sur la théologie et l’éthique.

    Une date de choix

    Le 22 mai 2010, date choisie pour la publication de ce premier ouvrage de théologie animale en français, est aussi celle du 125ème anniversaire de la mort de Victor Hugo.

    Victor Hugo, auteur cher à Linzey, était particulièrement sensible à la cause animale, et avait une vision assez claire quant au comportement humain :

    « Sans doute était-ce le premier devoir.

    (...) il fallait civiliser l'homme du côté de l'homme.

    La tâche est avancée déjà et fait des progrès chaque jour.

    Mais il faut aussi civiliser l'homme du côté de la nature.

    Là tout est à faire. »

    Pour tous publics

    Ce livre est une théologie, certes, mais dont l’analyse et la logique développent des thèmes accessibles et pertinents pour tous, croyants ou non, désireux de réfléchir à la problématique de la place de l’humain vis-à-vis des animaux.

    Le « fait que les animaux soient innocents et sans défense, loin de nous permettre de les exclure du champ de nos préoccupations morales, est précisément ce qui devrait nous obliger à leur accorder une attention particulière et à les traiter avec les scrupules et les soins les plus extrêmes. »

    Une introduction dédiée au public français

    Dans une préface spécialement écrite pour la version française de son ouvrage, Andrew Linzey explique avec brio le rôle tenu par les grands penseurs de notre pays dans l’évolution du statut de l’animal à travers le monde.

    Depuis Descartes, jusqu’à Victor Hugo, Linzey retrace les grands courants de pensée qui ont conduit l’animal à la place inconfortable qu’il occupe aujourd’hui.

    Respecter la vie

    Linzey nous invite non seulement à respecter la vie sous toutes ses formes, mais à accorder une priorité morale aux plus faibles.

    Il propose une relecture de la genèse où le concept de domination n’implique pas l’asservissement mais se substitue à la notion de responsabilité :

    « chaque fois que nous détenons un pouvoir vis-à-vis d’êtres qui sont plus ou moins sans défense, notre obligation morale de générosité n’en est que plus grande.

    S’il est bien un droit que nous confère notre pouvoir sur des animaux, c’est celui de les servir. »

    Refusant de faire du bien-être humain une priorité, il replace l’humain à sa juste position, au sein de la nature, n’hésitant pas à mettre en cause « des siècles d’anthropocentrisme chrétien (de la pire espèce) » dans la crise écologique actuelle.

    Mettre fin à la souffrance

    Mettre fin à la souffrance, libérer les animaux du joug des humains, faire évoluer le monde vers une plus grande mansuétude, ouvrir l’humain à une existence salutaire pour lui et la planète, Linzey ouvre aux chrétiens de nouvelles pistes pour le salut de leur âme.

    Il offre aussi ainsi à ses lecteurs une approche inédite de l’existence et une analyse étayée et solidement construite des textes religieux.

    Un monde où l’amour et la paix trouveraient enfin leur place.

    Les animaux ne nous appartiennent pas

    Linzey aborde les thèmes fondamentaux que sont l’expérimentation animale, la chasse, la consommation de viande et les manipulations génétiques en se basant sur la doctrine religieuse et les implications morales qui en résultent.

    « La doctrine chrétienne de la création nous oblige à considérer que notre estimation de notre propre valeur ne peut pas constituer l’unique critère pour déterminer la valeur d’autres créatures. »

    Dans un monde où partout la tyrannie s’exerce, il invite l’homme à renaître en bouleversant ses habitudes séculaires, pour une existence plus juste et une paix planétaire.

    Un commentaire de l’auteur :

    Victor Hugo aurait été fier.


    Victor Hugo a développé le concept d’une grande morale – une compassion élargie à toutes les formes de vie. Il est mort il y a 125 ans, le 22 mai 1885.


    C’est le 22 mai 2010, date anniversaire de sa mort, qu’est publié le premier ouvrage en français sur la théologie animale.


    Il est temps pour les églises de suivre ses traces et de rejoindre le mouvement de la protection animale. Théologie animale montre qu’il y existe des bases théologiques solides devant nous conduire à militer pour une justice envers les animaux.


    One Voice est l’une des principales organisations de défense animale en France. Elle porte le flambeau dans la quête d’une relation plus respectueuse envers les animaux et mérite notre soutien chaleureux. C’est un grand honneur d’être publié par elle.


    Professor Andrew Linzey

    théologie animale (photo 3)

     

    THEOLOGIE ANIMALE
    Andrew Linzey

    Commander le livre

     

     

     

    http://www.one-voice.fr/fr/article/aux-editions-one-voice-theologie-animale-par-andrew-linzey

  • La force de venir en aide aux animaux (association "Droits des Animaux")

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    Les animaux sont des êtres sensibles, intelligents et conscients, même si cela n'a été reconnu que très récemment.

    Pour autant, cette reconnaissance n'a pas fait évoluer leur statut : ils continuent d'être traités comme des objets, de la marchandise, de la nourriture.

    Leur point de vue est totalement ignoré et leurs intérêts occultés.

    Droits des Animaux est une association loi 1901 ayant pour but de faire connaître, reconnaître et respecter les droits fondamentaux des animaux : droit à la vie, droit à la liberté, droit à ne pas être maltraité ni exploité.

    Nos trois missions principales sont :

    • Informer le public pour faire évoluer les mentalités (stands vidéo, happenings, conférences...)
    • Rassembler les personnes motivées pour aider les animaux
    • Interventions directes (Hunt sabotages, blocages, ...)

    Vu l'ampleur des moyens déployés par l'espèce humaine contre les animaux, ceux-ci n'ont aucune chance de résister efficacement, même s'ils se défendent quand ils le peuvent.

    C'est donc à nous de les aider à se libérer des humains.

    Rejoignez notre association pour participer à la libération animale !

    L'association ne poursuit aucun but lucratif ou religieux. Elle est indépendante de toute organisation, qu'elle soit confessionnelle, politique ou commerciale.

    http://www.droitsdesanimaux.net/index.php

  • A propos de "La Raison des plus forts" : chronique de Christophe Léon

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    « De la façon dont nos sociétés affrontent [la question animale] dépend le sort de plus d’êtres chaque année qu’il n’a jamais existé d’humains à la surface de la Terre…

    Cet enjeu-là est premier. En soi, il est colossal. »

    Les animaux non-humains ont-ils une conscience ?

    La fourmi, le tatou ou l’oursin ont-ils des facultés mentales, bref sont-ils en mesure d’appréhender leur environnement et de réagir/agir en conséquence autrement que par instinct ?

