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Société - Page 78

  • Elisabeth Hardouin-Fugier : "La protection de l'animal sous le nazisme : un recyclage français de la propagande nazie (autour des ouvrages de Luc Ferry)"

    http://www.ledevoir.com/2008/05/26/images/fer_af_260508.jpg

     

    Luc Ferry

     

    Les mânes de Goebbels exultent : au troisième millénaire, il se trouve encore des auteurs pour utiliser sa propagande et, mieux encore, pour la diffuser !

     

    S’engouffrant dans le vide laissé par les historiens du nazisme en matière de protection législative de l’animal, on peut en France, mais aussi en Suisse, en Italie, en Amérique ou en Allemagne, écrire et proclamer haut et fort d’aussi évidentes contrevérités que : « Hitler a supprimé la vivisection », affirmation tout droit venue d’une propagande nazie qu’il convient de démystifier.

     

    Le Nouvel Ordre écologique de Luc Ferry paraît en 1992 (1), l’année même du Sommet de la Terre de Rio, qui active les polémiques sur l’écologie.

     

    En Suisse, les propos de Luc Ferry sur l’animal arrivent à point nommé pour le referendum concernant « l’abolition de la vivisection, soumise en votation le 7 mars 1993 ».

     

    Le Corriere della Sera du 19 octobre 1992, très lu dans le canton italophone du Tessin, expose les conclusions du livre de Ferry, sur les liens supposés entre la protection de l’animal et le nazisme, argument largement repris dans la campagne de presse précédant le vote.

     

    C’est la proclamation d’un ensemble législatif de protection animale par le gouvernement de Hitler, et en particulier la loi du 24 novembre 1933 (Tierschutzgesetz, loi de protection de l’animal), qui incite Ferry à lier au nazisme la compassion envers l’animal.

     

    La très courte section I de cette loi (9 lignes en 2 alinéas), intitulée «Tierquälerei», (torture ou tourment infligé(e) à l’animal) apporte d’emblée un nouveau critère d’évaluation de la souffrance animale :

     

    « Il est interdit de tourmenter inutilement un animal ou de le maltraiter brutalement (2) » (souligné par nous).

     

    Le second alinéa définit « l’utilité » de la maltraitance.

     

    La section II (Prescriptions pour la protection de l’animal) est un catalogue de 14 mauvais traitements infligés aux animaux, par exemple le prélèvement des cuisses aux grenouilles vivantes (alinéa 12).

     

    La section la plus longue (III, Expérimentationsur animaux vivants), concerne l’une des plus importantes polémiques du XIXe siècle, portant sur la « vivisection ».

     

    Les sections IV et V, purement juridiques, précisent les modalités d’application de la loi, que nous désignerons désormais par « loi du 24 nov. 1933 ».

     

    Comment le gouvernement de Hitler s’empare dès 1933 du thème de la protection législative de l’animal en même temps que de l’ensemble des institutions civiles, intellectuelles et culturelles allemandes pour se parer d’un prétendu humanisme, il est aisé de le démontrer (cf. ci-dessous, chapitre I – Notre Führer aime les animaux).

     

    Il ne s’agirait là que d’un artifice de propagande parmi beaucoup d’autres, s’il n’avait connu, aujourd’hui, une postérité inattendue.

     

    Bien des auteurs français, s’appuyant en particulier sur Des Animaux et des Hommes, publié par Luc Ferry en 1994 en collaboration avec Claudine Germé, prenant pour argent comptant le mythe d’une prétendue zoophilie nazie, se chargent d’amplifier ce dernier et d’en tirer des conclusions : c’est ce que nous verrons dans le chapitre II – Naissance et croissance d’un mythe.

     

    I- « NOTRE FÜHRER AIME LES ANIMAUX »

     

    1- De la théorie à la pratique

     

    Lors de la prise de pouvoir des nazis, l’heure est à la vertu rassurante.

     

    Dès le 2 février 1933, Hitler proclame : « puisse le Dieu tout puissant prendre notre travail dans sa grâce, orienter notre volonté, bénir notre intelligence et nous combler de la confiance du peuple, car nous voulons combattre, non pour nous, mais pour l’Allemagne (3)».

     

    Joseph Goebbels, ministre de la propagande, relate dans son Journal comment il entreprend, dès mars 1933, de donner une image positive de l’homme privé Adolf Hitler, jusque-là connu en tant que politicien.

     

    Hitler est un être « aussi simple que bon », « qui ne pense qu’à son travail et à ses devoirs », « amical, aimant les enfants. »

     

    L’amour de la nature d’une part, très répandu en Allemagne, en particulier auprès des anciens membres des Wandervögel (« Oiseaux migrateurs », mouvement de jeunesse très populaire), l’amour des animaux d’autre part, apparaissent alors comme les caractéristiques de tout homme bon.

     

    Dans ses Propos de table, Hitler se proclame « Tierliebhaber » (habituellement traduit par « ami des animaux ») (4), mais, à vrai dire, amateur de chien-loup (berger allemand) exclusivement.

     

    Un Führer dérogerait de se laisser photographier, fut-ce par Hofmann (devenu le photographe officiel de Hitler) en compagnie des bichons d’Eva Braun, tout juste bons pour une femme.

     

    Dans une série de cartes postales très populaire, le photographe « surprend » Hitler sortant furtivement d’une église, une croix se profilant au-dessus de sa tête découverte, caressant des enfants ou méditant dans la nature en compagnie de sa chienne Blondie.

     

    Les textes de Hitler sur l’animal sont peu nombreux.

     

    Dans Mein Kampf, quelques passages servent à justifier, par l’exemple de la nature, la thèse raciste, la sélection naturelle et la violence.

     

    Il existe aussi quelques histoires de chiens, au front, par exemple, parfois rapportées par Baldur von Schirach, dont le chien, offert par Hitler, sautait sur quiconque faisait le salut nazi !

     

    On sait aussi, en particulier par Albert Speer, que le Führer ennuyait les hôtes de son chalet d’Obersalzberg par ses interminables tirades sur les chiens-loup.

     

    Dans les Propos de table déjà mentionnés, minutieusement consignés pour 1941 et 1942 en près de 500 pages, le mot animal apparaît 18 fois ; outre de rudimentaires justifications du néodarwinisme (« les chats n’ayant pas pitié des souris »), deux passages plus longs (pp. 241-242, 431-432) exposent le végétarisme comme hygiène de vie, puis vient l’inévitable éloge de Blondie.

     

    « Dans le nouveau Reich, il ne doit plus y avoir de place pour la cruauté envers les animaux (5). »

     

    Si telle est la théorie, la réalité est tout autre : « bonheur pour Blondie Hitler, malheur pour “Minet” Klemperer, dont le maître est Juif ! »

     

    Victor Klemperer, cousin du célèbre chef d’orchestre, survivant en Allemagne comme époux d’une Aryenne, témoigne de ce fait trop peu connu :

     

    « Je n’avais plus le droit de verser à la SPA une cotisation pour les chats, parce que, à “l’Institution allemande des chats” (vraiment, c’est ainsi que se nommait désormais le bulletin de la société, devenu organe du Parti) il n’y avait plus de place pour les créatures “perdues pour l’espèce” (Artvergessen) qui vivaient chez les Juifs.


    Plus tard, on nous a d’ailleurs enlevé, puis tué nos animaux domestiques, chats, chiens et même canaris : loin d’être des cas isolés, des turpitudes sporadiques, il s’agissait d’une intervention officielle et systématique et c’est une des cruautés dont aucun procès de Nuremberg ne rend compte... » (6)

     

    2- La loi de protection animale

     

    Les lois et décrets successifs sur la protection de l’animal font partie de la mise au pas, l’« Indoktrinierung » (7), par le nazisme, de toutes les structures de la société civile, dont le plus célèbre épisode est le bûcher constitué par des livres interdits, dit autodafé.

     

    On peut s’étonner que la loi de protection de l’animal du 24 nov. 1933 n’ait jamais été citée par les historiens comme le parfait exemple d’embrigadement par une relative persuasion, du moins dans un premier temps, avant que, le 11 août 1938, les associations de protection animale ne soient unifiées dans une structure nazifiée, dont la branche féline est évoquée ci-dessus par Klemperer.

