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Presse - Page 8

  • Code civil : l'animal en passe d'être reconnu comme être sensible. Et ensuite ?

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    Par cette décision toute symbolique, le statut de l'animal ne vient pas de changer : il était déjà reconnu comme être sensible par le code rural. Il s'agit seulement d'une harmonisation.

    En outre, le fait qu'un animal soit reconnu comme sensible n'améliore en rien sa condition, puisqu'il continue d'être soumis au régime de la propriété, et que les intérêts du possédant priment toujours sur ceux du possédé.

    C'est le statut de propriété de l'animal qu'il faut abolir.

    L'inscription de l'animal comme être sensible dans le code civil ne changera pas le regard des gens sur lui puisqu'ils sont, en France, déjà 90 % à en être d'accord ainsi que le rappelle l'article du Monde ci-dessous.
     
    La politique a toujours un temps de retard sur la cité, et cette mesure n'est que la conséquence d'une évolution sociale. C'est dans la cité que s'ébauche l'avenir, et la politique, opportuniste, ne fait jamais que prendre le train en marche. Ce fut déjà le cas avec la loi Veil sur l'avortement, qui ne faisait que répondre à une demande de plus en plus pressante de la société en ce domaine.
     
    D'où l'impérieuse nécessité de sensibiliser les gens au véganisme.
     
    Car s'ils sont 90 % à reconnaître les animaux comme des êtres sensibles, alors il faut leur dire ce qu'implique le statut d'être sensible et les obligations morales qu'ils ont nécessairement vis-à-vis d'eux. Ainsi que l'expose Francione, "si les animaux ne sont pas de simples choses ; s’ils ont une valeur morale, nous ne pouvons justifier le fait de les manger, de les porter ou de les utiliser."
    Si les animaux ne sont pas de simples choses ; s’ils ont une valeur morale, nous ne pouvons justifier le fait de les manger, de les porter ou de les utiliser, a fortiori lorsque nous n’avons pas de meilleure raison de le faire que la mode ou le plaisir gustatif. Si vous mangez, portez ou utilisez les animaux, alors vos actions disent que vous les considérez comme de simples choses, même si vous prétendez le contraire. » – 6 janvier 2013 - See more at: http://fr.abolitionistapproach.com/citations/#sthash.PYXFkhOA.dpuf
    Si les animaux ne sont pas de simples choses ; s’ils ont une valeur morale, nous ne pouvons justifier le fait de les manger, de les porter ou de les utiliser, a fortiori lorsque nous n’avons pas de meilleure raison de le faire que la mode ou le plaisir gustatif. Si vous mangez, portez ou utilisez les animaux, alors vos actions disent que vous les considérez comme de simples choses, même si vous prétendez le contraire. » – 6 janvier 201 - See more at: http://fr.abolitionistapproach.com/citations/#sthash.PYXFkhOA.dpuf
    Si les animaux ne sont pas de simples choses ; s’ils ont une valeur morale, nous ne pouvons justifier le fait de les manger, de les porter ou de les utiliser, a fortiori lorsque nous n’avons pas de meilleure raison de le faire que la mode ou le plaisir gustatif. Si vous mangez, portez ou utilisez les animaux, alors vos actions disent que vous les considérez comme de simples choses, même si vous prétendez le contraire. » – 6 janvier 201 - See more at: http://fr.abolitionistapproach.com/citations/#sthash.PYXFkhOA.dpuf
     
    Par-dessus tout, il s'agit de leur donner les bons outils de réflexion, et ceux-ci ne peuvent qu'être issus de la pensée végane abolitionniste.
     
    Les gens seront alors prêts à remettre en question le statut de propriété des animaux, qui deviendra d'autant plus fragile à mesure que diminuera leur demande en produits d'origine animale.
     
    M. P.

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    Les animaux reconnus comme « êtres sensibles », un pas « totalement symbolique » (Le Monde)

    Propos recueillis par Angela Bolis

    C'est une formule qui n'avait guère changé depuis la création du code civil napoléonien, et pourrait être modifiée prochainement : mardi 15 avril, les parlementaires ont adopté un amendement socialiste qui reconnaît les animaux non plus comme des « biens meubles », mais comme des « êtres vivants doués de sensibilité ». Une évolution à laquelle près de 90 % des Français sont favorables, selon l'association 30 Millions d'amis.

    Cet apparent progrès est toutefois accueilli avec un certain scepticisme chez des écologistes, comme la députée EELV Laurence Abeille, tout comme chez des défenseurs des droits des animaux. Entretien avec Jean-Marc Neumann, juriste, auteur du blog Animaletdroit.com, et vice-président de la LFDA (Fondation droit animal, éthique et sciences).

    Si cet amendement est définitivement adopté, qu'est-ce qui va changer concrètement pour le droit des animaux ?

    Quelques phrases dans le code civil, mais rien sur le fond. C'est totalement symbolique, il s'agit juste d'une harmonisation du code civil. Au final, l'animal sera, avec cet amendement, toujours soumis au régime des biens corporels. On peut rappeler que, contrairement à ce qui a été dit, l'animal n'était déjà plus considéré comme un meuble au même titre qu'une chaise. Quand vous cassez le pied d'une table, il ne vous arrive rien sur le plan pénal, alors que quand vous cassez la patte d'un chien intentionnellement et de façon cruelle, vous encourez deux ans de prison et 30 000 euros d'amende.

    Donc cela ne changera pas les comportements envers les animaux, qui pourront toujours être vendus, loués, exploités... Les pratiques les plus cruelles, comme la corrida, la chasse à courre, les combats de coq, l'abattage rituel ou certaines formes de pêche ou d'élevage, ne sont pas du tout remises en cause. Certains espèrent que les juges seront plus sensibles aux affaires concernant les animaux, mais je pense qu'ils faisaient déjà la différence entre une chaise et un animal.

    A vrai dire, cet amendement, présenté en catimini au détour d'un vaste projet de loi par les députés du groupe PS, m'a beaucoup surpris. Il donne un peu l'impression de sortir tout d'un coup d'on ne sait où. Il ne semble pas avoir fait l'objet d'une longue réflexion sur le fond. Or en pratique, l'effet qu'il pourrait avoir, c'est de clore le débat pour les années à venir, sans apporter de réponse adaptée et complète au problème du statut des animaux.

    Mais déjà faudra-t-il qu'il soit définitivement adopté, et accepté par le Conseil constitutionnel, ce qui n'est pas gagné. Car on peut le considérer comme un « cavalier législatif » : on peut lui reprocher de ne pas avoir de lien direct avec le projet de loi global dans lequel il s'insère, à savoir la « modernisation et la simplification du droit et des procédures dans les domaines de la justice et des affaires intérieures ».

    Que préconiseriez-vous pour améliorer de manière efficace le droit des animaux ?

