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Textes - Page 17

  • L'impuissance, la bêtise et la faiblesse

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    "Pourquoi, chaque jour, des centaines de milliers d’hommes de toutes classes sociales, de tous âges, de tous milieux culturels, consomment-ils du sexe avec une prostituée ?

    L’argent permet de construire un espace anonyme et artificiel dans lequel règles du jeu et rôles évoluent selon les fantasmes et les projections des hommes :

    « Je paie et je décide, j’ai le pouvoir de déterminer les rôles, les limites et les formes du rapport sans me poser de questions, sans assumer aucune contradiction ni demande.

    Je peux être consolé et gratifié, croire que je suis puissant et autonome.

    En payant, je fais l’économie des soucis d’une relation, sans m’investir, sans laisser affleurer mes fragilités, mes peurs, mes insuffisances, bref : sans y être !! »

    La croissance constante de l’offre alimente l’imaginaire masculin avec le fantasme d’un supermarché où on peut choisir et où sont proposées en permanence des offres nouvelles : des femmes jeunes, toujours plus jeunes et donc des mineures, des prestations plus extrêmes grâce auxquelles l’homme ressent l’ivresse de la violence, de l’humiliation, de la domination, dans l’anonymat que permet l’argent."

    Stefano Ciccone (2009)

  • La citation du jour : George Bernard Shaw

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    « Lorsque Dieu a créé l'homme et la femme, il a bêtement oublié d'en déposer le brevet, si bien que maintenant le premier imbécile venu peut en faire autant. »

    George Bernard Shaw

  • "Renoncer à sa religion au nom de l’égalité" (Jimmy Carter)

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    Jimmy Carter a été président des États-Unis de 1977 à 1981

    par Jimmy Carter, membre du groupe The Elders

    Les femmes et les filles sont victimes de discrimination depuis trop longtemps à cause d’une interprétation faussée de la parole de Dieu.

    Toute ma vie, j’ai été un chrétien pratiquant et j’ai été diacre pendant de nombreuses années.

    J’ai aussi enseigné les textes bibliques pendant longtemps.

    Tout comme des millions d’autres personnes dans le monde entier, je trouve dans ma foi une source de force et de réconfort.

    Ma décision de quitter la Convention baptiste du Sud (1), dont je faisais partie depuis une soixantaine d’années, a donc été douloureuse et difficile.

    Elle est cependant devenue inévitable pour moi lorsque les dirigeants de la Convention, citant quelques versets de la Bible soigneusement choisis et affirmant qu’Ève a été créée après Adam et qu’elle était responsable du péché originel, ont édicté que les femmes devaient être « soumises » à leur mari et qu’elles ne pouvaient pas être diacres, pasteures ni aumônières des forces militaires.

    L’idée selon laquelle les femmes seraient en quelque sorte inférieures aux hommes n’est pas le propre d’une seule religion ou croyance.

    Beaucoup de confessions interdisent aux femmes de jouer un rôle égal à celui des hommes.

    Fort malheureusement, cette opinion a également cours à l’extérieur des murs des églises, mosquées, synagogues ou temples.

    Depuis des siècles, cette discrimination qu’on attribue de façon injustifiable à une Puissance supérieure sert de prétexte pour priver les femmes de droits égaux à ceux des hommes partout dans le monde.

    Sous sa forme la plus répugnante, la croyance que les femmes doivent être soumises aux désirs des hommes sert à justifier l’esclavage, la violence, la prostitution forcée, la mutilation génitale et l’adoption de lois nationales qui ne classent pas le viol parmi les crimes.

    Mais elle prive aussi des millions de filles et de femmes de tout contrôle sur leur propre corps et sur leur vie, en leur interdisant un accès équitable à l’éducation, à la santé, à l’emploi et à toute influence dans leur collectivité.

    Ces croyances religieuses se répercutent sur tous les aspects de notre vie.

    Elles expliquent pourquoi dans beaucoup de pays on scolarise les garçons avant les filles, pourquoi on dicte aux filles qui elles épouseront, et à quel moment et pourquoi la grossesse et l’accouchement comportent des risques énormes et inacceptables pour beaucoup de femmes privées des soins de santé les plus élémentaires.