     

    La loi du 24 nov. 1933 s’insère dans un « torrent législatif », étendu à tous les domaines, qui déferle des administrations nazies dès 1933.

     

    Pour les onze mois d’activité du seul cabinet de Hitler, cinq tomes occupent 2839 pages.

     

    En avril 1933, le Journal Officiel du Reich, publie près de trente lois sur tous les sujets imaginables.

     

    Le juriste allemand Hubert Schorn  (8) démontre que la frénésie législative nazie n’est qu’un artifice de la prise du pouvoir politique : ces textes, souvent anodins, parfois valables (classes surchargées, protection maternelle), tiennent le devant d’une scène où il se passe bien autre chose.

     

    Schorn situe dès 1934 l’illégalité installée dont un juridisme exacerbé sauve les apparences : Ulrich Linse évoque ce phénomène à propos des lois protégeant une nature dont la destruction est en cours (9) .

     

    Dans le domaine de l’animal, les textes sur l’abattage du 21 avril 1933 (4 paragraphes) et la modification du vieux code pénal (16 mai 1933) précèdent (entre autres textes) la loi du 24 nov. 1933, que Luc Ferry présente avec insistance comme une création personnelle de Hitler.

     

    Il est certain qu’une déclaration de Hitler sur la protection de l’animal aurait été inlassablement citée par la cour de ses flatteurs et obligatoirement posée en référence par les juristes, à commencer par ceux de son cabinet.

     

    Ce n’est pas le cas. Le premier commentateur de la première édition de la loi du 24 nov. 1933, dans les Législations du cabinet de Hitler (10) , fournit comme unique « justification » (« Begründung ») la volonté du peuple de protéger l’animal.

     

    De même, les thèses juridiques sur la législation animale, écrites sous le nazisme, se bornent à mentionner, et rarement, quelques passages de Mein Kampf pour justifier leur conception du monde.

     

    Aucun texte de Hitler sur la protection animale n’y apparaît, en dépit de l’obligatoire et obséquieuse révérence due au Führer, pas plus que dans le très long Kommentar de Giese et Kahler sur la loi du 24 nov. 1933, conçu dans la tradition du droit allemand, épris de justifications.

     

    Les discours de Hitler, intégralement publiés, ne semblent pas contenir le mot animal (11).

     

    Le sujet de l’animal n’apparaît pas davantage dans les plus importants recueils de sentences et pensées du Führer, publiés par la propagande nazie, couvrant tous les domaines, éthiques, religieux et culturels.

     

    Aussi nous est-il permis d’imiter saint Thomas pour ne croire que les documents visibles, en attendant la révélation des invisibles.

     

    Il n’est pas impossible que Hitler ait approuvé de quelques mots la loi qu’il signe le 24 nov. 1933, mais notre enquête ne peut accorder aucun crédit aux affirmations répétitives de Luc Ferry, toujours dépourvues de références, sur le rôle personnel tenu par Hitler dans la protection de l’animal, telles que :


    « Hitler […] en faisait une affaire personnelle » ;

     

    «… éviter la cruauté envers les animaux. C’est au nom de cette volonté chère au coeur de Hitler lui-même [que sont édictées les lois de protection] » ;

     

    «… nul hasard, en ce sens, si c’est au régime nazi et à la volonté personnelle de Hitler que nous devons, aujourd’hui encore, les deux législations les plus élaborées que l’humanité ait connues en matière de protection de la nature et des animaux » ;

     

    « Hitler tiendra à suivre personnellement l’élaboration de cette gigantesque loi (plus de 180 pages !) » (12)

     

    Par ailleurs, on connaît, par de multiples témoignages, la célèbre horreur du Führer pour l’administration et le travail législatif, parfaitement documentée par Ian Kershaw :

     

    « Dans le cadre d’un processus aussi lourd qu’inefficace, il [Hitler] obligeait à faire aller et venir les projets entre les ministères jusqu’à trouver un accord.


    C’est uniquement à ce stade, et encore sous réserve qu’il en approuvât la teneur qu’on lui avait brièvement résumée, que Hitler signait le texte, généralement sans guère se donner la peine de le lire, et en faisait une loi. » (13)

     

    La loi du 24 nov. 1933 est en réalité le résultat d’une très longue concertation entre protecteurs de l’animal, aboutissant enfin à un texte commun, rédigé vers 1927 sous la direction du juriste Fritz Korn (14).

     

    Dès lors, cette proposition est à plusieurs reprises renvoyée en boomerang entre les assemblées régionales et le Parlement du Reich, chacun se déclarant incompétent.

     

    En 1933, une fois de plus et semble-t-il très tôt, le projet est envoyé au nouveau gouvernement.

     

    Il aboutit dans le cabinet de Hitler.

     

    Les commissions juridiques, surchargées d’ouvrage, trouvent le travail « tout prêt dans les tiroirs », selon un témoignage recueilli en 1970 auprès du professeur A. Ketz, qui avait pris part aux travaux préparatoires avant 1933 (15).

     

    Les juristes nazis utilisent visiblement ce travail législatif, considérable en dépit de sa brièveté, impossible à élaborer dans d’aussi courts délais.

     

    Dans la section II (catalogue des interdictions) apparaissent les demandes de nombreux auteurs bien antérieurs.

     

    Les nazis saisissent évidemment l’occasion pour centraliser sous leur coupe les associations protectrices de l’animal.

     

    Néanmoins, la loi du 24 nov. 1933 réalise enfin l’unification juridique nationale et le regroupement des données en un unique texte de référence, depuis longtemps espéré par les juges.

     

    La rédaction en est judicieuse et les sanctions aggravées.

     

    La liste des interdictions de la IIe section, désormais pénalisées, est perçue comme une victoire sans précédent.

     

    En fait, la jurisprudence des années nazies ne semble guère montrer de changements effectifs dans le traitement des animaux.

     

    Cependant, la loi du 24 nov. 1933, claironnée au-delà des frontières, reçoit un accueil favorable en France.

     

    Le ministère nazi de la Propagande récupère ce succès international.

     

    Certains hauts dignitaires, comme Heinrich Himmler, proclament que cette législation est une preuve du haut degré de civilisation de l’Allemagne nazie.

     

    Joseph Goebbels ne semble pas être intervenu personnellement dans la loi du 24 nov. 1933.

     

    Cependant, sa ligne de propagande explicitement tracée en 1933 – donner un visage humain au Führer – a été parfaitement suivie.

     

    Plus d’un demi-siècle plus tard, ce « visage humain » de Hitler s’enrichit encore, grâce à L. Ferry, « d’une volonté d’éviter la cruauté envers les animaux, chère au coeur de Hitler lui-même (16) ».

     

    Hermann Göring a fait mieux encore.

     

    Son scoop : « les nazis ont supprimé la vivisection », se retrouve dans la France de 1999, sous la plume de Paul Ariès : « Les nazis étaient, eux, antivivisectionnistes  (17). »

     

     

    II- NAISSANCE ET CROISSANCE D’UN MYTHE

     

    1- Les surprenants artifices de Luc Ferry

     

    Dans son ouvrage de 1994, Des animaux et des Hommes, Luc Ferry publie (p.513) un fragment de l’édition de 1939 du Kommentar (écrit, rappelons-le, par Giese et Kahler) sous forme de traduction des 9 premières lignes (et demi) de la page 19.

     

    Ferry intitule cet extrait : « Article 1 de la Loi du 24 novembre 1933 sur la protection des animaux : La cruauté envers les animaux, Berlin, le 24 novembre 1933 ».

     

    Luc Ferry appose sous ce fragment les signatures de Hitler, « du ministre de la Justice Dr Gürtner, du ministre de l’Intérieur et du ministre de Tutelle Göring ».

     

    Ces signatures ne figurent évidemment pas sous ce fragment du Kommentar écrit par Giese et Khaler.

     

    De plus, Göring n’a pas signé la loi du 24 nov. 1933, comme le montre le Journal Officiel allemand du 25 novembre 1933.

     

    Par son intitulé et ces signatures, Luc Ferry montre clairement qu’il fait passer le commentaire pour la loi elle-même.

