Dominique et Nathalie, abolitionnistes, seuls avec leur cause, comme tous les abolitionnistes, puisque nous sommes si peu à être végans.
Militer pour l'abolition de l'exploitation animale dans son ensemble (et non pas contre une ou deux formes d'exploitation largement impopulaires comme la corrida ou le foie gras), suppose d'être végan, ou à tout le moins de s'engager à le devenir le plus tôt possible.
Or, la presque totalité des "animalistes" ne sont pas végans, ni même végétariens.
Il était par conséquent utopique d'imaginer rassembler du monde ne serait-ce que pour une seule manifestation abolitionniste.
Evidemment que le véganisme dérange.
Et pour cause : il ne fait pas de compromis avec l'exploitation.
On respecte les animaux ou on ne les respecte pas.
Les respecter, cela signifie nécessairement ne pas les utiliser, sous quelque forme que ce soit.
Les "bonnes consciences" pas nettes à ce niveau n'aiment pas qu'on leur tende un miroir.
Or c'est ce que, précisément, le véganisme éthique leur tend : un miroir.
Le véganisme éthique ne s'accorde pas avec l'hypocrisie.
Il ne transige pas avec la torture, la mort et l'exploitation des animaux, que les "militants" non-végans prétendent, honteusement, défendre.
C'est là qu'intervient l'opposition entre les welfaristes/réformistes et les abolitionnistes.
Il faut que les "amis des animaux" deviennent végans avant de pouvoir et vouloir participer à des manifestations pour la libération animale.
Or, Dominique et Nathalie ont fait l'inverse : ils ont appelé à les rejoindre des gens qui majoritairement ne partageaient pas la cause abolitionniste, puisque les animalistes ne sont majoritairement pas végans, ni même végétariens.
La plupart des "amis des animaux" consomment les animaux.
Comment par conséquent pourraient-ils militer pour l'abolition de leur exploitation, puisqu'ils y participent directement ?
Comment espérer mobiliser du monde, puisque personne ou presque n'est végan dans le "mouvement" (qui n'en est donc pas un) ?
Il faut d'abord sensibiliser les gens au véganisme, ne pas leur faire croire, comme le font les welfaristes, qu'être végétarien est "déjà bien" ou même "suffisant", et que certaines formes d'exploitation sont moins graves que d'autres.
Il ne faut pas leur faire croire que la viande est pire qu'un bout de fromage, un oeuf ou un verre de lait.
Il ne faut pas leur faire croire que la fourrure est horrible, mais que le cuir l'est moins.
Il faut leur dire que tout produit de l'exploitation produisant l'exploitation, il faut cesser de consommer les produits d'origine animale dans leur intégralité.
Il faut leur dire que le problème n'est pas seulement le traitement des animaux, mais leur utilisation.
Bref, il faut leur envoyer le bon message d'emblée : c'est à cette condition que le mouvement des droits des animaux pourra un jour exister.
Les welfaristes/réformistes, partout à l'oeuvre, n'envoient pas le bon message.
Les welfaristes/réformistes flattent l'animaliste lambda (forcément exploiteur puisque non-végan) dans le sens du poil, en n'exigeant rien de lui sinon un investissement éthique dérisoire se bornant aux limites qu'il donne à son respect des animaux, et sa cotisation bien sûr.
Telle est ma réponse à l'article empreint de tristesse de Dominique J. et Nathalie B., organisateurs des "Manifestations pour la Libération Animale" qui s'arrêtent faute de participants, retranscrit ci-dessous in extenso.
M. P.
P. S. : les grandes causes meurent du "festif", maladie de notre époque.
Ce n'est effectivement pas en exhibant son postérieur comme PETA aime à le faire qu'on respecte ceux pour qui l'on manifeste ni qu'on leur vient en aide, mais en étant végan.
L'affligeante festivité des "manifs" animalistes welfaristes ne montre qu'une seule chose : on ne prend pas les victimes au sérieux.
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Après Lodève, le 3 novembre, nous avons déployé notre banderole sur la place des Carmes de Limoges en ce samedi 17 novembre.
A deux, comme nous en avons l’habitude depuis bientôt un an que nous avons commencé cette action.
Malheureusement ce n’est pas une habitude que de notre région, Cristi à Orléans, Sarah à St-Etienne, et d’autres personnes sont confrontées à cette pénurie de militants.
