L'Arche, n° 543, mai 2003.
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Philosophe et historien des idées, Pierre-André Taguieff est directeur de recherche au CNRS (derniers ouvrages publiés, en 2002 : La Nouvelle judéophobie, Paris, Mille et une nuits ; L’Illusion populiste, Paris, Berg International). Cet article, publié ici en exclusivité, est extrait d’un livre qui paraîtra en septembre aux Éditions Fayard/Mille et une nuits.
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La guerre pour la bourgeoisie c’était déjà bien fumier, mais la guerre maintenant pour les Juifs! [...] On s’est étripé toujours sous l’impulsion des Juifs depuis des siècles et des siècles [...].
Louis-Ferdinand Céline, Bagatelles pour un massacre, Paris, Denoël, 1937, p. 86-87.
Depuis l’automne 2002, l’antiaméricanisme à la française1 s’est de plus en plus clairement teinté de judéophobie, à travers une intensification du discours « antisioniste » convenu, certes, mais aussi par la diffusion croissante d’une représentation antijuive bien connue des historiens des années 1930, celle de la « guerre juive »2.
On sait que l’un des premiers usages idéologico-politiques des Protocoles des Sages de Sion, entre 1918 et le début des années 1930, a été de justifier la désignation des Juifs comme responsables de la guerre de 14-18. Dans la seconde moitié des années 1930, le recours au mythe du complot juif mondial, véhiculé par les Protocoles, a permis de dénoncer l’éventuelle guerre des démocraties contre le régime nazi commeune « guerre juive ».
« Les bellicistes »
La récurrence de ce type d’accusation mérite d’être prise au sérieux et interrogée. De la « guerre juive » à « l’agression américano-sioniste »: persistance et métamorphose d’un stéréotype accusatoire, à travers lequel s’opèrent la criminalisation et la diabolisalion des « Sages de Sion » sous les multiples noms dont on les affuble (le « lobby juif », le « lobby sioniste », « les sionistes et leurs alliés », le « lobby pro-israélien », le « sionisme mondial », le « pouvoir juif », etc.)3.
Dans les deux cas, en 1936-1939 et en 2002-2003, l’opposition à la guerre contre une dictature reconnue comme telle prend la forme d’une puissante vague « pacifïste ». Si l’ennemi est « belliciste », et à ce titre monopolise le statut d’agresseur (réel ou potentiel), les anti-bellicistes se définissent eux-mêmes comme partisans de la paix.
Face au messianisme démocratique à l’américaine, les plus gauchistes d’entre les pacifistes américanophobes recourent volontiers aux arguments de base de la « rhétorique réactionnaire », telle que l’a magistralement analysée Albert Hirschman4. Toute tentative de modifier l’ordre international existant est récusée au nom de trois types d’arguments: le risque d’engendrer des effets contraires au but recherché (effet pervers); l’inutilité de l’action entreprise, supposée impuissante à modifier le statu quo (inanité); le risque de bouleverser une organisation fragile, représentant de précieux acquis (mise en péril). Si tout est inconditionnellement préférable à la guerre, alors la servitude est absolument légitimée. La prescription d’éviter la guerre à tout prix a conduit naguère nombre de bons esprits à célébrer les accords de Munich. Des socialistes pacifistes à l’extrême droite nationaliste.
Le maurrassien Pierre Gaxotte écrivait dans Je suis partout daté du 30 septembre 1938: « Quant à nous, il n’y a plus, à nos yeux, que deux partis: ceux qui sont pour la France et ceux qui sont pour la guerre. » Quelques mois plus tard, Paul Ferdonnet, publiciste stipendié par l’Allemagne nazie, publiait La Guerre juive5, qui commençait par ces propos dénués d’ambiguïté, datés de « Noël 1938 »: « [...] Ces parasites, ces étrangers, ces ennemis intérieurs, ces Maîtres tyranniques et ces spéculateurs impudents, qui ont misé, en septembre 1938, sur la guerre, sur leur guerre de vengeance et de profit, sur la guerre d’enfer de leur rêve messianique, ces bellicistes furieux, il faut avoir l’audace de se dresser sur leur passage pour les démasquer; et, lorsqu’on les a enfin reconnus, il faut avoir le courage de les désigner par leurs noms : ce sont les Juifs. »6
« Sionisme mondial »
Considérons le discours « antiguerre » des premiers mois de 2003 à travers le matériel constitué par les appels aux manifestations, les tracts distribués, les banderoles et les pancartes brandies, les slogans proférés. Non seulement l’intervention militaire anglo-américaine contre le régime de terreur de Saddam Hussein a été assimilée aux réactions israéliennes contre les terroristes palestiniens, mais aussi et surtout les Israéliens, et plus largement les représentants du mythique « sionisme mondial », ont été accusés d’être à l’origine de la nouvelle « guerre d’Irak ».
