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Go vegan! - Page 20

  • L'héritage de Lennox (Gary Francione)

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    Lennox en prison, avant son exécution le 11 juillet 2012

    L'héritage de Lennox

    Hier, mercredi 11 juillet 2012, Lennox, que l’on prétendait être un pitbull, a été exécuté par le Conseil Municipal de Belfast, Irlande.

    Les pitbulls sont illégaux en Irlande du Nord.

    Une campagne internationale pour sauver Lennox s’était mise en place, et la mort du chien soulève aujourd’hui l’indignation du monde entier.

    Et c’est normal.

    Ce n’est rien d’autre que de l’ignorance que de considérer les pitbulls comme méchants.

    Quiconque connaît un tant soit peu ces chiens sait qu’ils sont doux et aimants, et qu’historiquement ils avaient pour rôle d’être babysitters pour les enfants humains.

    Certains pitbulls sont-ils méchants ?

    Oui, mais ce sont des humains qui les ont rendus tels.

    Et d’après ce que j’ai lu, l’affirmation des autorités de Belfast comme quoi Lennox était méchant, ou qu’il s’avérait, pour X raison, « nécessaire » de le tuer, ne reposait sur aucune preuve.

    Mais l’histoire de Lennox a un sens plus profond.

    Le monde entier s’indigne parce qu’il n’y avait aucune justification pour procéder à son exécution.

    Le Conseil Municipal de Belfast a mal agi.

    Mais que dire des 150 millions d’animaux nonhumains — sans compter les poissons — tués chaque jour à travers le monde pour la nourriture ?

    Chacun de ces animaux est aussi innocent et vulnérable que l’était Lennox.

    Et il n’y a aucune justification non plus aux souffrances et à la mort que nous leur imposons.

    Nous tuons et mangeons les animaux parce que nous trouvons qu’ils ont bon goût ; nous avons pris cette habitude à seule fin de satisfaire notre plaisir gustatif.

    Rien de plus.

    Beaucoup de ceux et celles qui ont protesté contre l’exécution de Lennox et désapprouvent les actes du Conseil Municipal de Belfast font pourtant exactement la même chose que ce que le Conseil Municipal de Belfast a fait avec Lennox : ils décident qui va vivre et qui va mourir.

    L’indignation internationale soulevée par cette injustice montre qu’un grand nombre d’entre nous se soucient moralement des non-humains.

    Si nous pouvions transformer cette étincelle en feu, et généraliser ce souci moral de sorte que tous ceux qui sont bouleversés par la mort de Lennox puissent de la même façon s’indigner de la mort des milliards d’animaux assassinés annuellement pour la nourriture, alors nous aurions enfin un véritable mouvement pour les droits des animaux.

    Le mouvement pitoyable de la « viande heureuse », de la « consommation compassionnelle » qui existe actuellement n’a rien à voir avec les droits des animaux ; mais il a tout à voir avec la volonté de rendre les gens plus à l’aise par rapport au fait de consommer les non-humains.

    Lennox a été tué injustement.

    Ce qui est arrivé est un grand mal.

    Ceux qui s’indignent de ce qui est arrivé à Lennox doivent reconnaître que continuer à consommer les animaux ne nous rend pas différents du Conseil Municipal de Belfast.

    Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le.

    Sensibilisez les autres de manière créative et non-violente au véganisme, et faites-leur comprendre que le véganisme est la seule réponse rationnelle à la reconnaissance du fait que les animaux importent sur le plan moral.

    Et si nous avons la possibilité d’adopter un animal sans foyer de n’importe quelle espèce, alors faisons-le.

    Si vous prévoyez d’adopter un chien, pourquoi pas un pitbull ou un chien du même genre ?

    Ce sont des chiens formidables !

    Laissons notre conscience s’éveiller à la justice pour tous les animaux nonhumains : voici le message que Lennox nous lègue.

    Gary L. Francione
    Professeur, Rutgers University
    ©2012 Gary L. Francione

    http://www.abolitionistapproach.com/the-legacy-of-lennox/

    Traduction : Méryl Pinque

  • A propos des Manifestations pour la Libération Animale et du sens du mot « abolition »

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    Cet article devait initialement paraître en début d'année dans la revue Vegmag qui entre-temps a disparu.

    Pour la première fois en France, un cycle de manifestations abolitionnistes (appelées « Manifestations pour la Libération Animale »), initié par Dominique Joron et Nathalie Breuil, a lieu depuis janvier 2012 dans plusieurs villes de France, chaque premier samedi du mois.

    L’abolition des diverses pratiques d’exploitation des animaux y est clairement revendiquée, aussi bien sur les panneaux brandis par les militants que sur le texte de présentation[1].

    Fort étrangement pourtant, le terme de « véganisme » n’apparaît pas ou apparaît peu sur les divers supports relayant l’événement, alors que le véganisme éthique constitue le fondement même du mouvement pour les droits des animaux.

    Cette absence relative d’un terme qui, en France, continue de gêner et de générer des discordes profondes au sein du « mouvement » animaliste actuel (un mouvement essentiellement welfariste, qui démontre chaque jour davantage son inutilité et son obsolescence, sinon sa totale contre-productivité), n’est pas un hasard si l’on considère que seuls les végans sont moralement justifiés à participer à ce genre de manifestations, qui sont l’occasion pour nous de rappeler ici quelques fondamentaux, à commencer par le sens du mot « abolitionnisme ».

    Le terme est né en Occident à la fin des années 1770 et désigne la lutte pour la suppression de l’esclavage des humains.

    Il qualifiera ensuite plus généralement l’ensemble des mouvements œuvrant pour le bannissement de lois, de traditions ou d’institutions telles que la peine de mort, la torture ou la prostitution.

    C’est, au XVIIIe siècle, un concept d’une nouveauté radicale, car, contrairement aux mouvements précédents qui ne faisaient que s’opposer à une pratique, qu’ils voulaient la plupart du temps simplement assouplir, l’abolitionnisme proposait en plus un modèle de société et d’économie alternatif — or nous savons à quel point l’aspect économique est capital dans l’exploitation animale.

    Dans le contexte animaliste, l’abolitionnisme vise au bannissement de toutes les pratiques d’exploitation des animaux ainsi que de leur mise à mort.

    Il vise à restituer leurs droits fondamentaux aux êtres sentients nonhumains et à les garantir de l’esclavage (c’est-à-dire du fait d’être traités comme des produits et des ressources humaines), de la souffrance et de la mort imposées.

    Par conséquent, un abolitionniste, c’est-à-dire un partisan de l’abolition de l’exploitation animale, est nécessairement végan.

    Aussi les personnes prenant part à ce cycle de manifestations abolitionnistes doivent-elles être véganes.

    Or, depuis le départ, nous entendons ici et là des « appels » à ce que même des non-végans aient le droit de militer dans le cadre de ces manifestations, au nom de la « tolérance » et de l’ « ouverture d’esprit ».

    Sur la page Facebook de l’événement, on découvre d’ailleurs, dans la liste des participants et des sympathisants, les noms de personnes non-véganes, ce qui va clairement à l’encontre de l’événement lui-même, trahit les intentions des organisateurs et fausse le sens et la portée du message abolitionniste.

    Paradoxalement, ceux qui appellent à la « tolérance » envers les non-végans sont également ceux qui n’admettent pas que l’on affirme que les mots ont un sens et que les mots sont importants.

    Ils n’admettent pas que l’on puisse dire que l’abolitionnisme exclut nécessairement les non-végans et coupent court à toute discussion sous prétexte que c’est là un débat « inutile », du « temps perdu », et qu’à la place nous devons nous « concentrer sur les animaux ».

    Or précisément, tout le problème est là : nous militons pour les animaux, et c’est bien d’eux, et seulement d’eux, qu’il s’agit.

    La philosophie végane abolitionniste est très simple et rationnelle : l’on ne peut prétendre défendre les animaux si par ailleurs on participe directement à leur exploitation en consommant des produits d’origine animale.

    Le véganisme est le seul mode de vie moralement cohérent dès lors qu’on prétend défendre les droits des animaux.

    Un « humanitaire » qui violerait les enfants qu’il est chargé de protéger ne serait plus un humanitaire, mais un exploiteur, et nul ne tolérerait qu’il participe à une marche blanche pour les droits des enfants.

    De la même façon, un « animaliste » qui consomme des produits d’origine animale n’est plus un défenseur mais un exploiteur, en ce qu’il consomme des produits qui ne peuvent être obtenus que par l’exploitation, la torture et la mort de ceux-là mêmes qu’il prétend respecter.

    Qu’il accepte ou non de le reconnaître, un exploiteur ne respecte pas l’exploité, et ne saurait décemment militer pour celui-ci ni pour la fin de son exploitation.

    Ces manifestations lancées par Dominique et Nathalie sont des manifestations abolitionnistes.

