Royal, une première française
Pour la première fois de l'histoire française, une femme est la candidate officielle d'un grand parti politique pour l'élection présidentielle.
"Détail" rédhibitoire : Royal défend la corrida.
Et le PS, quand même.
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Pour la première fois de l'histoire française, une femme est la candidate officielle d'un grand parti politique pour l'élection présidentielle.
"Détail" rédhibitoire : Royal défend la corrida.
Et le PS, quand même.
Dans les derniers relents de mon enfance, j’ai vu le téléfilm The black dahlia à partir du roman de James Ellroy. Très vite, j’ai appris qu’être femme c’est être tuée.
À l’adolescence, ils riaient, les garçons de la classe en disant : « Il l’a tuée et tuer c’est mettre à mort ».
Car, comment, sans malaise, nommer ce que l’on fait avec malaise ? Ils disaient : « Je vais la mettre », « Je vais la mettre à mort, je vais la tuer ».
Très vite, donc, j’ai su qu’être femme c’est être tuée sexuellement. J’ai su que la mort pour nous avait à voir avec notre sexe. Notre sexe vu, notre sexe caché, notre sexe exhibé, notre sexe tué.
Très vite, j’ai su que j’avais le sexe dangereux.
Puis, à l’Université, avec ceux qu’on appelait les grands auteurs, les grands peintres, les grands réalisateurs, j’ai su que ce sexe était associé au gouffre, au mystère, à la terreur, à l’enfer, à la fin du monde pour l’homme, mais que c’était toujours la femme, la perdante, la souffrante, la maltraitée, la fouettée, la torturée, la tuée.
Très vite, j’ai su qu’en définitive, ce sexe menaçant et vide pour l’homme était sa calamité à elle, que ce sexe qui devait faire son pouvoir, faisait sa mort, que ce sexe qui menait de l’utérus à la vie lors de la naissance, les auteurs, les cinéastes, les artistes, lui connotaient la mort.
Ils prétendaient que ce sexe donnait la mort et, justifiés par cette prétention, ils ont attisé le fantasme de la mort des femmes.
« Le corps est sans défense aucune, il est lisse depuis le visage jusqu’aux pieds. Il appelle l’étranglement, le viol, les mauvais traitements, les insultes, les cris de haine, le déchaînement des passions entières, mortelles. » (Duras)
Fanny Ardant, de noir vêtue, sur une scène vide, livre le texte de Marguerite Duras, La maladie de la mort, à la 5e salle de la Place des Arts à Montréal.
Elisabeth Short, trouvée morte en 1947 et devenue objet de fascination sordide depuis lors, avait été surnommée « Black dahlia » à cause de sa chevelure, de ses vêtements et de son élégance.
Faussement, on a déclaré que c’est à un tatouage qu’elle devait son surnom.
Faussement, on a raconté qu’elle faisait de la prostitution. Lors de son assassinat, son hymen était intact, son meurtrier l’a déflorée avec violence.
Mais, associer Elisabeth Short à la prostitution, c’est suggérer qu’elle était en partie responsable de sa mort.
Car on entretient le préjugé que les femmes méritent la mort.
« Vous vous dites qu’elle devrait mourir. Vous vous dites que si maintenant à cette heure-là de la nuit elle mourait, ce serait plus facile, vous voulez dire sans doute : pour vous, mais vous ne terminez pas votre phrase. » (Duras)
Elle-même belle et fascinante, Fanny Ardant s’approche du public avec les phrases de Marguerite Duras qui exprime l’envie d’un homme pour une femme près de lui.
Cette envie, trouble et complexe, traversée par l’observation et l’imagination, Duras la décrit avec un texte dont la conjugaison oscille entre le présent et le conditionnel, alors qu’Ardant la joue avec une attitude dont la précision comporte de la séduction et de la colère.
La retenue de Fanny Ardant s’accorde avec l’ambiguïté de l’écriture de Duras ; la présence de l’une, l’écriture de l’autre suffisent pour déployer la polysémie. Qu’Ardant joue sur scène ou que Duras ait signé le texte, rien n’est résolu mais tout est là.
