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Société - Page 82

  • Belgique : les derniers espaces sauvages détruits par l'agriculture industrielle

    http://fermedelacouleedouce.com/site/Portals/0/Images/fal2007_pesticide_fillup.jpg

    BRUXELLES - L'industrialisation des pratiques agricoles, marquée par l'usage important d'engrais et de pesticides et par l'intensité de l'élevage, est aujourd'hui sur le point de détruire les derniers espaces de prairies fleuries de Wallonie, selon un communiqué de Natagora.

    L'association de protection de la nature demande que soit mis en place d'urgence un mécanisme assurant la protection définitive des 3.000 hectares de prairies fleuries qui subsistent encore.

    Le 13 juillet, la Commission européenne a publié son rapport sur l'état de santé du réseau Natura 2000 durant la période 2001-2006. Selon ce rapport, plus des trois quarts des habitats associés à l'agriculture sont dans un mauvais état de conservation.

    http://www.dhnet.be/dhjournal/archives_det.phtml?id=956394

  • Féria de Marboz : ce qui devait arriver est arrivé : une femme blessée lors de l'abrivado

    http://www.leprogres.fr/fr/images/get.aspx?iMedia=8629959

    Bravo encore aux initiateurs et organisateurs de ces grotesques réjouissances marboziennes, qui ont vu leurs efforts couronnés d'une conclusion prévisible : emmerder de pauvres taureaux n'est pas sans danger pour les participants.

    Les exemples annuels d'accidents dans les férias de Nîmes ou de Pampelune, où des hommes et des femmes se font régulièrement encornés, piétinés, voire tués par les taureaux affolés au cours des abrivados, sont légion, et auraient dû permettre à Marboz de réfléchir à deux fois avant d'importer sur le sol bressan ces turpitudes stupides qui  portent atteinte à la dignité animale et mettent en danger la vie d'autrui. MP

    ***

    Hier après-midi, à la féria de Marboz, une femme de cinquante-deux ans originaire de Polliat a été légèrement blessée par un taureau.

    Placée derrière les barrières de sécurité, elle a été percutée par l'animal.

    Lors de l'abrivado (course de taureaux encadrés par des cavaliers), la bête s'est trouvée coincée contre la rambarde.

    Les jeunes « attrapaires » s'étaient précipités sur le taureau dans la rue des fleurs malgré les consignes des organisateurs camarguais, la famille Billaud.

    http://www.leprogres.fr/fr/identification/creer-un-compte/index.html

  • L'Alliance Anticorrida et Sébastien Chabal : victoire contre l'architecte tauromaniaque Jean Nouvel

    L'affiche de la feria de Béziers, signée de l'architecte Jean Nouvel, reproduisait une photo de Sébastien Chabal avec une tête de taureau, créant, de ce fait, un amalgame insupportable entre la corrida et le rugby.

    Par une lettre ouverte destinée à Sébastien Chabal et envoyée au président de la Fédération française de Rugby, nous dénonçons l'instrumentalisation du sportif par une minorité en manque de sensations fortes.

    De son côté, Walter Spanghero, membre d’honneur de l’Alliance Anticorrida, a tenu lui aussi à réagir.

    Qualifiant le rugby de : « sport de combat avec un respect ô combien sincère de l'adversaire », il estime que la corrida est une « confrontation inégale entre une personne et un taureau qui tombe dans un piège. »

    C’est pourquoi, au nom de tous ceux pour qui l’implication de notre rugby dans la corrida n'est qu'une vile récupération, nous avons demandé à Sébastien Chabal, « de ne pas laisser tacher [son] maillot bleu par le sang de bêtes sacrifiées sur l’autel de la barbarie et d’exiger le retrait de [son] image de cette affiche ».

    Une heure après notre communiqué de presse, l’agent de Chabal nous confirmait, par téléphone, que la photo avait été « détournée par Jean Nouvel ».

    Dès le lendemain 24 juillet, Raymond Couderc, maire de Béziers prenait la décision de retirer l’affiche et n'excluait pas de se retourner contre l’architecte en raison du manque à gagner puisque l’affiche devait être vendue par la ville !

    Remercier Sébastien Chabal  :

    http://www.allianceanticorrida.fr/reagir.html

  • Ain : stop à la féria de Marboz

    feria.jpg

    Pour la 4e ou 5e année consécutive, le fléau s'installe à Marboz : http://www.feria-marboz.com/

    Marboz est un petit village de l'Ain.

    Chaque année je proteste auprès du maire (Alain Gestas), en pure perte.

    Protestons ensemble auprès de la mairie de Marboz pour que cesse cette grotesque mascarade qui sert de publicité aux pro-corrida du Sud :

    Mairie MARBOZ
    Av. Bourgogne
    01851 MARBOZ
    Tél. : 04-74-51-00-12

    Ma lettre :

    Bonjour,

    Une fois de plus je m'insurge contre la tenue annuelle d'une "féria" dans ce paisible village de l'Ain qu'est Marboz.

    L'Ain, que je sache, n'a rien à voir avec les odieuses "traditions" du Sud tauromaniaque, et il est vraiment odieux que les pro-corrida aient essaimé jusqu'en Bresse (ce qui montre au passage le mal qu'ils ont à maintenir vivante cette ignoble torture-spectacle auprès des Français, qui se déclarent contre la tauromachie à près de 80 %).

    A Marboz, certes, le taureau n'est pas mis à mort. Il n'empêche que ce "spectacle" de corrida portugaise (2008) et d'abrivado (2009), où un pauvre animal est ridiculisé et malmené, est indigne d'une société civilisée, et qu'il peut donner le goût à quelques spectateurs d'une réjouissance plus sanguinolente dans les arènes du Sud.

    Quant à la corrida proprement dire, c'est de la torture pure et simple : nous sommes en 2009, plus au Moyen Âge, et nul ne peut plus ignorer que les animaux sont des êtres sensibles qui, en tant que tels, possèdent des droits inaliénables tels que le droit à la vie, le droit de ne pas être torturés, ni exploités, et le droit de vivre libre.