    Par conséquent, nul non-végan n'a la légitimité d'y participer — sauf si bien sûr la personne a réfléchi entre-temps à l’incohérence de son comportement, à l’absence de conformité entre ce dernier et le principe de respect de la personne animale (dont elle affirme par ailleurs reconnaître la validité), et qu’elle mette tout en oeuvre, à commencer sa propre volonté, pour devenir végane le plus tôt possible.

    Le fait que des végétariens et d’autres consommateurs de produits d’origine animale participent à une manifestation abolitionniste est, à notre sens, extrêmement grave en ce qu’il gauchit le message initial et fait croire au grand public qu’il est à la fois possible de lutter contre un problème X tout en étant à l’origine de ce même problème X.

    Il est tout à fait tragique de constater que, pour la première fois qu’en France de telles manifestations abolitionnistes sont inaugurées sur le long terme, et alors même qu’elles prennent leurs distances avec le welfarisme et les campagnes ciblées, elles se voient néanmoins trahies dans leur essence par des éléments non-végans qui n’ont rien à faire en leur sein, et « remises » malgré elles sur les rails du welfarisme traditionnel.

    A ce stade de notre article, nous devons d’ailleurs émettre une critique à l’égard du texte de présentation de ces manifestations, qui concerne la formulation de la revendication suivante :

    « Abolition des productions de viande, lait, œuf. »

    Abolir la production de produits d’origine animale ne veut rien dire.

    C’est un peu comme si vous vouliez stopper une hémorragie non pas à partir de la blessure initiale, mais du coton qui l’éponge.

    C’est parce que les gens demandent des produits d’origine animale que les exploiteurs existent.

    Tant que l’on n’aura pas aboli, en amont, la demande en produits d’origine animale, il est évident que les exploiteurs continueront d’exister en aval, pour satisfaire ladite demande.

    De même pour la prostitution : s’il n’y avait pas de « clients » en amont, il n’y aurait pas de prostitué-e-s en aval.

    Il ne sert à rien de pénaliser les proxénètes et les prostitué-e-s qui ne font que répondre à la demande de certains hommes.

    Par conséquent, l’on ne peut abolir la prostitution que si l’on rend la demande du client illégale.

    De la même façon, l’on ne peut abolir l’exploitation animale que si l’on supprime la demande en produits d’origine animale.

    Le jour où la demande baissera, voire stoppera, alors plus personne ne songera à exploiter les animaux ni à vendre le produit de leur exploitation, parce que cela ne rapportera plus rien.

    Et la seule façon de voir un jour supprimée la demande en produits d’origine animale, c’est de montrer soi-même l’exemple dès maintenant en devenant végan et en sensibilisant pacifiquement les gens au véganisme.

    Dire que l’on veut abolir la production de produits d’origine animale et non la consommation de ces mêmes produits, constitue une déresponsabilisation pure et simple du client/consommateur qui, par sa demande, crée lui-même, et à lui seul, l’exploitation[2].

    Et comme par hasard, ceux qui, au sein du « mouvement », appellent à la « tolérance » envers les non-végans sont précisément les non-végans eux-mêmes, qui voudraient — sans mauvais jeu de mots — avoir le beurre et l’argent du beurre, c’est-à-dire le droit à une conscience propre tout en continuant d’exploiter les animaux en consommant les substances issues de leurs corps (viande, œufs, produits laitiers, cuir, soie, miel, laine, etc.), ce qui est évidemment impossible.

    On ne respecte pas les animaux lorsqu’on consomme des produits d’origine animale.

    Prétendre le contraire relève de la mauvaise foi, de l’hypocrisie ou de l’ignorance.

    Même si d’aucuns peuvent choisir de nier la définition de l’abolitionnisme, il n’en reste pas moins qu’être abolitionniste, c’est œuvrer pour la fin de l’exploitation animale, et qu’œuvrer pour la fin de l’exploitation animale, c’est être végan puisqu’une personne consommant un ou des produits d’origine animale participe directement à l’exploitation et ne saurait donc, dans les faits et en philosophie, œuvrer contre.

    C’est là une question de logique pure : si vous luttez contre un problème X, vous ne pouvez parallèlement créer ou alimenter ce même problème X.

    Les abolitionnistes doivent également faire face à une autre catégorie d’opposants, plus subtils, qui peuvent être végans tout en étant partisans de la politique des « petits pas » ou encore de ce que l’on appelle en philosophie le « graduellisme », par opposition à l’ « immédiatisme ».

    Ils sont ce que Gary L. Francione nomme les « néowelfaristes », c’est-à-dire les personnes qui défendent la position selon laquelle l’amélioration graduelle du bien-être animal mènera à long terme à l’abolition de l’exploitation, qui ont foi en l’efficacité des campagnes ciblées et ne croient pas en la nécessité pratique et morale de l’approche végane abolitionniste.

    Dans le cadre de l’abolition de l’esclavage humain, les « immédiatistes » étaient de la même manière en butte aux attaques des « graduellistes », dont certains instrumentalisaient le mouvement afin de retarder l’abolition effective de l’esclavage.

    De la même manière, certains welfaristes ou néowelfaristes n’ont aucun intérêt — financier — à ce que l’exploitation animale disparaisse.

    L’exemple des partenariats entre grosses associations animalistes et exploiteurs, notamment aux Etats-Unis (mais pas seulement), en est la preuve.

    Les grosses associations animalistes n’ont aucun intérêt à ce que l’exploitation animale prenne fin parce qu’elles vivent de l’exploitation animale.

    Elles gagnent de l’argent en plébiscitant de fausses victoires pour les animaux, quand la réalité est tout autre : jamais les animaux n’ont été autant exploités qu’aujourd’hui ni en aussi grand nombre, et le welfarisme, tout comme les campagnes ciblées, ont démontré leur invalidité pratique.

    Mais si l’on veut continuer à avoir de nombreux donateurs, alors on est forcé de faire des compromis avec les exploiteurs.

    On se met à créer, avec eux, des labels viande/produits laitiers/œufs « heureux », ménageant ainsi les adhérents, qui continueront de faire de généreux dons et de consommer des produits d’origine animale en toute bonne conscience puisque les associations mêmes auxquelles ils adhèrent ont apposé leur label sur lesdits produits.

    Seulement, l’abolitionnisme refuse la mauvaise foi.

    Il refuse la bonne conscience.

    Il met les gens face à leurs responsabilités morales.

    Appeler, comme certains le font, à la « tolérance » ou à l’ « ouverture d’esprit » vis-à-vis des végétariens et des autres consommateurs de produits d’origine animale n’est rien d’autre que du spécisme, car personne ne songerait à lancer ce genre d’appel si des exploités humains étaient en jeu.

    Nul militant pour les droits des humains ne songerait à être « tolérant » envers une personne raciste, sexiste ou homophobe.

    Dire qu’il faut être tolérant envers les non-végans prouve une chose : que l’on ne prend pas les animaux tout à fait autant au sérieux qu’on le prétend, qu’on ne les juge, enfin, pas les égaux des humains.

    Etre abolitionniste, c’est nécessairement être végan, et vice-versa.

    C’est abolir la frontière illusoire qui, pour le moment, compartimente l’exploitation animale, faisant accroire aux gens que certaines formes d’exploitation sont pires que d’autres, ou qu’il existe une différence morale pertinente entre la viande et les autres produits d’origine animale.

    Or la vérité est la suivante : il y a autant de souffrance, sinon plus, dans un yaourt ou une omelette que dans un steak, et il n’est pas d’exploitation « heureuse ».

    Il ne s’agit pas de juger les non-végans, mais de les mettre face à leurs responsabilités et de leur dire la vérité, à savoir que toute consommation de produits d’origine animale implique d’exploiter, de faire souffrir et de tuer les animaux.

    Devenir végan est facile.

    C’est la moindre des choses que nous devons aux animaux, à savoir les respecter intégralement en tant qu’individus et ne pas participer à leur exploitation en consommant les produits issus de leur esclavage, de leur torture et de leur mort.

    Soyons tous des végans abolitionnistes.

    Il s’agit là d’un impératif moral dont dépendent la validité et la légitimité du mouvement.

    Reconnaître le véganisme comme la base morale du mouvement des droits des animaux ne doit souffrir aucune équivoque, et toute tergiversation, tout compromis, tout laps de temps mis entre cet impératif moral et l’action abolitionniste doit être éliminé, parce qu’on ne transige pas avec l’injustice, et qu’on ne doit pas tolérer l’intolérable.

    Méryl Pinque

    Vegan.fr


    [1] Consultable en ligne sur : https://www.facebook.com/events/228535073881497/

    [2] Nous avons conscience qu’il s’agit, dans le cas de Dominique et Nathalie, d’une erreur de formulation involontaire.

