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  • Les couteaux, les cages, les gourdins, les cadeaux

    http://voeux.villeronce.com/r/p/champagne-bouchon.jpg

     

    Pour être de la famille, il faut organiser... la communion dans le sang !

    Nous tous les animaux avons le don magique de sentir que nous existons.

    Les cailloux et les trains, les tubercules et les fruits, ne savent rien de la douceur de l'air et de la caresse de l'eau,
    ni n'éprouvent l'émotion de se frotter les uns aux autres.

    Mais pour nous, les animaux, la vie peut être belle.

    Ce sera bientôt notre fête ?

    Les guirlandes sont prêtes, et
    Bientôt on goûtera plus fort qu'à l'habitude la joie d'être réunis.
    Bientôt pleuvront les coups plus forts qu'à l'habitude.
    Et les « paix sur la terre » et les « voeux de bonheur » vogueront
    tranquillement sur une mer de sang plus large qu'à l'habitude.
    Beaucoup des animaux iront au grand festin : les vivants autour de la table et les morts posés au milieu.

    Car le monde, dit-on, est fait de deux moitiés, l'une née pour régner et l'autre pour périr.
    Joyeux Noël, pour qui ?


    Il y aura des sapins, des gentils Pères Noëls, des crèches avec un boeuf et un petit enfant.
    Le boeuf ne humera ni sapins ni paille.
    Il aura le souffle rauque de la bête qui s'affale ; la vie s'échappera par sa gorge tranchée ;
    ensuite les Pères Noël partageront sa dépouille avec les petits enfants.
    Pour qui, la bonne année ?


    Bientôt la Saint Sylvestre, la nuit des bons vivants aux ventres de cimetière.
    Porcelets qu'on ampute de la queue et des dents, veaux traînés à genoux vers le dernier voyage, vous tous les mutilés
    les emprisonnés, les asphyxiés, les gavés, les électrocutés,
    les éventrés, à quoi bon vous débattre ?


    Les bons vivants à la voix mélodieuse couvrent déjà vos cris.
    Ils parlent de terroir et de nappes à carreaux, chantent les bonnes mains calleuses (qui tiennent les tenailles, les embucs, les filets),
    et le talent immense d'exciter les papilles en cuisinant des morts.
    Ou tu parles comme eux ou tu es un peine-à-jouir.


    Pour être de la famille, il faut organiser...
    ... la communion dans le sang !


    Noël ou Nouvel an sans dinde, sans foie gras, sans saumon, sans homard, sans huîtres, sans gibier, sans mousse de canard, sans langouste, sans boudin blanc, sans caviar...
    il manquerait l'essentiel !


    Avoir des invités et n'offrir point de viande, cela ne se fait pas.
    Voyons ce sont nos hôtes, il faut leur faire honneur, leur prouver notre estime, se montrer accueillants !
    Macabre communion au prix d'un sacrifice. Vois combien je t'honore, j'ai immolé pour toi des
    victimes sans compter. Tu es bien mon égal, tu es digne comme moi de moissonner les vies de ceux de l'autre moitié.


    En ces temps généreux, les plus pauvres des élus ne seront pas oubliés.
    Aux réveillons humanitaires, eux aussi recevront leur rondelle de foie gras.
    Puis on les renverra se geler dans les rues, tout oints de dignité.
    Et moi, je me mets où ?


    Moi qui n'ai ni plumes, ni fourrure, ni écailles, je suis par ma figure de la race des saigneurs.
    Comme je voulais leur plaire, qu'ils m'acceptent parmi eux, j'ai fait mine de croire la fable des deux moitiés.
    Je savais tout comme eux savourer le goût du meurtre et rire grassement des cadavres exquis.
    Mais c'est trop cher payer ma place parmi les leurs.


    J'aimerais encore qu'ils m'aiment et pouvoir les aimer, mais je vois trop clairement qu'ils écrasent de sang froid ceux de l'autre moitié, qui sont aussi les miens.
    Plus jamais je ne serai du côté des bourreaux.