« Elle vit toujours. Elle appelle le meurtre cependant qu’elle vit. Vous vous demandez comment la tuer et qui la tuera. » (Duras)
Vendredi le 15 septembre, alors que Fanny Ardant sera encore à la Place des Arts pour La maladie de la mort, dans les cinémas commenceront les projections du film de Brian de Palma Le dahlia noir. Deux versions d’un meurtre d’une femme.
Duras dit l’envie de la mort d’une femme pour un homme obsédé. Et, à partir des fabulations d’Ellroy, de Palma « glamourise » ce meurtre.
Récupérer le viol, la torture et l’homicide perpétrés sur une femme pour en faire un divertissement cinématographie relève de l’ignominie. Favoriser l’excitation à travers le meurtre d’une femme, le présenter comme une fascination, c’est entretenir un plaisir misogyne qui n’aide pas à ce que cesse la violence faite aux femmes.
Au siècle dernier, on entendait : « Un bon Indien est un Indien mort » ; depuis longtemps, et encore aujourd’hui, avec des gros titres choquants, des jeux-vidéos sadiques, des livres de série noire, des clips musicaux brutaux, des films sanglants, on sous-entend :« Une bonne femme est une femme morte ».
http://www.sisyphe.org/article.php3?id_article=2395
Extrait de La Mondialisationdes industries du sexe. Prostitution, pornographie, traite des femmes et des enfants, éditions Interligne, 2004, p. 194-95, par Richard Poulin, professeur de sociologie à l'Université d'Ottawa.
« Les témoignages 'explicites' de 'hardeurs' ne sont certes pas nouveaux. [...] Mais le plus pathétique est sans doute celui de Linda Boreman (1981), alias Linda Lovelace, la star du film culte Deep Throat - Gorge profonde - produit en 1972. Deep Throat est l'histoire d'une femme qui n'arrive pas à obtenir de satisfaction sexuelle, jusqu'à ce qu'un médecin (après examen approfondi) découvre son clitoris enfoui dans le fond de sa gorge. La hardeuse explore au cours de tout le film les 'caresses sexuelles buccales'.
Gorge profonde a été un des premiers films pornographiques à obtenir une audience débordant les salles pornographiques. Il a défié les lois américaines sur l'obscénité et a été présenté dans des salles de cinéma 'ordinaires' ; il a ainsi participé à la 'libération' de la pornographie aux États-Unis et dans le reste du monde occidental. Il a fait de la pornographie un phénomène social acceptable qui ne pouvait être contesté que par des conservateurs, des groupes religieux et des femmes coincées. Près d'une décennie après la sortie du film, qui en a fait une vedette, la hardeuse publie son autobiographie, Ordeal (Épreuve).
Elle y narre l'histoire du film et celle de son rapport avec son ancien mari et souteneur, Jack Traynor. Ce récit n'est pas une apologie de la liberté sexuelle, du sexe gratuit et du porno chic, mais celui de l'humiliation, de l'esclavage et de l'abus sexuel. Loin d'être consentante, Lovelace est la victime d'un mari proxénète brutal, qui, après l'avoir droguée et prostituée, la place devant les caméras sous la menace d'une arme à feu et la frappe sans la moindre hésitation.
Afin de réussir les fellations du film sans s'étouffer, elle a dû subir un entraînement pour apprendre à avaler entièrement un pénis. Pendant les mois qui ont suivi, de nombreuses femmes ont été hospitalisées aux États-Unis, victimes de viols de la 'gorge' du fait que leurs petits amis ont tenté de leur faire réitérer à la maison l'exploit de Lovelace, dans un état second et sous la menace.
Deep Throat a été tourné en 17 jours en Floride et a coûté 26000 dollars américains à réaliser. Il a rapporté à ses producteurs 600 millions de dollars, dont 100 millions en argent comptant. Linda Lovelace est vite devenue la première superstar du show-biz pornographique, le symbole sexuel de la femme 'libérée'. En fait, c'est un viol à répétition qui a permis à la pornographie de sortir de son ghetto.