  • Nous sommes tous des Luka Rocco Magnotta

    http://media.paperblog.fr/i/334/3347268/steak-tartare-art-L-1.jpeg

    Opérations d'abattage, désossage, coupe et découpe.

    Les ventes d'animaux de boucherie morts ou vifs sont soumises au taux réduit de 7 % (CGI art. 278 bis-3°).

    Les animaux de boucherie sont définis comme des produits d'origine agricole non transformés (doc. adm. 3 C 2121-2).

    Les carcasses, les demi-carcasses, la viande en quartier et les produits du cinquième quartier sont des produits d'origine agricole transformés (doc. adm. 3 C 2122-3).

    Toutefois dès lors que ces produits sont susceptibles d'être utilisés en l'état dans l'alimentation humaine, ceux-ci sont considérés comme des produits alimentaires (doc. adm. 3 C 211-1 et 2).

    En conséquence, ces produits sont soumis au taux réduit de 5,5 % (CGI art. 278-0 bis-A-1°).

    S'agissant des travaux à façon permettant l'obtention de la viande à partir d'un animal de boucherie, la doctrine administrative (BO 3 C-3-09) précise que ces opérations prennent le taux du produit obtenu (CGI art. 278 bis-3°).

    Le produit obtenu étant de la viande taxée à 5,5 %, l'ensemble des opérations d'abattage, de découpe, de conditionnement (dont l'opération de dévertébration), de classement des carcasses et d'emballage sont donc soumises au taux réduit de 5,5 %.

    La solution est identique pour les prestations nécessaires à l'obtention des produits du cinquième quartier.

    Par ailleurs, lorsque les redevances sanitaires d'abattage et de découpage (CGI, ann. III, art. 111 quater A et L) et la taxe d'abattage (CGI art. 1609 septvicies) font l'objet d'une mention sur la facture, elles ne peuvent être exclues de la base d'imposition à la TVA de l'opération de l'abattoir qui en est le redevable légal.

    Elles sont donc soumises au taux dont relève cette opération dont elles constituent un élément du prix (CGI art. 267-I-1°).

    En outre, si le test ESB facturé par le laboratoire à l'abattoir supporte le taux normal de la TVA, lorsque ce test est répercuté par l'abattoir à son client, il est soumis au taux réduit de 5,5 %.

    Ce test ESB est en effet obligatoire pour que la carcasse soit déclarée consommable par les services vétérinaires.

    Cela étant, les produits extraits des animaux de boucherie et qui ne sont pas destinés à être consommés en l'état par l'homme, tels que la dépouille y compris le cuir salé, le sang non alimentaire, les suifs, les graisses, les os (doc. adm. 3 C 2121-3) sont soumis au taux réduit de 7 % (CGI art. 278 bis-3°).

    Le sang classé « alimentaire » et les os à moelle étant destinés à être consommés en l'état par l'homme (BO 3 C-1-12), ils sont soumis au taux réduit de 5,5 %.

    En ce qui concerne l'entrée en vigueur des mesures présentées ci-dessus et l'obligation pour les professionnels de réaliser des factures rectificatives, trois périodes sont à considérer.

    Du 1er janvier au 10 février 2012, le projet d'instruction fiscale ayant prévu que les produits d'origine agricole non transformés, lorsqu'ils sont destinés de façon indiscutable à l'alimentation humaine, soient soumis au taux réduit de 5,5 % de la TVA, notamment les animaux de boucherie, il ne sera pas exigé de facture rectificative sur cette période pour les abattoirs ayant appliqué ces dispositions.

    Du 11 février à la date de publication du présent rescrit, par tolérance administrative et dans la mesure où cette dérogation n'est pas de nature à léser les intérêts du Trésor dès lors que les entreprises de la filière sont des déducteurs intégraux de la TVA, il n'est pas demandé de facture rectificative de la part des abattoirs qui ont vendu à tort certains de leurs produits au taux réduit de 7 %.

    En conséquence, leurs clients peuvent déduire l'intégralité de la taxe qui a grevé leurs achats facturés au taux de 7 % jusqu'à cette date.

    A compter de la date de publication du présent rescrit, les taux s'appliquent comme indiqué ci-dessus.

    Rescrit 2012-33 TCA du 1er mai 2012

    http://revuefiduciaire.grouperf.com/depeches/26325.html

  • Demain 2 juin à Paris : VEGFEST de 13 à 19 h

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    Toutes les infos ici : http://vegfest.fr/
     
    L'asso Vegan.fr triendra un stand.

    Venez nous retrouver, goûtez à nos délicieuses pâtisseries véganes et devenez végans si vous ne l'êtes pas encore.

    Surtout si vous venez de participer à la "Marche pour la fermeture des abattoirs" : un peu de cohérence ne nuit pas !

  • "Souci moral, impulsion morale et argumentation logique dans la défense des droits des animaux" (Gary Francione)

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    Quiconque a fait de la protection animale s’est trouvé en position d’expliquer rationnellement pourquoi l’exploitation des animaux ne peut se justifier sur le plan moral, pour se voir répondre au bout du compte des choses comme : « Oui, c’est intéressant, mais je ne crois vraiment pas qu’il soit mal de consommer des produits d’origine animale », ou : « Votre raisonnement est parfaitement logique, mais il se trouve que j’aime la crème glacée et le fromage et que je continuerai d’en manger. »

    Comment cela peut-il être ? Comment les gens peuvent-ils rejeter des arguments logiques et rationnels ?

    La réponse est simple : la logique et la rationalité sont cruciales dans le cadre d’une analyse morale. Mais elles ne sont pas en mesure de tout nous dire à propos du raisonnement moral. Celui-ci se révèle plus compliqué que les syllogismes logiques. Le raisonnement moral — sur les animaux ou autre — requiert quelque chose de plus que la logique. Ce quelque chose d’autre implique deux notions étroitement liées mais conceptuellement distinctes : le souci moral et l’impulsion morale, qui précèdent notre engagement au niveau rationnel ou logique.

    Pour replacer cela dans le contexte de l’éthique animale : afin d’admettre un argument qui mène à la conclusion que tous les êtres sentients sont des membres à part entière de la communauté morale et que nous devons abolir, et non réglementer, l’exploitation animale, vous devez vous soucier moralement des animaux. Pour ce faire, vous n’avez pas nécessairement à les « aimer ». Mais vous devez admettre qu’au moins certains d’entre eux sont des membres de la communauté morale ; qu’ils sont des personnes morales nonhumaines envers qui nous avons des obligations morales directes.

    Et vous devez vouloir agir, à leur égard, moralement et avec respect ; vous devez avoir une impulsion morale les concernant. Vous devez éprouver vos convictions morales en ce sens que vous voulez faire, pour les animaux, ce qui est juste. Si tel est votre cas, la logique et la rationalité peuvent être utiles pour produire des arguments irréfutables quant au fait que tous les êtres sentients ont un statut moral, et que nulle sorte d’exploitation animale ne peut se justifier moralement.

    Mais si vous ne vous souciez pas moralement des animaux, si vous ne voulez pas bien agir à leur égard, alors tous les arguments du monde ne serviront pas à grand-chose. Si vous estimez ne rien leur devoir, vous ne serez guère intéressés par le fait de savoir envers quels animaux nous avons des obligations morales directes, ou par ce que ces obligations exigent que nous fassions.

    Logique et rationalité : nécessaires mais pas suffisantes

    Dans mon livre Introduction to Animal Rights: Your Child or the Dog?, j’avance un grand nombre d’arguments basés sur la logique et la rationalité. En voici un :

    1. Le fait d’infliger de la souffrance à quelque être sentient que ce soit exige une justification morale suffisante. Or le plaisir, l’amusement ou le confort ne peuvent être considérés comme des justifications suffisantes pour imposer de la souffrance à un être sentient.

    2. La plus « humaine » des agricultures animales implique que l’on inflige des souffrances considérables à des êtres sentients.

    3. D’un point de vue général, nos meilleures (et nos seules) justifications pour consommer des produits d’origine animale sont le plaisir, le divertissement et le confort.

    4. Par conséquent : nous ne pouvons justifier, d’un point de vue moral, la consommation de produits d’origine animale.

    Tout ceci est très logique. Mais une telle argumentation ne conduira nulle part si vous n’admettez pas la première prémisse et ne voulez pas agir conformément à elle. Si vous n’admettez pas que vous êtes tenu de justifier de manière signifiante le mal que vous faites aux animaux, nous ne pouvons même pas commencer à parler avec vous d’éthique animale. La logique et la rationalité peuvent nous aider à prendre conscience que nous devons quelque chose aux personnes morales nonhumaines, mais elles sont inutiles face à quelqu’un qui ne se soucie pas des animaux d’un point de vue moral, et rejette l’idée qu’il faille une justification pour leur causer du tort.

