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Féminisme - Page 12

  • Pornographie : "Ça fait mal, tellement mal" ou pourquoi certaines femmes ne veulent pas savoir (Robert Jensen)

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    Extrait du livre de Robert Jensen Getting Off : Pornography and the End of Masculinity

     

    Le texte ci-dessous est la traduction de quelques pages du nouveau livre de Robert Jensen, Getting Off : Pornography and the End of Masculinity, publié par South End Press.

    Jensen a également collaboré à la production d’un diaporama en PowerPoint dont le texte détaille la critique féministe de la pornographie.

    Pour savoir comment se procurer ce document, écrire à stoppornculture.

    - Lire aussi en français l’analyse de ce livre par le directeur général du réseau AlterNet, Don Hazen : « La pornographie et la fin de la masculinité ».

    Après trois heures de travail intense, l’atelier que j’anime sur la pornographie en est à ses derniers instants.

    Les 40 participantes travaillent toutes à un centre d’aide à des survivantes de violences conjugales et de viol.

    Ce sont les femmes qui travaillent en première ligne, celles qui répondent à la ligne téléphonique de crise, 24 heures sur 24, et qui soutiennent les victimes en intervention personnalisée.

    Elles conseillent des femmes que l’on vient de violer, aident des femmes agressées par leur mari et soutiennent des enfants victimes de violence.

    Ces femmes ont tout vu, tout entendu.

    Quelle que soit la brutalité d’un récit, elles ont connu ou entendu des récits encore plus brutaux ; personne ne peut leur en remontrer à propos de violences masculines.

    Pourtant, après ces trois heures d’information, d’analyse et de discussion concernant l’industrie commerciale de la pornographie hétérosexuelle, plusieurs de ces femmes sont épuisées.

    L’atmosphère est lourde de tristesse.

    Vers la fin de la séance, une femme qui n’a encore rien dit commence à parler.

    Elle a conservé sa contenance durant tout l’atelier, les bras serrés contre le corps.

    Elle parle un certain temps, puis s’excuse du manque de suivi de ses propos.

    Mais ses excuses sont inutiles : elle met en mots ce que plusieurs ressentent.

    Elle parle de sa propre vie, de ce qu’elle a appris au cours de la séance, de sa colère et de sa tristesse.

    Finalement, elle dit :

    « Ça fait mal. Ça fait tellement mal. »

    Tout le monde garde le silence en pesant ces mots.

    La conversation redémarre lentement, et les femmes parlent plus de ce qu’elles ressentent, de l’usage qu’elles vont faire de cette information, de ce qu’elle signifiera pour leur travail et leur vie.

    La séance se termine, mais les paroles de cette participante demeurent entre nous.

    Cela fait mal.

    Cela fait mal de savoir que qui que vous soyez, en tant que femme, vous pouvez être réduite à un objet à pénétrer et que des hommes achèteront des films à ce sujet et que, dans beaucoup de ces films, votre humiliation constituera le thème central.

    Cela fait mal de savoir qu’une telle proportion de la pornographie achetée par les hommes associe intimement le désir à la cruauté.

    Cela fait mal aux femmes alors que des hommes aiment cela et le simple fait de savoir cela fait mal.

    Même ces femmes - qui ont trouvé des façons de tenir tête aux blessures issues de la violence masculine dans d’autres situations - ont peine à faire face à la réalité de la pornographie.

    C’est une chose que de faire face aux actes, même des actes d’une violence extrême.

    C’en est une autre que de connaître les pensées, les idées et les fantasmes qui sous-tendent ces actes.

    Les gens prennent habituellement pour acquis que la pornographie constitue un enjeu aussi difficile et diviseur parce qu’elle traite de la sexualité.

    En fait, si notre culture échoue à affronter la question de la pornographie, c’est parce qu’elle traite de la cruauté des hommes à l’égard des femmes et du plaisir que les hommes prennent parfois à cette cruauté.

    Et cette réalité est beaucoup plus difficile à prendre en ligne de compte - pour les hommes et pour les femmes.

    Pourquoi cela fait mal

    Cela ne revient pas à dire que tous les hommes tirent un plaisir sexuel de la cruauté.

    Cela ne signifie pas que toutes les femmes rejettent la pornographie.

    Il y a beaucoup de variations individuelles au sein de l’espèce humaine, mais il existe aussi des modèles dans toute société.

    Et lorsque ces modèles nous apprennent des choses sur nous-mêmes et sur le monde où nous vivons, nous avons souvent envie de détourner le regard.

    Les miroirs peuvent s’avérer dangereux, et la pornographie est un miroir.

    La pornographie comme miroir nous montre comment les hommes voient les femmes.

    Pas tous les hommes, bien sûr, mais bon nombre des hommes qui acceptent la conception conventionnelle de la masculinité.

    Il peut être troublant de regarder dans ce miroir.

    Une anecdote à ce sujet, vécue à l’occasion d’une sortie avec deux amies hétérosexuelles.

    Toutes deux sont féministes, dans la trentaine et mènent une carrière réussie.

    Toutes deux sont intelligentes, fortes et éprouvent de la difficulté à trouver des partenaires masculins qui ne soient pas intimidés par leur intelligence et leur force.

    Nous parlons des hommes, des femmes et de leurs relations.

    Comme souvent, je me fais dire que je suis trop sévère à l’égard des hommes.

    On laisse entendre qu’après tant d’années à œuvrer dans la critique féministe radicale de l’industrie du sexe et de la violence sexuelle, je suis devenu à bout de nerfs, trop captif de la face sombre de la sexualité masculine.

    Je réponds que j’essaie simplement d’être honnête.

    La conversation se poursuit, amicalement.

    Finalement, je dis à mes amies que je crois résoudre notre controverse avec la description d’un site Web.

    Je leur dis :

    « Si vous le voulez, je vais vous parler de ce site. Je ne le ferai pas si vous préférez ne pas entendre cela. Mais si vous voulez que je poursuive, ne me blâmez pas après. »

    Elles se regardent, hésitent, puis me demandent de poursuivre cette explication.

    Quelques mois plus tôt, quelqu’un m’a envoyé un courriel au sujet d’un site de pornographie que cette personne pensait que je devrais regarder - slutbus.com.

    Il s’agit d’un site Web servant à vendre des vidéos du Slutbus (« autobus des salopes »).

    Voici le concept du Slutbus :

    Quelques hommes qui semblent être dans la vingtaine se promènent en mini-fourgonnette avec une caméra vidéo.

    Ils offrent à des femmes de les reconduire.

    Une fois dans la fourgonnette, les femmes se font demander si elles aimeraient avoir un rapport sexuel filmé, pour de l’argent.

    Elles acceptent.

    Une fois le rapport sexuel terminé, les femmes descendent de la fourgonnette, et un des hommes leur tend un paquet de billets en paiement.

    Juste au moment où une femme s’apprête à prendre l’argent, la fourgonnette démarre, la laissant au bord de la route, l’air stupide.

    Ce site Web regroupe des bandes annonces pour 10 vidéos différents, tous apparemment fondés sur le même « scénario ».

    Aux États-Unis, il y a des hommes qui achètent des vidéos fondés sur ce message très simple : les femmes servent au sexe.

    Les femmes peuvent être achetées pour le sexe.

    Mais en bout de ligne, les femmes ne valent même pas qu’on les paie pour du sexe.

    Elles ne méritent même pas d’être achetées.

    Elles ne méritent que de se faire baiser et d’être laissées au bord de la route, avec des post-adolescents qui rigolent en repartant - pendant que des hommes adultes regardent ces films chez eux, bandent, se masturbent, jouissent, éjaculent et éteignent le DVD avant de poursuivre leur vie.

    Il existe d’autres entreprises qui produisent des vidéos semblables.

    Il y bangbus.com, où l’on laisse aussi des femmes au bord de la route après des rapports sexuels dans le Bangbus.

    Et cela continue.

    Je regarde mes amies et je leur dis :

    « Vous réalisez que ce que je viens de décrire est relativement modéré.

    Il y a des choses beaucoup plus brutales et humiliantes que celles-là, vous savez. »

    Nous demeurons silencieux, puis une d’entre elles me dit :

    « Ce n’était pas de jeu. »

    Je sais que ce n’était pas de jeu.

    Ce que je leur ai dit était vrai et elles m’avaient demandé de leur dire.

    Mais ce n’était pas de jeu de soulever cela.

    Si j’étais elles, si j’étais une femme, je ne voudrais pas savoir cela.

    La vie est suffisamment pénible sans savoir des choses comme celles-là, sans avoir à affronter le fait de vivre dans une société où qui que l’on soit - comme individu, comme personne ayant des espoirs et des rêves, des forces et des faiblesses - on est une chose à baiser, à ridiculiser et à laisser au bord de la route par des hommes.

    Parce qu’on est une femme.

    « Je suis désolé, ai-je dit.

    Mais vous me l’avez demandé. »

    Dans une société où tant d’hommes regardent tant de pornographie, voilà pourquoi on ne peut tolérer de la voir pour ce qu’elle est.

    La pornographie force les femmes à affronter la façon dont les hommes les voient.

    Et la pornographie force les hommes à affronter ce que nous sommes devenus.

    Résultat : personne ne veut parler de ce qu’on voit dans le miroir.

    Bien que peu de gens l’admettent, beaucoup de gens ont peur de la pornographie.

    Les supporteurs libéraux/libertaires qui célèbrent la pornographie ont peur de jeter un regard honnête sur ce qu’elle dit au sujet de notre culture.

    Les opposants conservateurs ont peur que la pornographie sape leurs tentatives de contenir la sexualité dans d’étroites catégories.

    Les critiques féministes ont peur aussi - mais pour d’autres raisons.

    Les féministes ont peur à cause de ce qu’elles et ils voient dans le miroir, à cause de ce que la pornographie nous dit au sujet du monde où nous vivons.

    Cette peur est justifiée.

    C’est une peur avisée, qui conduit beaucoup de gens à vouloir transformer la culture dominante.

    La pornographie est devenue normalisée, généralisée.

    Les valeurs qui propulsent le Slutbus sous-tendent également la culture générale.

    Comme le dit un reportage du New York Times, « La pornographie n’est plus réservée aux vieux cochons. »

    En fait, elle n’a jamais été réservée aux cochons ou aux vieux hommes, ou aux vieux cochons.

    Mais aujourd’hui, ce fait est chose connue.

    Ce même article cite un rédacteur de revue, qui a aussi écrit un scénario de film pornographique :

    « Les gens acceptent facilement la pornographie aujourd’hui.

    Il n’y a plus rien de dangereux en ce qui concerne la sexualité. »

    Le rédacteur en chef de Playboy, qui décrit son entreprise comme « mettant l’accent sur la fête », recrute des annonceurs en disant :

    « Nous sommes dans la norme. »

    Bien sûr, il n’y a jamais eu rien de dangereux en ce qui concerne la sexualité.