    L'idéal serait une grande loi de protection de l'animal, qui remettrait tout à plat. A défaut, il faudrait au moins une proposition beaucoup plus complète, qui ne concerne pas uniquement le code civil, mais harmonise les différents codes : pénal, rural, environnemental.

    Par exemple, même si cet amendement est adopté, le code civil continue d'exclure de son domaine les animaux sauvages. Ceux-ci sont pris en compte par le code de l'environnement. Or ce code ne reconnaît pas leur sensibilité. Il ne les considère pas non plus comme des individus mais comme des espèces, tantôt nuisibles ou protégées. Actuellement, un animal sauvage voit sa sensibilité reconnue tant qu'il est tenu captif, dans un zoo ou un cirque par exemple, mais si le même animal s'enfuit, il n'existe plus juridiquement et n'est plus protégé en tant que tel. C'est complètement aberrant. Une idée serait déjà de reconnaître la sensibilité de l'animal sauvage vivant en liberté.

    Ensuite, le code pénal ne reconnaît pas officiellement l'animal comme un être sensible, mais seulement implicitement. Les atteintes aux animaux sont classés à côté des infractions contre les personnes et les biens, dans le chapitre « autres délits ». Et ces actes de cruauté sont moins sanctionnés qu'un vol simple d'un bien.  Il faudrait donc apporter des aménagements à ce code pénal.

    Quant aux animaux d'élevage, ils sont régis par le code rural, qui est le véritable code animalier, celui qui détermine la façon de les entretenir, de les élever, de les soigner, etc. Or ce dernier reconnaît déjà l'animal comme être sensible depuis la loi sur la protection de la nature de 1976. Pour autant, cela ne l'empêche pas de considérer, en gros, que leur souffrance est utile car nécessaire à l'alimentation de la population.

    Bref, la question, pour qu'il y ait un véritable changement, c'est de savoir dans quelle société on veut vivre : est-ce qu'on veut poursuivre l'exploitation ou la souffrance animale, ou est-ce qu'on est prêts à certains efforts et sacrifices ? [...]

    Lire le décryptage : Les animaux sauvages bientôt chassés des chapiteaux ?

    Le code civil concernant le droit des animaux est-il si rétrograde en France ?

    En réalité, il y a eu pas mal d'évolutions depuis 1804 et le code civil napoléonien. La dernière date du 6 janvier 1999, qui distingue, dans l'article 528, l'animal des autres corps inanimés. Mais les avancées les plus remarquables ont surtout concerné le code pénal et le code rural. Au niveau pénal, la dernière évolution a eu lieu en 2006 : on a instauré une peine complémentaire pour les actes de cruauté envers les animaux.

    La première fois qu'on a sanctionné la maltraitance envers les animaux, c'est en 1850, avec la loi Grammont. Grammont était un général qui était choqué de voir des chevaux, utilisés alors comme moyens de locomotion, maltraités sur la voie publique. Sa loi ne concernait que les mauvais traitements exercés sur les animaux domestiques en public : en fait, elle visait plutôt la protection de la sensibilité humaine que celle de l'animal. Il faut attendre 1959 pour que les sanctions soient étendues à la maltraitance dans la sphère privée. Le délit pour acte de cruauté [envers les animaux domestiques, apprivoisés ou en captivité] est établi en 1963. En 1999, ces actes de cruauté sont plus lourdement sanctionnés, jusqu'à deux ans de prison [et 30 000 euros d'amende]. Enfin, en 2004, les sévices sexuels sur animaux sont ajoutés aux actes de cruauté – qui comptaient aussi l'abandon.

    Mais même avec ces évolutions, on peut dire que la France reste plutôt à la traîne en Europe. Souvent, les quelques progrès y ont été imposés par l'Europe, par exemple sur l'expérimentation animale [Bruxelles a notamment interdit en 2013 les tests sur les animaux pour les cosmétiques vendus en Europe]. Et Paris s'est toujours fait remarquer pour sa lenteur à transposer et appliquer les directives, comme avec la directive oiseaux : des périodes d'ouverture de chasse ne sont pas conformes aux textes européens, malgré les sanctions.

    Finalement, quelle que soit l'ambition théorique affichée, la réalité est bien souvent différente. En Suisse ou en Allemagne par exemple, la protection de l'animal est inscrite dans la Constitution – or les progrès en pratique ne sont guère perceptibles. 

    http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2014/04/16/les-animaux-reconnus-comme-des-etres-sensibles-un-pas-totalement-symbolique_4402541_3244.html

  • Contre la théorie du complot (Jacob Rogozinski, Le Monde)

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    Par Jacob Rogozinski (Professeur de philosphie à la faculté de Strasbourg)

    Les dernières élections municipales ont confirmé l'implantation toujours plus forte du Front national. Comme l'on sait, ce parti a entrepris de se « dédiaboliser » ou, plus exactement, de se normaliser en abandonnant sa référence aux thèmes traditionnels de l'extrême droite, et cette stratégie a certainement contribué à ses récents succès. Il est sans doute trop tôt pour savoir s'il s'agit simplement d'une réforme superficielle ou bien d'une mutation qui pourrait le transformer en profondeur, comme celle qui, en Italie, avait fait du mouvement néofasciste Alleanza Nazionale un parti de gouvernement inséré dans le jeu démocratique.

    Mais certains effets de cette dé-fascisation du FN se font déjà sentir de manière inattendue : elle tend en effet à laisser vide un espace politique à la droite de la droite, ce qui favorise l'émergence d'une nouvelle mouvance extrémiste. Quel rapport y a-t-il entre cette mouvance extrémiste et un FN qui tente de se normaliser ?

    Lire également notre enquête : 2002-2014, voyage en terres frontistes

    Aucune rupture décisive ne peut être constatée. La frontière qui les sépare reste poreuse, comme celle qui, au sein de la droite catholique, sépare les « ultras » du Printemps français des « modérés » de La Manif pour tous.

    Des relations étroites existent toujours entre les réseaux Dieudonné-Soral et certains membres de la direction du FN, et ces passerelles font circuler dans les deux sens les hommes et les idées. Bien loin de s'opposer, soraliens et lepénistes tendent ainsi à se renforcer réciproquement.

    S'ils partagent la même idéologie xénophobe, la même haine de l'étranger, tout se passe comme s'ils s'étaient réparti les tâches. Pour les uns, qui s'adressent surtout aux Français dits « de souche » affolés par la crise et la menace du déclassement, l'étranger dangereux reste le musulman ou le Rom. Pour les autres, qui s'adressent plutôt aux jeunes issus de l'immigration, les cibles sont le juif et l'homosexuel.

    Lire le compte rendu : A-t-on le droit de qualifier Marine Le Pen de « fasciste » ?