Des listes de conseillers du président américain, « juifs », « sionistes » ou « proches du Likoud », ont circulé sur Internet, et la presse, même la plus « respectable », a relayé ces accusations ou ces soupçons, visant un Bush manipulé par « les Israéliens » ou des « conseillers juif ». A l’amalgame polémique « Bush = Sharon » (également et semblablement « assassins ») s’est ajoutée une vision conspirationniste, que traduisent diverses images schématisantes: du « complot américano-sioniste » (où les « sionistes » sont censés rester dans l’ombre, ou agir de façon occulte) à « Bush valet de Sharon ».
Les Juifs, une fois de plus, sont ainsi désignés comme les vrais responsables d’une guerre, et d’une guerre qui, dans le contexte géopolitique contemporain, affecte le système mondial des États. Une nouvelle guerre sinon mondiale, du moins mondialisée à bien des égards.
La croyance à l’action des démons, censée expliquer l’origine des malheurs des humains, donne son assise à la judéophobie « antisioniste »7. La fixation de la haine « antisioniste » sur un Sharon nazifié (et, entant que tel, devenu synecdoque de l’État « raciste » et « fasciste » d’Israël) permet de formuler un slogan de ce type: « Hitler en a oublié un: Sharon »8, slogan justifiant le génocide nazi des Juifs qu’ont osé crier des milliers de manifestants lors d’une manifestation en faveur de la Palestine, à Amsterdam, en avril 2002. La dénonciation néo-gauchiste de la « Busherie » peut ainsi glisser vers les « antisionistes » de l’autre bord, les néo-fascistes de l’hebdomadaire Rivarol, jubilant de pouvoir enfin dénoncer, en phase avec une importante partie de « l’opinion mondiale », la « Busherie kasher ».
Paris VIII
De multiples incidents antijuifs se sont produits depuis la fin des années 1990 dans les universités françaises, où des groupes gauchistes et pro-palestiniens font régner un terrorisme intellectuel qui rappelle l’époque de la guerre froide, quand les staliniens exerçaient leur dictature idéologique dans certains établissements universitaires. Après des années d’une intense propagande « antisioniste » fondée sur la nazification des « Juifs-Israéliens-sionistes », l’Union générale des Étudiants tunisiens (UGET)9 a organisé du 25 au 27 mars 2003, dans le hall d’entrée de l’université Paris VIII (Seine-SaintDenis), en guise de célébration de la nationale-palestinienne « journée de la Terre » (30 mars), une exposition provisoire dont la dimension antijuive était à ce point évidente (caricature de Sharon doté d’un nez proéminent, dessins de Juifs an nez crochu, citations « antisionistes » de Roger Garaudy, etc.) que même des enseignants gauchistes, palestinophiles par définition, s’en sont aperçus. Le thème de la manipulation « sioniste » de la politique américaine ne manquait pas à l’appel, comme le montre cette citation de Roger Garaudy: « Le Premier ministre d’Israël a beaucoup plus d’influence sur la politique étrangère des États-Unis au Proche-Orient que dans son propre pays. »10 Au milieu des drapeaux palestiniens tapissant le hall, le visiteur tombait sur une série de photos choisies pour provoquer l’indignation, sur le thème « Massacre à Jénine », pièce maîtresse de la propagande palestinienne depuis le printemps 200211.