    Le jour du grand festin, s'il n'y a que deux camps, je choisis l'autre côté.


    Éventrez-moi vivante comme les autres esturgeonnes.
    Explosez-moi le foie comme aux autres canards.

    Arrachez mes testicules comme aux autres chapons.
    Ecartelez-moi comme les autres grenouilles.
    Ébouillantez-moi comme les autres homards.
    Que vos dents souriantes mettent ma chair en lambeaux comme celle des autres dindes, veaux, chevreuils et saumons.

    Faut-il vraiment choisir entre le pire et le pire ?

    Rejoindre les suppliciés qui vont agoniser, abandonnés de tous ; ou bien les assassins qui poussent vers l'abattoir, la face ricanante qui déjà se pourlèche ?


    Non, non, non, non !
    Je dénonce !
    Je dénonce le médiocre et lâche procédé de mépriser autrui pour mieux se rassurer sur sa propre importance.
    Je dénonce la communauté bâtie sur l'exclusion.
    On peut créer des liens autrement qu'en étant complices des mêmes crimes.
    Oublions l'odieux mythe du monde à deux moitiés, la sinistre machine à fabriquer le malheur.

    Je veux qu'existent en vrai les Pères Noëls gentils, et la paix sur la terre, et la fraternité.
    Que puisse s'épanouir la chaleur animale et la joie d'exister des porcelets joueurs, des canards amoureux et des humains bavards.
    Pour nous tous, les animaux, la vie peut être plus belle.

    Que commence enfin la fête pour de vrai, la fête sans sacrifices !

     

    (D'un ou d'une talentueu-x/-se auteur-e anonyme...)

  • Le foie gras : il a (vraiment) quelque chose que les autres n'ont pas

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    Ce qui accompagne votre foie gras : Torture et Listéria !

    Pour les fêtes, nous l’avons dit bien souvent, consommer du foie gras est un acte de cruauté.

    Un plaisir égoïste au nom d’un conformisme consumériste.

    Si vous prenez la peine de bien vouloir visionner les images du site Stop Gavage, vous comprendrez ce que vous soutenez.

    http://www.stopgavage.com/gavage.php

    Cette année, petite nouveauté que la grande distribution veut bien révéler, le foie gras est contaminé et représente un risque mortel pour l’être humain ! 

    Un distributeur vient déjà de rappeler plus de 700 produits 1.

    Mais cette découverte a eu lieu grâce à un test d’auto-contrôle fait au hasard, c’est-à-dire que vous pouvez consommer du foie gras contaminé.

    Car ce n’est qu’au bout de la chaîne que le distributeur a remarqué cette contamination …

    Manger du foie gras est un acte criminel, sachant que par la suite vous pourrez être porteur sain de la listéria et exposer vos proches les plus fragiles.

    C’est une sorte de bareback2alimentaire, mais dans cette société où triomphe son désir par-delà la souffrance ou le risque mortel pour autrui.

    Refusez le foie gras : Protégez-vous et protégez les !

    1. Voir annonce faite par l’AFP ici :http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5joMlgiDad8XbF6256z-4Xlq7MCtA?docId=CNG.094aef9cc7683edc8dcadf9455f20a22.7d1 
    2. Terme signifiant chevauché à cru et parle des rapports sexuels volontairement non protégés avec le risque et parfois le désir de soit attraper ou donner le virus du SIDA 

    **************************************************************************************

    Vous respectez les animaux, TOUS les animaux ?

    Alors devenez vegan : pas de troisième choix.

  • Faites un cadeau aux animaux pour Noël !

    http://image.spreadshirt.net/image-server/image/composition/19741865/view/1/producttypecolor/28/type/png/width/280/height/280/womens-tank-top-vegan-peace_design.png

    Par où faut-il commencer pour aider les animaux ?

