Pour arrêter la vivisection, il y a besoin de nous
Communiqué rédigé à l'occasion de la manifestation nationale en Italie contre la vivisection (4 octobre 2008).
Coalition contre la vivisection dans les universités
La libération animale passe par notre libération
Un an est passé depuis que nous, les activistes de la Coalition contre la vivisection dans les universités, avons décidé de nous battre contre la vivisection à Busto Arsizio (Italie), en commençant la campagne Offensive contre l'Université de l'Insubria.
Nous estimons que ce qui s'est passé pendant ces mois peut donner beaucoup d'informations utiles pour continuer cette lutte, pour tous les sujets - associations ou individus - qui se battent contre la torture institutionnalisée au détriment d'animaux humains et non humains.
Les simples demandes de dialogue ou d'intervention législative adressées aux institutions se sont heurtées à un mur de silence, d'hypocrisie, de complicité avec les intérêts académiques.
La proposition même d'une conférence sur la vivisection, sous le parrainage de la Mairie et avec la participation des représentants de l'université, a suscité des ouvertures encourageantes seulement grâce à une pression résolue et constante sur le Maire M. Farioli, pendant laquelle nous avons dû recourir à une grève de la faim.
Dans ce contexte, il nous semble évident que les institutions ne sont pas disposées à remettre en question une activité qui est clairement liée par différents fils aux grands intérêts économiques et politiques qui s'expriment dans les salles des universités.
Ainsi, nous pensons que demander aux institutions d'intervenir est aussi naïf qu'accepter la prétention arrogante des scientifiques à déterminer - sans interférences et en jouant de l'intimidation que leur rôle de « spécialistes » provoque - des choix qui appartiennent à la société tout entière.
Cet autoritarisme que les experts exercent est un des aspects du système de l'expérimentation animale que nous avons toujours dénoncé, en demandant par nos initiatives que les élus locaux et les chercheurs rendent compte de l'impact de leurs décisions sur la vie de milliers d'êtres sentients.
La lutte contre les tortures, ça ne se délègue pas !
L'opposition à la vivisection a besoin maintenant d'une impulsion décisive pour que la situation - à Busto Arsizio et ailleurs - trouve enfin une issue qui donne de l'espoir.
Les politiciens qui ne s'intéressent qu'à l'argent, bras dessus bras dessous avec la recherche publique et privée, par des artifices spécistes et du chantage émotionnel arrivent à contourner toute considération éthique propre à promouvoir la cohabitation élargie entre êtres différents.
C'est donc aux individus que nous voulons nous adresser, leur montrant le regard profond des animaux torturés, leur demandant de réfléchir sur la condition des cobayes et sur la légitimité de cette activité qui se veut neutre du point de vue éthique.
Pour cette raison, nous avons demandé l'ouverture des laboratoires au public : pour montrer que la torture est un choix de violence contre des sujets sans défense, choix qu'on cache intentionnellement aux profanes, aux gens communs, aux personnes.
Et c'est pour cette raison que nous avons invité les citoyens à ne pas se limiter à voter, déléguer et faire confiance à ceux qui se font passer pour leurs représentants par l'exercice de l'autorité.
L'étranger, l'animal, le marginal... le cobaye
Le mur contre lequel nous nous heurtons est plus vaste que ce que l'on pense, car il est clair que la vivisection n'est pas simplement une pratique non scientifique et obsolète, n'est pas qu'un cancer que l'on pourrait extirper du tissu social par le scalpel, voire qui serait prêt à régresser de façon spontanée, emporté par la marche lumineuse du progrès.
L'expérimentation animale est avant tout une appropriation violente de corps, que l'on réduit à des objets, en utilisant comme justification telle ou telle différence par rapport à l'espèce dominante.
La nôtre est une société qui emprisonne les corps, qui les discrimine selon la « race », les papiers de séjour, le sexe ou l'orientation sexuelle, l'âge, la richesse et la pauvreté ; notre société protège ceux qui adhèrent de façon dogmatique au paradigme dominant et en même temps supprime (... les vivisecteurs parleraient de « sacrifice »...) la voix de ceux qui ne sont pas d'accord, qui n'acceptent pas l'uniformisation, qui se révoltent.
Le cri insonorisé du cobaye pris au piège dans le laboratoire a des significations multiples qui vont jusqu'à comprendre tous les « marginaux », pour peu que nous lui prêtions attention.
Et notre société a besoin de boucs émissaires, d'annuler la solidarité spontanée envers l'autre, pour cacher ses fautes contre elle-même.
Ainsi, on peut continuer à se dire antiracistes, civilisés, progressistes, pendant qu'E-H305 est équarri parce que... ce n'est qu'une souris...
Nous demandons aux individus de briser le silence sur les injustices que subissent d'autres individus, humains et non humains, parce que briser le silence sur une forme de violence ne peut que nous amener à le briser sur toutes les autres.
Pour cette raison, nous sommes proches symboliquement de toutes les personnes qui, aujourd'hui à Rome, sont en train de briser le silence avec une grande manifestation antiraciste qui se focalise sur l'acceptation de la diversité.
Nous voulons prendre la parole à ce sujet, sans déléguer cette capacité de s'indigner, qui semble tellement rare aujourd'hui - cachée par les nécessités quotidiennes du travail, de la famille, de nos relations réduites à des rôles préétablis - et pourtant présente en puissance en chacun de nous.
Pour la libération animale, maintenant.
Mais l'indignation ne peut pas nous suffire si elle ne se transforme pas en une volonté d'agir soi-même directement, sans attendre que quelqu'un d'autre fasse le sale boulot ; en une volonté de demander aux responsables de la torture et à leurs porte-parole de rendre compte de leurs actions ; en une volonté de bâtir un système de relations qui refuse cette violence.
Une société qui n'ait pas besoin de l'expérimentation animale.
Une société qui n'ait pas besoin de « sécurité », de coupables, de victimes.
Une société qui refuse de se disséquer elle-même à travers les corps de ses membres les plus faibles.
Notre présence dans la rue aujourd'hui risque de rester une énième représentation d'impuissance si nous permettons qu'elle s'épuise dans cette seule occasion.
En tant que Coalition contre la vivisection dans les universités et en tant qu'antispécistes, nous continuerons à dénoncer de toutes les manières possibles la Mairie de Busto Arsizio et l'Université de l'Insubria, en mettant en lumière la farce cruelle dans laquelle leurs fonctionnaires sont impliqués ; nous poursuivrons jusqu'au jour où ils devront rendre leurs comptes !