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  • ATTAC : le végétarisme comme remède à la famine

    http://www.faqs.org/nutrition/images/nwaz_01_img0092.jpg
        Le site d'ATTAC vient de publier cette brève :    
        http://www.france.attac.org/spip.php?article8497    
        "Chaque fois qu'un humain bien nourri réduit de 15% à 20% sa    
        consommation de viande il permet à un autre humain de se nourrir.    
        Merveilleux cercle vertueux : moins de famines, meilleure santé    
        humaine, respect des animaux [...] la production mondiale actuelle de    
        céréales et de soja suffirait déjà pour nourrir plus de 12 milliards    
        d'humains si on renonçait à l'élevage animal qui est un formidable    
        gâchis de protéines et de calories".    
        Ceci en référence à un rapport de 38 pages titré "Analyse critique des    
        causes essentielles de la flambée des prix agricoles mondiaux" (auteur    
        : Jacques Berthelot) qui semble parler beaucoup du rôle de la viande    
        dans cette crise :    
        http://www.france.attac.org/spip.php?article8444     
        Antoine Comiti (http://www.stopgavage.com/)    
    http://www.foodfacts.info/blog/uploaded_images/mcdonald-large-kid-750701.jpg

  • Gaspillage institutionnalisé : l'exemple des supermarchés réunionnais

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    Que deviennent les invendus de nos supermarchés ?

    CLICANOO.COM | Publié le 9 mai 2008

    Chaque année, les grandes surfaces de l’île se retrouvent avec plusieurs centaines de tonnes de produits invendus. Qu’ils soient alimentaires ou non, comment et pourquoi sont-ils quotidiennement retirés des rayons ? Que deviennent-ils par la suite ?

    Enquête derrière les étals garnis de la grande distribution.

    Mercredi, 13h52. Un rapide coup d’œil à droite et à gauche et hop ! Ce petit gourmand d’environ 7 ans vient d’engloutir en un quart de seconde un savoureux biscuit au chocolat qui, visiblement, lui faisait de l’œil. Consciencieux, il prend soin de remettre le paquet entamé bien à sa place au premier étage du rayon biscuits d’une grande surface. Ni vu, ni connu…

    Ce geste n’est pas un cas isolé. “Cela arrive très fréquemment. Malheureusement, tous les paquets qui sont entamés, juste ouverts ou éventrés, ne sont plus vendables. On en retire tous les jours des rayons”, explique le manager du département “Produits de Grande Consommation (PGC) et frais industriel” d’un supermarché dionysien.

    Avec les dates limites de consommation (DLC) qui arrivent à échéance, les retards de livraisons ou encore les intempéries, les packagings abîmés figurent parmi les facteurs mettant le plus souvent au rebut quantité de produits.

    D’après Carole Bachot, commerciale à la Star, “une très grande surface comme Jumbo Score, par exemple, peut se retrouver à elle seule avec plusieurs centaines de tonnes d’invendus par an”.

    Le directeur par intérim d’un supermarché de superficie équivalente affirme que sur leur chiffre d’affaires annuel, “cela représente au moins un million d’euros de perte, uniquement pour les produits frais, avec un pic en période de fête”.

    Une masse de rejets dont la majeure partie va tout droit… à la poubelle. “Chaque mois, par département (ndlr : PGC, produits frais, textile…), on jette l’équivalent d’une Mercedes”, poursuit notre manager, qui souhaite garde l’anonymat.

    Pour tenter d’enrayer le phénomène, les entreprises de grande distribution ont mis en place différentes stratégies. “Lorsque nous estimons qu’un produit non alimentaire n’est plus vendable pour diverses raisons, nous l’isolons en réserve puis nous le ressortons en période de soldes”, confie un chef de rayon.

    Quant aux hard discounters, ils ne sont pas en reste. Selon Eric Dany, superviseur des magasins Dia, pour qu’une grande partie des produits frais puisse être écoulée, l’une des solutions est de faire jouer les prix :

    “Nous les baissons à un mois, puis à quinze jours de la date limite de consommation (DLC). Il nous arrive aussi de faire -50% sur un produit qui périme le lendemain”.