    Pas forcément par Quick ou autres... mais par nous-mêmes !

    Un bon militant, un vrai militant, est un militant végan.

    De même qu'un véritable humanitaire n'exploite ni ne mange les humains qu'il défend, de même un véritable militant pour les droits des animaux n'exploite ni ne mange les nonhumains.

    Profitez de ce Noël pour offrir un cadeau aux animaux en décidant de ne plus les consommer sous quelque forme que ce soit.

    Ne mangez plus leur chair, ne buvez plus leur lait, ne vous habillez plus avec leur peau.

    Devenez vegan.

    http://www.youtube.com/watch?v=aHTNq33cXBQ

  • Délicieuses recettes de gâteaux végans

    millefeuille

    C'est ici : http://www.ptitchef.com/tags/recettes/gateaux-vegan

  • La Catalogne continue dans la bonne voie : un "taureau de feu" interdit

    ABC
     
    En Catalogne, ils n'ont pas mis longtemps, après la journée historique de l'abolition des corridas, à remonter au créneau.
    Maintenant, c'est au tour des tristement célèbres "correbous" d'être interdits.
     
    C'est sur le journal de Madrid ABC qu'a paru cette bonne nouvelle !
     
    La traduction et un "morceau" d'aigreur de Viard sur le Blog http://www.flac.over-blog.com
    ***

    http://flac.over-blog.com/article-un-taureau-de-feu-interdit-en-catalogne-62648327.html

     

    GROSSE COLERE CHEZ LES TORTIONNAIRES DE TAUREAUX A CAMARLES (CATALOGNE)

     

     Leur horrible "correbous" a été interdit !

     

    La Generalitat a arrêté la fiesta parce que, dans cette ville de Tarragone, elle n'est plus de tradition... ABC

     

       Viard a vite réagi, voici un extrait de son texte :
    "À Camarles donc, province de Tarragona, toutes les autorisations préalables avaient été soigneusement demandées, la présence du corps médical et d'ambulances en nombre suffisant attestées, les assurances prises...
    Ne manquait, ce qui était une formalité, que la signature du délégué gouvernemental local (sorte de préfet ou plutôt de commissaire politique), lequel, élu de l'ERC, a refusé de l'octroyer jeudi dernier, deux jours avant la date de la fête.
     
    Un amendement mal interprété, ou mal rédigé, vient toutefois de permettre à un des élus de ERC de contourner cette loi pour faire payer aux habitants de Camarles le piètre score qu'ils leur ont réservé, lequel amendement précisait la notion qu'en France on connaît bien de "tradition ininterrompue".
    Autrement dit, pour les villes ou villages ne pouvant se prévaloir de l'organisation antérieure de corre bous, une autorisation préalable devait être demandée, mesure qui, dans l'esprit des législateurs, avait pour but de permettre de vérifier que toutes les mesures de sécurité serait bien mises en places dans des villages néophytes en la matière. "
     

    Les amateurs de tortures sont furieux :

     

    « Nous avons été trompés et nous sommes indignés », explique le vice-president des Penyes i Comissions Taurines des Terres de l’Ebre (APCTTE), Joaquim Martí.

     

    Ils sont très inquiets car ceci peut ne pas être un cas isolé. 

     

    « Cette décision a créé un précédent dans nos terres et il est très possible que ceci se renouvelle dans d'autres communes".

     

    Surtout qu'il arrive un autre délégué du nouveau Gouvernement CIU, et il se peut qu'il prenne exemple pour recommencer la même manoeuvre dans d'autres villages qui voudront organiser ce genre d'activités taurines.

     

    Comme l'interdiction est arrivée très peu de temps avant le "spectacle", ils n'ont pas pu organiser d'autres activités et n'ont pu qu'obéir à ce que la Generalitat a ordonné.

     

    Il faut applaudir cette sage décision du Gouvernement Catalan.

     

    [...]


