Jacques Becamel, maire de Caissargues, vient de confirmer à Signes du Toro qu’il « interdit désormais toute mise à mort dans les arènes de la commune ».
Caissargues, petit village situé à une dizaine de kilomètres de Nîmes, est un des lieux emblématiques de la tauromachie française.
Depuis trente ans, les toreros français s’entrainent dans les petites arènes en bois entourées de platanes. Et l’aficion du sud-est a pris l’habitude d’y célébrer, à la fin de l’automne, un festival pour clore la temporada.
Comme celui, organisé par "Caissargues et toros", qui devait se dérouler dimanche prochain.
« Ça fait huit ans qu’on organise avec succès ce festival, rappelle Gismonde Pélicier, la responsable du club. On a toujours soigné les choses, les arènes sont décorées, on travaille énormément, et il n’y a jamais eu aucun problème… »
Jusqu’à l’an dernier, où les services vétérinaires, lors d’une visite, ont constaté un manque d’installations adéquates pour accueillir les toros après la mise à mort.
Un courrier est envoyé à "Caissargues et toros", qui s’engage à trouver une solution. Et qui la trouve. Malgré le surcoût généré, toutes les carcasses partiront à l’équarrissage à Beaucaire.
Mais le 24 septembre dernier, Gismonde Pélicier reçoit une lettre du maire, qui lui annonce son intention de confirmer l’arrêté municipal pris au début de l’été, interdisant toute mise à mort sur le territoire de la commune.
Arrêté voté quatre jours plus tard en Conseil municipal.
« Les installations ne sont pas conformes, nous réaffirme aujourd’hui Jacques Bécamel. Le dépeçage des bêtes se fait dans la rue, sous le regard des passants. Il manque un laboratoire digne de ce nom. Les arènes sont trop petites pour qu’on puisse en installer un, même de façon provisoire. »
Mais monsieur Becamel assure qu’il n’est pas opposé à la tauromachie espagnole :
« Je suis un enfant du pays. Je vois des courses camarguaises et des corridas depuis toujours. J’étais d’ailleurs à la finale de Graine de Toreros l’autre jour à Saint-Gilles. Et le week-end prochain, il y aura un festival taurin à Caissargues. Mais sans mise à mort ! »
Effectivement, les aficionados practicos, dont on ignore la réaction à cette interdiction, organisent ce week-end leur capea dans les arènes.
Jacques Becamel ne veut rien savoir de la solution proposée par "Caissargues et toros", et acceptée par les services vétérinaires. Pour lui, même en matière de tauromachie, l’avenir est à l’intercommunalité.
« Puisque nous sommes déjà regroupés, je suggère qu’une ou deux communes de l’intercommunalité se spécialisent en quelque sorte pour recevoir des spectacles taurins avec mise à mort. On peut imaginer, par exemple, que ce rôle reviendrait à Saint-Gilles ou à Marguerittes. Ce n’est qu’une suggestion, ce n’est pas à moi de décider. »
Alain Montcouquiol, qui a contribué avec son frère Nimeño II, à faire de Caissargues le lieu historique de la tauromachie française, est un peu triste :
« Les arènes de Caissargues, ça a été le premier lieu à usage exclusif pour les toreros français. A l’époque, il n’y avait ni périphérique, ni autoroute, et on partait à pied pour s’entrainer là-bas sous les platanes !... Mais je crois me souvenir qu’on a donné le nom de mon frère à ces arènes. Alors sans vouloir polémiquer, si tout ça se confirme, je trouve que ce serait la moindre des choses que le maire fasse dévisser la plaque… »
Mais il est bien possible que cette histoire vétérinaire, ces précautions de santé publique, cachent aussi certaines arrières pensées politiques.
Après tout, madame Pélicier est aussi l’épouse du concurrent de Becamel aux dernières élections municipales.
Devant la position inflexible du maire, "Caissargues et toros" étudie donc une délocalisation du festival. On parle de plus en plus de la commune voisine de Rodilhan, qui serait semble-t-il enchantée d’accueillir ce rendez-vous des aficionados. Et de la date du 8 et 9 novembre prochain.
La conférence de presse convoquée ce vendredi à 11 heures à la mairie de Rodilhan devrait confirmer toutes ces informations.
(Enquête Jean-Michel Mariou et Joël Jacobi, sur une alerte d’Isabelle Dupin)
http://signesdutoro.france3.fr/index.php?page=article&numsite=1148&id_article=4862&id_rubrique=1253