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GHOST DOG - Blog végan abolitionniste, féministe universaliste, iconoclaste - Page 157

  • L'histoire de Britches

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    THE STORY OF BRITCHES AS TOLD BY A BRITISH SCIENTIST WHO WAS ONCE A WITNESS TO ANIMAL EXPERIMENTATION

    The second case concerned Britches, a newborn stumptail macaque monkey. Ungainly, with large sticky-out ears, he was nevertheless beautiful. Like any other baby macaque, he would have had huge round eyes and would have spent the early months, even years of his life clinging to his mother. Neither of those things applied to Britches because immediately after birth at the University of California’s research centre at Riverside, Los Angeles, in 1985, he was removed from his mother and his eyelids were stitched together.

    The stitches which blinded him were not even the neat, surgical sutures of experience but huge crude stitches with thick twine, the stitches of indifference, the equivalent of stitching a human’s eyes with string.

    So desperate was this little creature for comfort that he would cling on to and hug anything placed in his cage - a blanket, a small cuddly toy, anything. But, deprived of all comfort, all maternal care, and kept in a sterile and barren cage without stimulation, he was mostly allowed only a padded cylinder to cling to.

    Watching one animal inflict such intense suffering on another, particularly one so innocent and uncomprehending is, undoubtedly, the worst sight I have ever seen in my life. And the reason for this experiment? To determine the effect of blindness on children. The vivisectors at the University of California excused their use of the monkey by saying that the daily routine of children’s lives made it too difficult to work with them.

    What type of mind could have conceived of this and, perhaps more importantly, could have carried it out?

    The wide-ranging work I did on vivisection led me to conclude that most vivisectors fall into one of two categories. To the first, all that matters is cause and effect. They have absolutely no concept of suffering and no conscience about what they do. They storm into the laboratory, administer the injections or shocks or force feeding, storm out again and await the results. They are, in its truest interpretation, the psychopaths of science.

    The second type is the sadist. We have been brought up with a belief, repeated and reinforced every time a vivisector talks about their work, that they partake in it unwillingly and in our best interests. It’s nonsense. Many of these people obviously get a buzz out of the torture they administer and the name of the game is power. There is not a shadow of doubt in my mind that they would do these same things to humans without a second thought if it were given legitimacy. There was no shortage of scientists and doctors eager to carry out unspeakable experiments on humans at Buchenwald and other concentration camps. Perhaps even more frightening, there were almost no lengths to which British and US security forces would not go in order to spirit these people out of Germany at the end of the war and save them from trial in order to have access to their knowledge. This sadistic breed of scientists did not suddenly appear from nowhere and live only in Nazi Germany. They exist everywhere."

    The story of Britches has a happier ending than most vivisection victims. He was released from his misery when still a young baby, the stitches removed from his eyes and the long and painful process of trying to repair the acute psychological damage undertaken. It would be nice to think that this compassionate response was initiated by the vivisectors responsible for his pain - but it wasn’t. It was made possible only because the Animal Liberation Front (ALF) broke into the laboratories and released him, finding a loving and caring refuge where he would be safe.

    It’s quite difficult for me when asked by journalists about my views on the ALF. The question is usually posed in conjunction with alleged ALF violence against humans and I know that any vaguely supportive response will be used as a stick with which to beat me and my organization, particularly as I work so much with young people. Of course I don’t support any action that endangers human life or safety. But when I look at footage of Britches’ abysmal life at the hands of his vivisectors and then a few months after his rescue, my heart goes out to those who were brave enough to risk their own liberty to release him from such a squalid existence.

    http://www.animalliberationfront.com/

  • Helmut F. Kaplan : "Les amis des animaux doivent devenir végétariens."

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    Peter Singer et Helmut Kaplan

    « Les animaux sont mes amis… et je ne mange pas mes amis », disait George Bernard Shaw. Non seulement ça semble logique, mais c’est logique ; ça ne signifie ni plus ni moins que la chose suivante : les amis des animaux doivent devenir végétariens ! Souvent, on entend cette objection : « Ne pas manger de viande est sans doute un bon principe. Mais, si l’individu que je suis deviens végétarien, cela ne changera pas le cours des choses ; cela n’aura aucun impact. » Celui qui dit ça devrait songer aux remarques qui suivent :

    Chaque jour, des milliers d’êtres humains sont assassinés de par le monde. Cela ne changerait donc fondamentalement pas grand-chose si j’en assassinais un de plus. Pourtant, ce n’est ni notre manière de penser ni notre manière d’agir.

    L’industrie de la viande n’est pas le seul domaine où se produisent des choses que nous condamnons sans que nous puissions dans le moment influer directement sur elles. C’était le cas par exemple à l’époque de la course aux armements. Qu’ont fait les gens qui s’opposaient à cela ? Ils ont manifesté. Devenir végétarien est aussi une manière de manifester. En devenant végétarien, on manifeste que l’on trouve injuste de torturer et de tuer des êtres sensibles dans un objectif aussi futile que nos goûts culinaires.

    Qui plus est, le végétarisme n’est pas n’importe quelle manière de manifester ; c’est la plus essentielle et la plus urgente qui soit. On ne peut convaincre personne du bien-fondé de quelque chose que l‘on ne met pas soi-même en pratique. Aucun des mouvements contre l’injustice et l’oppression, par exemple contre l’esclavage, le racisme ou le sexisme, n’aurait pris corps ni encore moins triomphé si les militants avaient attendu d’être certains de la victoire avant de s’engager.

    Après chaque grand crime de l’histoire de l’humanité, les gens impliqués se sont justifiés rétrospectivement de la manière suivante : « Seul, que pouvais-je faire ? Ça ne dépendait pas de moi. » Et si, justement, ça dépend de chaque individu. Tant qu’on ne devient pas un élément constituant de la résolution d’un problème, on reste partie intégrante de ce problème. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne la consommation de viande. Que l’on se représente quelle différence il y a entre une vie de mangeur de viande et une vie de végétarien ! Concrètement parlant, les consommateurs de viande sont responsables de la mort de six moutons, huit vaches, vingt-cinq lapins, trente-trois cochons, trois cent quatre-vingt-dix poissons, sept cent vingt poules et maints autres animaux. C’est en effet le nombre d’animaux que les êtres humains mangent en moyenne durant leur vie.