    UN COMPLOT TRAMÉ DANS L'OMBRE

    Nul ne sait si cette nouvelle extrême droite est appelée à se développer. Il nous semble cependant que son émergence soulève des interrogations essentielles ; qu'elle nous invite à réfléchir sur la logique de la haine, sur les dispositifs qui la propagent et les fantasmes qui la sous-tendent. Qu'est-ce qui caractérise ces folles rumeurs et ces campagnes agressives qui se succèdent depuis quelques mois ?

    Même si les cibles peuvent sembler différentes, elles mettent en cause à chaque fois un complot, tramé dans l'ombre par un puissant « lobby » avec la complicité des médias et de l'Etat. Que déclare, sur un site islamiste, la principale instigatrice du boycott de l'école, une proche d'Alain Soral ? La soi-disant « théorie du genre » serait l'une des armes d'un mouvement mondial qui « avance masqué ». Qui sont les inspirateurs de cette conspiration diabolique ? Un site intégriste catholique nous donne la réponse : la pernicieuse « théorie du genre » est « le fruit de lesbiennes juives américaines ».

    Lire notre décryptage : « Théorie du genre », dix liens pour comprendre

    Comme au Moyen Age, ce ne sont pas seulement des individus qui sont incriminés, mais un prétendu « complot des blouses blanches ». Cette dénonciation d'une conspiration utilisant les méthodes les plus abjectes est depuis longtemps un élément essentiel de la logique de la haine. Il peut s'agir du « complot des jésuites », d'un « complot maçonnique » – accusé notamment d'avoir fomenté la Révolution française – ou d'une « conspiration juive mondiale », comme celle que mettent en scène Les Protocoles des Sages de Sion.

    En d'autres temps, ce sont les « sorciers » et les « sorcières » qui avaient été accusés de former une vaste secte satanique et de pratiquer des rites sexuels clandestins et des meurtres d'enfants. Certains traités, comme La Démonomanie des sorciers de Jean Bodin (1580), prétendaient même qu'ils s'étaient infiltrés au sommet de l'Eglise et de l'Etat et qu'il fallait les traquer par tous les moyens pour les exterminer.

    Ce sont de telles accusations qui, lors de la grande chasse aux sorcières des XVIe et XVIIe siècles, ont envoyé au bûcher des dizaines de milliers de victimes. Parce qu'il est particulièrement flexible, le schème du complot peut ainsi s'adapter à des situations historiques très variées en se contentant de changer de cible.

    LES HOMMES PEUVENT-ILS SE PASSER D'ENNEMIS ?

    Pourquoi le mythe de la conspiration connaît-il de nos jours une si grande faveur ? Sans doute nos sociétés démocratiques pâtissent-elles de n'avoir plus d'ennemi visible. La fin de la guerre froide et l'effondrement de l'URSS ont pu donner l'illusion de l'avènement d'un monde enfin pacifié ; mais les hommes peuvent-ils si facilement se passer d'ennemis, de cibles qui concentrent leur ressentiment et leur haine ?

    Or le schème du complot permet précisément de s'inventer un ennemi invisible, un ennemi imaginaire d'autant plus malfaisant qu'il demeure caché. Ce schème réussit ainsi à capter des affects – souvent légitimes – d'indignation, de colère, de révolte contre l'injustice, en les orientant vers un « autre » menaçant qu'il s'agit de démasquer, d'expulser, voire d'anéantir.

    Il n'est pas indifférent que cette obsession du complot soit le plus souvent portée par la rumeur. Depuis toujours, la rumeur est l'arme des faibles, des humiliés, des invisibles, de tous ceux qui ne peuvent intervenir directement dans les circuits dominants d'information et de communication.

    Mais les récentes résurgences du mythe du complot s'enracinent plus profondément encore dans la relation des sociétés modernes au pouvoir souverain. Depuis la Révolution française, la dynamique de la démocratie a profondément transformé nos représentations du pouvoir ; de même qu'elle continue de déstabiliser les identités et les places attribuées traditionnellement au statut social, aux classes, aux sexes ou aux « genres » en suscitant ainsi des crispations réactives, une défense angoissée des identités qui paraissent menacées.

    Dans une société démocratique qui fait constamment l'épreuve de sa division, il peut sembler que le pouvoir légal se réduise à une simple apparence, un simulacre inconsistant qui dissimule la réalité du véritable pouvoir. Et notamment lorsqu'un chef de l'Etat affiche sa « normalité » et paraît incapable d'imposer son autorité…

    L'ancienne représentation monarchique d'un souverain tout-puissant et au-dessus des lois persiste en effet dans les sociétés modernes, mais sous la forme fantasmatique d'une conspiration qui tire les ficelles dans la coulisse et manipule les masses. Surprenant paradoxe : plus les moyens de communication se développent, plus l'exigence de transparence s'accroît et plus se renforce cette croyance en une irréductible opacité du pouvoir, une zone d'ombre où se trameraient les pires machinations. En déniant les divisions et les conflits qui traversent les sociétés démocratiques, le mythe du complot impose la vision illusoire d'un « système » absolument homogène où les partis de droite et de gauche, les médias, les syndicats et les intellectuels conspirent tous ensemble au service d'un unique lobby occulte.

    Comment riposter à la montée de cette nouvelle extrême droite, répondre aux angoisses, aux fantasmes qu'elle mobilise ?

    L'argumentation rationnelle et la pédagogie sont certes nécessaires ; mais elles ne suffisent jamais. Et pourtant, il reste malgré tout possible d'agir sur les dispositifs qui les diffusent et s'en servent pour étendre leur emprise. Comme le montre l'exemple de la chasse aux sorcières, l'intervention du pouvoir souverain et des défenseurs de l'Etat de droit a un rôle essentiel à jouer.

    LE RECOURS À LA LOI DEMEURE LE PLUS SÛR REMPART

    Dans un pays profondément morcelé comme l'était l'Allemagne de l'époque, où l'autorité centrale était quasiment inexistante, des persécutions massives de prétendues « sorcières » ont eu lieu dans de nombreuses régions au cours des XVIe et XVIIe siècles.

    En revanche, à l'exception de quelques cas isolés dans des provinces éloignées, la France n'a pas connu de chasse aux sorcières, sans doute parce que, à la fin des guerres de religion, l'autorité politique de l'Etat avait été rétablie sans en passer par cette terreur de masse que Bodin appelait de ses voeux ; mais aussi parce que les magistrats du Parlement de Paris avaient choisi d'annuler en appel la plupart des condamnations à mort pour sorcellerie prononcées par des juridictions subalternes. Et ils n'avaient décidé de le faire que parce que des penseurs, des médecins, des prêtres avaient, souvent au péril de leur vie, dénoncé les procédés des chasseurs de sorcières et les croyances qui justifiaient la persécution.