Serge Thion
Deux journalistes de Marianne décrivent et racontent ce qu’elles ont vu et entendu dans cette exposition : « Des corps mutilés, des crânes explosés, et des explications “historiques ” sur la naissance de l’État d’Israël, construit sur les ruines des villes palestiniennes. Des pancartes résument: “sionisme =impérialisme = fascisme ”. [...] Un étudiant juif tente — en vain — d’expliquer la définition du sionisme à un public plus que réfractaire. Le ton est donné. Pendant ce temps, un “étudiant” (d’une bonne quarantaine d’années) crie dans un micro: “Tout le monde sait qu’Israël est derrière la guerre en Irak.” L’auditoire applaudit. Les propos sont sans appel: “Sionistes et Juifs, ça revient au même.”12 »
Le négationniste Serge Thion, ravi de la nouvelle conjoncture « antiguerre » où l’antisionisme de propagande fusionne avec un antiaméricanisme mystique, écrit dans le numéro 16, paru en janvier 2003, de sa revue La Gazette du Golfe et des banlieues13, à propos de la « composition » de « l’équipe Bush »: « [...] On peut se demander légitimement, si ce ne sont pas des Juifs israéliens ou pro-israéliens qui dirigent le gouvernement américain. » Le 10 avril 2003 paraît le numéro 20 de ce périodique caricaturalement haineux, « antisioniste » autant qu’américanophobe. On y lit en guise d’avertissement au lecteur: « Née en 1991 de la révolte contre la guerre imposée par les pétroliers américains, elle [La Gazette...] avait paru sans périodicité fixe. Ranimée par l’éclatant retour de l’impérialisme américain dévoilé par la divine surprise du 11 septembre, elle avait adopté un rythme mensuel sans en faire un dogme. Le dernier numéro, 19, paru après le déclenchement de la guerre par le quarteron des néo-cons sionistes qui agitent la marionnette boucharde, a été submergé et distendu par le flot de l’actualité.14 »
D’abréviation usuelle pour « neo-conservatives », l’expression « neocons », en langue française, se transforme subrepticement en terme insultant. Un certain Christophe Deroubaix, dans le quotidiencommuniste L’Humanité, après avoir affirmé que « Bush applique, les unes après les autres, les idées des“neocons ” » présente ainsi Paul Wolfowitz, « l’éminence grise »: « Le véritable chef de la bande des “neocons”, c’est lui [...] »15. Voilà qui doit faire beaucoup ricaner, dans les troupes clairsemées des néostaliniens.
Israël Shamir
Le 20 mars 2003, dans la lettre d’information (diffusée sur Internet) de l’Association médicale franco-palestinienne (AMFP, Marseille), Point d’information Palestine16, on pouvait lire un texte judéophobe et conspirationniste signé Israël Shamir, « Les oreilles de Midas », dénonçant violemment les « magnats juifs des médias » et la « juiverie organisée » (Organised Jewry), celle-ci étant par lui accusée d’être aujourd’hui responsable de la « guerre en Irak » comme elle aurait d’une façon occulte, naguère, après avoir « acheté secrètement et subverti les médias français durant de nombreuses années », précipité les Français « dans l’horrible et totalement inutile Seconde Guerre mondiale ».
Ainsi parle Israël Shamir, l’un de ces Juifs antijuifs17 qui, s’affirmant « antisionistes », sont devenus des intellectuels organiques de la « cause palestinienne » et se sont rapprochés des milieux négationnistes (« notre ami Israël Shamir »: c’est ainsi que Serge Thion, l’ex-bras droit de Robert Faurisson, le présente sur son site, avant de diffuser l’un de ses articles)18. Shamir affirme que « les Juifs », qu’il oppose aux « gens normaux », « règnent en maîtres en Amérique », et précise son accusation: « La juiverie organisée ne cesse de pousser à la guerre tout en déniant toute prise de position et tout engagement en la matière ».