    Mais chacun a le pouvoir d’arrêter à tout moment de participer à ce massacre envers les animaux. Chacun a le pouvoir de cesser immédiatement de participer à cette guerre contre ces êtres innocents et sans défense.

    Extrait du livre le plus récent de Helmut F. Kaplan, Der Verrat des Menschen an den Tieren (La Trahisondes hommes envers les animaux), Vegi-Verlag, ISBN 3-909067-06-9, 260 pages, 15 E chez l'Association Suisse pour le Végétarisme (AVS) asv@vegetarisme.ch - www.vegetarisme.ch

    http://www.evana.org/index.php?id=15973&lang=fr

  • Robert Redeker : "L'islamophobie, l'arme des islamistes contre la laïcité" (La Dépêche du Midi)

    http://www.guibord.com/Democracy/files-images/La_Liberte_guidant_le_peuple.jpg

    Un néologisme vient de se tailler une place, de façon fracassante, sur notre scène politique : " islamophobie ".

    Ce mot, proche, phonétiquement, de " xénophobie ", est autant destiné à faire peur - en évoquant, de manière subliminale, la haine, les persécutions, les discriminations - qu'à culpabiliser.

    Quelques-uns voudraient le voir devenir synonyme de " racisme " et symétrique d'" antisémitisme ", deux monstres qui ne dorment que d'un œil.

    Son usage, pourtant, est-il en adéquation avec la double exigence républicaine : sauvegarder la laïcité et combattre le racisme ?

    N'engendre-t-il pas des amalgames aux résultats ruineux pour la République, ses valeurs et son héritage ?

    Une enquête, réalisée par Caroline Fourest et Fiammetta Verner dans leur livre Tirs croisés [1], sur ses origines et son histoire, réserve des surprises, donnant à voir les intentions de ses concepteurs.

    Il n'est pas innocent que le vocable d'" islamophobie " ait été forgé initialement (dans les années 1970) par des islamistes radicaux s'attaquant aux féministes.

    La guerre contre les femmes est le berceau de ce terme ; ainsi, Kate Millet, célèbre militante du mouvement de l'émancipation féminine, fut violemment insultée, puis traitée d'islamophobe pour avoir incité les iraniennes au refus de porter le voile.

    C'est à nouveau autour de la question de l'apartheid des femmes - foulard à l'école, dans des institutions, dans la rue, auto-ségrégation dans des piscines - que se concentre la crispation, et que l'accusation d'islamophobie menace quiconque s'élève contre la tentative d'officialisation de cet apartheid.

    Dans les années 1990 le terme d'" islamophobie " a été diffusé plus largement par les islamistes londoniens dans le cadre des campagnes anti-Rushdie.

    L'écrivain et les défenseurs de la liberté de penser et de publier se trouvaient accusés du crime d'islamophobie tout en étant menacés de mort.

    Le concept d' " islamophobie " est originairement une arme forgée par les islamistes dans le but d'imposer leur vision totalitaire du monde.

    Il plonge ses racines dans le plus sordide obscurantisme. Au départ, " islamophobie " était donc un mot de combat - et chacun se souvient de la formule du poète révolutionnaire Maïakovski, " les mots sont des balles " !

    En le réutilisant naïvement, de sincères amis de la liberté se placent sur le terrain de ses adversaires.

    Peut-on, comme le souhaitent les islamistes, identifier l'islamophobie avec un racisme et l'équivaloir avec l'antisémitisme ?

    L'amalgame entre l'islamophobie et le racisme est destiné à se retourner contre toute critique de la religion, si importante dans notre culture depuis Bayle et Voltaire, si importante aussi dans l'élaboration de l'idée républicaine.

    Est-il " raciste " de refuser les exactions qui se pratiquent, de la Mauritanie jusqu'au Pakistan, au nom de l'islam ?

    De refuser la charia, les lapidations, les mutilations, l'esclavage (encore vivace dans des sociétés musulmanes), la criminalisation de l'homosexualité, le statut inférieur des femmes, etc ?

    Est-il raciste de rappeler que dans aucun pays musulman les droits de l'homme ne sont à l'honneur, pas plus d'ailleurs que la démocratie ?

    Est-il raciste d'estimer que des centaines de millions d'êtres humains vivent quotidiennement sous le joug imposé par cette religion ?

    Est-il raciste de s'inquiéter des exigences, dans notre société, d'une religion qui a aussi peu fait la preuve de sa capacité à intérioriser les valeurs issues des Lumières ?

    Est-il raciste de se poser la question: un islam à visage humain est-il possible, comme on se demandait naguère si un socialisme à visage humain est possible ?

    Si le racisme (par exemple: l'arabophobie) est absolument condamnable, le combat contre les empiétements du religieux sur la vie civique, combat dont sont issues les valeurs républicaines, ne l'est aucunement.

    L'islam est une religion - un ensemble d'idées, de mythes, de superstitions et de rites - pas une " race " (si ce mot a un sens) ni une ethnie.

    Il existe des musulmans de tous les types humains ; cette religion, semblablement au christianisme, vise à l'universalité.

    Etant une religion, l'islam est aussi une idéologie, comme le communisme et le libéralisme.

    Doit-on condamner l'antilibéralisme ou l'anticommunisme, le refus de leurs idéologies et de l'organisation du monde qu'elles impliquent, comme s'il s'agissait de racisme ?

    L'attitude accusée d'islamophobie n'est pas du racisme, dans la mesure où, loin d'être la haine de tel ou tel peuple, elle est le refus véhément de ce que certains prêchent et veulent imposer au nom de l'islam.

    Elle est le refus des aspects archaïques et incompatibles avec les valeurs républicaines, que véhicule une certaine interprétation de l'islam.

    L'antisémitisme, pour sa part, ne stigmatise pas une religion, mais un peuple.

    Or, il n'y a pas un peuple musulman comme il y a un peuple juif ; par suite, la mise en parallèle de l'islamophobie et de l'antisémitisme est abusive.

    L'islam est un attribut accidentel, applicable - du fait de sa nature prosélyte - à tout être humain, quelles que soient son ethnie et sa couleur de peau.

    Au contraire, Juif ne désigne qu'un seul peuple, à cause de son non-prosélytisme.

    Loin d'être le simple combat contre une religion, l'antisémitisme est la haine immotivée et inextinguible d'un certain peuple, le peuple juif.

    Les Juifs pourraient bien être athées, changer de religion, que l'antisémitisme persisterait.

