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  • Le comité scientifique Antidote Europe réagit défavorablement au nouveau programme de recherches PharmaCOG

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    Perpignan (France), 29 juin 2009 - Le comité scientifique Antidote Europe réagit défavorablement à l'annonce d'un nouveau programme de recherches - PharmaCOG - qui doit faire appel à l'utilisation de lémuriens pour la recherche sur la maladie d'Alzheimer.

    Situé à Marseille, ce projet dirigé par le Pr Olivier Blin, a reçu un financement de la Commission européenne.

    "Nous souhaiterions que l'entreprise du laboratoire du Pr Blin et des autres équipes européennes collaborant au projet Alzheimer réussisse, déclare Claude Reiss, président d'Antidote Europe et ancien directeur de recherche au CNRS. Nous devons malheureusement mettre en garde et ces scientifiques et les patients qui attendent toujours un médicament efficace pour stopper l'évolution de la maladie, sur leur peu de chances de succès en étudiant des modèles animaux comme "le lémurien qui en vieillissant présente des lésions cérébrales similaires à celles de l'homme" souffrant d'Alzheimer. "

    Depuis plus d'un siècle, des milliers de projets de recherche de ce genre ont été lancés. I

    ls se sont tous toujours soldés par des échecs cuisants, que l'espèce "modèle" soit une souris ou le chimpanzé, pour
    la simple raison qu'aucune espèce animale n'est un modèle biologique fiable pour une autre, notamment pour des maladies neurodégénératives.

    Avec plus de 800 000 malades en France et les méthodes non invasives (IRM fonctionnelle, tomographie à positrons, etc.), les données humaines sont abondantes.

    Alzheimer est une des nombreuses maladies conformationnelles (due au mauvais repliement de protéines qui de ce fait s'accumulent dans ou autour de la cellule), c'est donc une maladie d'origine cellulaire.

    C'est donc au niveau de cellules humaines qu'il faut en chercher le mécanisme, très probablement lié à une déficience durant ou suivant l'étape de synthèse de ces protéines.

    Il n'y a aucune raison que ce mécanisme soit le même chez le microcèbe, la souris ou toute autre espèce.

    Il faudrait de même comprendre comment ce mécanisme est enclenché, notamment sous l'effet de facteurs chimiques environnementaux capables de déclencher certaines maladies conformationnelles chez des personnes prédisposées.

    Antidote Europe est une association à but non lucratif, créée par des chercheurs issus du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), oeuvrant pour la sécurité sanitaire humaine en agissant pour une prévention plus rigoureuse des risques et des traitements plus spécifiques des affections.

    Contact médias : Claude Reiss (33 (0)4 7... ou 33 (0)4 6...)
    http://www.antidote -europe.org
    Retrouvez ce communiqué sur :
    http://www.antidote -europe.org/ cp29jun09_ fr.htm

  • Chine : Projet de loi pour rendre illégal l'abattage de chiens

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    Les abus ou violences effectués envers des animaux tels que les populaires abattages de chiens à Hanzhong, province du Shaanxi devraient devenir illégaux en vertu d'un nouveau projet de loi.

    Si la loi est adoptée par les organes législatifs du pays, ce serait la première fois que la notion de "bien-être des animaux" est ajoutée à la loi.

    Les experts ont achevé la rédaction de la première loi de protection des animaux et la révisent actuellement avant sa soumission au gouvernement et au Congrès des autorités, a déclaré Chang Jiwen, professeur de droit à l'Académie chinoise des sciences sociales qui a dirigé l'équipe de rédaction.

    Il n'a pas révélé de calendrier pour la mise en application de la législation, mais a déclaré: «Une fois qu'elle sera passée, les abus envers les animaux, comme les abattages de chiens devraient cesser."

    Chang a dit ajouté que la loi et les règlements actuels ne n'offrent pas de protection efficace contre les cruautés faites aux animaux. La seule loi du genre qui existe en Chine protège uniquement la faune sauvage et interdit l'abus et le trafic des espèces sauvages.

    En décembre 2008, le premier centre de recherche sur la protection légale des animaux a été créé à l'Université de politique et de droit dans le Shaanxi, à Hanzhong.

    La Rédaction

    http://www.chine-informations.com/actualite/chine-projet-de-loi-pour-rendre-illegal-abattage-de-chiens_13282.html

  • Une autre "révolution" welfariste qui n’en était pas une (Francione)

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    Chères collègues et chers collègues,

    Tel que vous le savez, je ne crois pas que les réformes welfaristes procurent des bénéfices significatifs aux animaux nonhumains même lorsque ces réformes sont appliquées.

    Mais il arrive souvent qu’elles ne soient pas appliquées.

    En effet, il y a des campagnes, des collectes de fonds et des déclarations de « victoire » (suivies de fêtes où des célébrités sont présentes), mais ces prétendues réformes n’aboutissent souvent à rien du tout.

    Un bon exemple de ce phénomène peut être trouvé dans une annonce du 24 juin 2009 voulant que Smithfield Foods, pour des raisons financières, se dit forcé de reporter son plan en dix ans visant à se débarrasser des enclos de gestation pour les truies.

    Bien qu’il ait été démontré par des économistes agricoles que les alternatives aux enclos de gestation augmentent la productivité à long terme, les couts en capital à court terme associés à la conversion du système des enclos semblent inciter Smithfield à renoncer à son plan en dix ans.

    En 2007, lorsque Smithfield a annoncé son plan en dix ans, j’ai écrit un article dans lequel j’écrivais ce qui suit :

    Le 25 janvier, Smithfield Foods, un gros producteur de chair nonhumaine, annonçait que, au cours des 10 prochaines années, il ferait disparaitre les cageots de gestation destinés aux truies enceintes pour les remplacer par des formes d’hébergement en groupe qui leur offriront plus d’espace.

    Cette annonce suivait la campagne menée par la HSUS, par le HSUS, Farm Sanctuary et par d’autres groupes wefaristes contre les cageots de gestation.

    Cette campagne a coûté plus de $1.6 million.

    Comme j’en parlais dans mon essai, Un « triomphe » du mouvement pour le bien-être animal ?, les défenseurs des animaux soutiennent que les études démontrent que les producteurs de porcs obtiendront des profits plus élevés en adoptant la méthode alternative du système d’hébergement.

    En réponse à l’annonce de Smithfield, le président de la HSUS et son directeur général Wayne Pacelle proclamaient qu’« une révolution est en voie de se réaliser dans l’industrie porcine ».