    Afin de réduire leur budget “pertes”, les grandes surfaces procèdent également à une vérification des palettes de produits fraîchement livrés. Toutes les boîtes cabossées, percées ou encore écrasées sont immédiatement retournées au fournisseur avant même d’être mises en rayon. Celles-ci seront remboursées par la centrale d’achat, ou ne seront tout simplement pas facturées au magasin.

    Mais il arrive que, de temps en temps, quelques-unes passent entre les mailles du filet et soient disposées dans les rayons. En ce qui concerne les sacs de riz, de café ou de sucre n’ayant pas trouvé acquéreur, ce sont les fabricants eux-mêmes qui récupèrent leurs propres produits en vue d’une “revalorisation”.

    Malgré cela, tout le reste, même si c’est encore utilisable, finit à la poubelle : paquets de couches ouverts intentionnellement par des clients afin de vérifier si c’est la bonne taille, matériel hi-fi comportant de fines rayures, vêtements…

    Pour ce faire, les grandes surfaces louent des bennes et des compacteurs d’ordures à des sociétés spécialisées. Elles procèdent dans un premier temps au tri des déchets valorisables (cartons, plastiques, petites ferrailles) puis envoient au compacteur ce qui ne peut pas être traité à l’instar des produits frais, entre autres. Ce sont les déchets ultimes.

    “Nous nous occupons d’une quinzaine de petites et grandes surfaces sur toute l’île. Nous collectons tous leurs déchets : ceux qu’ils ont triés au préalable, nous les apportons aux centres de tri agréés. Pour le reste, nous les transportons jusqu’aux centres de stockage des déchets ultimes situés à la Rivière Saint-Étienne et à Sainte-Suzanne”, explique Carole Bachot, responsable du service commercial à la Star.

    Avant l’avènement du tri sélectif, les déchets, quelle que soit leur nature, étaient amenés aux différents centres de tri. Conducteur d’engin dans l’un d’entre eux, Jean-Pierre*, 30 ans, a débuté sa carrière en travaillant pendant trois ans dans la chaîne de tri. Avec lui, les rejets des grandes surfaces disposaient d’une seconde vie.

    “À l’époque, tous les déchets étaient mélangés. Nos conditions de travail étaient vraiment dégueulasses mais bon, en même temps je pouvais récupérer plein de choses même si c’était, évidemment, formellement interdit”.

    Père de deux enfants en bas âge à ce moment-là, Jean-Pierre n’a pratiquement rien investi de sa poche dans l’achat de couches-culottes :

    “Tellement de paquets à peine abîmés sont passés entre mes mains, je n’ai eu qu’à me servir. Je me suis fait un vrai petit stock. Je me souviens également d’un Noël où j’ai pu faire plaisir à ma fille ainsi qu’à d’autres petites de ma famille : je leur ai, à toutes, offert des poupées jetées par les supermarchés. Les emballages étaient juste un petit peu détériorés”.

    Mis à part ces produits récupérés qui lui permettaient d’économiser sur son budget personnel, Jean-Pierre avoue avoir revendu certaines choses, dont lui, n’avait pas forcément besoin. “Je n’avais pas de chien mais il n’empêche que je conservais ces gros sacs de croquettes. Je les vendais à des prix imbattables. Mes copains étaient ravis”, lance-t-il en souriant.

    Le trentenaire n’était pas le seul à “se fournir” au centre de tri : nombre de ses collègues s’étaient également lancés dans l’aventure de la récupération et de la revente des invendus des grandes surfaces à ce moment-là.

    “C’était super parce que nous récupérions tous des choses différentes. Il nous arrivait de nous échanger des trucs mais la plupart du temps, on se les revendait entre nous. C’était plus intéressant. Chacun voulait pouvoir tirer son épingle du jeu. On ne gagnait pas des fortunes mais cela nous permettait de mettre du beurre dans les épinards”, admet-il.

    Aujourd’hui, la société dans laquelle il travaille s’est spécialisée et ne traite plus les déchets industriels banals (DIB). “On ne peut plus rien récupérer maintenant. C’est dommage. Mais il y a toujours énormément de gaspillage et c’est réellement scandaleux de voir ça. C’est pour cela que nous n’avons pas hésité à nous servir”.