    S'il existe des Juifs athées (parce que le mot " juif " énonce l'appartenance à un peuple, quelles que soient les idées de ceux qui sont ainsi indexés), la locution " musulman athée " s'avère absurde, (parce qu'être musulman signifie adhérer à une croyance).

    Les islamistes voient, dans la bataille du vocabulaire, un enjeu d'importance.

    Le terme d'islamophobie cache le piège tendu aux institutions laïques par les intégristes musulmans pour empêcher la critique de la religion, tout en soumettant des segments de l'existence sociale (spécialement celle des femmes) à une emprise totalitaire.

    Perdre la bataille sémantique, en réutilisant le vocabulaire mis en circulation par les islamistes, comme s'il allait de soi, est désastreux.

    Le mot " islamophobie " rabat, à faux titre, la défense de la liberté et de la laïcité sur l'intolérance et sur la haine.

    Il réussit à contraindre les valeurs républicaines à demeurer sur la défensive : ce sont elles, désormais, qui, mises en difficulté par la sophistique d'un tour de passe-passe lexical, se voient accusées d'intolérance et d'intégrisme.

    La prestidigitation de ce mot consiste à renverser la réalité en plaçant l'obscurantisme dans la position de la victime et la laïcité dans celle de l'agresseur.

    La laïcité doit maintenir le mot " islamophobie " hors du cercle des débats, tout en pourchassant le racisme, en particulier l'arabophobie.

    R. Redeker (Ce texte a été publié dans La Dépêche du Midi le 21 octobre 2003.)

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    [1] Titre complet : Tirs croisés : La Laïcité à l'épreuve des intégrismes juif, chrétien et musulman : voir sur le site d’Amazon.  Le site Prochoix met en ligne les nombreuses recensions de cet ouvrage : voir sa Revue de Presse.

    http://www.gaucherepublicaine.org/2,article,340,,,,,_L-islamophobie-l-arme-des-islamistes-contre-la-laicite..htm

  • She told the truth

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    « Je vais, avec un peu de chance, découvrir pourquoi les gens sont tellement obsédés par les questions de sexe. Ces questions me paraissent à moi aussi intéressantes que d'étaler du cirage sur une chaussure. »

    « De grâce, ne vous moquez pas de moi. J'aime bien faire des plaisanteries mais j'ai horreur d'être un objet de risée. Je veux être une actrice intègre. Mon travail est la seule chose pour laquelle je me sois battue. »

    « Je ne comprends pas pourquoi les gens ne sont pas un peu plus généreux entre eux. »

    « Les chiens ne m'ont jamais mordue. Seulement les humains. »

    « La gravité finit toujours par vous rattraper. »

  • Bon week-end

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    Vendredi 15 septembre 2006, 16h10. La plupart des humains de par le monde, notamment les criminels expérimentateurs sur animaux et leurs larbins de laborantins et préparateurs, s'affairent pour partir en week-end et s'apprêtent à "tout oublier" jusqu'à lundi matin. A oublier bien volontiers - ou à continuer d'ignorer sciemment ou non - ces millions d'animaux dans le monde entier, sans aucune défense ni aucun avenir, qui sont en train d'avoir mal, de mourir ou d'être maltraités - week-end compris - ou qui attendent leur tour pour souffrir dans les mains des carriéristes en blouse blanche dès lundi matin.
    International Campaigns 
  • Élisabeth de Fontenay : "Les droits des animaux ne sont pas réactionnaires"

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    Le Monde, 8 septembre 2006

    « Des barbares saisissent ce chien... », pouvait écrire Voltaire. Mais Jean-Yves Nau, dans un article du Monde du 25 août intitulé « La bête humanisée », ne partage pas du tout cette opinion, puisqu'il raille ceux qui qualifient de « barbares » les auteurs de mauvais traitements infligés aux bêtes. 

    Prenant prétexte d'infantiles abus de langage et d'anecdotes navrantes, au sujet de la problématique réintroduction des ours dans les Pyrénées, il passe à côté de ce qui représente un combat porteur d'avenir, à savoir l'institution de droits pour les animaux.

    De telles mesures juridiques relèveraient selon lui d'une régression anthropomorphique, qu'il qualifie bizarrement de "nouvelle révolution copernicienne". J'essaie de comprendre : car, même au cas où il aurait cru amuser ou parler par antiphrase, son mot d'esprit ne fonctionne guère.

    Ce qu'on désigne en effet par révolution copernicienne, c'est la transformation, du XVIe au XVIIIe siècle, des idées scientifiques et philosophiques ayant accompagné le changement de représentation de l'Univers.

    Or l'héliocentrisme (idée que la Terre tourne autour du Soleil et non l'inverse) semble un modèle trop général pour prendre en charge une mutation décisive des représentations du rapport de l'homme aux autres vivants.

    La qualification adéquate pour désigner la prétendue humanisation de la bête aurait pu être, à la rigueur, "l'animalisation de l'homme", opérée jusqu'à un certain point par la "révolution darwinienne".

    Avec la consolidation de la théorie de l'évolution par la génétique - plus de 99 % de gènes identiques entre l'homme et le chimpanzé -, on a changé de paradigme et il ne sert à rien de rameuter la vieille métaphysique du propre de l'homme.

    Freud avait nommé les auteurs des trois grandes blessures narcissiques infligées à l'humanité : Copernic, qui avait mis fin au géocentrisme, Darwin, qui avait ruiné l'anthropocentrisme, et lui-même, qui avait renversé le règne sans partage du conscient.

    C'est dire que la révolution dont parle Jean-Yves Nau a déjà eu lieu, et qu'il suffit de lire The Descent of Man, qu'on doit traduire par "l'ascendance de l'homme", pour comprendre le formidable bond en avant qui s'est opéré dans la manière de se représenter tout à la fois la généalogie des espèces et les nouveaux devoirs impartis aux hommes.

    Certains chercheurs ont du reste souligné que les avancées de l'éthologie constituaient une quatrième blessure narcissique.

    Brocardant un certain nombre de résolutions internationales et d'initiatives françaises en faveur des animaux, M. Nau ne marque-t-il pas son rejet du nouveau code pénal, pour lequel les animaux ne sont désormais plus des choses mais, bel et bien, des personnes juridiques ?

    La notion de "personnalité juridique" ne se confondant pas avec celle de "sujet de droit" ne tend aucunement à effacer la frontière entre l'humanité et l'animalité. L'animal ne se trouve plus soumis au seul droit de propriété, le code pénal punissant d'amendes les mauvais traitements.

