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Littérature, Philosophie - Page 27

  • Cause animale et politique (Gérard Condorcet / CVN)

    http://s1.e-monsite.com/2009/09/20/02/58825055626858-765166-jpg.jpg

    Nul ne conteste plus que le rapport à l’animal non-humain constitue une question d’éthique pratique essentielle.

    Ce qui permit longtemps aux humains de mépriser les autres espèces, les vieux dogmes sacrificiels et la frontière ontologique entre l’humain et le reste du vivant, cède devant les avancées des connaissances et de la conscience.

    Il y a une unité fondamentale du vivant et l’humain est une espèce parmi les autres espèces, toutes fruit d’une évolution que les obscurantistes illuminés nient en opposant leur foi aux données objectives de la paléontologie et de la biologie moléculaire.

    Les biologistes, les philosophes, les écologues, comme dans un autre domaine les climatologues, imposent une évolution des concepts.

    Toutefois, dans l’ordre législatif et dans l’ordre comportemental, les lobbies et la force des habitudes, les intérêts et les égoïsmes, perdurent à maintenir l’animal non-humain au rang de chose.

    Qui se soucie de ne pas ouvrir une route en secteur naturel pour préserver les chouettes hulottes et les hérissons peuplant encore cette zone hospitalière ?

    Reconnaissons que les pouvoirs publics et les « beaufs » moyens ignorent superbement cette problématique et ne raisonnent qu’en termes spéculatifs et anthropocentriques.

    Qui se préoccupe des tortures infligées aux animaux d’élevage concentrationnaire, aux dents meulées, aux queues coupées à vif, aux porte-viandes maintenus immobiles pour faire de la graisse ?

    Le consommateur avachi, formaté par les médias complices, ne supporterait pas la vue de ces sévices, ne pourrait pas les perpétrer personnellement (ce qui est tout de même un progrès), mais s’accommode de son ignorance confortable, se déchargeant sur des plus frustres des basses besognes.

    Qui s’avise d’exprimer sa pensée et de condamner le chasseur, tueur pour le plaisir, ou l’amateur de tauromachie ?

    Attention !

    Emettre une opinion quelconque comporte le risque de déplaire et le sujet de la société n’est guère porté à prendre parti.

    Ni Résistant, ni collaborateur, il attend prudemment le moment de suivre, de très loin, le cortège des vainqueurs.

    Alors, le conformiste basique, le citoyen modal, aime son chien, son chat et le beau cheval mais ne veut rien savoir des conditions d’élevage des animaux de « ferme », tolère la chasse qu’il considère dans le silence de sa lâcheté comme un loisir d’arriéré et se garde bien de déranger, de bousculer, de sortir du troupeau assoupi.

    La question animale est une question politique.

    Nombre d’associations et de militants de la cause du vivant se voudraient « apolitiques », histoire de conserver les « mains propres ».

    Reprenant une formule célèbre : A vouloir des mains propres on finit par ne plus avoir de mains.

    Voilà pourquoi rien ne bouge.

    Quant aux fossiles de la « politique traditionnelle », ils n’ont guère le courage de s’aliéner les voix de ceux qui ne voteront jamais pour eux et donnent dans l’anthropocentrisme.

    De Charybde en Scylla, il y a ceux qui font de l’écologie pour les seuls humains, privant ainsi leur démarche de toute portée éthique, et ceux qui se présentent aux élections avec pour seul programme la défense animale, ce qui étant trop réducteur les condamne à l’inexistence.

    Evitons Charybde, l’apolitisme pusillanime et Scylla, l’oubli de l’éthique fondamentale, celle de la réconciliation de l’humain avec la biosphère.

    Abolir la chasse, mort loisir, la corrida, mort spectacle, interdire les modes de traitement concentrationnaires et cruels des animaux d’élevage, intégrer la protection de la Nature comme impératif de l’aménagement de l’espace, représentent le volet éthique de toute politique écologiste.

