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Planète Terre - Page 5

  • Sivens : MM. Hollande et Valls ouvrent la voie au fascisme

    Hervé Kempf (Reporterre)

    L’affaire de Sivens est tout sauf anecdotique : pour la première fois, le gouvernement y a déployé une tactique de répression propre aux régimes fascistes.


    La méthode suivie par le gouvernement pour en finir avec l’affaire de Sivens est nouvelle et extrêmement grave.

    Dès septembre 2014, le ministère de l’Intérieur avait laissé la gendarmerie exercer une pression violente, souvent illégale, à l’encontre des zadistes du Testet. Cela n’avait pas suffi à décourager les opposants au barrage, renforcés par le mouvement de solidarité qui se développait dans la région. La tension est montée jusqu’au 26 octobre, lorsque la gendarmerie tua un jeune manifestant, Rémi Fraisse. Un tel événement est – jusqu’à présent - exceptionnel en France. Il ne suscitait pourtant pas une indignation unanime. Une large partie des médias relayait la communication gouvernementale mettant en avant la violence qu’exerceraient les opposants aux grands projets inutiles. Xavier Beulin, président de la FNSEA et du groupe agro-industriel Avril-Sofiproteol, qualifiait les zadistes de « djihadistes verts », ce qui dans un contexte où la France est en guerre contre l’Etat islamique, revient à un appel au meurtre.

    L’homicide de Rémi Fraisse était d’autant plus absurde que le ministère de l’Ecologie publiait un rapport d’expertise confirmant l’essentiel des arguments développés depuis des années contre le projet de barrage : coûteux, inutile, impactant sur l’environnement, fondé sur des études médiocres et trompeuses. Peu après, la Commission européenne engageait une procédure d’infraction contre le projet au titre de la directive sur l’eau.

    Mais localement, les élus PS et autres ne voulaient pas céder, non plus que les instances de la Chambre d’agriculture et de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles). La ministre de l’Ecologie élaborait un compromis écartant les propositions d’alternatives mises en avant par les opposants : on ferait soit un plus petit barrage, soit divers réservoirs dans la vallée du Tescou. Et sur le terrain, légitimée par la provocation de Xavier Beulin, la FDSEA organisait des groupes d’agriculteurs pour mener en décembre près de la Zad une opération « Manche de pioche » dont le nom dit tout.

    Elle répétait l’opération en janvier, jusqu’à organiser en février un blocus de la zone. Les agressions et injures se multipliaient de la part de ces agriculteurs chauffés à blanc contre les « peluts » (chevelus, en occitan), alias zadistes, mais aussi contre les locaux opposés au barrage et contre des journalistes. Fin février, ces milices – au sens précis d’organisation paramilitaire – bloquaient les routes, armées de bâtons, de manches de pioche ou de barres de fer, et commettaient de nombreuses agressions, pare-brises cassés, pneus crevés, menaces, sous l’œil indifférent des gendarmes bien présents dans le secteur.

    Elles ont agi comme des supplétifs de la police : chargés d’accomplir les basses besognes de tension et d’effroi, soit pour provoquer des réactions violentes qui justifieraient l’action des forces légales de répression, soit pour changer le rapport de forces et affaiblir la capacité de résistance et de solidarité des opposants. La tactique a fonctionné, et l’évacuation de la Zad, menée par dix fois plus de gendarmes que de zadistes, s’est opérée le 6 mars sans heurts.

    L’affaire est loin d’être close, mais la tactique répressive employée par le gouvernement, allié avec le représentant affairiste de l’agriculture productiviste et surfant sur le torrent d’injures déversées par l’extrême-droite sur les réseaux sociaux à l’encontre des zadistes et autres écologistes – tel ce sondage lancé par Valeurs actuelles, et parlant des « fascistes verts ».

    Tout ceci, comme l’expression de Xavier Beulin, résonne avec la stigmatisation de l’ « islamo-fascisme » de Manuel Valls, pour associer les écologistes – car les zadistes font partie du mouvement écologique – aux « terroristes islamistes », contre qui, on le sait, le permis de tuer est officiel. C’est ce qu’a bien compris un tweet : « Comment un Etat peut aller tuer des centaines d’islamistes en Afrique, et se laisser dicter sa loi par une poignée de dégénérés ? »

    On glisse vite des zadistes aux jeunes Français indésirables, comme ce commentaire après la phrase de Manuel Valls annonçant le 5 mars que « l’ordre républicain » - qui ne concerne pas, donc, les miliciens de la FNSEA – doit s’imposer sur la Zad : « Ben mon colon il serait temps ! Mais c’est embêtant parce que aux prochaines émeutes des "jeunes" nantis du 93 il va falloir enfin appliquer aussi l’ordre républicain ».

    La tactique de MM. Valls et Hollande est délibérée. Elle ouvre la porte à la répétition de ce type d’actes : des groupes sociaux savent maintenant que, pourvu qu’ils ciblent l’écologie et les jeunes alternatifs tout en glorifiant la police, ils ont le champ libre. Elle s’appuie sur les sentiments d’extrême-droite qui montent dans ce pays. Et suscitera en retour des réactions de même nature, impliquant une répression encore plus stricte.

    Je ne sais la qualifier autrement que de pré-fasciste : utlisant les méthodes mêmes du fascisme (des milices supplétives d’un Etat autoritaire) et stimulant la xénophobie et la haine des alternatives. L’essentiel est que rien ne soit mis en cause de l’ordre capitaliste : c’est ce que révèle l’analyse du journal des affaires Les Echos : « Sivens (…) a été choisi par Manuel Valls pour faire valoir (…) la fermeté de son gouvernement face à toutes les résistances au changement ».

    Les choses sont claires : un projet coûteux, pourri de conflits d’intérêt, financé par le public pour des intérêts privés, détruisant l’environnement, c’est « le changement ».

    D’aucuns persistent encore à croire que le gouvernement de MM. Hollande et Valls est « de gauche ». Il ne l’est pas. C’est pire : il ouvre, à peine dissimulé, la voie au fascisme.


    Lire aussi : EDITO - L’alliance ou le fascisme


  • "Nos amis pour la vie" : les produits laitiers ou les animaux, des êtres sensibles, conscients, de chair et de sang ?...

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    Les humains exploitent et tuent chaque année 60 milliards d'animaux terrestres et des trillions d'animaux marins non parce qu'ils ont besoin de produits d'origine animale pour vivre, mais parce qu'ils en aiment le goût. Aussi n'exploitent-ils et ne tuent-ils que par futilité.
     
    Qu'est-ce qui est le plus important ?
    La vie d'un animal, son bonheur, son bien-être, ou bien notre estomac ?
    Ayons enfin le sens des priorités.
    Ne soyons pas ridicules.
     
    Le texte ci-dessous est de Nicolas Steffen.
    A lire, à méditer, et à partager.
     
    ***
     
    Une vache produit-elle du lait naturellement tout au long de sa vie ?
    Comment expliquer la quantité astronomique de yaourts, lait, chocolat au lait, beurre et fromages que l’on trouve dans les supermarchés des pays industrialisés, alors que l’on voit si peu de vaches laitières dans les prés et pâturages ?
    Que sait-on au juste de la vie de ces vaches, en dehors des images bucoliques et verdoyantes véhiculées par la publicité et les livres pour enfants ?
     
    J’espère que vous consacrerez les dix minutes nécessaires à la lecture de ce document. Fruit de plusieurs heures de lecture, il est constitué de divers témoignages de vétérinaires, ouvriers, écrivains, historiens, journalistes et scientifiques. Cet enchaînement d’extraits reconstitue la vie d’une vache destinée à la production de lait ; il devrait répondre aux questions qui m’ont été adressées ces derniers temps.
     
    PRODUITS LAITIERS – POURQUOI NOUS ALLONS NOUS EN PASSER
     
    Obtenir du lait
     
    "De nombreux adultes ignorent probablement la réalité de la production laitière : la séparation des vaches et de leurs petits, l’abattage des veaux mâles, les taux de mammites, boiteries et autres affections des vaches. Ce manque ou cette négation de connaissance critique permet d’ignorer plus facilement le fait que la production laitière constitue véritablement un vol, de la part des êtres humains, du lait des vaches."
     
    Matthew Cole, sociologue britannique, dans Michelle Julien, La vache à lait, Notre consommation, leur martyre
     
    "Dans notre système agro-alimentaire, les vaches ont deux fonctions : fournir du lait ou de la viande. Suite à un processus de sélection artificielle, les vaches sont de nos jours spécialisées pour répondre à l’une ou l’autre des ces demandes. Les vaches dites allaitantes servent à produire de la viande. Ce sont d’elles que viennent les steaks. Quant aux vaches laitières, elles servent, comme leur nom l’indique, à la production du lait. Une fois leur service terminé, ces vaches laitières partent aussi à l’abattoir, mais leur viande, de moins bonne qualité, est vendue sous forme de steak haché, par exemple."
     
