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WASHINGTON - Si jusqu'ici les régions polaires ont le plus souffert du réchauffement climatique, la faune et la flore des Tropiques pourraient être encore plus menacées, mettent en garde des scientifiques qui ont étudié l'environnement au Costa-Rica.
"De nombreuses espèces des plaines tropicales pourraient être en danger", avertit l'équipe de recherche conduite par Robert Colwell (Université du Connecticut) dans le dernier numéro du magazine américain "Science" paru vendredi.
"Les Tropiques, dans l'esprit des gens, sont déjà chauds, alors comment le réchauffement global pourrait-il être dangereux pour les espèces ? Nous espérons bien mettre cette question à l'ordre du jour de la protection de la nature", a déclaré Robert Colwell.
Quelques espèces tropicales, notamment les insectes, vivant déjà à des températures maximales, un climat encore plus chaud pourrait entraîner leur déclin, a-t-il expliqué.
"Nous avons choisi le terme 'usure' pour mettre l'accent sur la lente détérioration" , poursuit-il. "Quand cela sera-t-il suffisamment évident pour faire consensus? C'est difficile à dire".
Mais les chercheurs estiment qu'une hausse des températures de 3,2 degrés en un siècle pourrait faire de 53% des 1.902 espèces des plaines tropicales qu'ils étudient, des candidats à l'usure.
Ce qui ne veut toutefois pas dire que la jungle d'aujourd'hui sera un jour une terre aride.
"Certaines espèces vont proliférer, mais ce sont probablement celles qui sont déjà adaptées aux conditions difficiles", comme les mauvaises herbes, explique Colwell.
Et pour les autres ? Il existe peu d'endroits plus frais à proximité pour les plantes et les animaux tropicaux qui tentent d'échapper à la hausse des températures.
Sous les Tropiques, vivre plus haut peut être une réponse plus adaptée que partir.
Par exemple, expliquent les chercheurs, en gagnant de l'altitude la température diminue de 5,2 à 6,5 degrés tous les 1.000 mètres.
A la même altitude, pour obtenir un écart semblable en allant vers le nord ou le sud, les espèces devraient parcourir 1.000km.
S'élever n'est pas la solution dans tous les cas. Les espèces qui vivent déjà en hauteur ne pourront pas monter plus haut.
L'étude fournit une illustration importante du risque potentiel que représente le réchauffement climatique pour les espèces, observent Jens-Christian Svenning, de l'université de Aarhus au Danemark, et Richard Condit, du centre de recherche tropical Smithsonian aux Etats-Unis dans un commentaire de l'étude.
"Ces chiffres suggèrent que les risques sont importants", mais ils vont probablement être controversés du fait des larges lacunes que nous avons dans la connaissance de la sensibilité des espèces au changement climatique, ajoutent les deux chercheurs qui n'ont pas participé à l'étude.
GUJAN-MESTRAS - Interdits pendant la période de chasse à l'alouette, les sportifs contestent la décision municipale
« Nous sommes en colère », dit, en gardant le sourire, Didier Caubit, de l'association APC kite en montrant le panneau d'affichage de l'arrêté municipal à l'entrée de la plage de La Hume.
Celui-ci interdit la pratique du cerf-volant, de l'aéro modélisme, du char à voile et du kite-surf sur tout le littoral de la commune entre le 1er octobre et le 20 novembre. Cette période correspond à la période d'ouverture de la chasse à l'alouette.
« Nous avons eu cinq réunions de concertation avec la municipalité et nous avons l'impression qu'elles n'ont servi à rien. » Et Didier Caubit de faire un parallèle avec le banc d'Arguin, où les kites-surfeurs sont interdits alors que, d'après lui, « aucune étude n'a démontré à ce jour que cette pratique gêne les oiseaux. »
« Depuis plus de trois ans, nous vivons en parfaite harmonie avec les chasseurs à la tonne des prés salés de la Hume. Pour trois ou quatre pentes qui n'ont pas chassé l'alouette l'an dernier, la mairie a appliqué in extenso le texte en publiant cet arrêté d'interdiction de notre pratique. »
Une pétition sur Internet
Du côté de la municipalité, André Moustié, adjoint aux sports, rappelle que la chasse à l'alouette fait partie des traditions locales. « Nous sommes pleinement conscients que cet arrêté municipal est très gênant pour les kite-surfeurs. Nous avons essayé de trouver la solution qui convient le mieux à tout le monde. C'est pour cette raison que nous leur avons proposé, en accord avec la mairie d'Arcachon, une autre plage pour qu'ils puissent continuer à pratiquer leur sport pendant cette période. »
Didier Caubit explique que cette solution n'est pas satisfaisante car la plage du cercle de voile, en raison de son courant, est trop dangereuse pour les non-initiés. Il reste persuadé qu'une solution satisfaisant à la fois chasseurs d'alouettes et kite-surfeurs peut être trouvée.
« L'an dernier, à la même période, les vents et marées n'ont été favorables que très rarement. Nous n'avons navigué que cinq fois pendant la période concernée par l'arrêté. »
Les kite-surfeurs font circuler une pétition sur Internet, elle a déjà recueilli 500 signatures en un mois. « Forts de ces soutiens, les responsables du club comptent demander un entretien à M. le sénateur maire. »
Une douce OPA s’opère sur le Mouvement de libération des femmes.
La semaine dernière, Le Parisien et Ouest-France annonçaient « les quarante ans du MLF »… Avec deux ans d’avance.
Stupeur chez les féministes.
Seraient-elles guettées par la maladie d’Alzheimer ?
Serions-nous déjà en 2010 ?
De l’avis des historiennes comme des militantes, les « années mouvement » remontent à 1970.
Des féministes étaient bien à l’oeuvre parmi les activistes de Mai-68, mais leurs préoccupations n’étaient la priorité du mois de mai, surtout pas celles de leurs camarades garçons.
Il faut attendre 1970 pour assister à un mouvement revendiquant la libération des femmes à travers une série de temps forts collectifs : réunion à la faculté de Vincennes, dépôt de gerbe à la femme du « soldat inconnu » et numéro de la revue de Partisan proclamant « Féminisme : année zéro ».
Mais alors pourquoi cette précipitation et pourquoi certains médias datent subitement l’acte fondateur du MLF un 1er octobre 1968 ?
Cette date ne correspond à rien… si ce n’est à l’anniversaire d’Antoinette Fouque.
Aussi comique que cela puisse paraître, cette ancienne députée européenne, fondatrice des Editions des femmes, croit se souvenir avoir abordé la question avec deux amies le jour de son anniversaire en 1968…
Ce qui en ferait l’une des « fondatrices » du MLF.
Son service de presse ne ménage pas ses efforts pour le faire savoir.
Ouest-France l’annonce donc :
« Il y a quarante ans, Antoinette Fouque créait le MLF. »
L’époque est décidément propice aux impostures.