    L'abusus, prérogative du propriétaire, se voit donc limité dans l'intérêt de la bête elle-même, qui n'est plus une chose ou un bien, pour autant qu'on classe les actes de cruauté envers les animaux dans une catégorie distincte de crimes et délits : ni contre les personnes, ni contre les biens, ni contre l'Etat, la nation, la paix publique, l'humanité.

    On doit penser que, comme l'écrit un juriste contemporain, cette catégorie inédite de crimes et délits, "naviguant entre les biens et les personnes", ne pourra pas subsister longtemps telle quelle. Ce qui est avouer que beaucoup reste à faire, ne serait-ce que pour se mettre en accord avec le droit européen.

    Enfin, puisque l'article s'en prend aux hommes politiques au pouvoir, stigmatisant chez eux une démagogie animalière, il faut rappeler que ce sont des hommes de progrès, qui, en France, au XIXe siècle et même au début du XXe ont défendu, contre la droite catholique, l'idée d'un droit des animaux : Grammont auteur de la première loi de protection, Michelet, Hugo, Larousse, Zola, Schoelcher, Clemenceau.

    Ils ne craignaient pas, ces républicains, qu'on les soupçonne d'aller à contre-courant de l'émancipation humaine quand ils réclamaient l'élargissement du cercle de ceux qui ont ou devraient avoir droit au droit : ils y voyaient un véritable accroissement d'humanité.

    Pour eux la régression, la "réaction" consistait bien plutôt à reconduire la vieille tradition cartésienne, mécaniste et spiritualiste, celle qui enseigne le mépris envers la sensibilité d'êtres vivants non humains.

  • Mai 68 à 18 ans

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    " Les libidineux de 68, les exploiteurs de nos jours "

    Par Yann Z., 18 ans, étudiant à Nanterre

    http://osirisdeus.hautetfort.com/archive/2006/05/19/les-libidineux-de-68-les-exploiteurs-de-nos-jours.html


     

    Marx voyait une certaine forme d'exploitation de l'homme par le travail. Cette conception a fait son temps. Même si quelques nostalgiques veulent nous faire croire qu'il reste d'actualité, je ne le pense pas. Marx a fait son temps et tant mieux, puisque si sa mère avait avorté nous aurions quelques millions de morts en moins. Pour être honnête, Marx m'a quand même apporté une chose, le fait de savoir que le capitalisme est mauvais et que le communisme est encore pire. Je vois déjà l'armée rouge me dire : « la source n'est pas mauvaise, c'est son application », je crois entendre les autres niais qui déclarent : « le coran est amour, ce n'est pas le terrorisme ». Ce qui est certain pour le marxisme, c'est qu'il n'est pas amour, et puis ne nous risquons pas à croire qu'il puisse y avoir une bonne application car la source, je la trouve mauvaise.


    Avant de conclure cette petite note, je vais faire un détour par Mai 68. Mai 68, étudiant à Nanterre, on en entend parler. C'est récurrent, à se demander si les murs des amphis ne suintent pas encore l'odeur fétide du sperme d'un prof de philo propageant Marx dans une grande masturbation, intellectuelle, il paraît. Revoilà la masse des soixante-huitards qui me traitent de petit con, je l'assume et en suis fier. Nos révolutionnaires de 68 prônant la révolution sexuelle, enfin pas pour tous ... Le grand gagnant de cette révolution fut le prof de philo marxiste qui pouvait profiter d'une jeune gauchiste idéaliste lorsqu'il le voulait, elle c'est autre chose. Le grand perdant, les victimes de la libération sexuelle furent celles qui firent passer la pédophilie pour un acte révolutionnaire.


    En avant la révolution, nos petits bourgeois libidineux firent 68, mais la révolution n'a qu'un temps, elle n'a pas conduit au goulag et j'en suis ravi. Mais que sont devenus nos amis de 68 ? Ils ont fait comme tout le monde, ils sont devenus de braves soldats du système capitaliste.


    Revenons à nos moutons, la conception du travail dans le monde moderne ? L'exploitation n'est plus celle de Marx c'est une exploitation perverse. On ne se plaint plus de son patron, gros bourgeois ventru, mais du pervers. On parle du harcèlement sexuel au travail. La société est devenue une sexualité sans tabou, non sublimée. Merci à 68 ? La libération sexuelle de 68 n'est ni au profit de la société, ni de la sexualité. Libérons les individus, leurs sexualités, oui. Mais ne faisons pas du sexe un capitalisme, ou un communisme, une tyrannie !

  • Gary Francione : "Les animaux ne sont pas une marchandise"

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    LES ANIMAUX NE SONT PAS UNE MARCHANDISE

    POUR L’ABOLITION DE L’ANIMAL ESCLAVE

    (Monde diplomatique – août 2006)

    NOUS ADORONS NOS CHIENS ET NOS CHATS DOMESTIQUES, RAFFOLONS DES DESSINS ANIMÉS OU DES FILMS ANIMALIERS, ET CEPENDANT NOTRE COMPORTEMENT À L'ÉGARD DES ANIMAUX EN GÉNÉRAL PROUVE NOTRE INSENSIBILITÉ ET NOTRE COMPLICITÉ PASSIVE DEVANT LEUR IMMENSE SOUFFRANCE. TANT QUE L'ANIMAL CONTINUERA D'ÊTRE UNE PROPRIÉTÉ ET QU'IL SERA CONSIDÉRÉ COMME UN BIEN MARCHAND, SES SUPPLICES SE POURSUIVRONT.

    Par Gary L. FRANCIONE

    Selon le ministère américain de l'agriculture, les États-Unis, à eux seuls, abattent plus de huit milliards d'animaux par an destinés à l'alimentation. Chaque jour, plus de vingt-deux millions d'entre eux sont sacrifiés dans les abattoirs américains, c'est-à-dire plus de neuf cent cinquante mille par heure, seize mille par minute !

    Malgré les progrès effectués ces dernières années, ils continuent d'être maintenus dans des conditions d'élevage intensif effrayantes, mutilés de diverses manières, sans produit antidouleur, transportés sur de longues distances tassés dans des conteneurs exigus et insalubres, pour être finalement exécutés dans les cris, la puanteur et la saleté d'un abattoir.