    Aujourd'hui encore, le recours à la loi demeure le plus sûr rempart contre les semeurs de haine ; à condition toutefois qu'il s'accompagne d'une réflexion approfondie sur les facteurs qui engendrent cette haine et d'une intense mobilisation citoyenne. En période de crise, les défaillances de la démocratie et de l'Etat de droit peuvent avoir des effets dévastateurs. Seule la reconstruction d'une nouvelle civilité démocratique permettra de conjurer le retour des vieilles hantises.

    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2014/04/11/contre-la-theorie-du-complot_4400081_3232.html

  • Le zoo de Vincennes ouvre : ça ne change rien, c'est toujours une prison pour les animaux (Armand Farrachi)

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    Les animaux sauvages sont par essence des êtres de liberté, censés vivre dans un monde vrai. Les "jardins" zoologiques sont par définition des lieux artificiels, conçus tout exprès pour la captivité d’animaux exotiques.

    Les zoos sont-ils donc des parcs, des jardins, comme on les nomme aujourd’hui, ou des prisons comme l’affirment leurs détracteurs (dont je suis) ?

    Les "parcs" n'ont pas rendu leur liberté aux animaux

    Le 12 avril, le nouveau zoo de Vincennes ouvre ses portes après une rénovation complète. Plus de cages, ni d’enclos exigus, de vitrines, de fosses, de barreaux, mais des espaces ouverts, de l’air libre, des végétaux.

    Le nouveau "parc zoologique de Paris", comme le "parc" de Thoiry, le "bioparc" de Doué-la-Fontaine ou tant d’autres se fixent la "bioconservation" comme une priorité, grâce à la "gestion" d’animaux "évoluant en semi-liberté" dans des espaces "proches du milieu naturel", "à cent lieues du concept zoologique traditionnel".

    C’est tant mieux. Mais le principe demeure : offrir une chaîne plus longue aux esclaves, ce n’est pas leur rendre la liberté.

    Méfions-nous du concept de "bientraitance"

    Les ménageries d’autrefois étaient des mouroirs, de véritables culs-de-basse-fosse, faits pour la simple curiosité des humains et la souffrance des animaux. Ces endroits appartiennent désormais au passé, du moins en Occident. Personne ne les regrette.

    Les directeurs de zoos  prétendent aujourd’hui concilier la conservation des espèces menacées et la rentabilité d’une entreprise commerciale. Ils assurent que les animaux sont bien – ou mieux traités. C’est heureux.

    Méfions-nous toutefois du concept de "bientraitance" que les ennemis de la cause animale, (en particulier le lobby appelé "comité Noé") opposent au "bien-être animal". Cette notion évacue toute idée de liberté et sacre l’homme maître et possesseur de la nature, disposant à sa guise des espèces inférieures, si possible en maître éclairé plutôt qu’en bourreau. Sa mansuétude n’ira pas au-delà.

    Protéger des animaux pour amuser les humains

    Certaines espèces ont bien été sauvées de l’extinction et réintroduites dans la nature grâce aux zoos, ou aux élevages en captivité : le cheval de Przewalsky, le bison d’Europe, l’oryx d’Arabie, des vautours… Ces réintroductions restent néanmoins problématiques, en particulier pour des raisons génétiques, puisque tous les représentants de l’espèce sont plus ou moins cousins.

    Certes, nous nous réjouissons que le cheval préhistorique puisse encore galoper sur les steppes mongoles ou le gypaète barbu survoler les gorges des Pyrénées, mais pour quelques individus relâchés combien restent détenus à vie ? Le principal objectif d’un zoo est nécessairement de réaliser du profit.

    La réintroduction d’espèces dans leur milieu, son alibi, rencontre d’innombrables obstacles et reste malheureusement très exceptionnelle. Si ces animaux sont condamnés à ne jamais quitter leur enclos, leur survie ne sert qu’à amuser les humains. On le voit avec la multiplication d’animaux artificiels, comme le tigre blanc ou l’auroch.

    Les animaux ne sont pas relâchés

    La réserve de Wolong, en Chine, consacrée au panda géant, illustre au mieux – ou au pire – ce paradoxe. Tandis que les jeunes pandas issus de procréation intensive sont promenés devant les caméras dans des caddies de supermarchés pour "sensibiliser" la population, pas un seul panda n’a été relâché dans la nature avec succès.

    En revanche, plusieurs ont été vendus à des zoos. Le zoo de Copenhague s’est récemment illustré en "euthanasiant" en public, avec un pistolet d’abattage, un girafon dont il ne savait que faire, puis quatre lions, dont deux lionceaux, alors même que les girafes disparaissent d’Afrique de l’Ouest et que les effectifs des lions sont en chute libre dans toute l’Afrique.

    Notons que l’exécution de Copenhague a été défendue par l’Association Européenne des Zoos et Aquariums (AEZA), qui compte pourtant un comité "Conservation" et se flatte d’une "charte éthique".

    Des détenus voués à la procréation et à l'ennui

    Pour réintroduire un animal dans la nature, il faut que les conditions de sa disparition aient disparu et que le milieu puisse l’accueillir, ce qui devient de plus en plus difficile et de plus en plus coûteux.

    Est-ce une raison pour proposer la captivité et la déportation de créatures innocentes comme un spectacle dominical à partager en famille ? Quel degré de "bientraitance" faut-il atteindre pour que la privation de liberté soit éthiquement supportable ?

    Dans un zoo, même moderne, les animaux, même bien traités, adaptés par leur morphologie à la liberté des grands espaces, aux longues courses, à la vigilance, survivent dans des enclos qui ne paraissent grands qu’aux humains. Un simple hérisson a besoin de 5 hectares.

    Les détenus n’ont pas à défendre leur territoire ni à chercher leur nourriture. Leur vie sociale est faussée. Les migrations n’ont plus de sens. Se reproduire est compliqué, soit par excès soit par défaut. Ils s’ennuient et sont en permanence exposés au public, sans cachettes, ce qui est pour eux un stress permanent.

    Pour survivre, les animaux n’ont pas besoin de zoos

    Abolissons l’esclavage. N’allons pas dans les zoos, dans les aquariums, dans les cirques avec animaux humiliés par un comportement à contre-nature. Qui s’intéresse à la vie animale a de multiples occasions de voir des films animaliers saisissants.

    Les passionnés ne paieront pas beaucoup plus cher qu’un séjour aux sports d’hiver un voyage naturaliste qui leur permettra d’approcher eux-mêmes des animaux libres et d’encourager les pays pour qui la conservation de la vraie nature est une politique. 

    Pour survivre, les animaux n’ont pas besoin de zoos. Ils ont besoin de liberté, de parents pour les élever et d’un milieu pour les accueillir.