    Le « propre de l’homme » est-il si propre que cela ?

    Autant de questions auxquelles tente de répondre La raison des plus forts, dans la collection Radicaux libres des éditions IMHO.

    Sous la direction de Pierre Jouventin, David Chauvet & Enrique Utria, ce livre, à travers onze essais, s’attaque de front à un dogme millénaire, celui de l’Homme tout puissant dominant la Création et ne cédant à l’animal non-humain que la part du pauvre, celle qui le réduit à l’état d’animal-machine, seulement bon à servir et à être exploité en conséquence.

    Aujourd’hui encore, dire que l’humain est un animal comme un autre et qu’il est partie (importante certes, mais partie seulement) d’un ensemble bien plus grand qui inclut toutes les espèces animales, est souvent entendu comme une grosse bêtise, voire comme une provocation.

    Et pourtant…

    « … les actes de ce colloque [le 14 novembre 2009 se tenait à l’université de Paris V René Descartes un colloque dont le thème était : "Sommes-nous prêts à élargir aux animaux notre considération ?"] tendent à justifier que le cercle de l’égalité soit désormais élargi aux animaux non-humains, de même qu’au cours des siècles se sont progressivement effacées les barrières que certains traçaient autour des notions de race, de sexe, de tribu, ou de nation. »

    Hélas, l’égalité pour les animaux non-humains n’est pas encore pour demain — en premier lieu pour des raisons purement économiques.

    Par défaut, nos modes de consommation et de marchandisation du vivant font que la viande est devenue au fil des années un produit de base de notre alimentation.

    Comment alors faire admettre que lorsque nous mangeons de la viande, de l’animal non-humain, nous ne mangeons pas quelque chose mais quelqu’un ?

    Accorder à l’animal non-humain une conscience serait lui reconnaître une fonction autre qu’utilitaire, une existence égale et comparable à l’humain.

    Cette idée est dérangeante parce qu’elle semble nous réduire, alors qu’à mieux y réfléchir elle nous grandit.

    Et inutile de prendre la science à témoin sur notre supposée supériorité génétique :

    « … notre génome, s’il est plus grand que celui de la carpe et de la poule, est moindre par rapport à celui de la souris, du lys et de l’amibe, ce qui a surpris bien des généticiens qui s’attendaient à ce que l’homme soit l’être au génome le plus grand puisque supposé le plus complexe… »

    La raison des plus forts
    bat en brèche la notion commune du « propre de l’homme » qui fait de nous des êtres différenciés de l’espèce animale, et qui nous conduit à penser que nous sommes les maîtres du monde, les Phénix incontestables de l’Univers.

    Qu’est-ce que le « propre de l’homme », si ce n’est la faculté de se prendre pour ce que nous ne sommes pas, et le moyen d’asseoir notre pouvoir sur les animaux non-humains en les exploitant, les tuant, les dévorant ou les maltraitant ?

    Dénier la conscience aux animaux autres que nous est ce que nous avons trouvé de plus commode pour nous dédouaner.

    « Le propre de l’homme n’est plus vraiment un problème de science et, comme le roi nu, il apparaît pour ce qu’il est en réalité, un jugement de valeur, une simple question de point de vue. »

    Plus loin, David Chauvet dans son essai, intitulé Les animaux, ces êtres de raison, examine le bien-fondé de ce « propre de l’homme » et ce qu’il a permis de justifier : « l’hégémonie humaine sur le reste du monde animal. »

    Nier la raison animale, faire accroire que ces êtres agissent de manière exclusivement instinctive, sans former de projet, autorise à ce qu’on les tue sans qu’il n’en soit autrement affecté que biologiquement.

    Le sacrifice de l’animal non-humain serait un sacrifice neutre.

    Alors que pour le moins, et si l’on veut rester objectif et entreprendre une démarche scientifique, il faudrait partir du principe (de précaution ?) que « la raison est peut-être présente chez certains autres animaux que l’humain » ce qui devrait nous amener à réfléchir sur nos actes.

    Et encore :

    « Les animaux ne réagissent pas aveuglément à l’environnement, ils analysent et en tirent des conséquences, comme chacun en convient à présent.

    À l’évidence, la raison ne fait pas partie du fameux « propre de l’homme ».

    Les contributions et textes complémentaires, parce qu’ils abordent un éventail complet de ce qu’on appelle la condition animale, font de
    La raison des plus forts un ouvrage essentiel, qui permet de mieux comprendre et de mieux entrevoir les enjeux écologiques, environnementaux, sociaux et politiques liés à notre interprétation du monde.

    Il ouvre une réflexion sur ce qu’entraînerait la reconnaissance de facultés mentales aux animaux , ainsi que sur les adaptations et changements que cela induirait.

    La raison des plus forts
    , un livre nécessaire, érudit et passionnant.

    La raison des plus forts, sous la direction de Pierre Jouventin, David Chauvet & Enrique Utria, col. Radicaux libres, éd. IMHO

    Pour en savoir plus : http://www.imho.fr

    Christophe Léon
    www.christophe-leon.fr

    http://www.ecologitheque.com/raison.html

  • "La Raison des plus forts" : interview de Pierre Jouventin et David Chauvet

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    Interview de Pierre Jouventin et David Chauvet,  co-directeurs, avec Enrique Utria, du livre La raison des plus forts - La conscience déniée aux animaux (éditions IMHO, collection Radicaux libres).

    chroniqué sur L'écologithèque le 23 juin 2010

    Question : Pierre Jouventin et David Chauvet (avec Enrique Utria) vous avez dirigé la réalisation de l’ouvrage La Raison des plus forts, paru aux éditions IMHO dans la collection Radicaux libres.

    Pourquoi ce livre consacré à la condition animale et, particulièrement, à la conscience animale ?

    Pierre Jouventin
    : Tout simplement parce que c’est d’actualité même si beaucoup ne s’en rendent pas compte.

    Depuis un demi-siècle, nous en savons mille fois plus sur le comportement des animaux que depuis l’aube de l’humanité et ce n’est pas du tout ce que l’on attendait.

    Pourtant, il y a un siècle et demi, Darwin nous avait appris d’une part que l’homme est issu du monde animal et d’autre part que la différence entre lui et les autres être vivants est une question de degré, non de nature.

    Or toute notre culture judéo-chrétienne définit l’homme par opposition à l’animal auquel il manquerait l’intelligence, la raison, l’abstraction, la morale, la culture, etc.