    Le danger ne tient pas à la sexualité, mais à une conception particulière de la sexualité dans le patriarcat.

    Et la façon dont la sexualité est créée dans la pornographie devient de plus en plus cruelle et dégradante, au même moment où la pornographie est plus normalisée que jamais.

    Le paradoxe de la pornographie

    D’abord imaginez que ce que l’on pourrait appeler un indice de cruauté - la mesure du niveau de cruauté explicite à l’égard des femmes, de leur dégradation dans la pornographie contemporaine à diffusion de masse.

    Cet indice augmente, rapidement.

    Ensuite, imaginez un indice de normalisation - la mesure du niveau d’acceptation de la pornographie dans la culture générale contemporaine.

    Cet indice augmente lui aussi, tout aussi rapidement.

    Si la pornographie est de plus en plus cruelle et dégradante, pourquoi est-elle de plus en plus répandue au lieu d’être de plus en plus marginalisée ?

    Dans une société qui se dit civilisée, ne devrait-on pas s’attendre à ce que la plupart des gens rejettent un matériel sexuel qui devient de plus en plus méprisant envers l’humanité des femmes ?

    Comment expliquer l’apparition simultanée de façons de plus en plus nombreuses et intenses d’humilier les femmes sexuellement et la popularité croissante des films qui présentent ces activités ?

    Comme c’est souvent le cas, on ne peut résoudre ce paradoxe qu’en reconnaissant la fausseté d’une de ces prémisses.

    Dans ce cas-ci, c’est la conviction que la société américaine rejette habituellement la cruauté et la dégradation.

    En fait, les États-Unis sont un pays qui n’oppose aucune objection sérieuse à la cruauté et la dégradation.

    Pensez à la façon dont nous acceptons le recours à des armes de guerre brutales pour tuer des civils, ou dont nous acceptons la peine de mort, ou dont nous tolérons des inégalités économiques écrasantes.

    Il n’existe aucun paradoxe dans la normalisation implacable d’une pornographie intensément cruelle.

    Notre culture possède un régime juridique bien développé qui protège en général les droits et libertés individuels, mais c’est également une culture étonnamment cruelle dans sa façon d’accepter la brutalité et l’inégalité.

    Les pornographes ne dévient pas de la norme.

    Leur présence dans la culture générale ne devrait pas étonner puisqu’ils représentent des valeurs généralisées : la logique de la domination et de la subordination qui jouent un rôle central dans le patriarcat, un nationalisme hyper-patriotique, la suprématie des Blancs et un capitalisme d’entreprise prédateur.

    * Le titre de cet extrait est de Sisyphe.

    - Lire l’analyse de ce livre par le directeur général du réseau AlterNet, Don Hazen : « La pornographie et la fin de la masculinité ».

    ***

    Don Hazen, qui présente cet extrait à la suite de son analyse du livre, est le directeur général du réseau AlterNet.

    Robert Jensen est professeur de journalisme à l’Université du Texas à Austin et il siège au C.A. du Third Coast Activist Resource Center.

    Il a également signé les livres The Heart of Whiteness : Race, Racism, and White Privilege et Citizens of the Empire : The Struggle to Claim Our Humanity (tous deux chez l’éditeur City Lights Books).

    On peut lui écrire à cette adresse et trouver ses articles sur Internet ici.

    © 2007 Independent Media Institute. Tous droits réservés. Copyright Sisyphe pour version française.

    On peut lire la version originale de ce texte sur AlterNet, édition du 22 septembre 2007, à cette page.

    - Merci au directeur du réseau AlterNet de nous avoir autorisées à publier cette version française traduite par Martin Dufresne pour Sisyphe.

    - Lire aussi : http://artobazz.eklablog.com/

    http://sisyphe.org/spip.php?article2735

  • "Papa bleu, maman rose", par Florence Dupont (Le Monde)

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    Par Florence Dupont (Ancienne élève de l'Ecole normale supérieure, agrégée de lettres classiques, elle est professeur de latin à Paris-Diderot.)

    Du bleu et du rose partout dans le ciel de Paris : les manifestants contre le projet de loi sur le mariage pour tous ont déferlé dans les rues de la capitale en agitant des milliers de fanions, de drapeaux et de banderoles à ces deux couleurs.

    Ils en ont saturé les écrans télé.

    Rose et bleu, la "manif" est la croisade des enfants.

    Bleu ou rose : les deux couleurs qui marquent les bébés à l'instant de leur naissance assignent à chacun, définitivement, sa résidence sexuelle.

    La médecine, l'état civil et ses premiers vêtements enferment l'enfant à peine né dans l'alternative du genre.

    "Tu seras un papa bleu, mon fils."

    "Tu seras une maman rose, ma fille."

    D'un coup d'oeil, le médecin ou la sage-femme a repéré les organes génitaux qui vont officiellement déterminer l'un ou l'autre sexe du bébé – tant pis s'il y a un doute...

    Il faut choisir tout de suite.

    L'acte de naissance devra dans les trois jours dire si c'est une fille ou garçon.

    L'éducation commence immédiatement, pas de pipi-caca incontrôlé.

    Le bébé bien propre dans sa couche est asexué.

    La puéricultrice lui met un ruban rose ou bleu au poignet.

    Chacun va s'évertuer à lui inculquer son genre.

    Caroline doit savoir tout de suite qu'elle est une adorable petite créature dans sa layette rose, et Thibaut en bleu ciel entendre qu'il est un petit mec "qui sait déjà ce qu'il veut".

    Chacun doit s'extasier, à un premier sourire séducteur, "c'est bien une fille", à la première colère, "c'est bien un garçon".

    Quelques parents rebelles habillent de jaune ou de vert pomme leur nouveau-né sous l'oeil courroucé du personnel des maternités.

    Si en plus l'enfant s'appelle Claude ou Dominique, ces parents-là ne leur facilitent pas le travail.

    Comment s'y retrouver ?

    Car il faut s'y retrouver !

    Bleu et rose sont les couleurs d'un marquage permettant de commencer dès la naissance la reproduction sociale du genre.

    Cette stratégie de communication, qui emprunte sa symbolique aux couleurs des layettes, a été évidemment voulue par les adversaires de la loi Taubira.

    Ils ont fait de leur mieux pour brouiller leur image de droite.

    Sur le modèle du "mariage pour tous", ils ont inventé la "manif pour tous", pour faire oublier qu'ils manifestent contre l'égalité.

    En parlant de "manif", ils empruntent au peuple de gauche son vocabulaire.

    La manif !

    On s'encanaille pour la bonne cause.

    Mais ont-ils assez réfléchi à la mythologie des couleurs choisies pour leur campagne ?

    Le "bleu et rose" est une innovation dans les couleurs de la rhétorique militante.

    On connaissait le bleu "Marine", le vert des écolos, le rouge de la gauche...

    Le bleu et rose est plus qu'un signe de ralliement original.

    C'est un slogan.

    Le drapeau français brandi dans la manif n'est plus bleu, blanc, rouge, mais bleu ciel, blanc et rose.

    En 1998, les Français avaient célébré la victoire d'une équipe "black, blanc, beur" lors de la Coupe du monde de football.

    Le peuple de la diversité renommait ainsi les trois couleurs du drapeau français.

    Le jeu verbal sur les trois "b" réunissait trois langages, le "black" américain faisait écho aux mouvements noirs pour les droits civiques, le "beur" repris au verlan des quartiers avait la même sonorité émancipatrice, le "blanc" était l'élément neutre de cette série, désignant avec humour les autres.

    Ce n'étaient pas trois communautés, mais trois façons d'être français qui avaient gagné ensemble.

    De la même façon, la victoire de l'Afrique du Sud dans la Coupe du monde de rugby 1995 avait marqué la naissance de la "nation arc-en-ciel".

    L'arc-en-ciel est plus que la réunion de toutes les couleurs, il symbolise un continuum, le spectre de la lumière blanche décomposée, il offre une diversité potentiellement infinie de nuances.

    C'est pourquoi le drapeau arc-en-ciel est aussi celui de l'association Lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT).

    Chacun est différent et l'union des différences fait une société apaisée et fusionnelle.

    Bleu, blanc, rose, le drapeau national, infantilisé, est au contraire l'emblème d'un peuple de "Blancs" que ne distingue entre eux que le genre attribué à la naissance.

    Un genre qui garde l'innocence de l'enfance – Freud ? connais pas – et sa pureté sexuelle.

    Le logo dessiné sur ces fanions rose et bleu répète à l'infini l'image de la famille "naturelle".

    Quatre silhouettes blanches – un père, une mère et un fils, une fille – sont accrochées l'une à l'autre comme dans les guirlandes de papier découpé que les enfants font à la petite école.

    Le papier est plié en accordéon ; le modèle est dessiné sur le premier pli, on découpe, et en dépliant, on obtient une ribambelle de figures toutes semblables qui se tiennent par la main et forment une farandole.

    Chaque logo est ainsi un morceau de la guirlande.

    Toutes les familles sont identiques. Ce sont des clones.

    Que nous dit cette famille exemplaire ?

    Au centre, un homme et une femme se donnent la main, chacun d'eux tenant de l'autre main un enfant du même sexe qu'eux, un garçon ou une fille.

    Les adultes sont grands, les enfants sont leurs doubles en petit.

    Ils sont identifiables par les signes extérieurs de leur genre, distribués en marqueurs binaires.

    L'homme a, comme le jeune garçon, les cheveux courts et des pantalons.

    La femme a les cheveux mi-longs, la petite fille a des couettes ; toutes les deux ont une jupe qui entrave leur marche, au point que la fillette a les deux jambes soudées.

    Les deux enfants tendent leur bras libre pour entraîner leurs parents "à la manif".

    Le petit garçon tire son père avec force.

    La petite fille ne fait qu'esquisser le geste de son frère.

    L'homme est légèrement plus grand que la femme, il se tient fermement sur ses deux pieds, c'est lui qui conduit sa femme qu'il tient de sa main droite.

    Elle est légèrement en arrière.

    Ce logo, qui mime la naïveté d'un dessin d'enfant, est clairement sexiste : le père protecteur et fort, le fils volontaire et décidé, la mère qui suit, et la petite fille timide.

    Le dispositif proclame l'homosocialité de la reproduction.

    La petite fille a sa mère pour modèle, le petit garçon, son père.

    Les organisateurs ont enjoint à leurs troupes de n'utiliser que le matériel de campagne, créé et fourni par eux.

    Ils veulent garder la maîtrise de la communication.

    On comprend pourquoi en voyant quelques initiatives locales qui ont échappé à leur contrôle politique et révèlent les non-dits du logo.

    L'affiche d'un collectif de Bordeaux, publié sur Internet, reprend les quatre figures, mais sans la fiction puérile du papier découpé.

    Le cadre énonciatif a changé, ce sont les adultes qui s'expriment dans l'image.