    Armand FARRACHI

    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1187913-le-zoo-de-vincennes-ouvre-ca-ne-change-rien-c-est-toujours-une-prison-pour-les-animaux.html

  • Vins : le label "vegan" débarque en France

    Label "Vegan" sur l'étiquette

    Les vins certifiés sans produits issus d'animaux émergent en France. Au lieu d'utiliser de la colle à base de blanc d'oeuf, de la caséine de lait, de la peau et du cartilage de poisson ou de la gélatine de boeuf ou de porc pour agglomérer les lies en suspension après la fermentation, des domaines clarifient le vin avec des protéines végétales (pois, soja), de la poudre d'algues ou de l'argile (bentonite). Il n'existe pas de signe officiel: les rares pionniers français le mentionnent sur l'étiquette. 

    Notre conseil: optez pour le domaine Ampelidæ (Haut-Poitou) de Frédéric Brochet, premier en France à être certifié par la Vegan Society de Londres, ou les huit vins végétaliens sélectionnés par le caviste Meilleursvinsbio.com. Le champagne Larmandier-Bernier fait par exemple appel à des Bourguignons pour réaliser un tamisage léger avant la mise en bouteille. 


    En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/tendances/vin-et-alcool/le-vin-bio-sort-des-caves_1505701.html#uGzIXp30vGKuyyeQ.99

    Label "Vegan" sur l'étiquette (L'Express n° 3274, 2 avril 2014)

    Les vins certifiés sans produits issus d'animaux émergent en France.

    Au lieu d'utiliser de la colle à base de blanc d'oeuf, de la caséine de lait, de la peau et du cartilage de poisson ou de la gélatine de boeuf ou de porc pour agglomérer les lies en suspension après la fermentation, des domaines clarifient le vin avec des protéines végétales (pois, soja), de la poudre d'algues ou de l'argile (bentonite).

    Il n'existe pas de signe officiel: les rares pionniers français le mentionnent sur l'étiquette. 

    Notre conseil : optez pour le domaine Ampelidæ (Haut-Poitou) de Frédéric Brochet, premier en France à être certifié par la Vegan Society de Londres, ou les huit vins végétaliens sélectionnés par le caviste Meilleursvinsbio.com.

    Le champagne Larmandier-Bernier fait par exemple appel à des Bourguignons pour réaliser un tamisage léger avant la mise en bouteille.

    En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/tendances/vin-et-alcool/le-vin-bio-sort-des-caves_1505701.html#uGzIXp30vGKuyyeQ.99

    Label "Vegan" sur l'étiquette

    Les vins certifiés sans produits issus d'animaux émergent en France. Au lieu d'utiliser de la colle à base de blanc d'oeuf, de la caséine de lait, de la peau et du cartilage de poisson ou de la gélatine de boeuf ou de porc pour agglomérer les lies en suspension après la fermentation, des domaines clarifient le vin avec des protéines végétales (pois, soja), de la poudre d'algues ou de l'argile (bentonite). Il n'existe pas de signe officiel: les rares pionniers français le mentionnent sur l'étiquette. 

    Notre conseil: optez pour le domaine Ampelidæ (Haut-Poitou) de Frédéric Brochet, premier en France à être certifié par la Vegan Society de Londres, ou les huit vins végétaliens sélectionnés par le caviste Meilleursvinsbio.com. Le champagne Larmandier-Bernier fait par exemple appel à des Bourguignons pour réaliser un tamisage léger avant la mise en bouteille. 


    En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/tendances/vin-et-alcool/le-vin-bio-sort-des-caves_1505701.html#uGzIXp30vGKuyyeQ.99
  • Retour sur les actions devant le Salon de l'Agriculture : et la dignité des victimes dans tout ça ?

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    Intéressant article décidément que celui de JP Géné paru dans M le Magazine du Monde du 7/3/2014, qui met en lumière à son corps défendant les conséquences désastreuses d'un certain "militantisme" spectaculaire en vogue, aux antipodes du respect des animaux nonhumains, et dont le dernier Salon de l'Agriculture fournit un exemple saisissant.

    Il appelle les deux réflexions suivantes :

    1) Voilà ce que c'est que de ne pas présenter le véganisme comme principe intangible et d'accepter n'importe qui dans ses rangs (des végétariens par exemple, qui par leur régime alimentaire nuisent gravement aux animaux qu'ils prétendent défendre) : les journalistes - parmi lesquels JP Géné qui confond allégrement ce qu'il appelle et orthographie les "vegan" (n'a-t-il pas encore compris que le mouvement avait enfin gagné la France ?...) avec des "végétariens militants" - se perdent ensuite dans les définitions  et ce n'est pas leur faute : L214 et consorts auront tout fait pour.

    2) Certaines "actions" déplorables (voir photo) menées par les groupes de "droits des animaux" (!) susmentionnés portent gravement atteinte à la dignité des animaux.

    Brandiraient-ils en effet, ces fiers militants, de vraies têtes humaines dans des rassemblements pour les droits humains ?...

    Ne cherchez plus l'erreur : vous venez de la trouver... avec JP Géné lui-même, un comble !

    Conclusion : il y a d'un côté les végans abolitionnistes dont nous faisons partie, qui condamnent ce genre de mascarades macabres et voyeuristes, et tous les autres qui usurpent le nom de "végans", qui ne condamnent pas de telles actions, mais les mettent sur pied et les encouragent.

    Voici le paragraphe de l'article en question :
     

    "Les vegan (végétariens militants) n'y étaient pas conviés.

    Début février ils avaient organisé place de la Bastille un "banquet troublant", avec de vraies têtes de veau, d'agneau ou de porc pour dénoncer le meurtre des animaux.

    Devant le hall 3, ils ont renoncé au "banquet" - les éleveurs auraient pu se fâcher  -, se contentant de brandir têtes de bétail et pancartes proclamant : "Aujourd'hui les caresses, demain l'abattoir".

    A noter un débat passionnant au sein du mouvement à propos de l'utilisation d'animaux morts dans ces happenings.

    Comment peut-on être veganet congeler une tête ?

    Comment peut-on être vegan, ouvrir la porte d'un congélateur et y placer une partie d'un être assassiné ?

    Que sont devenues ces têtes ?

    Ont-elles été enterrées dignement ou bien simplement jetées à la poubelle ?, s'interrogent certains amis des bêtes qui voient dans cette théâtralisation une insulte fondamentale à la dignité animale.

    Graves questions, à méditer au moment du pot-au-feu."

    ... et ma lettre à JP Géné :

    Monsieur,
     
    Je prends aujourd'hui connaissance de votre article "Label et les bêtes".
     
    Vous écrivez que les "vegan" sont des "végétariens militants" : absolument pas.
     
    Les végans (le terme s'est francisé, dérivant de l'anglais "vegan"/"veganism") sont des personnes dont le mode de vie exclut l'ensemble des produits d'origine animale. Cela recouvre tous les aspects de l'existence, de l'alimentation à l'habillement en passant par les loisirs, etc.
     
