Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Planète Terre - Page 24

  • Le Temps : "Le steak, malédiction écologique"

    1192143777.gif

    [L’auteur ne parle pas d’éthique pour les animaux, seulement d’éthique environnementale. C’est dommage, mais son article a au moins l’avantage de sensibiliser une population  par ailleurs indifférente à la souffrance animale, et l’amener, par le biais de l’écologie, à diminuer, voire à supprimer totalement, sa consommation de « viande ». C’est pourquoi je crois bon de le reproduire ici.]

    Etienne Dubuis

    Vendredi 14 mars 2008

    La croissance rapide de la consommation de viande, due à l'enrichissement des pays émergents, pose un défi planétaire : l'élevage est particulièrement vorace en ressources naturelles, terre et eau notamment, et contribue lourdement au réchauffement climatique. Comment faire ?

    C'est une excellente nouvelle. Et pourtant, elle a de quoi inquiéter. Au cours de ces vingt dernières années, le Chinois moyen a ajouté un morceau de viande à sa platée quotidienne de riz. Jusqu'ici tout va bien. Là où l'affaire se complique, c'est qu'il y a des centaines de millions de Chinois moyens. Et que produire des centaines de millions de cuisses de poulet ou de tranches de porc en plus chaque jour n'est pas une mince affaire pour notre planète, déjà sollicitée de toutes les façons.

    D'autant qu'il n'y a pas que les Chinois. Derrière eux, une multitude de ressortissants de pays émergents ont commencé à compléter leurs rations habituelles de céréales et de légumes par des aliments d'origine animale. Confirmant la règle selon laquelle plus l'homme s'enrichit, plus il se déplace vers le haut de la chaîne alimentaire. Si les Indiens n'ont guère augmenté pour l'instant leur ration de viande, ils boivent deux fois plus de lait qu'il y a 30 ans. D'un demi-bol de lait par personne et par jour, ils ont passé aujourd'hui à un bol entier. Et ils sont aussi plus d'un milliard.

    Ce dernier demi-siècle, l'agriculture mondiale a relevé le défi de manière remarquable. Ce qui a permis une multiplication par cinq et demi de la consommation globale de viande, qui a passé de 47 millions de tonnes en 1950 à 260 millions en 2005, soit de 17 à 40 kilos par habitant de la planète. Ce gain a été rendu possible par la colonisation de nouvelles terres de pâture, bien sûr. Mais en petite partie seulement. L'essentiel est dû au développement d'un élevage intensif, qui a pour double caractéristique de confiner davantage les animaux et de les nourrir essentiellement de grains (soja et maïs notamment). Le mouvement, parti des Etats-Unis dans les années 50, a rapidement submergé l'Europe, l'ex-Union soviétique et le Japon, avant de s'étendre dans une bonne partie de l'Asie et de l'Amérique latine.

    Rien ne dit, cependant, que pareille performance se perpétuera. La pression exercée sur l'agriculture est plus forte que jamais. Sous l'effet des dynamiques démographiques, l'humanité augmentera de deux à trois milliards de bouches à nourrir d'ici à 2050. Et du fait de la croissance économique, une part grandissante de l'humanité revendiquera sa part de viande. Une étude de la FAO, « Livestock's long shadow », publiée en novembre 2006, prévoit un doublement de la production d'ici au milieu du siècle. De 229 millions de tonnes en 1999-2001 à 465 millions en 2050.

    Comment faire ? Comment produire ces énormes quantités de viande supplémentaires ? Telle est l'une des questions majeures de ces prochaines décennies.

    La première option est d'étendre les zones de pâture. Hélas ! L'humanité n'est plus au XIXe siècle, quand d'immenses territoires (presque) vides s'ouvraient à ses éleveurs, des Etats-Unis à l'Australie, en passant par l'Argentine. Ni même dans la seconde moitié du XXe, où elle est encore parvenue à coloniser 500 millions d'hectares de terre. Les dernières conquêtes possibles, en Amérique latine et en Afrique subsaharienne, ne sont plus très nombreuses. Et beaucoup d'entre elles poseraient de graves problèmes environnementaux, puisqu'elles supposeraient, comme en Amazonie, la destruction de certaines des ultimes forêts tropicales.

    La deuxième option est d'en demander plus encore à l'élevage intensif. Mais c'est là une gageure. La méthode a des limites : elle requiert d'énormes quantités de céréales, qui exigent elles-mêmes beaucoup de terre et d'eau. Or, la terre et l'eau s'apprêtent à devenir simultanément plus rares, sous l'influence du réchauffement climatique, et plus sollicitées, sous l'effet du développement des biocarburants et de la croissance démographique. Jean-Paul Charvet, professeur de géographie à l'Université de Paris X-Nanterre, a calculé que la Terre devrait fournir 660 millions de tonnes de céréales supplémentaires pour faire face à l'accroissement attendu de la population mondiale d'ici à 2030. Et en ne nourrissant les nouveaux venus que de pain. 660 millions : c'est deux fois ce que produisent actuellement les Etats-Unis. Qui le fera ?

    On peut toujours espérer de nouvelles découvertes agronomiques qui permettraient de renouveler l'exploit accompli entre 1944 et 1970 par la révolution verte, à savoir des gains extraordinaires de productivité. Les deux fronts les plus évidents sont la productivité des céréales (plus de grains pour une même quantité de terre ou d'eau) et la productivité des animaux (plus de viande à partir d'une même quantité de grains).

    Mais il existe une façon plus simple d'accroître l'offre : développer les viandes les moins gourmandes en céréales. L'efficacité de conversion des grains varie considérablement d'un animal à l'autre. Il faut sept kilos de céréales pour obtenir un kilo de bœuf, mais il en faut seulement quatre pour un kilo de porc, un peu plus de deux pour un kilo de volaille et un peu moins de deux pour un kilo de poisson herbivore de pisciculture. Substituer la carpe au bœuf permet d'assurer une production de protéines quatre fois supérieure. La carpe serait-elle l'avenir de l'homme ?

    Ce changement est à l'œuvre. Le bœuf, qui a longtemps été la viande la plus consommée du monde après le poisson pêché, s'est fait devancer par le porc en 1979, puis par la volaille en 1997, et devrait l'être par le poisson d'élevage dans une dizaine d'années.