    Dans certaines nations islamiques, on restreint la liberté de mouvement des femmes et on les punit pour un bras ou une cheville exposée.

    On les prive d’éducation et on leur interdit de conduire une voiture ou de postuler un emploi au même titre que les hommes.

    Si une femme est violée, elle est souvent considérée comme la coupable et sévèrement châtiée.

    Le même raisonnement discriminatoire explique l’écart salarial persistant entre les hommes et les femmes et la faible présence féminine parmi les élu-es dans les pays occidentaux.

    Si les racines de ce préjugé plongent au plus profond de notre histoire, ses effets se font néanmoins sentir tous les jours.

    Du reste, les filles et les femmes ne sont pas les seules à en pâtir : ce préjugé nous cause du tort à tous.

    Il n’est plus à démontrer que l’argent investi pour améliorer le sort des femmes et des filles rapporte beaucoup à la société.

    Une femme instruite a des enfants en meilleure santé.

    Elle est plus susceptible de veiller à ce qu’ils aillent à l’école.

    Elle gagne un meilleur salaire et l’utilise pour subvenir aux besoins de sa famille.

    En un mot, toute société qui exerce une discrimination à l’endroit de la moitié de sa population se nuit à elle-même.

    Nous devons contester ces attitudes et pratiques intéressées et dépassées, comme cela se fait actuellement en Iran, où les femmes sont à l’avant-garde du combat pour la démocratie et la liberté.

    Je sais cependant pourquoi beaucoup de chefs politiques hésitent à s’aventurer sur ce terrain miné.

    La religion et les traditions sont des sujets sensibles, voire explosifs, qu’il est risqué de remettre en question.

    Mais les autres "Elders" (Anciens) (2) et moi-même, qui sommes issus de nombreuses confessions religieuses et de différents milieux, n’avons plus à nous soucier de remporter des élections ou d’éviter les controverses, et nous sommes profondément déterminés à combattre l’injustice partout où elle se trouve.

    "The Elders" (3) forment un groupe indépendant d’éminents leaders mondiaux rassemblés par Nelson Mandela, ancien président de l’Afrique du Sud.

    Ils mettent à profit leur influence et leur expérience pour promouvoir la paix, s’attaquer aux principales causes de la souffrance humaine et défendre les intérêts communs de l’humanité.

    Nous avons décidé d’attirer l’attention tout particulièrement sur la responsabilité qui incombe aux chefs religieux et ancestraux pour ce qui est de garantir l’égalité et le respect des droits humains.

    Nous avons récemment rendu publique la déclaration suivante :

    « Il est inacceptable d’invoquer la religion ou les traditions pour justifier la discrimination contre les femmes et les filles, comme si cette discrimination était édictée par une Puissance supérieure. »

    Nous exhortons tous les leaders à contester et à modifier les enseignements et les pratiques néfastes, même profondément enracinés, qui justifient la discrimination contre les femmes.

    Nous demandons, en particulier, que les chefs de toutes les religions aient le courage de reconnaître et de souligner les messages positifs de la dignité et de l’égalité que toutes les grandes religions du monde partagent.

    Les versets des Saintes Écritures soigneusement choisis pour justifier la supériorité des hommes sont davantage tributaires de leur époque et de leur lieu d’origine que de vérités intemporelles.

    On pourrait tout aussi bien trouver dans la Bible des passages pour justifier l’esclavage et la soumission face aux tyrans.

    Je connais aussi, dans ces mêmes Écritures, des passages qui décrivent avec vénération des femmes dotées de qualités de chef exceptionnelles.

    Au début de l’ère chrétienne, les femmes étaient diacres, prêtresses, évêques, apôtres, professeures et prophètes.

    Ce n’est qu’au IVe siècle que les chefs chrétiens dominants, tous des hommes, ont déformé et faussé le sens des Saintes Écritures afin de perpétuer leurs positions privilégiées dans la hiérarchie religieuse.