Et pas seulement sur Internet.
Le seul fait que ce canular médiatique fonctionne en dit long sur la méconnaissance, voire le mépris envers l’histoire du féminisme, jugée secondaire.
Rappelons cette vérité simple : personne n’a fondé le Mouvement de libération des femmes.
On ne décrète pas un mouvement social, surtout composé d’une telle multitude de courants et de groupes.
Antoinette Fouque et son courant n’étaient qu’une composante parmi d’autres de ces « années mouvement » (cf. le livre de référence de Françoise Picq).
Psychanalyse et Politique, c’était son nom, réunissait surtout des admiratrices, grâce à un mélange particulier de psychanalyse et de politique d’inspiration maoïste.
Le « culte de la personnalité » tenait parfois lieu de pensée, sur un mode que plusieurs féministes ont décrit comme « sectaire » dans un livre : Chronique d’une imposture.
Sur le plan des idées, Antoinette Fouque n’a cessé d’attaquer les « positions féministes-universalistes, égalisatrices, assimilatrices, normalisatrices » de Simone de Beauvoir.
Elle serait plutôt du genre à exalter le droit à la différence et la supériorité de la physiologie féminine, dite « matricielle », sur un mode essentialiste quasi druidique.
Dans ses textes, elle revendique la « chair vivante, parlante et intelligente des femmes ».
Le fait que les femmes aient un utérus – présenté comme le « premier lieu d’accueil de l’étranger » – expliquerait leur « personnalité xénophile ».
Comme si toutes les femmes étaient par nature incapables d’être nationalistes ou xénophobes.
Même sainte Sarah Palin ?
Des observateurs saluent sa féminité et son « style non phallique ».
Pourtant, ce « pitbull avec du rouge à lèvres », comme elle aime à se présenter, tire au fusil sur l’ours blanc d’Alaska et rêve de finir le job en Irak.
Le féminisme caricatural a toujours eu beaucoup de succès auprès des non-féministes.
Loin de déconstruire les fondements naturaliste et différentialiste à l’origine de la domination masculine, ce féminisme essentialiste emprunte ses codes et se contente d’inverser les rôles.
Pas question d’égalité ni de déconstruire le mythe social associé à la différence des sexes.
Il suffit de remplacer le « sexe fort » par le « sexe faible », le patriarcat par le « matriarcat », et le tour est joué.
Le grand public applaudit.
Toute féministe un tant soit peu universaliste, égalitaire ou juste sensée, aurait plutôt envie de pleurer.
Elles ont d’autant plus de mal à digérer l’OPA d’Antoinette Fouque sur le MLF qu’il ne s’agit pas d’une première tentative.
En 1979, alors que cette grande prêtresse de la féminitude a jadis refusé de se dire féministe – un affreux concept « égalisateur » -, la voilà qui dépose le sigle « MLF-Mouvement de libération des femmes » à l’INPI, l’Institut national de la propriété industrielle, pour pouvoir l’exploiter sur un mode commercial !
Depuis, ses admiratrices sont la risée des cercles féministes.
Mais la mémoire ne vaut que si elle se transmet.
Or, dans ce domaine, Antoinette Fouque dispose de moyens financiers non négligeables.
Grâce à cette aptitude commerciale, sa maison d’édition a permis d’éditer des centaines d’auteures qui ont contribué à l’histoire des idées, parfois dans un sens féministe.
Cela ne fait en rien d’Antoinette Fouque la fondatrice du MLF.
Que penserions-nous si une poignée d’amis décidaient de se proclamer « fondateurs » de Mai-68 parce qu’ils avaient rêvé de barricades deux ans plus tôt ?
Une telle imposture ne passerait jamais.
Tandis que le refus de cette OPA grotesque soulève quelques commentaires amusés, visant à réduire ce débat à une « querelle de filles ».
Un peu comme si le débat entre droit à la différence et droit à l’indifférence au sein de l’antiracisme était une querelle de « Blacks » ou de « Rebeux » !
Un tel mépris en dit long sur le chemin qu’il reste à parcourir.
Le féminisme n’est pas une histoire de « filles », mais l’histoire d’un humanisme révolutionnaire qui a bouleversé le monde, comme peu d’idéaux peuvent se vanter de l’avoir fait.
Cela mérite que l’on prenne au sérieux son histoire.
Faut-il risquer le tartare de quinoa aux petits légumes, avec sauce douce au chili ? Malgré les vertus nutritives infinies de cette plante cultivée dans la cordillère des Andes, les grains bruns boursouflés font hésiter. A côté, la salade de riz rouge de Camargue avec courgettes et petits poivrons, dont la consonance est plus familière, inspire davantage confiance.
Osons allègrement des deux, nous sommes dans un self-service végétarien. Enfin, pas dans n'importe lequel. Chez Tibits, un haut lieu du sans-viande à Zurich, mais qui n'en est pas pour autant un temple du tofu triste. D'ailleurs, la pâte de soja, valeur épouvantail par excellence, n'apparaît que dans quelques plats, par exemple en cubes discrets dans la salade de pommes au gingembre et figues séchées.
Le buffet ressemble à une barque, la clientèle, en majorité des femmes, glisse le long des flancs, une assiette ou une barquette en polyéthylène à la main. Les tranches de poivrons en antipasti lancent des touches de couleur.
La salade de pois chiches aux carottes et curry est aussi du plus bel effet. L'exotisme est maîtrisé, inspiration méditerranéenne ou indienne: dal de lentilles rouges, samosa - petit pâté indien chaud fourré aux pommes de terre et feuilles de curry -, falafel, purée de pois chiches ou jalapeno, piment farci à la crème aigre et passé à la friture.
Longtemps, les restaurants végétariens ont traîné une réputation de tristesse et de monotonie, hantés par des figures blafardes à qui manquait une bonne tranche de viande rouge. Ouvert en 2000, le premier Tibits dément tous ces préjugés. Le restaurant, à l'angle d'une rue très animée à deux pas de Bellevue, est vite devenu une institution à Zurich. Mieux, un art de vivre.
Le choix on ne peut plus individualisé correspond à notre époque, et le système fonctionne avec flexibilité et rapidité: on remplit son assiette ou sa barquette à emporter, on la pèse à la caisse, et le tour est joué. A midi, le peuple travailleur envahit le local, l'après-midi, touristes et mères de famille s'attardent volontiers aux longues tablées ou dans le coin aménagé tout exprès pour les enfants.
Le buffet reste impeccable même pendant la ruée de midi. Le personnel circule pour débarrasser les tables. La tapisserie aux motifs tarabiscotés qui orne les murs, les poufs et canapés dans les violet et noir, l'éclairage qui change de couleur au plafond, le parquet en bois non traité: tout concourt à un mélange subtil entre le douillet chic et l'efficacité pour jeunes loups pressés.