    Voilà pour l'offre. Reste la demande. Or il y a là un autre espoir. La faim de viande n'est pas condamnée à augmenter indéfiniment, comme le prouve sa stabilisation, voire son léger recul, dans les pays développés. Une inversion de tendance qui peut être attribuée au moins partiellement aux problèmes de santé qu'une alimentation riche occasionne à partir d'un certain niveau de consommation. Mais qui peut résulter aussi d'une modification profonde du rapport à la nourriture.

    « Mes quatre enfants mangent moins de viande que moi, confie Bruno Parmentier, directeur de l'Ecole supérieure d'agriculture d'Angers. Les deux ou trois générations qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale ont vécu dans la peur du manque et se sont précipitées sur ces symboles de la prospérité que sont la viande, la matière grasse et le sucre. Aujourd'hui, les mentalités ont changé. La peur des jeunes, c'est l'obésité. Et la modernité, pour eux, ce n'est pas le steak de 200 grammes, mais la salade ou la pomme. »

    http://www.letemps.ch/template/tempsFort.asp?page=3&article=227788

  • Pietro Leeman, roi de la haute cuisine végétarienne à Milan

    sriimg20080303_8799330_7.jpg

    Premier cuisinier végétarien d'Europe « étoilé » par le guide Michelin, le Tessinois Pietro Leemann a reçu sa première distinction en 1996.

    Depuis, son établissement niché au cœur de Milan est l'une des meilleures tables de cuisine naturelle au monde.

    Installé dans la métropole lombarde depuis la fin des années 80, Pietro Leemann dirige un temple de la gastronomie et un restaurant pas comme les autres.

    Critiques culinaires du monde entier et clients sont unanimes : personne ne sait restituer le miracle de la nature dans une assiette, comme le fait le patron du « Joia ».

    Ses cuissons respectueuses des valeurs nutritives et des aliments, ses subtils mariages de saveurs et ses déclinaisons à l'infini d'un même légume de saison (et biologique) témoignent de son amour pour la nature, mais aussi d'une maîtrise technique hors du commun.

    Architecture gastronomique

    Pietro Leeman veut ainsi préserver le goût de chaque ingrédient (pas de fusion) afin de parvenir à une harmonie gustative globale.

    Véritable « architecte » en cuisine, comme il se décrit lui-même, il aime donner au plat une forme esthétique (comme ses étonnants œufs carrés) qui rappelle que, pour naturelle qu'elle soit, la cuisine n'en est pas moins une création humaine.

    « Je n'ai jamais cessé d'apprendre et de poursuivre mes recherches et mes explorations culinaires.

    Une formation continue qui m'a fait voyager sans discontinuer de 16 à 29 ans, en Suisse et dans le reste du monde », explique Pietro Leemann qui avoue aussi « cuisiner tout le temps. »

    Se sentant trop à l'étroit dans le carcan gastro-culinaire qui caractérise la nouvelle cuisine européenne du milieu des années 80, le Tessinois, fasciné par les cultures orientales, prend le large et part pour l'Extrême-Orient en 1986.

    Pas de retour en arrière

    Après un séjour de deux ans en Chine et au Japon, et une immersion totale dans la culture locale, Pietro Leemann revient sur le Vieux Continent.

    « Mais, je me sentais à l'étroit dans mon métier, tel qu'il était pratiqué à ce moment-là sous nos latitudes.

    J'ai vite compris que je n'avais plus ma place dans cette conception de la gastronomie.

    Je ne pouvais plus rentrer dans ce moule que j'avais quitté deux ans auparavant », se souvient le maestro.

    Dès lors, un choix s'imposait :

    « ou je bifurquais vers une autre voie, en rentrant dans les ordres par exemple, confie sans ironie ce chrétien pratiquant, ou j'ouvrais mon propre établissement pour y mettre en œuvre une cuisine en cohérence avec ma philosophie et respectueuse des dons de la nature ».

    Un temple zen

    Aussi tôt dit, aussitôt fait. Avec un groupe d'amis - qui ont quitté le navire après quelque temps - le Locarnais inaugure un temple zen de la haute cuisine naturelle et végétarienne dans le centre de Milan.

    Mais, les débuts sont laborieux.

    La carte des menus proposée par le « Joia » détonne avec les canons gastronomiques du moment.

    « Il faut s'imaginer que, lorsque nous avons ouvert, Milan ne comptait en tout et pour tout qu'un seul restaurant japonais. Aujourd'hui, il y en a 400! Sans compter une foule d'enseignes ethniques en tous genres... », se remémore le Tessinois.

    Mais, Pietro Leemann s'accroche et poursuit sa croisade, celle d'une «alimentation bonne et saine, pour vivre mieux, dans son corps et dans son esprit».

    Le temps finit par lui donner raison. Les mentalités évoluent et l'intérêt pour l'alimentation alternative comme pour la gastronomie végétarienne ne cesse de croître.

    Un choix éthique et spirituel

    Si la carte du « Joia » propose quelques rares mets à base de viande et de poisson, le grand chef a quant à lui définitivement tourné le dos à la chair animale, œufs compris.

    Au point que ce sont ses collaborateurs qui se chargent d'apprêter ces ingrédients.

    Plus le temps passe et plus le besoin de vivre rigoureusement selon les préceptes végétariens se fait sentir.

    « Aujourd'hui, me trouver aux côtés de quelqu'un qui mord dans une cuisse de poulet ou déguste un morceau de viande, me met très mal à l'aise.

    C'est une question d'éthique et de philosophie », confie Pietro Leemann.

    « La nourriture que l'on mange fait ce que nous sommes.

    La nourriture est dotée d'une charge énergétique incroyable, et je ne parle pas que de l'aspect nutritif.

    Certains aliments peuvent nous aider à élever notre degré de conscience spirituelle », ajoute le grand cuisinier.

    « Mon plat préféré ? Une assiette de riz basmati mélangé à des lentilles, le tout parfumé de gingembre frais ».

    Difficile de faire plus simple.

    La frénésie de la grande ville

    Mais, vivre en harmonie avec la nature et le plus sainement possible n'est pas toujours facile dans une ville aussi animée et frénétique que la métropole lombarde.