    La science est également impuissante partout où la première prémisse est concernée. Il n’y a aucun moyen de prouver « scientifiquement » que nous avons l’obligation de justifier le mal que nous infligeons à un être sentient. Comme n’importe quel étudiant en philosophie de première année le sait, vous ne pouvez tirer un « devoir-être » d’un « être ».

    Par conséquent, pourquoi devons-nous admettre la première prémisse ?

    J’affirme que ce premier principe est vrai et va de soi : tous les êtres sentients comptent moralement, et avant que je nuise aux intérêts de l’un d’entre eux, je suis tenu de justifier mon action. Lorsque j’utilise le mot « vrai », je l’entends dans le même sens que lorsque je dis de la tasse qui se trouve sur mon bureau qu’elle est rouge. L’affirmation : « La tasse est rouge » énonce une proposition vraie. La tasse sur mon bureau est rouge. De la même façon, l’affirmation : « Nous devons avoir une justification moralement suffisante pour infliger de la souffrance à un être sentient quel qu’il soit » énonce une proposition vraie reflétant notre intuition morale que faire souffrir est mal.

    La proposition énoncée dans l’affirmation : « Et le plaisir, le divertissement ou le confort ne peuvent constituer des justifications suffisantes » (qui pourrait être aussi une prémisse indépendante) est également vraie et va de soi, car si de telles raisons pouvaient constituer des « justifications suffisantes », alors rien ne serait interdit par le principe premier susmentionné. Réfléchissez-y. Si nous disions : « Nous devons avoir une justification suffisante pour nuire à un enfant, mais lui faire du mal sans raison autre que parce que nous le voulons est acceptable », cela rendrait le principe exigeant que l’on justifie le fait de faire du mal vide de sens.

    Si quelqu’un me demandait de prouver la première prémisse à l’aide d’une expérience scientifique ou d’un quelconque moyen qui satisferait un empiriste strict, j’en serais incapable. Mais, et alors ? Cela ne signifie pas que les propositions énoncées dans la première prémisse ne sont pas vraies. Quelqu’un pourrait-il nier la vérité de cette première prémisse ? Bien sûr. Mais cette personne pourrait aussi nier la vérité de la proposition relative à ma tasse rouge. Nous pouvons être sceptiques dès lors qu’on aborde les principes moraux, mais nous pouvons l’être également à propos de n’importe quoi. Qui sait si ma tasse est rouge ? Je suis peut-être victime d’hallucinations. Je peux ne pas exister de la manière dont je pense exister. Je peux n’être rien de plus qu’un cerveau dans un bocal stimulé par des électrodes afin de voir une tasse rouge qui n’existe pas.

    J’estime que dire que la première prémisse est vraie et qu’elle va de soi n’est pas discutable. Je pose comme principe que la plupart des gens, si on leur demandait d’y réfléchir, en conviendraient aussi. A vrai dire, le sujet de Introduction to Animal Rights est que nous affirmons être d’accord avec la première prémisse, mais que nous n’arrivons pas à réfléchir de manière rationnelle à propos de ce qu’elle signifie et implique vraiment. C’est-à-dire que le problème n’est pas que nous ne pouvons prouver rationnellement la première prémisse, mais que bien que nous disions admettre sa vérité morale,  nous n’avons pas l’impulsion morale de vouloir la suivre jusqu’au bout alors même que nous affirmons croire en sa validité (et, comme je l’explique plus bas, c’est à mon sens une autre manière de dire que nous ne sommes pas réellement concernés par les animaux d’un point de vue moral), ou que nous ne réfléchissons pas rationnellement à propos de ce qu’un tel principe exige que nous fassions en termes d’action pratique.

    Simon le Sadique et Michael Vick

    Dans Introduction to Animal Rights, j’ai introduit le personnage de Simon le Sadique, qui prend plaisir à faire exploser des chiens. Nous considérerions tous une telle conduite comme monstrueuse. Le but du personnage de Simon était de montrer que sa conduite enfreint le principe que nous admettons tous : à savoir qu’imposer à un être sentient de la souffrance exige une justification morale suffisante, et que précisément, le plaisir de Simon ne constitue pas une justification morale suffisante. Le reste du livre démontrait que notre acceptation de ce principe moral exige que nous considérions tous les êtres sentients, et pas seulement les chiens, comme des membres de la communauté morale, et que nous devons abolir l’exploitation animale dans son ensemble.

    Plus récemment, j’ai fait les mêmes observations dans le contexte de cas réels de maltraitance animale impliquant par exemple Michael Vick. La réaction des gens à l’annonce de ce que faisait subir Vick à ses chiens fut unanime : tout le monde l’a condamné. Et ces réactions n’étaient pas seulement critiques : les gens étaient moralement indignés par sa conduite. Pourquoi ? La réponse est simple : il avait enfreint un principe moral que la majorité écrasante d’entre nous admet, et que nous regardons comme l’expression d’une vérité morale. Et eu égard à notre acceptation de ce principe, la logique et la rationalité exigent que nous comprenions parallèlement que rien ne distingue les actes d’un Michael Vick de ce que n’importe qui commet en imposant de la souffrance à un être sentient sans raison autre que celle du plaisir, du divertissement ou du confort. Une telle prise de conscience exige que nous devenions végans et que nous travaillions à abolir toutes les formes d’utilisation des animaux.

    Si vous pensez que la première prémisse est vraie concernant les chiens, si vous voulez agir moralement et avec respect envers ces animaux, et attendu qu’aucun de ces deux points ne ressort de la logique ou de la rationalité, le raisonnement analogique peut alors être utilisé pour vous démontrer qu’il n’y a aucune différence moralement pertinente entre d’une part les chiens que vous considérez comme des membres de la communauté morale, et d’autre part tous les autres animaux sentients nonhumains. C’est une question de logique seulement après qu’il y a eu acceptation du fait que les animaux, ou au moins certains d’entre eux, comptent sur le plan moral. Nous pouvons recourir à la logique et à la rationalité pour montrer que les réformes portant sur le bien-être des animaux, et plus généralement tout ce qui exige moins que l’abolition de leur exploitation, ne parviendront pas à nous décharger de nos obligations envers eux eu égard à leur importance morale.

    Mais si nous n’admettons pas préalablement que les animaux ont une importance morale, alors l’argumentation portant sur la question de savoir si nous devons les utiliser, ou comment nous devons les traiter, qu’elle soit basée sur la théorie des droits, l’utilitarisme, l’éthique de la vertu ou quoi que ce soit d’autre, n’aura aucun sens.

    Ainsi que j’en débats dans Introduction to Animal Rights, la notion d’égale valeur inhérente n’est en aucun cas mystérieuse ou métaphysique. C’est au contraire une notion logique relative aux conditions minimales pour l’inscription à la communauté morale, et elle exige que nous accordions aux animaux le droit moral de ne pas être traités comme des choses. C’est une autre manière de dire qu’elle réclame que nous abolissions l’exploitation animale. Mais si nous n’admettons pas en premier lieu que les animaux appartiennent à la communauté morale, ou si nous ne nous soucions pas d’agir moralement à leur égard, alors l’idée qu’ils ont une égale valeur inhérente ne sera pas d’une grande utilité.

    Nous rejetons tous l’esclavage des êtres humains parce que nous reconnaissons qu’il place ceux qui sont asservis entièrement hors de la communauté morale ; l’esclavage les réduit à des choses. Etant donné que notre sens moral inné nous dicte que tous les êtres humains doivent être inclus dans la communauté morale, qu’ils doivent être considérés comme des personnes morales et non comme des choses, alors, de tous les devoirs que l’acceptation de ce principe nous impose, c’est celui de l’abolition de l’esclavage qui prévaut. De la même façon, si nous estimons que les animaux ont une valeur morale, alors, de tous les devoirs que l’acceptation de ce principe nous impose, c’est celui de l’abolition de leur statut de propriété, de chose, qui prévaut, ce qui suppose de les traiter comme les personnes morales qu’ils sont. Et ceci implique que nous arrêtions de les consommer. Un point, c’est tout.

    Mais si nous estimons qu’aucun animal n’a de de valeur morale — et c’est une question qui ne peut être « prouvée » de manière « objective » ou « scientifique » —, alors l’argumentation logique portant sur le fait qu’ils doivent être considérés comme des personnes morales et qu’ils possèdent le statut d’individu sera dépourvue de sens.

    Quelle est la source du souci moral ?

    Que faire si votre interlocuteur n’accepte pas la première prémisse ? Que faire s’il ne considère simplement pas les animaux comme des membres de la communauté morale ? Pouvez-vous prouver qu’il a tort ? Bien sûr que non.

    Changer de conduite morale requiert des composantes affectives. Afin d’être ouvert à l’analyse logique de la question animale, vous devez considérer les animaux comme des membres de la communauté morale, et vouloir agir selon cet éclairage. Ce n’est pas une question de logique ni de rationalité. Vous devez sentir que ce que Simon le Sadique fait aux chiens est mal ; que ce que Michael Vick a fait aux siens est mal.