    Pacelle affirmait :

    « Je ne peux retracer quoique ce soit de plus important en terme de traitement humain des animaux qui soit arrivé dans le secteur de l’agriculture. Par exemple, Eric Marcus a remarquablement qualifié la décision de Smithfield de « spectaculaire ».

    Et maintenant, quelle est la réponse de ces défenseurs du bien-être à l’annonce de Smithfield ?

    Bruce Friedrich de PETA, qui avait qualifié la décision de Smithfield de « pas fantastique pour le bien-être des animaux de ferme », a dit que :

    « Il n’est pas surprenant, lorsque les temps sont durs, qu’ils abandonnent un plan qui n’était qu’un plan au départ ».

    Friedrich a remarqué que PETA, à l’époque, avait demandé à Smithfield d’étendre son abandon des enclos de gestation à ses fournisseurs et de fournir plus de détails à propos de la transition.

    La compagnie, a-t-il dit, n’a répondu à aucune de ses demandes.

    Alors, le prétendu « pas fantastique » n’était pas un « pas fantastique » du tout ; Smithfield n’a pas même fourni les détails de son plan.

    Et une fois incités à passer à l’action et une fois que des considérations économiques à court terme entrent en jeu, le projet d’abandon est abandonné.

    Et voilà une autre « victoire » welfariste.

    Je réitère : je suis certain que mes amis de la HSUS, de PETA, etc. pensent qu’il font la bonne chose en menant ces campagnes welfaristes.

    La question que je leur pose est de quelle preuve empirique auront-ils besoin pour réaliser qu’il s’agit d’une erreur ?

    Même si l’on met de côté les principes moraux, il reste que la stratégie welfariste ne fonctionne tout simplement pas.

    Les animaux sont notre bétail, notre propriété.

    Ils n’ont pas de valeur inhérente.

    Avant que quoi que ce soit ne change, le paradigme doit être remplacé.

    Et cela ne se fera pas, tant et aussi longtemps que les défenseurs des animaux croient que la manière de faire progresser les choses vient d’une association troublante entre les défenseurs des animaux et les membres de l’industrie.

    Les premiers peuvent déclarer des « victoires » qui n’arrivent pas (et ne peuvent pas arriver) ; les derniers peuvent prétendre se situer du côté des animaux.

    Mais les animaux sont perdants.

    Les ressources de ceux qui veulent vraiment voir l’abolition de l’exploitation animale sont mieux investies dans une éducation claire, non équivoque, créative et non violente au véganisme.

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/06/26/une-autre-revolution-welfariste-qui-nen-etait-pas-une/

  • Une association troublante

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    Chères collègues et chers collègues,

    Dans plusieurs de mes écrits, j’ai soutenu que la promotion de l’approche de la « viande heureuse » a non seulement rendu le public plus à l’aise de consommer des produits animaux, mais a entrainé la création d’une association troublante entre les défenseurs des animaux et les exploiteurs institutionnalisés.

    Ce sujet compte parmi les nombreuses questions à propos desquelles le professeur Robert Garner - qui défend le néo-welfariste ou la position « protectionniste » (comme il préfère la nommer) - et moi-même débattons dans notre livre The Animal Rights Debate: Abolition or Regulation ?, à paraitre chez Columbia University Press cet automne.

    De toute façon, le professeur Roger Yates a dirigé mon attention vers un communiqué de presse de la HSUS concernant l’engagement de Red Robin Gourmet Burgers à utiliser des œufs provenant de poules « élevées en liberté » dans ses magasins des É.U. d’ici 2010.

    Voici un extrait du communiqué de presse :

    « La Humane Society des États-Unis a félicité Red Robin pour avoir joint le mouvement national consistant à renoncer aux cruelles cages en batterie », annonce Paul Shapiro, directeur principal de la campagne contre l’élevage industriel de la HSUS.

    « Nous avons hâte de travailler avec cette compagnie pour hausser la barre en matière de bien-être animal. »

    Susan Lintonsmith, vice-présidente principale et chef du markéting de Red Robin, a déclaré :

    « Les hauts standards de qualité de Red Robin et son service inégalé reste notre principale priorité.

    Nous reconnaissons que l’élimination des cages en batterie dans la production d’œufs est devenue une question d’une importance grandissante dans les communautés que nous déservons, nous sommes donc excités à l’idée de progresser vers une chaine de production n’incluant que des œufs provenant de poules élevées en liberté. »

    « Nous apprécions sincèrement les conseils et les idées que la Humane Society of the United States a partagé avec Red Robin », affirme Lintonsmith.

    « Nous sommes heureux qu’ils appuient nos engagements et nous avons hâte de poursuivre notre dialogue avec la Humane Society à propos des questions de bien-être. »

    Voilà un parfait exemple du problème qui me préoccupe.

    Premièrement, il est ici sous-entendu que les œufs de poules « élevées en liberté » représentent une augmentation significative du bien-être des oiseaux.

    Jetez un œil à ce qui est offert sur le site du Peaceful Prairie Sanctuary et demandez-vous si cela est vrai.

    Deuxièmement, il est impossible que cette « entente » entre la HSUS et Red Robin ne puisse aider à envoyer un message clair au public : la HSUS approuve le fait de manger chez Red Robin.

    Essentiellement, la HSUS dit au public :

    Manger les vaches mortes et les autres produits d’origine animale offerts chez Red Robin.

    Red Robin se soucie du traitement « humanitaire » puisqu’il s’apprête à se convertir aux œufs de « poules en liberté » dans les deux prochaines années, afin que vous soyez à l’aise de consommer ses produits.

    Je soutiens qu’il n’y a, en pratique, aucune autre façon d’interpréter ce type d’entente.

    Je suis certain que mes amis à la HSUS croient sincèrement qu’il s’agit d’une bonne chose;  je suis sincèrement en désaccord.

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/06/25/une-association-troublante/

  • "Viande heureuse" : rendre les humains plus à l’aise de manger les animaux (Francione)

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    Chères collègues et chers collègues,

    Deux articles récents du Gourmet Magazine nous montrent la direction claire dans laquelle nous mène le mouvement pour la « viande heureuse » (voyez, p. ex., 1; 2; 3; 4; 5; 6; 7; 8) dont à peu près toutes les grandes organisations de défense du bien-être animal font la promotion.

    Dans le premier article, Politics of the Plate: Humane Beings (18 mai 2009), on nous dit :

    Local, saisonnier, élevé humainement.