     

    Un passage de son livre de 1992 (18) reflète la même imprécision, confusion ou artifice.

     

    En d’autres termes, L. Ferry confond le commentaire et la loi du 24 nov. 1933 dont il ne cite ni analyse aucun extrait.

     

    Certes, un Kommentar explique la loi plus longuement que nos Circulaires d’application, mais ne peut en aucun cas être substitué à la loi du 24 nov. 1933, publiée in extenso dans le Kommentar (pp. 262 à 268).

     

    De plus, sur la page 19, citée par L. Ferry, se trouve la référence de la loi au Journal Officiel allemand (RGBl. S. 987) que Ferry n’a pas consulté.

     

    Aussi peut-on s’étonner que de nombreuses références au Journal Officiel allemand soient extraites du texte du Kommentar et placées par Ferry en notes de bas de page (19).

     

    De prime abord, cette pseudo-érudition impressionne les lecteurs.

     

    Moi-même, j’ai été tellement intriguée que j’ai finalement été incitée à me reporter aux Reichsgesetzblatt (J.O. allemand) originaux, tous disponibles à Paris !

     

    On a vu que dès 1992, Ferry attribue à la loi de 1933, qu’il ne connaît pas, « une ampleur à nulle autre pareille » (20).

     

    En 1998 et dans une publication de l’UNESCO, il en précise la longueur : « Hitler tiendra à suivre personnellement l’élaboration de cette gigantesque loi (plus de 180 pages !) » (21).

     

    La criante invraisemblance de tels renseignements ne décourage pas les plumes des suiveurs (22).

     

    Jean-Pierre Digard (23), entre autres, conseille à ses lecteurs de se reporter « aux textes législatifs du IIIe Reich réunis par Ferry et Germé ».

     

    Plus théâtrale encore est la mise en vedette de la signature de Hitler auprès de la (prétendue) loi du 24 nov. 1933 (ou plutôt au lieu de la signature des auteurs du Kommentar !).

     

    La signature des lois par Hitler est une réalité juridique consécutive à la prise de pouvoir du 30 janvier 1933, donnant à Hitler un pouvoir législatif encore accru en avril 1933 ; c’est un fait purement politique, qui ne dénote en rien un intérêt particulier du Führer pour l’animal.

     

    Cette mise en scène d’une évidence juridique vise évidemment à souder un nom d’horrible mémoire à un texte.

     

    Il est à peine croyable que pareil artifice ait pu impressionner quiconque, mais c’est pourtant le cas de Djénane Kareh Tager qui, dans L’Actualité religieuse (15/7/1996, p. 24) écrit : « l’exergue de la loi est signé Adolf Hitler » ; le terme exergue, étranger au vocabulaire législatif, trahit le passage du domaine de la réalité juridique à celui de l’imaginaire.

     

    L'unique référence de Luc Ferry à la prétendue implication personnelle de Hitler en faveur de l’animal est constituée par le texte tardif (1938) ouvrant l’édition de 1939 du Kommentar.

     

    Krebs, directeur du regroupement nazi de toutes les associations protectrices de l’animal, le mentionne comme une « instruction de notre Führer » accompagnant la phrase : « dans le nouveau Reich, il ne doit (ou : devra, futur de proximité) plus y avoir la moindre place pour la cruauté envers les animaux ».

     

    Partant de cette référence, unique et issue de la propagande nazie, au moment de la confiscation de toutes les associations protectrices, Ferry la transforme en « formule d’Hitler (sic) qui inaugure la Tierschutzgesetz » (24).

     

    Selon Le Point (25), la phrase serait tirée d’un « discours d’Hitler (sic) » expression citée sans référence.

     

    Selon Ferry, Hitler fait de cette loi une « affaire personnelle » ou encore : « Hitler tiendra à suivre personnellement l’élaboration de cette gigantesque loi (180 pages) » (26).

     

    L’imagination de Luc Ferry n’est pas moindre lorsqu’il s’agit de la « vivisection ».

     

    2- L’animal dans l’univers nazi

     

    Dès la fin août 1933, Hermann Göring lance le scoop d’une prétendue suppression de la vivisection, bientôt confirmée par la circulaire provisoire du 13 septembre 1933, valable quelques semaines, jusqu’à la promulgation de la loi du 24 nov. 1933, dont elle préfigure la IIIe section.

     

    On y supprime le mot, (vivisection) mais non la chose (expérimentation sur l’animal vivant).

     

    Le scoop « La vivisection est supprimée en Allemagne » est habilement présenté comme un texte législatif, ou du moins officiel, assorti de terribles peines pour les contrevenants, passibles du camp de concentration – sanction qui a sans doute permis la fermeture de certains laboratoires et la suppression des remuantes associations opposées à la vivisection et portant ce nom.

     

    La nouvelle fait aussitôt le tour du monde, relayée par le réseau radiophonique allemand très développé en Amérique, et par les associations protectrices.

     

    Dans les faits, la loi du 24 nov. 1933 reprend bien des dispositions antérieures : une habilitation pour les chercheurs surveillant étroitement l’expérimentation, l’emploi recommandé de l’anesthésie si possible, la mise à mort rapide des animaux expérimentés, la limitation des expériences à but pédagogique, la publication des résultats réservée aux seules revues scientifiques, etc.

     

    Luc Ferry juge la sollicitude nazie envers l’animal de laboratoire « en avance de cinquante ans (et même plus) sur son temps ».

     

    C’est « en retard de 57 ans » qu’il faut écrire, puisque la première réglementation, anglaise, date de 1876, suivie par deux actes prussiens des 22 fév. 1885 et 20 avr. 1930, et de bien d’autres législations de pays européens.

     

    Luc Ferry se montre plus prudemment allusif au sujet de l’accusation dénonçant les protecteurs de l’animal qui auraient prôné le remplacement des animaux de laboratoire par des hommes, en particulier dans les camps de concentration.

     

    Il se contente d’écrire : « l’alliance de la zoophilie la plus sincère n’en est pas restée aux paroles, mais s’est incarnée dans les faits (27)», et réserve à ses nombreux interviews la clef de cette ultime et terrifiante conséquence de la protection de l’animal.

     

    La lecture des Procès de Nuremberg, en particulier ceux des médecins, relatés par F. Bayle, ruine cette abominable allusion : on y repère au moins trois laboratoires d’animaux établis dans des camps de concentration et une cinquantaine de témoignages montrant que de multiples expériences sur l’animal, souvent publiées, ont précédé les affreuses expériences sur des « sujets humains » (28).

     

    Ferry croit voir dans la loi de 1933 la fin de l’anthropocentrisme : « Ce n’est pas l’intérêt de l’homme qui serait ici l’arrière-fond : il est reconnu que l’animal doit être protégé en tant que tel (wegen seiner selbst) ».

     

    Cette dernière formule est en effet utilisée par le Kommentar.

     

    Il est vrai que la loi de 1933 provient de protecteurs soucieux d’ouvrir une brèche dans l’ancienne conception, la seule acceptable et acceptée au début du XIXe siècle, qui vise seulement à limiter les répercussions de la maltraitance de l’animal sur la moralité humaine.

     

    Pourtant, et de façon contradictoire, le Kommentar met immédiatement (p. 15) en garde son lecteur : la loi du national-socialisme assurant une protection plus efficace de l’animal qu’auparavant « pose la question de savoir si l’animal pourrait être considéré comme susceptible d’avoir une personnalité juridique qui lui vaudrait une prétention subjective à la protection...

     

    À cette question, il faut répondre par non, le porteur de droit ne peut qu’être l’homme seul ou bien la communauté humaine, et non pas un animal (souligné par nous)...

     

    L’animal sera, juridiquement parlant, considéré comme une chose (als Sache gewertet) ».

     

    Le dommage atteignant un animal appartenant à un tiers ne peut être pris en compte qu’en considération du § 303 du code pénal, dans la mesure où l’acte ne constituerait pas aussi un acte de torture.

     

    C’est dire que l’animal continue à être considéré comme n’importe quel autre bien.

     

    Cette idée est développée ou exprimée ensuite par des juristes nazis, démontrant la soumission juridique de l’animal à l’homme (évidemment aryen !).