    En espérant que cette missive ne restera pas lettre morte et que l'intelligence de mes interlocuteurs saura se montrer à la hauteur d'une réponse,

    Méryl Pinque

  • La campagne Vivisection = S.A.L.E ! (Stop aux Animaux dans les Laboratoires d’Expérimentation !) lancée par International Campaigns (IC) lors de la SMAL en avril dernier se poursuit pendant la saison estivale

    L'image “http://journee-internationale-droits-animaux.org/components/com_datsogallery/img_pictures/campagnesaleparis32_20090728_1789396784.jpg” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.

    La campagne Vivisection = S.A.L.E ! (Stop aux Animaux dans les Laboratoires d’Expérimentation !) lancée par International Campaigns (IC) lors de la SMAL en avril dernier se poursuit pendant la saison estivale et a été notamment relayée en ce samedi 25 juillet 2009, rue Caumartin à Paris (quartier des grands magasins) de 14h à 18h.

    Une quinzaine de militants pour les droits des animaux ont rejoint International Campaigns Île-de-France (IC IDF) pour sensibiliser un public nombreux et particulièrement réceptif au message communiqué en faveur des droits des animaux.

    Ce stand était composé de 7 mètres de table, d’une tonnelle, d’une grille-présentoir portant de multiples affiches avec des photos et du texte ainsi qu’une vidéo de 11 min passée en boucle et montrant des animaux torturés dans les laboratoires.

    Cette vidéo a été particulièrement mise en valeur grâce au nouvel équipement acquis : un téléviseur écran plat de 56 cm monté sur un pied qui lui permet d’être à hauteur des yeux des passants.

    Sur les tables, une variété d’échantillons de nombreux produits cosmétiques et d’entretien non testés sur animaux étaient à la disposition des passants ainsi que des échantillons de crème solaire (période de grandes vacances oblige !).

    Une distribution a également été assurée par un militant déguisé en lapin qui portait par dessus son costume un tee-shirt « Bronzez Sans Cruauté ».

    Ce dernier a régulièrement arpenté la rue piétonne en allant avec entrain à la rencontre des passants.

    Les militants ont constaté une forte fréquentation du stand ce jour-là, des personnes se posant de multiples questions sur la vivisection, pensant par exemple que cela ne se pratiquait pas pour les cosmétiques et produits d’entretien, ce qui est malheureusement faux et qui risque de s’aggraver dans le cadre du projet REACH, malgré les assurances officielles.

    Des personnes souhaitant connaître l'évolution des lois concernant l'expérimentation animale et beaucoup de demandeurs de liste de produits sans cruauté et de liste des distributeurs de ces marques sur Paris.

    Autre question récurrente : « Que faut-il faire pour arrêter ça ? ».

    Réponse : en tant que consommateur, chacun peut agir en privilégiant l’achat de marques « éthiques » qui figurent dans le triptyque IC des produits non testés sur animaux , en demandant des médicaments génériques à son pharmacien et, en tant que citoyen, en en parlant à son entourage et en exprimant son refus de telles pratiques par le biais de pétitions ou de courriers adressés au Ministère de la recherche et de l’enseignement supérieur, en soutenant les associations qui s’efforcent à faire valider des méthodes de substitution comme Antidote Europe.

    À l’inverse, il a été répondu aux personnes désireuses d’aider à lutter contre la vivisection de ne pas faire de dons pour des campagnes favorisant la recherche médicale sur les animaux.

    La solution au problème de la vivisection se trouve aussi dans le militantisme !

    Et c’est à la portée de tous avec simplement de la bonne volonté.

    L’objectif est de faire évoluer les mentalités, d’informer correctement le public sur le plan scientifique (c’est-à-dire contrer la manipulation orchestrés par les industries et rapportée par les médias) et de sensibiliser au fait évident que les animaux sont des êtres sensibles qui méritent qu’on leur reconnaisse des droits fondamentaux à ne pas servir les intérêts des humains afin que cette odieuse exploitation cesse.

    Par ailleurs sur le stand, les autres formes d’exploitation des animaux étaient aussi dénoncées, notamment la corrida, la fourrure, le cuir, la chasse, l’élevage et l’abattage des animaux, les cirques et les zoos, que ce soit par les militants d’IC ou par l’association Vegan.fr qui tenait à proximité une table d’information sur les raisons de devenir vegan, à savoir pour abolir l’exploitation des animaux en général.

    Comme à l'habitude, une documentation variée était à disposition :

    Différentes pétitions étaient proposées à la signature dont les suivantes :

    Des ouvrages de référence sur la vivisection étaient en consultation sur les tables :

    La prochaine action de sensibilisation aux droits des animaux et de relais de la campagne S.A.L.E. ! organisée sur Paris par IC IDF se tiendra sur les quais de la Seine, à l’occasion de Paris plage, le samedi 08 août 2009 de 14h à 18h.

    Pour nous rejoindre sur Paris et l'Ile de France et nous aider à sensibiliser toujours plus les passants aux droits fondamentaux des animaux, notamment le droit à ne pas servir de matériel de laboratoire : droitsdesanimaux[at]international-campaigns.org et/ou peatcook[at]yahoo.fr

    http://journee-internationale-droits-animaux.org/rapports/autres_actions_dans_annee/samedi_25_juillet_-_paris.html

  • En finir avec Sade

    http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/44/Marquis_de_Sade_portrait.jpg/220px-Marquis_de_Sade_portrait.jpg

    Interview Michel Onfray* « Sade est le dernier philosophe féodal »

    Le Point : Comment expliquez-vous la fascination autour de Sade ?

    Michel Onfray : C'est un symptôme des années 70.

    Tous les grands biographes de Sade ont donné dans l'hagiographie.

    Relisez Annie Le Brun, Gilbert Lely ou Jean-Jacques Pauvert et vous serez estomaqué par la complaisance avec laquelle ils décrivent la vie d'un individu qui n'était ni plus ni moins qu'un délinquant sexuel.

    Voilà un homme qui prend des femmes en otages, les menace de mort, les torture, leur inflige les pires sévices, et il faudrait en faire un parangon libertaire et le héraut de la parole bâillonnée ?

    Tout cela est sidérant, surtout lorsqu'on ajoute qu'il est le premier des philosophes modernes, alors que je crois qu'il est bien plutôt le dernier philosophe féodal.

    On ne peut pas dire non plus que tout le monde est à genoux devant Sade ?

    Heureusement !