    POUR FELICITER LE DELEGUE DE L'ENVIRONNEMENT QUI A INTERDIT CETTE MONSTRUOSITE : llsalvado@gmail.com, Sr. LLUIS SALVADOR.

     

    VOUS POUVEZ LUI ECRIRE EN FRANCAIS.

  • Téléthon / AFM = Vivisection (International Campaigns)

    Téléthon.jpg

    et l'AFM ne s'en cache pas du tout :

    "Situé dans l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes, le centre d’expérimentation animal de Boisbonne est particulièrement bien adapté au développement des génothérapies.

    Ce centre héberge, outre des macaques, plusieurs modèles canins de maladies génétiques orphelines spontanées comme la myopathie (GRMD), les mucopolysaccharidoses (MPS) de type I, VI et VII et la rétinopathie dégénérative, ainsi qu’un modèle félin d’amyotrophie spinale. La capacité d’hébergement en 2005 est de 46 primates, 50 chiens, 10 chats, 20 marmottes, 460 rats et 650 souris.

    Des salles confinées A2 et/ou A3, des blocs opératoires, des salles d’examen et des laboratoires permettent d’évaluer l’efficacité du transfert de gènes et font de ce centre une plate-forme pour les essais précliniques chez les gros animaux.

    Aujourd’hui, plusieurs équipes l’utilisent pour du transfert de gènes dans la rétine, le système nerveux central, le foie et le muscle strié.

    En 2005, une dizaine de projets scientifiques se sont déroulés à Boisbonne, la quasi-totalité était soutenue par l’AFM. "

    Intégralité de la page ici.

    "La recherche nécessite de bons outils d’exploration et de bons outils d’expérimentation.

    C’est pourquoi l’AFM soutient les équipes qui développent des outils d’évaluation de la fonction musculaire ou contribuent à mener les essais pré-cliniques exigés par les agences réglementaires chez l’animal avant le passage aux essais chez l’homme."

    Intégralité de la page .

    Chaque centime donné au Téléthon contribue à faire souffrir et sacrifier des animaux et à faire perdurer la mauvaise science basée sur l'expérientation animale.

    Cliquez ici et   pour en savoir plus.

    http://semaine-mondiale-animaux-laboratoire.org/news/news/telethon/afm-=-vivisection.html

    Grand-messe du Téléthon : torture, vulgarité, obscénité.

  • Romain Gary : toujours incompris en 2010

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    Le 2 décembre, l'émission littéraire "La grande librairie" (France 5) était consacrée à Romain Gary... toujours incompris en 2010.

    Qu'on en juge : http://www.france5.fr/la-grande-librairie/index.php?page=article&numsite=1403&id_article=20390&id_rubrique=1406 (à partir de 16'25", critique éhontée de la deep ecology - confondue d'ailleurs avec les droits des animaux -, etc.).

    La France reste la France, y compris lorsqu'il s'agit de comprendre l'un de ses plus grands écrivains modernes, sinon le plus grand.

    Même ses exégètes (exception faite d'André Asséo, auteur de la pièce Gary/Ajar) se trompent sur ses motivations morales et philosophiques, car Gary parlait bel et bien des droits des éléphants (et des animaux en général), dans Les Racines du ciel notamment : les éléphants n'étaient pas simplement une métaphore des droits de l'homme en danger.

    Intéressant de noter la résistance, pathétique, et le retard moral de l'intelligentsia française sur ces questions.

    Colette en fait également les frais (voir mon étude "Colette ou la sauvagerie" parue dans la revue Synergies Algérie (GERFLINT) n° 7 - 2009 pp. 169-190 : http://ressources-cla.univ-fcomte.fr/gerflint/Algerie7/Pinque.pdf.)

  • "Lettre à l'éléphant" de Romain Gary (Le Figaro Littéraire, mars 1968)

    http://www.deslivres.com/images/products/image/gary-romain.jpg

    Pour le 30e anniversaire de la mort de l'écrivain, qui s'est suicidé à Paris le 2 décembre 1980, Michèle Scharapan a eu la bonne idée de publier sur son blog sa célèbre "Lettre à l'éléphant".