     

    Il suffit ici de citer la thèse d’Albert Lorz (29) devenu le spécialiste des manuels de la législation animale allemande jusqu’à nos jours.

     

    Lorz écrit que c’est un point tout à fait élémentaire de la morale, que l’homme puisse user et abuser de l’animal à ses propres fins.

     

    Pour une traduction plus exacte, il faudrait utiliser l’expression consacrée par le droit de la propriété : user et abuser, exprimée par deux paires de verbes allemands, benutzen und abnutzen, brauchen und verbrauchen, les second termes marquant une dégradation supplémentaire allant jusqu’à l’anéantissement de « l’objet », c’est-à-dire la mort de l’animal, mais paradoxalement en excluant « missbrauchen » (maltraiter).

     

    Cette conception de l’animal comme simple objet de propriété reste proche du droit romain ; elle inviterait, dans une plus longue discussion, à nuancer une trop simpliste opposition entre une tradition nordique prétendue favorable à l’animal et une zone aussi ensoleillée que prétendue cartésienne, exaltant l’homme.

     

    Quant à la prétention nazie de protéger tous les animaux, y compris les sauvages, dans laquelle Luc Ferry voit un danger pour l’humanisme et l’humanité, c’est une fanfaronnade de la loi du 24 nov. 1933, qui ne concerne, dans la pratique et même dans son expression, que les seuls animaux domestiques, à l’exception toutefois des poissons et des grenouilles.

     

    Un simple coup d’oeil sur la liste des « nuisibles » chassables en toutes circonstances ou sur les « plus basses espèces » à privilégier dans l’expérimentation animale, suffit à démentir la prétendue égalité nazie de tous les animaux.

     

    Dès le début du texte de 1933, on a vu que le critère de la souffrance acceptable par la loi est l’utilité.

     

    Cette subjectivité, autrement dit l’intérêt de l’homme, autorise de facto l’expérimentation sur l’animal qui, sans cette clause, n’aurait pu faire l’objet de la IIIe section de la loi du 24 nov. 1933.

     

    Ce critère de l’utilité achève de démoder et remplace le concept de « publicité » du vieux code pénal : une cruauté exercée sur un animal était répréhensible dans le seul cas où elle était perpétrée en public, car elle est alors censée blesser la sensibilité des témoins.

     

    Pour tourmenter un animal sans être sanctionné, il suffisait de se cacher.

     

    La suppression d’un tel critère reste une victoire pratique de la protection animale, mais non pas une victoire théorique.

     

    En effet, le critère d’utilité de la souffrance infligée est établi en fonction de l’homme et fort rarement de l’animal (par exemple un soin vétérinaire), et la loi du 24 nov. 1933 n’est en réalité qu’une facette nouvelle de l’anthropocentrisme.

     

    Au critère de la publicité, qui, du moins, reflétait une certaine sensibilité ainsi que le poids accordé à l’opinion publique, est substitué celui d’une évaluation tout aussi arbitraire : qui jugera si le bloc de pierre imposé au cheval de carrière est trop lourd ou si la corrida est indispensable à la santé mentale de ses spectateurs ?

     

    Quels sont les critères de l’utilité ?

     

    Loin d’être assassiné par les nazis, comme le proclame Ferry, l’anthropocentrisme tire une reconnaissance officielle de la législation du 24 nov. 1933 ; désormais, ce qui est utile pour l’homme prime tout.

     

    C’est d’ailleurs à ce parti juridique que se rattache pleinement Luc Ferry lui-même, à son insu, puisqu’il recommande, en 1998, d’éviter des « souffrances inutiles » (30) à l’animal !

     

    3. Les suiveurs de Luc Ferry

     

    Dès la publication du Nouvel Ordre écologique, de nombreux auteurs répercutent les affirmations de Ferry, en général sans citer leur source.

     

    François Reynaert renforce le vocabulaire de Ferry en écrivant dans le Nouvel Observateur que le Führer a « exigé » la loi de protection animale (31).

     

    Dans sa thèse juridique, soutenue à l’Université de Nantes, Martine Leguille-Balloy va jusqu’à écrire : « Ne faudrait-il pas se remémorer que Hitler fut le plus grand protagoniste de la protection animale dans notre siècle ? » (32).

     

    En 1993, Janine Chanteur reprend l’argument de Ferry pour nourrir sa défense de l’anthropocentrisme :

     

    « L’inclinaison [du national-socialisme] à reconnaître un droit aux animaux plutôt qu’aux hommes» (souligné par nous) exprime un renversement de situation menaçant. »

     

    L’auteur ne pose même pas la question de la vraisemblance de son affirmation ; elle l’admet comme une évidence que Jean-Pierre Digard formule, plus nettement encore, en ces termes :

     

    « Avec Hitler, souvent photographié en compagnie de ses bergers allemands favoris, et la législation du IIIe Reich, qui fut plus favorable qu’aucune autre aux animaux, nous quittons la fiction pour l’histoire » (souligné par nous).

     

    D’autres auteurs, en particulier catholiques (33), mettent en garde contre une législation protectrice de l’animal, au nom de la même contrevérité ; pas plus que Luc Ferry, ils ne sont conscients que le Catéchisme de l’Église catholique (§ 2418) reprend à son compte le critère de la loi du 24 nov. 1933 de l’« utilité » de la souffrance infligée à l’animal, et lui donne une large extension.

     

    La boursouflure typique du mythe, présente chez Ferry (une loi de 180 pages, une bibliographie sur l’animal de 600 pages (34) !) s’amplifie diversement chez ses imitateurs.

     

    Janine Chanteur (35) l’étend à la mémoire collective par la formule : « on se rappelle » signifiant que le fait cité (« l’inclinaison... du national-socialisme à reconnaître un droit aux animaux plutôt qu’aux hommes ») est inscrit dans une mémoire collective, qu’il est une partie intégrante d’un lot de connaissances reconnu par tous, admis comme une évidence sans démonstration, donc devenu un axiome.

     

    L’amplification des arguments avancés peut atteindre l’absurde.

     

    On lit, par exemple :

     

    « Les législations de 1933 et 1934 en Allemagne nazie étaient les premières dispositions légales de défense du droit des animaux et de la protection de la nature ».

     

    Mieux encore :

     

    « Le national-socialisme – le premier régime au monde à avoir codifié la protection des animaux et de la nature » (souligné par nous).

     

    On pourrait croire ces affirmations sorties du ministère de Goebbels, mais, en réalité, ces lignes proviennent d’articles donnés pour informatifs, publiés en 1999 dans la presse française de grande diffusion, par une journaliste et par l’un des généticiens français censé faire autorité en matière d’éthique (36).

     

    Dans ce trop court essai, nous avons tenté de jalonner les étapes d’un tortueux périple de désinformation.

     

    Parti d’une base factice, la propagande nazie, appuyée sur des confusions fondamentales et sur des affirmations sans fondement, l’argumentation, au fil des répétitions, accueille avec empressement des enflures mythiques, des données « plus grosses que nature ».

     

    Le discours devient un stéréotype, expulsé du domaine rationnel en tant qu’axiome, dont il est, par définition, inutile de vérifier la validité.

     

    Il reste à s’interroger sur les motifs qui incitent à diaboliser la démarche protectrice de l’animal, par contamination avec un personnage hors norme, Hitler.

     

    Il nous suffit aujourd’hui de constater que la majorité de ces auteurs, universitaires de haut rang, juristes, philosophes, religieux catholiques, scientifiques, journalistes d’importants quotidiens, professionnels de la réflexion et de l’information, emboîtent, sans la moindre hésitation, le pas cadencé d’une désinformation qui pourrait devenir un cas d’école.

     

    ***

     

    Notes


    (1) Luc Ferry, Le Nouvel Ordre écologique, l’arbre, l’animal et l’homme, Paris, Bernard Grasset, 1992 (désormais abrégé en : Ferry 1992).

    (2) Texte officiel dans le Reichsgesetzblatt, Journal Officiel du Reich, n°132, du 25 novembre 1933, pp. 987-988, une colonne p. 989. Traduction du Bulletin juridique du Comité International, BJCI, 1933, pp. 33-37. La traduction de Tierquälerei peut paraître faible, l’usage le plus répandu, y compris dans les dictionnaires réputés, étant de traduire Quälerei par torture.