    « C'est vrai, soupire Pietro Leemann, c'est une lutte au quotidien, je dois constamment me recentrer sur moi-même.

    C'est pourquoi, je m'impose chaque jour un rituel spirituel et une hygiène de vie rigoureux, dont je ne m'éloigne jamais. »

    La rythme effréné, qui caractérise la vie milanaise a d'ailleurs poussé son épouse à revenir au Tessin, afin de permettre aux deux enfants du couple de grandir dans un environnement offrant une meilleure qualité de vie.

    « Cela fait deux ans que je passe deux jours par semaine auprès de ma famille dans le Val Maggia », explique ce papa de deux fillettes.

    Sous cet angle, le « Joia » représente un havre de paix et une sorte d'Eden au cœur de la ville.

    « C'est vrai, c'est un univers protégé.

    Mais c'est un choix, qui correspond à ma manière de fonctionner et de concevoir la vie. »

    Swissinfo, Nicole della Pietra à Milan

    http://www.swissinfo.ch/fre/a_la_une/Pietro_Leeman_roi_de_la_haute_cuisine_naturelle_a_Milan.html?siteSect=105&sid=8799362&cKey=1204556720000&ty=st&rs=yes

  • Environnement : la filière de l'or, opaque de la mine à la vitrine

    Gold boycott 3.jpg

    Sur une moyenne de 2 500 tonnes de métal jaune extrait chaque année par des firmes transnationales polluantes, seuls quelques kilos issus de l’orpaillage en Colombie peuvent revendiquer à ce jour le label d’or « propre », respectueux de l’environnement.

    La filière de l’or reste opaque par excellence. Même en France, où les écologistes viennent pourtant de remporter une petite victoire.

    Exemple en Guyane

    Gilles Labarthe / DATAS

    Or propre : métal précieux qui a été extrait dans le respect des populations locales et de l’environnement, par opposition à « l’or du sang » (provenant de zones dévastées par des conflits armés) ou à « l’or sale » (extrait au moyen de procédés hautement toxiques, comme le mercure ou le cyanure)…

    Pour une enseigne de luxe qui voudrait miser sur une ligne de bijoux « éthiques et responsables », se procurer de « l’or propre » représente encore un défi hors du commun.

    D’abord, parce que si l’on tient compte de critères écologiques, il faudrait disqualifier d’office la plupart des grandes multinationales d’extraction, accusées de pollution sur quatre continents (lire encadré).

    Où trouver de l’or propre ?

    En France, qui applique des réglementations très contraignantes, après avoir fermé le site polluant de Salsigne (lire ci-dessous) ?

    « La France se positionne à la fois comme pays producteur (sites aurifères de Guyane) et pays consommateur (grandes enseignes de la joaillerie internationale basées à Paris) », rappelait en mars 2007 une action commune de mouvements écologistes[1], qui proposait de lancer une campagne intitulée « D’où vient l’or de la place Vendôme ? ».

    Problème : même le gouvernement français n’arrive pas à assurer une traçabilité de la filière.

    Sur environ 10 tonnes d’or officiellement exportées de Guyane, moins de 4 tonnes sont déclarées à la production.

    Et les propositions de créer une commission d’enquête sur ce sujet sensible n’ont jamais abouti devant l’Assemblée nationale.

    La même opacité règne autour des conditions réelles d’extraction.

    Les lois françaises sont pourtant très strictes.

    L’usage du mercure pour séparer les paillettes d’or du minerai est officiellement interdit.

    Mais les ravages causés par l’orpaillage clandestin sont toujours d’actualité : en visite en Guyane la semaine dernière, le président Nicolas Sarkozy l’a encore publiquement dénoncé, annonçant qu’une « opération exceptionnelle de sécurisation du territoire de la Guyane va débuter ».

    S’attaquer aux garimpeiros (orpailleurs illégaux brésiliens, responsables de pollution au mercure de la forêt tropicale guyanaise[2]) est une chose, mais peut-on citer aujourd’hui une seule multinationale aurifère sur place qui soit vraiment respectueuse de l’environnement ?

    Contacté par téléphone, Patrick Monier, président d’Attac-Guyane, n’en voit aucune.

    « Vaut mieux arrêter d’extraire de l’or », conclut en substance Patrick Monier, qui reste très dubitatif sur le concept d’ « or propre ».

    Quel que soit son mode de traitement, le métal jaune engendrerait de toute manière un cortège de nuisances.

    Sa valeur est arbitraire.

    Autant s’en passer, selon lui.

    Autre danger : celui que le concept d’or propre soit récupéré par des firmes transnationales, qui pointent du doigt les dégâts commis par l’orpaillage traditionnel et l’utilisation du mercure, pour se profiler comme seules garantes d’une extraction industrielle effectuée « dans les règles de l’art ».

    Le lobby industriel minier semble très actif dans ce domaine.

    « Nos entreprises s’engagent sur la voie de l’or propre », déclarait en 2004 Jean-Paul Le Pelletier, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Guyane (CCIG).

    Pour savoir lesquelles, nous avons joint en France le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), qui fait autorité au niveau international en matière d’études géologiques et des répercussions du traitement des minerais sur l’environnement.

    Au BRGM, Valérie Laperche s’interroge.

    A l’extraction, elle n’a connaissance d’aucun site dans le monde qui serait encadré par une coopération internationale pour améliorer ses standards environnementaux et produire de « l’or propre ».

    Et pour la transformation en lingots, elle ne peut signaler aucune société de raffinage française travaillant exclusivement, ou partiellement, à partir d’or propre.

    La spécialiste nous renvoie à Jean-François Thomassin, chargé de mission filière minière en Guyane, qui apporte une assistance technique aux entreprises et aux mineurs, au sein de la CICG : il connaîtrait une firme « qui travaille très bien ».

    Surprise : la seule firme « qui travaille très bien » que Jean-François Thomassin recommande est précisément CBJ Caïman, une filiale de la multinationale canadienne Iamgold, accusée de pollution mortelle au Mali[3].

    Joint à Cayenne, Jean-François Thomassin présente l’extraction par cyanuration comme l’un des procédés les plus modernes et les plus « corrects » qui soient.