    Une façon similaire de penser le souci moral est proposée par le Professeur Gary Steiner, qui débat du concept de parenté (kinship) avec les non-humains dans son livre Animals and the Moral Community: Mental Life, Moral Status, and Kinship. Steiner affirme que nous avons besoin du concept de parenté, autrement dit d’éprouver la connexion existant entre les humains et les non-humains, comme prélude à une réflexion sérieuse sur l’éthique animale.

    Je suis d’accord avec Steiner en ce que je pense que la plupart d’entre nous ont une prédisposition au sentiment de parenté (kinship) avec les animaux. Ce sentiment a simplement besoin d’être éveillé ; nous devons en prendre conscience. Cette conscience nous permet de percevoir la vérité de la première prémisse, et peut advenir grâce à beaucoup de choses, isolées ou combinées à d’autres :

    Elle peut naître de nos relations avec un compagnon animal.

    Elle peut naître d’une perception de l’interconnexion de la vie, ou de quelque norme comme la « Règle d’or ». Une telle vision du monde peut avoir une dimension spirituelle ou non spirituelle.

    Elle peut naître de l’adhésion au principe de non-violence vu comme vérité morale fondamentale. Là encore, une telle vision du monde peut avoir une dimension spirituelle ou non spirituelle.

    Elle peut naître d’une perspective religieuse, telle que la possédait saint François d’Assise.

    Elle peut naître de la visite d’un abattoir.

    Elle peut naître de la littérature ou de la poésie.

    Elle peut naître d’une expérience esthétique.

    Bref, plusieurs occasions s’offrent à nous de prendre conscience de notre souci moral. Mais que nous appelions cela « souci moral » ou « sens de la parenté » (kinship), il est essentiel de comprendre que cela inclut forcément, de notre part, l’impulsion de vouloir suivre ce principe jusqu’au bout, d’agir de manière à reconnaître et respecter la valeur morale des animaux, à « matérialiser » par nos actes notre parenté avec eux.
     
    Une fois que nous sommes en possession de ce souci moral ou de ce sens de la parenté qui englobent l’impulsion et le besoin d’agir justement envers les animaux, alors recourir à la logique et la rationalité pour arriver à certaines conclusions concernant qui doit appartenir à la classe des personnes nonhumaines (tous les êtres sentients selon moi) et dire ce que leur statut d’êtres moraux requiert de nous (l’abolition de leur exploitation selon moi), a un sens. Tant que nous n’éprouvons pas, à leur égard, ce souci moral, tant que nous n’avons pas l’impulsion de vouloir agir envers eux conformément au statut moral qui est le leur, la logique et la rationalité resteront lettre morte.

    Défense abolitionniste

    Si votre interlocuteur admet la première prémisse (et rappelez-vous que, dans cet article, j’évoque seulement un argument parmi les nombreux autres que j’avance dans mon travail), alors nous pouvons discuter avec lui de manière logique et rationnelle afin qu’il cesse de manger, porter ou consommer les produits d’origine animale et devienne végan. Qu’il soutienne l’abolition, et non la réglementation, de l’exploitation des animaux.

    Mais lorsque nous nous engageons dans ce genre d’activité éducative, nous n’usons généralement pas d’arguments logiques et rationnels pour convaincre quelqu’un de la vérité de la première prémisse ; nous y recourons pour amener cette personne à voir que son souci moral des animaux, correctement compris, exige d’elle qu’elle parvienne à certaines conclusions (le véganisme et l’abolition) plutôt qu’à d’autres (consommation « compassionnelle » de produits animaux, produits animaux « heureux », réformes de bien-être, différence entre viande et produits laitiers, entre les vaches et les poissons, etc.).

    Est-il possible que quelqu’un vous dise : « Je me soucie des animaux et je suis d’accord avec votre analyse logique, mais j’aime tellement le goût des produits d’origine animale que je ne vais pas arrêter d’en manger » ? Bien sûr que c’est possible. Mais ce genre de situation n’est généralement pas de celles qui sous-entendraient un échec de l’analyse logique ou rationnelle. Elle est plutôt le signe que la personne qui formule de telles déclarations ne pense pas vraiment que les animaux ont une importance morale, en dépit de ce qu’elle prétend par ailleurs. Il s’agit, de sa part, d’un manque de souci moral des animaux.

    Par exemple, il y a des gens qui fétichisent les chiens ou les chats. Ils ne pensent pas vraiment à ces animaux comme à des membres de la communauté morale, mais éprouvent plutôt à leur endroit une sorte de réaction esthétique, ou possiblement encore une réaction de type obsessionnel, qui ne diffère en rien du genre de réactions que d’autres éprouvent envers les voitures, les vêtements ou d’autres objets. Nous avons tous croisé des excentriques obsédés par les chiens ou les chats, possédant une maison pleine de chiens ou de chats, mais mangeant par ailleurs toutes sortes d’autres animaux, et destinées à ne jamais s’engager sur la voie de l’éthique animale. Se soucier des animaux d’un point de vue moral, ce n’est pas les « aimer », ni les trouver « mignons ». C’est une question de vision morale ; c’est les considérer comme des êtres doués d’importance morale, et se soucier d’eux conformément à cet éclairage.

    Nous pourrions dire encore que de telles personnes éprouvent un souci moral mais un manque d’impulsion morale. Mais d’après moi, éprouver un réel souci moral des animaux, c’est posséder l’impulsion morale d’agir justement envers eux. Le meilleur guide pour savoir ce qu’une personne croit moralement est de voir comment elle agit. Par conséquent, bien que j’estime que le souci moral et l’impulsion morale puissent être séparés à des fins explicatives, je considère le souci moral sans l’impulsion morale comme représentant une réelle absence de souci moral.

    Il se rencontre, bien sûr, des gens pour penser que certains animaux ont une valeur morale, mais qui n’admettent pas l’argument analogique selon lequel tous les êtres sentients sont des membres à part entière de la communauté morale.

    Par exemple, certains défenseurs des animaux, à l’instar de Peter Singer, considèrent que tous les êtres sentients sont des membres de la communauté morale, mais que seuls ceux qui possèdent une cognition de type humain, et en particulier un type humain de conscience de soi, en sont des membres à part entière. Singer rejette mon argument selon lequel tous les êtres sentients sont situés au même niveau en ce que tous tiennent à poursuivre leur propre existence, même s’ils ne pensent pas l’existence de la même manière que les humains « normaux ».

    Vous pouvez également tomber sur quelqu’un qui reconnaît que les animaux ont une valeur morale, mais rejette l’argument selon lequel l’abolition est la seule réponse rationnelle à la reconnaissance du fait qu’ils comptent moralement.

    Pratiquement l’ensemble du « mouvement » animaliste, tel qu’il est représenté par les grosses organisations néowelfaristes, n’est pas d’accord avec moi relativement aux problèmes structuraux posés par les réformes de bien-être animal et à la nécessité, pour le mouvement, d’adopter une base morale végane abolitionniste. Tous ces gens affirment que les réformes de bien-être sont en mesure d’améliorer dès maintenant la situation des animaux, et qu’elles auront des conséquences positives dans l’avenir. Je ne suis pas d’accord.

    On rencontre d’autres situations où les gens disent considérer les animaux comme des membres de la communauté morale, tout en affirmant que nous devons appliquer une grille d’analyse des obligations morales que nous leurs devons différente de celle que nous utilisons avec les êtres humains.

    Par exemple, certains ont posé que nous ne devrions pas parler de droits moraux ou de règles applicables, et qu’à la place nous devions nous laisser guider par une « éthique du care » tenant compte de toutes les particularités d’une situation. Mais ces personnes n’appliqueraient jamais une telle éthique dans les situations fondamentales où des humains seraient impliqués. Par exemple, aucun partisan de l’éthique du care ne soutiendrait que la moralité d’un viol dépend de la manière « responsable » dont il a été perpétré dans une situation particulière. Le viol est toujours mal parce qu’il profane le droit à l’intégrité physique. De la même façon, nous devons recourir à une analyse similaire partout où les intérêts fondamentaux des animaux sont en jeu. Nous ne pouvons en aucun cas prétendre que le « care » suffit, ou que nous ignorons un aspect essentiel de l’analyse morale : à savoir la nécessité de traiter des cas identiques de manière identique.

    Dans ces trois cas, nous devons nous concentrer sur ce que la logique et la rationalité nous disent, étant donné que nous sommes tous d’accord pour dire que les animaux comptent moralement et que nous voulons faire, à leur égard, ce qui est juste ; nous voulons savoir quelles sont nos obligations morales envers eux. La logique et la rationalité constituent une part importante du processus d’identification des obligations morales précisément parce que nous considérons les animaux comme des membres de la communauté morale et que nous avons l’impulsion morale de faire, vis-à-vis d’eux, ce qui est juste.

