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Textes - Page 21

  • Les couteaux, les cages, les gourdins, les cadeaux

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    Pour être de la famille, il faut organiser... la communion dans le sang !

    Nous tous les animaux avons le don magique de sentir que nous existons.

    Les cailloux et les trains, les tubercules et les fruits, ne savent rien de la douceur de l'air et de la caresse de l'eau,
    ni n'éprouvent l'émotion de se frotter les uns aux autres.

    Mais pour nous, les animaux, la vie peut être belle.

    Ce sera bientôt notre fête ?

    Les guirlandes sont prêtes, et
    Bientôt on goûtera plus fort qu'à l'habitude la joie d'être réunis.
    Bientôt pleuvront les coups plus forts qu'à l'habitude.
    Et les « paix sur la terre » et les « voeux de bonheur » vogueront
    tranquillement sur une mer de sang plus large qu'à l'habitude.
    Beaucoup des animaux iront au grand festin : les vivants autour de la table et les morts posés au milieu.

    Car le monde, dit-on, est fait de deux moitiés, l'une née pour régner et l'autre pour périr.
    Joyeux Noël, pour qui ?


    Il y aura des sapins, des gentils Pères Noëls, des crèches avec un boeuf et un petit enfant.
    Le boeuf ne humera ni sapins ni paille.
    Il aura le souffle rauque de la bête qui s'affale ; la vie s'échappera par sa gorge tranchée ;
    ensuite les Pères Noël partageront sa dépouille avec les petits enfants.
    Pour qui, la bonne année ?


    Bientôt la Saint Sylvestre, la nuit des bons vivants aux ventres de cimetière.
    Porcelets qu'on ampute de la queue et des dents, veaux traînés à genoux vers le dernier voyage, vous tous les mutilés
    les emprisonnés, les asphyxiés, les gavés, les électrocutés,
    les éventrés, à quoi bon vous débattre ?


    Les bons vivants à la voix mélodieuse couvrent déjà vos cris.
    Ils parlent de terroir et de nappes à carreaux, chantent les bonnes mains calleuses (qui tiennent les tenailles, les embucs, les filets),
    et le talent immense d'exciter les papilles en cuisinant des morts.
    Ou tu parles comme eux ou tu es un peine-à-jouir.


    Pour être de la famille, il faut organiser...
    ... la communion dans le sang !


    Noël ou Nouvel an sans dinde, sans foie gras, sans saumon, sans homard, sans huîtres, sans gibier, sans mousse de canard, sans langouste, sans boudin blanc, sans caviar...
    il manquerait l'essentiel !


    Avoir des invités et n'offrir point de viande, cela ne se fait pas.
    Voyons ce sont nos hôtes, il faut leur faire honneur, leur prouver notre estime, se montrer accueillants !
    Macabre communion au prix d'un sacrifice. Vois combien je t'honore, j'ai immolé pour toi des
    victimes sans compter. Tu es bien mon égal, tu es digne comme moi de moissonner les vies de ceux de l'autre moitié.


    En ces temps généreux, les plus pauvres des élus ne seront pas oubliés.
    Aux réveillons humanitaires, eux aussi recevront leur rondelle de foie gras.
    Puis on les renverra se geler dans les rues, tout oints de dignité.
    Et moi, je me mets où ?


    Moi qui n'ai ni plumes, ni fourrure, ni écailles, je suis par ma figure de la race des saigneurs.
    Comme je voulais leur plaire, qu'ils m'acceptent parmi eux, j'ai fait mine de croire la fable des deux moitiés.
    Je savais tout comme eux savourer le goût du meurtre et rire grassement des cadavres exquis.
    Mais c'est trop cher payer ma place parmi les leurs.


    J'aimerais encore qu'ils m'aiment et pouvoir les aimer, mais je vois trop clairement qu'ils écrasent de sang froid ceux de l'autre moitié, qui sont aussi les miens.
    Plus jamais je ne serai du côté des bourreaux.

    Le jour du grand festin, s'il n'y a que deux camps, je choisis l'autre côté.


    Éventrez-moi vivante comme les autres esturgeonnes.
    Explosez-moi le foie comme aux autres canards.

    Arrachez mes testicules comme aux autres chapons.
    Ecartelez-moi comme les autres grenouilles.
    Ébouillantez-moi comme les autres homards.
    Que vos dents souriantes mettent ma chair en lambeaux comme celle des autres dindes, veaux, chevreuils et saumons.

    Faut-il vraiment choisir entre le pire et le pire ?

    Rejoindre les suppliciés qui vont agoniser, abandonnés de tous ; ou bien les assassins qui poussent vers l'abattoir, la face ricanante qui déjà se pourlèche ?


    Non, non, non, non !
    Je dénonce !
    Je dénonce le médiocre et lâche procédé de mépriser autrui pour mieux se rassurer sur sa propre importance.
    Je dénonce la communauté bâtie sur l'exclusion.
    On peut créer des liens autrement qu'en étant complices des mêmes crimes.
    Oublions l'odieux mythe du monde à deux moitiés, la sinistre machine à fabriquer le malheur.

    Je veux qu'existent en vrai les Pères Noëls gentils, et la paix sur la terre, et la fraternité.
    Que puisse s'épanouir la chaleur animale et la joie d'exister des porcelets joueurs, des canards amoureux et des humains bavards.
    Pour nous tous, les animaux, la vie peut être plus belle.

    Que commence enfin la fête pour de vrai, la fête sans sacrifices !

     

    (D'un ou d'une talentueu-x/-se auteur-e anonyme...)

  • "Lettre à l'éléphant" de Romain Gary (Le Figaro Littéraire, mars 1968)

    http://www.deslivres.com/images/products/image/gary-romain.jpg

    Pour le 30e anniversaire de la mort de l'écrivain, qui s'est suicidé à Paris le 2 décembre 1980, Michèle Scharapan a eu la bonne idée de publier sur son blog sa célèbre "Lettre à l'éléphant".

    Romain Gary était un visionnaire, un homme qui dans ses livres parlait déjà des droits des animaux à une époque où cette question était encore en France largement taboue, voire impensable.

    Rappelons qu'il obtint en 1956 le Goncourt pour Les Racines du ciel, premier roman "écologique" (dans le noble sens du mot) s'il en est, où l'on voit le héros Morel se battre au Tchad pour sauver les éléphants.

    http://florianelia.over-blog.com/article-lettre-a-l-elephant-de-romain-gary-62407227.html

    Nick Brandt.jpg

    Monsieur et cher éléphant,
     
    Vous vous demanderez sans doute en lisant cette lettre ce qui a pu inciter à l’écrire un spécimen zoologique si profondément soucieux de l’avenir de sa propre espèce.

    L’instinct de conservation, tel est, bien sûr ce motif.

    Depuis fort longtemps déjà, j’ai le sentiment que nos destins sont liés.

    En ces jours périlleux "d’équilibre par la terreur", de massacres et de calculs savants sur le nombre d’humains qui survivront à un holocauste nucléaire, il n’est que trop naturel que mes pensées se tournent vers vous.

    À mes yeux, monsieur et cher éléphant, vous représentez à la perfection tout ce qui est aujourd’hui menacé d’extinction au nom du progrès, de l’efficacité, du matérialisme intégral, d’une idéologie ou même de la raison car un certain usage abstrait et inhumain de la raison et de la logique se fait de plus en plus le complice de notre folie meurtrière.

    Il semble évident aujourd’hui que nous nous sommes comportés tout simplement envers d’autres espèces, et la vôtre en particulier, comme nous sommes sur le point de le faire envers nous-mêmes.
     
    C’est dans une chambre d’enfant, il y a près d’un demi-siècle, que nous nous sommes rencontrés pour la première fois.

    Nous avons pendant des années partagé le même lit et je ne m’endormais jamais sans embrasser votre trompe, sans ensuite vous serrer fort dans mes bras jusqu’au jour où ma mère vous emporta en disant, non sans un certain manque de logique, que j’étais désormais un trop grand garçon pour jouer avec un éléphant.

    Il se trouvera sans doute des psychologues pour prétendre que ma "fixation" sur les éléphants remonte à cette pénible séparation, et que mon désir de partager votre compagnie est en fait une forme de nostalgie à l’égard de mon enfance et de mon innocence perdues.

    Et il est bien vrai que vous représentez à mes yeux un symbole de pureté et un rêve naïf, celui d’un monde où l’homme et la bête vivraient pacifiquement ensemble.
     
    Des années plus tard, quelque part au Soudan, nous nous sommes de nouveau rencontrés.

    Je revenais d’une mission de bombardement au-dessus de l’Ethiopie et fis atterrir mon avion en piteux état au sud de Khartoum, sur la rive occidentale du Nil.

    J’ai marché pendant trois jours avant de trouver de l’eau et de boire, ce que j’ai payé ensuite par une typhoïde qui a failli me coûter la vie.

    Vous m’êtes apparu au travers de quelques maigres caroubiers et je me suis d’abord cru victime d’une hallucination.

    Car vous étiez rouge, d’un rouge sombre, de la trompe à la queue, et la vue d’un éléphant rouge en train de ronronner assis sur son postérieur, me fit dresser les cheveux sur la tête.

    Hé oui ! vous ronronniez, j’ai appris depuis lors que ce grondement profond est chez vous un signe de satisfaction, ce qui me laisse supposer que l’écorce de l’arbre que vous mangiez était particulièrement délicieuse.
     