Et son souteneur de mari ne lui a jamais versé un seul dollar pour ses 'prestations'. »
http://www.socialsciences.uottawa.ca/soc/fra/profdetails....
***
Inside Deep Throat, diffusé samedi 21 octobre sur Canal + à 23h25, la chaîne porno- et tauromaniaque.
« Après trente ans de distanciation critique, nous étions en droit d'attendre d'un documentaire sur le fameux film Deep Throat qu'il donne à penser le pornographique comme paradigme de la violence exercée sur les femmes, la porno n'en étant jamais, en effet, que l'exacerbation spectaculaire.
Or ce film est une exaltation continue de l'idéologie qui a permis de produire Deep Throat sans que jamais soit interrogée la logique du système qui l'a rendue possible. Sous le masque de la neutralité, divers intervenants racontent, avec une grivoiserie satisfaite, comment ils ont - avec un film à petit budget et sans acteurs professionels - contribué à la "libération sexuelle" des années 70.
Nous, en tant que sujets sexués au féminin, n'entendons pas le concept de libération ainsi qu'il nous est montré dans ce documentaire : tout entier voué à la célébration de la sexcision* et de la sexualisation* sous les formes les plus appréciées des spectateurs .
Le "génie" réalisateur du célèbre film est un ancien coiffeur convaincu du malheur sexuel des femmes condamnées, selon les confidences des clientes de son salon, à la triste position du missionaire dans l'amour ! Lorsqu'on lui offre une caméra, notre coiffeur se met en tête de LIBÉRER la sexualité de ces femmes. Il s'arroge le droit de décider de ce qui manque aux femmes : de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace, à savoir découvrir et pratiquer la fellation.
Et c'est ici qu'entre en jeu l'héroïne de Deep Throat, l'actrice Linda Lovelace dotée, par le génie créateur de notre coiffeur, d'un clitoris artificiel au fond de la gorge lui permettant non seulement de jouir mais d'instruire le bon peuple américain de l'existence dudit organe (inconnu jusqu'alors des spectateurs, nous disent les sauveurs des femmes) et de l'orgasme clitoridien (inconnu aussi en 70). Bref, voici notre lascar propulsé au zénith par la grâce d'une gorge et d'un vit sucé ainsi qu'on ne le vit jamais (en tout cas sur écran géant).
Le documentaire prend le spectateur(trice) à la gorge (pardon pour cet involontaire jeu de mots...) en le sommant de se ranger, soit du côté du joyeux drille qui a inventé "le plaisir" pour tous au prix d'un billet de cinéma ou du côté des affreux censeurs à la Nixon qui ont interdit le film pour obscénité.
Faux dilemme et habileté remarquable du documentariste : choisir la liberté définie par qui détient les codes sexuels de la représentation ou refuser cette expression-là de la liberté au nom d'une idéologie puritaine. En dehors de cette apparente antinomie, point de salut. L'assujettisement sexuel du corps féminin et sa spécularisation anatomique ne sont jamais que l'autre visage de l'interdit d'exister du corps sensuel de la femme (toujours déjà rangée maman ou putain.)
La manifestation la plus évidente du faux dilemme est le traitement réservé aux discours féministes sur le film et sur la vie de Linda Lovelace, laquelle est l'auteur d'un ouvrage, Ordeal, relatant les sévices qui ont accompagné le tournage du film. Tel est le piège de la neutralité voulue : réduire le discours critique et politique de la porno par de célèbres féministes comme Steinem et les faire basculer dans le camp des censeurs obtus aux côtés de Nixon et de quelque procureur hanté par l'obscénité.
On peut se demander si la fonction de ce documentaire n'est pas d'empêcher toute réflexion sur la substance nourricière de la porno, à savoir un système où le phallus détient la production de la voix : la gorge de la femme ne servant qu'à recevoir le semen et le sémantique. Le film donne à voir ici dans sa littéralité comment le phallus produit l'aphonie des femmes.