    C’est peut-être difficile à prononcer, mais cela pourrait bien être le nouveau mantra des mangeurs consciencieux.

    L’élevage humain d’animaux, qui n’est aujourd’hui pratiqué que par un petit nombre de producteurs, est appelé à exploser dans les prochaines années, devenant une tendance à la mode (et bienvenue), selon les panellistes s’étant adressés au Monterey Bay Aquarium’s Cooking pour la conférence Solutions, tenue la semaine dernière.

    « Je travaille sur de gros projets auxquels je n’avais même jamais rêvé », affirme Tim Amlaw, directeur du programme des animaux de ferme de la American Humane, située à Englewood, CO.

    « Nous allons faire la transition ».

    Amlaw a estimé à environ 3 pour cent des fermes pratiquant l’élevage « des principales espèces d’animaux-protéines » aux États-Unis, celles qui se qualifieraient aujourd’hui pour la certification « humanitaire » offerte par son groupe.

    Il s’attend à ce que ce pourcentage augmente à 35% dans les prochains cinq ans.

    Une des raisons pour lesquelles le moment viendra est l’ensemble des nouvelles lois et des nouveaux règlements.

    En novembre dernier, les Californiens ont adopté la Proposition 2, qui interdit aux fermiers de confiner leurs veaux, leurs truies enceintes et les poules pondeuses dans des enclos ou des cages trop petites pour permettre leurs mouvements normaux.

    « Prop. 2 n’est que la pointe de l’iceberg », dit Marcus Benedetti, président de Clover Stornetta Farms, une ferme laitière certifiée humanitaire.

    « Si les électeurs de cet État savaient ce qui se passait dans le reste du monde de l’élevage, il y aurait référendum après référendum ».

    En plus des projets de règlementation, la tendance vers de meilleures conditions d’élevage est motivée par la demande des consommateurs.

    « Notre organisation a 131 ans », nous apprend Amlaw.

    « Aujourd’hui, pour la première fois, nous passons d’un modèle où le gouvernement pousse les fermiers vers de meilleures pratiques à un modèle où la demande des consommateurs les tire dans la bonne direction.

    La meilleure façon d’amener les corporations à faire des changements est de leur montrer qu’il y a de l’argent à faire.

    Les consommateurs nous disent maintenant :

    « Nous voulons des aliments provenant de source meilleure ». »

    Temple Grandin, auteure et professeure associée en sciences animales à la Colorado State University, se spécialise dans le développement de techniques d’élevage et d’abattage plus humaines.

    Elle a souligné qu’il y avait des avantages financiers aux bonnes pratiques.

    « Et ceux-ci sont liés à la productivité », dit-elle.

    « Les vaches bien traitées donnent plus de lait ; les truies plus de porcelets ».

    Elle ajoute que les porcs et les vaches tués humainement produisent de la viande de meilleure qualité que ceux qui ont souffert d’un stress indu.

    Grandin, qui a mis sur pied un ensemble de règles claires, objectives et numériques pour les procédures d’abattage, travaille actuellement sur son propre programme de certification humanitaire pour les producteurs.

    « Je ne veux pas que ce soit une affaire de marketing », dit-elle.

    « Je vais m’assurer qu’ils font bien ce qu’ils disent faire. »

    Les lois incitatives financièrement et qui resserrent la surveillance sont toutes bonnes, mais Grandin a rappelé aux participants le plus important argument au soutien de l’élevage humanitaire.

    « C’est la bonne chose à faire », dit-elle.

    « Les animaux ressentent la douleur. »

    Remarquez que Grandin confirme que les réformes welfaristes se traduisent par des bénéfices financiers pour les producteurs :

    « C’est une question d’inventaire », dit-elle.

    « Les vaches bien traitées donnent plus de lait; les truies plus de porcelets. »

    Elle ajoute que les porcs et les vaches tués humainement produisent de la viande de meilleure qualité que ceux qui souffrent un stress indu.

    Notez que l’article réfère également aux certifications « humanitaires » dont les grandes organisations welfaristes font la promotion.

    Selon le second article, Humane Slaughterhouses (9 juin 2009) :

    « À mes tous débuts, le traitement des animaux était atroce.

    On donnait continuellement des chocs électriques », dit Temple Grandin, en songeant aux quatre décennies pendant lesquelles elle a conçu des abattoirs humanitaires pour l’industrie de la viande.

    Lorsque Grandin a commencé son travail au début des années ‘70, elle le faisait en adoptant la perspective de la vache, grimpant dans les chutes de transformation pour repérer les ombres, les réflexions, les lumières aveuglantes qui blessaient les animaux et les rendaient inconfortables.

    Grandin, qui a récemment publié son sixième livre, Animals Make Us Human, a travaillé dans la transformation des petites et des grosses usines et a été témoin de conditions cauchemardesques.

    Aujourd’hui, ce dont elle est la plus fière et le système d’audition vidéo qu’elle a créé et qui permet à des tierces parties indépendantes de surveiller les abattoirs en tout temps sur l’internet : Cargill a récemment annoncé qu’il installera le système dans toutes ses usines.

    « J’ai travaillé là-dessus pendant une année entière », admet Grandin.

    « Il devrait être en fonction dans sept ou huit usines de bœuf d’ici la fin de l’année. »

    Alors que plusieurs personnes portent attention à la question de ce qu’implique l’élevage humanitaire d’un animal, bien moins nombreuses sont celles qui questionnent l’idée - et l’évident paradoxe - de l’abattage humanitaire.

    Des mots tels que « ayant pâturé », « nourris de gazon » et « élevés en liberté » sont maintenant synonymes de viande de qualité; ils véhiculent une puissante signification symbolique qui a facilité la bonne conscience de nombreux consommateurs et a conduit plusieurs campagnes de marketing.

    Mais la manière selon laquelle un animal rencontre son destin ultime est normalement ignorée - jusqu’à ce que, bien sûr, nous voyons des vidéos sur YouTube montrant des vaches malades charriées vers leur mort par un bulldozer.

    « Ma perspective sur ce qui est humain couvre plus que la manière dont sont traitées les vaches.

    Elle touche comment nous traitons les humains aussi » affirme Bev Eggleston, fondateur de EcoFriendly Foods.

    Eggleston produit des animaux de différentes espèces dans de petites usines qu’il a construites dans les campagnes de la Virginie, il y a près de 10 ans, inspiré par les méthodes de Grandin.