    Mais, l’humain qui n’est le centre de rien puisqu’il n’y a pas de centre, ne saurait être ignoré dans un combat politique qui exige que soient :

    --- borner les égoïsmes et les appétits individuels par des politiques de solidarité, de redistribution, c’est-à-dire contenir les revenus indécents ne correspondant à aucune utilité publique ;

    --- remplacer un agent public partant à la retraite par deux pour améliorer les services publics de la protection de la Nature, de la santé, de l’instruction, de la justice, de l’aide sociale ;

    --- tirer vers le haut le statut du salariat, de la garantie sociale contre les risques de la maladie, de la vieillesse et du sous-emploi qui n’est pas pire que le mauvais emploi contraire à l’épanouissement de l’individu et au respect de la terre, le travail n’étant pas une valeur en soi ;

    --- déclarer la guerre commerciale par la taxation aux frontières aux Etats voyous et dictatoriaux ne respectant ni les droits sociaux ni les impératifs écologiques et instaurer de nouvelles règles aux échanges mondiaux de façon à pénaliser ceux qui captent les emplois par le servage et la pollution.

    Au fond et en résumé, faire l’inverse point par point de ce que font les gouvernants.

    La secte des adorateurs du Marché, de l’argent, n’aiment ni l’arbre, ni l’animal, ni l’humain.

    Leur ordre infernal repose sur l’exploitation maximisée et le mépris des êtres.

    Gérard Condorcet
    CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE

    http://www.ecologie-radicale.org/actu/new_news.cgi?id_news=1265

  • BBC World va diffuser un programme en deux parties sur les animaux et le mouvement animaliste (Gary Francione)

    http://ursispaltenstein.ch/blog/images/uploads_img/nick_brandt_photography1.jpg

    Photo : Nick Brandt

    Chers Collègues,

    Le 31 Décembre 2009 et le 7 Janvier 2010, BBC World diffusera un documentaire en deux parties intitulé Une planète : Les Animaux et Nous.

    Victor Schonfeld, qui a réalisé le film The Animal Film (narré par Julie Christie) en 1982, présentera l’émission.

    Schonfeld demandera si nous avons fait des progrès dans ce domaine et si les animaux nonhumains sont toujours autant exploités qu’ils l’étaient en 1982.

    Il explorera l’état du mouvement animaliste et fera un focus dans la première partie du programme sur le fait de manger les animaux et dans la seconde partie sur l’utilisation des animaux à des fins expérimentales.

    Il discutera aussi des relations entre la souffrance humaine et animale.

    BBC World est suivi par des millions de personnes à travers le monde.

    Je n’ai aucune idée de ce que va dire Schonfeld et quelle position il prendra.

    Mais, étant donné que beaucoup de personnes vont suivre l’émission et se forger une opinion suite à cela, il est impératif que les défenseurs des animaux regardent cet émission.

    Allez ici pour voir les heures de diffusion.

    Les émissions seront aussi archivées sur le site de la BBC et il y aura des informations en plus.

    Vous pouvez aussi faire part de vos réactions ici.

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/12/19/checkingbbc-world-va-diffuser-un-programme-en-deux-parties-sur-les-animaux-et-le-mouvement-animaliste/

  • Une information à propos de notre panneau d’affichage virtuel (Gary Francione)

    http://farm3.static.flickr.com/2748/4211236651_ab9597ba70.jpg

    Chers Collègues,

    Cette semaine, j’ai posté deux articles (1, 2) à propos de la création d’un panneau d’affichage virtuel diffusant le slogan :

    LE MONDE EST VEGAN!

    Si vous le voulez.

    Le but de ce projet est de renforcer une idée simple : un monde vegan est quelque chose que les humains ont la possibilité de faire naître.

    Nous devons juste le vouloir.

    J’ai envisagé cela comme un panneau virtuel.

    Je veux que le message soit vu - dans le monde entier, dans toutes les langues - sur Internet.

    Je veux que cette diffusion virtuelle génère des débats et de nombreux efforts d’éducation non-violente au véganisme.

    Certaines personnes proposent de faire et de vendre des produits avec ce slogan.

    Merci de comprendre que ni moi ni ce site ont quelque chose à voir avec cela.