    Tout ceci est remis en question par les découvertes récentes et a été pris en compte dans les pays anglophones mais pas encore chez nous.

    La première contribution de ce volume collectif consiste donc à montrer que « le propre de l’homme » s’est dissous dans la biologie moderne et qu’il faut désormais en tenir compte en sciences humaines.

    David Chauvet
    : Paradoxalement, si la sensibilité des animaux est aujourd'hui évidente pour tout le monde, leur conscience est niée.

    Cette « mentaphobie » reflète une crainte de considérer les animaux comme de véritables individus.

    C'est à l'évidence une stratégie d'exclusion.

    Pourrions-nous aussi facilement les manger, porter leur peau, s'amuser à les chasser, entre autres, si nous ne les considérions pas comme des êtres sans conscience ?

    On oppose souvent aux défenseurs des animaux le fameux « cri de la carotte », façon de dire que les animaux non-humains et les plantes sont à situer au même niveau, qu'on peut tuer les uns comme les autres sans commettre une faute.

    Reconnaître une conscience aux autres animaux serait accepter le fait qu'ils ont une volonté, que l'on contrarie de manière parfaitement illégitime.

    Autrement dit, ce serait admettre que nous faisons d'eux des esclaves, et que le fait de les tuer, même « humainement », est un crime. 

    Question : Prétendre que les animaux non-humains ont accès à une conscience, et qu’ils ne diffèrent en rien (ou presque) de l’homme dans ce domaine, n’est-ce pas « révolutionnaire », dans le sens d’un changement radical de notre conception du monde ?

    L’animal est-il l’égal de l’homme ?

    Pierre Jouventin
    : Vous basez déjà les rapports entre l’homme et l’animal sur un rapport de force et c’est d’ailleurs ce que soulève  notre titre inspiré de La Fontaine : La raison des plus forts.

    Pourquoi faudrait-il nécessairement que l’homme soit supérieur à l’animal si ce n’était pour lui imposer sa dure loi ?

    L’homme ne serait-il pas au contraire plus moral s’il ne cherchait pas systématiquement à réduire par la force tous les autres êtres vivants, entraînant cette crise majeure de la biodiversité à laquelle nous assistons et qui n’est qu’un volet de la crise écologique dans laquelle nous entrons ?

    Personne ne prétend que l’homme ne diffère pas des autres espèces : toutes sont différentes.

    Si l’homme est une espèce originale, il n’a jamais été, scientifiquement parlant, le couronnement de l’évolution animale.

    David Chauvet
    : L'idée que les animaux sont des êtres rationnels, doués de conscience, de volonté, est sans doute encore « révolutionnaire » pour beaucoup de nos contemporains.

    Ceux-ci vivent en effet sous l'empire de préjugés confortables, tant au regard d'une dignité humaine établie aux dépens des animaux, que pour ce qui concerne la légitimité d'utiliser ces derniers comme des moyens au service de nos fins (y compris les plus superfétatoires).

    Mais, comme l'a rappelé tout à l'heure Pierre Jouventin, les scientifiques, et certains en témoignent dans La Raison des plus forts, ne mettent plus en doute l'existence de la conscience animale depuis presque un demi-siècle.

    Les preuves s'accumulent, corroborant ce que chacun pouvait facilement percevoir en observant son chien ou son chat.

    Il est vrai que peu entretiennent avec les vaches ou les cochons d'autres relations que celle qui passe par leur assiette.

    Question : La société de consommation et de marchandisation du vivant, notamment l’industrie de la viande, ne sont-elles pas fondées sur l’idée commune que l’animal n’a pas de conscience et, qu’en conséquence, on peut le tuer et le consommer « sans modération » ?

    L’élevage et l’abattage des animaux ne sont-ils pas entrés dans nos imaginaires comme une banalité qui ne choque plus personne ?

    Est-il encore possible de changer cette vision ?

    Pierre Jouventin
    : Les éleveurs, les chasseurs et les fermiers d’antan se trouvaient au moins devant un problème de conscience qu’ils écartaient pour des raisons de survie.

    Or nous ne sommes plus confrontés à cet impératif et nous ne côtoyons plus les animaux que nous mangeons.

    La plupart de nos concitoyens sont des citadins qui affectionnent les animaux de compagnie mais oublient qu’ils mangent des animaux de boucherie, souvent très sociables comme les cochons, élevés dans des conditions qui n’ont plus rien à voir avec celles des animaux de ferme d’antan.

    La société industrielle a transformé des êtres sensibles en objets de consommation et il n’est pas inutile d’en prendre conscience.

    David Chauvet : Il est fort heureusement possible de changer cette vision d'un abattage allant de soi parce que les animaux, prétendument dénués de conscience, seraient « là pour ça », comme on le dit souvent.

    Ceci plus que jamais car à aucun moment de l'Histoire nous n'avons eu autant de preuves de la conscience animale.

    Les esprits chagrins ont à cœur de la nier, comme on a pu dénier une âme aux Indiens ou aux Noirs lorsqu'il était question de justifier leur asservissement.

    Peut-être faudrait-il que les animaux aient à leur tour leur controverse de Valladolid !

    Les préjugés ont toujours eu la peau dure.

    Pour ne citer qu'un exemple, il est à mon sens profondément anormal et choquant qu'on continue d'enseigner aux élèves que l'humain est le seul « animal raisonnable » et que les animaux sont des « êtres d'instinct ».

    C'est nier tant le savoir scientifique actuel que le débat philosophique qui a lieu sur le sujet depuis des siècles !

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    Question : Pourquoi apporter de la considération à l’animal non-humain et lui accorder une conscience ?

    Cela n’entraîne-t-il pas un bouleversement de nos modes de vie ?

    Est-ce vraiment souhaitable ?

    David Chauvet
    : C'est une nécessité d'un point de vue éthique, ce qui en soi représente une raison suffisante : est-ce qu'on se demanderait aujourd'hui si l'abolition de l'esclavage des Noirs était souhaitable, bien que cela pouvait modifier l'organisation sociale et économique de l'époque ?

    Dès lors que nous n'avons pas besoin d'utiliser les animaux pour vivre (par exemple, on peut se passer de viande), il n'existe aucune justification pertinente à leur exploitation.

    Sauf le plaisir ou la tradition diraient certains, mais est-ce là ce qui doit déterminer notre conduite ?

    Nous n'aurions plus qu'à oublier toute idée d'éthique pour nous en tenir aux arguments que nous dicte notre estomac.