    (3) Discours radiodiffusé de Hitler, 1/2/1933, cité par Alfred Grosser, Hitler, la presse et la naissance d’une dictature, Paris, Armand Colin, 1959, p. 134.

    (4) Henry Picker, Hitlers Tischgespräche in Führerhauptquartier, 1941-1942 (Propos de table dans le Quartier général du Führer, 1941-1942), Stuttgart, Seewald Verlag, 1976, 3e édition, annotée, p. 92. La traduction : « amateur d’animal » est aussi proposée.

    (5) « Avant-propos » in Cl. Giese et W. Kahler, Das deutsche Tierschutzrecht, Berlin, Freiburg, Otto Walter, 1939 (désormais abrégé par nous en Kommentar), cité par Luc Ferry et Claudine Germé, Des Animaux et des Hommes, Paris, Librairie Générale Française, 1994, en particulier pp. 506, 507, 513, 514 (désormais abrégé en : Ferry 1994). Autre écrit de Luc Ferry qui sera désormais cité en abrégé : « L’Europe des nations face aux droits des animaux », dans L’Éthique du vivant, Denis Noble et Jean-Didier Vincent (dir.), UNESCO, 1998, abrégé en : Ferry 1998.

    (6) Victor Klemperer, La Langue du IIIe Reich, Paris, Albin Michel, 1996, Leipzig, 1975, p. 140.

    (7) On trouve plus souvent : « Gleichschaltung ».

    (8) Hubert Schorn, Die Gesetzgebung des National Sozialismus als Mittel des Machtpolitik, Frankfurt aM., Vittorio Klostermann, 1963, p. 19.

    (8)

    (9) Ulrich Linse, Ökopax und Anarchie, Deutsche Taschenbuch Verlag, 1986, p. 50.

    (10) Werner Hoche, Die Gesetzgebung..., op. cit., Heft I, p. 702, 712 ; commentaires reproduits dans le Deutscher Reichsanzeiger und Preussischer Staatsanzeiger n° 281, 1/12/1933, puis dans les introductions successives de Giese, Reichsgesetzblatt, Teil I, 25/11/1933, n°132, p. 989.

    (11) Max Domarus, Hitler Reden und Proklamationen, 1932-1945, Neustadt Schmid, 1962.

    (12) Ferry 1992, p. 182 ; 1992, p. 206 et 1994, p. 514 ; 1992, p. 29 ; 1998, p. 73, dans l’ordre des citations. Ce type de déclaration est souvent repris, avec des variantes, par exemple dans Le Point, « Les animaux ont-ils des droits », 1/4/1995, pp. 85-90.

    (13) Ian Kershaw, Hitler, essai sur le charisme en politique, Paris, Gallimard essais, 1995, p. 753.

    (14) Fritz Korn, Die strafrechtliche Behandlung der Tierquälerei, Meissen, Bohlmann, 1928, et « Die Tierquälerei in der Rechtsprechung », in Archiv für Rechtspflege in Sachsen, VI, 1929, pp. 331-340 ; également F. Korn, Kommentar zum Reichs-Tierschutzgesetz vom 24 November 1933, Meissen, Matthaüs Hohlmann, sans date (semble dater des premiers mois de 1934).

    (15) Barbara Schröder, Das Tierschutzgesetz vom 24.11.1933 zur Dokumentation der Vorgeschichte und der Änderungsvorschläge, Inaugural Dissertation zur Erlangung des Grades eines Doktors der Veterinärmedizin an der Freien Universität Berlin, 1970. pp. 9 à 11.

    (16) 1992, p. 206.

    (17) Golias, nov.-déc. 1996, « Les amis des bêtes », p. 36.

    (18) Ferry, 1992 : « On y trouve rassemblées, en quelque trois cents pages serrées, toutes les dispositions juridiques relatives à la nouvelle législation, ainsi qu’une introduction exposant les motifs “philosophiques” et politiques d’un projet dont l’ampleur, en effet, n’est alors à nulle autre pareille » (p. 181). « [Les trois lois] portent, hors celle du Chancelier, les signatures des principaux ministres concernés : Goring, Gürtner, Darré, Frick et Rust » (p. 182).

    (19) Ferry 1994, 6 références page 512.

    (20) 1992, pp. 181-182.

    (21) 1998, p. 73. Rappelons qu’elle tient sur 2 pages 1/3 au J.O. allemand.

    (22) Jean-François Six, « Existe-t-il un droit de l’animal ? », dans Pour une éthique du transport et de l’abattage des animaux de boucherie, 24/10/1995, Paris, INRA, Interbev, pp. 3-44 ; « L’animal est-il un sujet de droit ? », dans L’Homme et l’animal, un débat de société, Paris, INRA éditions, 1999, pp. 41-59.

    (23) Jean-Pierre Digard, Les Français et leurs animaux, Paris, Fayard, note 73, p. 247. « Le national-socialisme allemand, qui eut la législation la plus favorable aux animaux », affirme-t-il également dans « La compagnie de l’animal », dans Boris Cyrulnik (dir.), Si les lions pouvaient parler, Paris, Gallimard Folio, p. 1054.

    (24) 1992, p. 183.

    (25) Le Point, 1/4/1995, p. 89.

    (26) Respectivement : 1992, p. 182 et 1998, p. 73.

    (27) 1992, p. 184.

    (28) Élisabeth Hardouin-Fugier, « L’Animal de laboratoire sous le nazisme », C.D. rom, Recueil Dalloz 19/2002 et site internet Dalloz ; François Bayle, Croix gammée contre caducée, les expériences humaines en Allemagne pendant la Deuxième guerre mondiale, L’auteur, 1950

    (29) Albert Lorz, Die Tiermisshandlung in Reichstierschutzgesetz, Günsburg, Karl Mayer 1936, p. 39.

    (30)1998, p. 75.

    (31) Le Nouvel Observateur, n° 1460, 1992, p. 18.

    (32) Évolution de la réglementation de protection des animaux dans les élevages en Europe, 2 avril 1999.

    (33) Parmi les auteurs soulignant le prétendu lien entre nazisme et protection de l’animal : Jean-François Six, op. cit., 1995, pp. 3-44 ; L’homme et l’animal, un débat de société, 1999, pp. 41-59 ; Jean-Pierre Digard, op. cit., 1999, p. 215 ; René Coste, Dieu et l’écologie, éditions ouvrières, Paris, 1994, p. 33.

    (34) 1992, p. 80, note 9.

    (35) Janine Chanteur, Du Droit des bêtes à disposer d’elles-mêmes, Paris, le Seuil, 1993, p. 11.

    (36) Sophie Gherardi, « La Deep Ecology comme anti-humanisme », Le Monde des Débats, mai 1999, p. 15 ; Axel Kahn, « Haro sur l’humanisme », L’Humanité, jeudi 30 déc. 1999, pp. 12-13.

     

    Elisabeth Hardouin-Fugier, "La protection de l'animal sous le nazisme", Luc Ferry ou le rétablissement de l'ordre, éditions Tahin Party, 2002, p.129-151.

     

    http://bibliodroitsanimaux.site.voila.fr/hardouinfugierloinazie.html

  • Bessan : le maire Roger Raluy commandite un massacre de pigeons en pleine nuit

    http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/3/3a/Bessan_mairie.JPG/290px-Bessan_mairie.JPG
    Mairie de Baissan

    L'abattage des pigeons de Bessan en pleine nuit, opération mandatée par le maire Robert Raluy (Midi Libre du 15 septembre), fait réagir les associations de défense des animaux.

    Tout d'abord, le comité de soutien à la cause animale (CSCA) qui - comme il n'a pas cinq ans d'existence et ne peut donc ni porter plainte, ni se porter partie civile, « horrifié, scandalisé face à la gravité de la situation » comme le déclare sa présidente, Michèle Perlini - a fait appel à l'association parisienne Stéphane Lamart afin que celle-ci donne une suite au dossier.