    Nous ne solliciterons ni n’accepterons d’argent pour promouvoir cette idée de paix et de non-violence.

    Merci.

    Et souvenez-vous : LE MONDE EST VEGAN. Si vous le voulez.

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/12/18/une-information-a-propos-de-notre-panneau-daffichage-virtuel/

  • Revue : "Offensive" n° 24, "Nature et animalité"

    OFFENSIVE 24
    Trimestriel d¹Offensive libertaire et sociale (OLS)
    décembre 2009, 52 pages, 5 euros

    +++


    - disponible par correspondance contre 5.5€ à Offensive c/o Mille Babords 61, rue Consolat 13001 Marseille ou par abonnement à partir de 20€ (chèques à l’ordre de Spipasso à la même adresse).

    - en achat en ligne (c’est ici).

    - en kiosque (c’est par là).

    - dans de bonnes librairies engagées.


    +++

    Analyses
    Contre l'Europe
    De la guerre à la paix
    L'autonomie contre l'autarcie

    Histoire
    Le bolchévisme contre le peuple

    En lutte
    Pour des livres de papier

    DOSSIER
    Nature et animalité
    Contre l'idée de nature
    Ethique et politique animales
    Quelle place pour l'ours ?
    La disparition des abeilles
    Devenir végétarien, un acte politique
    Les luttes animalistes
    Animalisme et écologisme
    Travailler ensemble ?
    Une autre biologie
    Un autre genre d¹aliénation
    Mémoires sélectives
    Oppression des femmes et exploitation des animaux

    Horizons
    Rawa, des femmes afghanes en lutte

    Entretien
    Le travail mort-vivant

    Alternatives
    La case de santé

    Contre-culture
    Livres, Musique ; Arts vivants - cinéma

    http://offensive.samizdat.net/

  • Notre panneau virtuel : "LE MONDE EST VEGAN ! Si vous le voulez."

    http://www.jcolv.com/images/wiv/french/wiv_bumper_500x137.png

    Chers collègues,

    En 1969, au plus fort de la guerre du Vietnam, John Lennon et Yoko Ono avaient placé un panneau d’affichage dans Times Square.

    On pouvait y lire :

    LA GUERRE EST FINIE !

    Si vous le voulez.

    Joyeux Noël de la part de John et Yoko.”

    Je propose la chose suivante : que nous inondions le monde avec un message ; que nous créions un panneau d’affichage virtuel :

    LE MONDE EST VEGAN ! Si vous le voulez.

    Envoyez ce message à tous vos réseaux sociaux et demandez à vos amis de l’envoyer à leurs amis.

    Envoyez des emails à vos amis et demandez-leur d’en faire autant.

    Ajoutez ce message à la signature de vos emails/forums.

    Démarrons une sympathique vague d’éducation créative et non-violente au véganisme.

    Quarante ans après que John et Yoko ont fait cette simple déclaration que la fin de la guerre du Vietnam était la nôtre si nous le voulions, ayons un panneau d’affichage électronique qui ne sera pas uniquement dans Time Square, mais dans le monde entier !

    Diffusons le message selon lequel la non-violence envers nos frères et sœurs non-humains est possible - si nous le voulons.

    Je ferai un commentaire là-dessus dans les jours prochains.

    S’il vous plaît, devenez végan.

    C’est incroyablement facile.

    C’est la meilleure chose à faire pour vous et la planète.

    Et, le plus important : c’est la meilleure chose à faire d’un point de vue moral.

    Nous ne pouvons justifier le fait de tuer des animaux non-humains pour nos fins triviales, peu importe le degré "d'humanité" de nos injustices.

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/12/15/notre-panneau-virtuel-%E2%80%9Cle-monde-est-vegan-si-vous-le-voulez%E2%80%9D/

  • "Parodie au bord du gouffre " (Michel Tarrier)

    poor bird 2.jpghttp://de-bec-a-oreilles.com/home/wp-content/poulet-sans-plumes1.jpg

    Deux oiseaux symboles de notre mode de vie.

    Ça, on sait faire.