    Pierre Jouventin
    : Sans même devenir végétarien par éthique, nous risquons fort de ne plus avoir le choix d’ici quelques dizaines d’années et de devoir réduire notre consommation de viande pour des raisons économiques et écologiques car la production de viande coûte sept fois plus que la production de végétaux, un surcoût qui va se poser de plus en plus dans un monde où la productivité alimentaire ne parvient plus à nourrir un nombre croissant de bouches…

    Question : « Le propre de l’homme » est-il négociable ?

    Donner un statut d’égalité à l’animal non-humain, n’est-ce pas faire voler en éclat l’idée de la supériorité de l’homme et de son bon droit de disposer des autres espèces vivantes à son profit ?

    Plus généralement, sommes-nous prêts à nous considérer comme des animaux ?

    David Chauvet
    : Effectivement, nous sommes des animaux, et pourtant beaucoup d'entre nous (pas seulement les intégristes religieux) refusent de le reconnaître.

    L'espèce humaine constituerait à les entendre un règne à part !

    Ces conceptions, très lointaines des réalités scientifiques, en disent long sur l'obscurantisme dans lequel nous baignons, nous qui croyons être parvenus au firmament de la civilisation.

    D'autres cultures que la nôtre, notamment en Asie, ne sombrent pas dans ce travers anthropocentriste, au final proprement occidental.

    En Inde, les Bishnoïs considèrent le fait de tuer les animaux comme un meurtre.

    Nous avons longtemps jeté un regard condescendant sur ces autres civilisations.

    Ne serait-il pas temps de s'inspirer de ce qui, chez eux, est moralement supérieur ?

    Pierre Jouventin
    : Il est vexant d’être assimilé à un animal seulement si l’on ne parvient pas à s’émanciper des préjugés.

    Le mot « chien » peut être considéré comme une insulte ou comme un nom d’animal sans connotation péjorative et les nombreux amateurs de chiens ne me contrediront pas.

    L’homme est une espèce qui fait scientifiquement partie de la famille des primates ou singes.

    Cela peut nous défriser mais il y a plus de différence génétique entre un gorille et un chimpanzé qu’entre ce dernier et l’homme…

    Question : La compréhension de l’Autre passe-t-elle par la considération de l’animal non-humain en tant que sujet plutôt qu’objet ?

    Pierre Jouventin
    : Le problème de l’altérité est central pour définir ce qu’est un homme.

    Il y a seulement quelques dizaines d’années, les Noirs n’étaient pas considérés comme des humains mais comme des animaux, c'est-à-dire des esclaves taillables et corvéables à merci.

    Les enfants et plus récemment les femmes sont aussi passés par ce statut infériorisé puisque le droit de vote en France ne leur a été donné qu’en 1944. 

    David Chauvet
    : Il est certain que la réification des animaux a aussi des conséquences sur notre manière de percevoir certains humains.

    Ce propos est également présent dans l'ouvrage, où je démontre que la pensée de certains opposants aux droits des animaux, comme l'ethnologue Jean-Pierre Digard, fonctionne à l'égard des « espèces inférieures », comme celle des racistes à l'égard des « races inférieures ».

    Question : Écrire que « les humains sont devenus l’espèce la plus dangereuse jamais engendrée par la Nature » ne risque-t-il pas d’être compris comme une provocation ?

    Pierre Jouventin : La formulation est sans doute provocante mais quelle autre espèce a fait autant de dégâts à la planète et aux autres êtres vivants ?

    Il n’est plus temps d’être diplomate car la question se pose aujourd’hui d’une manière aiguë : si l’homme continue dans la même voie, il aura provoqué une hécatombe (animale puis sans doute humaine) et aura transformé son milieu de vie en un désert d’ici moins d’un siècle…

    David Chauvet : Comprendre ce passage du texte de la philosophe Maxine Sheets-Johnstone comme une simple provocation serait passer à coté de son propos.

    Mais il me semble à moi aussi difficilement contestable que nous sommes, parmi tous les animaux, les plus meurtriers.

    Si le propos a de quoi surprendre, c'est peut-être parce que nous aimons nous définir comme des prodiges de l'éthique, comme l'explique Estiva Reus dans l'ouvrage.

    Mais pourquoi n'appliquons-nous pas les principes moraux que nous élaborons avec fierté ?

    La contribution de Reus fournit d'excellentes explications à cela, notamment par son analyse des différentes options s'offrant à nous (par exemple, polluer ou ne pas polluer), certaines étant préférées pour le seul motif qu'elles étaient là avant les autres.

    L'humain est un animal social !

    Question : Pour terminer, les bêtes sont-elles vraiment des êtres sentants comme nous ?

    Quelle place faudrait-il leur donner sur cette Terre ?

    Et quelle place nous donner parmi elles ?

    Pierre Jouventin
    : Les bêtes sont le reflet de nous-mêmes : si nous ne parvenons pas à vivre en harmonie avec les autres êtres vivants et notre milieu de vie, l’avenir de notre espèce est compromis : dorénavant, l’écologie (science des rapports entre l’animal et son milieu) et l’éthologie (science du comportement animal) se rejoignent.

    David Chauvet
    : D'un point de vue strictement pratique, reconnaître quelque considération aux animaux ne modifierait pas fondamentalement l'organisation de notre société.

    Certes, des activités disparaîtraient, mais elles seraient remplacées par d'autres.

    Par contre,  disons-le à nouveau, il est désormais acquis que la consommation de viande, principale source de souffrance et de mort pour les animaux, représente au surcroît un très grand danger pour la planète, et pourrait avoir de fâcheuses conséquences dans un avenir de plus en plus proche.

    Notre intérêt matériel coïncide donc avec l'impératif moral de respecter les animaux. Fabrice Nicolino dans Bidoche a qualifié le «mouvement végétarien» comme étant « l’un des mouvements sociaux les plus responsables de la planète ».

    Ne serait-ce pas une bonne chose qu'on cesse de railler les défenseurs des animaux et qu'on les entende enfin ?

    Pour réagir à l'interview, laissez vos messages à : itw@ecologitheque.com, ils seront publiés après modération.

    http://www.ecologitheque.com/itwraison.html

  • "A nos escrocs, l'humanité reconnaissante" (Michel Tarrier)

    http://www.theyliewedie.org/ressources/galerie/galleries/Capitalisme/terre-poubelle.jpg

    PARCE QUE ÇA COMMENCE – VRAIMENT - À BIEN FAIRE… !

    Une réflexion bien réfléchie.