    Le fait est que les chefs religieux masculins avaient - et ont encore - le choix d’interpréter les enseignements divins de manière soit à exalter les femmes, soit à les asservir.

    Or, pour des fins purement égoïstes, l’immense majorité d’entre eux ont choisi la deuxième option.

    C’est dans la persistance de ce choix que réside le fondement ou la justification d’une bonne part des persécutions et des mauvais traitements infligés aux femmes partout dans le monde.

    Cela va manifestement à l’encontre non seulement de la Déclaration universelle des droits de l’homme mais aussi des enseignements de Jésus-Christ, de Moïse et des prophètes, de Mahomet et des fondateurs d’autres grandes religions, lesquelles prescrivent toutes le traitement convenable et équitable de tous les enfants de Dieu.

    Il est grand temps que nous ayons le courage de remettre ces idées en question.

    Notes

    1. La Convention baptiste du Sud est une église chrétienne des États-Unis. Avec 16 millions de membres (2012), c’est la plus grande église baptiste au monde, et la première congrégation protestante des États-Unis.(Source : Wikipedia)

    2. The Elders dans le texte original. "Anciens, Aînés ou Sages".

    3. NdT : Nom officiel du groupe Global Elders, appelé aussi The Elders. Il s’agit d’une organisation non gouvernementale fondée par Nelson Mandela en 2007. Elle regroupe des personnalités publiques reconnues comme des Hommes d’État, des activistes politiques pour la paix et des avocats des droits de l’homme.

    - Version originale : Losing my religion for equality, The Age National Times, 15 juillet 2009. Aussi dans Women’s Press.

    - Traduction pour Sisyphe : Marie Savoie.

    * La photo de l’auteur dans cette page provient du site [Wikipédia].

    Copyright © 2013 Fairfax Media

    - Lire aussi : La religion et les femmes, par Nicholas D. Kristof

    Mis en ligne sur Sisyphe, le 15 mai 2013

    http://sisyphe.org/spip.php?article4425

  • Cessons de nommer "islamophobie" et "blasphème" toute critique de l’islam

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    Le temps est venu de tirer un trait sur le terme « islamophobie », fréquemment employé pour signifier un préjugé contre les musulmans.

    Malheureusement, ce terme s’emploie aussi pour discréditer les critiques de l’islam, lesquels jouent pourtant un rôle nécessaire dans le débat sur les rapports entre l’Occident et la communauté musulmane mondiale.

    La question est importante étant donné que plusieurs pays – le Danemark, la Grande- Bretagne et les Pays-Bas – se voient actuellement contraints à réexaminer leur politiques d’immigration et de culture à la lumière de conflits orageux entre les immigrants musulmans et la population native.

    Ces tensions ont récemment capté l’attention du public à la suite d’une séries de manifestations violentes, dans une vingtaine de pays, contre le film controversé Innocence of Muslims(L’innocence des musulmans).

    Selon plusieurs spécialistes, journalistes et militant-es, les réactions européennes et nord-américaines témoignent d’un préjugé inconvenant que certains ont baptisé « islamophobie ».

    Mais à notre avis, l’utilisation de ce terme, et de ses variantes « islamophobe » et « islamophobique », est non seulement déplacée, particulièrement dans le cas des dissidents néerlandais Geert Wilders et Ayaan Hirsi Ali, mais inappropriée et mérite d’être répudiée.

    Il faut bien sûr reconnaître qu’il existe un certain degré d’hostilité à l’égard des musulmans dans les pays de l’Occident.

    Cette hostilité était bien en évidence lors de la guerre des Balkans dans les années 1990 : l’Occident s’inquiétait bien peu du massacre de nombreux musulmans qui résultait des conflits armés entre les factions ethnoreligieuses qui se disputaient le territoire de Bosnie-Herzégovine.

    L’intervention tardive de l’Occident, en 1995, pour protéger des civils musulmans contre l’agression des croates catholiques et des serbes orthodoxes n’a pas réussi à impressionner favorablement les musulmans du monde.