    Il me fallut quelque temps pour comprendre que si vous étiez rouge, c’est parce que vous vous étiez vautré dans la boue, ce qui voulait dire qu’il y avait de l’eau à proximité.

    J’avançai doucement et à ce moment vous vous êtes aperçu de ma présence.

    Vous avez redressé vos oreilles et votre tête parut alors tripler de volume, tandis que votre corps, semblable à une montagne disparaissait derrière cette voilure soudain hissée.

    Entre vous et moi, la distance n’excédait pas vingt mètres, et non seulement je pus voir vos yeux, mais je fus très sensible à votre regard qui m’atteignit si je puis dire, comme un direct à l’estomac.

    Il était trop tard pour songer à fuir.

    Et puis, dans l’état d’épuisement où je me trouvais, la fièvre et la soif l’emportèrent sur ma peur.

    Je renonçai à la lutte.

    Cela m’est arrivé à plusieurs reprises pendant la guerre : je fermais tes yeux, attendant la mort, ce qui m’a valu chaque fois une décoration et une réputation de courage.
     
    Quand j’ouvris de nouveau les yeux, vous dormiez.

    J’imagine que vous ne m’aviez pas vu ou pire vous m’aviez accordé un simple coup d’oeil avant d’être gagné par le sommeil.

    Quoi qu’il en soit, vous étiez là ; la trompe molle, les oreilles affaissées, les paupières abaissées et, je m’en souviens, mes yeux s’emplirent de larmes.

    Je fus saisi du désir presque irrésistible de m’approcher de vous, de presser votre trompe contre moi, de me serrer contre le cuir de votre peau et puis là, bien à l’abri, de m’endormir paisiblement.

    Une impression des plus étranges m’envahit.

    C’était ma mère, je le savais, qui vous avait envoyé.

    Elle s’était enfin laissée fléchir et vous m’étiez restitué.
     
    Je fis un pas dans votre direction, puis un autre...

    Pour un homme aussi profondément épuisé que j’étais en ce moment-là, il se dégageait de votre masse énorme, pareille à un roc, quelque chose d’étrangement rassurant.

    J’étais convaincu que si je parvenais à vous toucher, à vous caresser, à m’appuyer contre vous, vous alliez me communiquer un peu de votre force vitale.

    C’était l’une de ces heures où un homme a besoin de tant d’énergie, de tant de force qu’il lui arrive même de faire appel à Dieu.

    Je n’ai jamais été capable de lever mon regard aussi haut, je me suis toujours arrêté aux éléphants.
     
    J’étais tout près de vous quand je fis un faux pas et tombai.

    C’est alors que la terre trembla sous moi et le boucan le plus effroyable que produiraient mille ânes en train de braire à l’unisson réduisit mon coeur à l’état de sauterelle captive.

    En fait, je hurlais, moi aussi et dans mes rugissements il y avait toute la force terrible d’un bébé de deux mois.

    Aussitôt après, je dus battre sans cesser de glapir de terreur, tous les records des lapins de course.

    Il semblait bel et bien qu’une partie de votre puissance se fût infusée en moi, car jamais homme à demi-mort n’est revenu plus rapidement à la vie pour détaler aussi vite.

    En fait, nous fuyions tous les deux mais en sens contraires.
     
    Nous nous éloignions l’un de l’autre, vous en barrissant, moi en glapissant, et comme j’avais besoin de toute mon énergie, il n’était pas question pour moi de chercher à contrôler tous mes muscles. mais passons là-dessus, si vous le voulez bien.

    Et puis, quoi, un acte de bravoure a parfois de ces petites répercussions physiologiques.

    Après tout, n’avais-je pas fait peur à un éléphant ?
     
    Nous ne nous sommes plus jamais rencontrés et pourtant dans notre existence frustrée, limitée, contrôlée, répertoriée, comprimée, l’écho de votre marche irrésistible, foudroyante, à travers les vastes espaces de l’Afrique, ne cesse de me parvenir et il éveille en moi un besoin confus.

    Il résonne triomphalement comme la fin de la soumission et de la servitude, comme un écho de cette liberté infinie qui hante notre âme depuis qu’elle fut opprimée pour la première fois.
     
    J’espère que vous n’y verrez pas un manque de respect si je vous avoue que votre taille, votre force et votre ardente aspiration à une existence sans entrave vous rendent évidemment tout à fait anachronique.

    Aussi vous considère-t-on comme incompatible avec l’époque actuelle.

    Mais à tous ceux parmi nous qu’éc¦urent nos villes polluées et nos pensées plus polluées encore, votre colossale présence, votre survie, contre vents et marées, agissent comme un message rassurant.

    Tout n’est pas encore perdu, le dernier espoir de liberté ne s’est pas encore complètement évanoui de cette terre, et qui sait ?

    Si nous cessons de détruire les éléphants et les empêchons de disparaître, peut-être réussirons-nous également à protéger notre propre espèce contre nos entreprises d’extermination.
     
    Si l’homme se montre capable de respect envers la vie sous la forme la plus formidable et la plus encombrante - allons, allons, ne secouez pas vos oreilles et ne levez pas votre trompe avec colère, je n’avais pas l’intention de vous froisser - alors demeure une chance pour que la Chine ne soit pas l’annonce de l’avenir qui nous attend, mais pour que l’individu, cet autre monstre préhistorique encombrant et maladroit, parvienne d’une manière ou d’une autre à survivre.
     
    Il y a des années, j’ai rencontré un Français qui s’était consacré, corps et âme, à la sauvegarde de l’éléphant d’Afrique.

    Quelque part, sur la mer verdoyante, houleuse, de ce qui portait alors le nom de territoire du Tchad, sous les étoiles qui semblent toujours briller avec plus d’éclat lorsque la voix d’un homme parvient à s’élever plus haut que sa solitude, il me dit :

    "Les chiens, ce n’est plus suffisant. Les gens ne se sont jamais sentis plus perdus, plus solitaires qu’aujourd’hui, il leur faut de la compagnie, une amitié plus puissante, plus sûre que toutes celles que nous avons connues.
     
    Quelque chose qui puisse réellement tenir le coup. Les chiens, ce n’est plus assez. Ce qu’il nous faut, ce sont les éléphants".

    Et qui sait ?

    Il nous faudra peut-être chercher un compagnonnage infiniment plus important, plus puissant encore...
     
    Je devine presque une lueur ironique dans vos yeux à la lecture de ma lettre.

    Et sans doute dressez-vous les oreilles par méfiance profonde envers toute rumeur qui vient de l’homme.

    Vous a-t-on jamais dit que votre oreille a presque exactement la forme du continent africain ?

    Votre masse grise semblable à un roc possède jusqu’à la couleur et l’aspect de la terre, notre mère.

    Vos cils ont quelque chose d’inconnu qui fait presque penser à ceux d’une fillette, tandis que votre postérieur ressemble à celui d’un chiot monstrueux.
     
    Au cours de milliers d’années, on vous a chassé pour votre viande et. votre ivoire, mais c’est l’homme civilisé qui a eu l’idée de vous tuer pour son plaisir et faire de vous un trophée.

    Tout ce qu’il y a en nous d’effroi, de frustration, de faiblesse et d’incertitude semble trouver quelque réconfort névrotique à tuer la plus puissante de toutes les créatures terrestres.

    Cet acte gratuit nous procure ce genre d’assurance "virile" qui jette une lumière étrange sur la nature de notre virilité.

    Il y a des gens qui, bien sûr, affirment que vous ne servez à rien, que vous ruinez les récoltes dans un pays où sévit la famine, que l’humanité a déjà assez de problèmes de survie dont elle doit s’occuper sans aller encore se charger de celui des éléphants.

    En fait, ils soutiennent que vous êtes un luxe que nous ne pouvons plus nous permettre.
     
    C’est exactement le genre d’ arguments qu’utilisent les régimes totalitaires, de Staline à Mao, en passant par Hitler, pour démontrer qu’une société vraiment rationnelle ne peut se permettre le luxe de la liberté individuelle.
     
     
    Les droits de l’homme sont, eux aussi, des espèces d’éléphants.

    Le droit d’être d’un avis contraire, de penser librement, le droit de résister au pouvoir et de le contester, ce sont là des valeurs qu’on peut très facilement juguler et réprimer au nom du rendement, de l’efficacité, des "intérêts supérieurs" et du rationalisme intégral.

    Dans un camp de concentration en Allemagne, au cours de la dernière guerre mondiale, vous avez joués, monsieur et cher éléphant, un rôle de sauveteur.
     
    Bouclés derrière les barbelés, mes amis pensaient aux troupeaux d’éléphants qui parcouraient avec un bruit de tonnerre les plaines sans fin de l’Afrique et l’image de cette liberté vivante et irrésistible aida ces concentrationnaires à survivre.

    Si le monde ne peut plus s’offrir le luxe de cette beauté naturelle, c’est qu’il ne tardera pas à succomber à sa propre laideur et qu’elle le détruira.

    Pour moi, je sens profondément que le sort de l’homme, et sa dignité, sont en jeu chaque fois que nos splendeurs naturelles, océans, forêts ou éléphants, sont menacées de destruction.
     
    Demeurer humain semble parfois une tâche presque accablante ; et pourtant, il nous faut prendre sur nos épaules an cours de notre marche éreintante vers l’inconnu un poids supplémentaire : celui des éléphants.