    BILLET D’ÉCO-RÉALISME

    Ou : l’écologie n’est plus ce qu’elle était…

    http://www.etyc.org/files/u3/sarkozy_gore.jpg

    Bonjour les « vaincus »,

    « Je voudrais dire un mot de toutes ces questions d'environnement, parce que là aussi ça commence à bien faire. »

    (Nicolas Paul Stéphane Sarközy de Nagy-Bocsa, prenant parti pour l’immonde filière porcine au dernier salon du proxénétisme du Vivant).

    Mais c’est qu’il a raison le nain psychopathe, voyez plutôt…

    99,99 % (j’exagère, mais pas assez !) de Terriens sont scotchés à une coupe du monde de ballon rond…

    Une humanité coupable de non-assistance à planète en danger se passionne donc pour la religion du stade.

    Pauvres de nous !

    C’est vraiment pitoyable !

    Souhaitons donc les pires catastrophes (et ne dites pas « naturelles » !) pour réveiller ces foules serviles, abouliques, à la cervelle lobotomisée.

    CONSTERNANT ! SIDÉRANT ! ACCABLANT ! AFFLIGEANT !

    Homo sapiens modernicus en trimballe décidemment une de ces couches !

    Je nous croyais pourtant plongés dans une crise écosystématique annonçant indéniablement les pénuries d’une prochaine vie invivable que nos enfants subiront par la faute des abus de leurs aînés !

    Mais non, les jeux du cirque priment, les gladiateurs modernes font recette.

    Il faut dire que le bide éclatant du Sommet de Copenhague, où l’on devait sauver le climat, tout comme la débandade du Grenelle de l’environnement, n’ont pas dû aider à comprendre que l’état de la planète demandait un effort de guerre.

    D’ailleurs, dans le hit évènementiel, le fameux ultimatum climatique n’avait-il pas cédé la place à « la main de Thierry Henry » ?!!

    De quoi être objectivement édifié de l’échelle des valeurs dont fait preuve notre humanité !

    Alors l’environnement anthropocentriste d’un président et de gens atteints de cécité écologique ça commence effectivement à bien faire, et qu’on nous laisse pénards piller les restes…

    Et puis finissons-en vite fait avec ce mythe éminemment politicard du développement durable, un filon pourri qui n’a jamais existé que dans la tronche creuse mais cupide des sbires de la ploutocratie, de leurs ONG muselées et de leurs animateurs pathétiques, et ce, pour nous faire accroire à un futur très aléatoire.

    Alors que ce troisième millénaire ne dépassera pas un siècle, l’invention fumeuse de cette formule oxymore ne vise qu’un effet cosmétique et lubrificateur pour les derniers crimes écologiques d’un ultralibéralisme à bout de souffle, de plus en plus inquiet et donc de plus en plus cruel.

    Il ne s’agit que d’un énorme coup de poker des maîtres du monde, pour prolonger le pillage et l’agonie.

    Ils savent bien que le commun des mortels marche à tous les coups ; vous savez, ces gens, spécialement du sexe masculin, qui hurlent comme des damnés devant un match de foot…

    Le développement durable prétend réduire les déséquilibres environnementaux et les déséquilibres en termes de répartition des richesses terrestres.

    Eh bien, s’il avait fallu songer à un tel « développement durable », comme ils disent…, c’eut été dans les années 1960, avant que nous soyons prisonniers de l’inutile consumérisme, avant le pic forestier (déjà derrière nous), avant la mort biologique du sol, avant le déclin galopant de la biodiversité, avant la fin annoncée des énergies fossiles dont l’humanité dépend à 1000 %, avant que le climat ne soit déjanté par nos excès et que la mise en doute d’une telle évidence ne fasse les choux gras d’une boule de suif (qui défiait déjà les dangers de l’amiante de Jussieu)…

    En un mot, avant d’entrer dans l’irréversible.

    Car ce qui est pris n’est plus à prendre.

    La planète est peut-être encore plate pour certains, mais elle n’est pas rechargeable.

    « Ce que nous savons, c’est que nous quittons un univers ouvert, que l’on croyait infini, pour entrer dans un monde qui se rapetisse, car nous sommes de plus en plus nombreux, confrontés à une sorte de finitude tous azimuts, que ce soit en termes d’énergies fossiles, de minéraux, d’eau douce, de ressources issues du vivant... » Dominique Bourg

    TROP TARD, LES JEUX SONT FAITS, RIEN NE VA PLUS !

    Dans un système aussi pervers, tissé de démagogie ordinaire et orchestré par des faux-derches, il est devenu difficile de croire à quelque chose.

    Un excessif batelage chaque fois en amont d’une montagne qui accouche d’une souris met la puce à l’oreille.

    Tenez, même la médiatisation du chef des Kayapos amazoniens Raoni, tenu en laisse par son mentor, me fait penser à un coup de fric pour ceux qui l’instrumentent et en tirent les ficelles, et me renvoie même à l’exhibition de la Vénus Hottentote du grand chic parisien du début du XIXème siècle !

    Chirac a préfacé le livre de Raoni, mais Raoni n’a pas préfacé les mémoires chiraquiennes !!

    Pour sa promo,  le coach de Raoni lui a fait tatouer le maillot du Stade français sur le torse.

    Inévitable !

    Entre deux messes et lors d’un tour de piste dominical chez monsieur Loyal-Drucker, madame Chirac pourrait bien lui refiler quelques pièces jaunes.

    Rien ne changera rien, tout est miné.

    Heureusement que je ne suis qu’écologue, heureusement que je me déclare écosophe, excusez du peu, et pas le moins du monde « écologiste » !

    Parce que, quelle misère, quelle honte !!

    Les écolos, les vrais, les pionniers du temps des sixties, ils écoutaient pousser leur tignasse derrière René Dumont, ils chiaient dans les bottes du pouvoir et ne se laissaient pas fédérer.

    Et les flics leur foutaient sur la gueule.

    Alors, aujourd’hui, ces derniers vrais écolos, ceux qui marchent à quatre pattes parce qu'ils aiment la Terre vue de la Terre, C'EST ÉCOLOGIQUEMENT QU'ILS VOUS EMMERDENT !

    2050 : PRENEZ BIEN DATE ! RIRA BIEN QUI RIRA LE DERNIER !

    Allez donc trier « leurs » poubelles avec Pascal Obispo, faire du compost avec Zazie, suivre la traçabilité de votre bidoche chez Carrefour et acheter un panda en peluche, l’écologisme de pacotille n’arrêtera pas le massacre.

    Bis repetita

    P.S. : Dans la série « Papi fait de l’éco-résistance », protéger la Nature passe par la colère.