    Mais le point important de tout cela, c’est que la source de notre souci moral ou de notre impulsion morale n’a pas d’importance.

    Si une personne se soucie des animaux en tant qu’êtres moraux, il importe peu que son impulsion morale ait été déclenchée par la relation qu’elle a tissée avec un compagnon animal, par la lecture de la vie de saint François d’Assise, d’un roman comme Black Beauty ou d’un poème comme Inscription on the Monument of a Newfoundland Dog de Byron, ou par sa croyance au principe de non-violence, à la Règle d’or ou à l’interconnexion de la vie, ou encore par sa révulsion esthétique devant la brutalité.

    Ce qui importe, c’est qu’elle ait ce souci moral des animaux, et le désir de vouloir agir conformément à ce souci ; qu’elle ait conscience de la vérité morale de la première prémisse en ce qui concerne au moins certains animaux ; qu’elle admette comme vérité morale qu’au moins certains animaux sont des membres de la communauté morale, et qu’ils comptent moralement ; qu’elle perçoive la nécessité d’agir en accord avec le souci qui est le sien. C’est alors, et seulement alors — quand elle veut faire ce qui est juste à l’égard des animaux dont elle pense qu’ils comptent moralement —, que nous pouvons, avec elle, recourir à la logique et à la rationalité pour lui démontrer que son souci moral doit être étendu à tous les animaux, et qu’un tel souci exige d’abolir (et non de réglementer) leur utilisation. Qu’un tel souci exige qu’elle arrête de participer à l’exploitation animale. Elle peut ne pas admettre, ou ne pas admettre immédiatement, les arguments en faveur de l’égalité, de l’abolition et du véganisme, mais elle ne les comprendra même pas si elle n’a pas, préalablement, ce souci moral des animaux.

    L’idée que le souci moral d’une personne, son sens de la parenté (kinship), ne peut résulter de ses opinions religieuses ou spirituelles est aussi stupide que prétendre qu’il ne peut résulter de la relation qu’elle a tissée avec un compagnon animal sans l’influence de la religion ou d’une tradition spirituelle. Les traditions religieuses et spirituelles sont un problème à cet égard seulement lorsqu’elles limitent le souci moral et déprécient la classe de ceux dont nous nous soucions moralement ; lorsqu’elles restreignent le sens de la parenté ; lorsqu’elles encouragent la violence plutôt que la non-violence. Et ne faisons pas semblant d’ignorer que les structures laïques peuvent, de la même manière, limiter le souci moral. Le fait est qu’elles le font, et qu’elles sont, de ce point de vue, tout aussi inacceptables.

    Il m’est franchement égal qu’une personne considère les non-humains comme des membres de la communauté morale par suite de ses opinions religieuses, spirituelles, athées, agnostiques ou de quelque autre nature que ce soit.

    Il m’est égal que la source de son souci moral des animaux soit la lecture du Sermon sur la Montagne et de sa conviction que Jésus faisait référence à tous les êtres, de la poésie byronienne (Byron était athée) ou (comme c’est mon cas) de la visite d’un abattoir qui l’a amenée à comprendre au niveau le plus fondamental que le principe de non-violence est dénué de sens s’il ne s’applique pas à tous les êtres sentients.

    Tant qu’il y a, chez une personne, le souci moral et l’impulsion morale de vouloir faire ce qui est juste envers les animaux, nous pouvons raisonner avec elle sur ce qui fait que l’abolition et le véganisme sont les réponses logiquement adéquates à la reconnaissance (quel que soit ce qui l’a provoquée) de ce que les animaux sont des membres de la communauté morale.
    Mais en l’absence de cette volonté de faire ce qui est juste, toute discussion à propos de ce que la logique établit comme étant ces choses justes à faire restera lettre morte.


    Gary L. Francione
    Professeur, Rutgers University
    ©2012 Gary L. Francione


    Traduction : Méryl Pinque

  • Pourquoi les campagnes ciblées sont vaines et contreproductives

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    Se prononcer contre la fourrure et pas contre le cuir (par exemple) ne veut rien dire.

    Si demain l'industrie de la fourrure disparaît, celle du cuir subsistera parce qu'on aura fait croire aux gens que le cuir était plus acceptable, alors qu'il engendre l'exploitation et le meurtre des animaux tout autant que la fourrure.

    Idem pour la campagne stupide intitulée "Abolition de la viande".

    Outre que la formule ne veut rien dire (on ne peut abolir qu'une pratique), abolir simplement la coutume consistant à manger la chair des animaux ne fera pas disparaître l'exploitation animale.

    En faisant croire aux gens que la viande est moralement pire que les produits laitiers ou les oeufs, on ne fait que perpétuer à long terme l'exploitation, alors qu'il s'agit de l'abolir en disant clairement aux gens que TOUS les produits d'origine animale doivent être bannis de la consommation.

    Nous n'exploitons et tuons les animaux nonhumains qu'afin de satisfaire notre futilité : parce que nous aimons le goût de leurs corps et des substances que leurs corps fabriquent, parce que nous aimons porter leur peau sur notre corps et à nos pieds, etc.

    Nous n'avons pas besoin de produits d'origine animale pour vivre.

    Devenons végans.

  • Michel Serres sur notre rapport aux animaux (France Info)

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    La 2nde partie est intéressante, et plus encore la conclusion, bien évidente à nos yeux antispécistes : il n'est pas de propre de l'homme, sinon dans le mal.

    En effet, l'humain est le seul animal ("avec le rat", nous est-il dit) à pratiquer le meurtre interspécifique.

    J'ajoute pour ma part qu'il est le seul à pratiquer le mal pour l'amour du mal, le seul à posséder l'intelligence du mal, autrement dit la perversité, l'art de nuire, la passion de détruire.
     
    La première partie est quant à elle un peu naïve, où Serres idéalise un passé pastoral où "bêtes et gens" (comprendre animaux domestiques et paysans) vivaient dans une sorte d'osmose et de plénitude harmonique, alors que les premiers finissaient toujours par être tués par les seconds, quand bien même ils avaient des prénoms et étaient individualisés au sein de la ferme.
     
    Hélas, mais sans surprise, pas un mot en faveur du végétarisme, et moins encore du véganisme.

    Pourtant, Michel Serres doit savoir pertinemment que l'animal humain possède un organisme qui n'est en rien celui d'un carnivore, et qu'il peut donc se passer de produits d'origine animale pour vivre, qu'il ne consomme que par plaisir (et c'est pourquoi d'ailleurs nous n'avons aucune justification réelle pour exploiter et tuer des centaines de milliards d'animaux par an).
     
    Quant à l'introduction du journaliste Michel Polacco, elle est inénarrable : "...certainement notre ancêtre le plus ancien était lui-même un animal"... comme si nous n'étions plus des animaux et que l'animal, cet être si inférieur, était forcément ce qui nous a précédé, tant nous sommes, n'est-ce pas, l'aboutissement de tout.

    M. P.

  • Virilité

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    A lire cet article, on comprend beaucoup de choses.

    Ou plutôt l'article nous les confirme-t-elle magistralement.

    Car tout le problème est là : dans cet attachement viscéral, morbide, stupide, létal, à ce qu'on appelle communément la "virilité".

    Or être viril, au sens étymologique du mot, c'est être vertueux, c'est-à-dire doté de courage moral, de force d'âme.

    C'est savoir se dépasser, se transcender.

    C'est savoir grandir, évoluer.

    Bref, c'est devenir sage, autrement dit renoncer à consommer des produits d'origine animale qui ne peuvent être obtenus que par l'exploitation, la torture et le meurtre dans les abattoirs de plus de 56 milliards d'êtres sentients par an.

    En ce seul vrai sens, la virilité est l'apanage et le devoir de tous, des hommes comme des femmes.

    M. P.

    ***

    Les hommes carnivores sont perçus comme plus virils

    Par AFP Relax, le 21 mai 2012 à 21h38

    La virilité présumée des mangeurs de viande serait largement supérieure à celle des végétariens, si l'on se fie à une nouvelle étude américaine récente publiée dans la revue Journal of Consumer Research.

    Cette étude américaine met en lumière la perception très répandue associant consommation de viande rouge et virilité, en contraste avec l'image féminine du végétarisme et du véganisme.

    Dans le cadre de leur étude, les chercheurs ont demandé à leurs sujets à quoi ils associaient spontanément des produits alimentaires comme la viande et les légumes et comment ils évaluaient leur degré de masculinité.

    En mode "Moi Tarzan, toi Jane", les résultats sont sans appel. On a tendance a trouver les mangeurs de viande plus virils que les consommateurs de légumes, que ce soit aux États-Unis ou en Grande Bretagne.

    Les chercheurs se sont également penchés sur 23 langues qui utilisent des pronoms masculins ou féminins (comme le français), et il apparaît que les métaphores carnées sont plus souvent associées à la gent masculine.