La formule a tellement de succès qu'après Berne, Winterthour et Bâle, les trois frères Daniel, Reto et Andreas Frei qui sont à l'origine du concept ont fait le saut à l'étranger. Ils ont ouvert la semaine dernière un libre-service végétarien de 150 places en plein cœur de Londres, dans une rue parallèle à Regent Street.
Un deuxième va suivre dans le quartier de West End. Un retour aux sources pour Tibits, dont le nom est emprunté à l'anglais «titbits», qui signifie un petit quelque chose de bon.
« Nous offrons plus qu'un buffet de salades », dit Daniel Frei, le directeur opérationnel. « Le plaisir de manger doit être au centre, le fait que l'offre soit végétarienne ne vient qu'en deuxième position, précise-t-il dans sa base zurichoise. La composition de tous les mets est strictement déclarée, et convient aussi pour certains aux végétaliens."
L'aventure Tibits commence en 1998. Reto Frei, qui étudie à l'EPFZ, et ses deux frères Christian et Daniel, gagnent le concours de création d'entreprise organisé par l'EPFZ et McKinsey. Végétariens tous les trois, ils présentent ce qu'ils aimeraient bien trouver dans leur ville, un projet de restaurant fast-food végétarien. La chance leur sourit. Ils n'ont même pas besoin de chercher un partenaire dans la branche.
Rolf et Marielle Hiltl, les héritiers de la maison zurichoise centenaire Hiltl, le premier restaurant végétarien d'Europe, leur proposent de s'associer. « Au début, nous avons tout repris de Hiltl, maintenant nous développons aussi nos propres recettes, mais nos concepts sont très proches. » Les frères Frei, avant tout Daniel et Reto, mènent l'entreprise Tibits, Rolf Hiltl son restaurant.
Avec 200 employés et un chiffre d'affaires estimé à 20 millions de francs, les quatre Tibits en Suisse volent de succès en succès. Avec leur concept, primé cette année par Gastrosuisse, ils ont su trouver une niche dans le paysage pourtant fort encombré de la gastronomie.
« Nous ne voulons pas être à la mode », lance avec un brin de fausse modestie Daniel Frei. Les prix ne sont pas donnés pour ce fast-food haut de gamme. Mais la fraîcheur à toute épreuve des produits se paie. « Nous ne nous reposons pas sur nos lauriers. Nous avons lancé de nouveaux produits, le quinoa et la saucisse à base de tofu. »
Pour les vrais amateurs de «Wurstsalat», qui se fait avec de la saucisse de Lyon ou du cervelat, le goût est assez éloigné. Mais chez Tibits, chaque plat du buffet a ses inconditionnels. « J'étais à deux doigts de la crise nerveuse. Je voulais prendre une portion de ma salade favorite aux haricots séchés avec noix, et elle n'était pas là... Vous ne l'avez quand même pas retirée de votre assortiment ? » demande un client inquiet sur le site des restaurants.
Après Londres, la Suisse romande ? Daniel Frei est diplomatique : « Si nous trouvons le local idéal, j'aimerais beaucoup. » Il ne cache pas toutefois qu'il n'est pas sûr qu'un restaurant végétarien en libre-service trouve son public tout au long de la journée à Genève ou Lausanne. Les Romands, c'est vrai, aiment leur assiette du jour entre collègues à midi.
Et les préjugés envers les petites graines restent peut-être plus tenaces.
Le dernier grand écrivain français (avec Michel Tournier) reçoit le prix Nobel.
Ce n'est que justice, et les auteurs mondains à la Sollers peuvent aller se rhabiller : leur intelligence ne vaut pas le pur génie intemporel, généreux, cosmopolite et vagabond de celui que l'Académie suédoise honore aujourd'hui.
* * *
Le Nobel de littérature à Le Clézio, "explorateur de l'humanité"
STOCKHOLM (AFP) — L'écrivain français Jean-Marie Gustave Le Clézio a reçu jeudi la consécration du Nobel de littérature pour une oeuvre dominée par les thèmes du voyage, de l'exil et de la nostalgie des mondes primitifs.
L'Académie suédoise" a expliqué dans ses attendus avoir récompensé avec Le Clézio "l'écrivain de la rupture, de l'aventure poétique et de l'extase sensuelle, l'explorateur d'une humanité au-delà et en-dessous de la civilisation régnante".
Le Clézio, 68 ans, était considéré depuis des années comme un lauréat potentiel et son nom circulait avec insistance cette fois-ci dans les cercles littéraires suédois.
L'Académie suédoise n'a pas donné d'autres raisons à son choix mais il est évident que l'auteur de "Désert" avait de nombreux appuis parmi des académiciens sensibles à son idéalisme et ses critiques de la civilisation matérialiste.
Connu en Suède où plusieurs de ses romans sont traduits, J.M.G. Le Clézio avait reçu en juin dernier le prix littéraire suédois Stig Dagerman qui lui sera remis le 25 octobre à Stockholm. Le romancier refera le voyage le 10 décembre pour venir chercher son Nobel.
"Je suis très ému et très touché", a-t-il dit dans une interview en français à la radio publique suédoise. "C'est un grand honneur pour moi", a-t-il ajouté.
Les derniers lauréats français sont l'écrivain d'origine chinoise Gao Xingjian en 2000 et Claude Simon, grande figure du Nouveau roman, en 1985.
Né le 13 avril 1940 à Nice, dans le sud de la France, d'une famille émigrée à l'Ile Maurice au 18e siècle, Jean-Marie Le Clézio est considéré comme un des maîtres de la littérature francophone contemporaine. Son écriture est classique, simple mais raffinée, colorée.
Il a reçu entre autres le prix Renaudot en 1963 pour son ouvrage "Le procès-verbal". Il était alors âgé de 23 ans.
Influencé au début par le nouveau roman, Le Clézio va évoluer vers une littérature plus spirituelle avec une attirance pour les thèmes du paradis perdu.
"Le point central de l'oeuvre de l'écrivain se déplace de plus en plus en direction d'une exploration du monde de l'enfance et de sa propre histoire familiale", note l'Académie dans son communiqué.
Il évoque notamment la figure de son père, un médecin de brousse anglais, dans l'Africain (2004). Son ouvrage précédent, Révolution (2003), traitait des grands thèmes de son oeuvre, l'exil, le conflit des cultures et les ruptures de la jeunesse.
Le romancier a beaucoup voyagé depuis sa jeunesse, Etats-Unis, Thaïlande en tant que coopérant, Mexique et a été employé dans les années 70 par l'Institut d'Amérique latine en Amérique centrale.