    Les abus atroces subis par des prisonniers irakiens au centre de détention Abu Ghraib pendant la Seconde Guerre du Golfe, largement condamnés comme des actes de torture, constituent un autre exemple de l’hostilité antimusulmane.

    Mais accuser toute critique d’islam d’être motivée par une haine profonde, basée sur la peur irrationnelle, constitue une erreur sérieuse, qui se manifeste justement par l’usage excessivement fréquent du terme « islamophobie ».

    Au fait, dans ce débat, le seul sentiment que l’on pourrait légitimement qualifier de phobique serait le mépris inconditionnel manifesté par bon nombre de musulman-es envers toute personne qui exprimerait une opinion incompatible avec leur religion.

    Mais nous avons peu d’espoir qu’une formule comme « infidélophobie » puisse devenir d’usage courant dans un proche avenir.

    La construction stratégique du mot « islamophobie », dont la racine est « islam » et non « musulman », a un objectif qui dépasse de loin la lexicologie.

    Ce terme a été conçu d’abord et avant tout afin d’assimiler la croyance religieuse - un choix de comportement -, au concept de race -, une catégorie involontaire.

    Ainsi, la simple et nécessaire critique d’une religion est transformée en un prétendu racisme, provoquant ainsi la réprobation de tous ceux et toutes celles qui s’opposent aux préjugés raciaux mais tombent dans le piège de confondre ces deux phénomènes pourtant complètement distincts.

    Bien entendu, préjuger que l’ensemble des citoyen-nes musulman-es sont suspect-es et indignes de confiance serait comparable à une forme de racisme.

    Toutefois, l’étude et la réfutation de l’islam ainsi que de sa prétendue autorité morale et métaphysique est un projet légitime et nécessaire, entièrement compatible avec une société pluraliste qui valorise la liberté de religion.

    En effet, la liberté de croyance, pour être réelle et universelle, doit forcément comprendre la liberté de critiquer les croyances et les croyant-es, un concept qui semble être étranger à l’idéologie socio-politique de l’islam.

    Au delà de son hostilité pour le libre examen intellectuel, la tolérance aveugle des attitudes anti-Occident qui se manifestent dans l’islam intégriste a des conséquences directes pour la santé et la sécurité de l’Occident.

    Par exemple, les meurtres, les attaques physiques et l’intimidation, dont les hommes gais d’Amsterdam ont été les cibles, perpétrées par des musulmans enragés devant l’homosexualité, le fatwa contre Salman Rushdie pour avoir écrit Les versets sataniques, l’affaire des caricatures danoises, ainsi que les récentes attaques contre les ambassades américaines en Libye et en Égypte sont tous des exemples de violence liée à ces attitudes.

    Nous pouvons être certain-es que si nous nous abstenons d’engager le débat sur les dogmes de l’islam par souci de rectitude politique, il faudra nous attendre à de nombreuses confrontations physiques du même genre à l’avenir.

    Et puisque le terme « islamophobie » traduit la désapprobation d’un tel engagement, il est clair qu’il faut bannir ce terme de notre vocabulaire.

    Au même titre que l’islamophobie, l’utilisation sans ironie du terme « blasphème » et sa promotion comme concept légitime par les apologistes de l’islam constituent une menace certaine pour toute société ouverte et laïque.

    La libre expression est une condition préalable absolument essentielle aux débats qui portent sur les valeurs et la morale.

    Cette liberté d’expression est incompatible avec toute croyance considérée comme sacrée et indiscutable, car on doit permettre même la contestation la plus profane.

    Plus important encore, l’influence sournoise des termes comme blasphème et islamophobie est avilissante et pour les musulman-es et pour les non-musulman-es, et ce, pour deux raisons.

    Premièrement, elle est de connivence avec la volonté de l’islam d’infantiliser ses adhérent-es, leur faisant croire que toute pensée critique en matière de foi serait immorale.

    Deuxièmement, elle se base sur la présomption que les musulman-es, en particulier ceux et celles vivant en Occident, n’auraient pas la maturité intellectuelle suffisante pour voir confronter la critique de leurs croyances, et que la culture de leur communauté se résumerait à des textes et pratiques archaïques.