    L'homme, beaucoup plus grand que sa femme, se tourne vers elle pour l'entourer d'un bras protecteur. Celle-ci a les cheveux très longs et une minijupe.

    Maman est sexy.

    La fillette, carrément derrière, a au contraire une longue robe.

    Les enfants n'entraînent plus les parents à la manif, ce sont eux qui les y mènent.

    Garçon et fille se tournent vers eux apeurés.

    Et le père est si grand qu'il arrache presque le bras de son fils.

    A part ces quelques dérapages, blanches sur fond bleu ou rose, roses sur fond blanc, les mêmes quatre silhouettes soudées de la famille exemplaire sont reproduites par milliers, exactement semblables : un cauchemar identitaire.

    Hommes, femmes : le principe d'identification du genre est emprunté aux pictogrammes des toilettes publiques.

    Chacun derrière sa porte.

    Chacun son destin.

    Chacun sa façon de faire pipi, debout ou assis.

    Ces manifestants, qui revendiquent "du sexe, pas du genre !", utilisent des symboles et des logos qui disent au contraire : "Ne troublez pas le genre", "Rallions-nous aux pictogrammes des toilettes, ils sont naturels".

    Pour ces prisonniers de leur anatomie puérile, traduite en contraintes sociales du genre, quelle sexualité "naturelle" ?

    Leur innocence bleu et rose n'autorise que le coït matrimonial pour faire des filles et des fils qui seront les clones de leurs parents et ajouteront un module à la farandole.

    Aucune place n'est faite aux enfants différents !

    Aucune place pour les pères à cheveux longs, les femmes et les filles en pantalon [...] !

    Aucune place pour les familles différentes aux parentés multiples – monoparentales, recomposées, adoptives – !

    Aucune place pour les familles arc-en-ciel.

    La famille nucléaire dessinée sur le logo et présentée comme naturelle n'est que le mariage catholique bourgeois du XIXe, adopté au XXe siècle par les classes moyennes et désormais obsolète.

    C'est une famille étouffante et répressive, la famille où ont souffert Brasse-Bouillon et Poil de carotte, famille haïssable de Gide, noeud de vipères de Mauriac.

    Sur les logos bleu et rose des adversaires du mariage pour tous, la famille est filtrée par le regard des enfants, les adultes n'existent que pour être leur papa et leur maman naturels.

    Papa bleu et maman rose ne sont pas un couple hétérosexuel, mais une paire de reproducteurs "blancs".

    Florence Dupont

    Elle est l'auteure de nombreux ouvrages sur le théâtre et la littérature antiques, dont "Homère et Dallas. Introduction à la critique anthropologique" (Hachette, 1990), et "Rome, la ville sans origine" (Gallimard, 2011). Son dernier ouvrage, "L'Antiquité territoire des écarts ", entretiens avec Pauline Colonna d'Istria et Sylvie Taussig, vient de paraître chez Albin Michel (302 pages, 22 euros).

    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2013/04/13/papa-bleu-maman-rose_3159249_3232.html?xtmc=rose_bleu&xtcr=3

  • PETA ou le remake de "Sexe, mensonges et manipulations"

    De la Femme-poulette en cage à la Femme-viande à l’étal

    PeTA (People for the Ethical Treatment of Animals - "pour un traitement éthique des animaux") est une organisation américaine de "protection animale", plus connue pour envahir la planète - mondialisation oblige - de saynètes exhibant des jeunes femmes nues dans des cages, sur des lits gonflables, dans des cercueils, dans des barquettes, etc.

    Et le plus pathétique, c’est que les photographes de presse accourent.

    Il faut bien qu’ils entretiennent le public dans une passivité voyeuriste.

    Ce dossier a pour but d’exposer le fonctionnement de PeTA et de remettre en question les coups marketing de cette organisation.

    5 chapitres structureront ce dossier :

    PeTA et la religion

    Alex Pacheco, l’ex co-fondateur de PeTA, se destinait à devenir un prêtre catholique, avant qu’il ne fonde PeTA avec Ingrid Newkirk.

    Il décida de quitter l’organisation en 1999 parce qu’il était en opposition constante avec sa co-directrice au sujet de l’euthanasie massive des animaux, dont ils avaient la charge.

    Il fonda une nouvelle organisation "Humane America Animal Foundation", dont la mission est de promouvoir la politique du "No-Kill" (anti-euthanasie) dans les refuges.

    Il semble que - selon l’interview qu’il a donné dans le magazine Animals’ Agenda magazine - son départ de PeTA soit également animé par le fait qu’il était en désaccord avec les tactiques agressives et choquantes de PeTA.

    Alex Pacheco fut remplacé par Bruce Friedrich, la nouvelle tête pensante de PeTA.

    Bruce Friedrich est un fervent catholique et un anti-avortement acharné (supporter du mouvement Pro-Life).

    Il est en charge du département "Végétarisme - Go veg" et répète souvent qu’être anti-avortement conduit à devenir vegan, une allégation contestée par la Vegan Society et la plupart des vegans anglo-saxons.

    Bruce clame également que Jésus aurait été végétarien.

    La même allégation est utilisée par une secte d’origine allemande (la gourou devenue végétarienne, s’autoproclame être la porte-parole de son frère Jésus) dont PeTA France a fait de la pub sur son site web pendant plusieurs années, avant de retirer le lien, sous la pression de quelques militants français de la cause animale.

    Ingrid Newkirk est souvent décrite, par ses anciens collaborateurs ou d’autres acteurs américains de la cause animale, comme une gourou et une despote [1].

    PeTA n’est peut-être pas une organisation démocratique, mais ce phénomène est aussi présent dans les associations animales françaises (et pas seulement animales, d’ailleurs), dont les fondatrices/fondateurs restent président(e)s de leur association ad vitam aeternam afin de maintenir leur contrôle et garder un statut salarié, pour la plupart d’entre eux.

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    Bannière sur PeTA France

    PeTA et les people

    Que serait l’Église de Scientologie sans Tom Cruise et une cohorte de célébrités hollywoodienne ?

    Les sectes l’ont compris depuis longtemps : pour faire parler de soi, gagner en notoriété et en... argent, il faut se targuer d’être soutenu par des "people".

    Un trop-plein de people produit un rejet et coupe une organisation des vraies préoccupations des gens.

    C’est ce qui s’est notamment passé avec la réélection de George W. Bush par le petit peuple, en 2004.

    Une coalition impressionnante de people chanteurs, acteurs, cinéastes, avait pourtant appelé à voter démocrate.

    Les gens "ordinaires" trouvent de plus en plus insupportable de recevoir des leçons de morale consumériste de la part de people comme Paul McCartney ou Pamela Anderson, dont l’empreinte écologique de chacun doit facilement dépasser les 20 planètes.

    Et puis un people qui se shoote au botox, à la silicone et à d’autres produits moins licites, comme semblait le faire Anna Nicole Smith (autre égérie PeTA), devrait d’abord se regarder dans une glace, avant de dire aux autres quoi manger et porter.

    Avec PeTA, le comble est que des people sont exhibés pour défendre une cause qu’ils n’embrassent même pas eux-mêmes !

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    Cindy Crawford, égérie d’une campagne anti-fourrure de PeTA, reporta de la fourrure l’année suivante

    L’exemple le plus significatif est que tous les mannequins (Kate Moss, Claudia Schiffer, Naomi Campbell, Cindy Crawford) qui avaient posé pour la campagne anti-fourrure de PeTA "Rather go naked than wear fur" de 1994/95, ont depuis reporté de la fourrure, prétextant que c’était redevenu à la mode.

    La campagne "Plutôt à poil qu’en fourrure" a toujours sonné comme un slogan publicitaire creux, et l’industrie de la fourrure ne s’est jamais aussi bien portée depuis son lancement.

    PeTA est connu pour faire des campagnes de promotion du végétarisme, et leur ambassadrice n’est autre que la people Pamela Anderson.

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    Tournez une nouvelle page, esayez le végétarisme

    Le hic est que Pamela n’est pas végétarienne.

    Elle répète souvent dans ses interviews qu’elle continue à manger du poisson et qu’elle adore les crustacés.

    Que retient le public de Pamela Anderson, présentée comme végétarienne stricte par PeTA ?

    "Faites ce que PeTA me fait dire, ne faites pas ce que je fais".

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    Eve Angeli, encore une fois nue

    Depuis que la chanteuse Eve Angeli ne vend plus de disques, elle s’est reconvertie en ambassadrice du salon de l’érotisme et en miss Nunuche qui fait les bonheurs de la TV réalité.

    Se mettre nue, Eve Angeli et les autres égéries PeTA le faisaient déjà, bien avant que l’organisation leur demande de continuer à le faire "pour les animaux".

    Ces people "has been" passent à la TV grâce à PeTA et font parler de PeTA : c’est juste un échange de bons procédés, la sincérité pour la cause animale n’est qu’accessoire.

    Si demain, ces mêmes people posaient nus pour une marque de fourrure ou de jambon, le public ne serait pas choqué.

    Leur message sur les animaux est tellement dilué dans une auto-promotion et un appel désespéré à vouloir être toujours invités sur les plateaux TV, que l’on ne retient rien de leur pseudo combat... pour PeTA.

    Le point commun de toutes ces "célébrités", égéries de PeTA (des ex-chanteuses en mal d’auditeurs aux ex-hardeuses en mal de mateurs), c’est que ce sont des femmes sans charisme ni sincérité, et surtout inoffensives pour les lobbies de la fourrure, de l’agroalimentaire, etc.

    À noter que pour Eve Angeli, la conception du respect animal réside dans la possession de NAC en cage et la visite de zoos (son blog est truffé de photos de ses visites zoologiques, pour nous prouver qu’elle mérite bien d’être l’égérie de la "protection animale").

    PeTA et le sexe

    Sex sells

    Ce qui a propulsé la secte Raël n’est pas tant son discours fumeux sur les extraterrestres que celui sur le sexe : promotion de la "libération sexuelle et la méditation sensuelle".

    Selon l’UNADFI (Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes), la pratique de la méditation sensuelle pourrait impliquer des mineurs.

    Sur la question de la "libération sexuelle", l’organisation PeTA va aussi très loin : justification de la zoophilie, banalisation de la pornographie et de l’imagerie pédophile.

    Zoophilie, sadomasochisme, pédophilie : il en faut pour tous les goûts

    Dans un article du philosophe utilitariste de la libération animale Peter Singer, publié sur le site pornographique Nerve, celui-ci trouve la zoophilie acceptable - une relation sexuelle entre un humain et un animal - à condition que l’animal ne soit pas "brutalisé".

    Puisque les vaches et les veaux ont un appareil génital similaire à celui des humains, pourquoi devrions-nous nous en priver ?

    Ce serait ballot de gâcher, non ?

    Ah, ces... utilitaristes !

    Sauf que c’est très similaire aux arguments dont se servent les pédophiles pour justifier leur "attirance" envers les enfants.