    Romain Gary était un visionnaire, un homme qui dans ses livres parlait déjà des droits des animaux à une époque où cette question était encore en France largement taboue, voire impensable.

    Rappelons qu'il obtint en 1956 le Goncourt pour Les Racines du ciel, premier roman "écologique" (dans le noble sens du mot) s'il en est, où l'on voit le héros Morel se battre au Tchad pour sauver les éléphants.

    http://florianelia.over-blog.com/article-lettre-a-l-elephant-de-romain-gary-62407227.html

    Nick Brandt.jpg

    Monsieur et cher éléphant,
     
    Vous vous demanderez sans doute en lisant cette lettre ce qui a pu inciter à l’écrire un spécimen zoologique si profondément soucieux de l’avenir de sa propre espèce.

    L’instinct de conservation, tel est, bien sûr ce motif.

    Depuis fort longtemps déjà, j’ai le sentiment que nos destins sont liés.

    En ces jours périlleux "d’équilibre par la terreur", de massacres et de calculs savants sur le nombre d’humains qui survivront à un holocauste nucléaire, il n’est que trop naturel que mes pensées se tournent vers vous.

    À mes yeux, monsieur et cher éléphant, vous représentez à la perfection tout ce qui est aujourd’hui menacé d’extinction au nom du progrès, de l’efficacité, du matérialisme intégral, d’une idéologie ou même de la raison car un certain usage abstrait et inhumain de la raison et de la logique se fait de plus en plus le complice de notre folie meurtrière.

    Il semble évident aujourd’hui que nous nous sommes comportés tout simplement envers d’autres espèces, et la vôtre en particulier, comme nous sommes sur le point de le faire envers nous-mêmes.
     
    C’est dans une chambre d’enfant, il y a près d’un demi-siècle, que nous nous sommes rencontrés pour la première fois.

    Nous avons pendant des années partagé le même lit et je ne m’endormais jamais sans embrasser votre trompe, sans ensuite vous serrer fort dans mes bras jusqu’au jour où ma mère vous emporta en disant, non sans un certain manque de logique, que j’étais désormais un trop grand garçon pour jouer avec un éléphant.

    Il se trouvera sans doute des psychologues pour prétendre que ma "fixation" sur les éléphants remonte à cette pénible séparation, et que mon désir de partager votre compagnie est en fait une forme de nostalgie à l’égard de mon enfance et de mon innocence perdues.

    Et il est bien vrai que vous représentez à mes yeux un symbole de pureté et un rêve naïf, celui d’un monde où l’homme et la bête vivraient pacifiquement ensemble.
     
    Des années plus tard, quelque part au Soudan, nous nous sommes de nouveau rencontrés.

    Je revenais d’une mission de bombardement au-dessus de l’Ethiopie et fis atterrir mon avion en piteux état au sud de Khartoum, sur la rive occidentale du Nil.

    J’ai marché pendant trois jours avant de trouver de l’eau et de boire, ce que j’ai payé ensuite par une typhoïde qui a failli me coûter la vie.

    Vous m’êtes apparu au travers de quelques maigres caroubiers et je me suis d’abord cru victime d’une hallucination.

    Car vous étiez rouge, d’un rouge sombre, de la trompe à la queue, et la vue d’un éléphant rouge en train de ronronner assis sur son postérieur, me fit dresser les cheveux sur la tête.

    Hé oui ! vous ronronniez, j’ai appris depuis lors que ce grondement profond est chez vous un signe de satisfaction, ce qui me laisse supposer que l’écorce de l’arbre que vous mangiez était particulièrement délicieuse.
     
    Il me fallut quelque temps pour comprendre que si vous étiez rouge, c’est parce que vous vous étiez vautré dans la boue, ce qui voulait dire qu’il y avait de l’eau à proximité.