    Thomas Lepeltier, La révolution végétarienne
     
    "Première insémination des génisses à l’âge de 15 mois. Gestation pendant neuf mois.
    Les veaux sont ensuite séparés de leur mère, dans les 24 heures après leur naissance.
    Le lait de la vache ne sera jamais pour son veau.
    Trois mois après la mise bas, la vache sera réinséminée.
    L’éleveur conserve les femelles pour le renouvellement du troupeau.
    Quant aux mâles, ce sont les « surplus » de la production laitière."
     
    Michelle Julien, La vache à lait, Notre consommation, leur martyre
     
    La séparation
     
    « Pour qu'une femelle mammifère donne du lait, il faut qu'elle soit enceinte.
    Un long manche en fer enfoncé dans leur vagin pour leur injecter du sperme de taureau, parfois ils emploient leur main nue, et après qu'elle donne naissance, ses bébés lui sont volés. C'est le pire cri que j’aie jamais entendu, et j'ai été en première loge pour les entendre.
    Quand j'ai commencé à entendre parler de tout ça il y a 15 ans, j'étais comme tout le monde, je ne pensais pas que c'était si terrible, je pensais que tout le monde exagérait. Mais contrairement à tous les autres qui chassent ça de leur esprit et le mettent de côté, j'ai été voir ce qui se passait, j'ai passé 6 semaines dans un abattoir de cochons en 1993, je suis rentré par effraction dans des laboratoires de recherches animales, dans des fermes à fourrures, j'ai été dans les coulisses de chaque cirque, chaque rodéo au Michigan. Le cri le plus horrible que je n'aie jamais entendu : une mère vache dans une laiterie, elle crie et mugit de tous ses poumons, jour après jour, pour son bébé volé, pour qu'on le lui rende. »
     
    Gary Yourovsky, Extrait de la conférence « Le discours le plus important de votre vie »
     
    "Les veaux. Donc, au bout d’un jour ou deux, le cachot. La mère peut meugler sans presque s’arrêter pendant quarante-huit heures. Elle cherche le petit qu’elle a porté dans son corps. Faut-il être stupide ! La séparation la stresse gravement. Elle lui fait un mal qu’aucun instrument n’est capable de mesurer. Un veau est passé, simplement. Dans la nature, le sevrage se fait en douceur, sur un temps étonnamment long. Un veau peut téter sa mère jusqu’à l’âge de huit mois."
     
    Fabrice Nicolino, Bidoche, l’industrie de la viande menace le monde
     
    "Des études canadiennes ont mis en évidence la détresse et le traumatisme des vaches quand on les sépare de leur veau le lendemain même de la naissance et qu’on les mène aussitôt dans la salle de traite. Comme le note Boris Cyrulnik : « En procédant de la sorte, on vide le monde de la mère et du tout jeune animal, et l’on provoque une souffrance très intense, un vrai désespoir. Ce ne sont pas les voies nociceptives qui sont cette fois stimulées, mais bien la représentation. Tous deux sont privés de ce qui faisait sens pour eux. »
     
    Matthieu Ricard, Plaidoyer pour les animaux
     
    « La séparation du veau est l’incident potentiellement le plus douloureux dans la vie de la vache laitière. »
    « Des exemples de vaches qui se sont échappées et ont parcouru plusieurs kilomètres pour retrouver leur propre veau, après qu’il fut vendu à une autre ferme. »
     
    John Webster, Université de Bristol, spécialiste du comportement de l’animal domestique, dans Michelle Julien, La vache à lait, Notre consommation, leur martyre
     
    "Sur une exploitation laitière, une vache avait mis bas pour la cinquième fois de sa vie. Son veau lui fut comme d’habitude retiré, mais au lieu de continuer à produire des dizaines de litres de lait par jour, cette fois son pis restait presque vide. On découvrit finalement que la vache avait donné naissance à des jumeaux et que, par un « choix de Sophie », elle avait livré un de ses veaux à l’éleveur et caché l’autre dans un bois en bordure de prairie. Chaque jour et chaque nuit, elle retrouvait et nourrissait son petit, le seul qu’elle ait jamais pu garder auprès d’elle – et qui lui fut ensuite retiré sans pitié."
     
    D’après le témoignage de Holly Cheever, vétérinaire, dans Désobéir pour les animaux
     
    "Le veau. Reste le veau. Il a été privé de l’affection dont tous les enfants mammifères ont besoin. Ce peut être soit un mâle, soit une femelle. Dans le premier cas, il va être conduit dans un centre d’engraissement où il passera sa très courte vie enfermé, dans une stalle individuelle ou collective, où il aura très peu de place pour se déplacer et où il n’aura rien à faire de ses journées. Son alimentation sera calculée pour qu’il soit anémique, afin que sa viande soit blanche. Enfin, au bout de six mois, il sera conduit à l’abattoir.
    Si le veau est une femelle, elle risque de vivre le même cauchemar que sa mère. Mais si sa croissance n’est pas assez rapide, ou simplement s’il y a déjà trop de femelles, elle subira le même sort que les veaux mâles. Bref, de nos jours, la vache qui rit, cela n’existe pas, sauf dans les spots publicitaires."
     
    Thomas Lepeltier, La révolution végétarienne
     
    "Les veaux souffrent d’être séparés de leur mère et sont enfermés dans des boxes qui les empêchent d’adopter leur position naturelle de sommeil, la tête sous le flanc. Les boxes sont aussi trop étroits pour permettre au veau de se tourner ou de se lécher. Leur aliments sont délibérément appauvris en fer, car les consommateurs apprécient la viande « pâle » dont la couleur est due au fait que les animaux ont été volontairement anémiés."
     
    Matthieu Ricard, Plaidoyer pour les animaux
     
    "Pendant vos cours et/ou vos stages, vous a-t-on appris quel est l’âge considéré le moins « douloureux » pour castrer et écorner les veaux ?
    Nous n’avons pas vu de castration de veaux. Il a été évoqué une fois qu’on les castrait à vif avec une grosse pince : on serre le cordon testiculaire très très fort pendant une minute et cela suffit. Le taurillon est coincé dans une cage de contention, il subit ainsi cette barbarie sans pouvoir se défendre. La souffrance n’est absolument pas prise en compte car ils estimaient que « une minute c’est pas long ! », « on va pas endormir une bête pour une minute ! », « ils s’en remettent ! »…
     
    Les veaux sont écornés à une semaine/quinze jours. On leur applique un fer chauffé à 400° c sur la tête à l’endroit présumé où les cornes pousseront plus tard. On brûle le cartilage et la peau avec. Certains éleveurs font ça avec de l’acide, d’autres laissent pousser les cornes et les coupent à la scie plus tard. Ils sont très rarement endormis car « on va pas endormir tous les veaux juste pour ça!», « ils sont jeunes, dans deux jours ils ne s’en souviendront plus », « ça leur fait pas si mal »… Les éleveurs ont bonne conscience. Ils se disent que les animaux sont jeunes, et oublieront très vite cette souffrance. La douleur animale n’est donc jamais prise en compte."
     
    Une étudiante en BTS Productions Animales, dans Michelle Julien, La vache à lait, Notre consommation, leur martyre
     
    "Un ouvrier américain raconte que, pour tuer les veaux plus vite, on en met huit ou neuf ensemble dans l'enclos d'abattage. "Dès qu'ils entrent, tu commences à tirer; les veaux sautent, ils se montent les uns sur les autres. Tu ne sais plus lesquels ont été touchés et lesquels non, et tu oublies ceux qui sont au fond. " Ils sont suspendus vivants et partent sur le convoyeur en se tordant et en criant. "Les bébés - ceux qui n'ont que deux ou trois semaines - , ça me fait mal de les tuer, alors je les laisse passer. " Pourtant, il ne rend pas service à ces petits veaux en les "laissant passer", car ça veut dire qu'ils seront tout à fait conscients quand l'ouvrier, plus loin sur la chaîne, les suspendra, les saignera, les découpera."
     
    D'après Gail Eisnitz, Slaughterhouse, dans Charles Patterson, Un éternel Treblinka
     
    En Angleterre, le docteur Alan Long a qualifié ce qui se passe dans les abattoirs, où il se rend régulièrement en tant que chercheur, d’entreprise « implacable, impitoyable et sans remords ». Certains ouvriers lui ont confié que le plus dur dans leur travail était de tuer les agneaux et les veaux, parce que « ce ne sont que des bébés ».
     
    « C’est un moment poignant, dit le docteur Long, quand un petit veau affolé, qu’on vient d’arracher à sa mère, se met à téter les doigts du boucher dans l’espoir d’en tirer du lait, et ne reçoit que de la méchanceté humaine. »
     
    Matthieu Ricard, Plaidoyer pour les animaux
     
    Vie d’une vache laitière
     
    "Ensuite, il va falloir que la vache soit traite sans relâche pour que le maximum de lait lui soit soutiré. Pour faciliter cette opération et la rentabiliser, les vaches passent de moins en moins de temps en pâturage. Leur élevage se fait de façon croissante en stabulation individuelle (les animaux sont séparés les uns des autres par des barreaux) où elles ont très peu de possibilité de se mouvoir."
     