    Bien que sa production « durable » de viande et de poulets ait atteint un statut de l’ordre du culte parmi les chefs et autres cuisiniers, la réalité associée à la production est loin d’être glamour.

    En raison de la petitesse de son usine (qui emploie 15 travailleurs), de sa certitude inébranlable à l’effet que « l’animal a besoin d’être respecté » et de sa préoccupation pour le bien-être des travailleurs, l’entreprise de Eggleston est dispendieuse et relativement inefficace.

    Alors qu’une usine de viande conventionnelle (qu’il considère comme « sa compétition ») peut traiter 130 poulets par minute, Eggleston et ses travailleurs n’en traitent qu’environ 400 par jour, « le moins que l’on puisse faire tout en conservant la capacité financière d’utiliser notre équipement et de payer tous nos employés ».

    L’an dernier, dit-il, ils en traitaient environ 800 par jour, mais les travailleurs étaient épuisés dès le début de l’après-midi.

    « Un traitement au travail qui soit humain est une préoccupation économique », ajoute-t-il.

    Pour traiter les animaux équitablement, il faut traiter ses employés équitablement.

    « Vous devez considérer les aspects humains nécessaires pour faire ce travail, « mais ils savent que je leur demande d’avoir de la compassion et de la sensibilité ».

    Dan Barber est un des chefs qui bénéficient des petites productions telles que celle d’Eggleston : Barber a servi les viandes d’EcoFriendly à chacun de ses restaurants Blue Hill.

    Pour lui, l’importance d’abattre de manière humaine se manifeste dans la qualité de la viande - mais trouver des abattoirs qui adhèrent à ses standards est relativement difficile.

    Alors qu’il y a une usine de petits animaux comme des poulets et des dindes à Stone Barns, ses grands animaux doivent aller ailleurs, généralement dans des abattoirs du New Jersey ou de la Upper Hudson Valley.

    Il est difficile de créer une demande aux petits éleveurs qui fournissent les autres viandes à ses restaurants, dit Barber, parce que localement, les abattoirs de haute qualité ont presque tous disparu de la Hudson Valley.

    « Les usines de transformation de la viande sont très intéressées par une-seule-grandeur-convient-à-tous », dit-il.

    Il entrevoit un avenir pour les abattoirs itinérants, qui visitent les fermes et abattent des animaux sur le site.

    « C’est vraiment efficace et peu cher » soutient Barber.

    « Et les animaux sont moins stressés parce qu’ils sont traités sur la ferme. »

    Les petits abattoirs ne garantissent pas nécessairement que l’abattage sera humain, par contre.

    « La vitesse de la ligne n’est pas problématique en soi », dit Grandin.

    « Ce qui est mauvais est le manque d’employés et la surpopulation animale de l’usine.

    J’ai vu une petite usine qui était parfaite avec 26 bovins à l’heure et horrible avec 35. »

    Les mauvaises conditions, dit-elle, sont souvent le résultat d’une mauvaise gestion.

    Une large part de son travail a consisté à créer de meilleurs équipements, mais sans un bon usage de ceux-ci, les machines comme les « bolt-stunners » utilisés pour tuer le bétail n’assurent pas une mort douce et sans douleur.

    Une fois de plus, c’est là où le facteur « humain » est si crucial dans l’équation « humanitaire » : alors que la majorité des préposés à l’étourdissement des animaux utilisent l’équipement convenablement, Grandin dit qu’il y a également des sadiques qui doivent être empêchés d’avoir quelque contact que ce soit avec les animaux ou avec la machinerie qui les tue.

    En fin de compte, pour Grandin, le traitement « humain » ou « humanitaire » des animaux est une expression très chargée.

    « Je préfère parler d’abattage à faible stress et sans douleur », dit-elle - idéalement pas plus stressant qu’une piqure de vaccin.

    Le plus gros obstacle, croit-elle, est la quantité.

    « La qualité et la quantité sont deux objectifs opposés », dit Grandin.

    « Mais il existe un équilibre délicat ».

    Temple Grandin, à qui l’on fait référence dans les deux articles, est louangée par la communauté welfariste et a même reçu le Prix du « visionnaire » PETA 2004.

    Le mouvement pour la « viande heureuse » est destiné à rendre le public plus à l’aise à propos de l’exploitation des animaux et à s’assurer que le débat social sur l’éthique animale se désintéresse de la question pertinente - pourquoi mangeons-nous des animaux, considérant que ce n’est pas nécessaire pour la santé des êtres humains, que c’est un désastre écologique et, surtout, que cela implique l’imposition de souffrance et de la mort à des nonhumains sensibles ?

    Le mouvement pour la « viande heureuse » atteint ces objectifs et cela ne représente aucune forme de progrès.

    Tout au contraire.

    Le mouvement pour la « viande heureuse » constitue un grand pas vers l’arrière.

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/06/25/viande-heureuse-rendre-les-humains-plus-a-laise-de-manger-des-animaux/

  • "Et un autre..." (exemple de schizophrénie morale) (Gary Francione)

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    Chères collègues et chers collègues,

    L’Associated Press rapporte l’histoire suivante :

    (AP) Une femme de 23 ans qui avait retenu les services d’un ami pour tuer son terrier Jack Russel a été accusée d’avoir dépecé un chiot pour se faire une ceinture à partir de sa peau.

    Krystal Lynn Lewis et Austin Michael Mullins, 26 ans, ont été détenus vendredi à la prison de Muskogee County et une caution de $25 000 a été imposée à chacun contre leur libération.

    Ils sont accusés d’un crime de cruauté envers les animaux.

    « Nous parlons d’un chiot sans défense, âgé d’environ 6 ou 7 semaines », explique le député du shérif George Roberson.

    « C’est passablement haineux et sadique ».

    Un juge de Muskogee County a ordonné une audience pour déterminer l’aptitude mentale de Lewis à subir son procès.

    Lewis voulait le chiot, nommé Poplin, tué parce qu’il était un cadeau offert par une ex-maitresse avec qui il ne s’entendait pas bien, précise le député du shérif du Muskogee County, George Roberson.

    Roberson a dit que Mullins a tiré 10 coups de pistolet de calibre 22 sur le terrier.

    Lewis a dépecé l’animal à son appartement et a cloué sa peau sur une planche.

    Il était évidemment mal de tuer le chien pour s’en faire une ceinture (ou dans quelque autre but).