J.M.G Le Clézio a notamment écrit "La fièvre", "L'extase matérielle", "Terra amata", "Le livre des fuites", "La guerre", "Désert" (peut-être son chef d'oeuvre), "Le chercheur d'or", "Onitsha", "Etoile errante", "Le poisson d'or", "Révolutions", "Ourania" et, en 2008, "Ritournelle de la faim".
Marié et père de deux filles, il vit à Albuquerque dans l'Ouest des Etats-Unis mais vient souvent à Nice et dans sa maison bretonne de la baie de Douarnenez.
Ce nomade n'est pas un ermite. Il est notamment membre du jury d'un des prix littéraires les plus célèbres en France, le Renaudot.
En couronnant Le Clézio, le Nobel de littérature a confirmé sa prédilection pour la littérature européenne. Au cours des 20 dernières années, les écrivains européens dominent largement et c'est à la romancière britannique Doris Lessing que le prix avait été décerné l'année dernière.
Les soldats de l'armée américaine basés en Irak n'ont pas le droit d'aimer les animaux, ils n'ont pas le droit de ramener des animaux chez eux.
Plutôt que de voir ces animaux sauvés et aimés, les chefs de cette armée préfèrent les faire exécuter d'une balle dans la tête.
C'est le triste sort que risque Ratchet, un chien qu'a sauvé une sergent américaine. Elle était a deux doigts de le ramener aux USA avec elle, mais l'armée en a décidé autrement et Ratchet risque l'exécution sommaire...
Merci de signer cette pétition et de la diffuser massivement pour que Ratchet ne soit pas assassiné et qu'il puisse rejoindre la famille qui l'attend pour l'aimer...
Gwen Beberg et Ratchet
Un soldat ayant sauvé la vie d'un jeune chiot en Irak pour le ramener à son domicile pourrait voir son chien exécuté par ses supérieurs aux États-Unis.
La Sgt. Gwen Beberg s'est liée d'amitié avec Ratchet, un chiot, tout en servant en Irak, et a envoyé régulièrement des dépêches à son domicile, à Minneapolis montrant l'évolution du chiot, avec une centaine de fans sur Facebook qui suivaient la vie du chiot.
Mais l'armée américaine prend une stricte conformité avec les soldats traitant en ami des animaux, et a confisqué Ratchet au Sgt. Beberg qui était prête à s'envoler vers la maison de l'aéroport de Bagdad en fin de semaine.
Maintenant, "Animal Charity Operation Baghdad Pups", qui a pour devise « Pas de copain laissé derrière », plaide avec l'armée américaine pour permettre à Ratchet de s'envoler hors du pays - craignant que l'armée n'exécute Ratchet d'une balle en pleine tête.
Patricia, la mère du Sgt. Beberg, a déclaré: "Cette année a été extrêmement difficile pour ma fille et sa famille. Cela a été une année de déceptions, de solitude, de peur à cause de tous les sacrifices que l'armée a demandé à Gwen.
« Ratchet a été le sauveur de sa santé. Maintenant, ils ont cruellement arraché Ratchet loin d'elle et l'ont condamné à mort. Je ne sais pas comment ma fille va faire face. Ratchet a été sa bouée de sauvetage. "
La Sgt. Beberg est également sous enquête militaire pour avoir sauvé le chien qui a sauvé sa vie.
Un ami proche du Sgt Beberg a déclaré: « Cela n'a pas été facile pour elle - le chiot qu'elle a sauvé a été l'une des rares choses qui ait gardé un sens.
"Elle a partagé des photos de lui pendant qu'il grandissait, se transformant d'une boule de poil en un jeune chien adorable.
"Elle a gardé une mise à jour sur son calendrier de Voyage, et nous a harcelé pour contribuer à donner de l'argent pour le ramener chez elle.
« Les soldats peuvent être emmenés immédiatement devant la cour pour s'être mobilisés pour certains animaux et même voir leurs animaux sauvagement assassinés d'une balle dans la tête par les commandants qui ne dérogent pas aux règles.
« Elle était si proche du but ... Ratchet était en route pour l'aéroport. Et maintenant, il pourrait être tué, simplement parce que certains officiers affamés de pouvoir ont décidé de punir un innocent animal parce que Gwen a osé se soucier de lui. "
Un soldat a écrit à Bagdad Pups: « J'ai sacrifié beaucoup de choses pour servir mon pays. Tout ce que je demande en retour c'est d'autoriser le rapatriement de cet incroyable chien qui a erré dans ma vie ici, en Irak et qui m'a empêché de devenir terriblement impitoyable envers la vie. "
"Charity Society for the Prevention of Cruelty to Animals International" a rejoint Bagdad Pups en demandant à l'armée américaine de faire preuve de clémence envers Ratchet, et de permettre au chien d'être confié aux parents de Gwen à Minneapolis et des amis de Gwen ont lancé une campagne pour obtenir l'intervention des sénateurs américains.
Ratchet comme un chiot : Une campagne internationale a maintenant été mise en place pour mettre la politique de l'Armée à terre
Si vous voulez vraiment faire une différence pour mon ami et d'autres soldats, vous pouvez faire un don à Bagdad Pups. Il peut en coûter plus de $ 4000 pour ramener un chien ou un chat aux Etats-Unis, et Bagdad Pups reçoit 3-4 nouvelles demandes de soldats chaque semaine. S'il vous plaît aider-les à poursuivre leur mission.
S'il vous plaît faites preuve de clémence et permettez à Ratchet de rejoindre le programme «Opération Bagdad Pups" afin qu'il puisse rejoindre sa famille américaine aux États-Unis. La Sgt. Beberg risque sa vie en Irak pour son pays tous les jours. Ce n'est pas trop demander.
Je vous remercie de votre considération et de votre compassion.
Mais pourquoi tuer par balles des vaches en divagation ?
Mardi, les habitants de Montesquieu-des-Albères ont découvert un triste spectacle : deux cadavres de vaches abattues dans le secteur de La Famade, juste au-dessus du village.
Cette intervention ferait suite à l'arrêté préfectoral du 18 août dernier concernant les bovins en divagation sur les communes de L'Albère, Maureillas, Le Perthus ainsi que sur celles du canton d'Argelès et de la Côte Vermeille . En substance, cet arrêté stipule "qu'il sera procédé à l'abattage par balle des bovins non identifiés trouvés errants jusqu'au 31 octobre 2008" .
Dans notre édition du 12 septembre dernier, nous nous étions fait l'écho des problèmes posés par ces bovins espagnols qui franchissent la frontière.
Une méthode pas très populaire
Face à cette présence de vaches en liberté, les autorités auraient donc décidé de passer à l'action dans le cadre d'une battue administrative. Une méthode qui semble non seulement démesurée mais également plutôt agressive.
Pas étonnant que cette décision ne plaise pas à tout le monde au village. Hier, l'émotion était palpable chez un grand nombre de personnes. "Il y aurait d'autres solutions", s'indigne une dame d'un certain âge, peinée, d'autre part par le fait qu'un petit veau "tellement mignon", errait à la recherche de sa mère.