    Thomas Lepeltier, La révolution végétarienne
     
    « Selon moi, une vache à viande est bien plus heureuse car elle vit toute l’année au pré ; contrairement à la vache laitière qui vit sur du béton, enfermée dans un bâtiment. »
    Une étudiante en formation BTS Productions Animales, dans Michelle Julien, La vache à lait, Notre consommation, leur martyre
     
    "Alors qu’une vache allaitante produit environ 4 litres de lait par jour (ce qui est suffisant pour son veau), les éleveurs ont réussi à obtenir des vaches laitières qu’elles en produisent en moyenne 30 litres par jour, avec des pics de 60 litres. Leurs pis débordant de lait sont donc très lourds et trop volumineux, ce qui provoque un écartement des membres postérieurs, des lésions au niveau des pieds, des boiteries et autres problèmes fonctionnels. Soumises à ce calvaire pendant quelques années, les vaches finissent rapidement par être épuisées et par voir leur production de lait diminuer. Comme seule l’hyper-productivité est intéressante pour l’industrie, les vaches laitières sont en général envoyées à l’abattoir quand elles ont entre 4 et 5 ans. Ce voyage est encore plus éprouvant que pour leurs cousines allaitantes, puisque les vaches laitières ont bien souvent du mal à se déplacer, quand elles arrivent encore à se tenir debout. Il faut donc les frapper et les traîner par des treuils pour les conduire dans les camions, les en faire sortir et les amener au poste d’abattage. Ensuite, c’est le massacre habituel."
     
    Thomas Lepeltier, La révolutions végétarienne
     
    « La principale maltraitance, subie par les « vaches laitières », est leur continuelle gestation. (…) Les gestations à répétition et la production d’énormes quantités de lait sont épuisantes pour l’organisme de la vache. Par conséquent, tous les éleveurs sont confrontés au problème des « vaches couchées » (downer cows). De nombreuses fois, nous avons été témoins du fait qu’au lieu d’être euthanasiées, ces vaches sont soit laissées dans l’étable où elles finissent par mourir, soit chargées sur un camion et emmenées à l’abattoir. »
     
    Sophie Greger, enquêtrice au sein de Animals’ Angels, dans Michelle Julien, La vache à lait, Notre consommation, leur martyre
     
    « Toutes les vaches sont piquées aux hormones. La seringue n’a jamais été changée pendant toute la semaine où j’ai fait la traite. Le fermier les pique directement dans le trayon (le trou du pis) pour que le lait vienne plus vite. »
     
    Une étudiante en BTS Productions Animales, dans Michelle Julien, La vache à lait, Notre consommation, leur martyre
     
    En France, environ 70% de la viande de bœuf provient des vaches laitières de réforme, c’est-à-dire des vaches envoyées à l’abattoir quand elles ne sont plus considérées comme rentables dans un élevage laitier : trop « vieilles », difficulté à être fécondées, ou subissant des mammites à répétition.
     
    Michelle Julien, La vache à lait, Notre consommation, leur martyre
     
    « Après plusieurs années de production de lait, lorqu’elles arrivent en vaches de réforme… elles arrivaient, et elles arrivent encore dans de… très mauvais états. »
     
    Docteur vétérinaire Jean-Pierre Kieffer, président de l’OABA, dans Michelle Julien, La vache à lait, Notre consommation, leur martyre
     
    "Les conditions de vie en élevage bio ou en extensif sont globalement moins mauvaise qu’en intensif. Cependant, les vaches et les veaux sont toujours séparés précocement, les poussins mâles sont broyés ou gazés pour la production d’œufs, les porcelets castrés à vif et un nombre excessif d’animaux sont élevés ensemble : en bio, le nombre de poules pondeuses peut aller par exemple jusqu’à 3000 individus dans le même bâtiment. Quant aux abattoirs bio, ils n’existent pas."
     
    Dans Désobéir pour les animaux
     
    Dans les abattoirs
     
    "Il faut savoir que pour amener les animaux de la stabulation au poste d’abattage, il y a un couloir, souvent mal adapté, avec des angles, des parois trop larges, l’animal peut alors se retourner. Et pour faire avancer les animaux parcequ’ils sont effrayés, il y a l’utilisation de la pile électrique. Cette utilisation est réglementée, on ne doit pas l’utiliser sur certaines parties du corps qui entrent dans la consommation. Ensuite, les animaux arrivent au poste d’abattage."
     
    Docteur vétérinaire Jean-Pierre Kieffer, président de l’OABA, dans Michelle Julien, La vache à lait, Notre consommation, leur martyre
     
    Dès que l’animal a posé un sabot sur la rampe, son destin est scellé. Quand il ressort de la rampe et se retrouve dans l’usine, il est immédiatement « zappé » par un pistolet pneumatique qui lui envoie une balle jaune dans le crâne. Après, il « tombe à genoux, les yeux vitreux », un ouvrier accroche un de ses sabots arrière à une chaîne, une poulie soulève alors « la bête comateuse » de la plate-forme et elle se débat, la tête en bas, balancée au-dessus de la salle d’abattage où « des hommes couverts de sang attendent avec de longs couteaux de couper la gorge de l’animal et de lui trancher la veine jugulaire ».
     
    Jimmy M. Skaggs, dans Charles Patterson, Un éternel Treblinka
     
    Comme les autre bêtes de rente, elles doivent d’abord être étourdies. En ce qui les concerne, l’opération consiste à leur pérforer le crâne. Là encore, l’intention est bonne. Mais, comme toujours, les bêtes ne sont pas dociles. Elles bougent et se débattent. Quant aux personnes en charge de l’opération, elle ne sont pas toujours à la hauteur de leur tâche. En plus, elles n’ont pas le temps de faire soigneusement leur travail. Résultat : de nombreuses vaches, simplement sonnées, restent conscientes ou reprennent rapidement conscience. Or voilà que commence l’opération de dépeçage. On suspend donc à un crochet ces vaches toujours conscientes par une patte de derrière et on leur tranche la gorge pour qu’elles se vident de leur sang. Imaginez ce que doit être pour une vache de plus de 500 kg que d’être soulevée par une patte arrière : le crochet lui arrache la peau, sa hanche est à peu près sûre d’être démise et, psychologiquement, la situation doit être terrifiante. En tout cas, c’est au cours de ce processus qu’elles sont sensées mourir. Mais, dans l’industrie, on ne peut pas se permettre d’attendre longtemps. Alors, quand de nombreuses bêtes sont encore conscientes, on se met à les dépecer, en commençant par couper les pattes de devant. Les vaches toujours suspendues par une patte arrière, se débattent tant qu’elles peuvent. Mais leur destin est scellé. Le couteau du boucher continue son œuvre.
     
    Thomas Lepeltier, La Révolution végétarienne
     
    "Ensuite, cette vache, qui a produit pendant un certain temps, ne va pas mourir dans le pré et être enterrée comme un animal domestique. Elle va partir à l’abattoir. Elle a une période de production, ensuite une période de consommation. Elle va être consommée et cette vache abattue sans étourdissement… Surtout les vaches laitières sont beaucoup plus longues à mourir de la saignée ! J’ai vu des petites vaches laitières, des petites Holstein très maigres, qui saignaient beaucoup moins vite. … Les vaches de réforme peuvent demander 5 à 7 minutes avant de mourir. Imaginez une vache qui fait 500 kg, suspendue par une patte, la gorge tranchée, et attendre 5 minutes avant de mourir. Elle risque même de se retrouver… « habillée » - c’est un terme que les abattoirs emploient lorsqu’ils commencent à retirer la peau. Donc on risque de commencer à retirer la peau sur un animal qui n’est pas complètement mort…"
     
    Docteur vétérinaire Jean-Pierre Kieffer, président de l’OABA, dans Michelle Julien, La vache à lait, Notre consommation, leur martyre
     
    La chaîne d’abattage est un lieu où les bruits atteignent aisément 110 décibels, soit davantage que le fracas d’un concert. Le crissement des couteaux et des scies fendeuses se mêle à celui des vérins soutenant les plates-formes et des outils pneumatiques. L’on travaille sous le jet de lances à eau sans lesquelles les ouvriers disparaîtraient sous les déjections. Il faut chaque matin se réhabituer à l’odeur du chlore, à l’odeur de l’urine, à l’odeur de la merde, à l’odeur du sang. N’oublions surtout pas, car c’est lié, l’obsession sanitaire, sans laquelle l’édifice s’effondre immanquablement.
     