    « Le service juridique de notre association a constitué un dossier. Nous n'attendons plus que le témoignage d'un Bessanais que nous devrions recevoir aujourd'hui ou demain, et nous allons porter plainte contre le maire pour "acte de chasse illicite avec mise en danger de la vie d'autrui" », explique Pascal Cousin, du bureau de protection animale de l'association.

    Et de s'exclamer : « Un maire n'a pas tous les droits dans sa commune ! Il devrait tout de même savoir que la chasse est interdite la nuit, qui plus est en plein centre ville, à moins d'avoir une autorisation préfectorale exceptionnelle, et non pas un simple arrêté municipal... Car il s'agit de respecter le code de la chasse puisque le pigeon Biset est classé comme gibier ».

    De son côté, la famille Ouachem, qui s'était indignée dans nos colonnes d'une telle opération nocturne, ainsi que de ne pas avoir été avertie par les services municipaux, a porté plainte contre le maire pour "mise en danger de la vie d'autrui", soutenant, comme d'ailleurs son voisin M. Blanchard, que « le piégeur mandaté par le maire a tiré non seulement sur le bâtiment inhabité de la place Sébastopol, mais aussi dans sa rue, sur la façade de son voisin ».

    Antonia JIMENEZ

  • Expérimentation : 54 millions d’animaux sacrifiés dans le projet REACH (One Voice)

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    Le docteur vétérinaire André Ménache, directeur d’Antidote Europe*, fait le point sur les avancées présentées lors du congrès mondial sur les alternatives à l’expérimentation animale.

    54 millions d’animaux seront utilisés pour le projet REACH.

    Il est plus que jamais nécessaire de convaincre l’Union européenne de recourir à une science moderne et performante, excluant les expériences sur les animaux.

    De bonnes nouvelles en Suisse et en Allemagne

    Le 7ème congrès mondial sur les alternatives aux expériences sur les animaux a eu lieu à Rome, du 30 août au 3 septembre 2009, et a accueilli 900 participants.

    D’abord les bonnes nouvelles.

    En Suisse ainsi qu’en Allemagne, des lois locales ont permis d’interdire les expériences invasives sur les singes.

    Bien que les chercheurs prévoient de faire appel des décisions juridiquement obtenues, ceci démontre qu’il existe des moyens de relever un défi contre ce genre d’expérimentation animale utilisée en recherche fondamentale.

    Le grand public pense souvent que ces expériences sont intouchables.

    Ces exemples prouvent le contraire.

    La souffrance des animaux est prise en compte

    Dans le cas suisse, c’est grâce à un amendement de la constitution du pays, protégeant - depuis 1992 - la dignité des animaux, que ces expériences ont été bloquées.

    Et dans le cas allemand, grâce à une amélioration constitutionnelle des lois de protection des animaux qui date de 2002, le comité d’éthique municipal a décidé de ne pas accorder la permission aux chercheurs de poursuivre leurs expériences invasives sur les cerveaux des singes.

    La décision a été basée sur l’estimation que la souffrance de ces animaux dépasse le bénéfice attendu, c'est-à-dire les résultats des chercheurs.

    Il faut continuer à faire pression sur la Commission européenne

    Les moins bonnes nouvelles concernent le programme REACH de l’Union européenne (UE), pour l’enregistrement, l’évaluation et l’autorisation de substances chimiques.

    Jusqu'à présent, les autorités évoquaient que ce programme toucherait environ 12,8 millions d’animaux, ce qui est déjà un chiffre énorme. Lors du congrès, il a été annoncé le nouveau chiffre de 54 millions d’animaux.

    Bien que toutes les autorités ne soient pas d’accord entre elles concernant la validité de ce dernier chiffre, nous devons agir rapidement.

    Les Etats-Unis sont plus avancés que l’UE dans ce domaine.

    C’est donc notre devoir de faire pression sur la Commission européenne pour insister sur l’adoption de la toxicologie moderne du 21ème siècle, qui repose sur les méthodes substitutives à l’expérimentation animale.

    Les données obtenues sur des humains sont plus fiables

    Nous devons également ne pas accepter l’excuse du manque de données humaines.

    Chacun de nous est déjà contaminé par un cocktail d’environ 200 substances chimiques plus ou moins toxiques.

    Cela est évident dans les analyses de sang et d’urine, même chez les nouveau-nés.

    Il est regrettable que la Commission européenne ne s’intéresse pas à ces données qu’il est facile de se procurer.

    Tester ces substances chimiques sur des cellules humaines plutôt que sur des animaux éviterait sans nul doute de nombreuses catastrophes sanitaires.

    *Voir l'article : "L'expérimentation animale : l'avis d'un vétérinaire".

    http://www.one-voice.fr/fr/article/experimentation-54-millions-d-animaux-sacrifies-dans-le-projet-reach

  • 24 septembre : conférence de Florence Burgat (philosophe) et André Ménache sur le thème "Expérimentation animale : un mal nécessaire ?" à Paris

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    24 septembre 2009 à 19h : conférence de Florence Burgat (philosophe) et André Ménache sur le thème Expérimentation animale : un mal nécessaire ? à Paris, au 10-18 rue des Terres au Curé (salle Tilleul), 75013, métro Olympiades (ligne 14).

    Intervenants :

    - Florence Burgat, philosophe, traitera des aspects éthiques. Elle est l'auteur de plusieurs livres et d'un dossier consacré à l'expérimentation animale dans la toute nouvelle "Revue semestrielle de droit animalier" éditée par la Faculté de droit et de sciences économiques de Limoges.
    - André Ménache, docteur vétérinaire, directeur d'Antidote Europe, traitera des aspects scientifiques et des avantages des méthodes sans animaux pour la santé humaine.

    Entrée libre.

    http://www.antidote-europe.org/confs_fr.htm

  • Brigitte Bardot demande l'interdiction des animaux dans les cirques

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    Brigitte Bardot a demandé au ministre de l'Ecologie d'interdire les animaux dans les cirques, au lendemain de la saisie par les services vétérinaires de Gironde d'un tigre à l'état de santé dégradé, a annoncé l'actrice vendredi dans un communiqué à l'AFP.

    "Le ministre de l'Ecologie doit agir et interdire la présence d'animaux dans les cirques car ça n'a pas de sens de faire de belles déclarations sur la biodiversité, sur la préservation des espèces, si à côté de cela on laisse des centaines d'animaux sauvages crever dans des cirques indignes", estime la présidente de la Fondation Bardot.

    "Savoir ce tigre sorti de l'enfer est un réconfort, mais je pense à tous les autres animaux encore exploités dans les cirques. Comment pouvons-nous tolérer, au XXIe siècle, de voir ces animaux esclaves de l'homme, condamnés à vivre une vie de misère, enfermés dans des cages de transport et victimes d'un dressage contre nature ?", ajoute Brigitte Bardot qui demande aussi la création de centres d'accueil pour la prise en charge des animaux sauvages maltraités.

    Jeudi matin, un tigre maigre et affaibli, nécessitant des soins urgents, a été saisi par les services vétérinaires de la Gironde dans un cirque.

    Les services vétérinaires, accompagnés d'une vingtaine de gendarmes, ont procédé à un "retrait administratif" de l'animal, a précisé la gendarmerie, indiquant par ailleurs qu'"il y avait un défaut d'autorisation d'ouverture d'un établissement présentant en public un animal non domestique".

    Le tigre âgé de 5 ans, a été confié par arrêté préfectoral à la Fondation Brigitte Bardot.

    http://www.tele-animaux.com/actualite,info,brigitte-bardot-demande-l-interdiction-des-animaux-dans-les-cirques:6582.html

  • Le chasseur qui a abattu Cannelle condamné grâce à la persévérance du monde associatif

    http://ferus.org/IMG/jpg/a_l_ourse_Cannelle.jpg

    En novembre 2004, la dernière ourse de souche pyrénéenne était abattue par un chasseur qui participait à une battue aux sangliers, sur une zone où l’on avait pourtant signalé la présence du plantigrade.

    Plaidant la légitime défense, l’auteur du coup de feu mortel avait été relaxé en avril 2008.

    Mais nos associations n’avaient pas dit leur dernier mot.