    Il n’est pas douteux qu’au nom d’un rationalisme absolu il faudrait vous détruire, afin de nous permettre d’occuper toute la place sur cette planète surpeuplée.

    Il n’est pas douteux non plus que votre disparition signifiera le commencement d’un monde entièrement fait pour l’homme.
     
    Mais laissez-moi vous dire ceci, mon vieil ami : dans un monde entièrement fait pour l’homme, il se pourrait bien qu’il n’y eût pas non plus place pour l’homme.

    Tout ce qui restera de nous, ce seront des robots.

    Nous ne réussirons jamais à faire de nous entièrement notre propre oeuvre.

    Nous sommes condamnés pour toujours à dépendre d’un mystère que ni la logique ni l’imagination ne peuvent pénétrer et votre présence parmi nous évoque une puissance créatrice dont on ne peut rendre compte en des termes scientifiques ou rationnels, mais seulement en termes où entrent teneur, espoir et nostalgie.

    Vous êtes notre dernière innocence.
     
    Je ne sais que trop bien qu’en prenant votre parti - mais n’est-ce pas tout simplement le mien ? - je serai immanquablement qualifié de conservateur, voire de réactionnaire, "monstre" appartenant à une autre évoque préhistorique : celle du libéralisme.

    J’accepte volontiers cette étiquette en un temps où le nouveau maître à penser de la jeunesse française, le philosophe Michel Foucault, annonce que ce n’est pas seulement Dieu qui est mort disparu à jamais, mais l’Homme lui-même, l’Homme et l’Humanisme.
     
     C’est ainsi, monsieur et cher éléphant, que nous nous trouvons, vous et moi, sur le même bateau, poussé vers l’oubli par le même vent puissant du rationalisme absolu.

    Dans une société, vraiment matérialiste et réaliste, poètes, écrivains, artistes, rêveurs et éléphants ne sont plus que des gêneurs.
     
    Je me souviens d’une vieille mélopée que chantaient des piroguiers du fleuve Chari en Afrique centrale.

    "Nous tuerons le grand éléphant
     
    Nous mangerons le grand éléphant
     
    Nous entrerons dans son ventre
     
    Mangerons son coeur et son foie..."
     
    (..) Croyez-moi votre ami bien dévoué.
     
    Romain Gary

  • "Les animaux ont-ils des droits ?" (Le Monde / auteurs : Florence Burgat et Jean-Pierre Marguénaud)

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    Florence Burgat et Jean-Pierre Marguénaud sont respectivement rédactrice en chef et directeur de la Revue semestrielle de droit animalier

    Les animaux ont-ils des droits ?

    Cette question, communément moquée et balayée d'un revers de main il y a peu, fait aujourd'hui partie des interrogations recevables, comme l'a montré récemment le 21e forum "Le Monde – Le Mans" intitulé "Qui sont les animaux ?".

    Qu'est-ce qui justifie que l'on fasse souffrir, de manière routinière, industrielle, et dans des proportions jamais atteintes, des milliards d'animaux terrestres et marins pour des bénéfices dont la légitimité et l'utilité sont au moins discutables ?

    Si l'on pense que les animaux n'ont pas de droits et qu'ils n'ont, somme toute, que ce qu'ils méritent, il faut s'en expliquer.

    Un grand pas vers l'explication est franchi lorsque beaucoup se sentent contraints d'étayer une position qui semblait jusque-là acquise, inébranlable, pour ne pas dire irréprochable : après tout, ce ne sont que des bêtes ; d'où il faut entendre que quand on agit contre l'intérêt des bêtes, on ne fait rien de vraiment mal, rien de vraiment grave.

    De cela, nous ne sommes peut-être pas absolument persuadés en notre âme et conscience, mais la collectivité ayant entériné les pratiques cruelles et massives contre les animaux, tout se passe comme si nous nous sentions individuellement justifiés d'en profiter, et donc innocents.

    Ce trouble que chacun ressent en songeant aux souffrances infligées aux animaux a du reste entraîné depuis longtemps ses premières conséquences juridiques sur le continent européen : en Angleterre par le Martin's Act, dès 1822, en France par la loi Grammont de 1850 punissant les mauvais traitements commis publiquement envers les animaux domestiques.

    Ces premiers pas étaient cependant bien timides, car la condition de publicité des actes commis tendait à protéger davantage la sensibilité des hommes auxquels le spectacle en était imposé que celle des animaux qui les subissaient.

    Sans doute la condition de publicité tombera-t-elle par le décret du 7 septembre 1959 pour les mauvais traitements et ne sera-t-elle pas reprise par le loi du 19 novembre 1963 qui institua le délit d'actes de cruauté.

    Cependant, aux côtés des souffrances inutilement infligées, c'est-à-dire non nécessitées par la finalité d'usages la plupart du temps générateurs de souffrance, il faut désormais songer à ces violences qui sont imputables au système d'exploitation.

    Si la cruauté contre les animaux n'a pas d'âge, quelque chose s'est emballé.

    Dans le même temps, l'invisibilité de la souffrance animale se fissure, l'évidence selon laquelle les bêtes ne sont bonnes qu'à être tuées semble, pour peu qu'on y réfléchisse, douteuse.

    Derrière le "produit" se profile parfois quelque chose que nous n'aimons pas voir.

    La torsion que subit le statut juridique des animaux traduit ce malaise.

    Le législateur européen prend des mesures de plus en plus nombreuses pour "protéger" les animaux et veiller à leur "bien-être", y compris et surtout au moment le plus paradoxal où on les mutile et où on les tue.

    La prédilection des législateurs pour un mot aussi fort que le "bien-être", visant à faire face à des situations où sa prise en compte confine à l'absurdité, reflète probablement pour une part le malaise inhérent à la justification implicite d'activités animalicides.

    La proposition de règlement du Conseil du 18 septembre 2008 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort en appelle d'ailleurs à la "prise en compte du bien-être des animaux" tout en enjoignant les exploitants "d'épargner au maximum la douleur, la détresse ou la souffrance aux animaux destinés à l'abattage".

    On découvrira une nouvelle dimension du paradoxe dans la Directive 93/119/CE du Conseil du 22 décembre 1993 sur la protection des animaux au moment de leur abattage ou de leur mise à mort qui mentionne dans l'un de ses alinéas qu'il "est interdit d'assener des coups ou d'exercer des pressions aux endroits particulièrement sensibles.

    Il est en particulier interdit d'écraser, de tordre, voire de casser la queue des animaux ou de les saisir par les yeux.

    Les coups appliqués sans ménagement, notamment les coups de pied, sont interdits".

    Faut-il que ces actes fussent répandus pour qu'il ait été nécessaire de les noter aussi explicitement dans une directive !

    LA PERSONNALITÉ JURIDIQUE

    Alors que certains scientifiques s'en remettrent au concept mécaniste de nociception, que d'autres admettent l'existence de douleurs "seulement physiques", le législateur européen, quant à lui, reconnaît aux animaux cette évidence, à savoir la capacité à souffrir, à être le sujet de leur douleur et à ressentir la souffrance psychique qu'est la détresse.

    En vérité, tout le monde sait cela.

    Pourtant, les animaux sont très exactement traités comme des matières premières dont les règles de transformation sont soigneusement décrites.

    Comment peut-on tranquillement reconnaître en même temps que les animaux sont profondément affectés par ce qui leur est fait, et en affirmer le caractère licite ?

    La légitimité de ces pratiques n'est-elle pas mise en question au cœur de leur réglementation ?

    S'il est vrai que les animaux demeurent versés du côté des biens, et à ce titre appropriables, ils bénéficient depuis le décret de 1959, la loi de 1963 (précités), la loi du 10 juillet 1976 – dont l'article 9 proclame que "Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce" – et le Code pénal entré en vigueur en 1994, d'une protection contre leur propriétaire lui-même.

    Désormais, le droit ne laisse plus le propriétaire disposer de sa chose comme bon lui semble lorsque cette chose est un animal.

    D'ailleurs cette prise en compte de l'intérêt propre de l'animal, être vivant et sensible, n'exprime-t-elle pas une forte résistance à sa classification dans la catégorie des choses ?

    Une ligne se dégage alors pour comprendre les raisons d'octroyer des droits aux animaux, par-delà les devoirs de l'homme à les utiliser le moins cruellement possible.

    A ceux qui considèrent que les avancées législatives en matière de protection des animaux, et plus encore l'idée de leur reconnaître des droits, comme une insulte à la misère humaine, il faut répondre que la misère humaine résulte de l'exploitation ou de l'indifférence à la souffrance des plus faibles et que c'est au contraire l'insulter, sinon la légitimer, que de prôner l'indifférence farouche à l'égard de la souffrance d'autres êtres plus faibles encore et qui ne peuvent jamais consentir.

    Il faut leur répondre que, dans la mesure où il ne suffit pas de rester indifférent à la souffrance des animaux pour soulager la misère humaine, la protection des animaux et celle des plus faibles des hommes relève du même et noble combat du Droit pour aider ceux à qui il peut être fait du mal, beaucoup de mal.

    Considérer les animaux comme des choses, c'est les maintenir dans la catégorie où on les avait enfermés à l'époque où la négation de leur sensibilité permettait de les exploiter pleinement.

    Nous estimons au contraire que tant sur le plan éthique que sur le plan juridique, dans le prolongement des idées avancées par René Demogue il y a plus d'un siècle, il est inacceptable de continuer à considérer les animaux comme des choses.