    Fabrice Nicolino, Bidoche, l’industrie de la viande menace le monde
     
    "Un homme, Danny, revient de son déjeuner. Il donne trois ou quatre coups de pied violents à la vache blessée pour la faire lever, mais elle ne peut pas. Il se penche dans le box métallique et tente de l’assommer de son pistolet pneumatique, puis lui tire une balle de douze centimètres dans la tête.
    Danny attache une chaîne à l’une des pattes arrière de la vache et la soulève. Mais la vache n’est pas morte. Elle lutte, ses pattes s’agitent tandis qu’elle s’élève, la tête en bas. Sue remarque que certaines vaches sont totalement assommées mais d’autres pas du tout. « Elles se débattent comme des folles pendant que Danny leur tranche la gorge. » Danny parle à celles qui sont encore conscientes : « Allez, ma fille, sois gentille ! » Sue regarde le sang gicler « comme si tous les êtres vivants étaient des récipients mous qui n’attendaient que d’être percés ». Danny s’approche de la porte et fait avancer les vaches suivantes à coups de bâton électrique. Les vaches terrifiées résistent et donnent des coups de sabots. Tandis qu’il les force à pénétrer dans l’enclos où elles vont être assommées, Danny répète d’une voix chantante : « Allez, ma fille ! »
     
    D’après le témoignage de l’artiste peintre Sue Coe, dans Matthieu Ricard, Plaidoyer pour les animaux
     
    "J’ai entendu dire que des vaches arrivent à l’abattoir alors qu’elles attendent un petit. L’avez-vous également constaté ?
    - Oui, c’est une pratique courante, chez les éleveurs. En fait, une vache pleine est plus lourde, elle rapporte ainsi plus d’argent à l’éleveur."
     
    Une élève de deuxième année à l’Ecole Nationale Vétérinaire D’Alfort.
    Dans Michelle Julien, La vache à lait, Notre consommation, leur martyre
     
    Un ouvrier témoigne :
     
    « Une génisse de trois ans est arrivée dans la zone de tuerie. Et elle était en train de vêler, juste là, le veau était à moitié sorti. Je savais qu’elle allait mourir, alors j’ai tiré le veau. Bon sang, mon patron était fou de rage. (…) Ces veaux, ils les appellent des « avortons ». Ils se servent du sang pour la recherche sur le cancer. Et il le voulait, ce veau. »
     
    « Quand il y en a qui se réveillent, explique un employé de la chaîne, on a l’impression qu’elles cherchent à grimper le long des murs. » Quand les vaches arrivent au niveau des coupeurs, les coupeurs de pattes n’ont pas le temps d’attendre que leur collègue vienne assommer de nouveau la vache. Donc, ils leur coupent simplement le bas des pattes avec les pinces : « Les bêtes deviennent folles, elle donnent des coups de pied dans tous les sens. »
     
    Jonathan Foer, Faut-il manger les animaux ?
     
    « J’aimerais ajouter que, sur le problème des abattoirs… c’est un énorme problème, et le public n’est pas informé ! Il tient également à vous de les informer. »
    Docteur vétérinaire Jean-Pierre Kieffer, président de l’OABA, dans Michelle Julien, La vache à lait, Notre consommation, leur martyre
     
    « Je me souviendrai toujours de cette vache qui louchait. Comme j’aurais voulu la sauver ! Mais ce n’était pas possible. D’autant plus que la législation spécifie bien que tout animal entré dans un abattoir ne peut en ressortir vivant… »
     
    Jean-Luc Daub, ancien enquêteur dans les abattoirs, dans Michelle Julien, La vache à lait, Notre consommation, leur martyre
     
    Les personnes en charge de l’opération
     
    « J’ai reçu un jour, chez ma logeuse, un ouvrier de l’abattoir. Or elle le connaissait depuis plus de vingt ans, mais elle ignorait qu’il faisait ce travail. Il ne lui avait jamais dit. Certains ne le disent pas à leur propre femme. Je crois que ces gens intériorisent une sorte de condamnation morale a priori, jamais exprimée, de leur activité. »
     
    Témoignage de Séverin Muller, sociologue
     
    Séverin Muller a bien raison d’insister sur cette dimension sociale. L’immense majorité des ouvriers d’abattoir sont des… ouvriers, souvent d’origine rurale, peu cultivés et ne disposant d’aucun relais dans la société pour faire entendre leur point de vue et défendre leur intérêts. (…) Mais le grand massacre, dans ces conditions indignes, ne cache-t-il pas des mystères plus profonds encore ? D’où vient cette volonté du corps social de faire accomplir la tuerie par les plus pauvres, les mal-aimés de la vie, payés comme il se doit à un prix dérisoire ?
    Comme il serait facile de concentrer le regard sur les tueurs patentés qui oeuvrent en notre nom collectif !
     
    Fabrice Nicolino, Bidoche, l’industrie de la viande menace le monde
     
     
    "Tuer des jeunes peut parfois poser problème aux ouvriers des abattoirs. "Il est intéressant de voir, dit un observateur anglais, ce qui touche encore le coeur calleux - de par le travail qu'ils font ou que le consommateur leur demande de faire - des ouvriers des abattoirs. Pour l'un, ce sont les chèvres. "Elles pleurent comme des bébés". Pour un vétéran de l'eviscération, c'est de porter des veaux de trois jours jusqu'à l'abattage et de leur détruire le cerveau d'une balle."
     
    Andrew Tyler, dans Charles Patterson, Un éternel Treblinka
     
    "D’après une étudiante vétérinaire, Christine M. Haupt, qui relate son expérience de stagiaire dans un abattoir, ce sont les consommateurs qui contribuent à entretenir ce système et sont donc, en fin de compte, responsables : « Il me vient à penser que – à part quelques exceptions – les personnes qui travaillent ici ne réagissent pas de façon inhumaine, elles sont tout simplement devenues indifférentes, comme moi aussi avec le temps. C’est de l’autoprotection. Non, les vrais inhumains sont ceux qui ordonnent quotidiennement ces meurtres de masse et qui, à cause de leur voracité pour la viande, condamnent les animaux à une vie misérable et à une lamentable fin, et forcent d’autres humains à accomplir un travail dégradant qui les transforme et êtres grossiers. Moi-même, je deviens progressivement un petit rouage de ce monstrueux automatisme de la mort. »
     
    Matthieu Ricard, Plaidoyer pour les animaux
     
    "Le docteur Long aime discuter avec les ouvriers, pendant leurs pauses. « J’ai souvent traîné avec l’équipe des assommeurs dans leur salle quand, couverts de sang et de sueur, ils se reposent de la tuerie. J’ai tenté d’en apprendre autant que j’ai pu et d’obtenir leur point de vue. Ils ont parfois des remarques révélatrices comme : « Enfin c’est légal, non ? »
    Et je pense que ces remarques laissent entendre qu’ils sont peut-être un peu surpris eux-mêmes. »
     
    Charles Patterson, Un éternel Treblinka
     
    En finir avec l’exploitation animale
     
    Ecoutons la grande primatologue Jane Goodall : « Ce qui me choque le plus, c’est que les gens paraissent presque schizophrènes dès lors que vous évoquez les conditions terribles qui règnent dans les élevages intensifs, l’entassement cruel d’êtres sensibles dans des espaces minuscules – des conditions tellement horribles que l’on est obligé de leur administrer sans cesse des antibiotiques pour les garder en vie, sinon ils se laisseraient mourir. Je décris souvent le cauchemar du transport – s’ils tombent pendant le transport, on les hisse par une jambe, qui se casse – et des abattoirs où tant d’animaux ne sont même pas étourdis avant d’être écorchés vifs ou plongés dans l’eau bouillante. C’est évidemment atrocement douloureux. Lorsque je raconte tout ceci aux gens, ils répondent souvent : « Oh, s’il vous plaît, ne m’en parlez pas, je suis trop sensible et j’adore les animaux. » Et je me dis : Mais qu’est-ce qui a bien pu dérailler dans ce cerveau ?!
     
    Matthieu Ricard, Plaidoyer pour les animaux
     
    "Les mauvais traitements à l’égard des animaux restent, eux, le plus souvent, ignorés, tolérés, voire approuvés. Pourquoi ignorés ? Parce que l’écrasante majorité de ces mauvais traitements sont infligés aux animaux loin des regards, dans les entreprises de prodution industrielle et dans les abattoirs. Et l’industrie agroalimentaire exerce une censure tacite mais hermétique, s’assurant qu’aucune image choquante ne sorte de ses enceintes de torture."
     
    Matthieu Ricard, Plaidoyer pour les animaux
     
    "A de rares exceptions près (celle du documentaire L’adieu au steak, par exemple, qui a été diffusé par Arte), on ne montre jamais à la télévision ce qui se passe tous les jours dans ces lieux. Des documentaires remarquables, tels que Terriens, Food Inc. et LoveMEATender, réalisés au prix de grandes difficultés, ne sont jamais diffusés sur les chaînes publiques. (…) Ce n’est pas que les médias et la télévision répugnent à montrer des images susceptibles de heurter les âmes sensibles. Ils diffusent continuellement des images de guerre, d’attentats et de catastrophes naturelles dans le but d’informer et, dans certains cas, d’éveiller notre compassion et de nous inciter à venir en aide aux victimes.
    Dans les pays riches (…) le sort de ceux que nous mangeons est dissimulé avec force précautions. Tous est fait pour que le consommateur soit maintenu dans l’ignorance. (…)
    Les industriels en question affirment n’avoir aucune raison d’avoir honte des leurs activités. Mais s’ils avaient l’esprit en paix, pourquoi feraient-ils tant d’efforts pour les dissimuler ? Ils savent fort bien que la demande des consommateurs baisserait spectaculairement si ces derniers voyaient ce qui se passe dans les élevages de masse et dans les abattoirs.
    Il n’est donc guère surprenant que les responsables de ces entreprises interdisent systématiquement l’accès de leurs locaux aux journalistes et aux autres personnes qui veulent les visiter, et veillent à ce que leurs usines soient gardées comme des camps militaires hautement sécurisés."
     