    "Pour le mâle américain traditionnel, macho, fort et qui roule des mécaniques, la viande rouge est un aliment macho, fort, qui roule des mécaniques et typiquement américain", résument les auteurs de l'étude.

    "Il n'en est rien pour le soja. Pour en manger, ils devraient renoncer à un aliment qu'ils perçoivent comme fort et puissant comme eux-mêmes pour le remplacer par un aliment qu'ils perçoivent comme faible et mollasson."

    Pour faire adopter un régime végétarien - et plus sain pour le cœur - aux machos les plus récalcitrants, les chercheurs suggèrent de changer la forme des steaks de soja de façon à leur donner l'aspect de steaks de bœuf, et de les cuire de façon à laisser l'empreinte du grill pour les rendre plus appétissants.

    http://www.rtl.be/pourlui/article/les-hommes-carnivores-sont-per%C3%A7us-comme-plus-virils-122058.htm

  • "Bien-être animal: la montée du welfarisme", interview de Valéry Giroux (La Presse / Canada)

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    « Je pense que nous sommes moralement obligés de renoncer à l'élevage industriel, certes, mais que nous sommes aussi forcés d'abolir toutes les formes d'exploitation animale », soutient Valéry Giroux, qui a dirigé durant l'hiver un séminaire sur l'éthique animale à l'Université de Sherbrooke.
     
    Photo: André Pichette, La Presse

    Marie Allard
    La Presse
     
     
    « Tous les êtres sensibles, quelle que soit leur espèce, ont un intérêt à ne pas souffrir », dit Martin Gibert, chercheur postdoctoral en psychologie morale à McGill.

    Comme nous, porcs, boeufs, poulets et poissons sont dotés d'un système nerveux central. Ils peuvent ressentir la douleur.

    « Il me semble donc important de tenir compte des conséquences de nos actions sur le bien-être de ces animaux sensibles », souligne le chercheur.
     
    C'est ce qu'on appelle, en éthique animale, l'approche welfariste, dont la montée a fait bouger Tim Hortons et McDonald's.
     
    « Les welfaristes entendent réformer la manière dont nous exploitons les animaux, afin d'améliorer leur bien-être [welfare en anglais], explique M. Gibert.

    L'intuition de base, c'est qu'on doit minimiser les souffrances inutiles, chez les animaux et les humains.

    Or, l'élevage industriel et toutes les souffrances qu'il entraîne sont vraiment quelque chose dont on peut se passer, dans le Québec de 2012. »

    Bien que largement végétalien, M. Gibert accepte de manger un oeuf de poule élevée dans des conditions qu'il juge acceptables.

    Plus radicaux, les abolitionnistes - autre courant en éthique animale - s'y refusent.

    « Leur intuition de base est qu'on ne devrait pas traiter les animaux comme des choses, qu'on vend et qu'on achète », indique le chercheur, qui appartient au premier camp.

    Faire la révolution darwinienne

    Valéry Giroux, juriste et docteure en philosophie, est abolitionniste.

    « Évidemment, les conditions intensives d'élevage des animaux, exploités pour l'alimentation humaine, me choquent profondément.

    Mais le coeur du problème n'est pas la manière dont nous traitons les animaux.

    C'est plus fondamentalement le fait que nous percevions ces individus comme de simples ressources à notre disposition ou de simples marchandises.

    Un animal a non seulement intérêt à ne pas souffrir, mais à vivre : on ne peut donc pas le tuer pour se nourrir, d'autant plus qu'on peut être végétalien et en bonne santé ", argumente-t-elle.

    Après avoir combattu le racisme et le sexisme, nos sociétés doivent dénoncer le « spécisme », soit la discrimination fondée sur l'espèce.
     
    « J'ai l'impression, regrette Mme Giroux, que la révolution darwinienne reste toujours à faire... »
     
  • "Déclaration conjointe par un groupe de femmes véganes abolitionnistes" (The Starting Point)

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    En tant que véganes abolitionnistes et féministes, nous sommes contre l'utilisation de tactiques sexistes par le mouvement de défense des animaux.

    Le véganisme éthique pour les droits des animaux fait part de la conclusion logique de l'opposition à l'exploitation des êtres sensibles -- les animaux humains autant que les animaux non-humains.

    L'opposition du spécisme est incompatible avec la participation au sexisme ou à toute autre forme de discrimination, telles le racisme, l'hétérosexisme, le classisme, etc.

    Malheureusement, nous avons été témoins de plusieurs femmes proclamant qu'il n'a rien de mal dans l'utilisation du "sexe" comme outil pour communiquer notre message, en se justifiant avec divers arguments.

    De plus, d'autres défenseurs ont été victimes d'accusations injustes de "sexisme" pour avoir critiqué le sexisme et les choix sexistes dans le cadre du mouvement de protection des animaux.

    Ni l'un ni l'autre ne devrait être acceptable du point de vue de ceux et celles qui prennent au sérieux le travail contre l'oppression.

    Certaines activistes défendent l'utilisation du sexe en nous accusant de pruderie ou de sentiments "anti-sexe".

    Les végans abolitionnistes sont loin d'être "anti-sexe"; toutefois, nous voyons que la manière dont le sexe est utilisé pour "vendre" dans notre société patriarcale renforce l'image des femmes comme objets.

    Par exemple, considérez la façon dont PETA utilise le sexe dans ses campagnes - ils renforcent les normes occidentaux de beauté nocives en utilisant presque uniquement des femmes qui sont minces, avec des seins larges, et qui sont présentées de sorte qu'elles apparaissent vulnérables et séduisantes au visionneur (mâle, hétérosexuel) visé, ainsi que presque uniquement des hommes qui sont musclés et présentés comme puissants et sûrs de soi.

    Lorsque l'on essaie d'utiliser le sexisme pour "vendre" la justice pour les animaux non-humains au prix du renforcement des attitudes nuisibles aux femmes humaines, l'ironie de la situation est claire.

    L'utilisation des tactiques basées sur des stéréotypes bêtes et nocifs déprécie la gravité des injustices commises contre les animaux non-humains et les femmes humaines tous les deux.

    Loin de lancer un défi contre l'exploitation animale, ce genre d'approche renforce les stéréotypes mêmes qui nuisent aux femmes tout comme aux non-humains.

    Certaines activistes qui défendent l'utilisation du sexe croient que le fait de démontrer notre sexualité attirera l'attention de véganes potentiels en faisant appel à leur image de soi, laissant entendre que lorsqu'elles voient comment le véganisme nous rend "sexy", elles voudront elles aussi devenir végan.

    Cette notion est non seulement trompeuse mais nuit aussi au vrai message que nous devrions communiquer.

    Le véganisme se rapporte aux droits des animaux, et non pas au fait de se sentir séduisante ou d'avoir une meilleure vie sexuelle (des caractéristiques que nous savons ont peu à faire avec le fait d'être végan ou non, mais avec le mode de vie et le bien-être de chacun) et ne se rapporte surtout pas à "paraître plus beau" que ceux et celles qui mangent des animaux.

    Promouvoir le véganisme comme manière de se rendre "sexy", ce qui est malheureusement presque toujours assimilé à "perdre du poids" dans notre société (par exemple, le livre "Skinny Bitch" vient à l'esprit), sert à renforcer les préjugés contre les personnes plus larges ou qui ont un surplus de poids, ce qui nuit aux hommes tout comme aux femmes dans notre société, mais particulièrement aux femmes.

    De plus, le véganisme n'est pas une formule magique de perte de poids - il ne manque pas de végans qui sont loin d'être maigres, qui se font essentiellement traités d'échecs par ce genre de campagne qui suggère ou même qui affirme explicitement que le véganisme est une façon d'atteindre les normes de beauté occidentaux.

    Le fait de faire appel à ces normes nocives non seulement les renforce mais détourne l'attention de la raison réelle pour le véganisme : la reconnaissance de nos obligations morales envers les animaux non-humains.

    Plusieurs des activistes qui font la défense de tactiques sexistes argumentent qu'elle ne sont pas, en fait, sexistes, qu'elles permettent aux femmes de s'assumer, et donc que le fait de critiquer ces tactiques démontre un manque de respect envers ces femmes - certaines et certains disent même que le fait de critiquer ces tactiques est sexiste en soi.

    Ces arguments sont faux pour plusieurs raisons. Premièrement, la plupart du temps ces allégations sont lancées contre les activistes mâles lorsqu'ils critiquent de telles campagnes.

    Mais le sexe d'une personne, en soi, ne la rend pas plus ou moins qualifié au sujet de sexisme ou de féminisme.

    Il y a une attitude que "les hommes devraient se taire et écouter aux femmes" dans ces revendications, ce qui tente de remplacer l'égalitarisme réclamée par le féminisme avec un autoritarisme vide basé sur la biologie.