    Les animaux sauvages ne sont guère mieux lotis. Aux États-Unis, environ deux cents millions d'entre eux sont, chaque année, victimes de la chasse. Des millions d'autres sont utilisés pour la recherche biomédicale et l'essai de nouveaux produits.

    On mesure sur eux l'effet des toxines, des maladies rares, des molécules expérimentales, des radiations, des tirs d'armes à feu, et ils sont soumis à de multiples formes physiques ou psychologiques de privation.

    S'ils survivent aux expérimentations, ils sont presque toujours tués ensuite, ou recyclés pour d'autres expériences qui, cette fois, auront raison de leur résistance.

    Cirques, zoos, carnavals, parcs d'attractions, spectacles de dauphins et autres utilisent les animaux à seule fin de divertir. Près de quarante millions d'animaux à fourrure sont abattus chaque année pour la mode ...

    Avant le XIXe siècle, les animaux étaient considérés comme des objets. Même pour Descartes, le gémissement d'un chien était semblable au crissement d'un mécanisme ayant besoin d'huile (1). Parler de nos obligations morales envers les animaux, « machines créées par Dieu », n'avait, pour l'auteur du Discours de la méthode, pas plus de sens que de parler de nos obligations morales envers les horloges, machines créées par l'homme.

    Cent mille litres d'eau pour un kilo de viande

    Le principe humaniste du traitement médical des bêtes souffrantes et l'application des lois sur le bien-être animal qui en résulte supposent que nous acceptions de nous demander si la souffrance animale est inévitable. Si le fait de ne pas utiliser des animaux pour notre confort nous cause plus de préjudices que la souffrance n'en cause aux animaux.

    En général, l'intérêt de l'homme l'emporte, et la souffrance animale est considérée comme un « mal nécessaire ». Par exemple, la loi britannique régulant l'utilisation des animaux de laboratoire exige, avant qu'une expérience soit engagée, une évaluation des « possibles effets nocifs sur les animaux concernés par rapport au bénéfice pouvant en découler (2) ».

    Pour qu'une interdiction de la souffrance animale ait une portée minimale, il faut qu'elle condamne toute douleur infligée uniquement par plaisir, amusement ou convenance (3). Porter un manteau de fourrure, imposer aux cobayes de multiples tests pour les produits ménagers ou pour de nouvelles marques de rouges à lèvres ne relève pas d'intérêts vitaux pour l'être humain.

    De même, manger de la viande est considéré par la plupart des nutritionnistes comme nuisible pour la santé. Par ailleurs, des experts écologistes ont souligné les dégâts de l'élevage intensif sur notre environnement. Pour chaque kilogramme de protéines animales fourni, la bête d'élevage doit consommer environ six kilogrammes de protéines végétales et de fourrage. De surcroît, produire un kilogramme de viande requiert plus de cent mille litres d'eau. Alors que la production d'un kilogramme de blé en exige à peine neuf cents ...

    L'incohérence entre nos actes et nos pensées au sujet des animaux vient de leur statut de propriété (4). Selon la loi, « les animaux sont des propriétés, au même titre que des objets inanimés comme les voitures ou les meubles (5) ». Les animaux sauvages sont considérés comme appartenant au patrimoine de l'Etat, qui les met à la disposition du peuple ; mais ils peuvent devenir la propriété d'individus, en particulier par le biais de la chasse, du dressage ou du confinement.

    La « souffrance » des propriétaires de ne pouvoir jouir de leur « propriété » à leur gré compte plus que la douleur de l'animal. Dès lors qu'il s'agit d'intérêts économiques, il n'existe plus de limite à l'utilisation ou au traitement abusifs des bêtes. L'élevage intensif, par exemple, est autorisé parce qu'il s'agit d'une exploitation institutionnalisée et acceptée. Les industriels de la viande estiment que les pratiques consistant à mutiler les animaux, quelles que soient les souffrances endurées par ceux-ci, sont normales et nécessaires.

    Les tribunaux présument que les propriétaires n'infligeront pas intentionnellement à leurs bêtes des sévices inutiles qui diminueraient leur valeur marchande (6). Les lois sur le bien-être animal visent à protéger les animaux dans la mesure ou ceux-ci demeurent des biens monnayables. Les évolutions de l'industrie agroalimentaire en leur faveur répondent généralement à des critères de rendement économique, les animaux ayant valeur marchande (7).

    Pour faire évoluer le statut de l'animal dans nos sociétés, nous devons appliquer le principe d' « égalité de considération ») (selon lequel il faut traiter de façon égale des cas semblables), une notion essentielle à toute théorie morale. Même s'il existe un grand nombre de différences entre les humains et les animaux, une chose fondamentale au moins nous rapproche : notre capacité à souffrir. Si notre désir de ne pas faire souffrir inutilement les animaux revêt quelque signification, nous devrions alors leur accorder une égalité de considération.

    Le problème est que l'application de ce principe a déjà échoué du temps de l’esclavage, qui autorisait des hommes à exercer un droit de propriété sur leurs semblables. L'esclave étant considéré comme un bien, son propriétaire pouvait ne pas tenir compte de ses intérêts si cela ne lui était pas économiquement profitable. On admettait, certes, que l'esclave pouvait ressentir de la souffrance.

    Toutefois, les lois pour le respect de son bien-être n'ont pas abouti, pour les mêmes raisons qu'échouent de nos jours celles pour le respect du bien-être animal. Aucune véritable limite n'est fixée à notre droit de propriété. Les intérêts des esclaves n'étaient préservés que lorsqu'ils généraient du profit pour les propriétaires ou servaient leurs caprices.

    À l'heure actuelle, l'intérêt d'un être humain à ne pas être considéré comme propriété est protégé par un droit. Avoir le droit fondamental de ne pas être traité comme une propriété est une condition minimale pour exister en tant que personne. Nous devons étendre aux animaux ce droit que nous avons décidé d’appliquer à tous les hommes.

    Cela n'éradiquerait pas toute forme de souffrance, mais cela signifierait que les animaux ne pourraient plus être utilisés comme source de profit. Pourquoi jugeons-nous acceptable de chasser des animaux, de les emprisonner dans des cirques et des zoos, de les utiliser dans des expérimentations et de les manger, autrement dit de leur faire subir ce que nous n'oserions jamais infliger à aucun être humain ?