    C’est la pire des injustices, l’abandon lâche et vil de tout scrupule. Pour corriger cette situation, il faut abandonner cette expression insensée « islamophobie ».

    ***

    À propos des auteurs

    . Jackson Doughart étudie à l’Université Queen’s. Il est conseiller de l’Alliance laïque canadienne et signataire du Manifeste athée de Libres penseurs athées.

    . Faisal Saeed al-Mutar est étudiant à Baghdad, Irak et écrit sur les sujets de religion et de laïcité.

    - Cette traduction du texte original publiée le 26 septembre 2012 dans The National Post a d’abord été publiée sur le site Libres penseurs athées.

    Les auteurs ont autorisé la reproduction de leur article sur Sisyphe.

    http://sisyphe.org/spip.php?article4418

    Mis en ligne sur Sisyphe, le 10 mai 2013

  • "Les Mémoires de la petite Fox. La voix des animaux" (Brigitte Marquet)

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    Un peu de publicité aujourd'hui pour le joli livre de mon amie Brigitte Marquet, grande défenseuse (végane) de la cause des pigeons et inlassable militante.

    L'auteure nous conte les aventures drôles et émouvantes d'une petite fox narratrice et de sa maîtresse, unies par un indéfectible attachement.

    Ce livre réjouira les amoureux des animaux - pas seulement des chiens, mais aussi des pigeons, ces mal-aimés de nos sociétés technicistes, barbares et sans âme pour qui tout ce qui n'est pas humain doit être éliminé.

    Un beau récit et un appel au respect de tous les êtres sentients à lire et à offrir, pour le bonheur des grands comme des petits.

    http://www.decitre.fr/livres/les-memoires-de-la-petite-fox-9782336004877.html

    Site de l'association de Brigitte : http://www.ambassadedespigeons.com/

  • "Au fond de ma révolte contre les forts..." (Louise Michel)

    http://www.boursedutravail-paris.fr/sites/default/files/stock/Image_Fiche_Biographie/311/Louise-Michel.png?1335109390

    Au fond de ma révolte contre les forts, je trouve du plus loin qu’il me souvienne l’horreur des tortures infligées aux bêtes.

    [...] la bête subit, lamentable, le supplice infligé par l’homme.

    Et plus l’homme est féroce envers la bête, plus il est rampant devant les hommes qui le dominent.

    Des cruautés que l’on voit dans les campagnes commettre sur les animaux, de l’aspect horrible de leur condition, date avec ma pitié pour eux la compréhension des crimes de la force.

    C’est ainsi que ceux qui tiennent les peuples agissent envers eux !

    Cette réflexion ne pouvait manquer de me venir.

    Pardonnez-moi, chers amis des provinces, si je m’appesentis (sic) sur les souffrances endurées chez vous par les animaux.

    Dans le rude labeur qui vous courbe sur la terre marâtre, vous souffrez tant vous-même que le dédain arrive pour toutes les souffrances.

    Cela ne finira-t-il jamais ?

    [...]

    Tout cela se fait sans y songer ; le labeur écrase les parents, le sort les tient comme l’enfant tient la bête.

    Les êtres, d’un bout à l’autre du globe (des globes peut-être !), gémissent dans l’engrenage : partout le fort étrangle le faible.

    Étant enfant, je fis bien des sauvetages d’animaux ; ils étaient nombreux à la maison, peu importait d’ajouter à la ménagerie.

    Les nids d’alouette ou de linotte me vinrent d’abord par échanges, puis les enfants comprirent que j’élevais ces petites bêtes ; cela les amusa eux-mêmes, et on me les donnait de bonne volonté.

    Les enfants sont bien moins cruels qu’on ne pense ; on ne se donne pas la peine de leur faire comprendre, voilà tout.

     http://bibliodroitsanimaux.voila.net/louisemichelaufonddemarevolte.html

  • Les mots de Shalom Auslander

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    "Il faut dire que je n'apprécie pas plus que ça la compagnie de mes semblables, lui préférant nettement celle des arbres et des animaux, beaucoup plus beaux à regarder et bien moins enclins à péter, à forniquer et à se battre."