    J’avançai doucement et à ce moment vous vous êtes aperçu de ma présence.

    Vous avez redressé vos oreilles et votre tête parut alors tripler de volume, tandis que votre corps, semblable à une montagne disparaissait derrière cette voilure soudain hissée.

    Entre vous et moi, la distance n’excédait pas vingt mètres, et non seulement je pus voir vos yeux, mais je fus très sensible à votre regard qui m’atteignit si je puis dire, comme un direct à l’estomac.

    Il était trop tard pour songer à fuir.

    Et puis, dans l’état d’épuisement où je me trouvais, la fièvre et la soif l’emportèrent sur ma peur.

    Je renonçai à la lutte.

    Cela m’est arrivé à plusieurs reprises pendant la guerre : je fermais tes yeux, attendant la mort, ce qui m’a valu chaque fois une décoration et une réputation de courage.
     
    Quand j’ouvris de nouveau les yeux, vous dormiez.

    J’imagine que vous ne m’aviez pas vu ou pire vous m’aviez accordé un simple coup d’oeil avant d’être gagné par le sommeil.

    Quoi qu’il en soit, vous étiez là ; la trompe molle, les oreilles affaissées, les paupières abaissées et, je m’en souviens, mes yeux s’emplirent de larmes.

    Je fus saisi du désir presque irrésistible de m’approcher de vous, de presser votre trompe contre moi, de me serrer contre le cuir de votre peau et puis là, bien à l’abri, de m’endormir paisiblement.

    Une impression des plus étranges m’envahit.

    C’était ma mère, je le savais, qui vous avait envoyé.

    Elle s’était enfin laissée fléchir et vous m’étiez restitué.
     
    Je fis un pas dans votre direction, puis un autre...

    Pour un homme aussi profondément épuisé que j’étais en ce moment-là, il se dégageait de votre masse énorme, pareille à un roc, quelque chose d’étrangement rassurant.

    J’étais convaincu que si je parvenais à vous toucher, à vous caresser, à m’appuyer contre vous, vous alliez me communiquer un peu de votre force vitale.

    C’était l’une de ces heures où un homme a besoin de tant d’énergie, de tant de force qu’il lui arrive même de faire appel à Dieu.

    Je n’ai jamais été capable de lever mon regard aussi haut, je me suis toujours arrêté aux éléphants.
     
    J’étais tout près de vous quand je fis un faux pas et tombai.

    C’est alors que la terre trembla sous moi et le boucan le plus effroyable que produiraient mille ânes en train de braire à l’unisson réduisit mon coeur à l’état de sauterelle captive.

    En fait, je hurlais, moi aussi et dans mes rugissements il y avait toute la force terrible d’un bébé de deux mois.

    Aussitôt après, je dus battre sans cesser de glapir de terreur, tous les records des lapins de course.

    Il semblait bel et bien qu’une partie de votre puissance se fût infusée en moi, car jamais homme à demi-mort n’est revenu plus rapidement à la vie pour détaler aussi vite.

    En fait, nous fuyions tous les deux mais en sens contraires.
     
    Nous nous éloignions l’un de l’autre, vous en barrissant, moi en glapissant, et comme j’avais besoin de toute mon énergie, il n’était pas question pour moi de chercher à contrôler tous mes muscles. mais passons là-dessus, si vous le voulez bien.

    Et puis, quoi, un acte de bravoure a parfois de ces petites répercussions physiologiques.

    Après tout, n’avais-je pas fait peur à un éléphant ?
     
    Nous ne nous sommes plus jamais rencontrés et pourtant dans notre existence frustrée, limitée, contrôlée, répertoriée, comprimée, l’écho de votre marche irrésistible, foudroyante, à travers les vastes espaces de l’Afrique, ne cesse de me parvenir et il éveille en moi un besoin confus.