    On peut, certes, améliorer le sort des animaux sans leur accorder la personnalité juridique, et des progrès ont été accomplis en ce sens aussi bien en droit français qu'européen.

    Il semble cependant difficile de faire véritablement ressortir l'utilité de règles protectrices toujours plus nombreuses sans accorder aux animaux un statut qui leur reconnaisse la personnalité juridique et leur attribue techniquement des droits.

    De toute façon, dans ce domaine comme dans tout autre, les améliorations concrètes dépendent de l'interprétation des textes par le juge.

    Or, il ne fait guère de doute que les mêmes règles également protectrices ne seront pas interprétées dans un sens aussi favorable aux animaux dans un Etat continuant à les considérer comme des choses, toujours un peu viles, que dans un Etat les ayant déjà admis dans la catégorie des personnes titulaires de droits.

    Florence Burgat est directeur de recherche en philosophie, INRA, université de Paris-I.

    Jean-Pierre Marguénaud est professeur de droit privé, faculté de droit et de sciences économiques de Limoges (OMIJ).

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/07/15/les-animaux-ont-ils-des-droits_1387965_3232.html

  • "Le chasseur, espèce menaçante", par Armand Farrachi (Libé)

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    On savait déjà que, dans notre cynégécratie, il n’y a pas plus de séparation entre la chasse et l’Etat qu’il n’y en avait sous l’Ancien Régime entre l’Eglise et l’Etat.

    Christian Frémont, directeur de cabinet du président de la République, l’affirmait le 2 septembre :

    « Je suis le porte-parole des chasseurs en permanence à l’Elysée. »

    Désormais, à la demande du parti d’extrême chasse, dont les désirs sont des ordres, l’opposition à la chasse pourra être assimilée au blasphème cher aux théocraties.

    Depuis le 4 juin, le fait de s’opposer à une chasse sera passible d'une amende de 1500 euros.

    Les chasseurs ne supportent ni contrainte ni critique, au mépris de l’opinion (74% des Français sont opposés à la chasse à courre, 47% à la chasse, 98% ne chassent pas).

    Or, depuis deux ou trois ans, des manifestations contre la chasse à courre se multiplient, sur les lieux mêmes des carnages annoncés, façon d’exprimer une opposition que le pouvoir ne veut pas entendre.

    En bonne logique, un représentant du lobby chasse à l’Assemblée, qui obtient une nouvelle loi chasse tous les deux ans, en l’occurrence le sénateur UMP Poniatowski, avait demandé en décembre 2008 la création d’un « délit d’entrave à la chasse » qui lui a été refusé.

    Chassé par la porte, ce délit revient par la fenêtre sous forme d’un simple décret.

    La chasse sera donc le seul loisir surveillé par la police et interdit à la critique.

    Il n’y avait rien de plus urgent ni de plus utile à la République.

    Reste évidemment à constituer l’infraction, et ce sera, bien sûr, une autre paire de manches.

    Mais tenons-nous en à l’intention, elle en vaut la peine, ne serait-ce que parce qu’elle nous renseigne sur la façon dont les cynégécrates conçoivent le pouvoir et parce qu’elle rappelle que les fédérations de chasse, créées en 1941 par un décret du maréchal Pétain, restent fidèles à leur vocation.

    La violence contre les biens et les personnes est déjà punissable par la loi.

    Si les opposants à la chasse étaient violents, il serait inutile de créer un nouveau délit pour les réprimer.

    C’est précisément parce qu’ils ne le sont pas qu’il importe d’en inventer un.

    Pourquoi les directeurs de théâtre n’auraient-ils pas eux aussi, leur délit d’entrave à la bonne marche du spectacle contre les spectateurs mécontents qui s’aviseraient de siffler ?

    Il s’agit bien, encore une fois, de transformer un délit d’opinion, cet indémodable fantasme du despotisme, en délit tout court.

    Les chasseurs ont en horreur la liberté d’opinion des non-chasseurs.

    En l’absence de toute réaction des partis politiques, sans doute occupés à plus important, pourquoi se gênerait-on ?

    La proposition de loi de 2008 envisageait bien de pénaliser financièrement les propriétaires non-chasseurs !

    Créera-t-on un délit d’entrave à la circulation pour les chasseurs qui, eux, bloquent régulièrement les routes pour obtenir des cadeaux supplémentaires ?

    Non, l’essentiel, comme disait Lewis Carroll, est de savoir qui est le maître.

    Si l’on relie ce nouveau délit à « l’affaire » du purin d’ortie, au durcissement de la répression contre les faucheurs d’OGM ou à la loi 1216 en préparation, dont l’article 5 entend protéger contre toute contestation « les intérêts de l’Etat » (ce qui touche au nucléaire, aux déchets toxiques ou à « l’aménagement du territoire »), on comprend qu’il s’agit bien de faire taire les empêcheurs de polluer et de détruire en rond, en particulier les écologistes, toutes catégories confondues, et qu’au lieu d’un « Grenelle » de l’environnement, on avance à grands pas vers un Fleury-Mérogis de l’environnement.

    Ce qui devient illégal, ce n’est pas de détruire la nature, mais de vouloir la protéger.

    Non seulement il serait bien naïf de croire que ce type de menaces suffira à décourager des militants déterminés, qui se battent pour une cause, non pour des voix, mais la répression ne pourra que susciter de nouvelles mobilisations.

    Car l’Etat chasseur-UMP tente, encore une fois, de criminaliser la liberté d’expression.

    C’est pourquoi, bien que ce décret de complaisance soit inapplicable, si un seul militant devait être condamné pour « obstruction à la chasse », le décret ferait immédiatement l’objet d’une plainte devant le Conseil d’Etat, puis devant la Convention européenne des droits de l’homme à Strasbourg, qui a déjà sanctionné les lois prochasse à la française.

    En revanche, compte tenu des plaintes récemment déposées, c’est la France qui devra bientôt s’expliquer devant la Cour de justice des communautés sur sa politique d’Etat braconnier en matière de sauvegarde des espèces et sur le fait que la seule qu’elle protège, c’est le chasseur.

    On dira que celui-ci est aussi une espèce menacée.

    Certes, et c’est tant mieux, mais ce nouveau « délit » rappelle que c’est surtout une espèce menaçante.

    http://www.liberation.fr/societe/0101645522-le-chasseur-espece-menacante

  • A propos de "La Raison des plus forts" : chronique de Christophe Léon

    http://www.ecologitheque.com/lib/raison.gif

    « De la façon dont nos sociétés affrontent [la question animale] dépend le sort de plus d’êtres chaque année qu’il n’a jamais existé d’humains à la surface de la Terre…

    Cet enjeu-là est premier. En soi, il est colossal. »

    Les animaux non-humains ont-ils une conscience ?

    La fourmi, le tatou ou l’oursin ont-ils des facultés mentales, bref sont-ils en mesure d’appréhender leur environnement et de réagir/agir en conséquence autrement que par instinct ?

    Le « propre de l’homme » est-il si propre que cela ?

    Autant de questions auxquelles tente de répondre La raison des plus forts, dans la collection Radicaux libres des éditions IMHO.

    Sous la direction de Pierre Jouventin, David Chauvet & Enrique Utria, ce livre, à travers onze essais, s’attaque de front à un dogme millénaire, celui de l’Homme tout puissant dominant la Création et ne cédant à l’animal non-humain que la part du pauvre, celle qui le réduit à l’état d’animal-machine, seulement bon à servir et à être exploité en conséquence.

    Aujourd’hui encore, dire que l’humain est un animal comme un autre et qu’il est partie (importante certes, mais partie seulement) d’un ensemble bien plus grand qui inclut toutes les espèces animales, est souvent entendu comme une grosse bêtise, voire comme une provocation.

    Et pourtant…

    « … les actes de ce colloque [le 14 novembre 2009 se tenait à l’université de Paris V René Descartes un colloque dont le thème était : "Sommes-nous prêts à élargir aux animaux notre considération ?"] tendent à justifier que le cercle de l’égalité soit désormais élargi aux animaux non-humains, de même qu’au cours des siècles se sont progressivement effacées les barrières que certains traçaient autour des notions de race, de sexe, de tribu, ou de nation. »

    Hélas, l’égalité pour les animaux non-humains n’est pas encore pour demain — en premier lieu pour des raisons purement économiques.

    Par défaut, nos modes de consommation et de marchandisation du vivant font que la viande est devenue au fil des années un produit de base de notre alimentation.

    Comment alors faire admettre que lorsque nous mangeons de la viande, de l’animal non-humain, nous ne mangeons pas quelque chose mais quelqu’un ?

    Accorder à l’animal non-humain une conscience serait lui reconnaître une fonction autre qu’utilitaire, une existence égale et comparable à l’humain.

    Cette idée est dérangeante parce qu’elle semble nous réduire, alors qu’à mieux y réfléchir elle nous grandit.

    Et inutile de prendre la science à témoin sur notre supposée supériorité génétique :

    « … notre génome, s’il est plus grand que celui de la carpe et de la poule, est moindre par rapport à celui de la souris, du lys et de l’amibe, ce qui a surpris bien des généticiens qui s’attendaient à ce que l’homme soit l’être au génome le plus grand puisque supposé le plus complexe… »

    La raison des plus forts
    bat en brèche la notion commune du « propre de l’homme » qui fait de nous des êtres différenciés de l’espèce animale, et qui nous conduit à penser que nous sommes les maîtres du monde, les Phénix incontestables de l’Univers.