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    "Je connais peu de lieux aussi splendides et aussi paisibles que Cooper Lake [Etat de New York]. Seul ou accompagné de mon épouse, je vais m'y balader presque tous les matins. Une seule personne habite sur la route qui y mène, mais sa qualité d'être humain en fait comme de juste un authentique connard, qui fait hurler sa musique de merde pour déranger les promeneurs venus profiter du lac. Mieux vaut donc garer sa voiture au-delà de sa maison. Comme ça, il ne soupçonne même pas que quelqu'un est en train de goûter à la sérénité de la nature, de savourer un moment de paix et de lui dire "je t'emmerde"."

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    "Le fabuleux Mill Stream, dont les méandres serpentent en bordure de la ville [de Woodstock, Etat de New York], était utilisé dans le temps pour l'industrie forestière ; aujourd'hui, ses abords servent plutôt de cadre à mes méditations sur l'existence, face au gracieux spectacle des hérons blancs qui se foutent pas mal du sens de la vie. Le week-end, les autochtones débarquent pour la baignade avec une flopée de gamins et passent leur temps à brailler en projetant des gerbes d'eau, mais on peut toujours les regarder du haut du pont et rêver de noyade..."

    Shalom Auslander

  • À un homme partant pour la chasse (Victor Hugo)

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    Oui, l'homme est responsable et rendra compte un jour.
    Sur cette terre où l'ombre et l'aurore ont leur tour,
    Sois l'intendant de Dieu, mais l'intendant honnête.
    Tremble de tout abus de pouvoir sur la bête.
    Te figures-tu donc être un tel but final
    Que tu puisses sans peur devenir infernal,
    Vorace, sensuel, voluptueux, féroce,
    Échiner le baudet, exténuer la rosse,
    En lui crevant les yeux engraisser l'ortolan,
    Et massacrer les bois trois ou quatre fois l'an ?
    Ce gai chasseur, armant son fusil ou son piège,
    Confine à l'assassin et touche au sacrilège.
    Penser, voilà ton but ; vivre, voilà ton droit.
    Tuer pour jouir, non. Crois-tu donc que ce soit
    Pour donner meilleur goût à la caille rôtie
    Que le soleil ajoute une aigrette à l'ortie,
    Peint la mûre, ou rougit la graine du sorbier ?

    Dieu qui fait les oiseaux ne fait pas le gibier.

    Victor Hugo, Dernière gerbe

  • L'albatros (Baudelaire)

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    Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
    Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
    Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
    Le navire glissant sur les gouffres amers.

    A peine les ont-ils déposés sur les planches,
    Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
    Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
    Comme des avirons traîner à côté d'eux.

    Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
    Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
    L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
    L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

    Le Poète est semblable au prince des nuées
    Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
    Exilé sur le sol au milieu des huées,
    Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

    Baudelaire, Les Fleurs du mal

  • Pourquoi R. Enthoven est-il appelé « philosophe » ? (Cristi Barbulescu)

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    Il m’est arrivé d’écouter ou de regarder Raphaël Enthoven qui, il faut le dire, est plutôt doué dans ce qu’il fait, parler.

    Aujourd’hui, je viens de le lire et je remarque qu’il est, à cet exercice, bien en dessous de ses capacités intellectuelles.

    Mais cela ne serait pas très grave si cette défaillance n’était d’abord morale.

    Dans un article que vous pouvez lire et télécharger ici, le vulgarisateur de philosophie se victimise et victimise les pro-corrida qui, d’après ses dires, subissent les attaques violentes des anti-corrida.

    A la question du titre, « Pourquoi les anti-corrida sont-ils si violents ? » l’auteur n’apporte aucune réponse.

    Mais ce n’est pas grave, sont rôle c’est de vulgariser la pensée des autres.

    Passons à l’article lui-même.

    R. Enthoven reconnaît que la cause des anti-corrida est noble.

    Nous le remercions, c’est vraiment gentil de sa part.

