Malgré le pic d'abandons l'été, de nombreuses cages restent vides à la SPA de Pau. (Ascencion Torrent)
Les Français aiment les animaux domestiques.
D'ailleurs, nous vivons dans le pays où l'on recense le plus d'adoptions, mais également le plus d'abandons.
"Les Français prennent un animal pour Noël, mais pas pour toujours", s'insurge Paulette Cassou, de la SPA de Tarbes.
Ce constat, sous forme de boutade, masque pourtant une réalité : le nombre d'abandons d'animaux ne cesse de croître.
Et cette tendance s'accentue l'été.
Les Pays de l'Adour ne démentent pas le mouvement.
"Nous remarquons une recrudescence d'animaux abandonnés l'été à Tarbes, surtout des chats", regrette Paulette Cassou.
"Il y a toujours un pic à cette période, même si la différence est moins sensible qu'auparavant car les abandons ont augmenté toute l'année" rajoute Joëlle Turcat, la présidente du refuge de Bachefores à Bayonne.
A Pau, l'Association de défense animale pyrénéenne (ADAP) ressent également la différence durant la période des vacances.
"Nous récupérons environ 50 % d'animaux en plus, dans la grande majorité des chats et des chiens, et parfois quelques rongeurs comme des lapins", constate Amélie Crapeau, bénévole à l'ADAP.
Le long de l'année, les animaux sont rejetés à cause d'une grossesse ou de l'avancement de leur âge.
Dans l'autre sens, un divorce, l'hospitalisation ou le placement en maison de retraite du propriétaire les poussent souvent sur la touche.
A ces causes classiques s'ajoute l'été le lot des vacanciers qui ne savent que faire de leur bête pendant leur voyage.
Les conséquences de ces abandons s'avèrent prévisibles.
Les animaux se retrouvent obligés d'errer dans la ville ou les campagnes s'ils ne trouvent pas refuge dans une structure habilitée à les garder.
"Certaines personnes nous contactent directement mais nous repérons souvent des animaux dans la rue et parfois pire. Nous avons déjà retrouvé des chats dans des containers", s'émeut Amélie Crapeau.
Pourtant, des solutions existent pour lutter contre l'abandon des animaux pendant les vacances d'été.
En premier lieu, des distributeurs de croquettes pour éviter la fuite ou la sous-alimentation de l'animal.
Plus sûr pour les compagnons poilus, les propriétaires peuvent les placer dans une pension.
Et s'ils souhaitent éviter les coûts supplémentaires, pourquoi ne pas solliciter un voisin ou un ami ?
En tout cas, les estivants disposent de bien des alternatives à l'abandon de leur animal de compagnie.
Amélie Crapeau ne mâche pas ses mots :
"Un animal abandonné, c'est un animal mort".
Pour lutter contre ce fléau, elle préconise la prévention en amont plutôt que les thérapies a posteriori.
Et pour l'ADAP, un réflexe de stérilisation réduirait fortement le nombre de gestations non souhaitées par les propriétaires.
En conséquence, il y aurait beaucoup moins d'animaux abandonnés ou alimentant un marché déjà saturé.
"Même si ce n'est pas toujours facile financièrement, cela éviterait des situations grotesques, explique-t-elle. Ainsi, actuellement nous venons en aide à une dame qui se retrouve submergée par pas moins de... 27 chiens".
>> Renseignements : www.adap64.com - Adoption : 06 52 16 65 13
La moitié des cages de la SPA de Pau inoccupées
Contrairement à ses voisins, la SPA de Pau ne paraît pas submergée : une soixantaine d'animaux pour une capacité d'accueil de 130.
Les membres de l'ADAP le clament avec insistance : ils sont submergés par les abandons de chiens et de chats, en particulier pendant l'été.
Mais à la SPA de Pau, où l'on a préféré nous répondre sous couvert d'anonymat, on repère seulement une "légère hausse l'été".
La SPA paloise ne fournit pas de chiffres.
Elle reconnaît toutefois accueillir au moins un animal tous les jours, et cinq la veille de notre passage.
Pourtant, aux animaux enfermés à l'entrée du chenil succèdent rapidement des cages et une cour vides.
Environ 50 chiens et dix chats résidaient le jour du reportage dans le refuge pour une capacité d'accueil de 130 bêtes. Paradoxal.
En comparaison, la SPA de Tarbes se dit en surpopulation tout le long de l'année, malgré 8 000 m² de terrain d'accueil.
"C'est le tonneau des Danaïdes. On donne d'un côté, on récupère de l'autre", déplore Paulette Cassou, de la SPA de Tarbes.
Le son de cloche ne change guère au refuge de Bachefores à Bayonne.
"Nous, nous sommes pleins tout le temps", constate Joëlle Turcat, la présidente du refuge.
Comment se fait-il que la SPA de Pau ne soit pas remplie à moitié quand les refuges alentours sont dépassés par les animaux abandonnés ?
Un mot revient sans cesse dans la bouche des défenseurs des animaux : l'euthanasie.
La SPA de Pau nous explique que ce mot est tabou dans leur structure en général, même si cette pratique existe parfois.
L'explication manque, la question persiste : pourquoi les cages de Pau sont-elles vides, alors que les abandons ne diminuent pas ?
Guillaume Bur
http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2012/08/21/animaux-toujours-plus-d-abandons,1094850.php