    La thèse selon laquelle les hommes sont pourvus de caractéristiques mentales complètement absentes chez les animaux est contradictoire avec la théorie de l’évolution. Darwin affirmait qu'il n'existait pas de caractéristiques exclusivement humaines : « La différence d'intelligence entre l'homme et l'animal le plus évolué est une question de degrés et non d'espèce. »

    Les animaux sont capables de penser, de sentir et de produire des réponses émotionnelles semblables à celles des humains. Darwin notait qu' « un animal vivant en collectivité éprouve des sentiments d'amour envers les autres » et que les animaux sont réceptifs à la détresse de leurs congénères.

    Même si nous ne sommes pas en mesure d'évaluer la nature précise de la conscience animale, il semble évident que tout être doué de perception est conscient et possède une existence mentale continue.

    Le professeur Antonio Damasio, un neurologue travaillant avec des personnes victimes d'infarctus cérébraux et de graves dommaages au cerveau, atteste que ces malades possèdent ce qu'il nomme une « conscience noyau ». Les sujets souffrant d'amnésie transitoire n'ont aucune notion du passé ou du futur mais conservent une conscience de leur corps par rapport aux objets et aux événements présents.

    Darnasio affirme que de nombreuses espèces animales détiennent cette même conscience noyau (8). Le fait qu'ils n'aient pas de notion autobiographique de leur vie (du moins, à notre connaissance) ne signifie pas qu'ils n'aient pas une existence mentale continue, ni qu'ils n'éprouvent nul intérêt à vivre, ni qu'être tué leur soit indifférent.

    Les animaux possèdent une intelligence considérable et sont capables de traiter une information de façon sophistiquée. Comme les humains, ils communiquent avec les membres de leur propre espèce. Il est prouvé, par exemple, que les grands singes utilisent un langage symbolique.

    Aucune créature, à part l'homme, n'est peut-être capable de se reconnaître dans un miroir, mais aucun humain n'a non plus l'aptitude de voler, ou de respirer sous l'eau sans assistance. Pourquoi la capacité de se reconnaître dans un miroir ou d'utiliser le langage articulé serait-elle supérieure, au sens moral du terme, au pouvoir de voler ou de respirer sous l'eau ?

    La réponse, bien entendu, est que nous le proclamons. Mais il n'existe aucune raison de conclure que les caractéristiques prétendument humaines justifient le fait que nous traitions l'animal comme une propriété marchande. Certains hommes sont privés de ces caractéristiques, et pourtant nous ne les considérons pas comme des objets.

    Par conséquent, la question centrale n'est pas : « Les animaux peuvent-ils raisonner ? Ou peuvent-ils parler ? Mais bien : peuvent-ils souffrir ? » (Bentham).

    Si nous voulons que leurs intérêts soient respectés, nous n'avons qu'un droit à leur accorder : celui de ne plus être assimilés à de simples marchandises.

    _______

    Notes :

    (1) René Descartes, Discours de la méthode, Ve partie (sur l'animal-machine) (1637).

    (2) Cf. Animals (Scientific Procedures) Act, Londres, 1986. Cf. pour l'Union européenne, la directive 86/609/CEE du 24 novembre 1986, relative à la protection des animaux utilisés à des fins expérimentales ou à d'autres fins scientifiques.

    (3) Lire les entretiens avec Gary L Francione : www.friendsofanimals.org/programs/animal-rights/interview... et http://veganrevolutlon.free.fr/documents/itwfrancionefran...

    (4) La conception occidentale moderne de la propriété, selon laquelle les ressources sont des biens définis qui appartiennent ou sont assignés à des individus particuliers à l'exclusion de tout autre, trouve son origine, selon la Bible, dans la décision de Dieu d'accorder aux hommes le pouvoir de régner sur le monde animal (Genèse, I, 26, et I, 28).

    (5) Godfrey Sandys·Winsch. Animal Law, Shaw, Londres, 1978.

    (6) En ce qui concerne la protection de l'animal de ferme en Europe, le 30 mars 2006 s'est tenue à Bruxelles la première conférence de l'Union européenne sur le bien-être animal : http://ec.europa. eu/food/animal/welfare/index_en.htm

    (7) Par exemple, un conseiller de la chaîne de restauration rapide McDonald's a déclaré: « Des animaux en bonne santé, bien soignés, permettent à l’industrie de la viande de fonctionner efficacement, sans problème et avec un bon rendement. » Cf. Temple Grandin, Recommended animal handling guidelines for meat packers, American Meat Institute Foundation, Washington DC, 2005.

    (8) Cf. Antonio R. Damasio, Spinoza avait raison, Odile Jacob, Paris, 2004 ; et « Oui, il y a une biologie des sentiments », (entretien avec Antonio Damasio), L'Express, Paris, 7 juin 2004.

    Gary L. Francione est professeur à la Rutgers University School of Law, Newark, (New Jersey, États-Unis) où il dirige un enseignement consacré au droit des animaux (http://www.animal.org).

    Auteur entre autres de : Introduction to Animals Rights, Temple University Press, Philadelphie 2000.

    Ce texte est tiré de son intervention au colloque " Théories sur les droits des animaux et le bien-être animal " qui s’est tenu à l’Université de Valence (Espagne) du 15 au 19 mai 2006.

  • Pitié pour Jean-Marie

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    Si l'homme (vieillissant, ce qui ajoute le ridicule au ridicule) ne se vantait pas sans cesse de ses multiples conquêtes féminines, gageons qu'il en sortirait infiniment grandi.

    Applaudissons néanmoins à son noble combat contre la prostitution - combat qui est aussi le nôtre, et qui entre en parfaite contradiction avec ses rodomontades amoureuses.

    Il n'est en effet rien de plus vain sur la terre qu'un Don Juan, qu'il se fantasme tel ou qu'il en soit réellement un.

    À bon entendeur...

    Contre l'esclavage prostitutionnel : http://www.fondationscelles.org/

  • Gary Francione : "Pour l'abolition de l'animal-esclave"

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    La théorie des droits de l’animal selon Gary L. Francione

    Pour l’abolition de l’animal-esclave

    Nous adorons nos chiens et nos chats domestiques, raffolons des dessins animés ou des films animaliers, et cependant notre comportement à l’égard des animaux en général prouve notre insensibilité et notre complicité passive devant leur immense souffrance.

    Tant que l’animal continuera d’être une propriété et qu’il sera considéré comme un bien marchand, ses supplices se poursuivront.