    Il défend le projet de CBJ Caïman, qui entend exploiter au cyanure une mine à ciel ouvert à deux pas de la montagne de Kaw, importante réserve naturelle… un projet décrié depuis longtemps par les milieux écologistes, qui ont bataillé ferme pour informer et sensibiliser les élus locaux sur les risques encourus.

    Les défenseurs de ce sanctuaire de la biodiversité peuvent enfin respirer : le gouvernement français vient de dire « non » au projet d’extraction de CBJ Caïman fin janvier 2008, quelque mois après le « Grenelle de l’environnement ».

    Pour les écologistes guyanais, la vigilance reste de mise.

    Leur inquiétude se porte sur d’autres sociétés privées, comme la française Auplata, qui travaille avec un traitement du minerai par gravimétrie (table à secousses) et revendique une production d’or « responsable » [4].

    Les multinationales minières, principales productrices d’or dans le monde et soutenus par les puissants lobbies du milieu bancaire, ont appris à communiquer sur leur « responsabilité sociale et environnementale ».

    Mais ce qu’elles affirment sur le papier est vite contredit dans la pratique.

    « Auplata, la société minière cotée à la Bourse de Paris, est dans le collimateur de la DRIRE (Directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement) en Guyane et du MEDAD à Paris (Ministère de l’écologie, du développement et de l’aménagement durables).

    En Guyane, l’administration chargée du respect de l’environnement a relevé pas moins de vingt-sept infractions au code de l’Environnement », informait en octobre 2007 un service d’information économique des Antilles françaises.

    Affaires à suivre.

    Gilles Labarthe / DATAS

    [1] WWF, Kwata, Gepog, Sepanguy.
    [2] Lire à ce sujet le reportage d’Axel May, Guyane française, l’or de la honte, éditions Calmann-Lévy, Paris, 2007.
    [3] Sur les engagements d’Iamgold, voir leur site : http://www.iamgold.com/social.php
    [4] Idem pour Auplata : http://www.auplata.fr/engagements.php

    Salsigne.jpg

    Salsigne : visite de la dernière mine d’or en Europe

    C’était la dernière mine d’or en Europe.

    A une dizaine de kilomètres de Carcassonne, dans le sud-ouest de la France, le complexe minier avoisinant Salsigne (département de l’Aude) était il y a quelques années encore l’un des plus importants lieux d’exploitation aurifère du continent.

    Le minerai extrait était transporté par camion à La Combe du Saut, près d’une rivière (l’Orbiel), pour y être traité au cyanure et « rincé » à l’eau.

    Robert, un ancien responsable syndical CGT qui a travaillé vingt ans à la mine, propose une visite.

    Nous partons en voiture direction du nord, sur la départementale D111, qui serpente entre bruyères et châtaigniers.

    En dépassant le village de Salsigne, on atteint très vite un plateau gris et dénudé, avec au loin d’imposants remblais de roches stériles.

    Le site, avec son ancienne carrière à ciel ouvert, a été fermé en 2001.

    Robert, qui a participé à « l’assainissement », explique comment des milliers de tonnes de résidus toxiques - intransportables - ont été « confinés », enfouis sur plusieurs hectares de « stockage » recouverts de terre et « végétalisés ».

    En fait de verdure, sur ces larges collines artificielles, seules de rares brindilles sèches sortent de terre.

    Chemin faisant, Robert pointe du doigt des galeries, qui ont été bouchées, condamnées.

    En longeant ce paysage désolé, lunaire, il remet en place dans sa mémoire les bâtiments industriels qui ont été détruits.

    Disparues, les usines de La Caunette et de l’Artus.

    A la hauteur du puits Castan, les imposantes installations de concassage ont aussi été rasées.

    Seul le chevalement du puits a été préservé, « en témoignage des activités passées ».

    On sent bien que l’ancien mineur regrette la perte de son « outil de travail », comme il l’appelle.

    Dans la vallée de l'Orbiel, certains habitants hésitent encore à reconnaître les ravages causés par la pollution durable des eaux et des sols.

    L’or donnait du travail.

    Pour extraire les précieux 20 grammes ou plus d’or par tonne de minerai, il fallait concasser, finement broyer les minéraux aurifères, ce qui générait « 99,9% de déchets soufrés et riches en arsenic et métaux lourds appelés les stériles », rappelle une fiche pédagogique de l’Académie de Montpellier, qui énumère la longue liste des pollutions et maladies engendrées dans la région à la suite de ces activités industrielles extractives : empoisonnements à l’arsenic par contamination de l’eau potable, dermatoses, troubles gastro-intestinaux chez les habitants avoisinants ; mortalité par cancers (respiratoires chez les hommes, digestifs chez les femmes) largement supérieur à la moyenne nationale ; empoisonnement de vaches laitières…

    Après les inondations de novembre 1996, puis de 1999, des arrêtés ministériels interdisent même la vente des salades et de thym contaminés à l’arsenic par l’eau de l’Orbiel.

    Robert s’énerve encore en parlant des années qu’il a fallu pour que l’arsenic soit reconnu comme étant à l’origine du cancer bronchique, maladie professionnelle des mineurs.

    Le service de pneumologie de l’hôpital de Carcassonne, s’occupant des ouvriers de la mine, ne pouvait l’ignorer.

    Salsigne aimerait aujourd’hui se défaire de sa triste réputation : c'est l’un des plus grands chantiers de dépollution en France.

    « Plus de 10 0000 personnes vivant dans un rayon dépassant les 15 kilomètres autour du site sont touchées ; la contamination s’est propagée par l’air et l’eau », souligne une enquête épidémiologique.

    Un constat qui ne plaît pas à Robert : selon lui, les riverains auraient souvent « exagéré » l’étendue des dégâts.

    En attendant, le résultat est là : Salsigne, comme la plupart des petits villages avoisinants (de 100 à 400) habitants, se dépeuple, faute d’emploi.

    Les petits commerces de proximité ferment boutique…

    L’extraction de l’or, conjointe à d’autres minerais, a laissé place à un grand chantier de réhabilitation, dont les inspections de surveillance sont loin d’être terminées.

    Maître d'ouvrage : l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), qui estime la masse totale des déchets inventoriés sur le site à 15 millions de tonnes.

