Chères collègues et chers collègues :
Dans ce qui semble être une tentative visant à répondre à la critique adressée au Président Obama lorsque le Département de la sécurité nationale a émis un communiqué de presse et un rapport sur l’extrémisme de la droite, le FBI vient d’annoncer que le terrorisme peut aussi bien provenir de l’aile « gauche » : le premier des noms paraissant sur la liste des « suspects les plus recherchés » du FBI est Daniel Andreas San Diego, décrit comme un « activiste pour les droits des animaux » et un « végan ».
Le premier problème avec cette annonce est qu’elle associe le mouvement en faveur des droits des animaux à la gauche politique.
Et cela est problématique puisqu’une telle association est, au mieux, une exagération.
En effet, plusieurs des plus importantes personnalités et organisations de défense des animaux, particulièrement aux États-Unis, ont - dans la mesure où l’on peut dire qu’elles sont même politisées - adhéré à des politiques réactionnaires.
Y a-t-il quelque chose de plus réactionnaire que les incessantes manifestations de sexisme ou attributions de prix à des gens comme Pat Buchanan ou Arnold Schwarzenegger de PETA ?
Une des personnes du mouvement américain les plus encensées est Matthew Scully, qui écrivait les discours de George Bush, Dick Cheney et Sarah Palin et qui, dans ses écrits, adopte l’approche conservatrice chrétienne selon laquelle nous devons démontrer de la « pitié » à l’endroit des animaux, mais entérine l’idée que les animaux nonhumains sont moralement inférieurs parce que seuls les humains ont été créés à l’image de Dieu.
La Humane Society of the United States, affirmant que « [l]e mouvement de protection des animaux ne devrait jamais se limiter à l’aile gauche ou à l’aile droite de la politique américaine », applaudit Rush Limbaugh.
De toute façon, la généralisation consistant à associer le mouvement américain en faveur des animaux à la gauche est tout simplement erronée.
Le deuxième problème est que ce récit suggère injustement que le mouvement en faveur des droits des animaux est violent.
Oui, il est vrai qu’il y a certaines personnes qui encouragent le recours à la violence, mais elles sont très peu nombreuses.
La très vaste majorité des défenseurs des animaux que j’ai rencontrés au courant des trois décennies pendant lesquelles je me suis impliqué par rapport à cette question sont vivement opposés à la violence.
Ils comprennent que la violence est le problème et non la solution ; ils comprennent que la violence ne fera - ne pourra - qu’engendrer plus de violence.
Selon le rapport, San Diego, affirmant faire partie de la « Revolutionary Cells-Liberation Brigade » a bombardé deux corporations qui pratiquaient l’expérimentation animale en Californie.
« Revolutionary Cells-Liberation Brigade » ? S’agit-il d’une blague ?
De toute façon, que San Diego soit coupable ou non des accusations qui sont portées contre lui est une question qu’il revient à la Cour de trancher.
Mais ceux qui font la promotion de la violence ou qui ont recours à celle-ci ne font rien pour changer l’opinion publique à propos de cette question ; tout ce qu’ils font est de s’assurer que personne ne prendra les importantes idées éthiques sérieusement.
Ils donnent aux autres l’excuse qui leur permet d’écarter ces idées.
Dans mon travail et grâce à ce blog (1, 2), j’ai défendu une approche des droits des animaux qui, si elle est bien comprise, est incompatible avec la promotion de - ou le recours à - la violence.
Le troisième problème est que le récit prend la peine de mettre l’emphase sur le fait que San Diego est végan.
Et alors ? En quoi est-ce pertinent ?
Ça me rappelle toutes les fois où, au cours des ans, quelqu’un m’a opposé que les préoccupations à l’égard du statut moral des animaux devraient être écartées puisque Hitler était végétarien.
Sans même considérer le fait que Hitler n’était pas végétarien, quelle pertinence logique est-ce que cela aurait, même si c’était bien le cas ?
Staline mangeait de la viande.
Cela signifie-t-il que tous les mangeurs de viande sont moralement comparables à Staline ?
Bien sûr que non.
San Diego peut être ou non coupable de gestes qu’on lui reproche.
Mais même s’il est coupable ou même s’il est végan, est-ce que cela est pertinent lorsqu’il s’agit d’évaluer la moralité du véganisme ou est-ce que cela nous apprend quoique ce soit à propos des végans ?
Non, bien sûr que non.
À ma connaissance, Osama Bin Laden mange de la viande.
Gary L. Francione
© 2009 Gary L. Francione
http://www.abolitionistapproach.com/fr/2009/04/21/et-hitler-etait-vegetarien/