    Qu’est-ce que le « propre de l’homme », si ce n’est la faculté de se prendre pour ce que nous ne sommes pas, et le moyen d’asseoir notre pouvoir sur les animaux non-humains en les exploitant, les tuant, les dévorant ou les maltraitant ?

    Dénier la conscience aux animaux autres que nous est ce que nous avons trouvé de plus commode pour nous dédouaner.

    « Le propre de l’homme n’est plus vraiment un problème de science et, comme le roi nu, il apparaît pour ce qu’il est en réalité, un jugement de valeur, une simple question de point de vue. »

    Plus loin, David Chauvet dans son essai, intitulé Les animaux, ces êtres de raison, examine le bien-fondé de ce « propre de l’homme » et ce qu’il a permis de justifier : « l’hégémonie humaine sur le reste du monde animal. »

    Nier la raison animale, faire accroire que ces êtres agissent de manière exclusivement instinctive, sans former de projet, autorise à ce qu’on les tue sans qu’il n’en soit autrement affecté que biologiquement.

    Le sacrifice de l’animal non-humain serait un sacrifice neutre.

    Alors que pour le moins, et si l’on veut rester objectif et entreprendre une démarche scientifique, il faudrait partir du principe (de précaution ?) que « la raison est peut-être présente chez certains autres animaux que l’humain » ce qui devrait nous amener à réfléchir sur nos actes.

    Et encore :

    « Les animaux ne réagissent pas aveuglément à l’environnement, ils analysent et en tirent des conséquences, comme chacun en convient à présent.

    À l’évidence, la raison ne fait pas partie du fameux « propre de l’homme ».

    Les contributions et textes complémentaires, parce qu’ils abordent un éventail complet de ce qu’on appelle la condition animale, font de
    La raison des plus forts un ouvrage essentiel, qui permet de mieux comprendre et de mieux entrevoir les enjeux écologiques, environnementaux, sociaux et politiques liés à notre interprétation du monde.

    Il ouvre une réflexion sur ce qu’entraînerait la reconnaissance de facultés mentales aux animaux , ainsi que sur les adaptations et changements que cela induirait.

    La raison des plus forts
    , un livre nécessaire, érudit et passionnant.

    La raison des plus forts, sous la direction de Pierre Jouventin, David Chauvet & Enrique Utria, col. Radicaux libres, éd. IMHO

    Pour en savoir plus : http://www.imho.fr

    Christophe Léon
    www.christophe-leon.fr

    http://www.ecologitheque.com/raison.html

  • "La Raison des plus forts" : interview de Pierre Jouventin et David Chauvet

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    Interview de Pierre Jouventin et David Chauvet,  co-directeurs, avec Enrique Utria, du livre La raison des plus forts - La conscience déniée aux animaux (éditions IMHO, collection Radicaux libres).

    chroniqué sur L'écologithèque le 23 juin 2010

    Question : Pierre Jouventin et David Chauvet (avec Enrique Utria) vous avez dirigé la réalisation de l’ouvrage La Raison des plus forts, paru aux éditions IMHO dans la collection Radicaux libres.

    Pourquoi ce livre consacré à la condition animale et, particulièrement, à la conscience animale ?

    Pierre Jouventin
    : Tout simplement parce que c’est d’actualité même si beaucoup ne s’en rendent pas compte.

    Depuis un demi-siècle, nous en savons mille fois plus sur le comportement des animaux que depuis l’aube de l’humanité et ce n’est pas du tout ce que l’on attendait.

    Pourtant, il y a un siècle et demi, Darwin nous avait appris d’une part que l’homme est issu du monde animal et d’autre part que la différence entre lui et les autres être vivants est une question de degré, non de nature.

    Or toute notre culture judéo-chrétienne définit l’homme par opposition à l’animal auquel il manquerait l’intelligence, la raison, l’abstraction, la morale, la culture, etc.

    Tout ceci est remis en question par les découvertes récentes et a été pris en compte dans les pays anglophones mais pas encore chez nous.

    La première contribution de ce volume collectif consiste donc à montrer que « le propre de l’homme » s’est dissous dans la biologie moderne et qu’il faut désormais en tenir compte en sciences humaines.

    David Chauvet
    : Paradoxalement, si la sensibilité des animaux est aujourd'hui évidente pour tout le monde, leur conscience est niée.

    Cette « mentaphobie » reflète une crainte de considérer les animaux comme de véritables individus.

    C'est à l'évidence une stratégie d'exclusion.

    Pourrions-nous aussi facilement les manger, porter leur peau, s'amuser à les chasser, entre autres, si nous ne les considérions pas comme des êtres sans conscience ?

    On oppose souvent aux défenseurs des animaux le fameux « cri de la carotte », façon de dire que les animaux non-humains et les plantes sont à situer au même niveau, qu'on peut tuer les uns comme les autres sans commettre une faute.

    Reconnaître une conscience aux autres animaux serait accepter le fait qu'ils ont une volonté, que l'on contrarie de manière parfaitement illégitime.

    Autrement dit, ce serait admettre que nous faisons d'eux des esclaves, et que le fait de les tuer, même « humainement », est un crime. 

    Question : Prétendre que les animaux non-humains ont accès à une conscience, et qu’ils ne diffèrent en rien (ou presque) de l’homme dans ce domaine, n’est-ce pas « révolutionnaire », dans le sens d’un changement radical de notre conception du monde ?

    L’animal est-il l’égal de l’homme ?

    Pierre Jouventin
    : Vous basez déjà les rapports entre l’homme et l’animal sur un rapport de force et c’est d’ailleurs ce que soulève  notre titre inspiré de La Fontaine : La raison des plus forts.

    Pourquoi faudrait-il nécessairement que l’homme soit supérieur à l’animal si ce n’était pour lui imposer sa dure loi ?

    L’homme ne serait-il pas au contraire plus moral s’il ne cherchait pas systématiquement à réduire par la force tous les autres êtres vivants, entraînant cette crise majeure de la biodiversité à laquelle nous assistons et qui n’est qu’un volet de la crise écologique dans laquelle nous entrons ?

    Personne ne prétend que l’homme ne diffère pas des autres espèces : toutes sont différentes.

    Si l’homme est une espèce originale, il n’a jamais été, scientifiquement parlant, le couronnement de l’évolution animale.

    David Chauvet
    : L'idée que les animaux sont des êtres rationnels, doués de conscience, de volonté, est sans doute encore « révolutionnaire » pour beaucoup de nos contemporains.

    Ceux-ci vivent en effet sous l'empire de préjugés confortables, tant au regard d'une dignité humaine établie aux dépens des animaux, que pour ce qui concerne la légitimité d'utiliser ces derniers comme des moyens au service de nos fins (y compris les plus superfétatoires).

    Mais, comme l'a rappelé tout à l'heure Pierre Jouventin, les scientifiques, et certains en témoignent dans La Raison des plus forts, ne mettent plus en doute l'existence de la conscience animale depuis presque un demi-siècle.

    Les preuves s'accumulent, corroborant ce que chacun pouvait facilement percevoir en observant son chien ou son chat.

    Il est vrai que peu entretiennent avec les vaches ou les cochons d'autres relations que celle qui passe par leur assiette.

    Question : La société de consommation et de marchandisation du vivant, notamment l’industrie de la viande, ne sont-elles pas fondées sur l’idée commune que l’animal n’a pas de conscience et, qu’en conséquence, on peut le tuer et le consommer « sans modération » ?

    L’élevage et l’abattage des animaux ne sont-ils pas entrés dans nos imaginaires comme une banalité qui ne choque plus personne ?

    Est-il encore possible de changer cette vision ?

    Pierre Jouventin
    : Les éleveurs, les chasseurs et les fermiers d’antan se trouvaient au moins devant un problème de conscience qu’ils écartaient pour des raisons de survie.

    Or nous ne sommes plus confrontés à cet impératif et nous ne côtoyons plus les animaux que nous mangeons.

    La plupart de nos concitoyens sont des citadins qui affectionnent les animaux de compagnie mais oublient qu’ils mangent des animaux de boucherie, souvent très sociables comme les cochons, élevés dans des conditions qui n’ont plus rien à voir avec celles des animaux de ferme d’antan.

    La société industrielle a transformé des êtres sensibles en objets de consommation et il n’est pas inutile d’en prendre conscience.

    David Chauvet : Il est fort heureusement possible de changer cette vision d'un abattage allant de soi parce que les animaux, prétendument dénués de conscience, seraient « là pour ça », comme on le dit souvent.

    Ceci plus que jamais car à aucun moment de l'Histoire nous n'avons eu autant de preuves de la conscience animale.

    Les esprits chagrins ont à cœur de la nier, comme on a pu dénier une âme aux Indiens ou aux Noirs lorsqu'il était question de justifier leur asservissement.

    Peut-être faudrait-il que les animaux aient à leur tour leur controverse de Valladolid !

    Les préjugés ont toujours eu la peau dure.

    Pour ne citer qu'un exemple, il est à mon sens profondément anormal et choquant qu'on continue d'enseigner aux élèves que l'humain est le seul « animal raisonnable » et que les animaux sont des « êtres d'instinct ».

    C'est nier tant le savoir scientifique actuel que le débat philosophique qui a lieu sur le sujet depuis des siècles !

    cochon.jpg

    Question : Pourquoi apporter de la considération à l’animal non-humain et lui accorder une conscience ?

    Cela n’entraîne-t-il pas un bouleversement de nos modes de vie ?