    L’humain au plus loin de la Nature, challenge réussi.

    Et maintenant : étonnons-nous !

    Parce qu’au pied du mur par la loi du système, on marche dans la combine mais on n’est pas dupes.

    Le pouvoir croit le peuple né de la dernière pluie parce que conditionné par la manufacture du comportement.

    Pris pour des cons depuis toujours, les braves gens n’ont absolument rien choisi en leur âme et conscience.

    Qui plus est les premiers donneurs d’alerte, ceux qui eurent raison trop tôt, furent toujours moqués, invectivés ou poursuivis par les gardiens du système, y compris les écologistes pionniers qui n’eurent pas les honneurs des Al-Gore et autres pharisiens du jour.

    2040 : il y aura autant de gens à mourir de faim que d’enfants à naître !

    Ne parlons surtout pas de surpopulation au sommet de Copenhague !

    LE CAPITALISME NOUS BALLADE

    Écogitations de derrière les fagots…

    Il y a ceux qui trient leurs déchets, et ceux qui les mangent.

    Au bout du rouleau, sur une planète en déliquescence, juste pour jouer les prolongations avec force d’éco-lubrifiants, l’ultralibéralisme nous promène par le bout du nez sur le chemin de ses propres repentances.

    Il nous mène en bateau en nous exhortant à faire amende honorable en son nom.

    Il nous met la tête dans le bain de son cloaque et nous devons nettoyer pour lui les écuries d’Augias.

    Et voici que nous avons pour mission nouvelle de rafraîchir l'atmosphère qu'il a réchauffée pour s'en mettre plein les fouilles.

    Et nous sentons venir l'entourloupe : le chèque qui sera émis par les plus gros pollueurs des pays nantis ira directement aux plus riches des pays pauvres.

    Voici quelques étapes initiatiques au nouveau chemin pour éco-pèlerins de bonne volonté.

    Cette grande ballade d'une récupe de justesse pour un capitalisme en sursis et repeint de vert passe notamment par :

    Le développement durable pour absoudre l’ultralibéralisme.

    L’économie verte pour justifier la mondialisation.

    Le commerce équitable en contrition de l’OMC.

    L’agriculture bio et celle raisonnée (!) pour mieux cacher le productivisme agrochimique.

    Le sacro-saint tri des déchets pour esquiver la surabondance d'emballages inutiles.

    L’écotourisme pour se dédouaner du tourisme de masse.

    L’habitat écolo-bobo comme repentance élitiste aux cités dortoirs.

    1% de moulins donquichottesques pour expier les marées noires, l'extraction des sables bitumineux et les 14 milliards de bénéfices d’une seule compagnie.

    Le Grenelle et autres pantomimes aux vœux pieux comme livre des recettes cosmétiques.

    Et bien sûr, l’overdose convenue du réchauffement climatique pour brouiller les pistes du flambeau pétrolier.

    Complétez vous-même la liste des subterfuges au consumérisme et de la bonne conscience du marché en découpant selon les pointillés démagogiques et en collectionnant les belles images du greenwashing.

    Fins stratèges, les plus gros pollueurs ont tous leurs fondations environnementalistes et financent les grands tribuns héliportés de l’écologisme poudre aux yeux, fées Carabosse d'un libéralisme décomplexé.

    Et bien d’autres plans dans l’art de décevoir pour faire des dividendes, comme en parquant des paysages pour les faire visiter, en protégeant les espèces une fois éradiquées, en reboisant de plants centimétriques des forêts séculaires abattues…, et autres rustines pour une planète exsangue.

    Il y a incompatibilité entre une société globalisée dirigée par le marché et la préservation de la biosphère.

    Je me tue à le répéter et l’on me dit pessimiste parce que lucide.

    Un univers mental ne renonce jamais à lui-même si des forces extérieures ne l'y contraignent pas.

    Le système a saturé tout l'espace disponible et est à l'origine de tensions de plus en plus fortes.

    Pour les masquer, ceux qui nous gouvernent pratiquent la politique des réalités contradictoires, nouvelle philosophie cynique de l’oxymore, totalement déroutante pour l’esprit.