    Matthieu Ricard, Plaidoyer pour les animaux
     
    « La cruauté incontestable associée à la production de produits laitiers fait comprendre que le lacto-végétarisme n’est qu’à mi-chemin entre la consommation de viande et une alimentation réellement humaine et civilisée. »
     
    Donald Watson, co-fondateur de la Vegan Society, dans Michelle Julien, La vache à lait, Notre consommation, leur martyre
     
    « Je pense très profondément que les gens qui ont une sensibilité, qui réfléchissent aux choses, doivent en arriver à la conclusion qu’il est impossible d’être bon, d’être pacifique si on tue des animaux. Qu’on ne peut pas se dire épris de justice si on s’empare d’une créature plus faible que soi pour la torturer et la tuer. »
     
    Isaac Bashevis Singer (prix Nobel de littérature en 1978), dans Charles Patterson, Un éternel Treblinka
     
    ***
    Ne dites plus que vous aimez les animaux si vous consommez des produits d'origine animale.
  • "Arbres en péril" (Politis)

    Photo : LUDOVIC MARIN / AFP

    Au nom de la sécurité routière, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve envisage d’abattre les platanes et peupliers plantés le long de nos routes.

    Une attaque contre la nature et les paysages.

    PETITION : https://www.change.org/p/segolene-royal-contre-l-abattage-des-arbres-en-bordure-des-routes-de-france-luttons-contre-cette-atteinte-au-patrimoine-naturel-de-ce-pays-renforcez-la-pr%C3%A9vention-la-r%C3%A9pression-et-faites-appliquer-la-loi-par-vos-fonctionnaires-ce-sera-plus-cher

    Quand les arbres menacent les voitures. Parmi les mesures (alcoolémie, téléphones portables, limitations de vitesse…) décidées par le gouvernement pour tenter d’améliorer la sécurité routière, une annonce a peu suscité l’intérêt des médias.

    Elle risque pourtant de remettre en cause le paysage français.

    Instructions vont en effet être données aux préfets de dresser rapidement une liste exhaustive des arbres d’alignement « situés trop près des routes ».

    Explications : les voitures sortant de leur trajectoire se heurtent trop souvent à ces arbres, accroissant paraît-il le nombre des morts et des blessés ; car il est bien connu que la plupart des véhicules sont largement moins solides que les platanes ou les peupliers.

    Pourtant, le ministère de l’Intérieur ne fournit aucun chiffre à l’appui de sa décision.

    Sans doute parce que sur les bords des routes existent des milliers d’autres obstacles sur lesquels une voiture peut s’écraser.

    Cela fait des années que des élus locaux ou régionaux militent contre les arbres qui ombragent les routes, soit des ex-nationales, soit des voies secondaires.

    Des arbres d’alignement dont la présence remonte au XIXe siècle ou aux années 1930, bien que de nombreuses plantations aient été effectuées après la dernière guerre.

    C’est dans le sud de la France et dans la région Centre, notamment dans le Loiret, que des présidents de conseil général sont en pointe dans la lutte contre les arbres, profitant de l’émotion liée à un accident ou de la réfection d’une route, pour couper tous ces intrus en dépit des protestations des associations.

    Ils transforment ainsi des voies agréables en déserts propices à la vitesse.

    Effets positifs des plantations

    Chantal Pradines, experte auprès du Conseil de l’Europe sur les questions de paysage, travaille et milite depuis des années contre ces massacres.

    Dans une note adressée en juillet 2014 aux parlementaires français, elle explique notamment :

    « Diverses études ont mis en évidence l’effet positif des arbres pour la sécurité routière. Cet effet positif, lié notamment à leur capacité à signaler efficacement les virages, carrefours, entrées d’agglomération et à rendre la vitesse perceptible par le défilement des arbres, a également été mis en relation avec leur caractère esthétique. Il se traduit par un abaissement significatif de la vitesse et une prudence accrue (…) la question de la sécurité routière peut et doit donc se traiter autrement que par des mesures concernant les arbres. »

    Dans ses différentes études, Chantal Pradines, comme de nombreux protecteurs de la nature et des paysages, rappelle qu’il est tout à fait possible de protéger les automobilistes imprudents en posant des rails de sécurité devant les alignements.

    Tous signalent également que des pays comme la Suède, le Luxembourg, l’Allemagne, la République tchèque ou la Grande-Bretagne ont placé les arbres d’alignement sous la protection de la loi pour leur rôle écologique, paysager ou culturel.

    Comblons les fossés !

    Mais, en dehors de leur obsession sécuritaire infondée, il existe une autre raison qui incite les élus locaux et le ministre à « dégager » ces arbres : cela libèrerait de la place pour enfouir des réseaux de fibres optiques le long des routes sans empiéter sur les terres agricoles que les opérateurs devraient acheter sur des milliers de kilomètres, alors que l’opération est impossible à réaliser dans les systèmes racinaires des plantations.

    Il ne reste plus aux élus obsédés qu’à faire retirer de la proximité des routes les poteaux indicateurs, les pylônes électriques ou téléphoniques et évidement les habitations.

    Sans oublier de combler les fossés dans lesquels les voitures peuvent se renverser.

    Mais ni eux, ni le ministre de l’Intérieur ne semblent avoir pensé que c’est la vitesse qui est en cause, pas les arbres.

    Car il est très rare que ces derniers sautent brusquement au milieu des routes…

    http://www.politis.fr/Arbres-en-peril,29880.html

  • "Le dieu pétrole dévore le Canada", Nancy Huston (Le Monde)

    Je suis chez moi, et hors de moi. En encourageant le développement à outrance des industries pétrolières de l'Alberta, Stephen Harper, le premier ministre canadien, met l'humanité en péril. L'humanité de ma province natale, et l'humanité tout court.

    Pour l'instant, peu de Français le savent : l'extraction du bitume des sables dans l'ouest du Canada est l'entreprise humaine la plus importante de la Terre. Le potentiel pétrolier de ces sables est estimé à 2 500 milliards de barils, assez pour nous nourrir en or noir, au rythme insensé où nous le consommons, pendant encore deux siècles et demi.

    La façon de nommer ce site vous oblige déjà à vous en montrer solidaire : la majorité des Albertains a adopté le terme officiel de sables pétroliers ; seuls les écolos persistent à les appeler sables bitumineux. Mais ce que l'on extrait des sables, grâce à différentes techniques coûteuses en énergie et polluantes, est bel est bien du bitume ; pour transformer en pétrole cette substance gluante, puante et corrosive, il faut l'acheminer jusqu'à des raffineries en Chine, au Texas ou au Québec par des oléoducs follement chers et forcément fuyants.

    UN DÉLIRE DE DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL

    Utilisées par les Amérindiens pour colmater leurs canoës, appréciées dès la découverte de ces terres par les Européens au XVIIIe siècle, exploitées à une échelle modeste dès les années 1970, ces vastes réserves ont déclenché depuis 2000 un délire de développement industriel. Des dizaines de compagnies s'arrachent des parts du gâteau. La population de Fort McMurray, son épicentre, a décuplé en quinze ans, et ce sans compter les dizaines de milliers d'hommes concentrés dans des camps de travail.

    « Vous avez entendu parler des effets de la crise de 2008 au Canada ? », nous demande le jeune Marocain qui, dans un centre commercial à Fort McMurray, tient avec quelques amis libanais le… Havana Café. Il pose devant une photo du Che et fait mine d'allumer un cigare cubain. « Pas de crise ici ! » Lui-même vit à « Fort McMoney » depuis sept ans et ne se voit pas rentrer de sitôt : comment trouver au Maroc un emploi rémunéré 14 euros de l'heure ?