    Après avoir obtenu gain de cause, nous demandons à présent à l’État de prendre les mesures nécessaires à la protection de l’ours.

    En avril 2008, consternation et incompréhension dans les rangs des associations de protection de la nature à l’écoute du verdict à l’encontre du chasseur responsable de la mort de Cannelle.

    La présence de l’ourse et de son ourson dans le secteur de la vallée d’Aspe (zone spéciale de conservation « Natura 2000 ») avait été signalée le matin même aux services préfectoraux ainsi qu’aux chasseurs de ce secteur. Malgré ces éléments indéniables le Tribunal Correctionnel de Pau jugera le tireur non coupable.

    En toute logique, nos associations ont fait appel de cette décision de justice.

    Notre persévérance, lors de procédures juridiques laborieuses, a fini par payer.

    La cour d’appel a reconnu M. Marquèze entièrement responsable de la mort de l'ourse Cannelle.

    Une victoire pour la protection de la nature.

    Suite aux multiples préjudices dus à la mort de Cannelle, nous demandons à l’État français, signataire de la Convention de Berne et de la Directive Habitats, de prendre ses responsabilités en mettant en place les mesures propres à assurer la survie de l’ours, et ce, plus particulièrement dans les zones spéciales de conservation « Natura 2000 ».

    La présence de l’ours dans les Pyrénées occidentales en dépend.

    Une interdiction préfectorale de la chasse dans les secteurs de présence avérée de l’ours aurait permis de sauvegarder la souche pyrénéenne de cette espèce présente dans nos montagnes depuis toujours.

    Contact presse : Pierre Athanaze, Président de l’ASPAS, Tél: 06 08 18 54 55

    Associations signataires de ce communiqué : ASPAS, SNPN, ONE VOICE, SEPANSO Béarn

    http://www.aspas-nature.org/

  • Un tigre mal en point saisi dans un cirque en Gironde

    http://circusworld.wisconsinhistory.org/ImageTours/Animals/Animals-tiger-V.jpg

    Un tigre qui avait besoin de soins a été saisi jeudi par les services vétérinaires de la Gironde dans un cirque installé au Barp, a-t-on appris de sources concordantes

    "Lors d'un contrôle, il y a quelques jours, on a constaté qu'un tigre nécessitait d'être soigné. Il était apathique et nécessitait d'être examiné

    Nous avons alors monté une procédure pour le mettre dans un établissement conventionné pour qu'il puisse être bien traité", a expliqué à l'AFP Pierre Parriaud, directeur départemental des services vétérinaires de la Gironde

    Jeudi matin, les services vétérinaires, accompagnés d'une vingtaine de gendarmes, ont donc procédé à un "retrait administratif" de l'animal pour le transférer vers un centre à Saint-Martin-la-Plaine (Loire), a précisé la gendarmerie, indiquant qu'"il y avait un défaut d'autorisation d'ouverture d'un établissement présentant en public un animal non domestique".

    "C'est une procédure assez rare" dans un cirque, a commenté M. Parriaud

    La Fondation Brigitte Bardot a salué pour sa part "une nouvelle victoire de la protection animale", affirmant qu'un "premier tigre (était) mort fin août des suites de maltraitance" dans ce cirque nommé "le Cirque de Marrakech".

    http://www.tele-animaux.com/actualite,info,un-tigre-mal-en-point-saisi-dans-un-cirque-en-gironde:6584.html

  • A quand un Lush 100% vegan ? A quand un Lush qui ne ressemble pas à "Gala" ? (Ma lettre à Lush)

    http://styletips101.com/wp-content/uploads/2009/03/lush-250x250.jpg

    Bonjour,

    Je viens de recevoir ma commande et, en tant que végane, je fais très attention à n'acheter chez vous que des produits vegans.

    Cependant votre étiquetage ne devait pas être suffisamment visible dans votre dernier journal, puisque je me suis aperçue que la crème "Main dans la main" que j'avais commandée contenait de la lanoline : manifestement, le "V" inscrit en marge de l'annonce ne m'a pas sauté aux yeux, malgré toutes mes précautions...

    Le plus simple serait de ne faire QUE des produits vegans : qu'a-t-on besoin d'oeufs, de miel ou de lanoline quand comme Lush on se déclare pleinement du côté des animaux ?

    Seconde remarque : je déplore également l'orientation "show-biz" de vos annonces, d'autant plus que celles-ci sont en général bien écrites et très spirituelles : là encore, qu'a-t-on besoin de savoir que Madonna se colle de la crème X sur le corps ou que Mickael Jackson n'usait que du shampooing Y ?...

    Par pitié, ne devenez pas un "Gala" de plus.

    Les initiatives comme la vôtre sont rares et devraient vous empêcher de tomber dans un tel panneau.

    Par-dessus tout, soyez fier-e-s de vous-mêmes et cessez, comme j'ai pu le lire, de vous sentir flatté-e-s en découvrant X ou Y d'Hollywood débarquer dans vos boutiques : nous vivons dans des démocraties où tous les individus sont censés être égaux.

    Les "stars", dois-je vous le rappeler, ne sont pas des dieux.

    Au contraire, ce sont souvent des êtres humains médiocres qui ne gagnent guère à être connus : si c'étaient vos voisins, vous seriez les premiers à ne pas en faire cas.

    Parlez plutôt de personnalités intellectuelles comme Théodore Monod, Gandhi ou Albert Schweitzer : vous enrichirez la culture de votre clientèle et participerez à l'élévation morale de cette société, laquelle dégringole de plus en plus bas.

    Cordialement,

    MP

    http://www.lush.fr/

  • Yale : l'assassin d'Annie Le était vivisecteur / Shame on Yale Animal Resources Center

    YALE ANIMAL RESOURCE CENTER OR "YARC" CRUEL TO ANIMALS! SAME PLACE ANNIE LE MURDERED!

    Testing on live animals is such a no no.

    This is the lab where Annie Le was murdered, her body stuffed in a wall of the lab.

    A DNA match has been made implicating a lab technician who worked with the animals to the homicide.

    Such an enviroment is unnatural.

    Experimenting on live animals attracts a certain morality that can and does reach over into how people treat one another!

    Educated people in institutions of higher learning are well aware that there are technical advances in research that do not require the use of live animals and many universities and scientists already use them.

    Yale isn't one of them!

    Scroll down towards the end of this website to see actual photographs of animals experimented on in labs!

    Click here to learn more about YARC

    http://stephaniehyde.blogspot.com/2009/09/yale-animal-resource-center-or-yarc.html

  • Homo sapiens (Michel Tarrier)

    http://www.geneticarchaeology.com/Images/Homo_Sapiens.jpg

    À toi, animal humain, désigné comme "espèce élue" et érigé roi de la création !

    Homo sapiens fut décrit et élogieusement nommé par Carl von Linné, en 1758.

    Tout comme le rat (Rattus rattus) ou le cafard (Blatta orientalis) par le même auteur, à la même date…

    Inventeur de la nomenclature binominale, dite système linnéen (genre/espèce), Linné est le fondateur de la taxinomie moderne.

    Dans son œuvre (Systema naturae) il décrivit de son vivant la plupart des végétaux, des animaux (dont nous) et des minéraux, œuvre descriptive considérable évidemment complétée jusqu’à ce jour.

    L'homme n’est rien de plus qu'une espèce parmi deux millions d'autres officiellement recensées.

    De notre culpabilité, et très succinctement…

    A vos calculettes :

    2 millions de Gaulois assassinés par les Romains ;

    Des millions de morts lors des croisades, des pèlerinages armés et dévoyés, durant la Guerre de cent ans et au fil d’innombrables guerres de religions ;

    10 à 40 millions de Chinois massacrés par les Mongols au XIIIe siècle ;

    Le peuple de Tasmanie liquidé par les Britanniques lors du génocide "le plus parfait" de l’histoire ;

    Des centaines de milliers d’Aborigènes australiens décimés par les mêmes colons britanniques ;

    L'extermination de 20 à 60 millions d’Amérindiens, depuis la "découverte" espagnole, l'évangélisation et la colonisation, jusqu'à la Conquête de l'Ouest ;

    Les traites négrières (orientale, intra-africaine et atlantique) totalisèrent plus de 50 millions de victimes ;

    1.200.000 Arméniens périssent dans le premier génocide du XXe siècle ;

    40 millions de morts lors de la Première Guerre mondiale et 65 millions durant la Seconde (dont les 5 millions de la Shoah) ;

    Le démocide stalinien : 43 millions de morts ;

    Le démocide de Mao : 30 millions de victimes et des famines à la chaîne ;

    La terreur sanguinaire de Paul Pot : 1.500.000 Cambodgiens.