    Le texte qui suit est une synthèse, effectuée par la rédaction du Monde diplomatique, des théories de Gary L. Francione pour l’abolition de l’exploitation animale telles qu’il les a exposées au colloque « Théories sur les droits des animaux et le bien-être animal », à l’université de Valence (Espagne), en mai 2006.

    * * *

    Selon le ministère américain de l’agriculture, les Etats-Unis, à eux seuls, abattent plus de huit milliards d’animaux par an destinés à l’alimentation ; chaque jour, plus de vingt-deux millions d’entre eux sont sacrifiés dans les abattoirs américains, c’est-à-dire plus de neuf cent cinquante mille par heure, seize mille par minute !

    Malgré les progrès effectués ces dernières années, ils continuent d’être maintenus dans des conditions d’élevage intensif effrayantes, mutilés de diverses manières, sans produit antidouleur, transportés sur de longues distances tassés dans des conteneurs exigus et insalubres, pour être finalement exécutés dans les cris, la puanteur et la saleté d’un abattoir.

    Les animaux sauvages ne sont guère logés à meilleure enseigne.

    Aux Etats-Unis, environ deux cents millions sont, chaque année, victimes de la chasse.

    Des millions sont également utilisés pour la recherche biomédicale et l’essai de nouveaux produits.

    On mesure sur eux l’effet des toxines, des maladies rares, des molécules expérimentales, des radiations, des tirs d’armes à feu, et ils sont soumis à de multiples formes physiques ou psychologiques de privation.

    S’ils survivent aux expérimentations, ils sont presque toujours tués juste après, ou recyclés pour d’autres expériences qui, cette fois, auront raison de leur résistance.

    Cirques, zoos, carnavals, parcs d’attractions, spectacles de dauphins et autres utilisent les animaux à la seule fin de divertir. Près de quarante millions de bêtes à fourrure sont abattues chaque année pour la mode...

    Avant le XIXe siècle, les animaux étaient considérés comme des objets.

    Même pour Descartes, un chien qui gémissait était semblable au crissement d’un mécanisme ayant besoin d’huile (1).

    Parler de nos obligations morales envers les animaux, « machines créées par Dieu », n’avait, pour l’auteur du Discours de la méthode, pas plus de sens que de parler de nos obligations morales envers les horloges, machines créées par l’homme.

    Cent mille litres d’eau pour un kilo de viande

    Le principe humaniste du traitement médical des bêtes souffrantes et l’application des lois sur le bien-être animal qui en résulte supposent que nous acceptions de nous demander si la souffrance animale est inévitable.

    Si le fait de ne pas utiliser des animaux pour notre confort nous cause plus de préjudice que la souffrance n’en cause aux animaux.

    En général, l’intérêt de l’homme l’emporte, et la souffrance animale est considérée comme un « mal nécessaire ».

    Par exemple, la loi britannique régulant l’utilisation des animaux de laboratoire exige, avant qu’une expérience soit engagée, une évaluation des « possibles effets nocifs sur les animaux concernés par rapport au bénéfice pouvant en découler (2) ».

    Pour qu’une interdiction de la souffrance animale ait une portée minimale, il faut qu’elle condamne toute douleur infligée uniquement par plaisir, amusement ou convenance (3).

    Porter un manteau de fourrure, imposer aux cobayes de multiples tests pour les produits ménagers ou pour de nouvelles marques de rouges à lèvres ne relève pas d’intérêts vitaux pour l’être humain.

    De même, manger de la viande est considéré par la plupart des nutritionnistes comme nuisible pour la santé.

    Par ailleurs, des experts écologistes ont souligné les dégâts de l’élevage intensif sur notre environnement.

    Pour chaque kilogramme de protéines animales fourni, la bête d’élevage doit consommer environ six kilogrammes de protéines végétales et de fourrage.

    De surcroît, produire un kilogramme de viande requiert plus de cent mille litres d’eau.

    Alors que la production d’un kilogramme de blé en exige à peine neuf cents…

    L’incohérence entre nos actes et nos pensées au sujet des animaux vient de leur statut de propriété (4).

    Selon la loi, « les animaux sont des propriétés, au même titre que des objets inanimés comme les voitures ou les meubles (5) ».

    Les animaux sauvages sont considérés comme appartenant au patrimoine de l’Etat, qui les met à la disposition du peuple ; mais ils peuvent devenir la propriété d’individus, en particulier par le biais de la chasse, du dressage ou du confinement.

    La « souffrance » des propriétaires de ne pouvoir jouir de leur « propriété » à leur gré compte plus que la douleur de l’animal.

    Dès lors qu’il s’agit d’intérêts économiques, il n’existe plus de limite à l’utilisation ou au traitement abusifs des bêtes.

    L’élevage intensif, par exemple, est autorisé parce qu’il s’agit d’une exploitation institutionnalisée et acceptée.

    Les industriels de la viande estiment que les pratiques consistant à mutiler les animaux, quelles que soient les souffrances endurées par ceux-ci, sont normales et nécessaires.

    Les tribunaux présument que les propriétaires n’infligeront pas intentionnellement à leurs bêtes des sévices inutiles qui diminuerait leur valeur monétaire (6).

    Les lois sur le bien-être animal visent à protéger les animaux dans la mesure où ceux-ci demeurent des biens monnayables.

    Les évolutions de l’industrie agroalimentaire en leur faveur répondent généralement à des critères de rendement économique, les animaux ayant une valeur marchande (7).

    Pour faire évoluer le statut de l’animal dans nos sociétés, nous devons appliquer le principe d’« égalité de considération » (selon lequel il faut traiter de façon égale des cas semblables), une notion essentielle à toute théorie morale.

    Même s’il existe un grand nombre de différences entre les humains et les animaux, une chose fondamentale au moins nous rapproche : notre capacité à souffrir.

    Si notre désir de ne pas faire souffrir inutilement les animaux revêt quelque signification, nous devrions alors leur accorder une égalité de considération.

    Le problème est que l’application de ce principe a déjà échoué du temps de l’esclavage, qui autorisait des hommes à exercer un droit de propriété sur leurs semblables.

    L’esclave étant considéré comme un bien, son propriétaire pouvait ne pas tenir compte de ses intérêts si cela ne lui était pas économiquement profitable.

    On admettait, certes, que l’esclave pouvait ressentir de la souffrance.