    Est-ce vraiment souhaitable ?

    David Chauvet
    : C'est une nécessité d'un point de vue éthique, ce qui en soi représente une raison suffisante : est-ce qu'on se demanderait aujourd'hui si l'abolition de l'esclavage des Noirs était souhaitable, bien que cela pouvait modifier l'organisation sociale et économique de l'époque ?

    Dès lors que nous n'avons pas besoin d'utiliser les animaux pour vivre (par exemple, on peut se passer de viande), il n'existe aucune justification pertinente à leur exploitation.

    Sauf le plaisir ou la tradition diraient certains, mais est-ce là ce qui doit déterminer notre conduite ?

    Nous n'aurions plus qu'à oublier toute idée d'éthique pour nous en tenir aux arguments que nous dicte notre estomac.

    Pierre Jouventin
    : Sans même devenir végétarien par éthique, nous risquons fort de ne plus avoir le choix d’ici quelques dizaines d’années et de devoir réduire notre consommation de viande pour des raisons économiques et écologiques car la production de viande coûte sept fois plus que la production de végétaux, un surcoût qui va se poser de plus en plus dans un monde où la productivité alimentaire ne parvient plus à nourrir un nombre croissant de bouches…

    Question : « Le propre de l’homme » est-il négociable ?

    Donner un statut d’égalité à l’animal non-humain, n’est-ce pas faire voler en éclat l’idée de la supériorité de l’homme et de son bon droit de disposer des autres espèces vivantes à son profit ?

    Plus généralement, sommes-nous prêts à nous considérer comme des animaux ?

    David Chauvet
    : Effectivement, nous sommes des animaux, et pourtant beaucoup d'entre nous (pas seulement les intégristes religieux) refusent de le reconnaître.

    L'espèce humaine constituerait à les entendre un règne à part !

    Ces conceptions, très lointaines des réalités scientifiques, en disent long sur l'obscurantisme dans lequel nous baignons, nous qui croyons être parvenus au firmament de la civilisation.

    D'autres cultures que la nôtre, notamment en Asie, ne sombrent pas dans ce travers anthropocentriste, au final proprement occidental.

    En Inde, les Bishnoïs considèrent le fait de tuer les animaux comme un meurtre.

    Nous avons longtemps jeté un regard condescendant sur ces autres civilisations.

    Ne serait-il pas temps de s'inspirer de ce qui, chez eux, est moralement supérieur ?

    Pierre Jouventin
    : Il est vexant d’être assimilé à un animal seulement si l’on ne parvient pas à s’émanciper des préjugés.

    Le mot « chien » peut être considéré comme une insulte ou comme un nom d’animal sans connotation péjorative et les nombreux amateurs de chiens ne me contrediront pas.

    L’homme est une espèce qui fait scientifiquement partie de la famille des primates ou singes.

    Cela peut nous défriser mais il y a plus de différence génétique entre un gorille et un chimpanzé qu’entre ce dernier et l’homme…

    Question : La compréhension de l’Autre passe-t-elle par la considération de l’animal non-humain en tant que sujet plutôt qu’objet ?

    Pierre Jouventin
    : Le problème de l’altérité est central pour définir ce qu’est un homme.

    Il y a seulement quelques dizaines d’années, les Noirs n’étaient pas considérés comme des humains mais comme des animaux, c'est-à-dire des esclaves taillables et corvéables à merci.

    Les enfants et plus récemment les femmes sont aussi passés par ce statut infériorisé puisque le droit de vote en France ne leur a été donné qu’en 1944. 

    David Chauvet
    : Il est certain que la réification des animaux a aussi des conséquences sur notre manière de percevoir certains humains.

    Ce propos est également présent dans l'ouvrage, où je démontre que la pensée de certains opposants aux droits des animaux, comme l'ethnologue Jean-Pierre Digard, fonctionne à l'égard des « espèces inférieures », comme celle des racistes à l'égard des « races inférieures ».

    Question : Écrire que « les humains sont devenus l’espèce la plus dangereuse jamais engendrée par la Nature » ne risque-t-il pas d’être compris comme une provocation ?

    Pierre Jouventin : La formulation est sans doute provocante mais quelle autre espèce a fait autant de dégâts à la planète et aux autres êtres vivants ?

    Il n’est plus temps d’être diplomate car la question se pose aujourd’hui d’une manière aiguë : si l’homme continue dans la même voie, il aura provoqué une hécatombe (animale puis sans doute humaine) et aura transformé son milieu de vie en un désert d’ici moins d’un siècle…

    David Chauvet : Comprendre ce passage du texte de la philosophe Maxine Sheets-Johnstone comme une simple provocation serait passer à coté de son propos.

    Mais il me semble à moi aussi difficilement contestable que nous sommes, parmi tous les animaux, les plus meurtriers.

    Si le propos a de quoi surprendre, c'est peut-être parce que nous aimons nous définir comme des prodiges de l'éthique, comme l'explique Estiva Reus dans l'ouvrage.

    Mais pourquoi n'appliquons-nous pas les principes moraux que nous élaborons avec fierté ?

    La contribution de Reus fournit d'excellentes explications à cela, notamment par son analyse des différentes options s'offrant à nous (par exemple, polluer ou ne pas polluer), certaines étant préférées pour le seul motif qu'elles étaient là avant les autres.

    L'humain est un animal social !

    Question : Pour terminer, les bêtes sont-elles vraiment des êtres sentants comme nous ?

    Quelle place faudrait-il leur donner sur cette Terre ?

    Et quelle place nous donner parmi elles ?

    Pierre Jouventin
    : Les bêtes sont le reflet de nous-mêmes : si nous ne parvenons pas à vivre en harmonie avec les autres êtres vivants et notre milieu de vie, l’avenir de notre espèce est compromis : dorénavant, l’écologie (science des rapports entre l’animal et son milieu) et l’éthologie (science du comportement animal) se rejoignent.

    David Chauvet
    : D'un point de vue strictement pratique, reconnaître quelque considération aux animaux ne modifierait pas fondamentalement l'organisation de notre société.

    Certes, des activités disparaîtraient, mais elles seraient remplacées par d'autres.

    Par contre,  disons-le à nouveau, il est désormais acquis que la consommation de viande, principale source de souffrance et de mort pour les animaux, représente au surcroît un très grand danger pour la planète, et pourrait avoir de fâcheuses conséquences dans un avenir de plus en plus proche.

    Notre intérêt matériel coïncide donc avec l'impératif moral de respecter les animaux. Fabrice Nicolino dans Bidoche a qualifié le «mouvement végétarien» comme étant « l’un des mouvements sociaux les plus responsables de la planète ».

    Ne serait-ce pas une bonne chose qu'on cesse de railler les défenseurs des animaux et qu'on les entende enfin ?

    Pour réagir à l'interview, laissez vos messages à : itw@ecologitheque.com, ils seront publiés après modération.

    http://www.ecologitheque.com/itwraison.html

  • "A nos escrocs, l'humanité reconnaissante" (Michel Tarrier)

    http://www.theyliewedie.org/ressources/galerie/galleries/Capitalisme/terre-poubelle.jpg

    PARCE QUE ÇA COMMENCE – VRAIMENT - À BIEN FAIRE… !

    Une réflexion bien réfléchie.

    BILLET D’ÉCO-RÉALISME

    Ou : l’écologie n’est plus ce qu’elle était…

    http://www.etyc.org/files/u3/sarkozy_gore.jpg

    Bonjour les « vaincus »,

    « Je voudrais dire un mot de toutes ces questions d'environnement, parce que là aussi ça commence à bien faire. »

    (Nicolas Paul Stéphane Sarközy de Nagy-Bocsa, prenant parti pour l’immonde filière porcine au dernier salon du proxénétisme du Vivant).

    Mais c’est qu’il a raison le nain psychopathe, voyez plutôt…

    99,99 % (j’exagère, mais pas assez !) de Terriens sont scotchés à une coupe du monde de ballon rond…

    Une humanité coupable de non-assistance à planète en danger se passionne donc pour la religion du stade.

    Pauvres de nous !

    C’est vraiment pitoyable !

    Souhaitons donc les pires catastrophes (et ne dites pas « naturelles » !) pour réveiller ces foules serviles, abouliques, à la cervelle lobotomisée.

    CONSTERNANT ! SIDÉRANT ! ACCABLANT ! AFFLIGEANT !

    Homo sapiens modernicus en trimballe décidemment une de ces couches !

    Je nous croyais pourtant plongés dans une crise écosystématique annonçant indéniablement les pénuries d’une prochaine vie invivable que nos enfants subiront par la faute des abus de leurs aînés !

    Mais non, les jeux du cirque priment, les gladiateurs modernes font recette.

    Il faut dire que le bide éclatant du Sommet de Copenhague, où l’on devait sauver le climat, tout comme la débandade du Grenelle de l’environnement, n’ont pas dû aider à comprendre que l’état de la planète demandait un effort de guerre.

    D’ailleurs, dans le hit évènementiel, le fameux ultimatum climatique n’avait-il pas cédé la place à « la main de Thierry Henry » ?!!

    De quoi être objectivement édifié de l’échelle des valeurs dont fait preuve notre humanité !

    Alors l’environnement anthropocentriste d’un président et de gens atteints de cécité écologique ça commence effectivement à bien faire, et qu’on nous laisse pénards piller les restes…

    Et puis finissons-en vite fait avec ce mythe éminemment politicard du développement durable, un filon pourri qui n’a jamais existé que dans la tronche creuse mais cupide des sbires de la ploutocratie, de leurs ONG muselées et de leurs animateurs pathétiques, et ce, pour nous faire accroire à un futur très aléatoire.