    Il est par exemple rassurant de constater que deux penseurs de premier plan tels que Hannah Arendt ou Albert Camus ne sont pas tombés dans le panneau du marquis.

    Lorsqu'on a écrit Les Origines du totalitarisme ou L'Homme révolté, il faut dire aussi qu'il est difficile de souscrire à une oeuvre telle que Les 120 journées de Sodome.

    On y rase des gens, on leur tatoue des numéros, on les avilit, on les tue...

    Ça ne vous rappelle rien ?

    Avec Sade, on subit le diktat d'une littérature qui aurait tous les droits alors que je suis convaincu qu'être écrivain, c'est surtout avoir des devoirs.

    Mais alors, quoi, on jette tout chez Sade ?

    Non, bien évidemment.

    Mais il faut arrêter de célébrer sans cesse un écrivain dont la postérité est aussi due au crédit que lui ont apporté Apollinaire ou Breton.

    Il faut lire et relire les pages où Sade fait l'éloge de la sodomie, car elle est à son sens le seul moyen de ne pas engendrer.

    Relire aussi sa manière de désigner la chair des femmes comme une putréfaction totale.

    Moi, je ne suis pas client.

    Propos recueillis par Albert Sebag

    http://www.lepoint.fr/culture/2009-07-23/interview-michel-onfray-sade-est-le-dernier-philosophe-feodal/249/0/363796

  • " 'Vérité, amour et liberté' " (Gary Francione)

    http://i219.photobucket.com/albums/cc157/shayn_edge/vegan.jpg

    Chères collègues et chers collègues,

    Laissez-moi introduire les remarques suivantes en précisant que je ne doute aucunement de la sincérité des personnes impliquées dans l’évènement que je m’apprête à relater et à commenter.

    L’objectif de cet article est d’insister sur ce qui me semble être le message très confus et moralement problématique que véhicule un tel évènement.

    Mardi 21 juillet 2009, la Humane Society of the United States a tenu un évènement visant à encourager les grands chefs et les restaurants à appuyer le boycott de la HSUS à l’égard des fruits de mer canadiens, afin de presser le gouvernement canadien de cesser l’abattage commercial des phoques au Canada.

    Quelques détails :

    • L’évènement était tenu au (selon la HSUS) « nouveau, glamour et branché Policy ». Jetez un œil au menu de Policy. Y a-t-il même un seul produit animal qu’on n’y sert pas ? Ironiquement, le menu de Policy inclut des moules de l’Île-du-Prince-Édouard, qui, j’aurais cru, constituent des « fruits de mer canadiens ». Pourquoi est-ce que la HSUS ne pouvait pas tenir cet évènement dans un restaurant véganvéganisme éthique ? Voilà une opportunité manquée. Je dois noter que, selon la HSUS :

      Le thème de Policy, « Vérité, amour et liberté », est élégamment écrit sur ses murs et est parfaitement approprié pour la cause.

      Je me demande si les vaches, les veaux, les agneaux, les canards, les poulets, les poissons, etc. sont réconfortés de savoir que leurs cadavres sont servis dans un endroit où « Vérité, amour et liberté » est écrit sur le mur.

    • Il y a une certaine confusion quant au fait que de la nourriture était servie lors de l’évènement et que cette nourriture était végane. Selon la HSUS sur Twitter : « il n’y avait pas de nourriture et on pouvait entrer gratuitement ». Mais selon Pamela’s Punch:

      La nourriture était excellente et des bouchées étaient offertes telles que des tomates vertes frites accompagnées de salsa de maïs et de crème fraiche au romarin avec du tapioca.

      J’ai appelé la HSUS et j’ai pu parler avec la personne dont le nom était indiqué comme contact-médias pour l’évènement et lui ai demandé si de la nourriture était servie et si celle-ci était végane. On m’a affirmé que de la nourriture était servie, mais cette personne ne pouvait me dire si elle était végane. On m’a aussi dit que le choix des mets offerts était fait par les chefs qui participaient, et non pas par la HSUS.

    • L’évènement était coparrainé par plusieurs chefs qui, bien qu’ils servent de la viande, du poisson et à peu près tous les autres produits animaux, comptent :

      parmi les plus fervents promoteurs des fermes locales, des animaux élevés de manière humanitaire et de la communauté.

      En fait, un des coparrains a publié sur son menu :

      Les mets marqués d’un astérisque contiennent des produits d’animaux certifiés humanitaires. Ils rencontrent les standards du programme Humane Farm Animal Care, qui inclut une diète nutritive sans antibiotiques ou hormones; des animaux élevés dans un endroit où ils ont accès à un abri, à des zones de repos, à suffisamment d’espace et où ils peuvent s’adonner à leurs comportements naturels.

    • Pour en savoir plus sur les sceaux d’approbation du programme de la Humane Farm Animal Care, qui est coparrainé par la HSUS et d’autres groupes, voyez mon article sur les étiquettes de certification « humanitaire ».

    • Lors de l’évènement, des mannequins tout en jambe accueillaient les invités sous un soleil éclatant.
    • Mais l’aspect le plus troublant de cet évènement touche le concept de boycott lui-même, lorsqu’un nonhumain sensible est utilisé de manière instrumentale comme monnaie d’échange pour en sauver un autre.

      Il doit être remarqué que le boycott de la HSUS n’est pas une chose simple :

      Note : L’interdiction contient une exemption pour les produits issus de la chasse traditionnelle par les Inuits et les membres d’autres peuples indigènes.

      Il y a trois niveaux distincts à ce boycott.

      Les restaurants ont fait des promesses à différents niveaux : tous les fruits de mer canadiens ; les fruits de mer des provinces maritimes (Terre-Neuve, Île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse et Québec) ; ou le crabe des neiges du Canada.

      Puisque la campagne de boycott ProtectSeals contre les fruits de mer a été lancée, plus de 600,000 individus et plus de 5,000 épiceries et restaurants ont promis d’éviter certains ou même tous les fruits de mer canadiens jusqu’à ce que la chasse aux phoques soit abandonnée pour de bon.

      (Puisque les moules servies chez Policy, où l’évènement était tenu, provenaient de l’Île-du-Prince-Édouard, je suppose que, l’exception concernant les Inuits ne s’appliquant pas, le restaurant s’était engagé à respecter le troisième boycott, soit celui qui porte sur le crabe des neiges.)