    Le végétalisme, lui, ne fait référence qu'à l'alimentation. Un végétalien peut ainsi porter, par exemple, du cuir ou de la soie, ce qui ne fait pas de lui un végan.
     
    Un végétarien, pour sa part, n'est pas un végétalien (moins encore un végan...) puisqu'il consomme des oeufs et/ou des produits laitiers.
     
    Un végan, enfin, n'est pas forcément militant...
     
    Bref, je vous renvoie au site de l'association Vegan.fr : http://vegan.fr/ qui explique ce qu'est le véganisme. [...]
     
    Pour nous autres végans abolitionnistes ou éthiques (expressions synonymes), les actions pratiquées par certains groupes dits de "droits des animaux" et comportant des mises en scène macabres avec cadavres ou têtes d'animaux véritables sont révoltantes.
     
    Permettez-moi à ce titre de vous remercier pour avoir mentionné à la fin de votre article l'opposition radicale d'une partie du mouvement animaliste (des végans abolitionnistes en premier lieu) à ce type de manifestations qui sont, en effet, "une insulte fondamentale à la dignité animale".
     
    Cordialement,
     
    Méryl Pinque
  • Genre : « Il est inadmissible d'instrumentaliser la biologie » (Le Monde)

    Dans le cortège de la « Manif pour tous », le 2 février à Paris.

    Les débats récents sur l'introduction de la notion de genre dans les manuels et les pratiques scolaires sont particulièrement vifs et passionnés.

    Si de nombreux représentants des sciences humaines et sociales ont fait entendre leur voix dans ces échanges, les biologistes ont, pour leur part, peu pris la parole.

    La biologie actuelle, souvent utilisée dans ce débat, nous dit-elle quelque chose de pertinent sur la notion de genre et est-elle susceptible de nous éclairer sur la polémique en cours ?

    PRÉSENTATION NAÏVE VOIRE MALHONNÊTE ET DÉMAGOGIQUE

    Les opposants au concept de genre prétendent souvent avancer des arguments relevant des sciences biologiques pour appuyer leurs propos.

    Ils construisent leur discours sur une supposée différence essentielle entre hommes et femmes, qui viendrait fonder un ordre décrit comme « naturel ».

    Les éléments de biologie sur lesquels ils s'appuient sont cependant, dans la plupart des cas, sortis de leur contexte et indûment généralisés.

    Cette manière de présenter les résultats des sciences du vivant contemporaines est au mieux naïve, au pire malhonnête et démagogique. Nous tenons à affirmer avec la plus grande insistance que les connaissances scientifiques issues de la biologie actuelle ne nous permettent en aucun cas de dégager un quelconque « ordre naturel » en ce qui concerne les comportements hommes-femmes ou les orientations et les identités sexuelles.

    Au contraire, la biologie, en particulier la biologie de l'évolution, suggère plutôt l'existence d'un « désordre naturel », résultant de l'action du hasard et de la sélection naturelle. Elle nous révèle une forte diversité des comportements, qu'ils soient ou non sexués : dans la nature, les orientations et pratiques sexuelles, les modes de reproduction et les stratégies parentales sont incroyablement variés.

    Chez le crapaud accoucheur, par exemple, le mâle porte les oeufs sur son dos et s'en occupe jusqu'à éclosion, tandis que les mérous changent de sexe au cours de leur vie. Il est intéressant, et quelque peu amusant, de noter que ce ne sont jamais de tels exemples qui sont mis en avant dans les débats actuels, lorsqu'il est question d'affirmer que la « biologie » nous donnerait à voir le « modèle naturel » que devraient suivre les sociétés humaines.

    Les organisations opposées à la notion de genre présentent aussi une version volontairement caricaturale des études de genre, dénonçant une hypothétique conspiration qui, sous les habits d'une prétendue « théorie du genre », aurait pour objectif de nier toute différence entre les individus et de détruire la famille.

    Pourtant, le fait d'analyser les constructions sociales qui entourent les différences entre les sexes n'implique en aucun cas de nier la réalité biologique du sexe, même si cela peut tout de même conduire à s'interroger sur la manière dont s'élaborent les différences entre les sexes, notamment au cours du développement embryonnaire, ainsi que sur la manière dont les sexes biologiques ne sont parfois pas (ou pas encore) « différenciés ».

    LES SOCIÉTÉS HUMAINES NE SE RÉDUISENT PAS À LA DIMENSION BIOLOGIQUE DE L'ÊTRE HUMAIN

    En outre, s'il y a évidemment des différences biologiques entre les hommes et les femmes, les sociétés humaines ne se réduisent pas à la dimension biologique de l'être humain, et de nombreux travaux récents, notamment sur la plasticité phénotypique, l'épigénétique et les approches écologiques du développement, ont montré qu'il était souvent difficile, voire impossible, de faire la part entre la « nature » et la « culture ».

    Les sociétés humaines sont le résultat d'interactions complexes entre des facteurs biologiques, psychologiques, sociaux et culturels, si bien qu'aucune discipline, qu'il s'agisse de la biologie ou d'une autre, ne saurait confisquer le discours intellectuel sur les différences entre femmes et hommes. Cette diversité apparaît d'ailleurs dans les études sur le genre elles-mêmes, puisqu'elles relèvent de champs académiques extrêmement diversifiés.

    Dénoncer la « théorie du genre » revient d'ailleurs à commettre une confusion classique et regrettable sur ce qu'est une théorie. Semblant prendre modèle sur les partisans du « dessein intelligent », qui dénoncent dans la biologie de l'évolution un discours qui ne serait, justement, « qu'une théorie », les opposants au concept de genre cherchent à dénigrer les études portant sur l'identité et l'orientation sexuelle ou sur les inégalités sociales entre les sexes. Ces études ont pourtant fait la preuve de leur intérêt et de leur capacité à mettre en lumière des aspects jusque-là impensés ou négligés de nos histoires ou de nos sociétés.

    RÉINTERPRÉTATION DE LA SCIENCE À DES FINS POLITIQUES

    Enfin, les opposants au concept de genre, en tentant insidieusement de déplacer le débat du champ de la politique à celui de la biologie, ont pour objectif d'imposer leur système de représentations. Cependant, ce système n'a rien de naturel ni d'universel. En le proposant, ses promoteurs usurpent les habits du sérieux scientifique, puisqu'ils réinterprètent des faits biologiques d'une manière profondément biaisée par leur vision particulière de ce que devrait être notre société.

    La science s'efforce de déployer un discours aussi objectif et rigoureux que possible, et elle ne doit donc en aucun cas servir à conforter des préjugés. Le devoir des scientifiques est de lutter contre la désinformation et les utilisations inadéquates de leur discours. C'est pourquoi nous rappelons qu'aucune observation de la nature ne saurait avoir de prétention normative pour la société.