    Bien sûr, tout ce petit monde jure qu’il ne commet aucun viol, pression, ou violence... puisque cela se fait dans l’harmonie d’un "plaisir réciproque".

    Tous les acteurs américains de la cause animale ont été scandalisés par les propos de Peter Singer.

    La seule à les approuver fut Ingrid Newkirk, présidente de PeTA.

    Fantasme pour pédophiles de la collégienne nue au tableau à la jeune fille nue au nounours

    Question : devinez de quoi parlent ces deux pubs de PeTA ?

    Réponse : selon PeTA, dénoncer l’exploitation des animaux pour leur fourrure, en déshabillant des nymphettes.

    Cela fait plus de 10 ans qu’au lieu de combattre de front l’industrie de la fourrure, PeTA a choisi de faire des campagnes focalisées sur la promotion de la pornographie et sur le harcèlement des femmes/célébrités en fourrure.

    Résultat : l’industrie de la fourrure ne s’est jamais mieux portée.

    Beaucoup de "protecteurs des animaux" sont également ravis de marteler - sur leurs propres forums et listes de discussions - que les femmes en fourrure sont toutes des "pétasses", des "salopes", des "poules", des "dindes".

    Précision : insulter les femmes en fourrure avec des noms d’animaux comme "poule" et "dinde" est souvent l’apanage des dirigeants d’associations animales comme la FBB [2].

    Cela prouve le peu de considération qu’ont ces gens pour les femmes autant que pour les animaux.

    L'écrivaine des droits des animaux Carol J. Adams a très bien expliqué ce phénomène :

    "La campagne anti-fourrure fournit aux activistes des droits des animaux un autre terrain propice au harcèlement des femmes.

    Je me demande pourquoi la campagne contre la fourrure dispose de tant d’énergie.

    Pourquoi ?

    Parce qu’elle est l’un des rares domaines de cruauté envers les animaux où les femmes sont vues comme coupables, comme preneuses de vie.

    Je pense que cela tombe à point nommé du point de vue anti-avortement et donne de la crédibilité aux activités agressives des anti-avortement."

    Source : ICI

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    Même battue, une femme est sexy

    On peut faire un parallèle entre la douleur infligée à un animal et la douleur infligée à un humain.

    Le problème est que cette affiche sexualise la violence envers une femme et la rend attractive.

    Complaisance avec la violence envers les femmes :

    "Le 19 janvier 2006, dans les rues de Nice, une femme nue a été battue et écorchée vivante en public pour attirer l’attention des consommateurs sur la réalité du commerce de la fourrure" (texte original de PeTA France).

    Escalade dans le mauvais goût nauséeux et le fanatisme irresponsable.

    Ce que les consommateurs ont vraiment retenu de cette petite saynète malsaine ?

    Les deux hommes et la femme qui ont organisé et participé à la mise en scène d’une femme nue battue et écorchée vivante en public sont aussi IRRESPONSABLES et coupables que l’association qu’ils représentent, et pour laquelle ils semblent être dévoués à un point tel que cela fait froid dans le dos !

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    Saynète PeTA devant Burberry - Fantasme de psychopathes, c’est sexy et fun de poignarder et de donner des coups de gourdin aux femmes

    Ceux qui désapprouvent

    Quelques défenseurs de la cause animale, qui se décrivent comme féministes, ont sévèrement condamné les campagnes sexistes de PeTA.

    Les plus connus sont l’écrivaine végétarienne Carol J. Adams et le juriste des droits des animaux Gary L. Francione.

    Tous deux sont américains.

    Quelques-unes de leurs citations :

    "Tant et aussi longtemps que nous continuerons à traiter les femmes comme de la viande, nous continuerons à traiter les non-humains de la même manière.

    Je m’oppose donc très fermement à l’utilisation du sexisme, du racisme, de l’homophobie ou de la violence pour faire des campagnes sur des sujets liés aux animaux.

    En outre, si le sexe peut faire vendre du parfum, je doute qu’il puisse influencer des choix éthiques d’une quelconque manière positive.

    Au lieu de finasser sur des nuances intellectuelles, PeTA devrait être attentif au fait évident que lier la philosophie de Playboy avec les droits des animaux distille un message assez perturbant.

    Si les droits des animaux peuvent ouvrir un espace à la pornographie, quelle sorte de mouvement social avons-nous là ?

    Certaines critiques ont dit que le mouvement pour les droits des animaux était affecté par les attitudes de personnes misanthropes.

    Il est temps de prendre cette critique au sérieux.

    Fondamentalement, il n’y a pas de différence entre traiter un humain ou un animal avec respect".

    Gary L. Francione

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    PeTA traite les femmes comme de la viande

    "Je pense que l’insulte supplémentaire a été la célébration de l’alliance entre PETA et Playboy en organisant un événement financé conjointement au cours de l’été dernier (1994), événement auquel a participé Patti Davis.

    Je suis heureuse qu’elle ait donné de l’argent à PeTA.

    Mais comme Catharine MacKinnon, je ne suis pas sûre qu’offrir de l’argent en réparation conduise à un changement du statut des femmes.

    Je déteste l’alliance de la défense des animaux avec la pornographie".

    Carol J. Adams

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    Partenariat PeTA et Playboy

    Une des nombreuses collaborations entre PeTA et Playboy.

    Ceux qui approuvent

    A contrario, d’autres personnes, se qualifiant également de "féministes", approuvent l’utilisation systématique de la nudité de jeunes femmes par PeTA.

    Les dirigeants de PeTA eux-mêmes sont les premiers à jurer qu’ils sont de "vrais féministes ouverts d’esprit, pas comme les autres puritaines et frustrées" [3].

    Ces "féministes" expliquent qu’il vaut mieux qu’une société expose des femmes nues plutôt qu’elle les cache derrière une burka.

    En suivant leur logique, il vaudrait mieux privilégier un extrémisme plutôt qu’un autre ?

    En Orient, la femme est un objet sexuel, propriété des maris/frères/pères qui la cachent, pour ne pas provoquer les hommes à une sexualité prétendument irrépressible.

    En Occident, la femme est un objet sexuel, propriété des industries/marques/commerces qui l’exhibent, pour racoler les consommateurs à la sexualité prétdnument irrépressible.

    Au final, les deux extrêmes se rejoignent : pas d’égalité hommes/femmes, domination, contrôle et pouvoir des hommes sur les femmes.

    Les arguments des "pour"

    Si quelques activistes/sympathisants de la cause animale critiquent fermement les tactiques sexistes de PeTA, la majorité d’entre eux les approuvent.

    Voici leur argumentation :

    "Les vraies personnes qui font de la pornographie, de la violence, de la torture, de l’exploitation... ce sont les bouchers, les éleveurs, les femmes en fourrure et non les starlettes du porno, l’industrie du sexe, Playboy, PeTA."

    Avec ce genre d’échelle de valeur, on arriverait à tout justifier, jusqu’au pire.

    Les violences ne se comparent pas, mais s’additionnent  !

    En suivant la logique de certains "protecteurs des animaux", n’importe quel oppresseur de l’espèce humaine deviendrait un saint, tant qu’il ne fait pas de mal aux petits animaux.

    La pornographie est une forme de prostitution légalisée.

    C’est une industrie qui rapporte des milliards de dollars chaque année.

    Et quand il y a beaucoup d'argent à se faire, les réseaux criminels ne perdent jamais de temps à rappliquer, et plus encore avec l’essor du web.

    Les hardeurs et hardeuses ont choisi d’embrasser cette activité très éphémère pour deux raisons : se faire le maximum de fric en un minimum de temps et devenir "célèbre" par cette voie, puisqu’ils auraient été incapables de le devenir autrement (écriture, chant, comédie, prix Nobel, record sportif, etc).

    La pornographie fait du commerce sur des pratiques/fantasmes sexuels masculins comme la zoophilie, le viol collectif, le bondage, la pédophilie, l’humiliation et la dégradation des femmes.

    Les "stars du porno" sont l’archétype de notre société d’ultraconsommation sans conscience et d’obsession à vouloir devenir riche et célèbre, à tout prix.

    Comment remettre en question une société basée sur l’exploitation des animaux (et des humains) avec de la pornographie et ses starlettes, une industrie qui glorifie le fric facile et la consommation sans conscience ?

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    Provoc’ PETA " star du X sous cellophane " dans le Newlook (l’autre journal des femmes à viande) d’avril 2007

    "Les femmes qui posent nues pour PeTA sont des mannequins de charme ou des stars du porno qui gagnent leur vie à poser dénudées.

    Sauf que cette fois-ci, elles ne le font pas pour rapporter de l’argent à une marque de bière, mais à une association de protection animale.

    Et en plus, elles font elles-mêmes des dons de plusieurs milliers de dollars à PeTA".

    Le capital de ces jeunes femmes, c’est de gagner de l’argent à se dénuder.

    Le fait de se dénuder pour PeTA rapporte plus d’argent à PeTA, et ces "mannequins de charme" versent également beaucoup d’argent à PeTA...

    Mais PeTA fonctionne comme un proxénète : se faire du fric sur le corps des femmes.

    On peut trouver banal qu’une marque de bière exhibe des femmes nues, pour racoler.

    On peut trouver banal qu’une association de "protection animale" exhibe des femmes nues, pour racoler.

    Et ce sera quoi, la prochaine étape ?

    Une association contre la faim dans le monde qui exhibera une star du porno dénudée devant un petit Éthiopien, ou une association écologiste qui fera poser nue un mannequin de charme devant un champ d’OGM ?

    En vérité, PeTA n’a aucun respect pour la cause animale, sinon cette association n’utiliserait pas les mêmes ficelles racoleuses du marketing vendeur de bière ou de saucisson.

    "PeTA utilise aussi des photos d’hommes nus."

    Personne ne demande de "parité" dans la marchandisation et la médiocrité.

    S’opposer à la femme-objet, c’est s’opposer à l’homme-objet et à l’enfant-objet.

    "Grâce à PeTA, des milliers de personnes sont devenues végétariennes et ont été sensibilisées à la cause animale."

    Et combien de "milliers de personnes" se sont détournées de cette cause, choquées par les tactiques sexistes, agressives ou grotesques de PeTA ?

    On peut très bien sensibiliser sérieusement le public sans farce, sexisme et agression.

    C’est ce que l’on fait sur VegAnimal.info, et d’autres sites, forums, groupes locaux et associations le font également.

    Cela s’appelle le respect de l’Autre.

    Le cynisme des dirigeants de PeTA est très symptomatique du peu de considération qu’ils ont pour les êtres de leur propre espèce.

    Penser qu’il n’y a que le sexe et les people des tabloïds qui fassent réagir le public, cela s’appelle un nivellement par le bas, qui n’ira pas plus haut que la ceinture et n’atteindra jamais la conscience des gens.

    Le public est certainement déjà suffisamment lobotomisé par des médias-poubelles, nul besoin qu’une organisation américaine de "protection animale" rajoute une couche au crétinisme ambiant.