    Mais qu’en est-il des vaches et des autres nonhumains qui fournissent les ceintures et les chaussures que presque tout le monde porte ?

    Dans le cas du chien, nous poursuivons pour crime et imposons une caution de $25 000.

    Dans le cas des vaches, nous ne nous attardons pas sur la question.

    Pourquoi ne concevons-nous pas les deux comme « haineux et sadiques » ?

    C’est un autre exemple illustrant à quel point notre manière de réfléchir notre rapport aux animaux est confuse et erronée.

    Nous devons éduquer les autres afin de les amener à se rendre compte qu’ils devraient avoir la même réaction dans le cas de la vache et dans le cas du chien.

    Il n’y a aucune explication rationnelle ou justification morale au soutien d’une réaction différente.

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/06/24/et-un-autre/

  • Les animaux ont une conscience (Sciences et Avenir / Nouvel Obs)

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    Les animaux ont une conscience.

    Ils sont sensibles à la souffrance des autres, savent prévoir l'avenir mais aussi mentir.

    Serions-nous inconscients de la conscience des bêtes ?

    "Quel effet cela fait d'être une chauve-souris ? » , demandait en 1974 le philosophe Thomas Nagel.

    Il soutenait alors que nous n'avions absolument aucun moyen de le savoir sauf... à être une chauve-souris.

    Quelques travaux l'ont démenti depuis.

    Neurobiologistes, éthologues et psychologues ont montré que l'investigation scientifique était possible en matière de conscience animale.

    Résultat ?

    Après des années passées à la recherche de la conscience (lire l'encadré p. 54) et de ses substrats neuronaux chez diverses espèces, le neurobiologiste américain Christof Koch est formel :

    « La conscience n'est pas le propre de l'homme. »

    D'ailleurs, le cerveau humain n'a pas de lobe spécifique ou d'élément inconnu des autres êtres vivants, notamment dans la partie préfrontale, réputée le siège régulateur des pulsions, l' « organe de la civilisation » .

    Il n'y a pas, non plus, d'aire de la conscience, cette fonction impliquant plutôt la collaboration de plusieurs zones.

    Au-delà des grands singes et des mammifères supérieurs, Christof Koch pense, avec les éthologues, que les abeilles, les calmars et même les vers de terre sont capables de comportements sophistiqués, « de sorte qu'on ne peut exclure qu'ils possèdent aussi un certain niveau de conscience ».

    Entraînées, les abeilles ne sont-elles pas capables de classer ce qui est grand et ce qui est petit?

    Cela ne signifie pas, bien entendu, que tous les animaux aient la même conscience.

    Mais, à moins d'être atteint de « mentaphobie » - terme forgé par l'éthologue Donald Griffin pour désigner le déni de toute conscience hors l'espèce humaine -, il est difficile de prétendre encore aujourd'hui que l'animal n'est qu'un automate cartésien aux réflexes stéréotypés, génétiquement programmés ou conditionnés par un apprentissage.

    Il lui serait difficile de survivre s'il n'était sensible aux changements de son environnement et capable de fournir des réponses adaptées.

    Savent-ils qu'ils savent ?

    Toutefois, au-delà de cette conscience spontanée, l'animal a-t-il une conscience réflexive ?

    Par exemple, les animaux savent- ils qu'ils savent ?

    Là encore, certaines de nos préventions sont tombées récemment.

    En 2007, des chercheurs de l'université de Géorgie (Etats-Unis) ont démontré que des rats soumis à des tests répondaient lorsqu'ils savaient qu'ils trouveraient la solution, mais s'abstenaient - préférant une consolation certes inférieure à la récompense en cas de succès, mais sûre - lorsqu'ils ne possédaient pas la réponse, par exemple, lors d'un exercice où ils devaient différencier deux longueurs de son différentes.

    « Les rongeurs avaient donc conscience de ce qu'ils savaient et de ce qu'ils ne savaient pas, commente le biologiste Yves Christen, auteur d'une somme éblouissante sur les capacités des animaux. Jusque-là, seuls des macaques rhésus avaient démontré une telle métacognition. Soumis à des tests de mémoire, ils préféraient parfois passer leur tour, comme certains participants à des jeux télévisés. »

    Il semble que les dauphins possèdent aussi cette capacité, même si les travaux menés sur un individu par David Smith, psychologue de l'université de Buffalo, sont incomplets.

    Santino, chimpanzé facétieux

    Mais le savoir sur le savoir équivaut- il à la conscience ?

    Le savoir animal ne concerne-t-il pas que l'instant présent ?

    Pas du tout.

    Il existe des animaux capables de voyager mentalement dans le temps !

    « Certains ne sont pas prisonniers du présent, assure Josep Call, psychologue à l'institut Max-Planck d'anthropologie et d'évolution de Leipzig (Allemagne), ils peuvent tenir compte des événements du passé et se projeter dans l'avenir. »

    Sous sa houlette, des chimpanzés et un orangoutan ont montré qu'ils savaient patienter 70 minutes pour obtenir une soupe de fruit, plutôt que de se contenter immédiatement du fruit nature.

    Bref, ils ont renoncé à un plaisir immédiat pour un plaisir ultérieur plus grand encore.

    Mieux, ils étaient capables de s'organiser à l'avance, choisissant et conservant en main l'outil qui leur permettrait, quelques heures plus tard, de faire fonctionner une machine.

    Santino, le chimpanzé facétieux d'un zoo de Furuvik (Suède), s'est illustré récemment en amassant des pierres en prévision du moment où il pourrait... bombarder des visiteurs.

    Cependant, dans la nature, les grands singes ne préparent pas leurs outils longtemps à l'avance et les abandonnent après usage, peut- être parce qu'ils trouvent une abondance de matériaux sur place.

    En liberté, seul «le corbeau de Nouvelle-Calédonie, qui fabrique crochets et harpons pour larder les chenilles, emporte parfois ses outils et les réutilise», assure l'éthologue australien Gavin Hunt.

    Plus fort : les geais à gorge blanche testés par Nicola Clayton, de l'université de Cambridge (Royaume- Uni), entre 1998 et 2003, semblent avoir une « mémoire épisodique ».

    La chercheuse a donné aux corvidés des chenilles et des cacahuètes que ces champions de la cachette ont promptement enterrées, selon leur habitude.

    Les geais préfèrent les larves tendres, mais celles-ci perdent leur saveur au bout de cinq jours.