    Quelles que soient les conclusions scientifiques relatives aux origines des différences entre les hommes et les femmes, celles-ci ne doivent pas servir à légitimer l'inégalité entre les sexes dans nos sociétés, et les inégalités ne doivent pas non plus être présentées comme des faits de nature. La notion même d'identité sexuelle est structurellement humaine, et ne saurait donc être appréhendée par une approche seulement biologique.

    Il est donc inadmissible et vain d'instrumentaliser la biologie dans un débat concernant l'égalité sociale entre les individus, quels que soient leur sexe, leur identité ou leur orientation sexuelle. L'apprentissage de l'égalité ne peut se faire que par l'éducation, et ce qui se passe dans la nature ne nous renseigne en aucun cas sur les décisions politiques que nous devons prendre.

    En bannissant le mot « genre » des manuels scolaires, le gouvernement semble avoir choisi de satisfaire les revendications arbitraires d'un groupe de manifestants, balayant d'un revers de main les études sur le genre, un champ d'étude riche de plusieurs décennies de travaux.

    Nous, enseignants et chercheurs en biologie et philosophie de la biologie, condamnons ce marchandage du savoir avec des groupes de pression, au mépris des connaissances scientifiques actuelles. En tant que scientifiques et citoyens, nous dénonçons fermement l'usurpation du discours scientifique pour imposer abusivement une idéologie inégalitaire.

    Lire : la liste des auteurs de cette tribune (un collectif d'enseignants et de chercheurs en biologie et en philosophie de la biologie) ainsi que la pétition qui est associée.

    Des enseignants et chercheurs en biologie

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2014/03/10/il-est-inadmissible-et-vain-d-instrumentaliser-la-biologie_4380450_1650684.html

    Seul bémol à ce texte auquel nous souscrivons par ailleurs : nous ne considérons pas davantage les animaux nonhumains comme représentant la "nature". Comme les animaux humains, les animaux nonhumains sont des individus pourvus d'une culture qui leur est propre. M. P.

  • A l'horizon, rien de nouveau

    Un boeuf au Salon de l'Agriculture, à Paris, le 1er mars 2013.

    Un boeuf au Salon de l'Agriculture, à Paris, le 1er mars 2013. (Photo Kenzo Tribouillard. AFP)

    Hollande préfère que les animaux restent des biens meubles

    AFP 21 février 2014 à 12:58

    A la veille du salon de l'Agriculture, le chef de l'Etat estime dans une interview à la presse agricole que les textes de loi protègent suffisamment les animaux des souffrances.

    François Hollande écarte la possibilité de modifier le statut de l’animal comme le réclament certains intellectuels, dans un entretien à l’hebdomadaire La France Agricole publié vendredi, veille de l’ouverture du salon de l’agriculture.

    «Dans le code rural notamment, l’animal est déjà considéré comme un être sensible. Pourquoi ajouter d’autres considérations ?», explique le président de la République. Selon lui, «beaucoup d’efforts ont été réalisés pour le bien-être animal sans qu’il soit nécessaire de le traduire par une loi», estime-t-il. Et sur l’abattage, «nous devons veiller à faire respecter des conditions qui ne le fassent pas souffrir», ajoute-t-il.

    En octobre, une vingtaine d’intellectuels, philosophes, écrivains, historiens et scientifiques français avaient réclamé dans un manifeste un changement du statut des animaux dans le code civil. Parmi les 24 signataires, figuraient les philosophes Michel Onfray et Luc Ferry, l’écrivain Erik Orsenna, de l’Académie française, l’astrophysicien Hubert Reeves et Matthieu Ricard, moine bouddhiste et docteur en génétique cellulaire.

    Le Code civil, dans son article 528, considère les animaux comme des biens meubles (au même titre que des objets). Le texte du manifeste, publié sur le site de la Fondation 30 Millions d’Amis, revendique «une évolution du régime juridique de l’animal dans le code civil reconnaissant sa nature d’être sensible».

    AFP
     
    http://www.liberation.fr/societe/2014/02/21/hollande-prefere-que-les-animaux-restent-des-biens-meubles_982000
  • "Moins nombreux, plus heureux. L'urgence écologique de repenser la démographie" (éd. Sang de la Terre)

    http://static.fnac-static.com/multimedia/Images/FR/NR/4f/df/55/5627727/1507-1.jpg

    Le Mot de l'éditeur : Moins nombreux, plus heureux

    S'il y a profusion de livres sur les moyens de se nourrir, il y a paradoxalement une absence extraordinaire d'analyse des risques liés à une évolution démographique incontrôlée.
     
    Ce livre écrit à plusieurs mains vient donc combler un manque.
     
    Ses auteurs y font le constat qu'une population moins nombreuse est un avantage certain.
     
    Au fil des différents chapitres, vous découvrirez plusieurs angles d'analyse, approches techniques chiffrées ou coups de gueule acides.
     
    Cet ouvrage envisage sans tabou aussi bien la décroissance malthusienne que le féminisme ; il montre que le droit au nombre s'oppose à une société plus agréable et plus juste.
     
    On y discute de la politique nataliste française, des phénomènes migratoires, de l'effondrement probable de la population dans les années à venir, des conceptions religieuses de la fécondité et même du droit à vivre de la faune et de la flore, menacés par notre expansion.
     
    Nous devons, de fait, apprendre à partager l'espace avec autrui et les autres espèces.
     
    Qu'on se rassure : les solutions à la surpopulation existent. Il n'y a pas que la guerre, les épidémies et la famine…
     
    Signatures d'auteurs reconnus (Annaba, Alain Gras, Corinne Maier) et préface d'Yves Cochet, député européen et ancien ministre.
     
    Table des matières :
     
    CHAP. 1 : "Les décroissants ne peuvent qu'être malthusiens" d’Annaba
    CHAP. 2 : "Un droit contre tous les autres" de Didier Barthès
    CHAP. 3 : "Save the Planet, Make non Baby" ! de Théophile de Giraud
    CHAP. 4 : "La surchauffe de la croissance" d’Alain Gras
    CHAP. 5 : "De l'inconvénient d'être Humain" d’Alain Hervé
    CHAP. 6 : "La politique nataliste française : La grande baby-llusion" de Corinne Maier
    CHAP. 7 : "Population, alimentation, agronomie et famine" de Jacques Maret CHAP. 8 : "Contraception et avortement : Ce qu'en disent les religions" de Jean-Claude Noyé
    CHAP. 9 : "9 Milliards en 2050 ? Pas si sûr" de Pablo Servigne
    CHAP. 10 : "La problématique des migrations sur une planète close et saturée" de Michel Sourrouille
    CHAP. 11 : "De notre occupation indue des niches écologiques des autres espèces" de Michel Tarrier
    CHAP. 12 : "Penser la dénatalité, un exercice difficile" de Jean-Christophe Vignal.
     