Les vétérans autosatisfaits de la "libération sexuelle" (ils ont osé montrer une pipe, osé filmer du cul, etc.) se trouvent fort marris d'avoir été censurés par les tenants de la moralité puritaine américaine. N'ont-ils pas tout fait pour leurs concitoyens ? Et dès lors ne sont-ils pas victimes, d'une part de la censure puritaine de la droite conservatrice, d'autre part de la pègre qui leur a pris tous leur sous, via les mafias diverses du capitalisme qui les ont réduits au silence.
Le film porno était à l'origine, dans les années 70 - nous disent les protagonistes du documentaire - une innocente plaisanterie (où chacun et chacune aurait trouvé son compte) avant de devenir par la disgrâce de la globalisation, de la multiplication des vidéos, DVD et des circuits en tous genres, une industrie d'où feraient défaut le talent, l'invention, le dialogue et surtout l'esthétique. Qu'on se le dise !
Soigneusement gommée du documentaire, la violence du viol (pourtant soulignée par Linda Lovelace à plusieurs reprises). On ne retiendra que les larmes de l'amie d'enfance qui, voyant Deep Throat au cinéma, comprend la déchéance de Linda, à jamais stigmatisée comme "gorge à bite".
Ce documentaire fait apparaître comment la neutralité est nécessairement une adhésion à la source même de la domination (telle la Suisse qui, neutre pendant la guerre, garde l'or des nazis). »
Michèle Causse, écrivaine, Contre le sexage, Paris, Balland, 2000.
Katy Barasc, philosophe.
Un néologisme vient de se tailler une place, de façon fracassante, sur notre scène politique : " islamophobie ".
Ce mot, proche, phonétiquement, de " xénophobie ", est autant destiné à faire peur - en évoquant, de manière subliminale, la haine, les persécutions, les discriminations - qu'à culpabiliser.
Quelques-uns voudraient le voir devenir synonyme de " racisme " et symétrique d'" antisémitisme ", deux monstres qui ne dorment que d'un œil.
Son usage, pourtant, est-il en adéquation avec la double exigence républicaine : sauvegarder la laïcité et combattre le racisme ?
N'engendre-t-il pas des amalgames aux résultats ruineux pour la République, ses valeurs et son héritage ?
Une enquête, réalisée par Caroline Fourest et Fiammetta Verner dans leur livre Tirs croisés [1], sur ses origines et son histoire, réserve des surprises, donnant à voir les intentions de ses concepteurs.
Il n'est pas innocent que le vocable d'" islamophobie " ait été forgé initialement (dans les années 1970) par des islamistes radicaux s'attaquant aux féministes.
La guerre contre les femmes est le berceau de ce terme ; ainsi, Kate Millet, célèbre militante du mouvement de l'émancipation féminine, fut violemment insultée, puis traitée d'islamophobe pour avoir incité les iraniennes au refus de porter le voile.
C'est à nouveau autour de la question de l'apartheid des femmes - foulard à l'école, dans des institutions, dans la rue, auto-ségrégation dans des piscines - que se concentre la crispation, et que l'accusation d'islamophobie menace quiconque s'élève contre la tentative d'officialisation de cet apartheid.
Dans les années 1990 le terme d'" islamophobie " a été diffusé plus largement par les islamistes londoniens dans le cadre des campagnes anti-Rushdie.
L'écrivain et les défenseurs de la liberté de penser et de publier se trouvaient accusés du crime d'islamophobie tout en étant menacés de mort.
Le concept d' " islamophobie " est originairement une arme forgée par les islamistes dans le but d'imposer leur vision totalitaire du monde.
Il plonge ses racines dans le plus sordide obscurantisme. Au départ, " islamophobie " était donc un mot de combat - et chacun se souvient de la formule du poète révolutionnaire Maïakovski, " les mots sont des balles " !
En le réutilisant naïvement, de sincères amis de la liberté se placent sur le terrain de ses adversaires.
Peut-on, comme le souhaitent les islamistes, identifier l'islamophobie avec un racisme et l'équivaloir avec l'antisémitisme ?
L'amalgame entre l'islamophobie et le racisme est destiné à se retourner contre toute critique de la religion, si importante dans notre culture depuis Bayle et Voltaire, si importante aussi dans l'élaboration de l'idée républicaine.