      Sans considérer les nombreux niveaux de boycott, les exemptions, etc., je suis très déçu que des défenseurs des animaux considèrent comme légitime d’utiliser un animal comme monnaie d’échange politique pour en sauver un autre.

      Le boycotte de la HSUS implique que :

      (1) les poissons et les autres nonhumains aquatiques n’ont pas de valeur inhérente et ne sont que des choses que nous pouvons utiliser, de manière instrumentale, pour sauver des animaux auxquels nous accordons de la valeur ;

      (2) il est permis de continuer à manger des animaux de la mer qui ne proviennent pas du Canada; 

      (3) il serait permis de manger des animaux de mer canadiens si ce n’était de la chasse aux phoques ;

      et (4) lorsque la chasse aux phoques (autre que celle perpétrée par les Inuits) sera abolie (ou règlementée afin que les défenseurs des animaux puissent déclarer victoire), le boycott sera abandonné et il sera de nouveau moralement permis de manger des animaux de mer canadiens.

      Les poissons ne sont peut-être pas aussi « charmants » que les phoques, mais ils accordent de la valeur à leur propre vie tout autant que les phoques en accordent à la leur.

      De plus, les chefs qui ont co-organisé cet évènement avec la HSUS servent de la viande et d’autre produits animaux dans leurs restaurants.

      Quelle est la différence entre les vaches ou les agneaux ou les poulets servis dans leurs restaurants et les phoques dont l’abattage leur semble inacceptable ?

      Il n’y a, bien entendu, aucune différence.

      Absolument aucune.

      La HSUS a rendu disponible un vidéo de l’évènement; un véritable chef-d’œuvre de confusion morale.

      Plusieurs chefs y sont interviewés et condamnent « l’abattage barbare d’animaux sans défense » et la « mise à mort inhumaine de tout animal ».

      Ces paroles, bien sûr, s’appliquent aux phoques, pas aux animaux qu’ils aprêtent et servent dans leurs restaurants.

      Si ce n’était pas aussi tragique, ce degré de déconnexion morale serait amusant.

      Je souhaite sincèrement que ces chefs, qui sont si préoccupés par les phoques du Canada, en viennent à percevoir l’égale importance morale des animaux dont le corps et les produits sont servis dans leurs restaurants de D.C..

      Je trouve que cette manière d’approcher l’éthique animale est des plus troublantes.

      En plus de créer un problème moral évident, je pense que le message qui est envoyé est, au plan purement pratique, très confus et confondant.

      Nous devrions boycotter la consommation de certains poissons afin de mettre un terme à la chasse « non inuite » des phoques alors que, au même moment, nous continuons tous à encourager l’abattage d’autres animaux, qui ne sont aucunement différents des phoques que nous voulons sauver - mis à part le fait que l’exploitation des premiers est économiquement intéressante alors que l’abattage des phoques n’est profitable qu’à des gens qui ne sont pas impliqués dans les organisations américaines de défense du bien-être animal.

      Gary L. Francione

      http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/07/23/verite-amour-et-liberte/

  • Pr Claude Reiss : "Plus besoin de torturer pour tester nos médicaments"

    485035018.jpg

    Physicien de formation, biologiste spécialisé en toxicologie moléculaire, ex-directeur de recherche du laboratoire Structure et dynamique du génome au CNRS de Gif-sur-Yvette, auteur et coauteur de plus de 250 publications scientifiques, Claude Reiss a consacré sa vie à la recherche sur le cancer et le sida.

    Connu pour ses travaux en toxicologie sur cellules, il est convié en 1992 à un débat radiophonique consacré à l’expérimentation animale.

    Reiss explique alors pourquoi le modèle animal lui semble faire obstacle au progrès et comment à l’inverse avec ces nouvelles technologies que sont la biochimie (l’étude des processus chimiques de la matière vivante) et l’informatique, il est possible de mieux comprendre comment une cellule est agressée en présence d’un produit potentiellement toxique.

    Relation de cause à effet ou pas, quelques mois plus tard, Reiss est sommé de quitter dans les meilleurs délais l’institut Jacques Monod où il travaille depuis dix sept ans !

    Muté avec la moitié de son équipement, de son budget et de ses techniciens, l’événement tombe mal : le chercheur vient tout juste de bénéficier de deux contrats de recherche importants, l’un portant sur le sida, financé par l’Agence nationale de recherche contre le sida (ANRS), l’autre de la CEE, en collaboration avec plusieurs laboratoires européens, dans la lutte contre le cancer. L’homme ne s’avoue pas vaincu pour autant et poursuit ses recherches.

    En 2003, il créé avec d’autres chercheurs issus du CNRS, Le comité scientifique Antitode Europe, une association à but non lucratif oeuvrant pour une meilleure prévention en matière de santé humaine.

    Une mission de la plus haute importance à l’heure où le rôle de la pollution chimique dans l’apparition de cancers, des allergies et des maladies neurologiques n’est plus à démontrer - à noter que depuis 40 ans, des chercheurs ne cessent d’alerter les pouvoirs publics.

    Pour Claude Reiss, il est désormais urgent de repenser la manière dont sont testés les produits chimiques avant leur mise sur le marché, c’est à dire développer d’autres méthodes que l’utilisation des tests de toxicité effectués sur des animaux.

    L’affaire n’est pas nouvelle mais dépasse de loin la simple et vieille querelle des pro et anti-expérimentation animale.

    Nouvelles Clés : Que reprochez vous au modèle animal ?

    Claude Reiss : Chaque espèce a évolué dans une niche écologique spécifique où elle a prospéré en adoptant son métabolisme, ses systèmes de défense, sa physiologie.

    Bien qu’il y ait une unicité du vivant, face à une agression de l’organisme, chaque espèce réagit donc selon les moyens qu’elle a développés.

    Il est donc dangereux de prétendre extrapoler à l’homme des résultats toxicologiques issus de l’expérimentation animale.

    N. C. : Les mécanismes fondamentaux de la vie sont pourtant communs à toutes les espèces ?

    C. R. : Il y a effectivement une grande unicité du vivant.

    Depuis la bactérie jusqu’aux mammifères en passant par les plantes, la vie est basée sur l’information stockée dans l’ADN laquelle est transcrite en ARN messager, lui même traduit en protéines.