    Rajoutons le million de victimes du Biafra, les 800 000 Rwandais, en majorité Tutsi, ayant trouvé la mort durant les trois mois du génocide au Rwanda, sans omettre les 300 000 morts et les 3 millions de déplacés de la guerre au Darfour.

    Depuis l'esclavage du peuple Noir jusqu’au Nouvel Ordre mondial, soit de 1900 à l’aube du troisième millénaire, en passant par la guerre au Vietnam, le capitalisme porte à lui seul la responsabilité d'un bilan de quelque 100 millions de morts.

    SAPIENS, COMME SAGE.

    Déforestation, productivisme agricole, agroterrorisme, mort biologique du sol, désertification, sixième crise de la vie et extinction massive d’espèces pour causes anthropiques, pollutions, réchauffement du climat, fonte des glaces, montée des océans, tarissement accéléré de toutes les ressources non-renouvelables, la planète bleue est en déliquescence.

    20 000 hectares de couvert forestier disparaissent chaque jour.

    La Terre vue du ciel : bientôt un cimetière, une fosse commune.

    Selon un rapport du WWF, nous avons perdu en 30 ans près de 30 % de tout ce qui vivait sur Terre.

    L’ours polaire marche sur les eaux, l’aigle impérial fait les poubelles, le vautour s'attaque au vivant, d'autres deviennent cannibales, le panda géant porte un collier-émetteur, l’orang-outan n'a plus d'habitat, l’orque et le dauphin tournent en rond dans des bassins cimentés, le phoque est une peau, la panthère et le croco se portent dans les beaux quartiers, les oiseaux chantent sur du fil barbelé, les libellules se posent sur des piquets, il n'y a plus rien à butiner, les ruches sont désertées, les papillons sont en volière, la grande forêt est vide, terriblement silencieuse, le petit bois d’à côté est contaminé et inanimé, le corail est au rayon des souvenirs, mais Total veille sur les océans, Monaco protège la faune... et Areva attend que ça fonde.

    Aucun insecte nocturne ne vient plus virevolter autour du lampadaire, on ne voit plus de hannetons, on n'entend plus chanter les grenouilles et depuis longtemps, la chevêche ne perche plus sur le poteau téléphonique.

    Où sont le carabe doré, la cétoine verte, les papillons multicolores, la rainette verte, la jolie couleuvre de notre enfance ?

    SAPIENS, COMME SAGE.

    Veau, vache, cochon, couvée, homme sont chosifiés.

    Le vivant est industrialisé , mais on dit qu’il pourrait être bio, la belle affaire...

    Zoos, cirques, laboratoires, batteries, l’ignoble personnage enferme, dompte, torture, exploite, les espèces compagnes et aussi la sienne.

    SAPIENS, COMME SAGE.

    En guise de bénéfice :

    Cancers, maladies environnementales et génétiques, perte de fécondité (tant mieux !), maladies nouvelles et concoctées de toutes pièces, cent mille molécules chimiques lâchées dans les sols, les eaux et les airs, pesticides et biocides dans la rosée et dans nos urines, un milliard de terriens souffrant chaque année les méfaits de la pollution, recul des terres fertiles, catastrophes "naturelles" plus nombreuses et plus meurtrières, hordes de réfugiés de l’environnement. ..

    D’ici à 2050, on prévoit  des sécheresses drastiques susceptibles d’affecter 2 à 3 milliards d’humains.

    SAPIENS, COMME SAGE.

    Depuis l’an 1 de l’Ère chrétienne, la population humaine est passée de 250 millions à quasiment 6,7 milliards d’habitants

    Pour les trois-quarts de l’humanité, la Terre-nourriciè re ne l’est déjà plus.

    Notre fourmilière humaine comptera 9 milliards d'individus malheureux en 2050.

    Plus d’un million de personnes se suicident chaque année, au chômage, au travail, dans les villes, dans les champs, en prison, en liberté…

    Honte au néfaste esprit patriotique, honte aux familles nombreuses !

    Il est dit que si nous ne décroissons pas, nos maîtres bienveillants vont nous décimer.

    SAPIENS, COMME SAGE.

    Exterminateur et invasif, Homo sapiens est la seule espèce de grande taille à investir selon une croissance infernale la quasi-totalité des niches écologiques des autres espèces.

    Nous sommes ainsi les auteurs du plus effroyable laminoir de biodiversité que l’on pouvait imaginer

    Nous souffrons d’une incurable cécité écologique doublée d’un besoin maniaco-dépressif d'asservir, de dominer, régner, contrôler, ordonner, gérer, intervenir, décider, nous ne sommes bons qu’à saccager, détruire, modifier, altérer, uniformiser, aligner, nettoyer, vider, couper, tondre, scalper, raser, décapiter, brûler…, le plus souvent sans comprendre, sans donner, sans admirer… et même sans regretter.

    Guerres et discriminations envers et contre tout, contre soi, contre l’homme, surtout contre "l’autre" et "le différent", contre les espèces non rentables, en un mot... contre la nature.

    Sexisme contre l’autre sexe, racisme contre les autres races, spécisme contre les autres espèces, pillage du vivant réduit à la notion étroitement utilitaire de ressources, saccage des paysages défigurés en autant de formes géométriques écostériles.

    Avec un dépassement de 30% de la biocapacité planétaire, notre humanité s’est octroyé un crédit écologique qui est une fatale fuite en avant. Où est la sagesse ?

    Notre politique est bien celle de la terre brûlée.

    Ne rien laisser derrière soi qui puisse profiter à l’ennemi est une stratégie de guerre… totale.

    Mais quel est donc cet ennemi si exécré, sinon nous ?!!

    SAPIENS, COMME SAGE.

    Ou encore intelligent, raisonnable ou prudent !

    Sapiens, nos ancêtres cueilleurs-chasseurs ("ceux qui laissent") que nous avons persécutés l’étaient.

    Nous ("ceux qui prennent"), Homo sapiens economicus ou demens, peuple dernier et civilisé, vils urbanistes, économistes imbus, agronomes-valets ou politiques impérieux et fourbes, nous ne le sommes pas, nous ne le sommes plus.

    Sans vouloir offenser la mémoire de Léonard de Vinci...

    Certain que Jean Ziegler ou Stéphane Hessel partageront cet avis,

    Homo sapiens n’est qu’une sombre brute.

    Sapiens est donc un qualificatif erroné, un nom usurpé, DÉBAPTISONS-LE !

    « Notre mode de vie n’est pas négociable. »

    Georges Bush Père

    « Nous n’allons pas nous excuser pour notre mode de vie. »

    Barack Obama

    Dès 2050, notre vie sera invivable. Le clap de fin sera au mieux pour 2100.

    La passivité devant le désastre n’a d’égal que la vie anormale des gens normaux.

    « Et si l’aventure humaine devait échouer ? » : relire Théodore Monod s’impose.

    Signé : l'homme, voyou de la planète.

    ***

    « Je ne puis concevoir l'homme sans pensée : ce serait une pierre ou une brute (…) Penser fait la grandeur de l'homme. L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant. (…) Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale. »

    Blaise Pascal (Pensées, 1670)

    « La principale maladie de la planète, c'est l'homme. »

    Paul Emile Victor

    « Ce qui compte dans la sauvegarde des condors et de leurs congénères, ce n'est pas tant que nous avons besoin des condors, mais que nous avons besoin des qualités humaines nécessaires pour les sauver. Ce sont précisément celles-là mêmes qu'il nous faut pour nous sauver nous-mêmes. »

    Ian Mac Milan

    Michel Tarrier
    http://www.ctv.es/USERS/tarrier/tarrier_M/