    Pendant l'hiver aussi rigoureux qu'interminable sous ces latitudes (de septembre à avril), la température descend souvent à – 50 oC. Nous sommes au mois de juin, un des rares mois à peu près cléments de l'année, ce sont des jours de semaine, en pleine période scolaire… Or les rues de Fort McMurray restent désertes. Cent enfants naissent ici chaque mois, mais ils voyagent apparemment en voiture comme tout le monde, car on a beau sillonner la ville, on ne voit ni poussette ni vélo, encore moins de jeunes piétons…

    La comparaison avec la ruée vers l'or est galvaudée, mais juste : les gens viennent de loin pour vite s'enrichir. Tous les accoutrements de l'humanité sont là, mais il manque son essence : un certain don pour vivre ensemble. Certes, on peut trouver partout en Amérique du Nord, se jouxtant dans un même centre commercial, de mauvais restaurants chinois, mexicains, italiens, des supermarchés, stations d'essence et laveries automatiques ; le problème, c'est qu'ici, outre les maisons plus ou moins cossues, à pelouse parfaite et à garage géant, la ville semble ne comporter que des centres d'achat, émaillés de quelques hôtels et banques. Un « centre culturel » vient d'être échafaudé sur une île au milieu de la rivière Athabasca qui sillonne la région ; toutes les distractions y sont réunies : terrains de foot, piscines, bibliothèques, gymnases, pistes d'athlétisme…

    « BIG IS BEAUTIFUL »

    L'omniprésence de mots positifs souligne cette absence grave de communauté. Be Unique (« soyez unique ») ! hurlent des panneaux d'affichage. Moineaux ! Aurores boréales ! Les mots bucoliques compensent la destruction massive de la nature. Sommet ! Quête ! Eden pur ! Les noms de marque exaltants démentent la bassesse irréparable de ce qui se passe ici, un viol de la terre qui empoisonne l'eau et l'air de manière irréversible. La nourriture est grasse et sucrée, indigérable… et coûteuse. Atmosphère ! Feeling ! La malbaise est à l'image de la malbouffe, ce que reflète le taux record de syphilis à Fort McMurray. Comme partout où les hommes se trouvent en surnombre et seuls, les femmes économiquement désavantagées viennent à la rescousse : l'annuaire propose dix pages de services d'escorte ; un site Internet contient deux mille petites annonces d'hommes, précisant brutalement les prestations sexuelles recherchées ; les couloirs de l'université sont vides, les librairies aussi ; en revanche, la boîte de nuit où les « girls » se succèdent comme strip-teaseuses, avant de s'éclipser avec les clients pour une brève étreinte tarifée, est le seul lieu où, chaque soir, il y a foule.

    Le maître mot à Fort McMoney est big. Oublié le small is beautiful (« le beau est dans le petit ») des années 1970. Désormais, big is beautiful. Les camions, grues et autres engins sont les symboles sacrés de l'humanité inhumaine qui circule ici. Ils s'affichent sur les calendriers, dans les bureaux et magasins, véritables icônes religieuses et sexuelles qui remplacent tant la Vierge Marie que la pin-up. Ils incarnent tous les fantasmes de puissance. Le mâle humain sans les faiblesses de l'humanité. L'écologie, c'est pour les femmelettes. Grosses cylindrées, plastiques, ordures non triées, après nous le déluge.

    How big is it ? (« c'est grand comment ? ») demande, en une litanie lancinante, le film diffusé au « Centre de découverte des sables pétroliers » de Fort McMurray. On vous souffle la question : du coup, vous désirez la réponse, et ne songez pas à poser d'autres questions. Les camions fabriqués pour cette industrie sont les plus grands du monde, grands comme un immeuble de deux étages, si grands qu'il faut les assembler sur place, car les autoroutes ne peuvent les supporter, ils écrasent un pick-up sans même s'en apercevoir… How big is it ? Difficile de ne pas penser aux concours de garçons dans les vestiaires. Le nec plus ultra, c'est le camion 797-LNG. En grimpant dans le car touristique pour visiter les installations pétrolières, on se surprend à espérer qu'on va pouvoir en apercevoir au moins un. Un peu comme la baleine blanche que recherche le capitaine Achab dans Moby Dick.

    Deux heures après la fin de la visite, nous montons dans un avion qui nous conduit à Fort Chipewyan, village amérindien à l'embouchure du fleuve Athabasca où se déversent les déchets des compagnies pétrolières. Nous survolons l'ensemble des installations, qui couvrent un territoire grand comme l'Etat de la Floride. Nous voyons des bassins de rétention d'eaux polluées, cent fois plus grands que ceux que l'on nous avait montrés pendant la visite, cette fois sans le moindre épouvantail ni canon pour empêcher les oiseaux de venir s'y intoxiquer.

    Arrivés à Fort Chipewyan, nous trouvons un village silencieux, beau et moribond. Les poissons sont difformes, cancers et maladies respiratoires font des ravages. Mais tous les hommes travaillent ou ont travaillé pour les compagnies pétrolières, car il n'y a pas d'autre employeur.

    L'AVENIR DE L'HUMANITÉ EN JEU

    A chaque instant du périple touristique, je pensais aux « villages Potemkine » en carton-pâte, montrés à l'impératrice Catherine II pendant sa visite de la Crimée en 1787, pour lui dissimuler la pauvreté du pays. Je pense aux usines modèles présentées à Sartre et à Beauvoir pendant leurs visites de l'Union soviétique dans les années 1950, pour émousser leur curiosité au sujet des goulags. Je pensais à Terezin, le camp modèle près de Prague, où l'on amenait les visiteurs de la Croix-Rouge pour les rassurer quant au sort des juifs, des Polonais et des communistes déportés par les nazis.

    On pourrait estimer exagéré, voire absurde de comparer l'exploitation des sables bitumineux albertains aux scandales du régime tsariste dans la Russie du XIXe siècle, sans parler des projets d'extermination nazis ou soviétiques. Mais ce n'est pas exagéré, car c'est bel et bien l'avenir de l'espèce humaine sur Terre qui se joue ici. Cette exploitation pétrolière en Alberta est déjà responsable des deux tiers des émissions de gaz à effet de serre de tout le Canada, et son expansion est incessante.

    C'est à cause d'elles que le Canada refuse de signer le protocole de Kyoto, à cause d'elles que M. Harper insiste pour supprimer, d'une directive européenne, la clause exigeant que les raffineurs rapportent les niveaux de CO2 émis par leur production (107 g pour les sables bitumineux, par contraste avec 93,2 pour le brut conventionnel). Selon toutes les prévisions sérieuses, si le président Obama approuve la construction de l'oléoduc Keystone XL qui doit relier l'Alberta au Texas et qui rencontre une vive opposition, la quantité de gaz à effet de serre lâchée dans l'atmosphère fera grimper la température de la Terre d'encore un demi-degré. Mais M. Obama lui-même a été élu grâce au dieu pétrole, et on ne lui permettra jamais de l'oublier.

    « Quand les gens perdent leur énergie créative, dit l'ami métis québecois qui m'accompagne dans ce voyage, ils préfèrent se laisser manipuler. » C'est ce que je constate en ce moment dans mon Alberta natal, jour après jour. Et c'est gravissime.

    Nancy Huston

    Ecrivaine

    En savoir plus sur : http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/06/14/le-dieu-petrole-devore-le-canada-par-nancy-huston_4438049_3232.html#SeXHcVRu6LTFxMPB.99
  • Où l'humanité passe, le monde trépasse

    As Many As 690 Species Went Extinct This Week

    690 espèces animales viennent de disparaître cette semaine !

    Selon la revue Nature, les menaces qui pèsent sur la faune du monde entier sont bien pires que ce que nous pensions ! Entre 500 et 36 000 espèces pourraient disparaître chaque année (ou 10 à 690 par semaine).

    Jusqu'à 26 % des espèces de mammifères, 13% des espèces d'oiseaux et 41% des espèces d'amphibiens sont classées comme «menacées» d'extinction par l'Union internationale pour la conservation de la nature.

    Et ici, on ne tient pas compte des espèces que nous n'avons pas encore découvertes.

    La planète a déjà connu 5 extinctions de masse (ce qui correspondait à l'extinction de 75% des espèces existantes à ces moments). Au taux auquel les espèces disparaissent à l'heure actuelle, nous pourrions enregistrer une sixième extinction de masse d'ici 2100.

    Étonnamment, le changement climatique n'est pas la menace majeure. La disparition des espèces est due pour 37% à la surexploitation (chasse et pêche), pour 31% à la dégradation des habitats, et seulement pour 13% à la perte d'habitat. Le changement climatique ne représente que 7 % des menaces totales, mais pourrait jouer un rôle plus important s'il continue à s'aggraver. Au cours des 40 dernières années, nous avons tué la moitié de toutes les espèces sauvages.

    Si nous voulons inverser cette tendance, ce ne seront pas des demi-mesures qui nous sauveront de cette situation de quasi non-retour.

    IL EST PLUS QUE TEMPS D'AGIR.

    Written by Brittany Greenquist

    The journal Nature just published an in-depth look at the threats faced by wildlife around the globe. It seems what we thought was bad is even worse. Estimates suggest that somewhere between 500 and 36,000 species could disappear each year (or 10 to 690 a week).

    While that number spans a large gap, even at the lowest end of the spectrum it’s an ugly picture. It’s further complicated by the fact that the information covers 1.7 million species — so assessing individual threats is virtually impossible.

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    What is made clear is that up to 26 percent of mammal species, 13 percent of bird species and 41 percent of amphibian species are listed as “threatened” with extinction by the International Union for Conservation of Nature.

    And that doesn’t even take into account the creatures we haven’t yet discovered. It’s predicted that anywhere from two million to 11 million animals species exist undetected. This is likely the reason for the large gap in estimated extinctions.