    Mais je ne me suis pas renseigné, une nouvelle loi inique interdit peut-être cette colère… ?

    Ce à quoi je crois est consigné dans quelques livres qui n’ont pas les honneurs des plateaux de télé, on sait très bien pourquoi.

    Le tout dernier fait polémique à cause de son titre équivoque…

    Mais ceux qui craignent que je crache dans la soupe seront rassurés par cette fine critique :

    http://www.humaterra.info/?La-dictature-verte

    ***

    DICTATURE VERTE

    Saura-t-on l’éviter, faut-il la souhaiter ?

    300 pages, Les Presses du Midi

    http://www.amazon.fr/Dictature-verte-Tarrier-Michel/dp/28...

    Bonus pour le droit de rêver :

    Un jour, un jour (« Et l’enfant de la femme inutilement né… »)

    Lueur de fol espoir (« la poésie vit d’insomnies perpétuelles », disait René Char), en hommage à Ferrat chantant Aragon

    http://www.dailymotion.com/video/x7rg6y_jean-ferrat-un-jo...

    Bonus pour le droit d’espérer :

    La croisade des enfants

    http://www.youtube.com/watch?v=H7cHb5TeH88&feature=re...

    Bonus pour en prendre de la graine :

    René Dumont : l'homme-siècle

    http://www.onf.tv/selection/nouvellement-en-ligne/visionn...

    Michel Tarrier

    Écosophe

  • Le scientifique australien Frank Fenner ne voit aucun espoir pour l'humanité (et tant mieux !)

    End of mankind.jpg

    L'espèce humaine va s'éteindre dans 100 ans.

    Et s'il n'y avait plus rien à faire pour sauver l'humanité ?

    S'il était déjà trop tard ?

    The Australian nous apprend que pour le scientifique australien Frank Fenner, le destin de l'Homme est scellé.

    Cette éminence en ce qui concerne l'extinction des espèces est plus que sceptique quant à l'avenir de l'espèce humaine :

    L'espèce humaine va s'éteindre.

    Peu importe ce que nous faisons maintenant, c'est trop tard.

    Mais quel crédit accorder à cette assertion ?

    Le journal tient à préciser que Fenner est un scientifique reconnu : membre de l'Académie des sciences australienne et de la Royal Society.

    Son travail a été récompensé par de nombreux prix et il est l'auteur de centaines de textes scientifiques.

    A 95 ans, le scientifique accorde très peu d'interviews.

    En matière d'évolution, il s'y connaît.

    Il a étudié le phénomène sous toutes les coutures : au niveau moléculaire, au plan de l'écosystème jusque dans l'espace.

    Selon Fenner, nous allons disparaître parce que nous sommes trop nombreux.

    C'est donc la croissance de la population mondiale qui est en cause.

    Si l'on en croit l'ONU, la population mondiale atteindra les 6,9 milliards cette année.

    Une tendance démographique qui, couplée à ce que Fenner appelle notre « consommation débridée », mènera à terme à la disparition de l'espèce humaine.

    La conséquence première de nos modes de vie étant le réchauffement climatique, Fenner n'est pas plus optimiste à ce sujet :

    "Le réchauffement climatique n'en est qu'à son début.

    Mais on voit déjà des changements importants dans le temps."

    Et d'ajouter:

    "Homo sapiens va disparaître, peut-être en l'espace d'un siècle.

    Et beaucoup d'animaux aussi.

    C'est une situation irréversible.

    Je pense qu'il est trop tard.

    J'essaie de ne pas trop le dire car il y a des gens qui essaient de faire changer les choses."

    Impossible d'échapper à notre destin pour Fenner : on ne fait que repousser l'incontournable.

    Si beaucoup de scientifiques partagent ce constat, tous ne sont pas aussi catégoriques sur l'impossibilité de changer les choses.

    Ainsi, son collègue Boyden, immunologue reconverti dans l'écologie humaine, est plus optimiste :

    "Frank a peut-être raison, mais certains d'entre nous caressent l'espoir que l'on prenne conscience de la situation.

    Et qu'on en arrive aux changements nécessaires pour en arriver au développement durable."

    En attendant, du haut de son grand âge, Ferner ne peut s'empêcher de céder au sempiternel « c'était mieux avant ».

    Petite pensée pour les générations futures :

    « Les petits enfants des générations actuelles vont être confrontés à un monde beaucoup plus difficile. »

    [Lire l'article sur The Australian]

    http://www.slate.fr/story/23355/espece-humaine-extinction-dans-100-ans

    http://www.portrait.gov.au/collection/2/943/lg_Frank_Fenner_Rae.jpg

    Frank Fenner par Jude Rae

    Frank Fenner sees no hope for humans

    by Cheryl Jones, The Australian

    June 16, 2010

    FRANK Fenner doesn't engage in the skirmishes of the climate wars.

    To him, the evidence of global warming is in.

    Our fate is sealed.

    "We're going to become extinct," the eminent scientist says.

    "Whatever we do now is too late."

    Fenner is an authority on extinction.

    The emeritus professor in microbiology at the Australian National University played a leading role in sending one species into oblivion: the variola virus that causes smallpox.

    And his work on the myxoma virus suppressed wild rabbit populations on farming land in southeastern Australia in the early 1950s.

    He made the comments in an interview at his home in a leafy Canberra suburb.

    Now 95, he rarely gives interviews.

    But until recently he went into work each day at the ANU's John Curtin School of Medical Research, of which he was director from 1967 to 1973.

    Decades after his official retirement from the Centre for Resource and Environmental Studies, which he set up in 1973, he continued a routine established when he was running world-class facilities while conducting research.

    He'd get to work at 6.30am to spend a couple of hours writing textbooks before the rest of the staff arrived.

    Fenner, a fellow of the Australian Academy of Science and of the Royal Society, has received many awards and honours.

    He has published hundreds of scientific papers and written or co-written 22 books.

    He retrieves some of the books from his library.

    One of them, on smallpox, has physical as well as intellectual gravitas: it weighs 3.5kg.

    Another, on myxomatosis, was reprinted by Cambridge University Press last year, 44 years after the first edition came out.

    Fenner is chuffed, but disappointed that he could not update it with research confirming wild rabbits have developed resistance to the biological control agent.

    The study showed that myxo now had a much lower kill rate in the wild than in laboratory rabbits that had never been exposed to the virus.

    "The [wild] rabbits themselves had mutated," Fenner says.

    "It was an evolutionary change in the rabbits."

    His deep understanding of evolution has never diminished his fascination with observing it in the field.