Cette histoire n'est pas sans rappeler un épisode similaire vécu par la population toute proche de Laroque-des-Albères. En 2006, la maire de Laroque avait pris un arrêté préconisant d'abattre des chèvres en divagation.
Cette affaire avait créé un véritable tollé dans le village et parmi les responsables de la SPA. Notons qu'Huguette Pons, maire de Montesquieu, n'a pas souhaité apporter de précisions concernant cette intervention et que les services préfectoraux étaient injoignables. C. C. et M. M.
Octobre 2008 - Belfond Etranger - L'Esprit d'Ouverture - 17,50 € - 228 p.
À mille lieues des clichés et du discours moraliste habituel, un aperçu inédit de la bonté. Un best-seller vendu à 200 000 exemplaires en Suède et traduit dans quinze pays, écrit par un médecin aux qualités humaines et au parcours professionnel remarquables.
Présentation du livre
Stefan Einhorn adopte un parti provocant : et si la bonté, loin d'être un aveu de faiblesse ou de niaiserie, nous apportait non seulement le bonheur, mais aussi le succès dans notre vie quotidienne ?
À travers les témoignages de ses patients et de ses proches, puisant dans les dernières études des scientifiques et des sociologues, Stefan Einhorn nous démontre qu'être bon est bénéfique pour le moral, réduit le stress, préserve de l'anxiété et de la dépression, renforce nos défenses immunitaires, nous rend plus efficaces dans notre travail, plus affirmés dans nos relations.
Enfin un livre qui dit la nécessité urgente de la bonté, de l'empathie, du courage, comme un nouvel art de vivre. Après l'intelligence émotionnelle du psychologue américain Daniel Goleman, voici l'intelligence éthique, celle qui soigne le corps, apaise l'esprit, et nous aide à réussir notre vie.
Le livre dans la presse
« À l'opposé des préceptes impitoyables du Diable s'habille en Prada, Stefan Einhorn prône la bonté comme une clef du succès. »The Observer
« L'Art d'être bon, de Stefan Einhorn, est le livre de l'année. Ce médecin cancérologue de quarante ans décrit avec un grand bon sens la liberté qu'on ressent à abandonner les conflits et l'amertume pour une vie pleine et épanouie. Il montre également en quoi la bonté est la stratégie la plus habile dans la vie, parce que c'est en s'occupant des autres qu'on se fait du bien à soi-même. L'Art d'être bon est vraiment un livre excellent. » Aftonbladet « Ce livre est truffé de bonnes idées, notamment dans son analyse des conflits, de l'agressivité, de ce qui rend les individus aigris. Beaucoup d'éléments fournissent une matière de réflexion passionnante. L'Art d'être bon est d'une lecture aisée et vivante, et fait écho à des expériences qui nous sont proches. À déguster lentement en réfléchissant aux évènements qu'on a soi-même vécus. »Norra Västerbotten
BARCELONE (AFP) — De 50 à 75% des colonies de manchots de l'Antarctique se trouveraient en situation de déclin, voire menacées de disparition, en cas de réchauffement climatique supérieur à 2 degrés, révèle mercredi un rapport du Fonds mondial pour la nature (WWF).
Selon les modèles climatiques retenus, une élévation de température de 2°C pourrait bien survenir d'ici moins de 40 ans, rappelle le WWF dans ce rapport présenté à Barcelone où se tient le congrès de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Ce réchauffement aurait pour conséquence une forte réduction des glaces de mer de l'océan Austral qui constituent le terrain de prédilection des manchots Empereurs et Adélie.
La disparition partielle des glaces de mer pourrait également se traduire par une raréfaction du krill, à la base du régime alimentaire des manchots.
"Les manchots sont habitués à vivre dans le froid et dans des conditions extrêmes. Avec l'élévation continue des températures, et la diminution des zones de nourrissage et de nichage qui y est associée, nous avons déjà assisté à une réduction sensible des populations existantes", a commenté Juan Casavelos, coordinateur du WWF sur le Changement climatique en Antarctique.
Frank Harmon, quinquagénaire établi, dirige une agence immobilière prospère au coeur de Los Angeles.
Suite à des échecs amoureux successifs, dont un divorce chaotique, il se contente d'aventures brèves avec des femmes de son milieu jusqu'au jour où il prend en stop une jeune fille de 17 ans, Breezy.
D'abord indifférent, il se laisse peu à peu séduire par la grâce adolescente et la malice de cette jeune « hippie », véritable tourbillon d'énergie qui va insuffler un vent de liberté sur ses habitudes de vie.
Mais l'idylle naissante, qui se voudrait coupée du monde, ne tarde pas à rencontrer les préjugés de leur entourage.
Analyse du film
Une image d'abord. Une jeune fille, parfaite représentation de la génération « flower power », guitare à l'épaule, chapeau de cow-boy sur la tête et pantalon pattes d'eph', fait du stop sur une route de Californie.
Bercé par la douce et belle mélodie de Michel Legrand, un souffle léger et harmonieux traverse ce générique inaugural. Son nom : Breezy.
Quelques plans ont suffi, le cinéaste vient d'inventer son héroïne.
Cette image là, seule une poignée de spectateurs français a pu la découvrir en mars 1975 dans l'unique salle parisienne qui projeta le film lors de sa sortie.
Le distributeur hexagonal ne prit même pas la peine d'éditer la moindre affiche pour le promouvoir.
Deux ans plus tôt, l'exploitation aux Etats-Unis fut tout aussi calamiteuse, Universal, sans doute trop frileux, ayant décidé de ne pas soutenir pleinement cette production.
Tourné en 1973, aux prémices d'une carrière qui continue de nous surprendre par son audace et sa longévité, Breezy marque un virage pour le moins brutal pour Clint Eastwood alors cantonné aux films de genre cruels et violents.
En signant cette chronique intimiste à la mélancolie inédite, il délaisse en effet un univers qui a incontestablement fait de lui une icône précoce du cinéma américain mais dont la puissance d'évocation a aussi contribué à forger une image biaisée mais tenace de son coté franc-tireur.
Co-produit via sa société Malpaso, Breezy est son troisième film.
Après un thriller criminel intense (Un frisson dans la nuit) et un western fantomatique aux saillies baroques (L'Homme des hautes plaines), Eastwood, artiste aux multiples facettes, s'effaçait pour la première fois devant l'objectif pour revêtir uniquement l'habit de metteur en scène et prenait par conséquent le contre-pied d'une carrière basée essentiellement sur son aura d'acteur.
Cette décision peut être considérée comme le fruit d'un hasard car seul l'obstacle de l'âge l'obligera à confier le rôle masculin central à William Holden.