    Coût des travaux, qui s’étaleront en définitive sur plus de 10 ans : environ 55 millions d’euros, payés par le gouvernement français.

    « C’est la plus coûteuse de toutes les opérations de réhabilitation des sites et sols pollués à la charge de l’Etat », explique un rapport de la Cour des comptes, en précisant que la facture pourrait s’allonger : on a déjà largement dépasse les 30 millions initialement prévus sur 5 ans, après la mission d’inspection menée en 1998.

    En un siècle, la mine de Salsigne aura produit quelques 120 tonnes d’or.

    Gilles Labarthe / DATAS

    Gold Boycott 2.jpg

    L’or propre : un concept encore trop nouveau ?

    Discrète par excellence, la filière commerciale de l’or reste opaque à tous les étages.

    On sait pourtant où l’or termine sa course : les chiffres du World Gold Council, principal lobby du monde de l’or, mentionnent qu’environ 80 % du métal jaune extrait dans le monde est utilisé pour la bijouterie et l’horlogerie de luxe ; 15 % environ finiraient en pièces ou en lingots, dans les coffres des banques et chez des privés ; le reste servant à des applications industrielles (circuits imprimés dans les téléphones portables ou les ordinateurs, etc.) ou dentaires.

    La Suisse, qui importe plus de 1000 tonnes d’or par an - plus du tiers de la production mondiale - est particulièrement concernée.

    Dans les boutiques de luxe à Genève-Aéroport, chez les grands bijoutiers de la place Vendôme à Paris, chez leurs collègues d’Aix-les-Bains ou dans les comptoirs d’achat d’or avoisinant la Bourse à Bruxelles, j’ai demandé s’il était possible d’acheter une bague en or propre.

    Partout, le même regard interloqué des vendeurs.

    « Ce que j’ai ici, ça vient d’Anvers. Mais l’origine de l’or, c’est une question que l’on ne pose pas », conclut un joaillier belge du boulevard Anspachlaan, avant de retourner derrière son guichet terminer son frites-kebab.

    La démarche semble incongrue.

    On apprendra tout au plus qu’à Genève, Cartier se procure des plaques d’or chez le raffineur suisse Metalor, qu’une autre enseigne achète puis fait fondre des lingots achetés à la Banque nationale suisse ; tel autre encore s’approvisionne depuis longtemps en lingots sur le marché de Londres, qui écoule la production sud-africaine.

    A la question de l’origine de l’or, UBS et Crédit Suisse nous renvoient à leurs fournisseurs, les multinationales d’affinage suisses.

    Et ces dernières, aux trois grandes sociétés transnationales d’extraction aurifère, qui produisent à elles seules le quart de l’or au niveau mondial, avec des méthodes présentant des risques de pollution considérables.

    http://www.univers-nature.com/images/actu/extraction-or.jpg

    Un projet de filière à Genève

    Difficile de proposer une définition de « l’or propre » : pour des ONGs suisses travaillant dans coopération humanitaire, le concept semble « trop nouveau ».

    Rêve d’alchimiste, ou réalité qui ne demande qu’à être encouragée ?

    Depuis l’instauration du processus de Kimberley en 2003 pour la certification des diamants bruts, une enquête montrait que 15% au moins des diamantaires aux USA se souciaient de l’origine de leurs gemmes.

    Pour l’or, hormis de rarissimes exceptions, c’est 0 %.

    Depuis Genève, un projet de filière d'or propre se met pourtant en place, suscitant entre autres l'intérêt d’Amnesty International, déjà bien engagée contre les « diamants de la guerre ».

    Le mérite de cette initiative revient à Transparence SA, société récente basée à Dardagny, qui entend commercialiser des bijoux en « or équitable ».

    Pour sa directrice Veerle Van Wauve, qui travaillait auparavant pour l’un des plus grands diamantaires d’Anvers, le chemin est encore long.

    « En Europe, il n’y a que deux possibilités d’obtenir de l’or certifié « propre », à ma connaissance : EcoAndina et Oro Verde », nous explique-t-elle.

    La première est une fondation qui encourage des principes d’orpaillage écologiques en Argentine, avec une production écoulée notamment vers une association d’orfèvres en Allemagne.

    La coopérative Oro Verde (« or vert ») travaille à Choco (Colombie).

    Les quelques kilos extraits par année sont destinés à une enseigne de bijouterie de luxe à Londres : CRED, qui vend des bijoux « éthiques ».

    L’Angleterre aurait une longueur d’avance dans ce domaine.

    Elle pourrait faire école, tout comme les tentatives actuelles d’ARM (Association for responsible mining), qui mène des projets pilotes dans le domaine de l’or propre, avec un label équitable prévu pour l’horizon 2009. I

    l resterait à reproduire l’expérience, et à trouver des partenaires en Suisse.

    Un sacré « challenge » pour Veerle Van Wauve : il faudra sensibiliser le milieu de la bijouterie, de l’horlogerie de luxe, mais aussi des raffineries et des banques suisses.

    « J’aimerais bien que l’industrie progresse plus vite, avec plus d’engagement, sur ces points.

    La création de CRJP (Council for Responsible Jewellery Practices, organisation internationale sans but lucratif regroupant les principaux acteurs sur le marché de l’or et du diamant, encourageant depuis 2006 des pratiques « transparentes et responsables », ndlr) en est un exemple.

    Depuis plusieurs années ils souhaitent améliorer les conditions.

    Malheureusement, nous attendons encore des résultats concrets », regrette Veerle Van Wauve.

    Interrogé à ce sujet, un responsable d’UBS nous a dit être « très sceptique » sur l’avenir de « l’or propre », invoquant les contraintes du « business ».

    En attendant que le travail de prise de conscience porte ses fruits, Transparence SA distribue les bijoux de CRED.

    Gilles Labarthe / DATAS

    Or boycott.jpg

    Multinationales de l’or : la course en avant

    Depuis septembre 2001, l’empêtrement de l’armée US au Moyen-Orient, la baisse du dollar et la récente crise des sub-primes, l’envolée des cours de l’or accélère les méga-fusions de sociétés transnationales privées, sur un marché déjà très concentré.