    "Les gens qui critiquent les femmes nues de PeTA sont des puritains mal dans leur peau et complexés par la sexualité ou leur propre image de nudité."

    Ce genre de caricature est aussi brandi par le lobby proxénète pour tenter de ridiculiser ceux qui le combattent.

    En général, il rajoute que ces moralistes sont contre toutes relations sexuelles entre hommes et femmes et que les femmes doivent porter une burka.

    Maintenant, si l’on veut faire un concours de caricatures, on pourrait dire que les végétariens sont des adeptes de sectes qui les forcent à sucer des racines, au fond des bois.

    "La fin justifie les moyens. Le plus important est de passer dans les médias, que l’on parle de nous."

    La fin justifie les moyens ?

    Puisqu’il faut choquer et faire du voyeurisme/sensationnalisme pour passer à la téloche, pourquoi ne pas égorger une vache devant un MacDo ?

    C’est choquant et puis, au moins, ça fera parler de la souffrance animale.

    Est-ce une stratégie "éthique" ?

    Non, mais l’éthique n’a plus d’importance quand "la fin justifie les moyens".

    Exhiber une starlette du porno, de Playboy ou toute autre célébrité/inconnue à poil, est certainement une bonne accroche médiatique.

    Mais comment le public et les médias réagissent-ils ?

    Ils parlent de la souffrance et de l’exploitation animales ?

    Que nenni !

    Plutôt des rondeurs de la "meuf" et de l’aspect ridicule ou choquant de la photo ou de l’action filmée.

    Ce genre de saynète sert simplement à faire la promotion de la "starlette" et de PeTA.

    Le message sur la protection animale n’existe pas, ou bien il est tellement grotesque que le public ne le retient pas.

    En fait, les seuls qui approuvent ce genre de "tactiques" sont ceux déjà sensibilisés, pour ne pas dire convertis, à la "cause PeTA".

    Et ils sont prêts à accepter toutes les stratégies et actions possibles, tant que ça fait parler de "PeTA".

    La preuve est que la plupart de ces "militants cause animale" sont contre la pornographie dans les médias :

    "Quand les émissions de talk-show invitent des starlettes du X, c’est juste pour racoler l’audience et banaliser la pornographie".

    Mais dès qu’il s’agit d’inviter une starlette du porno présentée comme "égérie PeTA", le microcosme de la protection animale se rallie au "mais cette fois-ci, c’est pour la bonne cause".

    Dans le PAF (Paysage Audiovisuel Français) et depuis plus de 15 ans, tous les présentateurs TV se doivent d’inviter régulièrement d’anciennes ou de nouvelles starlettes du porno, à commencer par Cauet qui en invite une, et jusqu’à trois d’un coup, à chacune de ses émissions hebdomadaires, sur TF1.

    C’est devenu tellement banal que Fogiel qui avait booké une énième invitation plateau de l’ex-hardeuse Zara Whites (très récente végétarienne écolo et automatiquement sacralisée nouvelle "égérie PeTA") [4] pour faire une accroche à la "une ancienne star du X dégoûtée des saucisses", s’est finalement rétracté : trop vu, trop banal, plus assez sulfureux, et puis, elle est plus toute jeune et plus très connue, la Zara, par rapport à l’autre Clara Morgane.

    Monsieur Fogiel et les autres présentateurs/producteurs TV - au nom de la défense animale -, pour racoler les téléspectateurs en mâââle de phantasmes masculins, invitez donc l’archétype du bad boy à la 50 Cent : pimp & drug dealer.

    Il doit forcément exister un ancien dealer de drogue et proxénète devenu végétarien écolo pour épargner les pauvres animaux et sauver la planète... à chaque fois qu’il se brosse les dents, le robinet fermé.

    Et l’audimat explosera !

    Pour aller plus loin :

    Les liens entre pornographie et prostitution

    Quand viol, porno et prostitution deviennent "tendance"

    CSA, Les effets de la pornographie chez les adolescents

    Les nouvelles formes de pornographie africaine

    Pornography and the First Amendment

    PeTA et le mensonge

    PeTA et la manipulation

    En conclusion

    La totalité du dossier sera mise en ligne très bientôt, merci de votre patience

    Notes :

    [1] "Ingrid Newkirk runs PETA like a guru cult," says Merritt Clifton, founder and editor of the national animal protection newspaper Animal People.

    "Sooner or later, everyone who questions her or upstages her in any way, no matter how unintentionally, ends up getting shafted in the most humiliating manner Newkirk can think of.’’

    Sue Perna of Chesapeake went to work for PETA as a receptionist soon after the organization moved to Norfolk from suburban Washington in 1996.

    She says she found a high level of turnover and job anxiety.

    "The tension was so thick you could feel it," Perna says.

    "Everyone was so scared for their jobs at one point, we began to call the office telephone list Schindler’s List.’" irings came frequently and without warning, she says.

    "It was done so capriciously and with such seeming zeal by Ingrid," she says.

    "She seems to take joy in extinguishing people’s careers."

    It’s ironic, Perna says : A woman who has dedicated her life to fighting animal abuse is herself "an abuser of the human animal."

    After a year on the job and several run-ins with Newkirk, Perna walked out.

    She remains a dedicated animal rights activist — she was arrested two years ago for climbing onto the roof of a McDonald’s in Virginia Beach — but she steers clear of PETA.

    "Many of us believe that the further we distance ourselves from PETA, the better off the animal rights movement will be," she says.

    Sue Gaines tells a similar story.

    Gaines, who moved to Hampton Roads from Connecticut in 1996 to take a job in PETA’s education department, says she found the work environment "quite a shock."

    "It is a very horrible place to work," she says. Source ICI.

    [2] Christophe Marie, directeur de la Fondation Brigitte Bardot, au sujet d’Adriana KAREMBEU :

    "J'ai rencontré cette grande dinde (retour de Canada avec BB), elle avait un manteau de fourrure des pieds à la tête ". Source ICI.

    [3] In her letter of support of PeTA’s actions, Ingrid Newkirk makes the classic assumption that activists who counter oppressive images of women in the media believe "all depictions of female nudity are categorically wrong."

    This is the so-called "neo-Victorian feminist" charge constantly hurled at us.

    We do not have a "blanket condemnation of female nudity.". Pour lire la suite cliquez ICI.

    [4] Fogiel avait invité Zara Whites à son émission "T’empêches tout le monde de dormir", il a décidé de la remplacer par une vraie actrice, Muriel Robin. La suite, ICI.

    http://www.veganimal.info/spip.php?article558#nb3

  • "Non, l'islam ne permet pas de faire avancer la cause des femmes " par Chahla Chafiq (Le Monde)

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    Un féminisme islamique ?

    Non, l'islam ne permet pas de faire avancer la cause des femmes, contrairement à ce que peuvent affirmer certains intellectuels.

    Par Chahlah Chafiq, écrivain et sociologue

    Après le 8 mars, le féminisme islamique fait encore parler de lui et couler de l'encre. Des colloques sont organisés pour le promouvoir ; des tribunes sont écrites pour le faire découvrir.

    Une réflexion critique doit cependant être menée, tant ce sujet semble facilement conquérir les esprits, cherchant à sortir des images stéréotypées de l'islam et des musulman(e)s.

    Des questions souvent posées à ce propos traduisent cet espoir.

    Le féminisme islamique présente-t-il une voie authentique de la lutte des femmes musulmanes pour l'accès aux droits ?

    Elève-t-il un double étendard contre les visions racistes qui propagent la haine de l'islam et celles qui répandent des interprétations misogynes et rétrogrades ?

    Ou bien au contraire va-t-il dans le sens de l'idéologisation de l'islam et rentre par ce biais dans la même voie que l'islamisme ?

    Ne propage-t-il pas les mêmes leurres que l'islamisme ?

    Les théorisations sur le féminisme islamique apparaissent dans le champ académique des recherches sur le genre, au milieu des années 1990, en Occident.

    L'expérience iranienne a fortement inspiré ces théorisations.

    Déjà, à la fin de l'année 1980, la révolution iranienne contre la dictature du chah avait introduit sur la scène internationale des notions inédites telles que révolution islamique ou république islamique qui avaient enchanté les intellectuels du monde entier par l'articulation innovante entre la tradition religieuse et la modernité.

    La figure des femmes islamistes révolutionnaires cristallisait les rêves de l'islamisme émancipateur.

    DES FEMMES LEADERS ISLAMISTES

    Ces femmes voilées n'étaient pas enfermées dans les foyers et soumises au silence.

    Au contraire, elles se présentaient comme des actrices de la construction de la société juste et saine promise par l'islamisme.

    Elles étaient des soldates du Hezbollah (Parti de Dieu), titre par lequel Khomeyni labélisait les activités des groupes et organisations islamistes qui contribuaient efficacement à la répression de l'opposition séculière et de la société civile et constituaient un des piliers de la consolidation du régime islamiste.

    La figure de ces femmes inspira à Halleh Afshar, professeure en studies of women, gender and sexuality, en Angleterre, le concept de féminisme fondamentaliste.

    Sans se soucier des issues politiques et socioculturelles de ce fameux fondamentalisme qui animait ces femmes, la chercheuse leur attribua le titre de féminisme parce qu'elles disaient haut et fort leurs désirs et quittaient les foyers pour devenir des actrices sociopolitiques.

    Des femmes leaders islamistes se voyaient ainsi appelées féministes alors même qu'elles portaient des critiques virulentes à l'encontre du féminisme en tant que modèle occidental qui, par la défense de l'autonomie des femmes, disloquerait les liens familiaux et sociaux et contribuerait à l'aliénation des êtres humains et à la détérioration de la société.

    Plus tard, à la fin des années 1980, une partie considérable de ces femmes islamistes, confrontées aux conséquences néfastes des discriminations sacralisées par la charia (dont la polygamie, la répudiation, les droits inférieurs des femmes dans la garde des enfants et l'héritage, etc.) élevèrent la voix pour réclamer des réformes.

    Elles inspirèrent cette fois la fabrication du concept de féminisme islamique aux chercheurs universitaires, dont l'historienne Margot Badran et l'anthropologue Ziba Mirhosseini.

    Cette notion n'eut aucune difficulté à se propager dans le milieu des études sur le genre, alors que, sur le terrain, les revendications de réformes de la charia au sein du régime islamiste iranien se trouvaient déjà dans une impasse tout à fait visible.

    Aussi, de nouvelles générations de féministes iraniennes lancèrent, en 2006, la campagne "Changement pour l'égalité" visant à recueillir 1 million de signatures pour l'abrogation de toutes les lois discriminatoires envers les femmes en référence aux conventions internationales fondées sur les valeurs universelles (l'Iran reste parmi les signataires).

    La leçon de l'expérience iranienne se cristallise clairement dans cette campagne féministe dont les membres ont subi, comme tous les défenseurs des droits humains en Iran, une répression implacable : les droits des femmes, comme les droits humains, s'enracinent dans les valeurs universelles.