    Alors que ce troisième millénaire ne dépassera pas un siècle, l’invention fumeuse de cette formule oxymore ne vise qu’un effet cosmétique et lubrificateur pour les derniers crimes écologiques d’un ultralibéralisme à bout de souffle, de plus en plus inquiet et donc de plus en plus cruel.

    Il ne s’agit que d’un énorme coup de poker des maîtres du monde, pour prolonger le pillage et l’agonie.

    Ils savent bien que le commun des mortels marche à tous les coups ; vous savez, ces gens, spécialement du sexe masculin, qui hurlent comme des damnés devant un match de foot…

    Le développement durable prétend réduire les déséquilibres environnementaux et les déséquilibres en termes de répartition des richesses terrestres.

    Eh bien, s’il avait fallu songer à un tel « développement durable », comme ils disent…, c’eut été dans les années 1960, avant que nous soyons prisonniers de l’inutile consumérisme, avant le pic forestier (déjà derrière nous), avant la mort biologique du sol, avant le déclin galopant de la biodiversité, avant la fin annoncée des énergies fossiles dont l’humanité dépend à 1000 %, avant que le climat ne soit déjanté par nos excès et que la mise en doute d’une telle évidence ne fasse les choux gras d’une boule de suif (qui défiait déjà les dangers de l’amiante de Jussieu)…

    En un mot, avant d’entrer dans l’irréversible.

    Car ce qui est pris n’est plus à prendre.

    La planète est peut-être encore plate pour certains, mais elle n’est pas rechargeable.

    « Ce que nous savons, c’est que nous quittons un univers ouvert, que l’on croyait infini, pour entrer dans un monde qui se rapetisse, car nous sommes de plus en plus nombreux, confrontés à une sorte de finitude tous azimuts, que ce soit en termes d’énergies fossiles, de minéraux, d’eau douce, de ressources issues du vivant... » Dominique Bourg

    TROP TARD, LES JEUX SONT FAITS, RIEN NE VA PLUS !

    Dans un système aussi pervers, tissé de démagogie ordinaire et orchestré par des faux-derches, il est devenu difficile de croire à quelque chose.

    Un excessif batelage chaque fois en amont d’une montagne qui accouche d’une souris met la puce à l’oreille.

    Tenez, même la médiatisation du chef des Kayapos amazoniens Raoni, tenu en laisse par son mentor, me fait penser à un coup de fric pour ceux qui l’instrumentent et en tirent les ficelles, et me renvoie même à l’exhibition de la Vénus Hottentote du grand chic parisien du début du XIXème siècle !

    Chirac a préfacé le livre de Raoni, mais Raoni n’a pas préfacé les mémoires chiraquiennes !!

    Pour sa promo,  le coach de Raoni lui a fait tatouer le maillot du Stade français sur le torse.

    Inévitable !

    Entre deux messes et lors d’un tour de piste dominical chez monsieur Loyal-Drucker, madame Chirac pourrait bien lui refiler quelques pièces jaunes.

    Rien ne changera rien, tout est miné.

    Heureusement que je ne suis qu’écologue, heureusement que je me déclare écosophe, excusez du peu, et pas le moins du monde « écologiste » !

    Parce que, quelle misère, quelle honte !!

    Les écolos, les vrais, les pionniers du temps des sixties, ils écoutaient pousser leur tignasse derrière René Dumont, ils chiaient dans les bottes du pouvoir et ne se laissaient pas fédérer.

    Et les flics leur foutaient sur la gueule.

    Alors, aujourd’hui, ces derniers vrais écolos, ceux qui marchent à quatre pattes parce qu'ils aiment la Terre vue de la Terre, C'EST ÉCOLOGIQUEMENT QU'ILS VOUS EMMERDENT !

    2050 : PRENEZ BIEN DATE ! RIRA BIEN QUI RIRA LE DERNIER !

    Allez donc trier « leurs » poubelles avec Pascal Obispo, faire du compost avec Zazie, suivre la traçabilité de votre bidoche chez Carrefour et acheter un panda en peluche, l’écologisme de pacotille n’arrêtera pas le massacre.

    Bis repetita

    P.S. : Dans la série « Papi fait de l’éco-résistance », protéger la Nature passe par la colère.

    Mais je ne me suis pas renseigné, une nouvelle loi inique interdit peut-être cette colère… ?

    Ce à quoi je crois est consigné dans quelques livres qui n’ont pas les honneurs des plateaux de télé, on sait très bien pourquoi.

    Le tout dernier fait polémique à cause de son titre équivoque…

    Mais ceux qui craignent que je crache dans la soupe seront rassurés par cette fine critique :

    http://www.humaterra.info/?La-dictature-verte

    ***

    DICTATURE VERTE

    Saura-t-on l’éviter, faut-il la souhaiter ?

    300 pages, Les Presses du Midi

    http://www.amazon.fr/Dictature-verte-Tarrier-Michel/dp/28...

    Bonus pour le droit de rêver :

    Un jour, un jour (« Et l’enfant de la femme inutilement né… »)

    Lueur de fol espoir (« la poésie vit d’insomnies perpétuelles », disait René Char), en hommage à Ferrat chantant Aragon

    http://www.dailymotion.com/video/x7rg6y_jean-ferrat-un-jo...

    Bonus pour le droit d’espérer :

    La croisade des enfants

    http://www.youtube.com/watch?v=H7cHb5TeH88&feature=re...

    Bonus pour en prendre de la graine :

    René Dumont : l'homme-siècle

    http://www.onf.tv/selection/nouvellement-en-ligne/visionn...

    Michel Tarrier

    Écosophe

  • Pr. Gary L. Francione cité dans un livre-hommage à Bronisław Geremek (étude "Portrait du visionnaire en politique")

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    MELANGES OFFERTS A BRONISLAW GEREMEK par ses collègues, admirateurs et amis de Pologne et de France

    Coordonné par Jacques Cortès et Henryk W. Żaliński

    Publication GERFLINT / Université Pédagogique de Cracovie

    ***

    SOMMAIRE

    13 Présentation

    Jacques Cortès, Henryk W. Żaliński, Małgorzata Pamuła

    15 Préface

    Un grand lutteur contre l’intolérance et le mal

    Jacques Le Goff

    · DEDICACES

    21 Bronku, tego nie robi się przyjaciołom

    Bronek ! Tu n’avais pas le droit de nous laisser tomber !

    Adam Michnik

    27 A Bronisław Geremek (1932-2008)

    Edgar Morin

    29 Témoignage

    Michel Wieviorka

    33 Une influence décisive

    Jean Dufournet

    · L’HOMME

    37 Bronisław Geremek par lui-même

    (à partir de ses entretiens avec Juan Carlos Vidal)

    Jacques Cortès

    53 Portrait du visionnaire en politique

    Méryl Pinque

    87 Modestie, générosité et distinction

    Tomasz Orłowski

    91 Zręczna głowa waliła w osłabiony mur

    Ne jamais se résigner, refuser obstinément la réalité de l’obstacle, chercher ses points faibles

    Marcin Kula

    · L’EUROPEEN

    101 Autour du testament européen de Bronisław Geremek

    Jacques Demorgon

    127 Faire l’Europe

    Laurent Pochat

    · L’HISTORIEN

    145 Geremek et la France

    Maurice Aymard

    157 Bronisław Geremek, badacz upośledzonych grup społecznych

    Geremek, l’historien des pauvres et des marginaux

    Henryk Samsonowicz

    Deux articles offerts au Médiéviste Geremek par deux collègues français

    165 Figures de cartes et figures de style à la cour des Estes, à Ferrare au XVe siècle : les tarots de M. M. Boiardo

    Jean Lacroix

    179 L’espace dans le Conte du Graal

    Jean Dufournet

    · DEUX TEXTES DE GEREMEK

    195 La douce France était le rêve de ma vie

    Bronisław Geremek

    Article de Geremek offert par Michel Wieviorka (dir.), in Peut-on encore chanter la douce France ? Etre français, hier, aujourd’hui, demain, Editions de l’Aube, 2007

    203 Rapport sur l’œuvre d’Edgar Morin en vue de l’attribution du titre de Docteur Honoris Causa de l’Université Pédagogique de Cracovie

    Bronisław Geremek

    Texte publié par Akademia Pedagociczna Nadorowej W Krakowie, SENAT

    Remerciements : Les photos inédites de Bronisław Geremek ont été offertes par Madame Béatrice Wieviorka.

    ISSN : 1754 - 4387

  • Surpopulation : "La reproduction du néant", Méryl Pinque (Vegmag n° 32)

    http://www.ziserman.com/blog/.images/0703/foule.jpg

    La reproduction du néant

     

    « Du fait même de sa densité actuelle, l’espèce humaine vit sous une sorte de régime d’empoisonnement interne. »

    Claude Lévi-Strauss (2005)

     

    La société a toujours eu besoin des enfants des hommes, d’où la politique nataliste qu’elle mène effrontément.

    La nation en a besoin pour alimenter ses guerres en chair à canon, la religion, qui condamne la vie au nom de la Vie même, pour étendre son pouvoir, l’économie pour fonctionner.

    A l’âge des technosciences, le bétail humain est plus que jamais mis à contribution.