Cet « antisioniste » militant enchaîne en posant la question rhétorique suivante: « Est-il totalement impensable que les Juifs américains aient pris secrètement le contrôle de leurs médias nationaux et soient aujourd’hui en train de précipiter les États-Unis dans une horrible et totalement inutile Troisième Guerre mondiale ? » La prescription s’impose: « Faisons en sorte que les conseillers juifs du président Bush soient virés. Ces comploteurs sont incapables de tenir ce qu’ils ont promis [...]. Ils ont poussé le bouchon trop loin. »
Les articles « antisionistes » de Shamir sont disponibles sur des sites négationnistes19, islamistes et pro- palestiniens. Un des articles disponible sur le site www.solidarite-palestine.org se termine par cette prophétie fondée sur la christification des Palestiniens: « Même si l’on crucifie tous les Palestiniens jusqu’au dernier sur le Golgotha, l’Etat juif d’Israël n’a d’autre réalité que virtuelle et ne verra jamais le jour. »
Dans un autre article daté de septembre 2002, diffusé sur le site du Parti des Musulmans de France (PMF) au début de février 2003, Shamir écrit : « [...] Les élites juives américaines poussent à l’Armageddon [...] afin de placer l’État juif au sommet de la hiérarchie mondiale. C’est le plan d’un mégalomane, mais ce sont des mégalomanes qui sont aux manettes de la superpuissance mondiale unique [...] » On comprend dès lors pourquoi Shamir, récusant le projet politique fondé sur la cœxistence des deux États, l’un juif, et l’autre palestinien, est un ferme partisan du démantèlement de l’État d’Israël20, en vue de créer un nouvel État, déjudaïsé, incluant Juifs et Palestiniens. Sur ce même site, où le président du PMF, Mohamed Ennacer Latrèche, dénonce inlassablement « le plan américano-sioniste », on lit à la fin d’un communiqué de presse du PMF, daté du 20 octobre 2002: « Le PMF adresse au peuple irakien et à son président ses meilleurs vœux de bonheur et de prospérité, tout en lui assurant son entier soutien dans sa résistance aux projets dévastateurs américano-sionistes. »
Diabolisation
La propagande pro-palestinienne aveugle et vindicative ne fait nullement avancer la cause palestinienne, elle ne contribue en aucune manière à la création d’un État palestinien, elle a pour seul résultat de nourrir l’imaginaire antijuif, en radicalisant la haine anti-israélienne21. Ceux qui, comme moi, sont convaincus de la nécessité de créer un État palestinien souverain se heurtent aujourd’hui à la dure réalité du total refus, par la majorité des défenseurs de la cause palestinienne, de l’existence même de l’État d’Israël.
La diabolisation d’Israël et de l’Occident, pour les « gouvernements à la fois autoritaires et inopérants qui règnent sur presque tout le Moyen-Orient »22, est une condition de survie. Comme l’a montré Bernard Lewis, la désignation de responsables imaginaires et de coupables fictifs présente pour ces gouvernements plusieurs avantages essentiels: « Expliquer la pauvreté qu’ils sont incapables de réduire, légitimer un pouvoir despotique qui ne cesse de s’alourdir, détourner le mécontentement croissant de la population vers d’autres cibles23 ».
Notes
1. Voir l’indispensable ouvrage de Philippe Roger, L’Ennemi américain. Généalogie de l’antiaméricanisme français, Paris, LeSeuil, 2002.
2. Voir notamment Ralph Schor, L’Antisémitisme en France pendant les années trente. Prélude à Vichy, Bruxelles, Éditions Complexe, 1992; Richard Millman, La Question juive entre les deux guerres. Ligues de droite et antisémitisme en France, Paris, Armand Colin, 1992.
3. Le site de Radio Islam, fondé et animé par l’islamiste Ahmed Rami (qui diffuse les Protocoles des Sages de Sion et toutes les formes de littérature négationniste), fait circuler des listes de Juifs (parfois imaginaires) qui dirigeraient en secret la politique américaine. Dans l’administration Clinton, Rami avait repéré, en 1998, un nombre impressionnant de Juifs, de Madeleine Albright à Janet Yellen. Au début de 2002, Rami fait circuler une nouvelle liste, Jews in the Bush Administration, comprenant notamment Elliott Abrams, Josh Bolten, Ari Fleischer, Jay Lefkowitz, Richard Perle, Paul Wollowitz. Dans la littérature anti-américaine récente se sont multipliées les attaques contre l’administration Bush fondées sur ces listes de patronymes, censées prouver que le pouvoir politique, aux États-Unis, est « gouverné par les Juifs ». Variations sur le thème: « Le lobby sioniste dirige l’Amérique ». En France, l’un des principaux périodiques de la mouvance lepéniste, National Hebdo, a consacré une série d’articles à la dénonciation des inspirateurs ou des leaders juifs des faucons américains qui viseraient, à travers la « destruction de l’Irak », l’établissement du « Grand Israël ». Voir Michel Limier, « Paul Wolfowitz, pousse-au-crime de George W. Bush », National Hebdo,n° 968, 6-12 février 2003, p. 7; Id., « Les faucons de George W. Bush(2) », National Hebdo, n° 969, 13-19 février 2003, p. 7. « Michel Limier » est le pseudonyme d’un disciple d’Henry Coston, qui pourrait être Emmanuel Ratier, journaliste spécialisé dans la littérature de dénonciation conspirationniste. Voir E. Ratier, Mystères et secrets du B'nai'B'rith, Paris, Facta, 1993; Id., Les Guerriers d’Israël. Enquête sur les milices sionistes, Paris, Facta, 1995.