    Leur ethnicisation, sous prétexte d'une identité nationale, ethnique et religieuse, ne peut que les restreindre au détriment de l'accès des femmes à l'autonomie.

    LES REVENDICATIONS DE RÉFORME DE LA CHARIA

    Pourtant, le concept de féminisme islamique continue à animer les milieux de la recherche et engendre même des perspectives d'une mobilisation internationale en profitant du soutien des universités et de divers organismes qui s'enthousiasment dans le soutien de ce qu'ils pensent être une nouvelle voie de libération des musulmans.

    A cette fin, les intéressés regroupent toutes les luttes des femmes musulmanes et toutes les revendications de réforme de la charia (notamment en ce qui concerne l'homosexualité) sous l'étiquette de féminisme islamique.

    Cela alors qu'un simple regard sur l'histoire des luttes pour l'accès aux droits démocratiques dans les pays islamiques montre que des démarches de relecture des enseignements islamiques ont toujours existé, mais que les féministes ne se sont jamais cantonnées à ces démarches ni n'en ont élaboré une doctrine populiste afin de trouver une voie de libération qui serait adaptée aux souhaits du peuple musulman.

    Rappelons par exemple que les réformes d'Habib Bourguiba (1903-2000) en Tunisie en matière de droits des femmes étaient fondées sur une interprétation progressiste de l'islam.

    Les féministes tunisiennes avaient salué ces réformes, tout en soulignant leurs limites (notamment en matière d'égalité dans l'héritage) qui se justifiaient en référence à l'identité islamique, alors que la loi constitutionnelle du pays affirmait l'égalité des citoyens.

    Cette contradiction traverse, et souvent de manière plus importante que sous la Tunisie de Bourguiba, un nombre important de pays islamiques qui connaissent un processus de modernisation sans que l'Etat modernisateur assume la modernité politique et ses principes démocratiques.

    En instrumentalisant la religion comme le ciment de l'identité collective, l'autoritarisme refuse les valeurs démocratiques (en prétextant qu'elles viennent de l'Occident).

    Il soutient ainsi une modernité mutilée qui bloque les réformes et renforce de manière explosive les crises culturelles dues au passage de la tradition à la modernité.

    Dans ce contexte aggravé par une corruption générée par la dictature et les injustices, l'islamisme se présente comme une alternative politique capable de mobiliser, et ce d'autant plus qu'il profite des moyens que la légitimité de l'institution religieuse lui offre.

    Il prône ainsi un retour à l'islam pour la construction d'une société idéale qui offrirait aux hommes et aux femmes une place digne dans une société juste et saine.

    Présenté comme une identité globale et globalisante, l'islam détermine alors à la fois le passé, le présent et l'avenir de la communauté fantasmée comme une oumma unifiée.

    L'autonomie individuelle est soumise aux diktats islamistes (qui se disent les garants de l'oumma) et les principes d'égalité et de liberté sont niés au nom du sacré.

    La théorie du féminisme islamique, en faisant de l'islam la source et l'horizon de la praxis féministe, projette, au-delà de la volonté de ses concepteurs et de ses défenseurs, un islam essentialisé qui croise parfaitement les objectifs de l'islamisme et va à l'encontre de l'autonomie créatrice projetée par le féminisme.

    En créant une étiquette identitaire, il renvoie les féministes qui agissent depuis des décennies dans des pays islamiques dans la case des non-authentiques.

    Là où l'avenir des droits démocratiques dépend du rapport de forces entre les islamistes et les défenseurs de la démocratie séculière, ces aspects agissent en défaveur des causes féministes.

    Et, dans le contexte français où la séparation entre l'Eglise et l'Etat présente une garantie majeure des droits démocratiques, il est grand temps de réfléchir sérieusement à une articulation entre la laïcité, le féminisme et les droits des homosexuels.

    Les débats sur le mariage pour tous nous le rappellent vivement.


    Chahla Chafiq

    Etudiante et militante de gauche lors de la révolution iranienne de 1979, Chahla Chafiq s'exile en France après trois ans de pouvoir islamiste.

    Elle est écrivain et sociologue.

    Elle a notamment publié :

    Islam politique, sexe et genre. A la lumière de l'expérience iranienne (PUF, 2011),
    Chemins et brouillard (Métropolis, 2005),
    Le Nouvel Homme islamiste-Les prisons politiques en Iran (Ed. Le Félin, 2002),
    Femmes sous le voile face à la loi islamique (Ed. Le Félin, 1995).

    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2013/03/09/un-feminisme-islamique_1845619_3232.html?xtmc=chahla_chafiq&xtcr=1

  • L'Islande songe à interdire la pornographie diffusée sur Internet

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    L'Islande pourrait devenir le premier pays occidental à bloquer cette pollution par crainte de ses effets sur les enfants.

    Tanith Carey, Daily Mail (R.-U.), 13 février 2013

    L'Islande pourrait devenir la première démocratie occidentale à bloquer toute diffusion de pornographie sur Internet en vertu de nouvelles propositions radicales.

    Des craintes concernant les effets néfastes de la pornographie sur les jeunes ont conduit le gouvernement à préparer des mesures juridiques pour tenter d'arrêter le flot de contenus à caractère sexuel qui atteignent les côtes de l’Islande.

    Le ministre de l'Intérieur Ögmundur Jónasson a créé des groupes de travail pour trouver les meilleurs moyens d'endiguer le flot d'images et de vidéos pornographiques en ligne auxquels les jeunes accèdent au moyen d’ordinateurs, de consoles de jeux et de téléphones «intelligents».

    L’étude consacrée au problème par le gouvernement islandais a indiqué que les enfants exposé-es à de la pornographie violente à un âge précoce présentaient des signes de traumatismes similaires à ceux des enfants ayant été physiquement molesté-es.

    Les méthodes à l'étude comprennent le blocage des adresses IP porno et le fait de rendre illégale d'utilisation des cartes de crédit islandaises pour accéder à des sites pornographiques.

    Une loi interdisant la production et la distribution de pornographie est en place depuis longtemps dans ce pays nordique, mais il reste à la mettre à jour afin de couvrir l'Internet.

    Madame Johanna Sigurðardottir, Première ministre de l'Islande

    Il y a deux ans, le Parlement islandais, dirigé depuis février 2009 par une Première ministre, Madame Johanna Sigurðardottir, a réussi à faire fermer tous les clubs de danse nue au motif que ces endroits violaient les droits civils des femmes qui y travaillaient et étaient nuisibles à la société.

    Cet argument – que la porno viole les droits des femmes qui y figurent ainsi que ceux des enfants qui y sont exposé-es – est la pierre angulaire des nouvelles propositions présentement discutées.

    C’est en 2010 qu’on a sonné l’alarme au sujet des effets nocifs du sexe véhiculé par I’Internet, lorsque le gouvernement a lancé un vaste processus de consultation sur le traitement des affaires de viol par le système de justice.

    Cette enquête a donné lieu à une nouvelle consultation à propos de la pornographie, où l’on a entendu des enseignant-es, des agents de police et des organisations qui interviennent auprès d’enfants victimes de violence.

    Conclusion de ce processus : la nature extrêmement violente du matériel aujourd’hui disponible gratuitement sur le web accroissait l'intensité des agressions sexuelles commises en Islande.

    L’étude a également constaté que les enfants exposé-es à la pornographie violente dès leur  jeune âge montraient des signes similaires à ceux de traumatismes subis par des jeunes réellement molesté-es.

    Ces signes comprenaient notamment un isolement croissant et la répétition sur de plus jeunes membres de leur famille ou d'autres enfants des actes visionnés en ligne.

    Pour M. Jónasson, du parti des Verts (gauche), la sécurité des enfants doit être «une priorité».

    Il assure que le filtrage de la porno n'est pas une question de censure, ajoutant : 

    « Nous devons être en mesure de discuter d’un bannissement de la pornographie violente, dont nous reconnaissons toutes et tous qu’elle a des effets très néfastes sur les jeunes et qu’elle peut avoir un lien évident avec l'incidence de crimes violents. »

    Madame Halla Gunnarsdóttir

    Halla Gunnarsdóttir, conseillère politique du ministre de l'Intérieur, a déclaré que le consensus auquel sont arrivés les experts du monde de l'éducation, les services chargés de l’application des lois et d'autres organismes quant à l’adoption de mesures efficaces la rendait optimiste que ces propositions prendraient force de loi, même si une élection générale aura lieu en avril.

    « Il existe un fort consensus en Islande », a-t-elle dit.

    « Comme cette initiative est soutenue par une foule de spécialistes, allant de spécialistes de l’éducation aux autorités policières et à des intervenants pédagogiques, elle a pris beaucoup plus d’ampleur qu’une simple politique d’affrontement de partis.

    « En ce moment, nous cherchons les meilleurs moyens techniques pour y parvenir. Mais il est clair que si nous pouvons envoyer un homme sur la Lune, nous devons être en mesure de maîtriser la pornographie sur Internet. »

    • Le blocage de la porno en ligne est «compromis», alors que des documents divulgués montrent un «recul» du gouvernement sur cette initiative (http://bit.ly/W8Es22)
    • Les banques pourraient bloquer les paiements de sites pornos: On réclame des sanctions contre les entreprises qui refusent de protéger les enfants. (http://bit.ly/Y82Le0) 

    « Cette décision n'est pas anti-sexe. Elle est anti-violence, parce que de jeunes enfants voient de la pornographie et l’agissent. C'est à ce point que nous traçons la limite.

    « Ce matériau brouille pour les jeunes les distinctions entre ce qui est bien et mal.

    « Il n'est plus acceptable de continuer à blâmer les parents pour le fait que les enfants voient en ligne des scènes de sexualité explicite, a ajouté Mme Gunnarsdóttir.

    « Les parents ne sont pas les seuls responsables de la protection de nos jeunes. Ils et elles ne peuvent pas rester constamment auprès de leurs enfants tout le temps et l'industrie de la porno multiplie les efforts pour approcher les enfants.

    « Le temps est fini où les enfants n’utilisaient les ordinateurs qu’à la maison. Ils et elles ont accès à l'Internet dans de nombreux endroits, de bien des façons, y compris par des téléphones intelligents. Nous disons que la protection de nos enfants est une tâche pour l’ensemble de la société. »

    L'Islande, qui se dit la plus ancienne démocratie parlementaire au monde, affiche une population de 319 000 personnes, soit un peu moins que celle de Laval.

    Il s'agit de la deuxième plus grande île d'Europe après la Grande-Bretagne, et sa position relativement isolée à la périphérie occidentale de l'Europe, juste en dessous du cercle polaire arctique, pourrait faciliter la mise en œuvre des mesures envisagées.

    Ces mesures intéresseront sans doute le Premier ministre britannique David Cameron, qui a déclaré trouver « tout à fait déplorable » que tant d'enfants au Royaume-Uni aient déjà été exposés aux « plus sombres recoins » de l'Internet, un sentiment partagé par Diane Abbott, du Labour Party.