    Dans le secteur de l’or, trois compagnies (AngloGold Ashanti, Newmont Mining et Barrick Gold, épaulées financièrement par des banques suisses) produisent presque 600 tonnes par an, soit le quart de la production mondiale.

    Toutes trois sont accusées par des ONGs et représentants de la société civile de pollution, sur quatre continents : le traitement massif du minerai au cyanure, pour détacher les particules d’or, demeure l’un des procédés les plus nocifs qui soient, surtout quand les rejets toxiques dans la nature sont mal maîtrisés.

    Il faut traiter plus de 30 tonnes de minerai au cyanure pour obtenir l’équivalent d’une seule bague en or ; plus de 300 tonnes pour un lingot d’un kilo.

    La majorité des projets aurifères en cours sur le contient noir concerne des « mines à ciel ouvert, cinquante fois plus dommageables pour la planète que des exploitations souterraines qui produiraient la même quantité d’or. », affirme un spécialiste de Greenpeace, Jed Greer.

    Nombre de mouvements écologistes militent pour un arrêt immédiat de ce type d’exploitation, d’autant que l’industrie extractive représente l’une des principales causes de pollution liée au changement climatique (gaz à effet de serre).

    Elle consomme aussi énormément d’énergie (pour les travaux de forage, pour concasser les roches renfermant de l’or, pour faire tourner les broyeuses) et d’eau (pour rincer le minerai) qu’elle restitue polluée.

    Dans les mines d’or des pays du Sud, l’extraction signifie souvent cadences éprouvantes imposés aux ouvriers, peu ou pas d’équipements de protection, une exposition constante à des produits toxiques et à des nuages de poussière.

    Pour les mineurs, l’extraction à échelle industrielle reste l’une des activités les plus dangereuses, les plus meurtrières qui soient.

    Les récents événements tragiques en Chine (qui vient de devenir le premier producteur mondial d'or, selon institut londonien GFMS, avec 276 tonnes du précieux métal en 2007) ou la catastrophe évitée de justesse en octobre 2007 en Afrique du Sud (environ 3 000 mineurs coincés sous terre dans une mine d'or près de Johannesburg) le rappellent.

    Dans les galeries sud-africaines, plus de 500 mineurs mourraient chaque année dans les années 1980, pendant le régime d’apartheid.

    199 mineurs ont encore succombé en 2006 dans des accidents ou à la suite de chutes de rochers, selon les chiffres publiés par le Conseil de sécurité et de santé des mines, qui dépend du gouvernement de Pretoria.

    Gilles Labarthe / DATAS

    http://www.datas.ch/article.php?id=513

  • Les premiers treehuggers étaient indiens : les Bishnoïs, histoire d’un sacrifice

    1190781851.jpg

    Les premiers écologistes par conviction et philosophie vivaient dans le Rajasthan, au nord-ouest du sous-continent indien, dans la région de la ville bleue de Jodhpur. Les Vishnoïs, ou Bishnoïs selon les transcriptions du sanskrit, étaient les premiers treehuggers à embrasser les arbres au péril de leur vie.

    A la fin du XVe siècle, un gourou philosophe du nom de Jamdeshwar (ou Jambha, ou Jambaji), voulut quitter sa caste de chasseurs pour édicter ses propres préceptes de vie. C’est ainsi qu’il convainquit les habitants de la région, quelques villages, de respecter 29 principes, dont l’obligation de protéger les animaux et les arbres. Beaucoup d’Indiens étaient déjà végétariens par nécessité économique, eux le devinrent par choix.

    Les Bishnoïs refusent de s’agglomérer en gros village et encore moins en ville, afin de pouvoir conserver leur qualité de vie. Le nom de Bishnoïs découle du nombre des principes qu’ils respectent : vingt (bis) et neuf (noïs). Toute déviance par rapport à ces normes fut dès lors prévenue par un contrôle social non hiérarchique, et punie de bannissement à vie.

    La non-violence fait en revanche partie des principes intangibles. En 1730, le maharadja de Jodhpur envoya ses soldats aménager une clairière. Voilà qui impliquait de couper le khmer, arbre typique du Rajasthan… et de passer sur le corps des Bishnoös ! En réalité, une discussion s’engagea tout d’abord avec les riverains, mais cela n’avait rien d’une consultation en vue d’un agenda 21.

    Les femmes opposèrent un refus formel, mais les soldats sortirent les sabres de leurs fourreaux et les scies de leurs étuis. Une petite vieille décida alors de protéger un arbre en l’entourant de ses bras, un peu comme sur la photo en haut à droite de notre bien-aimé site ecopolit.eu, et toutes les personnes du village l’imitèrent en embrassant les arbres qui ne demandaient pas mieux que cet inattendu câlin.

    1730, date mémorable et effroyable massacre de 363 victimes. Les tristes fifres du raja n’étaient pas de grands sentimentaux, et ils tranchèrent l’épineux dilemme dans le vif, en coupant pêle-mêle arbres, bras, jambes et têtes qui s’opposaient à leurs funestes desseins. Depuis, personne dans la région n’osa plus toucher à une tige des khezri majestueux, et les arbres, éparses, demeurent, tout comme les gazelles, les renards gris, les daims, les oiseaux, les lézards, les mangoustes et les cervipares.

    Et il n’y a pas de passe-droit. En 1998, une star du cinéma indien (le sirupeux Bollywood) eut le caprice de vouloir abattre un animal pour son repas, déclanchant des émeutes et des grèves de la faim retentissantes. Depuis, et à leur corps défendant, les Bishnoïs jouissent d’une célébrité mondiale dont ils se passeraient bien. La venue des touristes leur est en fait assez indifférente, eux qui ne vivent que de millet, de moutarde et de sésame, décidant au moment de la mousson quelle culture sera la plus adaptée, selon des méthodes ancestrales et éprouvées.