    That understanding was shaped by studies of every scale, from the molecular level to the ecosystem and planetary levels.

    Fenner originally wanted to become a geologist but, on the advice of his father, studied medicine instead, graduating from the University of Adelaide in 1938.

    He spent his spare time studying skulls with prehistorian Norman Tindale.

    Soon after graduating, he joined the Royal Australian Army Medical Corps, serving in Egypt and Papua New Guinea.

    He is credited in part with Australia's victory in New Guinea because of his work to control malaria among the troops.

    "That quite changed my interest from looking at skulls to microbiology and virology," he says.

    But his later research in virology, focusing on pox viruses, took him also into epidemiology and population dynamics, and he would soon zoom out to view species, including our own, in their ecological context.

    His biological perspective is also geological.

    He wrote his first papers on the environment in the early 1970s, when human impact was emerging as a big problem.

    He says the Earth has entered the Anthropocene.

    Although it is not an official epoch on the geological timescale, the Anthropocene is entering scientific terminology.

    It spans the time since industrialisation, when our species started to rival ice ages and comet impacts in driving the climate on a planetary scale.

    Fenner says the real trouble is the population explosion and "unbridled consumption".

    The number of Homo sapiens is projected to exceed 6.9 billion this year, according to the UN.

    With delays in firm action on cutting greenhouse gas emissions, Fenner is pessimistic.

    "We'll undergo the same fate as the people on Easter Island," he says.

    "Climate change is just at the very beginning. But we're seeing remarkable changes in the weather already.

    "The Aborigines showed that without science and the production of carbon dioxide and global warming, they could survive for 40,000 or 50,000 years.

    But the world can't.

    The human species is likely to go the same way as many of the species that we've seen disappear.

    "Homo sapiens will become extinct, perhaps within 100 years," he says.

    "A lot of other animals will, too.

    It's an irreversible situation.

    I think it's too late.

    I try not to express that because people are trying to do something, but they keep putting it off.

    "Mitigation would slow things down a bit, but there are too many people here already."

    It's an opinion shared by some scientists but drowned out by the row between climate change sceptics and believers.

    Fenner's colleague and long-time friend Stephen Boyden, a retired professor at the ANU, says there is deep pessimism among some ecologists, but others are more optimistic.

    "Frank may be right, but some of us still harbour the hope that there will come about an awareness of the situation and, as a result, the revolutionary changes necessary to achieve ecological sustainability," says Boyden, an immunologist who turned to human ecology later in his career.

    "That's where Frank and I differ.

    We're both aware of the seriousness of the situation, but I don't accept that it's necessarily too late.

    While there's a glimmer of hope, it's worth working to solve the problem.

    We have the scientific knowledge to do it but we don't have the political will."

    Fenner will open the Healthy Climate, Planet and People symposium at the Australian Academy of Science next week, as part of the AAS Fenner conference series, which is designed to bridge the gap between environmental science and policy.

    In 1980, Fenner had the honour of announcing the global eradication of smallpox to the UN's World Health Assembly.

    The disease is the only one to have been eradicated.

    Thirty years after that occasion, his outlook is vastly different as he contemplates the chaos of a species on the brink of mass extinction.

    "As the population keeps growing to seven, eight or nine billion, there will be a lot more wars over food," he says.

    "The grandchildren of today's generations will face a much more difficult world."

  • Pr. Gary L. Francione cité dans un livre-hommage à Bronisław Geremek (étude "Portrait du visionnaire en politique")

    Couverture.JPG

    MELANGES OFFERTS A BRONISLAW GEREMEK par ses collègues, admirateurs et amis de Pologne et de France

    Coordonné par Jacques Cortès et Henryk W. Żaliński

    Publication GERFLINT / Université Pédagogique de Cracovie

    ***

    SOMMAIRE

    13 Présentation

    Jacques Cortès, Henryk W. Żaliński, Małgorzata Pamuła

    15 Préface

    Un grand lutteur contre l’intolérance et le mal

    Jacques Le Goff

    · DEDICACES

    21 Bronku, tego nie robi się przyjaciołom

    Bronek ! Tu n’avais pas le droit de nous laisser tomber !

    Adam Michnik

    27 A Bronisław Geremek (1932-2008)

    Edgar Morin

    29 Témoignage

    Michel Wieviorka

    33 Une influence décisive

    Jean Dufournet

    · L’HOMME

    37 Bronisław Geremek par lui-même

    (à partir de ses entretiens avec Juan Carlos Vidal)

    Jacques Cortès

    53 Portrait du visionnaire en politique

    Méryl Pinque

    87 Modestie, générosité et distinction

    Tomasz Orłowski

    91 Zręczna głowa waliła w osłabiony mur

    Ne jamais se résigner, refuser obstinément la réalité de l’obstacle, chercher ses points faibles

    Marcin Kula

    · L’EUROPEEN

    101 Autour du testament européen de Bronisław Geremek

    Jacques Demorgon

    127 Faire l’Europe

    Laurent Pochat

    · L’HISTORIEN

    145 Geremek et la France

    Maurice Aymard

    157 Bronisław Geremek, badacz upośledzonych grup społecznych

    Geremek, l’historien des pauvres et des marginaux

    Henryk Samsonowicz

    Deux articles offerts au Médiéviste Geremek par deux collègues français

    165 Figures de cartes et figures de style à la cour des Estes, à Ferrare au XVe siècle : les tarots de M. M. Boiardo

    Jean Lacroix

    179 L’espace dans le Conte du Graal

    Jean Dufournet

    · DEUX TEXTES DE GEREMEK

    195 La douce France était le rêve de ma vie

    Bronisław Geremek

    Article de Geremek offert par Michel Wieviorka (dir.), in Peut-on encore chanter la douce France ? Etre français, hier, aujourd’hui, demain, Editions de l’Aube, 2007

    203 Rapport sur l’œuvre d’Edgar Morin en vue de l’attribution du titre de Docteur Honoris Causa de l’Université Pédagogique de Cracovie

    Bronisław Geremek

    Texte publié par Akademia Pedagociczna Nadorowej W Krakowie, SENAT

    Remerciements : Les photos inédites de Bronisław Geremek ont été offertes par Madame Béatrice Wieviorka.

    ISSN : 1754 - 4387

  • Surpopulation : "La reproduction du néant", Méryl Pinque (Vegmag n° 32)

    http://www.ziserman.com/blog/.images/0703/foule.jpg

    La reproduction du néant

     

    « Du fait même de sa densité actuelle, l’espèce humaine vit sous une sorte de régime d’empoisonnement interne. »

    Claude Lévi-Strauss (2005)

     

    La société a toujours eu besoin des enfants des hommes, d’où la politique nataliste qu’elle mène effrontément.