Cette transition est d'ailleurs soulignée sous la forme de deux clins d'oeil assez amusants qui interviennent de manière indirecte dans l'espace diégétique : l'affiche de L'Homme des hautes plaines épinglée dans le cinéma où se rendent un soir Frank et Breezy et une apparition hitchcockienne qui voit Eastwood accoudé à une rambarde au moment de la promenade des deux amants.
Ce tournant n'était visiblement pas du goût de tous.
Si le film fut tout simplement passé sous silence par une grande partie de la presse de l'époque, solidement attachée à l'étiquette attribuée de manière hâtive à l'acteur-réalisateur, il ne fallait pas non plus compter sur ses plus fervents admirateurs pour le soutenir, trop déconcertés par cet objet qui semblait ne pas correspondre du tout aux attentes que suscitait alors leur idole.
Bref, peu de voix s'élevèrent pour défendre ce film, à quelques rares exceptions près, comme la revue Positif en France, qui, dans une notule aussi brève que discrète, attira l'attention de ses lecteurs sur l'intérêt qu'ils devaient porter à cette sortie timide.
La conclusion de cet article laissait même poindre l'esquisse d'une remise en question: «
Pourquoi [son intelligence] nous a t-elle surpris, sinon par une identification un peu facile de l'acteur avec ses rôles les plus connus? ». (1)
Eastwood a longtemps fait l'objet de cette méprise, du fait principalement de ses rôles marquants des années 1970.
Pourtant, au début de cette décennie, Eastwood faisait déjà mentir ses détracteurs les plus féroces.
Encore fallait-il prêter une oreille attentive à ce qui sonne à plus d'un titre comme une défense face aux accusations sévères proférées à son encontre.
Breezy préfigurait en effet, vingt ans avant Sur la route de Madison et son concert de louanges, la veine sentimentaliste du metteur en scène qui recueille aujourd'hui tous les suffrages de la critique.
Breezy partage avec ce film la même volonté de transformer, dans une économie de moyens remarquable, un canevas de départ éculé en une oeuvre forte et singulière.
Par ailleurs, il n'est pas interdit de voir dans le personnage de Frank Harmon une projection directe des futures méditations du cinéaste sur la vieillesse, la fuite irrémédiable du temps et l'urgence de l'engagement qui en découle.
Il est en ce sens intéressant d'observer qu'Eastwood met à nu William Holden, usé par le poids des années, de la même façon qu'il le fera des années plus tard, dans une appréhension bien plus masochiste, avec son propre corps, ses fêlures et sa fatigue.
Le cinéaste est depuis passé maître dans l'art de filmer l'élégance d'une ride ou l'éclat d'un visage creusé par le passage du temps.
Revoir Breezy aujourd'hui, c'est se remettre en mémoire que toutes ces interrogations étaient déjà en germes dans ce coup d'essai.
Dans cette optique, il paraît commode, au premier abord, de le considérer comme une simple ébauche des films à venir.
Et pour cause, Eastwood, dont la maîtrise est incontestablement moins ostensible qu'elle ne le sera dans le futur, se montre parfois hésitant et approximatif dans ses choix de mise en scène.
Mais cette candeur dans l'exécution semble participer au caractère affable de la douce proximité qu'entretient le film avec son spectateur devant lequel se dévoile le lent travail d'apprentissage d'un cinéaste dont le style, en gestation, commençait à peine à se constituer.
Objet fragile et vulnérable, à l'image de la relation qu'il a choisi de nous conter, Breezy semble néanmoins être caressé en son entier par la sérénité formelle qui caractérise son metteur en scène.
La délicatesse du geste eastwoodien, associée à la sensibilité de son approche, réserve à ses plus beaux moments une retenue et une contenance qui semblent suspendre le temps de la narration.
En témoigne cette séquence épatante où les deux amants se font face tout en se déshabillant.
La grâce de ce flottement ne dure que quelques dizaines de secondes mais participe de façon pleine et entière à la mise en place de la rhétorique élaborée par le cinéaste.
Eastwood tente de capter ce qu'il y a de plus indicible dans ces instants où l'essentiel se joue dans les non-dits, les regards, les attentions.
Autrement dit, travailler l'insaisissable pour mieux le rendre palpable.
En creux, le refus délibéré de l'outrance et de la fioriture traduit un minimalisme de la démarche qui va distiller par petites touches une émotion discrète.
De ce point de vue, le film se distingue des futures préoccupations mélodramatiques du cinéaste qui vont plutôt reposer sur un sens aigu de l’effet émotionnel charrié.
Un seul plan: Breezy, espiègle et spontanée, découvre l'océan pour la première fois.
A l'intérieur de sa voiture, Frank Harmon l'observe, au moyen d'un ingénieux cadre dans le cadre, comme si se déroulait devant ses yeux le spectacle improbable d'un nouveau départ.
Mais bien plus qu'une nouvelle expérience amoureuse, leur aventure est aussi celle d'un éveil sensuel qui le ramène métaphoriquement à la vie.
Le contact de Breezy le pousse à redécouvrir la beauté fugace d'un éclat de rire, la tendresse d'un murmure ou le bonheur simple de goûter aux douceurs d'un océan.
A ses côtés, ressaisir le temps devient impératif, mieux : c'est une nécessité.
La pudeur et la subtilité eastwoodiennes viennent battre en brèche l'aspect potentiellement scandaleux du sujet.
Jamais, à la vision de Breezy, l'indignation devant une indécence présumée n'effleure l'esprit de son spectateur.
La commission de censure américaine ne le vit pas du même oeil et imposa une classification sévère, rangeant le film aux cotés des productions « pour adultes », ce qui l'amputa encore d'une partie non négligeable de son public.
Les acteurs ne sont évidemment pas étrangers à la volonté affichée de dissiper un malaise éventuel.
William Holden, dont le talent ne nous était pourtant pas inconnu, apporte au rôle de ce vieux loup solitaire, en proie à des sentiments inavoués et inavouables, une profondeur et une gravité qui inspirent une admiration redoublée.
Ses silences qui font écho aux paroles troublantes, à la limite de l'irrévérence, que laissent échapper Breezy, réalisent la prouesse de dire l'essentiel en une fraction de seconde: succomber, chavirer, se défaire peu à peu de ses inhibitions, et dans un même mouvement, saisir l'angoisse de ce que l'on est en train de concrétiser.
Cette faculté de mêler des sentiments contraires au détour d'un plan confirme, si besoin était, son emprise totale sur le jeu.
Holden ressortira particulièrement enchanté de cette expérience, à tel point qu'il se déclara prêt à retravailler avec Eastwood sans même prêter attention au sujet proposé.
A ses cotés, l'inexpérimentée Kay Lenz, préférée à Sondra Locke lors du casting, nous séduit par sa fraîcheur désinvolte et sa maîtrise innée du métier.