    Il résonne triomphalement comme la fin de la soumission et de la servitude, comme un écho de cette liberté infinie qui hante notre âme depuis qu’elle fut opprimée pour la première fois.
     
    J’espère que vous n’y verrez pas un manque de respect si je vous avoue que votre taille, votre force et votre ardente aspiration à une existence sans entrave vous rendent évidemment tout à fait anachronique.

    Aussi vous considère-t-on comme incompatible avec l’époque actuelle.

    Mais à tous ceux parmi nous qu’éc¦urent nos villes polluées et nos pensées plus polluées encore, votre colossale présence, votre survie, contre vents et marées, agissent comme un message rassurant.

    Tout n’est pas encore perdu, le dernier espoir de liberté ne s’est pas encore complètement évanoui de cette terre, et qui sait ?

    Si nous cessons de détruire les éléphants et les empêchons de disparaître, peut-être réussirons-nous également à protéger notre propre espèce contre nos entreprises d’extermination.
     
    Si l’homme se montre capable de respect envers la vie sous la forme la plus formidable et la plus encombrante - allons, allons, ne secouez pas vos oreilles et ne levez pas votre trompe avec colère, je n’avais pas l’intention de vous froisser - alors demeure une chance pour que la Chine ne soit pas l’annonce de l’avenir qui nous attend, mais pour que l’individu, cet autre monstre préhistorique encombrant et maladroit, parvienne d’une manière ou d’une autre à survivre.
     
    Il y a des années, j’ai rencontré un Français qui s’était consacré, corps et âme, à la sauvegarde de l’éléphant d’Afrique.

    Quelque part, sur la mer verdoyante, houleuse, de ce qui portait alors le nom de territoire du Tchad, sous les étoiles qui semblent toujours briller avec plus d’éclat lorsque la voix d’un homme parvient à s’élever plus haut que sa solitude, il me dit :

    "Les chiens, ce n’est plus suffisant. Les gens ne se sont jamais sentis plus perdus, plus solitaires qu’aujourd’hui, il leur faut de la compagnie, une amitié plus puissante, plus sûre que toutes celles que nous avons connues.
     
    Quelque chose qui puisse réellement tenir le coup. Les chiens, ce n’est plus assez. Ce qu’il nous faut, ce sont les éléphants".

    Et qui sait ?

    Il nous faudra peut-être chercher un compagnonnage infiniment plus important, plus puissant encore...
     
    Je devine presque une lueur ironique dans vos yeux à la lecture de ma lettre.

    Et sans doute dressez-vous les oreilles par méfiance profonde envers toute rumeur qui vient de l’homme.

    Vous a-t-on jamais dit que votre oreille a presque exactement la forme du continent africain ?

    Votre masse grise semblable à un roc possède jusqu’à la couleur et l’aspect de la terre, notre mère.

    Vos cils ont quelque chose d’inconnu qui fait presque penser à ceux d’une fillette, tandis que votre postérieur ressemble à celui d’un chiot monstrueux.
     
    Au cours de milliers d’années, on vous a chassé pour votre viande et. votre ivoire, mais c’est l’homme civilisé qui a eu l’idée de vous tuer pour son plaisir et faire de vous un trophée.

    Tout ce qu’il y a en nous d’effroi, de frustration, de faiblesse et d’incertitude semble trouver quelque réconfort névrotique à tuer la plus puissante de toutes les créatures terrestres.

    Cet acte gratuit nous procure ce genre d’assurance "virile" qui jette une lumière étrange sur la nature de notre virilité.

    Il y a des gens qui, bien sûr, affirment que vous ne servez à rien, que vous ruinez les récoltes dans un pays où sévit la famine, que l’humanité a déjà assez de problèmes de survie dont elle doit s’occuper sans aller encore se charger de celui des éléphants.

    En fait, ils soutiennent que vous êtes un luxe que nous ne pouvons plus nous permettre.
     