    Pourtant, que des organismes partagent une stratégie de développement identique, ne signifie pas qu’ils réagissent à l’environnement de la même façon.

    N. C. : Pourriez-vous nous donner un exemple ?

    C. R. : Il y a quelque temps, on a expérimenté la métabolisation de certains médicaments chez le rat et chez l’homme.

    La plupart des substances que nous consommons sont métabolisées dans le foie par l’intermédiaire d’une bonne trentaine de gènes différents.

    Un des médicaments en question avait été métabolisé dans le foie du rat à 30% sous une certaine forme et à 50% sous une autre forme.

    Chez l’homme, il l’a été de façon différente.

    Au lieu des 30% obtenus chez le rat, on atteignait 70% chez l’homme et là où il y avait 50% pour l’animal, nous sommes tombés à 0,7% chez l’homme.

    Ces résultats parlent d’eux-mêmes.

    On sait effectivement depuis longtemps, que la manière dont une substance se dégrade dans l’organisme est très différente chez le rat, le chien, le singe et l’homme et que les lésions éventuellement causées par l’absorption de ce produit ne sont pas forcément identiques.

    Il existe des exemples connus.

    Alors que la morphine rend fou n’importe quel chat, le chien ne réagira pas à une dose vingt fois supérieure à celle recommandée pour un homme.

    De la même façon, le mouton peut manger de l’arsenic et le lapin de l’amanite phalloïde alors qu’une dose de pénicilline, si utile à l’homme, peut tuer net un cochon d’Inde.

    Sur la base d’un produit comme le fluoroacétate de méthyle, une substance toxique utilisée comme raticide, il est intéressant de noter que le singe est 73 fois plus résistant à ce produit que le chien et la souris tandis que le cobaye y est 10 fois plus sensible que le lapin.

    Tout animal réagit donc individuellement à l’agression d’un produit selon son espèce et son âge.

    Il développe des maladies qui lui sont propres, reste dépendant de comportement dictés par l’évolution et par son capital génétique.

    Quant à son environnement, il interfère en permanence avec son organisme.

    Stress, humidité, lumière, alimentation, heures et saisons, tout est source de fluctuation d’où l’idée de créer des modèles animaux standardisés.

    Problème : si l’on teste ces produits sur une population d’individus tous identiques, comment peut on reproduire alors les variations de réponses entre individus susceptibles de se trouver dans la population humaine ?!

    N. C. : Les industriels ont-ils conscience de ces faiblesses ?

    C. R. : Tout à fait.

    En 2006, le Conseil national de la recherche (NRC) des Etats-Unis a publié un rapport intitulé "Tests de toxicité au
XXIe siècle : une vision et une stratégie", dans lequel il dénonce les
failles des tests actuels sur des animaux et propose de mettre au premier
plan les tests réalisés sur du matériel humain, en l’occurrence des cultures de cellules humaines.

    L’industrie chimique et pharmaceutique en a pris bonne note, cette dernière étant déjà bien engagée dans cette voie.

    Il est grand temps de se tourner vers des méthodes véritablement scientifiques !

    N. C. : Quelles sont ces méthodes et pour quelle raison sont-elles plus fiables ?

    C. R. : La biologie moléculaire comme toutes les techniques in vitro qui exploitent les mécanismes vitaux offre cette possibilité de bavarder avec les cellules, notamment par l’intermédiaire de ce que l’on appelle les gènes de stress.

    Dès qu’un agent extérieur - produit chimique, choc thermique ou autres - agresse la cellule, celle-ci développe dès gènes de stress pour faire face à la situation.

    Le travail de mon équipe a consisté a capturer l’un de ses gènes, à le couper en deux et à souder derrière lui un repère visuel à base de luciférase, une substance que l’on trouve dans les méduses et les vers luisants, laquelle leur permettent d’émettre des signaux.

    Ainsi marquée, dès que la cellule émet un stress, elle devient luminescente.

    On peut alors tester sur cette molécule toutes sortes de substances.

    Elle répond dans les trente secondes et nous indique si le produit en question a attaqué ou non son ADN.

    Force est de constater que depuis le début des années 1990 l’utilisation de l’animal en toxicologie a commencé à décroître chez les grands industriels, eux-mêmes convaincus des avantages économiques et scientifiques de ces autres méthodes (modèles mathématiques, simulation sur ordinateur, cultures de cellules, etc.).

    Contrairement à des pays comme l’Angleterre et l’Allemagne - les pionniers en la matière de développement des méthodes alternatives - mais aussi l’Italie, la Suède, la Hollande, les Etats Unis et le Japon, la France s’est toujours démarquée par sa mauvaise volonté.

    Guère étonnant quand on sait que les gouvernements successifs ont été invariablement conseillés par un sérail de vieux chercheurs et techniciens récalcitrants formés à l’ancienne école et donc davantage attachés à persuader les pouvoirs publics de la nécessité de poursuivre l’expérimentation animale que de permettre à la France de rattraper son retard considérable.

    Tout a toujours été fait pour passer outre les volontés internationales et le savoir-faire des chercheurs français au profit de différents avantages comme l’économie basée sur l’expérimentation animale ou la possibilité pour des industriels de continuer à produire légalement des substances toxiques.

    On peut se demander de toute manière à quoi peuvent bien servir ces tests sur les animaux quand on sait que des substances toxiques chez l’animal sont malgré tout vendues dans le commerce.

    L’acétate de benzoyle, parfum ajouté dans les lessives s’est révélé cancérigène chez le rat, la souris et le hamster.

    Malgré ces résultats, le produit a reçu l’autorisation de commercialisation parce qu’il ne s’était pas monté dangereux pour une autre espèce de rongeur !

    Lorsque la plupart de ces produits ont chez l’animal des répercussions, logiquement, il faudrait donc limiter l’utilisation de ces produits chez l’homme, pourtant, on légalise leur diffusion !

    Donc, bien que les effets secondaires de ces produits (Formaldehyd, Dioxine, Furane, Lindane, PCP, etc.) aient été reconnus, on a autorisé leur élaboration et leur utilisation.

    Les exemples sont nombreux.

    Le Diphényle E 230 utilisé pour le traitement des agrumes provoque chez l’animal de labo des affections hépatiques et rénales.