    Or, « si on leur permet de récupérer leurs provisions après quatre jours, ils filent déterrer les chenilles ; mais à partir du cinquième jour, ils choisissent les cacahuètes », explique la biologiste.

    Dans leur fonctionnement mnésique, ces oiseaux utilisent donc les trois critères du processus de mémoire épisodique : le « quoi », le « où » et le « quand ».

    Les geais de Nicola Clayton sont également capables de planquer, en prévision, de la nourriture dans la cage où ils savent que l'expérimentateur ne dépose jamais rien à manger, contrairement aux autres cages.

    Il est évident qu'ils se projettent dans l'avenir.

    Josep Call Certains animaux ne sont pas prisonniers du présent.

    Ils peuvent tenir compte des événements du passé et se projeter dans l'avenir.

    Voyeur voleur

    D'autres tests menés sur les geais et des écureuils montrent qu'ils déplacent leurs trésors, voire font consciencieusement semblant de les enterrer - pour les enfouir discrètement plus loin - s'ils se savent observés par un congénère animal ou par un étudiant.

    Fait troublant, seuls les animaux qui ont déjà dérobé, au moins une fois, la nourriture d'autrui agissent ainsi.

    Pensent-ils que le voyeur peut se transformer en voleur, et s'interrogent- ils sur ses intentions ?

    Une telle disposition mentale est un indice susceptible de démontrer l'existence, chez eux, d'une théorie de l'esprit.

    Justement, à quel point les animaux sont-ils aptes à se mettre mentalement à la place d'un autre (congénère ou expérimentateur) et à lui attribuer des intentions, voire des croyances ?

    Les chiens et les chèvres peuvent apprendre à suivre la direction du regard d'un humain et utiliser efficacement les indices qu'il leur donne pour trouver un aliment.

    La domestication peut expliquer cette aptitude, que l'on a également retrouvée chez les dauphins, les phoques à fourrure, les corbeaux et, tout récemment, les choucas en contact avec l'homme.

    Priés de quémander leur nourriture à deux humains, l'un les yeux bandés, l'autre non, des éléphants se sont adressés à celui qui était susceptible de les voir.

    Curieusement, des chimpanzés ont moins bien réussi ce test dit de Povinelli, du nom de Daniel Povinelli, psychologue de l'université de Louisiane.

    Ce dernier dénie toute théorie de l'esprit aux chimpanzés.

    Mais les conditions de ses expériences ont été vertement critiquées : il aurait notamment testé des chimpanzés trop jeunes, les petits humains échouant également à ces exercices.

    Par ailleurs, d'autres grands singes, testés par David Premack - le premier à avoir postulé l'existence d'une théorie de l'esprit chez les chimpanzés en 1978 - ont réussi des tests similaires ou approchants.

    Le primatologue Michael Tomasello, de l'institut Max-Planck de Leipzig, juge de son côté plus pertinent d'observer ce type d'interactions entre singes et non entre singes et humains.

    Il a obtenu un résultat savoureux : les chimpanzés auxquels on donne le choix entre deux sources de nourriture - l'une visible, l'autre invisible par le mâle dominant - préfèrent s'emparer de l'aliment que le chef ne voit pas.

    Pour pouvoir manger en paix ?

    La dissimulation, fréquente chez les singes, a été mise en évidence lors d'expériences.

    Les primates indiquent par exemple de fausses cachettes de bonbons à un expérimentateur s'ils ont appris à leurs dépens que ce dernier les gardait pour lui.

    Koko, la femelle gorille formée au langage des signes (lire également pp. 8-13), a un gros mensonge à son actif.

    Un jour qu'on lui demandait pourquoi elle avait détérioré un évier, elle accusa l'une de ses instructrices :

    « Kate-évier- mal ».

    Redoutait-elle une semonce ? (lire l'encadré ci-contre.)

    Les tromperies de Dandy, un chimpanzé mâle, ont également stimulé la réflexion de l'éthologue Frans de Waal, de l'université Emory (Atlanta).

    L'animal avait trouvé le moyen de s'accoupler malgré la présence du mâle dominant.

    Il copulait avec sa femelle préférée de sorte que le chimpanzé puisse les voir tous deux en partie, sans toutefois visualiser l'accouplement.

    La femelle, quant à elle, se gardait bien d'émettre le cri qu'elle poussait habituellement avec le dominant.

    Mieux, Dandy neutralisait ses rivaux en alertant le dominant pour qu'il les chasse s'ils venaient à serrer d'un peu trop près « sa » femelle.

    Difficile de lui dénier un savoir sur les intentions d'autrui.

    Le miroir aux dauphins

    Au terme de trente ans d'expériences et d'observations, et même si la question divise toujours les spécialistes, on peut accorder aux chimpanzés une théorie de l'esprit au moins partielle.

    Ils semblent comprendre ce que l'autre voit et sait, et quel est le but de ses actions.

    Pour Josep Call, cependant, « rien ne prouve qu'ils attribuent des désirs ou des croyances à autrui ».

    En revanche, certains grands mammifères semblent avoir conscience d'eux-mêmes.

    Après les chimpanzés, d'autres espèces ont réussi le test du miroir imaginé par le psychologue Gordon Gallup à partir des travaux de Jacques Lacan.

    Ce dernier avait découvert qu'à partir de 18 mois, les jeunes humains confrontés à leur reflet dans une glace exploraient la partie de leur corps qui avait été marquée par une tache.

    Dans les années 1990, Ken Marten, de l'université de Californie (Santa Cruz), a testé cette aptitude sur des lions de mer, des dauphins souffleurs, des orques et des pseudo-orques.

    Ces animaux étant dépourvus de mains, il fallait rechercher chaque fois des comportements suggérant un autoexamen à partir de l'image reflétée : mouvements rythmiques de la tête, émission de bulles... et les distinguer de leurs comportements sociaux face à d'autres congénères.

    Ardu.

    Au final, si les orques et les dauphins s'examinent dans la glace, la réponse est moins claire pour les pseudo-orques, et les lions de mer échouent catégoriquement.

    Derniers en date, des éléphants puis des pies ont traversé avec succès l'épreuve du miroir en 2006 et 2008 !

    Toutefois, l'explication selon laquelle la réussite au test de la tache prouve que l'animal se reconnaît « en tant que lui-même » est remise en question, toujours par le sceptique Daniel Povinelli : il interprète cette réussite dans des termes plus économiques en considérant que les animaux ne se reconnaissent pas dans le miroir comme nous, mais qu'ils reconnaissent leurs mouvements, comme d'ailleurs les jeunes enfants.