  • L'animal dans la philosophie contemporaine : une libération à venir ?

    Chimères 81 animalité

    Le dernier numéro de la revue Chimères, fondée par Deleuze et Guattari, vient de publier son dernier numéro sur   la question animale dans la pensée contemporaine, en mettant à l'honneur trois des plus importants philosophes animalistes de notre époque : Derrida, Deleuze et l'allemand Sloterdijk...

    Le numéro est tout simplement passionnant et contient une grande richesse d'articles sur cette question animale. L'article le plus engagé est celui qui s'intitule "Du droit des bêtes à la bêtise" dans lequel le philosophe Patrick Llored propose d'accorder des droits politiques aux animaux domestiques pour les sortir de l'esclavage dans lequel nous les avons  enfermés.

    D'autres articles tout aussi intéressants réfléchissent sur les liens étroits entre certaines formes de domination politique et celle qui s'exerce sur les animaux.

    Autrement dit, un numéro iconoclaste qui donne la parole à de vrais défenseurs des animaux, phénomène rare pour ne pas le signaler...

    Jaquis

    http://blogs.mediapart.fr/edition/droits-des-animaux/article/160214/lanimal-dans-la-philosophie-contemporaine-une-liberation-venir

  • Diplômés, écolos et assoiffés de liberté... ces adultes qui ne veulent pas devenir parents (Terrafemina)

    © Thinkstock
    Ils ne veulent pas d'enfants et l'assument. Alors que 5% des femmes et des hommes en France ont décidé qu'ils ne seraient pas parents, l'Ined a enquêté sur ce choix de vie « à contre-courant ».
     
    Ils sont exactement 6,3 % d’hommes et 4,3 % de femmes en France à ne pas être parents et à ne pas avoir le désir de l’être. Un chiffre qui n'a ni augmenté ni diminué depuis deux décennies, sur lequel l’Ined a enquêté et publié mercredi une analyse tirée de plusieurs études. Premier enseignement donc, les « childfree » (traduisez libre d'enfants) sont plus souvent des hommes, un chiffre qui s’explique selon les auteurs par « les rôles encore assignés à chacun des sexes » et qui rendent donc ce choix moins stigmatisant pour un homme que pour une femme.
     
    Théophile de Giraud a 45 ans et n’a jamais voulu d’enfant. « J’ai toujours su que la paternité ne m’intéresserait jamais », dit-il simplement. Avec celle qui était à l’époque sa compagne, Frédérique Longrée, il avait même initié la fête des Non-Parents. Cette dernière « avait pour vocation de célébrer les childfree en espérant contribuer à libérer leur parole ; lever la pression qui pèse sur eux ».

    « L’arrivée d’un premier enfant fait toujours partie du parcours conjugal attendu »

    En effet, selon l’Ined la pression sociale sur le désir d’enfant reste forte pendant toute la vie avec un pic à l’âge de « pleine fécondité » entre 25 et 35 ans. Et si, dans le cas de Théophile de Giraud et de Frédérique Longrée tous deux étaient en accord sur ce choix, l’étude de l’Ined montre que le non-désir d’enfant diminue lorsqu’on est en couple (3% des femmes et 5% des hommes contre 10% et 17% des personnes seules). Des chiffres, qui selon les auteurs, « rappellent que l’arrivée d’un premier enfant fait toujours partie du parcours conjugal attendu (par les couples eux-mêmes et par leur entourage) ».

    Avec celles qui ont partagé sa vie, Théophile de Giraud dit en avoir parlé « le plus sereinement et le plus honnêtement du monde » même si cela lui a « déjà valu plusieurs fois de perdre une compagne qui elle désirait un enfant ».

    Les femmes seules et diplômées déclarent plus souvent vouloir rester sans enfant

    Autre critère évalué par l’étude de l’Ined : le niveau de diplôme. Ainsi, si celui-ci a peu d’influence pour les hommes et femmes en couple, il en a chez les femmes seules : ce sont les plus diplômées qui déclarent le plus souvent vouloir rester sans enfant. « Au-delà d’une moindre propension à la conjugalité, elles sont plus que les autres inscrites dans des parcours de vie sortant des schémas traditionnels de socialisation assignés aux femmes dès le plus jeune âge », disent les auteurs. Effet proportionnellement inversé chez les hommes célibataires, selon l’Ined : « l’infécondité volontaire déclarée est forte pour tous les niveaux de diplôme, mais toutefois moins pour les très diplômés ».

    80% des childfree disent « être bien sans enfant »

    Quant aux motivations qui poussent les childfree à ne pas vouloir d’enfants, l’analyse de l’Ined montre qu’elles sont le plus souvent « libertaires » : être bien sans enfant (80% des childfree), vouloir rester libre, ou encore avoir d’autres priorités…

    Une idée dans laquelle se retrouve Théophile de Giraud :

    « Au-delà de la volonté de préserver ma liberté (comme la plupart des childfree) et ma créativité, je trouve la vie trop invivable dans nos sociétés ultra-darwiniennes pour avoir envie de la transmettre à un enfant. Thalès de Milet, lorsqu’on lui demandait pourquoi il n’avait pas d’enfants, avait cette admirable réponse que j’ai depuis longtemps faite mienne : « Justement par amour des enfants ». Dernière raison principale, le souci écologique. Sur une planète qui agonise déjà sous le poids de l’espèce humaine, à quoi bon l’alourdir encore d’un individu de plus ? »

    L’âge, une raison avancée « en fin de vie féconde »

    Mais au-delà de ces raisons « libertaires », les sondés mettent aussi en avant leur âge « notamment pour les femmes qui sont, plus que les hommes, confrontées à la pression "biologique" ». « On repère la tendance selon laquelle l’infécondité volontaire est plus souvent déclarée en fin de vie féconde, surtout pour les hommes, comme s’il devenait légitime, passé un certain âge, de ne pas faire d’enfant. On peut y voir un lien avec les représentations négatives de la « parentalité tardive » et principalement de la « maternité tardive », écrivent les auteurs. Enfin pour deux tiers des femmes et des hommes non en couple, la situation conjugale est présentée comme l’une des raisons de ne pas vouloir d’enfant.

    Quant à la question d’éventuel regret, elle ne se pose même pas pour Théophile de Giraud, pour lui sa situation est « assez facile » à assumer « en tout cas beaucoup plus facile que de devoir assumer un enfant ! A 45 ans, je ne regrette rien, au contraire : je me félicite de n’avoir jamais cédé au conditionnement nataliste dans lequel nous baignons hélas dès notre plus tendre enfance. »

    http://www.terrafemina.com/societe/societe/articles/37919-diplomes-ecolos-et-assoiffes-de-liberte-ces-adultes-qui-ne-veulent-pas-devenir-parents.html