    On sait depuis quarante ans que les ethers de glycol sont cancérigènes pour les embryons animaux, nombreux sont les produits d’entretien, peinture... qui pourtant en contiennent encore.

    Que dire de ces gouvernements qui se prémunissent en responsabilité en se fiant eux aussi sur la base d’expérimentations animales afin d’établir des normes d’eau potable, des limites de la qualité de l’air et des sols.

    Des réglementations qui protègent avant tout l’industrie.

    Vous avez dit sécurité sanitaire ?!

    Le 1er juin 2007 est entré en vigueur la nouvelle réglementation chimique européenne ayant pour objectif d’offrir au public une meilleure protection sur la base de quelques cent mille substances chimiques présentes dans notre environnement.

    Cette réglementation baptisée REACH (enRegistrement, Evaluation et Autorisation des substances Chimiques) se propose donc d’étudier leur toxicité, de retirer du marché les plus dangereuses et, pour les autres, de redéfinir leurs conditions d’utilisation.

    Au-delà du fait que les fabricants doivent eux-mêmes fournir le résultat des tests de leurs propres substances ( !), la plupart des industriels dénoncent un système coûteux et un manque de toxicologues compétents.

    Même le Professeur Thomas Hartung, conseiller scientifique de la Commission européenne, qualifie lui aussi les actuels tests de toxicité sur animaux de "tout simplement de la mauvaise science."

    Pour pallier ces failles, Antidote Europe, dont le siège social est à Strasbourg, a démontré la pertinence et la faisabilité de tests dits de toxicogénomique.

    N. C. : De quoi s’agit-il exactement ?

    C. R. : Avec mon équipe de chercheurs, nous avons développé une plate-forme informatique capable de gérer un ensemble d’automates pour tester parallèlement des centaines de substances en un temps record et à un coût dérisoire, alliant ainsi recherche scientifique pertinente pour notre santé et compétitivité industrielle.

    Contrairement à la toxicologie sur animaux, le Programme de toxicologie scientifique que nous avons développé permet d’interroger des cellules HUMAINES en culture, exposées à la substance à tester.

    Il est peu coûteux car facilement automatisable ; il est aussi très rapide puisque sur la base d’une substance à tester, le résultat est disponible en quelques jours seulement, fournissant une évaluation sur plusieurs critères (cancérogénicité, immunotoxicité, neurotoxicité, etc.) alors que le seul test de cancérogénicité sur les animaux, par exemple, se déroule sur deux à quatre années ; le tout pour un coût d’environ 10.000 euros par substance (contre 2 à 4 millions de dollars).

    Le PTS se fonde sur la génomique (connaissance de la fonction des gènes humains) et les puces à ADN (dispositif pour détecter d’éventuels dysfonctionnements de ces gènes).

    Des programmes de toxicogénomique sont en cours d’exploitation aux Etats-Unis mais l’Europe est en retard dans ce domaine.

    De même, pour les puces à ADN, de nombreux brevets existent déjà aux Etats-Unis mais Antidote Europe n’a identifié qu’un seul laboratoire européen capable de les produire.

    Le PTS est donc une technique innovante et Antidote Europe a démontré qu’elle pouvait être mise en place dès aujourd’hui si la volonté politique était suffisante.

    Un Centre de toxicogénomique utilisant l’approche proposée par Antidote Europe permettrait de tester les 100.000 substances en deux ans pour un budget total de 1,5 milliard d’euros.

    N. C. : Votre méthode a-t-elle donné des résultats concrets ?

    C. R. : Pour prouver la fiabilité et la faisabilité
d’expériences de toxicogénomique, Antidote Europe a dirigé une étude,
par cette méthode, de 28 substances chimiques parmi les plus présentes
dans notre environnement et susceptibles d’affecter notre santé.

    Les
résultats de 22 de ces analyses viennent de recevoir leur numéro
d’enregistrement dans la base internationale spécialisée MIAME (Minimum
Information About a Microarray Experiment ; numéros d’accès : E-TOXM-31
pour les expériences, A-MEXP-798 pour le design de la puce).

    L’expertise d’Antidote Europe dans ce domaine est donc ainsi reconnue par la communauté scientifique internationale.

    N. C. : Ces méthodes seront-elles utilisées dans le cadre de REACH ?

    C. R. : Antidote Europe s’emploie depuis plus de deux ans à ce que la
toxicogénomique soit rendue obligatoire dans le règlement REACH et a
obtenu qu’elle soit inscrite officiellement dans le préambule de ce
règlement européen sur les substances chimiques entré en vigueur le 1er 
juin dernier.

    Je rappelle que la toxicogénomique est déjà utilisée aux Etats-Unis depuis des années.

    Plus récemment, le Centre commun de recherche, sous l’égide de la Commission européenne, s’est doté d’un département de toxicogénomique.

    Alors qu’elle fournit des résultats valables pour l’homme, qu’elle est bien plus rapide et moins chère que les tests actuellement requis, pourquoi son utilisation est-elle retardée ?

    L’Allemagne, le Japon, l’Italie, la Belgique... évoluent dans ce sens alors que la France, deuxième puissance chimique en Europe, reste comme toujours muette sur cette question.

    Rien d’étonnant à cela lorsqu’on sait que Jacques Chirac s’était allié à Tony Blair pour réclamer que REACH ne constitue pas une charge trop importante pour l’industrie chimique.

    Plutôt que de tirer parti des méthodes modernes pour mettre en évidence la toxicité des substances chimiques, des tests continueront à se faire, comme au Moyen Age, sur des animaux, et à fournir des résultats aussi aléatoires qu’un jeu de pile ou face... à moins que ces résultats ne soient orientés pour innocenter des substances pourtant dangereuses !

    Contact : www.antidote-europe.org

    http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=1742

  • Livre : "L'Animal est-il une personne ?" d'Yves Christen (Flammarion)

    http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/2/7/8/9782081224872.jpg

    Yves Christen L’Animal est-il une personne ?
    Flammarion 2009 / 24 € - 157.2 ffr.537 pages
    ISBN : 978-2-08-122487-2
    FORMAT : 15cm x 24cm

    L'auteur du compte rendu : Alain Romestaing est maître de conférences en Littérature française à l’IUT Paris Descartes. Il est membre de l’équipe de recherche EA 4400 – « Écritures de la modernité » de l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, au sein de laquelle il travaille notamment sur les problématiques littéraires du corps, sur l’œuvre de Jean Giono (Jean Giono. Le corps à l’œuvre, Honoré Champion, 2009) et sur l’animalité (équipe du programme transversal de recherches : « Animalittérature »).