    Il s'agirait d'une reconnaissance « kinesthésique ».

    Le débat n'est donc pas clos.

    Métacognition, voyage dans le temps, théorie de l'esprit, reconnaissance de soi...

    Toutes ces aptitudes sont incomparables, selon des chercheurs comme Josep Call, qui se refuse à établir une articulation, encore moins une hiérarchie, entre elles.

    Reste que dans ces expériences, les animaux sont mis en demeure de répondre à nos questions, de parler notre
    langage.

    « Il serait plus intéressant d'observer quelles questions ils se posent spontanément, imagine le biologiste Yves Christen. Cela demande évidemment une tout autre approche, des expériences menées dans un esprit de coopération, voire l'apprentissage - même partiel - par les humains de leur langage. Bien sûr, ce n'est pas pour demain. »

    Comme le dit l'éthologue Boris Cyrulnik :

    « Le jour où l'on comprendra qu'une pensée sans langage existe chez les animaux, nous mourrons de honte de les avoir enfermés dans des zoos et de les avoir humiliés par nos rires. »

    ***

    Christof Koch, A la recherche de la conscience, Odile Jacob, 2006.

    Donald Griffin, La Pensée animale, Denoël, 1998.

    Yves Christen, L'animal est-il une personne ? Flammarion, 2009.

    Mark Bekoff, Les Emotions des animaux, Payot, 2009.

    Karine Lou Matignon, Sans les animaux, le monde ne serait pas humain, Albin Michel, 2000.

    RACHEL MULOT

  • "Un autre exemple de schizophrénie morale" (Gary Francione)

    http://uwpresse.com/SERVER/reportages/MARINE_LIFE/REQUIN_BLANC_ATTAQUE_OTARIES/images/prevs/prev3.jpg

    Chères collègues et chers collègues,

    Depuis maintenant plusieurs années, j’utilise l’expression « schizophrénie morale » pour décrire la manière confuse et illusoire dont nous, humains, pensons le statut moral des animaux nonhumains.

    Ce matin, je suis tombé sur un exemple de schizophrénie morale qui m’a paru remarquable.

    L’Associated Press rapporte l’histoire suivante : Les grands requins blancs chassent exactement comme Hannibal Lecter.

    Selon ce qui est raconté, des personnes apparemment considérées comme des scientifiques soutiennent ce qui suit :

    "Les grands requins blancs ont quelque chose en commun avec les tueurs en série, nous apprend une nouvelle étude : ils n’attaquent pas au hasard, mais traquent des victimes spécifiques, qui tentent de leur échapper.

    Selon une étude publiée en ligne lundi dans le Journal of Zoology, les requins restent à l’écart et observent d’un point de vue ni trop rapproché, ni trop éloigné, chassent stratégiquement et apprennent de leurs précédentes attaques.

    Les chercheurs ont utilisé une méthode servant à comprendre le profil des tueurs en série pour saisir comment chasse ce prédateur sans peur des océans, ce qui est difficile à observer de la surface."

    Réfléchissons à tout ça quelques secondes.

    Les animaux nonhumains seraient comparables à des tueurs en série sous prétexte qu’ils chasseraient de façon stratégique et prendraient des décision délibérées à propos de ce qu’ils vont manger.

    S’agit-il d’une blague ?

    Les chasseurs humains ne font-ils pas la même chose ? Bien sûr que oui.

    L’article continue :

    "Il y a une grosse différence entre les grands requins blancs et les tueurs en série et elle peut être identifiée par les bonnes vieilles méthodes d’enquête : la recherche du motif.

    Les grands requins blancs attaquent pour manger et survivre, pas pour le plaisir.

    Et les grands requins blancs sont des créatures majestueuses qui doivent être sauvées, nous dit Hammerschlag."

    Mais la plupart des chasseurs humains ne chassent pas pour survivre ; ils chassent parce qu’ils aiment traquer et tuer.

    Est-ce que cela ne les rend pas davantage comparables aux tueurs en série, compte tenu de la définition que donne l’auteur de l’article de ces derniers ?

    Il me semble qu’il s’agit là de la conclusion logique à laquelle nous mène inéluctablement l’article.

    Le fait que les animaux nonhumains agissent de manière stratégique pour se procurer de la nourriture ne les distingue pas des chasseurs humains - ou, en l’occurrence, des consommateurs humains qui font des choix alimentaires lorsqu’ils parcourent les allées du supermarché.

    De plus, le comportement des requins (et d’autres nonhumains) consistant à traquer est une preuve assez probante du fait que les nonhumains sont cognitivement sophistiqués et capables de penser rationnellement.

    Comme vous le savez, ma théorie des droits des animaux requiert seulement que les nonhumains soient sensibles pour être des membres à part entière de la communauté morale.

    Aucune autre capacité cognitive n’est nécessaire.

    Cela signifie que, du moment que les animaux sont conscients de leurs perceptions et peuvent ressentir la douleur, nous avons l’obligation morale de ne pas traiter ces animaux comme des ressources à la disposition des êtres humains.

    Mais ce comportement de traqueur indique tout de même que la philosophie occidentale, qui a traditionnellement nié toute pensée rationnelle aux animaux, s’est tout simplement trompée.

    En fait, l’analyse du comportement de chasse des requins que les chercheurs ont offerte constitue une preuve convaincante que certains humains sont incapables de penser rationnellement.

    Afin de nous sentir « supérieurs » et de maintenir le fantasme voulant que le nonhumain soit l’« autre », nous assimilons une activité qui caractérise notre propre comportement (dans le cas des chasseurs humains, l’analogie est beaucoup plus appropriée que dans celui des requins) avec celle d’un « tueur en série ».

    Voilà un exemple illustrant parfaitement à quel point notre raisonnement est confus et erroné ; c’est ce que je veux dire lorsque je parle de schizophrénie morale.

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/06/22/un-autre-exemple-de-schizophrenie-morale/

  • "Pauvre Che Guevara" (Gary Francione)

    http://membres.lycos.fr/guevara/photos/che302sa.jpg

    Chères collègues et chers collègues,

    Bien que je sois opposé à toute violence et que, par conséquent, je n’approuve pas la violence à laquelle a eu recours Ernesto « Che » Guevara pour libérer Cuba de l’emprise du dictateur cubain appuyé par les É.U. Fulgencio Batista, je trouve qu’il est profondément triste de voir la dernière campagne de PETA où la petite-fille du Che, Lydia Guevara, pose à demi nue dans une annonce de la campagne de PETA qui fait la promotion de la « révolution végétarienne ».