    Mais, car il y a toujours un « mais » quand on commence comme ça, cette cause a des mauvais défenseurs.

    Certes, ce n’est pas parce qu’on a raison qu’on le dit de manière correcte, respectueuse ou plaisante.

    Cela, R. Enthoven l’a compris.

    Et il est vrai aussi que certains d’entre nous devraient le comprendre.

    Les malhonnêtes et les faux nous attaqueront toujours sur ce côté-là.

    Oui, nous devons être irréprochables, ce n’est pas juste mais c’est comme ça.

    R. Enthoven cite F. Wolff, le « philosophe » des entreprises de la corrida.

    « […] la corrida est un art, pathétique et sublime, de « tromper sans mentir ».

    Évidemment, on évite de raconter tous les « trafics » que les taureaux subissent avant d’entrer dans l’arène : modification des cornes, affaiblissement, solitude.

    « Tromper sans mentir » dit-il.

    C’est bien une phrase de sophiste ça et non de philosophe.

    Cet art demande « courage, maîtrise de soi et sens de l’honneur ».

    Selon les calculs d’Élisabeth Hardouin-Fugier, entre 1950 et 2005, en Europe, il y a eu un matador tué pour 45.000 taureaux, ce qui fait 0,002 % de chances pour un humain de mourir au combat.

    Tu parles d’un courage !

    Sur la « maîtrise de soi » il suffit de voir leurs mimiques aux tueurs de taureaux pour comprendre qu’il y a là plutôt de la colère, de la haine, du mépris, de la violence que de la maîtrise.

    Quant à l’honneur, tuer un innocent qui n’a rien demandé et prendre l’argent à la fin ressemble plutôt à un crime prémédité qu’à de l’honneur.

    « Les taureaux sont traités comme des individus » : sélectionnés, élevés et tués dans le seul but de satisfaire les désirs humains, c’est ainsi que d’après F. Wolff on devrait traiter les « individus ».

    Quid de la définition d’individu ?

    Allez, vous êtes philosophe bon sang !

    Et de plus, vous êtes vous-même un individu.

    Mais vous n’aimeriez surtout pas être traité de la même manière que l’individu taureau car vous, vous avez plus de valeur, certainement.

    « […] qu’à tout prendre, il vaut mieux mourir dans l’arène en défendant sa liberté que dans un abattoir ».

    A tout prendre, il vaut mieux ne pas être obligé de risquer sa vie pour gagner sa vie.

    Le taureau a été placé de force dans cette situation, il a été de force rendu esclave.

    Dans les deux cas, l’abattoir et l’arène, la « noblesse » n’est que dans la tête des humains assoiffés de sang et déficients moralement.

    Et, à tout prendre, ni l’abattoir ni l’arène.

    Ce serait encore mieux si on respecte les animaux comme disent le faire les pro-corrida, n’est-ce pas ?

    « […] la vraie barbarie serait que l’homme et le taureau courent le même risque. »

    Déjà, payer et organiser un spectacle où un être humain, être de notre espèce, des fois de notre famille, risque de mourir (même si, encore une fois, le risque est minime) est un acte barbare, immoral et relevant plus de la psychiatrie que de l’art.

    Mais, en plus de cela, applaudir et se réjouir de la mort et de la souffrance d’un innocent, fût-il d’une autre espèce, ne fait que rajouter du poids aux trois qualificatifs précédents.

    En tout cas, cette phrase montre aussi le fond de la pensée de R. Enthoven : un humain a plus de valeur morale qu’un taureau, et c’est déjà un présupposé anthropocentrique, et c’est déjà une arrogance injustifiée : c’est ce que l’on appelle spécisme.

    Je crois qu’il n’est pas vraiment nécessaire d’écouter Wolff pour connaître ses arguments : ce sont les mêmes que ceux de n’importe quelle personne fortement alcoolisée assistant au crime d’un taureau.

    Sauf, peut-être, que le langage n’est pas le même.

    Mais le fond, lui, est identique et l’acte final, art ou soif de sang, est un : la mort d’un innocent.