    Yves Christen est à la fois un scientifique (biologiste spécialisé dans les domaines de la génétique et des neurosciences) et un vulgarisateur (il a été rédacteur en chef de la revue La Recherche et responsable de la rubrique scientifique du Figaro Magazine).

    Il a en outre introduit en France la sociobiologie (L’Heure de la sociobiologie, Albin Michel, 1979).

    Enfin, il s’est également fait connaître pour son intérêt à la fois scientifique et affectif pour des léopards dans Le Peuple léopard. Tugwaan et les siens (Michalon, 2000).

    Toutes ces caractéristiques nourrissent son dernier ouvrage, L’Animal est-il une personne ?, qui est une somme passionnée et passionnante sur l’état des connaissances scientifiques (éthologie, génétique, neurosciences, primatologie, zoologie…) concernant des qualités découvertes chez les animaux (léopards donc, mais aussi éléphants ou baleines, araignées sauteuses ou labres nettoyeurs, chimpanzés, bonobos, gorilles, chiens, chèvres, corbeaux…) alors même qu’elles ont été ou sont encore désignées comme des «propres» de l’homme.

    L’auteur opère donc une vaste récapitulation des données concernant ce qui est censé faire défaut aux animaux (la deuxième partie énumère ces supposés manques : de raison, de socialité, d’émotion, de langage, de « théorie de l’esprit » c'est-à-dire de l’aptitude de se mettre mentalement à la place d’un autre, de culture...) ou ce que les humains sont censés avoir en plus (la troisième partie s’attaque à l’anthropocentrisme et à l’idée d’une supériorité génétique, cérébrale, ou en matière de liberté, de droits).

    Cette double récapitulation est encadrée par une première partie en guise d’introduction (à moins que celle-ci ne se réduise au très court prologue sur l’ambivalence du mot « personne » entre « autoglorification » et « insignifiance ») et une dernière partie synthétisant les apports des études précédemment décrites pour (continuer de) répondre à la question de l’ouvrage telle qu’elle est modulée par le prologue : « personne ou personne ? »

    La problématique n’est donc pas très rigoureusement définie, au prétexte que l’auteur « confesse un bien piètre goût pour les discussions sans fin sur » le sens précis du mot «personne» !

    Citant le biologiste moléculaire Francis Crick, Yves Christen pense qu’on « ne gagne pas de bataille en débattant à perte de vue sur ce qu’on entend par le mot bataille » (pp.19-20).

    C’est là quasiment une clé méthodologique : de l’action et des faits !

    Si la première partie dit clairement ce que l’auteur entend par « personne animale », elle insiste surtout sur le constat d’une nouvelle attitude à la fois scientifique et populaire par rapport aux animaux, se caractérisant par une plus grande sensibilité, voire par de l’amour (p.17), et sur l’enjeu intellectuel de ce changement : « la relation à ces autres vivants mérite de nouvelles analyses, qui les prennent en compte en tant que sujets » (p.19).

    De même, les enjeux éthiques précis concernant la reconnaissance du statut de personne animale seront régulièrement abordés et développés, notamment à propos de l’expérimentation sur les animaux ou de leurs droits…

    En d’autres termes, le titre de l’ouvrage est une interrogation oratoire plus qu’une question soulevant une problématique : Yves Christen répond par l’affirmative dès le début.

    L’objet du livre est bien davantage de montrer comment « l’approche scientifique et expérimentale », notamment de ces dernières années, « semble ruiner l’absurde vision de l’insignifiance de la bête » (prologue).

    À partir de là, le livre est en effet un impressionnant recensement des observations, expérimentations, découvertes permettant de dépasser la pauvreté de la notion d’instinct quand on parle des comportements animaux, recensement dont se dégagent les positions épistémologiques actuelles, les polémiques, et même certains changements dans les a priori des scientifiques : l’auteur, en historien des sciences, fait malicieusement remarquer que les expérimentateurs toujours soucieux de se démarquer du sens commun découvrent que les animaux nous comprennent, mais avec une réticence telle qu’« on se demande si certains expérimentateurs d’aujourd’hui […] n’auraient pas a priori tendance à favoriser l’hypothèse d’une compétence mathématique plutôt que celle d’une captation de la pensée d’autrui » (p.183) !

    Ce genre de remarque fondée sur une connaissance à la fois intellectuelle et concrète du monde scientifique fait souvent le sel d’un essai au ton très personnel : l’auteur n’hésite pas à nous présenter des personnes, qu’il s’agisse d’évoquer le divorce d’un couple de chercheurs et du changement consécutif de leurs objets de recherche (p.112) ou de plaisanter sur l’apparence d’un collègue (« Sapolsky est un drôle de chercheur. Allure de hippie de la bonne époque, mais rien à voir avec un marginal. Il enseigne à Stanford […] », p.265).

    De même, il racontera son vécu, ses rencontres, sa position par rapport aux animaux (« faire une personne [de la bête] ne revient pas à la considérer comme une personne humaine », p.410) [et pourquoi donc ?] ou par rapport à l’expérimentation animale (on ne peut y renoncer [FAUX, M. Christen !] mais il faut la soumettre à l’inconfort d’une réflexion éthique « en situation complexe », p.411).

    Enfin il expose sa conviction intime, « contre l’avis de la plupart des spécialistes », « que la théorie de l’esprit comme la conscience doivent être largement répandues dans le monde vivant » (p.179).

    Cette dimension personnelle du livre et la conscience de « l’évolution de notre sensibilité et de nos représentations médiatisées de l’animal » auraient pu permettre, cependant, plus de compréhension sur les certitudes anciennes, fussent-elles philosophiques et fondées sur un humanisme ayant « placé l’homme sur un piédestal en vertu de l’ignorance des époques passées » (p.412).