    Alors, même s’il est impossible de devenir un Bishnoï pratiquant à part entière - car il s’agit d’une caste à part où l’endogamie est absolue -, tous les amoureux de l’écologie politique peuvent sans danger adopter leur religion inoffensive et, armés de ces beaux préceptes un rien masochistes, partir à la conquête du monde.

    http://ecopolit.eu/2007/08/15/les-premiers-treehuggers-etaient-indiens-les-bishnois-histoire-dun-sacrifice/

    Link: Bishnois - Wegbereiter des Friedens

    Link: Eco Dharma/Anglais - documentaire comprenant les images magnifiques et émouvantes

    Link: Paving the Way for Peace : Living Philosophies of Bishnois and Jains

    http://www.evana.org/index.php?id=31852&lang=fr

  • Branle-bas de combat au Brésil contre la déforestation accélérée

    ab344720a9435f6289fb42e7cab294f9.jpg

    D'après le WWF, la forêt amazonienne pourrait avoir perdu 55 % de sa surface en 2030. Crédit Nasa.

    Par Jean-Luc Goudet - Futura-Sciences

    Les arrachages d'arbres illégaux se sont multipliés à un rythme inquiétant durant la seconde moitié de 2007. Le gouvernement brésilien vient de décider de prendre des mesures énergiques.

    C'est l'INPE, l'Institut de recherches spatiales brésilien, qui a donné l'alarme. Au cours des cinq derniers mois de l'année 2007, les satellites (CBERS et Landsat) ont observé en Amazonie une déforestation massive, en forte augmentation. Entre août et décembre, 3.235 kilomètres carrés d'arbres ont disparu des images spatiales. A regarder les chiffres mensuels, on remarque que les surfaces défrichées vont globalement en croissant : 243 kilomètres carrés de forêt ont été détruites en août contre 974 en novembre et 948 en décembre. Trois régions concentrent l'essentiel de cette déforestation, le Mato Grosso surtout (1.786 kilomètres carrés), ainsi que le Para (591) et le Rondonia (533).

    Encore ces chiffres sont-ils au-dessous de la réalité car les satellites ne surveillent qu'entre 40 et 60 % des zones où sévit le défrichage. L'INPE estime que les coupes entre août et décembre concernent une surface de l'ordre de 7.000 kilomètres carrés (+/- 1.400). En cinq mois, la destruction représente déjà 60 % de la déforestation constatée entre août 2006 et juillet 2007 (11.224 km2), sur douze mois donc. A ce rythme, 15.000 kilomètres carrés de forêt amazonienne pourraient avoir disparu entre août 2007 et juillet 2008, soit 34 % de plus que durant les douze mois précédents.

    Répression en vue

    Ces abattages sont le fait de paysans qui cherchent à gagner sur la forêt pour installer des élevages et des cultures, de soja surtout mais aussi de maïs. Le phénomène n'est pas nouveau mais il semblait quelque peu enrayé depuis 2004 et les mesures prises par le gouvernement. Le président du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, avait annoncé en 2007 une réduction de 50 % de la déforestation au cours des deux années précédentes.

    L'augmentation des cours des céréales et du bétail expliquent ce regain d'activité agricole malgré des lois censées empêcher les abattages sauvages. Les secteurs concernés sont bien connus et le gouvernement brésilien entend prendre des mesures répressives. Opérations policières et saisies des terres sont annoncées après la réunion interministérielle qui vient d'avoir lieu.

    Les causes véritables, elles, demeurent. L'envolée des prix des produits agricoles, à commencer par les céréales, se poursuit et les politiques de production d'agrocarburants, effective au Brésil, annoncée aux Etats-Unis et promue en Europe, risquent de peser du mauvais côté...

    http://www.futura-sciences.com/fr/sinformer/actualites/news/t/developpement-durable-1/d/branle-bas-de-combat-au-bresil-contre-la-deforestation-acceleree_14377/

  • Erika : Greenpeace va faire appel

    1c7d0a8fef694595dd33930186ad2ee5.jpg

    L'organisation écologiste Greenpeace a annoncé son intention de faire appel du jugement intervenu dans l'affaire de l'Erika, suite à l'annonce par la compagnie Total qu'elle allait faire elle-même appel.

    « Après le responsable mais pas coupable, Total invente le solvable mais pas responsable », souligne Yannick Jadot, directeur des campagnes de Greenpeace France.

    Il fait valoir que « Total fait appel pour tenter d'échapper à la responsabilité pénale, ce qui revient à vouloir protéger l'activité des affréteurs" et refuser de "laisser progresser la sécurité maritime ».

    Source : AFP

  • Une humanité plus carnivore : un risque pour la santé et l'environnement

    e111fa001a849d673f7f476ea63603ab.jpg

    PARIS (AFP) — La consommation de produits animaux, qui devrait augmenter de 50% d'ici 2020, selon l'Organisation mondiale pour la santé animale (OIE), comporte d'importants risques sanitaires et met en péril les écosystèmes, soulignent des experts.

    L'augmentation de la consommation de viande à l'échelle de la planète est surtout le fait des économies émergentes, au premier rang desquelles la Chine et l'Inde, et se traduit par des transports de plus en plus nombreux de produits animaux.

    "Il y a des risques sanitaires supplémentaires, car les produits vont circuler plus vite que les temps d'incubation des maladies", constate Jean-Luc Angot, directeur-général adjoint de l'OIE.

    Parmi les facteurs d'apparition ou de réémergence de nouvelles pathologies, on compte aussi le réchauffement climatique, la modification des écosystèmes ou le changement des habitudes alimentaires.

    "La fièvre catarrhale ovine (ou maladie de la langue bleue) sévit dans des régions où ne la connaissait pas auparavant, comme dans le nord de l'Europe, alors qu'on la considérait jusqu'ici comme tropicale", rappelle M. Angot.

    Le bouleversement des écosystèmes expose l'homme et les animaux d'élevage à de nouveaux agents pathogènes. A la fin des années 1990, la déforestation en Malaisie a fait sortir de la forêt des chauves-souris frugivores qui ont contaminé des porcs, conduisant à l'éradication du cheptel porcin de ce pays et provoquant 300 morts humaines.

    Les fièvres hémorragiques comme Ebola sont également liées aux contacts entre le singe et l'homme consécutifs à la déforestation en Afrique.

    Au chapitre des habitudes alimentaires, le virus du sida pourrait avoir contaminé l'homme en franchissant la barrière d'espèce à cause de la consommation de viande de singe, selon une hypothèse sérieuse qui n'a toutefois pas encore été scientifiquement prouvée.