4. Voir Albert O. Hirschman, Deux siècles de rhétorique réactionnaire, tr. fr. Pierre Andler, Paris, Fayard, 1991.
5. Paris, Éditions Baudinière, 1939 [début]. Dans ce libelle besogneux, Ferdonnet cite notamment le premier des pamphlets antijuifs de Louis-Ferdinand Céline, Bagatelles pour un massacre (op. cit.) — mis en vente le 28 décembre 1937 —, dont le thème central est précisément la dénonciation du « bellicisme juif » et de la préparation d’une « guerre juive ».
6. Paul Ferdonnet, La Guerre juive, op. cit., avant-propos, p. 9-10.
7. Voir Léon Poliakov, « Causalité, démonologie et racisme. Retour à Lévy-Bruhl ? » [1980], in Pierre-André Taguieff (dir.), Les Protocoles des Sages de Sion, tome II: Études et documents, Paris, Berg International, 1992, p. 419-456.
8. Slogan cité par Eric Krebbers et Jan Tas, « Comment éviter quelques pièges antisémites », De Fabel van de illegaal, n° 52-53, été 2002 (traduit du hollandais par Yves Coleman).
9. L’UGET prétend que l’autorisation administrative d’organiser cette exposition a été donnée au Comité de soutien à la Palestine.
10. Extrait de Roger Garaudy, Palestine, terre des messages divins, Paris, Albatros, 1986 (traduit en arabe); rééd., Éd. AI-Fihrist, 1998 (en vente sur des sites Internet islamistes et négationnistes). Dans un autre extrait de ce livre, la loi israélienne du retour était mise en parallèle avec les lois racistes de Nuremberg. Selon le communiqué de l’UEJF du 28 mars 2003, 32 pages du livre de Garaudy auraient été reproduites sur les panneaux de cette exposition.
11. Des photos des victimes palestiniennes des affrontements qui eurent lieu à Jénine sont ainsi légendées : « ça s’est réellement passé à Jénine contrairement à ce que le Lobby juif vous a fait croire ».
12. Natacha Polony et Sarah Weisz, « Manifs des jeunes. Chansons pacifiques contre appels à la haine », Marianne, n° 310, 31 mars - 6 avril 2003.
13. Serge Thion a fondé La Gazette du Golfe et des banlieues en 1991. En octobre 2001 paraît le premier numéro de la nouvelle série de ladite Gazette, sur Internet.
14. Serge Thion, in La Gazette du Golfe et des banlieues, n° 20, 10 avril 2003, p. 3-4.
15. Christophe Deroubaix, « Cette idéologie ultra qui domine Washington », L’Humanité, 19-20 avril 2003, p. 4, 6.
16. Cette lettre d’information francophone (6800 destinataires), se présentant comme une revue de presse hebdomadaire, a été créée en 1999 par deux militants pro-palestiniens qui se disent « franchement de gauche »: Pierre-Alexandre Orsoni et Marcel Charbonnier (traducteur de Shamir et d’autres auteurs « antisionistes »). L’Association médicale franco-palestinienne de Marseille est coiffée par l’Association France-Palestine Solidarité (créée en mai 2001 à partir de l’AMFP et de l’Association France-Palestine). L’AFPS participe aux activités de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine qui regroupe 34 associations.Voir Michel Henry, « Charge antisémite d’une association propalestinienne. La branche marseillaise de l’AMFP a diffusé un texte ordurier », Libération, 3 avril 2003, p. 24; Ariane Chemin, « Un bulletin Internet pro-palestinien publie un texte antisémite.L’association France- Palestine Solidarité a condamné son contenu et sa diffusion », Le Monde, 5 avril 2003, p. 15. Bernard Ravenel président de l’AFPS, a condamné le « contenu explicitement antisémite » de l’article de Shamir et rompu avec le groupemarseillais. Le traducteur Marcel Charbonnier a démissionné de l’AMFP-Marseille, mais celle-ci n’a pas pour autant présenté ses excuses, et continue de diffuser des articles de Shamir.