    Cette annonce banalise la lutte pour la justice sociale en laquelle le Che croyait et pour laquelle il a donné sa vie.

    Pouvez-vous imaginer Che Guevara « se mettre nu pour la libération plutôt que d’être une marionnette pour les É.U. ? ».

    Non, bien sûr que non.

    En 2007, PETA sortait son State of the Union Undress, un vidéo montrant une femme faisant un strip-tease complet « pour les animaux » qui se terminait sur une citation du Dr. Martin Luther King.

    Dans mes commentaires à propos du vidéo de PETA, je disais :

    Le fait que PETA considère qu’il est approprié de terminer l’enregistrement vidéo d’un strip-tease par une citation de Martin Luther King à propos des injustices est une indication supplémentaire nous permettant de conclure que PETA est prêt à banaliser n’importe quoi et n’importe qui dans le cadre de ses efforts acharnés pour se promouvoir lui-même.

    PETA devrait peut-être se souvenir que Dr. King a fait avancé de manière significative la cause de la justice en se servant de l’intelligence, de la ténacité, de la dignité et du courage, sans jamais se dévêtir pour gagner des droits civils ou utiliser les moyens sensationnalistes et vulgaires qui sont devenus la marque de commerce de PETA.

    Voilà le problème avec les tentatives pathétiques de PETA visant à lier ses campagnes aux luttes pour les droits civils ou pour d’autres luttes pour la justice sociale.

    Les gens impliqués dans ces luttes étaient des gens sérieux qui ont fait de sérieux sacrifices et ont tenté d’amener des changements fondamentaux dans la manière dont les gens pensent.

    PETA ne fait rien de plus que visiter de la publicité et des dons pour lui-même.

    Et c’est dommage.

    De plus, il est tragiquement ironique que PETA utilise des images sexistes alors que Che Guevara, un marxiste engagé, rejette le sexisme.

    Mais j’imagine qu’en fin de compte, ce n'est pas bien important puisque je suppose que la plupart des membres de PETA ne savent pas du tout qui était Che Guevara.

    Dans la mesure où des gens d’ailleurs dans le monde se souviennent du Che, ils seront, comme moi, profondément attristés par cette campagne.

    Et malheureusement, plusieurs utiliseront ce coup de publicité idiot comme excuse pour discréditer les droits des animaux en tant que position éthique sérieuse.

    Che Guevara n’était pas végétarien.

    Peut-être, s’il avait survécu, en serait-il venu à considérer les droits des animaux comme une question sociale sérieuse.

    Je doute, par contre, qu’il y serait arrivé grâce aux campagnes de PETA.

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/06/20/pauvre-che-guevara/

  • "Le contexte fait toute la différence" (Gary Francione)

    http://fc07.deviantart.com/fs35/f/2008/306/6/f/Horse__s_Eye_by_Sugargrl14.jpg

    Chères collègues et chers collègues,

    Le professeur Gary Steiner a porté à mon attention une vidéo intéressante de la Onion News Network.

    Il porte sur l’histoire d’une jeune gymnase ayant été « euthanasiée » par ses parents après avoir souffert de blessures mineures, mais qui affectaient sa carrière.

    Si nous employons le vocabulaire utilisé lorsque des chevaux de course blessés sont « endormis » dans un contexte où des humains sont impliqués, nous obtenons des indices intéressants nous permettant de réaliser que même ceux qui disent « aimer » les animaux font souvent d’eux des marchandises et les perçoivent exclusivement comme des moyens d’atteindre leurs fins.

    Nous entendons également dire que, selon la plupart des gens, le problème serait seulement la souffrance et que, tant et aussi longtemps que la mise à mort serait faite sans douleur, aucune question morale indépendante ne devrait être soulevée.

    Cela sous-entend que l’acte de tuer, en soi, ne causerait pas de tort.

    Nous comprenons facilement le problème lorsque nous appliquons ce raisonnement au contexte humain.

    Si vous aviez tué quelqu’un sans lui causer de douleur et l’aviez fait alors que votre victime dormait et qu’elle ne pouvait savoir que sa mort était imminente, vous auriez tout de même causé un tort à cet individu.

    Bien sûr, vous lui auriez causé un tort encore plus grave si, en plus de la tuer, vous l’aviez également torturée.

    Mais vous lui auriez aussi causé un tort même si vous ne l’aviez que tuée sans lui infliger de douleur ou de souffrance.

    Lorsqu’il s’agit des animaux, la plupart d’entre nous ne comprennent pas cela.

    Nous croyons que le problème entoure la souffrance - pas la mort.

    Nous pensons qu’il est acceptable pour nous d’utiliser les animaux tant que nous les traitons « humainement ».

    C’est là toute la prémisse de l’approche en faveur du bien-être animal : il est moralement acceptable que les humains utilisent les animaux, du moment qu’ils minimisent la souffrance impliquée.

    Cette idée est véhiculée par de nombreux défenseurs des animaux et j’ai déjà écrit à ce propos sur ce site (voyez ce billet par exemple) et d’autres de mes écrits (c’est un des thèmes centraux de Animals as Persons).

    C’est précisément cette idée qui porte les activistes à appuyer des campagnes faisant la promotion des œufs de « poules en liberté » plutôt que de consacrer leur temps et leurs ressources à informer les gens des raisons pour lesquelles ils ne devraient pas manger d’œufs du tout.

    Ces campagnes visant à réformer les normes de bien-être animal ne seraient pertinentes que si l’utilisation des animaux était moralement acceptable et que le problème ne concernait que la manière dont nous traitons ces animaux que nous exploitons.

    Plusieurs welfaristes expriment clairement que tuer des animaux - si c’est fait sans douleur - ne soulève pas de question morale.

    Comme le vidéo d’Onion le démontre, nous jugerions une telle chose absurde dans un contexte humain.

    C’est seulement parce que nous sommes spécistes que nous sommes incapables de voir qu’il est également absurde de soutenir que la mise à mort d’animaux nonhumains - même lorsque ces animaux ne souffrent pas - implique l’imposition d’un tort à ces animaux.

    Devenez végans et ayez recours à des méthodes créatives et non violentes pour parler aux autres du véganisme.

    Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/06/19/le-contexte-fait-toute-la-difference/