    NOUS, PEUPLE DERNIER

    Les fruits de l’homme sont empoisonnés et détruisent la Terre.

    Un livre qui donne raison à ceux qui ont toujours eu tort.

    Michel Tarrier, 448 pages, chez L'Harmattan.

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    http://www.amazon.fr/Nous-Peuple-Dernier-Survivre-Bientot/dp/2296105629

  • Commentaire : discussion avec le Pr. Gary Steiner

    Gary Steiner.jpg

    Pr. Gary Steiner

    Chers collègues,

    Dans ce commentaire n° 11, j’ai une discussion avec Gary Steiner, Professeur de Philosophie et Responsable du Département Philosophie à l’Université de Bucknell.

    Gary a récemment écrit un éditorial dans le New York Times à propos du véganisme et nous parlons, dans ce podcast, des réactions qu’il a eues suite à cet éditorial, en particulier les critiques venant des welfaristes:  beaucoup d’entre eux couvrent de louanges Temple Grandin, architecte d’abattoirs, et d’autres supporters de l’exploitation animale.

    Nous discutons aussi du refus des welfaristes de débattre avec des abolitionnistes, étant donné qu'ils n’ont rien à dire en réponse à l’argument selon lequel les réformes de bien-être animal ne font qu’augmenter l’efficacité de production de l’exploitation animale.

    Gary L. Francione

    Standard Podcast: Hide Player | Play in Popup | Download

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/12/06/commentaire-discussion-avec-le-professor-gary-steiner/

  • "Aïd : le jour d’avant" (Mustapha Hammouche)

    http://courirlesrues.blog.lemonde.fr/files/2007/12/aid-1.1197630541.jpg

    Dans une ambiance de kermesse, les montreurs de moutons peuplent de leurs ouailles les espaces nus dans et autour des cités.

    Les abords des routes et des autoroutes, près des villes, sont ponctués de parcs à moutons improvisés.

    Des terrains vagues, et parfois des placettes, sont transformés en bergeries pour les besoins du commerce ovin de l’Aïd.

    Les jours qui précèdent la fête du sacrifice submerge ce qui fait office de milieu urbain de leur lot de bêtes et de fourrages et de déjections. Les gens n’ont de commentaires que sur la qualité de leurs acquisitions respectives.

    Entre les lamentations sur la cherté du bétail, ils jubilent du poids de viande qu’ils comptent obtenir de leur “sacrifice”, se régalant d’avance des mets qu’ils pourront tirer des grasses bêtes.

    Dans un parfait consensus que toutes sortes d’usages nous imposent désormais, nul ne commente le spectacle d’un bouchon routier au niveau d’un marché improvisé, celui d’un troupeau arpentant les rues de quartiers résidentiels ou le concert de bêlements fusant de l’immeuble.

    Blasphème que de s’irriter des dommages collatéraux d’une piété en progrès !

    C’est tout bénédiction pour nous, même si c’est surtout tout bénéfice pour les maquignons.

    Il se trouve que le regain de dévotion s’accompagne de l’éclosion de multiples commerces qui se justifient par leur statut de sous-traitance religieuse.

    Pas besoin de se soumettre à quelque réglementation, à quelque convention d’évolution sur la voie publique ou quelque norme d’hygiène quand le business consiste à satisfaire les besoins des fidèles.

    Et les besoins les plus impérieux semblent correspondre aux deux périodes de l’Aïd et du Ramadhan !

    Ces moments réputés dédiés au sacrifice et à l’endurance se transforment en opportunités d’accomplissement de nos fantasmes alimentaires.

    Autour de ces repères de dévotion, s’est élevée toute une gastronomie de l’abondance.

    Les repas qu’on y conçoit feraient rougir d’envie les plus impies des épicuriens !

    Des agents se contentent de régler une circulation volontairement déréglée par la tolérance des corrals le long des routes.

    On ne sévit pas contre la religion — puisque c’est elle qui endosse beaucoup de nos travers —, d’autant plus que l’État a pris le parti de tolérer ces débordements au lieu de contenir les activités et comportements débridés qui se développent autour du culte.