    C’est exactement le genre d’ arguments qu’utilisent les régimes totalitaires, de Staline à Mao, en passant par Hitler, pour démontrer qu’une société vraiment rationnelle ne peut se permettre le luxe de la liberté individuelle.
     
     
    Les droits de l’homme sont, eux aussi, des espèces d’éléphants.

    Le droit d’être d’un avis contraire, de penser librement, le droit de résister au pouvoir et de le contester, ce sont là des valeurs qu’on peut très facilement juguler et réprimer au nom du rendement, de l’efficacité, des "intérêts supérieurs" et du rationalisme intégral.

    Dans un camp de concentration en Allemagne, au cours de la dernière guerre mondiale, vous avez joués, monsieur et cher éléphant, un rôle de sauveteur.
     
    Bouclés derrière les barbelés, mes amis pensaient aux troupeaux d’éléphants qui parcouraient avec un bruit de tonnerre les plaines sans fin de l’Afrique et l’image de cette liberté vivante et irrésistible aida ces concentrationnaires à survivre.

    Si le monde ne peut plus s’offrir le luxe de cette beauté naturelle, c’est qu’il ne tardera pas à succomber à sa propre laideur et qu’elle le détruira.

    Pour moi, je sens profondément que le sort de l’homme, et sa dignité, sont en jeu chaque fois que nos splendeurs naturelles, océans, forêts ou éléphants, sont menacées de destruction.
     
    Demeurer humain semble parfois une tâche presque accablante ; et pourtant, il nous faut prendre sur nos épaules an cours de notre marche éreintante vers l’inconnu un poids supplémentaire : celui des éléphants.

    Il n’est pas douteux qu’au nom d’un rationalisme absolu il faudrait vous détruire, afin de nous permettre d’occuper toute la place sur cette planète surpeuplée.

    Il n’est pas douteux non plus que votre disparition signifiera le commencement d’un monde entièrement fait pour l’homme.
     
    Mais laissez-moi vous dire ceci, mon vieil ami : dans un monde entièrement fait pour l’homme, il se pourrait bien qu’il n’y eût pas non plus place pour l’homme.

    Tout ce qui restera de nous, ce seront des robots.

    Nous ne réussirons jamais à faire de nous entièrement notre propre oeuvre.

    Nous sommes condamnés pour toujours à dépendre d’un mystère que ni la logique ni l’imagination ne peuvent pénétrer et votre présence parmi nous évoque une puissance créatrice dont on ne peut rendre compte en des termes scientifiques ou rationnels, mais seulement en termes où entrent teneur, espoir et nostalgie.

    Vous êtes notre dernière innocence.
     
    Je ne sais que trop bien qu’en prenant votre parti - mais n’est-ce pas tout simplement le mien ? - je serai immanquablement qualifié de conservateur, voire de réactionnaire, "monstre" appartenant à une autre évoque préhistorique : celle du libéralisme.

    J’accepte volontiers cette étiquette en un temps où le nouveau maître à penser de la jeunesse française, le philosophe Michel Foucault, annonce que ce n’est pas seulement Dieu qui est mort disparu à jamais, mais l’Homme lui-même, l’Homme et l’Humanisme.
     
     C’est ainsi, monsieur et cher éléphant, que nous nous trouvons, vous et moi, sur le même bateau, poussé vers l’oubli par le même vent puissant du rationalisme absolu.

    Dans une société, vraiment matérialiste et réaliste, poètes, écrivains, artistes, rêveurs et éléphants ne sont plus que des gêneurs.
     
    Je me souviens d’une vieille mélopée que chantaient des piroguiers du fleuve Chari en Afrique centrale.

    "Nous tuerons le grand éléphant
     
    Nous mangerons le grand éléphant
     
    Nous entrerons dans son ventre
     
    Mangerons son coeur et son foie..."
     
    (..) Croyez-moi votre ami bien dévoué.
     
    Romain Gary