Est-il " raciste " de refuser les exactions qui se pratiquent, de la Mauritanie jusqu'au Pakistan, au nom de l'islam ?
De refuser la charia, les lapidations, les mutilations, l'esclavage (encore vivace dans des sociétés musulmanes), la criminalisation de l'homosexualité, le statut inférieur des femmes, etc ?
Est-il raciste de rappeler que dans aucun pays musulman les droits de l'homme ne sont à l'honneur, pas plus d'ailleurs que la démocratie ?
Est-il raciste d'estimer que des centaines de millions d'êtres humains vivent quotidiennement sous le joug imposé par cette religion ?
Est-il raciste de s'inquiéter des exigences, dans notre société, d'une religion qui a aussi peu fait la preuve de sa capacité à intérioriser les valeurs issues des Lumières ?
Est-il raciste de se poser la question: un islam à visage humain est-il possible, comme on se demandait naguère si un socialisme à visage humain est possible ?
Si le racisme (par exemple: l'arabophobie) est absolument condamnable, le combat contre les empiétements du religieux sur la vie civique, combat dont sont issues les valeurs républicaines, ne l'est aucunement.
L'islam est une religion - un ensemble d'idées, de mythes, de superstitions et de rites - pas une " race " (si ce mot a un sens) ni une ethnie.
Il existe des musulmans de tous les types humains ; cette religion, semblablement au christianisme, vise à l'universalité.
Etant une religion, l'islam est aussi une idéologie, comme le communisme et le libéralisme.
Doit-on condamner l'antilibéralisme ou l'anticommunisme, le refus de leurs idéologies et de l'organisation du monde qu'elles impliquent, comme s'il s'agissait de racisme ?
L'attitude accusée d'islamophobie n'est pas du racisme, dans la mesure où, loin d'être la haine de tel ou tel peuple, elle est le refus véhément de ce que certains prêchent et veulent imposer au nom de l'islam.
Elle est le refus des aspects archaïques et incompatibles avec les valeurs républicaines, que véhicule une certaine interprétation de l'islam.
L'antisémitisme, pour sa part, ne stigmatise pas une religion, mais un peuple.
Or, il n'y a pas un peuple musulman comme il y a un peuple juif ; par suite, la mise en parallèle de l'islamophobie et de l'antisémitisme est abusive.
L'islam est un attribut accidentel, applicable - du fait de sa nature prosélyte - à tout être humain, quelles que soient son ethnie et sa couleur de peau.
Au contraire, Juif ne désigne qu'un seul peuple, à cause de son non-prosélytisme.
Loin d'être le simple combat contre une religion, l'antisémitisme est la haine immotivée et inextinguible d'un certain peuple, le peuple juif.
Les Juifs pourraient bien être athées, changer de religion, que l'antisémitisme persisterait.
S'il existe des Juifs athées (parce que le mot " juif " énonce l'appartenance à un peuple, quelles que soient les idées de ceux qui sont ainsi indexés), la locution " musulman athée " s'avère absurde, (parce qu'être musulman signifie adhérer à une croyance).
Les islamistes voient, dans la bataille du vocabulaire, un enjeu d'importance.
Le terme d'islamophobie cache le piège tendu aux institutions laïques par les intégristes musulmans pour empêcher la critique de la religion, tout en soumettant des segments de l'existence sociale (spécialement celle des femmes) à une emprise totalitaire.
Perdre la bataille sémantique, en réutilisant le vocabulaire mis en circulation par les islamistes, comme s'il allait de soi, est désastreux.
Le mot " islamophobie " rabat, à faux titre, la défense de la liberté et de la laïcité sur l'intolérance et sur la haine.
Il réussit à contraindre les valeurs républicaines à demeurer sur la défensive : ce sont elles, désormais, qui, mises en difficulté par la sophistique d'un tour de passe-passe lexical, se voient accusées d'intolérance et d'intégrisme.
La prestidigitation de ce mot consiste à renverser la réalité en plaçant l'obscurantisme dans la position de la victime et la laïcité dans celle de l'agresseur.
La laïcité doit maintenir le mot " islamophobie " hors du cercle des débats, tout en pourchassant le racisme, en particulier l'arabophobie.