    La nation en a besoin pour alimenter ses guerres en chair à canon, la religion, qui condamne la vie au nom de la Vie même, pour étendre son pouvoir, l’économie pour fonctionner.

    A l’âge des technosciences, le bétail humain est plus que jamais mis à contribution.

    Sommes-nous, pour autant, des victimes ?

    Contrairement à la majeure partie du monde, l’Occident vit (encore) en démocratie.

    Il en résulte que nous sommes en mesure de refuser le destin qu’on nous assigne.

    Mais, devenus entièrement dépendants d’un confort si chèrement payé, nous ne sommes plus en état de dire non.

    Nous ne sommes plus en état de nous battre pour changer un (dés)ordre que nous désavouons, au fond, tellement peu.

    Nous sommes partie prenante de cette volonté nataliste, comme nous le sommes de la plupart des maux qui nous accablent, et que nous appelons commodément « système ».

    Nous ne sommes pas les innocents martyrs d’un état de choses qui nous dépasse, mais les acteurs.

    Nous faisons des enfants, non seulement parce que le « système » nous y incite, mais parce que nous y trouvons notre compte narcissique : l’enfant, cet autre soi-même, est aussi la glorieuse image d’une humanité qui ne cesse de s’admirer dans le miroir de son néant.

    Car au-delà de tout ce qu’on peut invoquer, qu’est-ce qui nous pousse à nous reproduire, sinon l’invincible désir de nous perpétuer, autrement dit, d’être immortels ?

    L’anthropolâtrie fait des ravages.

    La religion de l’humanisme a pris le pas sur la religion proprement dite, et au XXIe siècle, c’est toujours le « croissez et multipliez » biblique qui fait loi, au détriment des autres sentients avec qui nous partageons la planète, et à qui nous refusons jusqu’au droit d’exister : sur une terre que nous colonisons chaque jour un peu plus, quelle place pour les animaux ?

    Chaque année, plus de cinquante milliards d’entre eux périssent dans les abattoirs : combien seront-ils demain ?

    A surpeupler le monde, ce n’est pas la vie qui triomphe, mais la mort.

    L’enfant, aujourd’hui, n’est plus un homme en devenir, mais un apprenti- consommateur.

    Ainsi voit-on, dans les supermarchés d’Occident, des caddies minuscules qui leur sont spécialement consacrés.

    De loin, l’image est éloquente : une mère de famille poussant son chariot débordant de victuailles industrielles, produit de la souffrance animale et de l’exploitation terrestre enveloppé dans des couches de plastique, et, trottant à ses côtés, son exact reflet miniature : l’enfant, appelé à devenir à son tour le « client-roi », courant dans les rayons labyrinthiques du grand magasin, où il se perd corps et âme.

    L’absurdité de la condition humaine n’est pas une absurdité de fait.

    Nous fabriquons nous-mêmes l’absurdité en refusant, par notre folie, de donner un sens au monde.

    Nous nous reproduisons alors même que la planète ne nous supporte plus.

    Nous vivons sur une terre qui, par notre faute, est en train de mourir, mais nous continuons d’engendrer, confiants dans le génie d’une espèce qui, pourtant, sème la destruction partout où elle advient, jusqu’à se condamner elle-même.

    Nous sommes en 2010 et bientôt nous serons sept milliards.

    Sept milliards d’hommes et de femmes qui, tous à des degrés divers, exterminent le vivant, saccagent la nature, confisquent la terre aux animaux et ambitionnent de vivre à l’occidentale quand ils n’y sont pas encore parvenus.

    A la fin du siècle, nous serons douze milliards, quand la terre ne peut supporter que 550 millions d’entre nous. Si nous vivions tous comme des Américains, cinq planètes seraient nécessaires.

    Dans une modernité où tout se vend et se jette, parfois sans avoir été consommé, nous ne sommes plus à un monde près : bienvenue dans l’ère kleenex !

    Nous creusons notre tombe avec quel féroce enthousiasme, indifférents aux ravages que nous perpétrons.

    Si nous faisions des enfants pour eux-mêmes et non pour nous, nous n’en ferions pas.

    Si nous désirions réellement le bonheur des « générations futures », pour reprendre la litanie consacrée, nous nous souviendrions de la prophétie de Cousteau : un enfant qui naît aujourd’hui en condamne dix à mourir demain.

    Nous sommes demain.

    A l’heure actuelle, plus d’un milliard de gens souffrent de la faim dans le monde, et plus de trois milliards de problèmes d’approvisionnement en eau potable.

    Le squelette du Sud versus l’obèse du Nord.

    « L’augmentation de la production de nourriture par hectare de terre ne va pas de pair avec l’augmentation de la population, et la planète n’a virtuellement plus de terres arables ou d’eau douce en réserve[1] », nous prévient-on.

    Las !

    Aucune politique antinataliste n’est à l’ordre du jour, et le véganisme, seul mode de vie réellement respectueux des animaux et des humains, n’est adopté que par un nombre dérisoire d’entre nous.

    Pendant ce temps, les signaux d’alerte se multiplient.

    Tous les feux, désormais, sont au rouge.

    Disparition de la biosphère, réchauffement climatique, déforestation, famines, conflits mondiaux… : dans le triste néant qui s’avance, l’explosion démographique a la responsabilité capitale.

    La surpopulation est le danger numéro un qui menace la survie planétaire.

    Pourtant, nous sommes loin d’une prise de conscience : en ce domaine, le tabou est roi.

    Lorsque le désastre aura lieu, il ne faudra pas invoquer la fatalité, ou alors reconnaître qu’elle a notre visage.

    Un monde globalisé caractérisé par la poursuite du profit et l’irresponsabilité dans tous les domaines ne pourra connaître de happy end : nous périrons de notre vanité.

    Méryl Pinque

     


    [1] « Population mondiale, agriculture et malnutrition », David Pimentel, Anne Wilson (trad. World Watch) : http://www.delaplanete.org/Population-mondiale-agriculture-et.html.

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    Article paru dans le magazine Vegmag n° 32 (mai/juin 2010), "Crise, réchauffement, surpopulation... : faut-il encore faire des enfants ?" - http://vegmag.fr/accueil/

    Critique sur le site Démographie Responsable : "Véganisme et démographie" http://www.demographie-responsable.org/surpopulation/demographie/veganisme-demographie-713942.html