17. Certains milieux palestiniens (par exemple Hussein Ibish et Ali Abunimah) mettent cependant en doute la judéité de Shamir et le considèrent comme un des nombreux olim russes orthodoxes installés en Israël.
18. Dans La Gazette du Golté et des banlieues, dès le premier numéro de la nouvelle série (octobre 2001), on peut lire un article d’Israël Shamir, « Comment saper les bases de l’édifice de la violence », repris de Point d’information Palestine, n° 165, 28 août 2001. Dans le n° 15 (décembre 2002) de la Gazette négationniste, on peut lire un autre article de Shamir (« La pluie verte de Yassouf », hymne aux Palestiniens qu’on trouve publié dans de nombreux autres périodiques), ainsi qu’une étude de Maria Poumier (« Les Juifs à Cuba »). On retrouve la prose de Shamir dans le numéro 16 (janvier 2003), où l’on peut lire notamment un article « antisioniste » de Ginette Hess-Skandrani, présidente de « La Pierre et l’Olivier » et membre fondatrice des Verts: « Décolonisation de la Palestine ». L’association « La Pierre et l’Olivier », créée à Paris en 1990, se présente comme un « réseau de solidarité avec le peuple de Palestine ».
19. Par exemple, outre la revue de Serge Thion, La Gazette du Golfe et des banlieues, les publications de Ernst Zündel et de Michael A. Hoffman II. Précisons que le journaliste et publiciste Hoffman dirige le périodique Revisionist History (devenu Revisionist History Newsletter), et qu’il est l’auteur de plusieurs pamphlets ou libelles antijuifs, dont Secret Societies and Psychological Warfare (nouvelle édition revue et augmentée, 2001), où il dénonce notamment la prétendue pratique du crime rituel chez les Juifs. Mais on trouve également des articles du communiste Shamir, ancien journaliste (encore dans les années 1990) à la Pravda, dans le journal antijuif russe de la mouvance communiste, Zavtra, où il signe « Robert David ». Sa spécialité est de voir partout la main cachée du Mossad. Zavtra (« Demain ») a pour rédacteur en chef l’extrémiste Alexandre Prokhanov, incarnant la synthèse communiste-nationaliste des « rouges-bruns »). Voir Vadim Rossman, Russian Intellectual Antisemitism in the Post Communist Era, Lincoln et Londres, The University of Nebraska Press, et Jérusalem, SICSA, 2002, p. 24, 98 (note 73),110- 111, 131, 136 (note 37), 142 (note 118). Sur Prokhanov, voir Walter Laqueur, Histoire des droites en Russie. Des centuriesnoires aux nouveaux extrémistes [1993], tr. fr. Dominique Péju (avec la coll. de Serge Zolotoukhine), Paris, Michalon, 1996, p. 161-162, 198-199, 281-282, 326. Hoffman a, par exemple, publié en traduction américaine un article de Shamir paru dans Zavtra, le 31 octobre 2000: « The Jews of Russia and Palestine : A Comparison » (« Campaign for Radical Truth in History », archives).
20. Shamir s’affirme, selon une formule routinisée, « pour la déconstruction de l’État juif raciste ».
21. Voir le remarquable dossier « Vérité sur deux ans d’Intifada » sous la direction de Meïr Waintrater, dans le mensuel L’Arche, n° 536-537, octobre-novembre 2002, p. 42-87.
22. Bernard Lewis, Que s’est-il passé ? L’lslam, l’Occident et la modernité, tr. fr. Jacqueline Camaud, Paris, Gallimard,2002, p.221.
23. Ibid.
http://www.phdn.org/antisem/antision/taguieff2003.html#note1