    Nature reports that mass extinctions, or the loss of 75 percent of existing species, have happened five times in our planet’s history. At the rate species are currently disappearing, we could potentially experience a sixth mass extinction by the year 2200.

    Surprisingly, climate change isn’t the number one threat towards animals. According to the report, the average decline is a result of about 37 percent exploitation — things like hunting and fishing — 31 percent is from habitat degradation and change, and just 13 percent is from habitat loss.

    Climate change accounts for just seven percent of Nature’s estimation, although it plays a role — along with human use — in habitat changes. However, as climate change gets worse, it could start to play a larger role. In the last 40 years alone, we have killed half of all wildlife — making conservation efforts difficult.

    It will take more than just minor human efforts to reverse or at least slow these estimates, but that shouldn’t stop us from trying.

    This post originally appeared on RYOT.


    Read more: http://www.care2.com/causes/as-many-as-690-species-went-extinct-this-week.html#ixzz3M53hOclv

  • "Comment je suis devenue végane" : Frédérique, 52 ans (VegActu)

    Comment je suis devenue végane : Frédérique, 52 ansBonjour,

    Je suis âgée de 52 ans, je travaille dans le commerce et réside dans la région dijonnaise.Je suis végétalienne depuis juin 2013.

    Le déclencheur ? Le film “EARTHLINGS” découvert pas hasard et vu en partie sur Youtube. Je dis en partie car, si je suis honnête, dès les premières images, j’ai pleuré et rendu “tripes et boyaux”.

    J’ai fait d’affreux cauchemars qui reviennent encore maintenant de temps en temps. Pour moi, ce film est tout simplement insoutenable, donc je ne l’ai jamais regardé en entier.
    Le résultat ? Le jour même je suis devenue végétalienne sans aucune difficulté. Je n’étais pas une très grosse mangeuse de viande et encore moins de poisson et d’œufs, mais je consommais beaucoup de lait.

    Cela fait maintenant plus d’un an que je suis 100% végétalienne et que je me porte comme un charme. Mon entourage m’a “menacée” de carences, de faiblesse… Rien de tout ça. Mes analyses sanguines sont au top et, bien que j’étais déjà dans la norme, mon “mauvais”cholestérol a bien baissé.
    Je me sens en pleine forme. Et surtout je ne regrette rien. Plus jamais je n’ai eu envie de fromage (que pourtant j’aimais beaucoup) ou de laitages et viande. A aucun moment, je n’ai essayé de remplacer la viande animale par des ersatz. Cela ne me manque absolument pas.
    Je mange de tout. Je mange bien, je mange mieux car je cuisine un peu plus. J’adore découvrir de nouvelles saveurs. J’ai re-découvert les nombreuses épices dont nous disposons pour agrémenter nos plats.

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    Un regret toutefois. Pas assez de livres de cuisine végétaliens. [Ndlr : ils se multiplient ces derniers temps. Voir notre liste.]

    Un de nos livres de recettes préférés : "Fromages vegan" de Marie Laforêt

    Un de nos livres de recettes préférés : « Fromages vegan » de Marie Laforêt

    En complément, j’ai changé aussi mon comportement de consommateur.
    J’étais un parfait petit soldat de notre société de consommation, je collectionnais l’inutile. C’est terminé, je ne peux plus rien acheter qui soit d’origine animale. Plus de pulls en laine, plus de foulards en soie, plus de vestes en angora, plus de sacs à mains en cuir. Ce qui est relativement facile, au vu du choix de matières synthétiques ou naturelles comme le lin ou le coton bio dont nous disposons.
    Seul hic, les chaussures. Alors moi qui était une grande consommatrice devant l’éternel et bien maintenant j’use mes chaussures jusqu’à la corde. Je n’en ai pas encore racheté et j’espère d’ici là en trouver de très jolies qui ne soient pas issues de la souffrance animale. [Ndlr : il existe des sites spécialisé comme Vegetarian ShoesBlowfishVégissime ou encore Wills Vegan Shoes ; mais on trouve aussi des chaussures sans cuir dans la grande distribution : par exemple, en 2014, Esprit a lancé une collection de chaussures sans cuir.]

    Deux modèles de chaussures Blowfish

    Deux modèles de chaussures Blowfish

    Depuis que je suis végane, je me sens en harmonie avec moi-même. Je pense sincèrement que les véganes sont un bien pour la planète car ils consomment moins. Aujourd’hui, avant chaque achat, je me pose la question : “En as-tu réellement besoin ?” Trois fois sur quatre la réponse est non. Je n’entasse plus. La vraie vie est ailleurs, dans le partage et le respect de l’autre.

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    En conclusion, j’aimerais rappeler à tous que l’homme n’est qu’un animal parmi les autres. Par contre, il est le seul qui soit assez dégénéré pour organiser des holocaustes d’êtres humains (qui horrifient toute la planète) et d’ ”animaux” (qui n’horrifient pas grand monde).
    C’est aussi le seul animal sur terre qui prenne plaisir à torturer ses congénères et les autres animaux.
    Il est le seul animal incapable de s’auto réguler et il est le seul à détruire son environnement avec autant d’acharnement. Il est incapable de vivre en harmonie avec les autres espèces, il lui faut les dominer ou les exterminer.
    Et puisque nous nous targuons d’être supérieurs, car nous sommes dotés d’une “conscience”, j’aimerais savoir pourquoi nous n’en faisons pas usage plus souvent ?

    Je vous remercie de m’avoir lue et je vous invite à une réflexion sincère.

    Frédérique.

    Source VegActu : http://www.vegactu.com/divers/comment-je-suis-devenue-vegane-frederique-52-ans-17877/

  • Révélations sur les conversations des gendarmes lors de la mort de Rémi Fraisse (Le Monde)

    Le 2 novembre 2014, plusieurs milliers de personnes se sont réunies sur le site du projet de barrage de Sivens pour une marche blanche en hommage à Rémi Fraisse.

Photo: Ulrich Lebeuf / M.Y.O.P

    L'enquête sur la mort de Rémi Fraisse, le jeune manifestant de 21 ans, tué par une grenade offensive lancée par un gendarme lors des affrontements entre des opposants au projet de barrage de Sivens (Tarn) et des militaires, dans la nuit du 25 au 26 octobre, se révèle de plus en plus embarrassante pour les autorités.

    Selon des informations du Monde, les gendarmes ont tout de suite eu conscience de la gravité de la situation face à laquelle ils se trouvaient. C'est ce que révèle un procès-verbal daté du 29 octobre auquel nous avons eu accès, qui retranscrit les conversations des militaires sur place, enregistrées par la caméra d'un gendarme qui filme les affrontements.

    Lors de cette nuit, les militaires, équipés de jumelles à vision nocturne, voient un manifestant s'effondrer juste après le jet d'une grenade offensive, entre 1 h 40 et 1 h 50 du matin. A 1 h 53, un militaire ordonne : « Stop pour les F4 ! Il est là-bas le mec. OK, pour l'instant, on le laisse. » Les F4 désignent les grenades lacrymogènes instantanées (GLI), dont l'usage a été aussi suspendu depuis par Beauvau.

    « IL EST DÉCÉDÉ LE MEC ! LÀ, C'EST VACHEMENT GRAVE »

    Au milieu des cris, un autre gendarme tente de se rassurer : « C'est bon, il va se relever ! Il va se relever, c'est bon ! » Rémi Fraisse ne se relève pas. Sept minutes passent. A 2 heures, « On y va ! », un peloton fait une sortie pour récupérer le blessé. Sur procès-verbal, les enquêteurs de la section de recherches de Toulouse relèvent alors que le chef de l'unité demande à un de ses hommes « de soutenir ceux qui sont allés chercher le manifestant », sans préciser en quoi cela consiste.

    Les militaires ramènent le corps inerte de Rémi Fraisse. « Il respire ou quoi ? », s'inquiète le supérieur. L'infirmier de l'escadron tente alors les gestes de premiers secours. A 2 h 03, un gendarme s'écrie : « Il est décédé, le mec... Là, c'est vachement grave… Faut pas qu'ils le sachent... »

    Cette dernière phrase prononcée dans le feu de l'action vise les manifestants, selon la thèse avancée par le service de communication de la gendarmerie, contacté mardi 11 novembre. « Il fallait éviter que ceux qui agressaient les gendarmes ne redoublent d'ardeurs en apprenant la mort de Rémi Fraisse. » En aucun cas, affirme-t-on, il ne s'agirait d'une volonté d'étouffer l'affaire, la gendarmerie avançant pour preuve que le parquet a été avisé dans les minutes suivantes et une enquête judiciaire diligentée dans l'heure.

    Les rentranscriptions des conversations des gendarmes au moment du décès de Rémi Fraisse jettent cependant une nouvelle ombre dans un dossier où les autorités ont – au minimum – failli dans leur communication. Le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, a notamment été critiqué pour être resté silencieux pendant plus de quarante-huit heures.