Entre rôles sans consistance dans des productions médiocres et apparitions furtives à la télévision, sa carrière ne prit jamais l'élan qu'aurait dû lui apporter Breezy.
Cet acte manqué ne doit pas faire oublier cette interprétation de haute volée qui sait allier l'authenticité des sentiments exprimés à la justesse de la composition.
Le personnage qu'elle incarne, partagé entre naïveté et lucidité, fougue et sérénité, maturité et innocence, est un des plus beaux que le cinéma d'Eastwood nous ait offert.
L'association, gracieuse et mesurée, entre les deux acteurs, est pour beaucoup dans la chaleur immédiate que dégage le film.
Et, s'agissant de la recherche de cet effet particulier, il faut également saluer la participation précieuse de Jo Heims, dont c'est la deuxième collaboration avec Eastwood après Un Frisson dans la nuit.
Cette scénariste, issue de la télévision, donne aux dialogues, parfaitement ciselés, une finesse et une justesse dans l'écriture qui n'atténuent en rien la spontanéité de leur déclamation.
En prenant bien soin de s'attacher d'abord à dessiner les contours intérieurs de ses personnages, faits de tensions, de révoltes, mais aussi de désirs, de foi et de liberté, Eastwood, dont l'observation se fait discrète, laisse le temps à cette histoire d'amour hautement problématique sur le papier d'exister.
Sa mise en scène se lance précisément en quête d'une incarnation, condition sine qua non pour que soit déjoué ce péril initial.
Sa grande force est sans doute de nous faire croire que cette romance va de soi, au delà des différences et des barrières que la construction dramatique va d'ailleurs mettre en lumière en empruntant la voie balisée et classique d'une énumération quasi-méthodique.
Dans une marche pondérée, elle va ensuite s'efforcer de réunir ces contraires.
Un précepte que l'on pourrait d'ailleurs appliquer à toute l'oeuvre du cinéaste dont le traitement entend ici briser la carapace, faire tomber les masques et laisser parler les peurs les plus profondes pour approcher au mieux ce qui unit les deux membres d'un couple qui se cherche et s'apprivoise.
Habitée par un tourment qui n'ose dire son nom, l'histoire du film est aussi celle d'une lutte intérieure entre le désir sexuel et amoureux et le retour à la raison réclamé par la différence d'âge qui sépare les deux amants.
Le récit s'attache à décrire ce combat d'un homme contre sa propre adversité mais le bloc d'indifférence affiché initialement par Frank se disloque rapidement devant l'irrésistible et, masqués par la pénombre, les corps finissent par s'enlacer pour donner lieu à l'une des séquences les plus fameuses du long-métrage : de retour chez lui après une fête, Frank, déçu de trouver la maison déserte, s'apprête à se coucher et ôte sa chemise, une main surgit alors de l'obscurité pour se poser sur son torse ; le corps juvénile de Breezy entre dans la lumière et étreint le physique robuste et défaillant d'un homme qui abandonne enfin toute résistance.
Ces instants charnels frappent par la pureté de leur composition picturale.
Bien avant Jack N. Green ou Tom Stern, le chef opérateur Frank Stanley, dont la photographie exploite à merveille les contrastes de lumière du lieu, a parfaitement su lire les aspirations de son maître d'oeuvre, souvent perspicace dans le choix de ses collaborateurs.
Eastwood, dont la caméra épouse la forme délicate de ses sujets, a toujours manifesté un goût prononcé pour le filmage des corps, non pas dans le rapport sexuel en lui-même, mais en ce qu'ils nous révèlent sur les faiblesses de leurs hôtes.
Ici, cette poétique ne cesse de nous dire dans un même temps l'évidence de la relation, comme si ces corps devaient se lier, mais les obstacles, qu'ils soient sociaux ou moraux, nuisent à la simplicité des rapports amoureux.
L'improbabilité de la liaison de ces deux destins et la précarité de leurs attaches sont en effet sans cesse rappelées par l'influence néfaste de l'environnement social et de ses représentants qui par sous-entendus et regards incrédules brisent le halo de protection dans lequel baignaient les deux amants.
Il faut donc s'en détacher ou se réfugier dans un antre affectif.
La grande villa de Frank sur les hauteurs de Los Angeles, qui semblait n'être peuplée que de fantômes, joue précisément ce rôle d'ancrage spatial et temporel.
La construction dramatique s'articule sur la possibilité de fin d'errance qu'offre ce refuge à travers les apparitions et les disparitions de Breezy, elles-mêmes déterminées par l'hésitation affective de Frank.
Autour d'elle se greffe également la tension entre sédentarité et nomadisme qui a toujours préoccupé le cinéaste dans des oeuvres aussi diverses que Impitoyable, Le Maître de guerre ou Honkytonk Man.
Même s'il peut paraître à bien des égards insaisissable, l'édifice eastwoodien affiche une cohérence qui dépasse les simples frontières génériques et les diverses correspondances entre ses films ne manquent pas de nous le suggérer avec insistance.
Le sentiment de liberté et d'évasion des obstacles dressés par la société moderne et urbaine émane lui presque exclusivement de ces séquences insouciantes où la nature semble irradier le cadre pour entrer en communion avec ses personnages.
L'effet surprenant de cette immersion dans le paysage est obtenu grâce à une variation de focale particulièrement spectaculaire.
Ces errements bucoliques, qui par leur empreinte et leur rythme visuels revendiquent leur appartenance au cinéma des seventies, ne sont pas sans rappeler certains passages d'Un frisson dans la nuit dans lequel un couple profitait aussi d'une paix éphémère pour s'épancher au sein d'une nature accueillante.
L'inscription dans ces années 1970, synonymes de mutations multiples, ne se limite pas à la seule filiation esthétique.
Dans une peinture nuancée, Eastwood commence en effet déjà à prendre le pouls d'une Amérique dont il va explorer les failles en stigmatisant ses mentalités et ses attitudes les plus rances.
Breezy surfe sur la vague de ces films typiquement seventies qui dressent le constat désabusé d'une société fondée sur le culte de la réussite et de la consommation.
La représentation corrélative d'une bourgeoisie américaine rongée par l'hypocrisie et le conformisme s'incarne notamment dans le personnage de Bob Henderson, ami de Frank Harmon et parfait représentant de l'américain moyen.
Il agit très exactement comme un négatif et ne voit dans la relation amoureuse vécue par son compère qu'une manifestation du démon de Midi.
Un démon de Midi qui nourrit d'ailleurs ses propres fantasmes.
Qu'ils jouent le rôle de déclencheur, de miroir réfléchissant ou de négatif des personnages principaux (Bob pour Frank donc mais aussi Marcy pour Breezy), le tableau que brosse Eastwood des rapports humains est enrichi par les seconds rôles qui gravitent autour du couple et lui donnent ainsi une plus grande consistance.