    Le Daily Mail a également fait campagne pour un blocage automatique de la pornographie en ligne, qui signifierait que les clients devraient opter explicitement pour l'accès à ces images.

    Tout comme en Islande, des commentaires récents des principaux députés du Labour Party, comme Diane Abbott, suggèrent l’émergence d’un consensus politique sur la nécessité de solutions radicale pour faire face à l’emprise croissante de la pornographie sur l’enfance.

    Alors que des pays comme la Chine ont également essayé d'éradiquer la pornographie véhiculée par Internet sur leur territoire, le cas de l’Islande reflète la première tentative en ce sens d’un pays démocratique occidental.

    Un des livres de référence du mouvement "Stop Porn Culture", avec "Pornography: Men Possessing Women" d'Andrea Dworkin, dont le début figure dans "Pouvoir et violence sexiste" (Éd. Sisyphe, Montréal, 2007)

    La professeure Gail Dines, auteure de Pornland et autorité mondiale en matière de pornographie, est venue récemment donner une conférence sur la question à l'Université de Reykjavik.

    Selon elle, « l'Islande a adopté une approche très progressive que n’a tentée aucun autre pays démocratique.

    « Elle examine la pornographie à partir d'une nouvelle perspective : celle du tort qu'elle fait aux femmes qui y figurent et d’une violation de leurs droits civiques.

    « Elle étudie également la porno du point de vue des enfants qui voient leur sexualité détournée à un très jeune âge par une imagerie sexuelle brutale. »

    Source : http://www.dailymail.co.uk/news/article-2277769/Icelands-bid-ban-web-porn.html # ixzz2KkdilYQT

  • Retour sur une héroïne : Beata Sirota Gordon (1923 - 2012)

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    A Beate, les Japonaises reconnaissantes

    LE MONDE | Par Philippe Pons (Lettre d'Asie)

    Une femme à laquelle les Japonaises doivent beaucoup vient de s'éteindre à New York : l'Américaine Beate Sirota Gordon, âgée de 89 ans.

    C'est elle qui rédigea, à 22 ans, le projet d'article de la Constitution japonaise de 1947 sur les droits des femmes et la parité.

    C'était au lendemain de la défaite japonaise d'août 1945.

    Sous la houlette du général Douglas MacArthur, commandant des forces d'occupation, les Etats-Unis avaient décidé de démocratiser le Japon, et Beate Sirota Gordon faisait partie du sous-comité des droits civiques.

    Extraordinaire destinée que celle de cette femme dans laquelle se mêlent hasards et drames.

    Alors que la droite japonaise, derrière le premier ministre, Shinzo Abe, appelle aujourd'hui à une révision de la Constitution "écrite par les Américains", la mort de Beate Sirota Gordon invite à prendre conscience, un demi-siècle plus tard, de l'enracinement dans la mentalité japonaise des valeurs dites "importées" inscrites dans la Loi fondamentale (pacifisme, égalité des droits).

    "Jamais Beate Sirota Gordon ne pensa qu'elle allait apprendre quelque chose aux Japonais, souligne l'historien John Dower, auteur de Embracing Defeat : Japan in the Wake of World War II (W. W. Norton, 1999), mais simplement qu'elle contribuait à la fondation d'une société moins oppressive."

    Comme celle-ci le raconta plus tard dans ses Mémoires (The Only Woman in the Room, éd. Kodansha International, 2001), un jour, le colonel Pieter Roest, responsable de ce sous-comité, lui avait lancé au cours d'une réunion :

    "Vous êtes une femme. Pourquoi n'écririez-vous pas la section sur le droit des femmes ?"

    Une chance extraordinaire pour la jeune femme, ni juriste ni constitutionnaliste, qui allait contribuer à changer en profondeur la société japonaise.

    Tout aussi extraordinaire était le fait que Beate Sirota Gordon fut présente dans le staff de Douglas MacArthur.

    Née à Vienne en 1923 de parents juifs russes émigrés, elle avait pour père Leo Sirota, un pianiste de renom qui fut invité à l'Académie de musique de Tokyo en 1929.

    Il devait y séjourner pour six mois.

    En fait, le couple et la jeune Beate y trouvèrent refuge et y vécurent plus d'une dizaine d'années.

    Ses parents envoyèrent leur fille dans une école allemande puis, pour la soustraire à l'endoctrinement nazi, dans une école américaine.

    A 16 ans, elle partit aux Etats-Unis pour poursuivre ses études.

    Deux ans plus tard, à la suite de l'attaque japonaise sur Pearl Harbor de décembre 1941, elle perdit contact avec ses parents restés dans l'Archipel.

    Sans argent mais parlant anglais, japonais, allemand et russe, elle travailla pour le United States Office of War Information à San Francisco à décrypter les émissions de radio japonaise.

    Devenue citoyenne américaine en janvier 1945, elle postula pour devenir interprète de l'armée d'occupation au Japon, afin de partir à la recherche de ses parents.

    Elle les retrouva dans un camp d'internement à Karuizawa (au nord de Tokyo) où étaient rassemblés les étrangers à la fin de la guerre.

    La rédaction d'un projet de Constitution, qui serait ensuite traduite en japonais, avait commencé dès février 1946.

    Beate Sirota, de culture européenne et américaine mais qui connaissait la situation des femmes au Japon avant-guerre, était particulièrement sensible aux questions de discrimination et de répression.

    Elle allait rédiger les deux articles concernant les droits des femmes qui, jusqu'alors, en avaient été privées, en dépit du combat mené par une poignée de Japonaises.

    La nouvelle Constitution entra en vigueur en 1947. L'année suivante, elle retournait aux Etats-Unis et épousait un interprète des forces d'occupation, Joseph Gordon, également un grand japonisant.

    Et au cours des décennies suivantes, elle s'employa, à la Japan Society puis à l'Asia Society de New York, à faire connaître les arts asiatiques aux Etats-Unis.

    Jusqu'en 1995, elle garda le silence sur son rôle dans l'élaboration de la Constitution : pas plus les Américains que les Japonais ne souhaitaient ébruiter le fait qu'une "gamine" avait joué un si grand rôle dans son élaboration.

    Puis, à la suite de la célébration du cinquantième anniversaire de la fin de la guerre du Pacifique, Beate Sirota Gordon sortit de l'ombre.

    Décorée en 1998 de l'ordre du Trésor sacré, la plus haute distinction nipponne, elle est restée, pour les Japonaises, une héroïne de leur émancipation.

    Au cours des dernières années, Beate Sirota Gordon s'est élevée plusieurs fois contre les tentatives de la droite japonaise de réviser l'article 9 de la Constitution (interdisant le recours à la guerre).

    "Cette Constitution est un modèle par son pacifisme et toute marche arrière serait une grande perte pour le Japon comme le reste du monde", a-t-elle ainsi déclaré dans son dernier entretien au quotidien Asahi, il y a quelques mois.

    Dans un livre à paraître prochainement, Leo Sirota's Daughter, Nassrine Azimi et Michel Wasserman, qui ont longuement interviewé Beate Sirota Gordon, retracent l'extraordinaire odyssée culturelle et politique de ces deux "passeurs" que furent le père et la fille : le musicien contribua à faire mieux connaître au Japon la musique classique, et la fille apporta à l'Archipel une conception occidentale de la femme.

    En retour, après l'épisode constitutionnel, Beate Sirota Gordon s'employa à faire connaître les arts asiatiques aux Etats-Unis.

    Deux vies consacrées à tisser des liens qui rappellent "la tragédie et la grandeur du XXe siècle", écrit Michel Wasserman.

    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2013/01/04/a-beate-les-japonaises-reconnaissantes_1812921_3232.html

  • Bartabas, proxénète des animaux, expert en boucherie chevaline et tauromachie

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    Tout le monde connaît Bartabas et son spectacle Zingaro...

    Tout le monde sait que Clément Marty (alias Bartabas) excelle dans l'art équestre mais on vient d'apprendre que Bart'tabasse est aussi un expert en boucherie chevaline et en tauromachie.

    Ça choque celui qui pourrait croire que l'exploitation des animaux, que ce soit pour le cirque dit art ou l'alimentation dite gastronomique, passe par les bons sentiments.

    Ce monde amer et déçu n'a pas encore tordu le coup à la crédulité populaire.

    Lors d'un récent dialogue entre le susdit Bartabas, qui se veut culte, et des étudiants de l'Université Diderot, nous avons pu entendre de la bouche de Clément Marty (alias Bartabas), cow-boy de Courbevoie, de stupéfiantes déclarations.

    Dans son double discours, l'exégète de la cavalerie montre une grande suffisance qui prouve aussi sa gêne à l'heure du grand déballage.

    http://www.youtube.com/watch?v=PzLjv1-lrww&feature=youtu.be

    L'écuyer mange donc de la viande de cheval.

    Le prétendu ami de la plus noble conquête de l'homme (expression éminemment spéciste !) est aussi un aficionado de première et prétend que les taureaux sont hystériques.

    Un cheval serait fait pour être éventré, puis recousu..., déclare-t-il...

    Le pire de tout, je crois, c'est cette réflexion à propos du cheval éventré :"et qui est-ce qui l'a recousu ?"

    Cette contrition est sans doute la plus terrifiante.

    Elle renvoie à l'écoféminisme : l'animal victime de l'homme en appelle à la femme victime de l'homme.

    Si ce type défendait les outrages faits à la femme, après un viol, pourrait-il dire : "et qui est-ce qui l'a recousue ?".

    Ou après une infibulation : "et qui est-ce qui l'a décousue ?".

    On mesure ainsi la démence de la pensée... bartabasienne.

    "La violence présente dans la nature ne doit pas servir de justification à celle des hommes. Au contraire , l'homme en tant qu'être moral a un devoir supplémentaire face à cette réalité ." Théodore Monod

    "Quelqu’un qui s’est habitué à considérer la vie de n’importe quelle créature vivante comme sans valeur, finit par penser qu’une vie humaine ne vaut rien."
    Albert Schweitzer

    Comment peut-on aimer les chevaux et en manger ?

    La corrida de l'art ?

    Désormais considéré comme un bateleur de foire, la notoriété de l'entrepreneur de spectacles en prend un sacré coup.

    Mais peu lui chaut, sa fortune - colossale - est faite.

    Faite sur le dos des chevaux, c'est le cas de le dire.

    Pauvres, pauvres, pauvres chevaux !

    Toujours un camion, en avion, sous des chapiteaux de par le monde, jamais d'herbe fraîche, jamais d'étoiles, jamais de liberté...

    Seulement subir, obéir, obéir, subir...

    Il faut espérer que, sous la pression des associations, un proxénète des animaux à la renommée usurpée sera mis au plus vite hors d'état de nuire.