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    http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2014/11/12/revelations-sur-les-conversations-des-gendarmes-lors-de-la-mort-de-remi-fraisse_4522207_3244.html

  • Edgar Morin : "Rémi Fraisse, victime d’une guerre de civilisation" (Le Monde)

    Le sociologue et philosophe Edgar Morin, le 20 octobre 2012.

    A l’image d’Astérix défendant un petit bout périphérique de Bretagne face à un immense empire, les opposants au barrage de Sivens semblent mener une résistance dérisoire à une énorme machine bulldozerisante qui ravage la planète animée par la soif effrénée du gain. Ils luttent pour garder un territoire vivant, empêcher la machine d’installer l’agriculture industrialisée du maïs, conserver leur terroir, leur zone boisée, sauver une oasis alors que se déchaîne la désertification monoculturelle avec ses engrais tueurs de sols, tueurs de vie, où plus un ver de terre ne se tortille ou plus un oiseau ne chante.

    Cette machine croit détruire un passé arriéré, elle détruit par contre une alternative humaine d’avenir. Elle a détruit la paysannerie, l’exploitation fermière à dimension humaine. Elle veut répandre partout l’agriculture et l’élevage à grande échelle. Elle veut empêcher l’agro-écologie pionnière. Elle a la bénédiction de l’Etat, du gouvernement, de la classe politique. Elle ne sait pas que l’agro-écologie crée les premiers bourgeons d’un futur social qui veut naître, elle ne sait pas que les « écolos » défendent le « vouloir vivre ensemble ».

    Elle ne sait pas que les îlots de résistance sont des îlots d’espérance. Les tenants de l’économie libérale, de l’entreprise über alles, de la compétitivité, de l’hyper-rentabilité, se croient réalistes alors que le calcul qui est leur instrument de connaissance les aveugle sur les vraies et incalculables réalités des vies humaines, joie, peine, bonheur, malheur, amour et amitié.

    Le caractère abstrait, anonyme et anonymisant de cette machine énorme, lourdement armée pour défendre son barrage, a déclenché le meurtre d’un jeune homme bien concret, bien pacifique, animé par le respect de la vie et l’aspiration à une autre vie.

    Nouvel avenir

    A part les violents se disant anarchistes, enragés et inconscients saboteurs, les protestataires, habitants locaux et écologistes venus de diverses régions de France, étaient, en résistant à l’énorme machine, les porteurs et porteuses d’un nouvel avenir.

    Le problème du barrage de Sivens est apparemment mineur, local. Mais par l’entêtement à vouloir imposer ce barrage sans tenir compte des réserves et critiques, par l’entêtement de l’Etat à vouloir le défendre par ses forces armées, allant jusqu’à utiliser les grenades, par l’entêtement des opposants de la cause du barrage dans une petite vallée d’une petite région, la guerre du barrage de Sivens est devenue le symbole et le microcosme de la vraie guerre de civilisation qui se mène dans le pays et plus largement sur la planète.

    L’eau, qui, comme le soleil, était un bien commun à tous les humains, est devenue objet marchand sur notre planète. Les eaux sont appropriées et captées par des puissances financières et/ou colonisatrices, dérobées aux communautés locales pour bénéficier à des multinationales agricoles ou minières. Partout, au Brésil, au Pérou, au Canada, en Chine… les indigènes et régionaux sont dépouillés de leurs eaux et de leurs terres par la machine infernale, le bulldozer nommé croissance.

    Dans le Tarn, une majorité d’élus, aveuglée par la vulgate économique des possédants adoptée par le gouvernement, croient œuvrer pour la prospérité de leur territoire sans savoir qu’ils contribuent à sa désertification humaine et biologique. Et il est accablant que le gouvernement puisse aujourd’hui combattre avec une détermination impavide une juste rébellion de bonnes volontés issue de la société civile.

    Pire, il a fait silence officiel embarrassé sur la mort d’un jeune homme de 21 ans, amoureux de la vie, communiste candide, solidaire des victimes de la terrible machine, venu en témoin et non en combattant. Quoi, pas une émotion, pas un désarroi ? Il faut attendre une semaine l’oraison funèbre du président de la République pour lui laisser choisir des mots bien mesurés et équilibrés alors que la force de la machine est démesurée et que la situation est déséquilibrée en défaveur des lésés et des victimes.

    Ce ne sont pas les lancers de pavés et les ­vitres brisées qui exprimeront la cause non violente de la civilisation écologisée dont la mort de Rémi Fraisse est devenue le ­symbole, l’emblème et le martyre. C’est avec une grande prise de conscience, capable de relier toutes les initiatives alternatives au productivisme aveugle, qu’un véritable hommage peut être rendu à Rémi Fraisse.

    Edgar Morin (Sociologue et philosophe)

    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2014/11/04/remi-fraisse-victime-d-une-guerre-de-civilisation_4517856_3232.html

  • Pierre Rabhi : "La planète n’est pas qu’un vulgaire gisement de ressources" (Le Monde)

    Pierre Rabhi, figure de l'écologie et de l'altermondialisme pose, le 11 février 2010, au restaurant le Train bleu à la gare de Lyon à Paris, lors d'une interview pour la présentation du documentaire de Coline Serreau "Solutions locales pour un désordre global" qui sortira sur les écrans français le 07 avril 2010. AFP PHOTO FRANCOIS GUILLOT
     
    Il est incontestable que ce que nous appelons la modernité a permis à une humanité restreinte, qui en est l’auteur et le bénéficiaire, des acquis que l’on peut mettre dans la colonne progrès. Il est aussi incontestable que c’est à ce paradigme, fondé sur la technologie et la puissance de la matière minérale combustible, que nous devons le pire. La bombe atomique devient en l’occurrence le symbole de l’horreur dont cette même humanité est capable.

    En examinant les faits, nous sommes obligés de constater que l’espèce humaine possède de grandes aptitudes, mais l’intelligence pour leur donner sens et cohérence positive manque cruellement. Il est probable que la vision prométhéenne, et donc un être humain imbus de lui-même, ait ravalé notre magnifique planète oasis dans l’infini du désert astral et sidéral, à un vulgaire gisement de ressources à épuiser jusqu’au dernier poisson, au dernier arbre, sous l’injonction du lucre, de l’insatiabilité humaine programmés pour entretenir la chimère de la croissance sans cesse invoquée comme la solution, alors qu’elle est le problème.

    Coupables de toutes les iniquités planétaires, et jusqu’à l’inanition infligée à des milliards d’enfants et d’êtres humains dans un holocauste permanent, comment ne pas ressentir dans son âme, et presque dans sa chair, les blessures et les exactions commises contre cette sphère vivante à laquelle nous devons et devrons, ainsi que les générations futures, notre vie et notre survie, et que nous sommes en train de génocider par notre boulimie ? Après nous le déluge, n’est-ce pas ?

    Belle conscience

    Entraînés par une pseudo-économie comme par un fleuve en crue, nous ne savons où nous allons tout en y allant résolument. Le sacrifice de cette belle conscience habitant le corps du jeune Rémi Fraisse ne peut être vain et ne doit pas être vain. Il nous rappelle que nous avons absolument besoin d’une nature respectée et protégée de cette prédation et de ce véritable pillage, comme l’a exprimé un ouvrage magistral salué par tous les grands esprits de l’époque (Einstein, DeVoto, Huxley, etc.), à savoir La Planète au pillage, du paléontologue américain Henry Fairfield Osborn. Réduire le sacrifice de Rémi à une bavure au sein d’une problématique, même nationale, serait le profaner.

    Nombreuses sont les consciences qui, partout sur la planète, essaient de faire comprendre, de nous faire comprendre, que notre planète est trop belle, trop rare, pour être livrée comme une prostituée aux appétits jamais assouvis des financiopathes et autres prédateurs sans âme, à la gabegie d’un système à la rigidité cadavérique, promettant un bonheur qu’il est incapable d’assurer autrement que par la consommation exponentielle d’anxiolytiques.

    Arrêtons de détruire la vie et nos vies, la félicité sur terre est possible, alors préservons-la, prenons-en soin. Ravaler ces propos à la mièvrerie serait une erreur, car nous avons besoin d’une nature respectée, mais la nature n’a pas besoin de nous. Elle se remettra de toutes nos exactions et poursuivra, comme elle l’a commencé, bien avant notre avènement, son chemin vers sa propre finitude. On pourrait conclure en disant « à bon entendeur salut », et un grand merci à Rémi pour nous avoir alertés.

    Fondé en 2007, le Mouvement colibris promeut un nouveau projet de société par une écologie positive notamment grâce à la réalisation de projets avec des citoyens, des collectivités locales, des élus, des entreprises et des associations. Colibris encourage la création de projets tels qu’une AMAP à Draguignan, un potager à La Ciotat, un café citoyen et une « grainothèque » à Aubagne, un groupement d’achat et un habitat groupé en Seine-et-Marne, une monnaie locale à Strasbourg.

    Pierre Rabhi (Philosophe, agriculteur et biologiste)

    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2014/11/04/la-planete-n-est-pas-qu-un-vulgaire-gisement-de-ressources_4517831_3232.html