Pourtant, me diriez-vous, des actions pour telle ou telle cause animaliste arrivent à rassembler des dizaines voire parfois des centaines de personnes.
Certains militants sont même prêts à faire des centaines de kilomètres pour être présents, alors que là, nous proposions des manifs locales.
Pourquoi donc une telle différence, pourquoi donc un réel boycott de la part du mouvement animaliste face à ce projet de manifs mensuelles pour la libération animale ?
Une opposition entre welfarisme et abolitionnisme ?
Je ne le pense pas.
Les personnes manifestant un jour contre la corrida, un autre jour contre l’expérimentation animale et encore un autre contre la fourrure, ne demandent pas un aménagement moins cruel de ces pratiques mais bel et bien leur abolition.
Alors pourquoi boudent-elles le fait de manifester tous les mois près de chez elles contre toutes les formes d’exploitation animale ?
Sans doute que notre demande d’intégrité est la conséquence d’un résultat aussi catastrophique (voir notre charte).
Le paysage animaliste français est bien à l’image de la France.
Le Front National est le premier parti ouvrier de France et ils font mieux que les Verts et l’Extrême-Gauche réunis quant au nombre de votants (20 %), et nous retrouvons probablement ce pourcentage dans le mouvement animaliste.
S’ajoute à ce nombre, celles et ceux qui disent ne pas faire de politique – alors que précisément vouloir une amélioration de la condition animale est bien faire de la politique ! - et acceptent de militer avec des gens aux idées discriminatoires.
La tolérance est de rigueur même chez des collectifs comme le CLEDA (membre des Al-Halmarks, sic !), Animô Toulouse qui affichent pourtant être opposés à toutes les formes de discrimination mais qui acceptent les gens d’extrême-droite ou leurs sympathisants, pour faire du nombre !!
Nous avons aussi été très étonnés que non seulement la question d’être vegan ou du moins en passe de l’être fasse débat mais pire encore provoque des clashes ici ou là.
Nous n’exigions pas la « pureté vegane » mais que l’on y vienne à brève échéance.
Quoi de plus normal quand on revendique la libération animale, et il faudra bien que l’on m’explique comment trouver à manger un morceau de cadavre si d’aventure nous obtenions la libération animale ?
Oui, comment et pourquoi manifester pour une chose dont au fond de soi-même, on n’a pas envie qu’elle se réalise ?
Peut-être parce qu’aujourd’hui, nous sommes passés dans l’ère du militantisme-divertissement à fort renfort de musique, saynettes (plus ou moins pitoyables).
On m’a même rapporté que sans ces mises en scènes, les manifestants ne viendraient pas et j’en conclus donc qu’elles ne sont pas là pour sensibiliser les passants mais pour « occuper » les manifestants.
C’est d’une tristesse !...
Au final de cette hécatombe, nous sommes en droit de penser que le concept de libération animale, de vouloir affirmer, revendiquer son opposition à toutes les formes de maltraitance et de cruauté envers tous les animaux n’est pas, encore, à l’ordre du jour chez les militants.
Bien sûr, comme il nous fut dit, il existe bien d’autres façons de militer ; écrire un livre, produire un film, tenir des stands mais nous restons dans ces cas encore et toujours dans l’information mais jamais dans la revendication, dans l’affirmation que de la violence envers les animaux nous n’en voulons plus.
Imaginez un instant si des centaines de personnes ici ou là, à travers la France et dans le monde s’étaient élevées, chaque mois, pour affirmer sa volonté de ne plus voir les animaux souffrir et mourir de notre égoïsme, de notre lâcheté et de notre cupidité.
Imaginez un instant que le refus du spécisme devienne une force irrésistible pour le détruire et que nos frères animaux rejoignent la communauté des terriens et que nous prenions aussi en compte leurs intérêts.
Imaginez !
Ce projet n’aura donc vécu qu’un an !
Le blog sera laissé en veilleuse.
Celles et ceux en accord et avec cette démarche et avec notre charte peuvent nous contacter si elles comptent être réellement actives.
Nous les en remercions comme nous remercions celles et ceux qui nous ont suivi dans cette aventure Lausanimaliste, Genèvanimaliste, Front d’Action Animaux, Mouvement Vegan ou qui nous ont rejoint au cours des derniers mois comme le MAS ou Olga.
Ce n’est qu’un au revoir, dans l’espoir qu’il soit de courte durée !
Libération Animale Totale et Absolue.
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