    Et qu'à défaut d'un vétérinaire, un bon psy saura recoudre l'esprit tordu d'un tortionnaire qui, il faut lui pardonner, semble avoir un pois chiche à la place de son cervelet de dompteur.
     
    Michel Tarrier
    Écologue, écosophe, essayiste
  • "Domestication, aliénation et civilisation", entrevue avec Layla AbdelRahim

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    Domestication, aliénation et civilisation (partie 1)

    Comprendre la base violente et civilisatrice qui mène à notre domestication, de l’ontologie civilisatrice à l’ontologie sauvage

    by Média Recherche Action Dominion Stories

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    Première partie d’une entrevue avec Layla AbdelRahim sur les concepts civilisateurs de l’homo sapiens moderne qui se conçoit à la fois comme ressource et comme prédateur.

    Quel rôle devrait-on occuper afin que la communauté de vie dont nous faisons partie soit viable ?

    Sujets abordés lors de l’entrevue :

    Première partie

    1. Expériences marquantes de son enfance passée en Russie et au Soudan (00:00 à 08:20)
    2. L’acquisition et la transmission de l’information culturelle (Pierre Bourdieu avec l’habitus et Richard Dawkins avec le concept de mème) (08:20  à 14:47)
    3. La civilisation est fondée ontologiquement dans la violence qui en est son premier concept. (John Zerzan et l’aliénation du réel par le langage) (14:47 à 19:49)
    4. Le moment d’aliénation selon Layla commence où nous avons décidé de nous construire comme prédateur, comme consommateur de la vie des autres. (19:59 à 42:13)
      1. La conception de ressource, tout devient une ressource y compris nous-mêmes et la conception de viol qui y est liée  (27:22 à 37:57)
        1. La surpopulation causée par la pression du premier monde qui ne peut se résoudre avec la conception de ressource (30:42 à 37:57)
      2. Réapprendre sa place parmi la communauté de vie (37:58 à 42:13)

    Deuxième partie

    1. La domestication engendre la civilisation et la reproduit (00:00 à 15:49)
      1. La civilisation est basée sur une mentalité de la pauvreté (Marshall David Sahlins, Stone Age Economics) (04:31 à 05:59)
      2. Le développement technologique, particulièrement dans le domaine de la santé, ne sert qu’à nous maintenir dans notre rôle de ressource et ne bénéficie qu’à la classe riche. (05:59 à 15:49)
        1. (Les villes, des centres de parasitisme (08:40 à 10:09))
    2. Une épistémologie sauvage basée sur une ontologie sauvage (15:49 à 22:33)
      1. La manipulation de la représentation de l’état de nature dictée par la pensée civilisatrice (18:11 à 22:33)

    Troisième partie

    1. Les luttes basées sur l’humanisme européen échouent lorsqu’elles ne remettent pas en question la création même de l’humanisme comme base aliénante du vivant (00:00 à 07:27)
      1. Dépasser les revendications orientées vers les frais de scolarité et remettre en question l’existence de ces institutions qui participent à notre domestication (01:42 à 03:40)
      2. Se poser la question « Qu’est-ce que c’est que d’être humain dans notre monde ? » nous dispose  à remettre en question notre relation au vivant. (03:40 à 05:24)
    2. Toute ethnie confondue, nous avons de la difficulté à nous concevoir hors de l’humanisme comme faisant partie des besoins des autres « humains-animaux ». (07:27 à 09:15) (Speciesism, Racism and Sexism Intertwined, Nekeisha Alexis-Baker; 07:51)
      1. Le spécisme devient la base d’une pensée qui divise et construit l’ « autre » ainsi que son oppression.  (08:11 à 09:15)
    3. Expériences actuelles qui vont à l’encontre de notre société domestiquée (09:30 à 11 :35) Expériences personnelles avec le système d’éducation et le choix de ne pas domestiquer sa fille par l’école (11:35 à 18:31)
      1. Film (en plusieurs parties): anOther story of progress (09:30 à 09:51; 11:18 à 11:35)
      2. Front de libération animale (ALF), Front de libération de la Terre (ELF) (09:51 à 10:50)
    4. Expériences personnelles avec le système d’éducation et le choix de ne pas domestiquer sa fille par l’école (11:35 à 18:31)
    5. Son expérience avec la maternité dans un contexte contraint par la croissance capitaliste postsoviétique (18:31 à 25:13)
      1. (Lasse Nordlund)
      2. Anecdote avec sa fille (23:55 à 25:13)
    6. Permettre une participation active de l’enfant à sa propre éducation et le développement de son empathie (25:13 à 30:24) La sémiologie de l’image des publicités pour l’allaitement témoigne de la hiérarchie raciste et civilisatrice qu’elle entretient (30:24 à 31:55)
      1. Mettre un enfant au monde pour sa propre raison d’être (28 :07 à 29:34)
    7. La sémiologie de l’image des publicités pour l’allaitement témoigne de la hiérarchie raciste et civilisatrice qu’elle entretient (30:24 à 31:55)
    8. L’importance de se déciviliser avant même une grossesse pour ne pas perpétuer la domestication. Qu’est-ce que c’est que de redevenir sauvage ? (31:55 à 42:10) Apprendre par l’empathie en étant en contact avec le vivant (42:10 à 45:28)
      1. La médicalisation du processus d’enfantement revient à gérer la venue d’une nouvelle ressource (35:26 à 39:10)
    9. Apprendre par l’empathie en étant en contact avec le vivant (42:10 à 45:28)
    10. L’importance de résister à la scolarisation (45:28 à 52:25)
      1. (Livre: Wild Children – Domesticated Dreams: Civilization and the Birth of Education, 46:55)
      2. Homeschooling et unschooling(50:32 à 52:25)
        1. Maria Montessori et le concept de fenêtre, moment au cours duquel l’enfant a une ouverture à apprendre sur un sujet particulier.   (51:31 à 52:25)

    Quatrième partie

    1. La domestication limite notre apprentissage et nous détruit physiquement et émotionnellement. (00:00 à 06:20)
      1. Arshavsky et Ukhtomsky, physiologistes russes (00:00 à 00:34 ; 01:53 à 04:05)
      2. Pierre Alexeiévitch Kropotkine, naturaliste qui lie la science de l’évolution et l’anarchisme (L’Entraide, un facteur de l’évolution) (00:34 à 01:53)
    2. Des exemples concrets des principes du « unschooling » et le moment où sa fille prend connaissance de l’existence de la guerre. (06:25 à 18:01)
      1. Un des principes du « unschooling » est d’être sur le terrain pour avoir un contact sensible avec le sujet que nous voulons connaître. Pour apprendre ce qu’est la guerre, elles ont fait un voyage où le conflit serbo-croate a eu lieu. (12:05 à 15:31)
      2.  Il y a une certaine arrogance des gens qui connaissaient une réalité par un récit, alors qu’ils n’ont pas acquis la connaissance sensible. (15:31 à 17:21)
    3. La littérature pour enfants cache les perspectives des auteurs sur la vie et sur leurs relations dans le monde. Layla examine les perspectives sauvages et de domestication qui forment les ontologies des Moumines de Tove Jansson (représentant le monde sauvage), de Dunno dans Mites of Flower Town de Nikolai Nosov (basé sur des postulats anarcho-socialistes), et de Winnie l’ourson dans la Forêt des Rêves bleus par Alan Alexandre Milne (basé sur les principes civilisationnel, monarchiste et capitaliste) dans Genealogies of Wilderness and Domestication in Children’s Narratives: Understanding Genesis and Genetics in the Untangling of Identity (18:01 à 27:29) Comment nous pouvons nous impliquer, en ce moment, au Québec, en défendant ces valeurs ? (34:58 à 38:04)
      1. Au-delà des luttes qui revendiquent plus de domestication, l’idée derrière tout ça est une transformation qui englobe le vivant dans son ensemble. (27:29 à 31:52 )
        1. (Livre: Wild Children – Domesticated Dreams: Civilization and the Birth of Education, 30:30)
      2. L’anarcho-primitivisme pour Layla est basé sur le dualisme parce que cette position ne peut exister qu’en présence de l’ordre auquel elle résiste. Dépassé ce dualisme, c’est la vie sauvage. (31:52 à 34:58)
    4. Comment nous pouvons nous impliquer, en ce moment, au Québec, en défendant ces valeurs ? (34:58 à 38:04)
    5. Rompre avec la domestication (38:04 à 43:15)
    6.   Dépendance à la technologie et parasitisme (43:15 à 50:37)
      1. Films : anOther story of progress, Surplus (45:46 à 46:46)
      2. La plus grande révolution est de se libérer de cette praxis dont nous avons hérité (47:23 à 50:37)

    Pour plus d’information, voici le site internet de Layla AbdelRahim : http://layla.miltsov.org/

    http://montreal.mediacoop.ca/audio/domestication-ali%C3%A9nation-et-civilisation-partie-1/12423

  • "Right-Wing Women" (1983) d’Andrea Dworkin, enfin traduit en français

    http://www.editions-rm.ca/admin/sites/default/files/imagecache/265_px_wide/c1_femmes-de-droite_petite.gif

    Les Femmes de droite

    Traduction de Martin Dufresne et Michele Briand

    Préface de Christine Delphy

    Postface de Frédérick Gagnon

    Militante féministe, Andrea Dworkin a voulu comprendre pourquoi des femmes rejettent le féminisme et n'hésitent pas à se montrer racistes et homophobes.

    Comment expliquer cet apparent paradoxe ?

    Dans un contexte où les femmes sont subordonnées aux hommes, les femmes de droite concluent ce qui leur paraît le marché le plus avantageux : en échange de leur conformité aux rôles traditionnels, la droite leur promet la sécurité, le respect, l’amour.

    Elles font donc le pari qu’il est préférable de prendre le parti du patriarcat plutôt que de combattre ce système dont la violence est trop souvent meurtrière.

    Mais la droite et l’antiféminisme se fondent sur le mépris des femmes et encouragent l’exploitation de leur sexualité : 

    « Ce que font les femmes de droite pour survivre au système de classes de sexe ne signifie pas qu’elles y survivront : si elles sont tuées, ce sera probablement aux mains de leur mari. »

    Une réflexion brutale et sans concession, qui appelle à la révolte féministe.

    Andrea Dworkin

    Andrea Dworkin (1946-2005) est une auteure féministe radicale américaine.

    Militante pacifiste et anarchiste dans les années 1960, elle a publié une douzaine de livres (des essais et de la fiction), traduits en plus de quinze langues.

    Durant les années 1980, elle se fit connaître en tant que porte-parole du mouvement féministe antipornographie, et pour ses écrits sur la pornographie et la sexualité, dont les célèbres ouvrages théoriques Pornography et Intercourse.

    Les Femmes de droite
    ISBN : 978-2-89091-350-9

    2012
    266 pages

    Les Femmes de droite sera diffusé en France au printemps, par la Maison du Québec à Paris.

    http://www.editions-rm.ca/livre.php?id=1436