Ils nous encouragent d'ailleurs à mieux appréhender ce qui est en jeu dans cette relation.
Breezy, comme son nom le laissait déjà entendre (2), va venir bouleverser le mode de vie et de pensée d'un Frank Harmon dont les certitudes se frottent très rapidement à l'idéalisme forcené de la jeune fille.
Cet agent immobilier, qui a pris la décision de ne plus s’occuper que de sa vie professionnelle, use de son cynisme comme d’un mécanisme de défense pour s’épargner les douleurs d’une nouvelle liaison.
La rupture qu'il amorce avec Breezy va d'ailleurs le conduire à regoûter au danger de sa propre solitude qu'il entrevoit dans les drames vécus successivement par Betty et Marcy, personnages aux situations antagonistes mais qui partagent le même manque affectif.
Si l'on force légèrement la portée de la métaphore, l'irruption de Breezy dans la vie de Frank peut être lue comme une représentation de la tempête qui souffla sur l'Amérique d'alors, tournée vers le changement et la révolution des moeurs.
Autour de ce microcosme se cristallisent en effet les tensions générationnelles d'une société tiraillée entre deux aspérités.
La romance va opérer un métissage de ces deux cultures dont la confrontation fait d'abord naître une incompréhension avant d'affirmer la possibilité d'une conciliation.
En filigrane de cette peinture duelle semble se dessiner, dans l'espace environnant de la jeune fille dont les membres n'ont pas la même capacité de faire fi des difficultés rencontrées, le portrait d'une jeunesse livrée à elle-même.
A l'image de Marcy justement, jeune droguée à la fragilité tenue dont on suit la lente dégradation.
S'il reste surtout bienveillant à l'égard de son personnage féminin central, le regard du cinéaste sur l'ensemble de cette communauté n'est jamais réprobateur.
La distance et le don d'observation qu'il accorde à ces exclus confessent une réelle volonté de déjouer les pièges d'un moralisme guetté par ses accusateurs et fait ainsi un joli pied de nez à leurs attaques incessantes sur une vision du monde supposément conservatrice voire réactionnaire.
Fidèle en cela à toute une tradition classique, Eastwood, ne se prononce pas pour autant en faveur d'un libéralisme excessif et semble plutôt naviguer entre deux eaux.
Il est toutefois possible d'affirmer qu'il a toujours manifesté une certaine méfiance envers toute forme d'organisation sociale qui viendrait brider les marges de manoeuvre personnelles.
Une nouvelle fois, cette romance fournit une illustration possible de ces interrogations.
Même s'ils donnent l'impression de se définir d'abord par rapport à lui, Breezy et Frank ont ceci en commun qu'ils vivent en retrait de leur milieu d'origine.
En refusant de les figer dans un corps social défini, le cinéaste leur donne la possibilité d'échapper à un certain déterminisme au nom de la conception individualiste de l'homme qu'il a cherché à mettre en avant tout au long de sa carrière.
La scène finale, qui voit Breezy s'écarter de ses comparses pour rejoindre Frank, propose une très belle figuration de ce détachement.
Finalement, la pérennité de leur décision importe peu.
Il s'agit avant tout de montrer qu'ils ont su s'émanciper des conventions pour mieux goûter à ce qui les unit et retrouver ainsi un véritable libre-arbitre, débarrassé des apparats imposés par une quelconque organisation régulatrice.
Les amants peuvent alors s'éloigner dans la profondeur de champ pour se jeter à corps perdu dans l'incertitude du futur, accompagnés de leur chien Love-a-Lot, seul lien qui les rattache à l'image du couple « moyen ».
Vingt ans plus tard, la relation déchirante entre Robert Kincaid, photographe à National Geographic et Francesca Johnson, fermière de l'Iowa, ne connaîtra pas le même sort.
Dans Sur la route de Madison, l'issue de la romance est en effet envisagée sous un angle sacrificiel.
La passion ne peut plus se bercer d'illusions et doit se soumettre à la limitation temporelle de son exercice.
Sur la route de Madison et Breezy s'offrent comme les deux versants d'un même regard. Le yin et le yang du mélodrame selon Eastwood.
Quand s’inscrit à l’écran le générique final, une question brûlante se pose : comment cette petite perle a pu échapper à la vigilance de ses contemporains ?
On peut légitimement penser que Breezy arrivait trop tôt pour un inconscient collectif encore profondément marqué par le Magnum 44 de Harry Callahan d'autant plus que le polar de Siegel continuait à faire débat au moment de la sortie du film.
Eastwood, lui, était déjà bien loin de toute cette agitation et commençait, de sa force tranquille, à prendre en main une carrière qui n'a eu de cesse de se construire à contre-courant des modes, de brouiller les pistes et de bousculer les attentes.
Voilà sans doute un des enseignements majeurs de ce parcours singulier, sans doute contrasté, mais qui affirmait dès son entame une vraie indépendance artistique.
Mais plus prosaïquement, l'explication est peut-être à chercher du coté de l'absence de l'acteur au générique du long-métrage au profit de l'implication totale du metteur en scène dont la popularité et le crédit accordés étaient alors largement moindres.
Certaines affiches américaines de l'époque ont d'ailleurs cherché à mettre en avant la personnalité d'Eastwoood en ajoutant son portrait en médaillon, en dessous des visages des deux personnages principaux.
En conséquence directe de cet échec commercial (relatif car le film ne coûta que 750 000 dollars), Eastwood sera sommé de revenir vers les genres qui ont fait sa renommée pour retrouver les faveurs de ses partenaires financiers qui commençaient à s'inquiéter de ses velléités d'éclectisme.
Très affecté par ce rendez-vous manqué, il ne s'éclipsera à nouveau derrière la caméra que quinze ans plus tard avec Bird.
Signe peut-être que le vent avait depuis tourné en sa faveur et qu'une reconnaissance méritée était en marche.
La redécouverte de Breezy met l'accent sur le caractère tardif de ce revirement tant l'audace dont il faisait preuve ici aurait dû suffire à lui conférer un réel statut de cinéaste intègre, exigeant et touche à tout.
Le film fut exhumé en 2001 en France, à l'occasion d'une ressortie parisienne et fit même l'objet d'une diffusion télévisuelle presque simultanée au Cinéma de minuit animé sur France 3 par Patrick Brion (programmation qui, pour l'auteur de ces lignes, fut le point de départ d'une véritable passion).
Cette double visibilité retrouvée avait fini de redorer le blason d'un film resté trop longtemps dans l'ombre.
A notre modeste échelle, il nous paraissait important de faire œuvre de réhabilitation en vous invitant vivement à réparer l'injustice dont il a fait l'objet.
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1. Positif n°170, p. 73 – 06/75 2. Breezy est un mot anglais qui signifie « venteux » mais aussi « gai, jovial ». (Traduction issue du dictionnaire Robert and Collins).