    Toutefois, les lois pour le respect de son bien-être n’ont pas abouti, pour les mêmes raisons qu’échouent de nos jours celles pour le respect du bien-être animal : aucune véritable limite n’est fixée à notre droit de propriété.

    Les intérêts des esclaves n’étaient préservés que lorsqu’ils généraient du profit pour les propriétaires ou servaient leurs caprices.

    A l’heure actuelle, l’intérêt d’un être humain à ne pas être considéré comme propriété est protégé par un droit.

    Avoir le droit fondamental de ne pas être traité comme une propriété est une condition minimale pour exister en tant que personne.

    Nous devons étendre aux animaux ce droit que nous avons décidé d’appliquer à tous les hommes.

    Cela n’éradiquerait pas toute forme de souffrance, mais cela signifierait que les animaux ne pourraient plus être utilisés comme source de profit.

    Pourquoi jugeons-nous acceptable de chasser des animaux, de les emprisonner, de les exhiber dans des cirques et des zoos, de les utiliser dans des expérimentations et de les manger, autrement dit de leur faire subir ce que nous n’oserions jamais infliger à aucun être humain ?

    La thèse selon laquelle les hommes sont pourvus de caractéristiques mentales complètement absentes chez les animaux est contradictoire avec la théorie de l’évolution.

    Darwin affirmait qu’il n’existait pas de caractéristiques exclusivement humaines : « La différence d’intelligence entre l’homme et l’animal le plus évolué est une question de degré et non d’espèce. »

    Les animaux sont capables de penser, de sentir et de produire des réponses émotionnelles semblables à celles des humains.

    Darwin notait qu’« un animal vivant en collectivité éprouve des sentiments d’amour envers les autres » et que les animaux sont réceptifs à la détresse de leurs congénères.

    Même si nous ne sommes pas en mesure d’évaluer la nature précise de la conscience animale, il semble évident que tout être doué de perception est conscient et possède une existence mentale continue.

    Le professeur Antonio Damasio, un neurologue travaillant avec des personnes victimes d’infarctus cérébraux et de graves dommages au cerveau, atteste que ces malades possèdent ce qu’il nomme une « conscience noyau ».

    Les sujets souffrant d’amnésie transitoire n’ont aucune notion du passé ou du futur mais conservent une conscience de leur corps par rapport aux objets et aux événements présents.

    Damasio affirme que de nombreuses espèces animales détiennent cette même conscience noyau (8).

    Le fait qu’ils n’aient pas de notion autobiographique de leur vie (du moins, à notre connaissance) ne signifie pas qu’ils n’aient pas une existence mentale continue, ou qu’ils n’éprouvent nul intérêt à vivre, ou que les tuer leur soit indifférent.

    Les animaux possèdent une intelligence considérable et sont capables de traiter une information de façon sophistiquée.

    Comme les humains, ils communiquent avec les membres de leur propre espèce. Il est prouvé, par exemple, que les grands singes utilisent un langage symbolique.

    Aucune créature, à part l’homme, n’est peut-être capable de se reconnaître dans un miroir, mais aucun humain n’a non plus l’aptitude de voler, ou de respirer sous l’eau sans assistance.

    Pourquoi la capacité de se reconnaître dans un miroir ou d’utiliser le langage articulé serait-elle supérieure, au sens moral du terme, au pouvoir de voler ou de respirer sous l’eau ?

    La réponse, bien entendu, est que nous le proclamons.

    Mais il n’existe aucune raison de conclure que les caractéristiques prétendument exclusives à l’être humain justifient le fait que nous traitions l’animal comme une propriété marchande.

    Certains hommes sont privés de ces caractéristiques, et pourtant nous ne les considérons pas comme des objets.

    Par conséquent, la question centrale n’est pas : les animaux peuvent-ils raisonner ? Ou peuvent-ils parler ? Mais bien : peuvent-ils souffrir ?

    Si nous voulons que leurs intérêts soient respectés, nous n’avons qu’un droit à leur accorder : celui de ne plus être assimilés à de simples marchandises.

    Alimentation, Animal, Idées, Industrie, Violence

    Professeur à la Rutgers University School of Law, Newark (New Jersey, Etats-Unis), où il dirige un enseignement consacré aux droits des animaux (www.animal-law.org). Auteur, entre autres, de : Introduction to Animal Rights, Temple University Press, Philadelphie, 2000. Ce texte est tiré de son intervention au colloque « Théories sur les droits des animaux et le bien-être animal » qui s’est tenu à l’université de Valence (Espagne) du 15 au 19 mai 2006.

    (1) René Descartes, Discours de la méthode, Ve partie (sur l’animal-machine) (1637).

    (2) Cf. Animals (Scientific Procedures) Act, Londres, 1986. Cf. pour l’Union européenne, la directive 86/609/CEE du 24 novembre 1986, relative à la protection des animaux utilisés à des fins expérimentales ou à d’autres fins scientifiques.

    (3) Lire les entretiens avec Gary L. Francione : www.friendsofanimals .org/programs/a... ; et http://veganrevolution.fr ee.fr/docu...

    (4) La conception occidentale moderne de la propriété, selon laquelle les ressources sont des biens définis qui appartiennent ou sont assignés à des individus particuliers à l’exclusion de tout autre, trouve son origine, selon la Bible, dans la décision de Dieu d’accorder aux hommes le pouvoir de régner sur le monde animal (Genèse, I, 26, et I, 28).

    (5) Godfrey Sandys-Winsch, Animal Law, Shaw, Londres, 1978.

    (6) En ce qui concerne la protection de l’animal de ferme en Europe, le 30 mars 2006 s’est tenue à Bruxelles la première conférence de l’Union européenne sur le bien-être animal.

    (7) Par exemple, un conseiller de la chaîne de restauration rapide McDonald’s a déclaré : « Des animaux en bonne santé, bien soignés, permettent à l’industrie de la viande de fonctionner efficacement, sans problème et avec un bon rendement. » Cf. Temple Grandin, Recommended animal handling guidelines for meat packers, American Meat Institute Foundation, Washington DC, 2005.

    (8) Cf. Antonio R. Damasio, Spinoza avait raison, Odile Jacob, Paris, 2004 ; et « Oui, il y a une biologie des sentiments » (entretien avec Antonio Damasio), L’Express, Paris, 7 juin 2004.

    Édition imprimée — août 2006 — Page 20

    http://www.monde-diplomatique.fr/2006/08/A/13752