    Dans deux jours, des trottoirs, des places et des parkings seront barbouillés de sang de moutons qu’on aura égorgés à même le sol, comme de vénérables actes de dévotion.

    Avant le carnage, beaucoup de pères ahuris inviteront leurs enfants qui, depuis quelques jours, ont affectivement investi dans l’agneau, devenu pour eux animal de compagnie, à assister à la tuerie.

    Et comme il faut célébrer les fêtes de la religion d’État, l’ENTV sera là pour filmer et transmettre le “bonheur” des gosses sans se soucier de leur possible traumatisme et la communion du peuple algérien qui, après avoir éclaboussé tout son environnement, s’apprête à vivre quelques jours de bombance parfaitement justifiés par la religion.

    Mustapha Hammouche

    http://www.liberte- algerie.com/ edit.php? id=50594

  • "Le scandale du combat de moutons" (Mustapha Hammouche)

    Avant l'Aïd....jpg

    Comme s’il ne suffisait pas de les égorger, il fallait les obliger à s’encorner.

    À Boumerdès, à El-Achour et sûrement un peu partout dans le pays, les moutons dédiés au sacrifice de l’Aïd ont été forcés à se combattre, les jours précédant la saignée.

    Des après-midi durant, des béliers sont opposés dans des combats parfois sanglants, mais toujours douloureux pour ces bêtes que des humains obligent à s’affronter, jour après jour, pour le plaisir de quelques ahuris et l’intérêt de quelques écervelés attirés par l’odeur du gain.

    Ce combat de moutons cornus, probablement organisés par quelques spéculateurs qui ont senti la bonne affaire dans ce jeu qui, lui aussi, semble réunir les deux carburants qui semblent faire mouvoir notre société : l’argent et la violence.

    Ainsi, une foule de jeunes se réunit, chaque soir, sur un terrain vague, pour suivre des duels de bêtes, encourageant leur favori, hurlant de ravissement et vociférant de colère.

    Les mises reprennent après chaque pause, faisant du symbole sacré du sacrifice d’Abraham le prétexte à une entreprise de jeu.

    Là, l’appât du gain paraît faire bon ménage avec la ferveur religieuse, sous le regard complaisant d’une société et d’autorités qui ont pris l’habitude de ne voir que ce qui les éclabousse.

    On passe son chemin, tant que le scandale est étouffé. 

    Que des badauds se rassemblent pour se distraire de n’importe quoi pour compenser la désertification récréative, cela se comprend.

    Que la tartuferie arrive toujours à concilier l’avidité et la piété, cela se sait.

    Mais qui se développe, dans l’insouciance générale, une mode qui consiste à se divertir et à parier sur la souffrance d’innocentes créatures, déjà promises à l’abattage qui de plus est, est révélateur d’un inquiétant déclin culturel.

    Bien sûr, l’on peut parader en criant les chiffres de la rédemption : des dizaines de milliers de hadjs et des millions de moutons sacrifiés !

    Mais à qui peut-on faire croire que l’ostentation et le zèle de dévotion puisse contrebalancer la descente aux enfers spectaculaire, aux plans politique et culturel ?

    À la fin, c’est soit sa santé morale, soit ses maux sociaux qui marquent le mouvement profond d’une société et le destin d’un peuple.

    Dans la pratique, l’Aïd, une fois passée la prière, tourne au scandale hygiénique et écologique, tant les égorgements sont exécutés presque en tout lieu, y compris sur la voie publique, pour deux ou trois jours voués aux agapes largement commentées au quatrième jour.

    Aujourd’hui, et pour le bonheur de quelques désœuvrés et de quelques parieurs, il faudrait que la bête condamnée soit préalablement et publiquement suppliciée !

    La barbarie ordinaire, celle qui s’attaque à la nature, à la flore et la faune non humaines, avance tranquillement dans cette société qui n’ose plus réagir à ses propres frasques.

    Elle a commis, contre toute raison, la faute irrémédiable de dépénaliser le crime terroriste.