    L'augmentation du nombre de volailles accroît le risque qu'un virus de la grippe aviaire réussisse un jour, au fil de mutations successives, à devenir efficacement transmissible d'homme à homme, ce qui n'est actuellement pas être le cas avec la souche hautement pathogène H5N1.

    D'une manière générale, "le développement de l'élevage industriel en Asie du Sud-Est, en Chine et en Inde, à la porte des villes apporte des problèmes d'hyperconcentration, de non-gestion des déjections, de risques sanitaires", constate André Pfimlin, responsable recherche et développement de l'Institut de l'élevage à Paris.

    Fin 2006, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a calculé dans un rapport que les bovins produisent plus de gaz à effet de serre que les voitures, le méthane qu'ils rejettent et le protoxyde d'azote de leurs déjections étant beaucoup plus réchauffant que le CO2.

    Ce rapport a aussi mis en évidence qu'une grande part de ces émissions était le fait de l'élevage pastoral, pratiqué par des populations très pauvres du Sahel ou d'Asie centrale qui dépendent du bétail pour leur survie.

    La marge de manoeuvre est faible pour réduire les émissions de méthane, mais "si tous les systèmes d'élevage optimisaient leurs déjections, leurs engrais de ferme, ils gagneraient en argent et réduiraient le risque de pollution pour l'eau et pour l'air", selon M. Pfimlin.

    Dans les zones tropicales, la production de viande réduit aussi les "puits de carbone" (qui stockent le CO2 dans la végétation). "Quand on brûle la forêt, au Brésil, en Amérique centrale mais aussi en Indonésie, on fait très souvent de l'élevage, et aussi du soja" qui sert à nourrir les cochons et les volailles, explique cet expert.

    http://afp.google.com/article/ALeqM5ivIpMu9u2DE7L6PNgZMy1M2-3bWg

  • Les "mauvaises" herbes ont (bien sûr) fini par résister au Roundup

    http://pointofview.bluehighways.com/images/monsanto.jpg 

    Le célèbre herbicide Roundup, produit phare de Monsanto, arrive en fin de course. L’enjeu est de taille : lancer sur le marché un produit capable de le surpasser. La santé de la planète attendra.

    Les plus pessimistes l’avaient annoncé, quitte à être traités d’écologistes radicaux et par conséquent ennemis du progrès et de la science.

    Les mauvaises herbes ont fini par résister au célèbre herbicide Roundup. Monsanto en a pris conscience, mais ses solutions ne présagent rien de bon pour la santé des terres cultivables de la planète. Petit retour en arrière.

    En 1970, John Franz, chimiste chez Monsanto, découvre les propriétés d’une substance capable de sécher et de tuer les plantes : le glyphosate. Un produit idéal pour éliminer les mauvaises herbes qui prolifèrent dans les champs cultivés.

    Le glyphosate était considéré comme moins nocif pour la santé que les autres substances de l’époque. Petit inconvénient : cet herbicide, qui sera commercialisé en 1974 sous le nom de Roundup, tue aussi les bonnes plantes à consommer.

    C’était sans compter sur les chercheurs de Monsanto, qui découvrirent un gène capable d’immuniser les plantes contre les effets du Roundup. Il suffisait donc de modifier génétiquement les plantes à protéger afin que l’herbicide ne fasse que son effet sur les mauvaises herbes.

    Un herbicide vedette.

    Pendant des années, Monsanto a donc vendu aux agriculteurs le Roundup avec les graines modifiées génétiquement. Malgré l’opposition de nombreuses associations écologistes et même de certains gouvernements, le succès du Roundup a été fulgurant.

    Les ventes record de l’herbicide vedette ont été accentuées par un phénomène important : en 2000, le brevet qui le protégeait est arrivé à échéance. L’ouverture à la concurrence a permis de faire baisser les prix et le glyphosate s’est vendu comme des petits pains à travers le monde.

    Ces dix dernières années, le succès a été tel que les herbicides à base de glyphosate ont pratiquement supplanté tous les autres. La revue Science du 25 mai 2007 estime que le Roundup a fortement contribué au développement des cultures OGM. Ces onze dernières années, les surfaces agricoles de produits OGM ont été multipliées par soixante !

    Aux Etats-Unis, selon Syngenta, le 56% des cultivateurs de soja n’emploient que du glyphosate. Résultat : de part cette pression sélective, la nature s’adapte et fini par résister. Des mauvaises herbes résistantes ont commencé à pousser un peu partout.

    La première mauvaise herbe « rebelle » est apparue en 1996. Aujourd’hui, on en compte une douzaine. Les pays les plus touchés sont les Etats-Unis, l’Argentine, l’Afrique du Sud et l’Australie.

    Cela prouve que, malgré ce que prétendent les anti-darwiniens, la nature est capable d’évoluer à tout moment et à s’adapter pour survivre. Ces mauvaises herbes sont notamment parvenues à retenir l’herbicide dans leurs feuilles, sans le faire descendre dans les racines, là où il aurait été fatal. Un coup de génie !

    Le plan B de Monsanto.

    Face à cette situation, il existe trois solutions : a) opérer un tournant radical et produire des cultures biologiques sur toute la planète ; b) ralentir l’emploi du glyphosate pour éviter de passer à des substances bien plus nocives, quitte à diminuer le rendement des terres ; c) chercher des herbicides plus puissants et vendre les graines OGM qui vont avec.

    La deuxième solution est appliquée actuellement, mais ce n’est qu’une phase de transition, puisque Monsanto a d’autres idées dans ses tiroirs. L’herbicide de dernière génération s’appelle « dicamba ».

    Il existe depuis quarante ans, mais ce n’est qu’en 2003 que Monsanto a découvert la modification génétique à opérer sur les plantes pour le rendre très efficace. La multinationale de l’agroalimentaire assure qu’il sera commercialisé dans sa nouvelle version dans trois ans, et son brevet durera vingt ans.

    L’assainissement des terres, des rivières et la culture biologique à l’échelle de la planète attendront.

    Sarah Tobias

    Cet article est paru dans le Quotidien il manifesto du jeudi 31 mai. - Traduit et adapté par Luca Benetti. - Source : Le Courrier de Genève, mardi 5 juin 2007 - www.lecourrier.ch