R. Redeker (Ce texte a été publié dans La Dépêche du Midi le 21 octobre 2003.)
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[1] Titre complet : Tirs croisés : La Laïcité à l'épreuve des intégrismes juif, chrétien et musulman : voir sur le site d’Amazon. Le site Prochoix met en ligne les nombreuses recensions de cet ouvrage : voir sa Revue de Presse.
Si l'homme (vieillissant, ce qui ajoute le ridicule au ridicule) ne se vantait pas sans cesse de ses multiples conquêtes féminines, gageons qu'il en sortirait infiniment grandi.
Applaudissons néanmoins à son noble combat contre la prostitution - combat qui est aussi le nôtre, et qui entre en parfaite contradiction avec ses rodomontades amoureuses.
Il n'est en effet rien de plus vain sur la terre qu'un Don Juan, qu'il se fantasme tel ou qu'il en soit réellement un.
À bon entendeur...
Contre l'esclavage prostitutionnel : http://www.fondationscelles.org/
« C’est chez Sade, et aussi chez Hogarth, que le corps humain, pour la première fois, est soumis méthodiquement aux opérations de l’industrie.
Les tortures, les postures grotesques imposées aux victimes de Justine et les Cent vingt journées, établissent, avec une logique consommée, un modèle de rapports humains, fondé sur la chaîne de montage et le travail aux pièces.
Chaque membre, chaque nerf est déchiré ou tordu avec la frénésie impartiale et glacée du piston, du marteau pneumatique et de la foreuse.
Le corps n’est plus qu’un assemblage de parties, toutes remplaçables par des 'pièces détachées'.
La multiplicité, la simultanéité des outrages sexuels offrent une image minutieuse de la division du travail à l’intérieur de l’usine. »
George Steiner, Dans le château de Barbe-Bleue (1986)
« On asservit les peuples plus facilement avec la pornographie qu’avec des miradors. »
Alexandre Soljénitsyne
« C'était un problème très sixties, en fait, un problème auquel les hommes de ma génération se confrontaient depuis trente ans : on était tellement obnubilé par notre Willard...
Pendant trop longtemps, avant que les femmes ne se révoltent contre cette absurde, nombriliste obsession [...], nous nous étions comportés comme si le monde tournait autour de notre queue. Mais ce n'était pas le cas, et elle semait surtout une sacrée pagaille.
Les femmes en avaient plus qu'assez de devoir entendre combien d'entre elles avaient servi à l'étalon du X, Wilt Chamberlain (vingt mille), ou à Warren Beatty, ou à JFK, ou à Mick, et leur colère était justifiée. [...] Était-ce de l'érotomanie, ou une forme quelconque de priapisme ? [...]
Même ceux d'entre nous qui occupaient les postes les plus en vue avaient souffert de cette... affection, et la description que Geraldo Rivera avait donnée de lui s'appliquait à pratiquement chacun d'entre nous : 'Un insatiable porc en chaleur.' [...]
À l'orée du nouveau millénaire, nous, les rescapés mâles des années 60, étions certes plus qu'invités à regarder en face les porcs que nous étions. Dans le vieux conflit entre les sexes, à vrai dire, nombre d'entre nous méritaient le titre de criminels de guerre.
Soudain le terme de 'queutard' n'avait plus rien de flatteur.Et même si beaucoup d'hommes continuaient à s'adonner à une chasse sexuelle aussi obsessionnelle qu'égoïste, ils n'en parlaient plus volontiers, ils évitaient de clamer en public les bulletins de victoire du style 'J'l'ai ramonée toute la nuit' ou 'Le prochain petit cul sur ma liste, c'est...'.
Ils s'étaient assagis, ils percevaient mieux la nécessité de tenir compte de la sensibilité d'autrui. Maintenant ils invoquaient un 'manque de communication', une 'déficience de motivation', une 'lassitude sentimentale' avant de passer au petit cul suivant. »
Joe Eszterhas, American Rhapsody, Paris, Le Livre de Poche, 2001, p. 126-129
Paraphrasons Paulhan : enfin un homme qui avoue...