    Aujourd’hui, toutes les infamies revendiquent, devant un tel renoncement, le pardon que mérite un crime mineur dans un système où le crime absolu peut être absout. 

    C’est que la violence est une pulsion entière ; si elle s’exprime contre nous depuis quinze ans, c’est parce que nous l’avions tolérée quand nous nous croyions hors de portée de ses effets.

    Mustapha Hammouche

    http://www.liberte- algerie.com/ edit.php? id=104862

  • Gary Steiner : "Animal, Vegetable, Miserable" (The New York Times)


    Published: November 21, 2009

    Lewisburg, Pa.

    LATELY more people have begun to express an interest in where the meat they eat comes from and how it was raised.

    Were the animals humanely treated?

    Did they have a good quality of life before the death that turned them into someone’s dinner?

    Some of these questions, which reach a fever pitch in the days leading up to Thanksgiving, pertain to the ways in which animals are treated. (Did your turkey get to live outdoors?)

    Others focus on the question of how eating the animals in question will affect the consumer’s health and well-being. (Was it given hormones and antibiotics?)

    None of these questions, however, make any consideration of whether it is wrong to kill animals for human consumption.

    And even when people ask this question, they almost always find a variety of resourceful answers that purport to justify the killing and consumption of animals in the name of human welfare.

    Strict ethical vegans, of which I am one, are customarily excoriated for equating our society’s treatment of animals with mass murder.

    Can anyone seriously consider animal suffering even remotely comparable to human suffering?

    Those who answer with a resounding no typically argue in one of two ways.

    Some suggest that human beings but not animals are made in God’s image and hence stand in much closer proximity to the divine than any non-human animal; according to this line of thought, animals were made expressly for the sake of humans and may be used without scruple to satisfy their needs and desires.

    There is ample support in the Bible and in the writings of Christian thinkers like Augustine and Thomas Aquinas for this pointedly anthropocentric way of devaluing animals.

    Others argue that the human capacity for abstract thought makes us capable of suffering that both qualitatively and quantitatively exceeds the suffering of any non-human animal.

    Philosophers like Jeremy Bentham, who is famous for having based moral status not on linguistic or rational capacities but rather on the capacity to suffer, argue that because animals are incapable of abstract thought, they are imprisoned in an eternal present, have no sense of the extended future and hence cannot be said to have an interest in continued existence.

    The most penetrating and iconoclastic response to this sort of reasoning came from the writer Isaac Bashevis Singer in his story “The Letter Writer,” in which he called the slaughter of animals the “eternal Treblinka.”

    The story depicts an encounter between a man and a mouse.

    The man, Herman Gombiner, contemplates his place in the cosmic scheme of things and concludes that there is an essential connection between his own existence as “a child of God” and the “holy creature” scuffling about on the floor in front of him.

    Surely, he reflects, the mouse has some capacity for thought; Gombiner even thinks that the mouse has the capacity to share love and gratitude with him.

    Not merely a means for the satisfaction of human desires, nor a mere nuisance to be exterminated, this tiny creature possesses the same dignity that any conscious being possesses.

    In the face of that inherent dignity, Gombiner concludes, the human practice of delivering animals to the table in the form of food is abhorrent and inexcusable.

    Many of the people who denounce the ways in which we treat animals in the course of raising them for human consumption never stop to think about this profound contradiction.

    Instead, they make impassioned calls for more “humanely” raised meat.

    Many people soothe their consciences by purchasing only free-range fowl and eggs, blissfully ignorant that “free range” has very little if any practical significance.

    Chickens may be labeled free-range even if they’ve never been outside or seen a speck of daylight in their entire lives. And that Thanksgiving turkey?

    Even if it is raised “free range,” it still lives a life of pain and confinement that ends with the butcher’s knife.

    How can intelligent people who purport to be deeply concerned with animal welfare and respectful of life turn a blind eye to such practices?

    And how can people continue to eat meat when they become aware that nearly 53 billion land animals are slaughtered every year for human consumption?

    The simple answer is that most people just don’t care about the lives or fortunes of animals.