    Comme le suggère la féministe américaine Bell Hooks, bien que la solidarité féminine soit puissante, le féminisme est pour tout le monde.

    En tant que femmes véganes abolitionnistes, nous sommes très contentes d'avoir des alliés mâles tels que Gary L. Francione, entre autres, qui défend le féminisme et dénonce le sexisme dans le mouvement de défense des animaux depuis des années.

    Quoique nous croyons, comme il se doit, que tout le monde devrait prendre au sérieux les femmes, écouter au point de vue d'une personne n'est pas équivalent à accepter ses arguments ou à se mettre d'accord avec ceux-ci tout simplement puisque la personne est une femme; se trouver en désaccord et présenter des contre-arguments n'est pas équivalent au sexisme.

    C'est malheureux, mais le sexisme est tellement omniprésent dans notre société que certaines femmes ne croient même pas que ça continue d'être un problème, ne voient pas l'impact du sexisme sur leur vie, et ne se sentent pas que le féminisme demeure pertinent.

    Certains alliés de féminisme mâles étudient la théorie féministe depuis des années; le fait qu'ils soient mâles ne rend pas invalide cette expertise.

    En outre, l'opinion que n'importe quelle action choisie par une femme lui permet automatiquement de s'assumer est simpliste puisqu'elle ignore le contexte patriarcal dans lequel ces choix sont faits.

    Oui, les femmes qui participent aux campagnes que nous critiquons ont choisi volontairement de le faire, et certaines peuvent se sentir libérées, ou se sentir que leur choix sont eux-mêmes des actes qui défient l'objectivation des femmes, et nous sommes reconnaissantes qu'elles sont de cet avis.

    Nous leur demandons simplement de considérer sérieusement que ces campagnes sont nuisibles aux femmes ainsi qu'inefficaces contre l'exploitation des animaux non-humains, et, qu'en vue de cela, les femmes seraient mieux de ne plus les soutenir ni d'y participer.

    Tel qu'affirmé ci-haut, l'opinion que les femmes s'assument ou sont libérées en choisissant de se marchandiser ignore la dimension structurelle du sexisme dans notre société patriarcale.

    Que nous en sommes d'accord ou non, nos choix de tenter de "réclamer" la marchandisation des femmes en y participant volontairement affectent la vie d'autres femmes, surtout les femmes qui ont moins d'influence.

    Dans le contexte d'une culture qui voit et qui présente quotidiennement les femmes comme des objets sexuels, l'intention de "réclamation" de ces choix est en pure perte vis-à-vis du public, et l’objectivation est tout simplement renforcée.

    Lorsque ce sexisme est renforcé comme étant acceptable ou sans importance, l'effet global est de renforcer les attitudes qui permettent le trafic, l'abus, et les autres formes d'exploitation et de violence que subissent les femmes pauvres et de statut socio-économique inférieur à travers le monde à tous les jours.

    Certains défenseurs argumentent que ces campagnes sont nécessaires afin d'attirer l'attention du public.

    Comme nous avons mentionné, cela détourne l'attention des véritables raisons pour le véganisme : le droit des êtres sensibles de ne pas être des propriétés.

    Attirer de l'attention peu importe le coût n'est pas la façon d'avancer une question sérieuse comme la violence envers les animaux.

    Puisque cette violence n'est pas encore prise au sérieux, les tactiques qui visent à attirer de l'attention peu importe le coût servent seulement à minimiser de plus la question dans les yeux du public.

    Il est vrai que les campagnes sexistes menées par PETA attirent de l'attention, mais dans l'ensemble c'est de l'attention pour PETA et non pour les enjeux en question.

    C'est une stratégie de guerrilla marketing conçue pour inciter les gens à parler de PETA et donc pour que les dons continuent à survenir.

    (Et voyons, ça fonctionne, puisque nous discutons présentement de PETA, mais nous nous sentions que nous ne pouvaient exposer la question sans mentionner le plus flagrant coupable.)

    Encore plus troublant sont les campagnes qui juxtaposent le sexe et des images explicites de violence, dans le but prétendu d'attirer l'attention des jeunes hommes hétérosexuels et ensuite leur informer du traitement des non-humains.

    Par exemple, le vidéo "State of the Union Undress 2010" sur le site web de PETA met en vedette une femme qui se dérobe "pour les animaux" et ensuite un deuxième vidéo, présentant des images de violence explicite infligée sur les non-humains, commence à jouer automatiquement.

    Inciter les hommes à associer ces images excitantes avec des images de violence sanglantes aide la situation comment?

    Les campagnes qui utilisent de façon flagrante le sexe et les standards occidentaux de beauté ne sont pas les seules tactiques sexistes utilisées par le mouvement de protection animale.

    Par exemple, les campagnes de longue date contre la fourrure ont un élément sexiste distinct.

    En singularisant la fourrure, les défenseurs ne suggèrent non seulement qu'il y a une différence morale entre la fourrure et le cuir ou les autres types de vêtements dérivés d'animaux, mais singularisent aussi les personnes qui portent de la fourrure, tout en ignorant ou minimisant les actions des autres qui portent d'autres sortes d'animaux.

    La plupart de la fourrure dans notre société est portée par des femmes.

    En effet, ces campagnes distinguent comme moralement injuste une utilisation particulière d'animaux qui est le plus souvent perpétré par des femmes, tout en minimisant d'autres utilisations également moralement injustes qui sont perpétrés par tous les sexes.

    Est-ce vraiment utile de dénoncer une vieille dame en manteau de fourrure tout en ignorant un motard en veste de cuir?

    La question du sexe dans le contexte de l'exploitation animale mérite aussi une mention.

    Les animaux exploités pour leur lait et leurs oeufs sont, il est évident, des femelles qui se font exploitées pour leur cycle reproductif.

    Elles se font fécondées par force à chaque année dans le cas des vaches (c'est-à-dire, violées), et ensuite se font enlever leur bébé, ce qui cause un bouleversement profond à la mère autant qu'au petit.

    Mammifères et oiseaux sont tous les deux tués lorsqu'ils atteignent l'âge où leur cycle de reproduction ralentit ou arrête et donc que leur propriétaire ne les trouve plus rentables.

    De façon similaire, des femelles de la plupart des espèces exploitées par les humains se font utiliser comme reproductrices, forcées à donner naissance à portée sur portée de petits, et sont abandonnées ou tuées lorsque leur utilité diminue.

    Bien que, comme nous nous attendons dans notre société spéciste où les non-humains ont le statut de propriété, le féminisme et le sexisme s'adressent aux humains, lorsque nous prenons une perspective abolitionniste végane ainsi que féministe, cette exploitation de la "féminitude" des animaux femelles tombe dans l'intersection des deux luttes.

    Il est bizarre que certaines personnes se disent végétariennes (mais non véganes) pour des "raisons féministes" - on s'attendrait à ce que quelqu'un qui trouve qu'il y ait un lien entre la consommation de chair animale et le traitement des femmes "comme de la viande" verrait aussi le lien entre l'utilisation de produits animaliers qui viennent expressément du cycle reproductif d'animaux femelles.

    Le féminisme n'est pas uniquement une question d'avoir un vagin et un monologue; c'est une pratique mise en oeuvre à chaque jour, une force dynamique pour le changement et la libération, un dialogue, une communauté, et une transformation sociale concrétisée dans nos paroles et nos actions à chaque moment de notre vie.

    Si le féminisme est pour tout le monde, cela inclut les animaux non-humains.

    En tant que défenseurs des animaux, peu importe que nous soyons mâle ou femelle ou genderqueer, c'est à nous d'assumer la responsabilité d'opposer l'exploitation et l'oppression de tous les êtres sensibles.

    Nous pourrons réaliser cela en nous engageant dans de l'éducation créative et objective.

    Comment pouvons-nous prétendre d'éliminer l'exploitation des non-humains tout en encourageant ou en acceptant l'exploitation de nos semblables êtres humains?

    Au fond de la question : nous marchandiser volontairement ne nous permet pas réellement de nous assumer.

    Nous ne pouvons utiliser des méthodes sexistes afin d'avancer une cause de justice sociale.

    Des liens existent entre toutes les formes d'exploitation d'êtres sensibles; nous ne réussirons pas à éliminer le spécisme, l'oppression des animaux non-humains tout simplement à cause de leur espèce non-humaine, sans nous engager sérieusement à éliminer en plus le sexisme, et surtout pas par la voie de l'opportunisme de certains activistes qui visent à attirer de l'attention peu importe le coût aux autres groupes opprimés.

    Ana María Aboglio
    Paola Aldana de Meoño
    Jo Charlebois
    Elizabeth Collins
    Vera Cristofani
    Karin Hilpisch
    Mylène Ouellet
    Renata Peters
    Trisha Roberts
    Kerry Wyler

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