    Descartes en effet, coupable d’avoir réduit l’animal à une machine (et bien qu’il ait contribué à fonder la démarche scientifique moderne au nom de laquelle Yves Christen le condamne), en prend pour son grade, ainsi que nombre de philosophes de la singularité humaine, de Heidegger à Luc Ferry.

    De manière plus générale, il est dommage que les sciences humaines soient négligées, notamment quand il s’agit de se poser la question de la vie sociale des animaux (chap. 5), l’auteur réduisant le débat sur la question à ce qu’il présente comme un dialogue de sourds entre lui et Antoine Spire sur France Culture (p.80).

    On peut s’étonner notamment de l’absence de toute référence au travail de Jean-Marie Schaeffer (La Fin de l’exception humaine, Gallimard, 2007) dont le discours critique concernant la thèse de la singularité de l’être humain prévalant encore dans les sciences humaines émane donc de ces mêmes sciences humaines et rencontre bien des analyses d’Yves Christen !

    Mais ce dernier, répugnant, comme on l’a vu, « aux discussions sans fin », préfère par tempérament et par formation s’appuyer sur des « savoirs certes encore fragmentaires, mais objectifs », reposant sur « des découvertes empiriques menées dans la nature et en laboratoire » (p.412).

    On ne saurait trop lui en vouloir, ces savoirs étant présentés avec clarté, précision et vivacité et mis en perspective aussi bien par rapport à l’histoire des sciences de l’animal que par rapport au futur : de façon assez surprenante (et peut-être un peu contre-productive du point de vue de l’argumentation en faveur de la personne animale), Yves Christen établit un court rapprochement final entre « le mouvement de personnalisation » concernant les animaux et l’autonomisation des robots conçus selon le « modèle des vivants fabriqués par la sélection naturelle » (p.408).

    Il se projette même dans le dernier chapitre en pleine science-fiction.

    L’expérience du Néerlandais Willie Smits qui a mis des Webcams à la disposition des grands singes dont il s’occupe conduit en effet l’auteur à imaginer que « demain tous les orangs du monde […] se trouvent interconnectés et échangent des idées » (p.413).

    Alors, on ne pourra plus douter « qu’il faille les traiter comme des personnes » !

    Mais alors, il ne s’agit plus d’objectivité scientifique : « à force de […] pousser [cette « grosse pierre au sommet d’une colline » que sont le livre de Christen et l’initiative de Willie Smits], à coup sûr elle va dégringoler la pente. Nul ne sait où elle aboutira, mais quelque chose va se passer qu’il ne sera pas possible d’interrompre » (p.414).

    Peut-être n’est-il pas si mal que des philosophes, des sociologues, des écrivains ou des psychologues continuent de penser la singularité de la personne humaine aussi bien que celle de la personne animale…


    Alain Romestaing

    http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=85&srid=428&ida=11211

    A lire également sur parutions.com:

  • Le champion canadien Georges Laraque devient végétalien

    http://blogues.cyberpresse.ca/gagnon/wp-content/uploads/2009/02/georges-laraque.jpg

    Un mois après être devenu végétalien - c'est-à-dire qu'il s'abstient désormais de consommer tout produit d'origine animale - l'homme fort du Canadien, Georges Laraque, assure aujourd'hui ne s'être jamais senti aussi bien.

    « J'ai plus d'énergie qu'avant. Pas question pour moi maintenant de changer d'idée et de revenir en arrière », a-t-il indiqué en entrevue avec le Journal.

    Georges Laraque est d'abord devenu végétarien au début de mai, période au cours de laquelle il avait pris part à une manifestation contre le commerce de la fourrure.

    À l'époque, a-t-il conté, c'est le visionnement du film Earthlings qui l'avait incité à modifier ses habitudes alimentaires.

    Ce documentaire traite de l'impact de l'homme sur le monde animal, notamment de certaines pratiques jugées cruelles de la part des grandes industries.

    De justicier à défenseur des bêtes

    Laraque, dont le boulot sur la glace est de protéger ses équipiers en jetant les gants, a dès lors choisi de se porter aussi à la défense des animaux.

    « Je me donne dorénavant pour mission de faire valoir le droit des animaux, a-t-il d'ailleurs écrit sur son blogue. Je considère important d'aider ces êtres vivants qui n'ont pas de voix pour se défendre. Je crois que c'est à nous, les personnalités publiques, de sensibiliser la population aux droits des animaux. »

    Le sympathique colosse n'allait cependant pas s'arrêter là.

    Il dit avoir poursuivi sa réflexion par la suite en étant sensibilisé au sort réservé aux vaches laitières et aux poules pondeuses.

    Le 1er juin dernier, il passait donc de végétarien à végétalien.

    Après la viande, fini, entre autres, le lait, le fromage, les oeufs, etc.

    L'appui d'une nutritionniste

    Avant de modifier son alimentation, Georges Laraque a toutefois demandé conseil à la nutritionniste réputée Anne-Marie Roy pour s'assurer d'avoir une alimentation qui comblera ses besoins d'athlète professionnel.

    La transition s'est faite sans problème, a-t-il confié :

    « Ça va super bien. Je me sens même mieux, plus en santé. Je ne mange plus que des choses qui sont pures, organiques et bonnes pour la santé. J'ai plus d'énergie, c'est plus facile de s'entraîner. »

    « Ce n'est pas vrai qu'être végétarien ou végétalien, ce n'est que pour les gens qui sont petits et qu'on perd du muscle. On peut remplacer la viande », insiste Laraque, dont le menu compte maintenant une bonne part de beurre de peanuts, de légumineuses, de tofu et de riz brun.

    Et sur la route ?

    Le porte-couleurs du Tricolore convient que son nouveau choix de vie pourrait imposer certaines limites lorsqu'il suivra l'équipe sur la route, mais il ne s'en inquiète aucunement.

    Il a d'ailleurs vécu l'expérience lorsqu'il a pris part à une rencontre de la LNH à Las Vegas, à la mi-juin.

    « J'ai mangé plus de légumes, dit-il. Je traîne un sac de noix dans mes poches au cas où un restaurant n'aurait pas de tofu ou de légumineuses. »

    « L'équipe est déjà au courant et je vais organiser ça avec tout le monde au début de la saison », assure Georges Laraque.

    http://www2.canoe.com/sports/nouvelles/hockey/canadiens/archives/2009/07/20090719-074700.html