    J’aimerais bien que R. Enthoven définisse les termes «barbarie, terreur, horreur, décadence humaine, boucherie satanique, abrutissement collectif, tortionnaires, psychopathes, tueurs à gages, sadisme jouissif, apologie du sang » mais aussi leur contraire pour voir si le crime d’un taureau et sa préméditation peuvent en être synonymes ou antonymes.

    Généralement, un lobby a des intérêts financiers ou idéologiques.

    Traiter les opposants aux crimes prémédités de lobbyistes c’est non seulement rater la définition du « lobby » mais aussi perdre une occasion de taire son ignorance du sujet.

    Derrière les manières parfois sanguines des défenseurs des taureaux, il y a la cruelle réalité qui n’est l’affaire d’aucun lobby : et la réalité c’est que, quels que soient les mots et l’idéologie exprimés, le taureau est tué à force de blessures.

    Vous pouvez appeler cela art ou torture, ce qui compte c’est le vécu du taureau et son vécu, pour peu que l’on soit objectif, ne peut pas être dit enviable : il meurt à se faire transpercer de tous les côtés.

    Une autre preuve du spécisme criant de R. Enthoven c’est le terme « bêtes » qu’il utilise pour définir certains des anti-corrida.

    Premièrement, je m’étonne qu’une revue assez connue (non pas pour sa qualité, mais bon) accepte la publication d’un terme qui pourrait être ressenti comme l’insulte qu’il est.

    Deuxièmement, je m’étonne (à moitié) qu’un prétendu connaisseur de la philosophie soit aussi enclin à utiliser des mots qu’il serait dans l’incapacité de définir.

    En effet, la « bêtise » n’est qu’un mot qui ne recouvre que l’incapacité de l’observateur à voir l’étendue d’un acte.

    Troisièmement, le terme « bête » ne devrait pas être utilisé comme une insulte dans le sens où il pourrait être synonyme d’animal.

    Or, jusqu’à la preuve du contraire, et dans une vision non-anthropocentrique, c’est à dire dans une vision intellectuellement ouverte et objective, être un « animal » n’est pas un défaut mais un état que beaucoup d’êtres, y compris R. Enthoven, partagent.

    Il n’y a pas de désapprobation « imaginaire » de la corrida, sauf pour ceux qui contestent aux sondages toute légitimité et à la démocratie toute valeur.

    Oui, bon, le fin philosophe a cru déceler une incohérence psychologique entre ce que les anti-corrida dénoncent et ce qu’ils font.

    En même temps, je voudrais bien vous voir, vous, dénoncer un acte sans forcément le montrer ou le qualifier.

    De plus, si mes yeux ne me trompent pas, la photo de votre plaidoirie même montre un taureau ensanglanté.

    Comment expliquez-vous cela ?

    Dans l’ensemble, cet article n’a aucune teneur philosophique et morale.

    Normal, me diriez-vous, chers lecteurs avisés, il est publié dans L’Express.

    Mais permettez-moi de vous contredire : je crois que vous vous trompez : ce n’est pas parce qu’il est publié dans L’Express qu’il n’a aucune teneur philosophique et morale, mais c’est seulement parce que son auteur n’en a pas sur ce sujet.

    Il a bien voulu se défendre mais il s’est enfoncé car clairement il ne voit pas puisqu’il ne regarde que ce qui l’intéresse.

    J’aimerais dire que vous avez entaché la philosophie, R. Enthoven, mais il ne me semble pas logiquement possible de l’affirmer car on ne peut entacher ce qu’on n’atteint pas.

    Pour finir, une dernière petite incohérence dans votre article trouble et confus : « […] la cause qu’ils ont peut-être raison de défendre ».

    Au début, c’était une cause noble, maintenant elle est « peut-être » défendable ?

    Décidez-vous car il me semble que c’est contradictoire.

    Mais vous n’êtes sûrement pas à ça près, n’est-ce pas ?

    https://mouvementvegan.wordpress.com/2013/02/01/pourquoi-r-enthoven-est-il-appele-philosophe/