    If they did care, they would learn as much as possible about the ways in which our society systematically abuses animals, and they would make what is at once a very simple and a very difficult choice: to forswear the consumption of animal products of all kinds.

    The easy part of this consists in seeing clearly what ethics requires and then just plain doing it.

    The difficult part: You just haven’t lived until you’ve tried to function as a strict vegan in a meat-crazed society.

    What were once the most straightforward activities become a constant ordeal.

    You might think that it’s as simple as just removing meat, eggs and dairy products from your diet, but it goes a lot deeper than that.

    To be a really strict vegan is to strive to avoid all animal products, and this includes materials like leather, silk and wool, as well as a panoply of cosmetics and medications.

    The more you dig, the more you learn about products you would never stop to think might contain or involve animal products in their production — like wine and beer (isinglass, a kind of gelatin derived from fish bladders, is often used to “fine,” or purify, these beverages), refined sugar (bone char is sometimes used to bleach it) or Band-Aids (animal products in the adhesive). Just last week I was told that those little comfort strips on most razor blades contain animal fat.

    To go down this road is to stare headlong into an abyss that, to paraphrase Nietzsche, will ultimately stare back at you.

    The challenges faced by a vegan don’t end with the nuts and bolts of material existence.

    You face quite a few social difficulties as well, perhaps the chief one being how one should feel about spending time with people who are not vegans.

    Is it O.K. to eat dinner with people who are eating meat?

    What do you say when a dining companion says, “I’m really a vegetarian — I don’t eat red meat at home.” (I’ve heard it lots of times, always without any prompting from me.)

    What do you do when someone starts to grill you (so to speak) about your vegan ethics during dinner? (Wise vegans always defer until food isn’t around.)

    Or when someone starts to lodge accusations to the effect that you consider yourself morally superior to others, or that it is ridiculous to worry so much about animals when there is so much human suffering in the world? (Smile politely and ask them to pass the seitan.)

    Let me be candid: By and large, meat-eaters are a self-righteous bunch.

    The number of vegans I know personally is ... five.

    And I have been a vegan for almost 15 years, having been a vegetarian for almost 15 before that.

    Five.

    I have lost more friends than this over arguments about animal ethics.

    One lapidary conclusion to be drawn here is that people take deadly seriously the prerogative to use animals as sources of satisfaction.

    Not only for food, but as beasts of burden, as raw materials and as sources of captive entertainment — which is the way animals are used in zoos, circuses and the like.

    These uses of animals are so institutionalized, so normalized, in our society that it is difficult to find the critical distance needed to see them as the horrors that they are: so many forms of subjection, servitude and — in the case of killing animals for human consumption and other purposes — outright murder.

    People who are ethical vegans believe that differences in intelligence between human and non-human animals have no moral significance whatsoever.

    The fact that my cat can’t appreciate Schubert’s late symphonies and can’t perform syllogistic logic does not mean that I am entitled to use him as an organic toy, as if I were somehow not only morally superior to him but virtually entitled to treat him as a commodity with minuscule market value.

    We have been trained by a history of thinking of which we are scarcely aware to view non-human animals as resources we are entitled to employ in whatever ways we see fit in order to satisfy our needs and desires.

    Yes, there are animal welfare laws.

    But these laws have been formulated by, and are enforced by, people who proceed from the proposition that animals are fundamentally inferior to human beings.

    At best, these laws make living conditions for animals marginally better than they would be otherwise — right up to the point when we send them to the slaughterhouse.

    Think about that when you’re picking out your free-range turkey, which has absolutely nothing to be thankful for on Thanksgiving.

    All it ever had was a short and miserable life, thanks to us intelligent, compassionate humans.

    Gary Steiner, a professor of philosophy at Bucknell University, is the author of Animals and the Moral Community: Mental Life, Moral Status and Kinship.

    http://www.nytimes.com/2009/11/22/opinion/22steiner.html?pagewanted=1&_r=1&partner=rss&emc=rss&adxnnlx=1258999957-AA67fq2m3kDPcsdzPn5QOw