    Sommes-nous, pour autant, des victimes ?

    Contrairement à la majeure partie du monde, l’Occident vit (encore) en démocratie.

    Il en résulte que nous sommes en mesure de refuser le destin qu’on nous assigne.

    Mais, devenus entièrement dépendants d’un confort si chèrement payé, nous ne sommes plus en état de dire non.

    Nous ne sommes plus en état de nous battre pour changer un (dés)ordre que nous désavouons, au fond, tellement peu.

    Nous sommes partie prenante de cette volonté nataliste, comme nous le sommes de la plupart des maux qui nous accablent, et que nous appelons commodément « système ».

    Nous ne sommes pas les innocents martyrs d’un état de choses qui nous dépasse, mais les acteurs.

    Nous faisons des enfants, non seulement parce que le « système » nous y incite, mais parce que nous y trouvons notre compte narcissique : l’enfant, cet autre soi-même, est aussi la glorieuse image d’une humanité qui ne cesse de s’admirer dans le miroir de son néant.

    Car au-delà de tout ce qu’on peut invoquer, qu’est-ce qui nous pousse à nous reproduire, sinon l’invincible désir de nous perpétuer, autrement dit, d’être immortels ?

    L’anthropolâtrie fait des ravages.

    La religion de l’humanisme a pris le pas sur la religion proprement dite, et au XXIe siècle, c’est toujours le « croissez et multipliez » biblique qui fait loi, au détriment des autres sentients avec qui nous partageons la planète, et à qui nous refusons jusqu’au droit d’exister : sur une terre que nous colonisons chaque jour un peu plus, quelle place pour les animaux ?

    Chaque année, plus de cinquante milliards d’entre eux périssent dans les abattoirs : combien seront-ils demain ?

    A surpeupler le monde, ce n’est pas la vie qui triomphe, mais la mort.

    L’enfant, aujourd’hui, n’est plus un homme en devenir, mais un apprenti- consommateur.

    Ainsi voit-on, dans les supermarchés d’Occident, des caddies minuscules qui leur sont spécialement consacrés.

    De loin, l’image est éloquente : une mère de famille poussant son chariot débordant de victuailles industrielles, produit de la souffrance animale et de l’exploitation terrestre enveloppé dans des couches de plastique, et, trottant à ses côtés, son exact reflet miniature : l’enfant, appelé à devenir à son tour le « client-roi », courant dans les rayons labyrinthiques du grand magasin, où il se perd corps et âme.

    L’absurdité de la condition humaine n’est pas une absurdité de fait.

    Nous fabriquons nous-mêmes l’absurdité en refusant, par notre folie, de donner un sens au monde.

    Nous nous reproduisons alors même que la planète ne nous supporte plus.

    Nous vivons sur une terre qui, par notre faute, est en train de mourir, mais nous continuons d’engendrer, confiants dans le génie d’une espèce qui, pourtant, sème la destruction partout où elle advient, jusqu’à se condamner elle-même.

    Nous sommes en 2010 et bientôt nous serons sept milliards.

    Sept milliards d’hommes et de femmes qui, tous à des degrés divers, exterminent le vivant, saccagent la nature, confisquent la terre aux animaux et ambitionnent de vivre à l’occidentale quand ils n’y sont pas encore parvenus.

    A la fin du siècle, nous serons douze milliards, quand la terre ne peut supporter que 550 millions d’entre nous. Si nous vivions tous comme des Américains, cinq planètes seraient nécessaires.

    Dans une modernité où tout se vend et se jette, parfois sans avoir été consommé, nous ne sommes plus à un monde près : bienvenue dans l’ère kleenex !

    Nous creusons notre tombe avec quel féroce enthousiasme, indifférents aux ravages que nous perpétrons.

    Si nous faisions des enfants pour eux-mêmes et non pour nous, nous n’en ferions pas.

    Si nous désirions réellement le bonheur des « générations futures », pour reprendre la litanie consacrée, nous nous souviendrions de la prophétie de Cousteau : un enfant qui naît aujourd’hui en condamne dix à mourir demain.

    Nous sommes demain.

    A l’heure actuelle, plus d’un milliard de gens souffrent de la faim dans le monde, et plus de trois milliards de problèmes d’approvisionnement en eau potable.

    Le squelette du Sud versus l’obèse du Nord.

    « L’augmentation de la production de nourriture par hectare de terre ne va pas de pair avec l’augmentation de la population, et la planète n’a virtuellement plus de terres arables ou d’eau douce en réserve[1] », nous prévient-on.

    Las !

    Aucune politique antinataliste n’est à l’ordre du jour, et le véganisme, seul mode de vie réellement respectueux des animaux et des humains, n’est adopté que par un nombre dérisoire d’entre nous.

    Pendant ce temps, les signaux d’alerte se multiplient.

    Tous les feux, désormais, sont au rouge.

    Disparition de la biosphère, réchauffement climatique, déforestation, famines, conflits mondiaux… : dans le triste néant qui s’avance, l’explosion démographique a la responsabilité capitale.

    La surpopulation est le danger numéro un qui menace la survie planétaire.

    Pourtant, nous sommes loin d’une prise de conscience : en ce domaine, le tabou est roi.

    Lorsque le désastre aura lieu, il ne faudra pas invoquer la fatalité, ou alors reconnaître qu’elle a notre visage.

    Un monde globalisé caractérisé par la poursuite du profit et l’irresponsabilité dans tous les domaines ne pourra connaître de happy end : nous périrons de notre vanité.

    Méryl Pinque

     


    [1] « Population mondiale, agriculture et malnutrition », David Pimentel, Anne Wilson (trad. World Watch) : http://www.delaplanete.org/Population-mondiale-agriculture-et.html.

    ____

    Article paru dans le magazine Vegmag n° 32 (mai/juin 2010), "Crise, réchauffement, surpopulation... : faut-il encore faire des enfants ?" - http://vegmag.fr/accueil/

    Critique sur le site Démographie Responsable : "Véganisme et démographie" http://www.demographie-responsable.org/surpopulation/demographie/veganisme-demographie-713942.html

  • Parution de "La Raison des plus forts" (Collectif)

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    LA RAISON DES PLUS FORTS
    La conscience déniée aux animaux

    Collectif
    Sortie : 21 mai 2010
    Prix : 15 euros
    Collection Radicaux libres
    Format : 15 X 21 cm, 248 pages
    Distribution / Diffusion : Belles Lettres
    ISBN : 978-2-915517-52-1 / EAN : 9782915517521

    LE LIVRE

    Les avancées de la science contredisent radicalement la conception cartésienne de « l’animal-machine » ou le statut actuel de « res nullius » ou de « bien meuble ».

    Mais tandis que les preuves d’une continuité cognitive entre l’humain et l’animal s’accumulent, le sens commun continue de tenir les animaux pour des êtres sans conscience.

    Il est vrai que ce négationnisme sert de nombreux intérêts économiques, agricoles ou même ludiques.

    Sommes-nous prêts à élargir aux animaux notre considération ?

    Tel était le sujet du colloque organisé le 14 novembre 2009 à l’université Paris V René Descartes, à l’initiative des associations Droits des Animaux et Tribune pour l’animal.

    Sous un titre emprunté à La Fontaine et souvent repris depuis, les onze essais réunis dans ce volume abordent principalement la notion de conscience animale, objet d’une controverse ininterrompue depuis l’Antiquité : à partir de quand peut-on parler de conscience ?

    Quels ajustements la reconnaissance de facultés mentales aux animaux rendrait-elle nécessaires ?

    Autant de questions auxquelles les auteurs, des chercheurs issus de différents horizons : philosophes, éthologues, juristes, économistes, historiens, et des antispécistes, français et étrangers, ont cherché à répondre, offrant une réflexion particulièrement riche et poussée sur la conscience animale.

    LES AUTEURS

    La Raison des plus forts a été réalisé sous la direction de Pierre Jouventin, David Chauvet et Enrique Utria, en collaboration avec Marc Bekoff, Yves Bonnardel, Fabienne Delfour, Élisabeth Hardouin-Fugier, Olivier Le Bot, Irene Pepperberg, Estiva Reus, Maxine Sheets-Johnstone et Jean-Claude Wolf.

    Irene Pepperberg (professeur de psychologie et enseignante de cognition animale) et Marc Bekoff (professeur de biologie et confondateur avec Jane Goodall de Ethologists for the Ethical Treatment of Animals) sont deux spécialistes mondialement reconnus du comportement animal.

    LA COLLECTION

    Dirigée par Armand Farrachi, la collection Radicaux libres se propose de donner une voix à l’écologie radicale.

    Déjà parus :

    Plainte contre la France pour défaut de protection de l’ours des Pyrénées, Collectif ours et Stéphan Carbonnaux, 2010.
    Face au monstre mécanique. Une histoire des résistances à la technique, François Jarrige, 2009.
    Notre patience est à bout 1792-1793, les écrits des Enragé(e)s, Claude Guillon, 2009.
    Pour en finir avec la chasse. La mort-loisir, un mal français, Gérard Charollois, 2009.

    Éditions IMHO, 145, rue de Belleville 75019 Paris, Tél : + 33 1 47 00 75 91, presse : presse@imho.fr www.imho.fr

    « La rationalité animale ne peut se voir disqualifiée par le fait qu’elle ne recouvre pas exactement l étendue de la raison humaine. »

    http://droitsdesanimaux.net/upload/livre_raison_fort.pdf