    S’ils sont retirés des rayons pour diverses raisons, les invendus des grandes surfaces, fort heureusement, ne finissent pas toujours dans les déchetteries et dans les centres d’enfouissements :

    “On ne peut pas prendre de risques en ce qui concerne les produits frais. On est obligé de respecter la législation (cf. repères) mais nous faisons quand même pas mal de dons aux associations qui en font la demande. Il s’agit surtout de produits ayant de petits défauts et que nous ne pourrions pas vendre comme les barils de lessive percés, les boîtes de conserves cabossées …Cela nous permet aussi de réduire les coûts de décharge”, souligne Eric Dany.

    Une pratique où tout le monde semble y gagner mais qui, au final, reste très peu répandue dans l’île. Dans un hypermarché, les choses sont claires : les dons aux associations restent très marginaux.

    “Nous ne le faisons que lorsque nous sommes sollicités. La décision définitive revient au directeur du magasin. Il donne son accord en fonction de la cause et si nous offrons des marchandises, celles-ci sont toujours prélevées sur le stock. Nous ne proposons pas d’invendus”, souligne un responsable de rayons avant d’avouer sans ambages :

    “De toute façon, c’est très rare que cela arrive car ce n’est pas dans notre intérêt de donner. Nous n’avons rien à y gagner donc nous préférons jeter les invendus. Et puis, dans les associations ou les boutiques de solidarité, il y a trop de dérives”.

    Une idée reçue qui scandalise Elise Rangoulaman, présidente de l’épicerie sociale Soubic : “Notre travail consiste à aider les personnes ayant des problèmes financiers et qui se retrouvent en situation de précarité. Comment peuvent-ils porter un tel jugement sur ce que l’on fait au quotidien ? Ils ne savent vraiment pas ce qu’ils disent !”, s’insurge-t-elle.

    La présidente de cette association basée sur Saint-Denis déplore que la plupart des supermarchés ne soient pas de grands philanthropes. “Malgré nos nombreuses demandes, ce que nous recevons de leur part est assez dérisoire comparé à nos besoins réels.”

    Basée à Saint-Paul, l’association “Agir contre l’exclusion” aide depuis 12 ans maintenant les sans-abri, les mal-logés ainsi que des familles nécessiteuses. Au sein de leur structure, ils distribuent près de 60 repas par jour. Selon la trésorière, Yvette Maesen, les dons perçus proviennent surtout des bazardiers du marché forain qui fournissent généreusement légumes ou viandes.

    “En ce qui concerne les grandes surfaces, il y a deux ans, le Super U de Saint-Paul nous a contactés. Ils souhaitaient nous donner des yaourts qui allaient périmer dans les trois jours. Nous avons accepté. Depuis, chaque semaine, les repas de nos accueillis sont accompagnés de yaourts comme dessert”.

    L’initiative généreuse ne présente pas vraiment de risque puisque entre les dates limites de vente et celle de consommation, il existe un laps de temps dont profitent les plus démunis.

    Entre les supermarchés qui n’ont pas du tout souhaité s’exprimer et ceux qui ont usé de la langue de bois, difficile d’obtenir des précisions quant au tonnage exact des produits finissant au fond de la benne. Les seuls chiffres obtenus sont vagues et communiqués par une société de collecte des déchets (voir repères).

    Les professionnels de la grande distribution ayant préféré éluder soigneusement la question. Philippe Salmon, directeur technique à la Star est perplexe : “Ils nous payent à la tonne, ils doivent avoir les chiffres, c’est logique”.

    Pourquoi faire preuve alors d’autant de mystère ? Y aurait-il des enjeux financiers à la clef ?

    Quoi qu’il en soit, une solution efficace pour résoudre au moins la gestion des déchets des grandes surfaces se fait urgente : des études menées par l’Adème en 2006 montrent que le centre d’enfouissement de la Rivière Saint-Étienne arrivera à saturation en…2012

    Textes : Mélodie Nourry Photos : Richel Ponapin

    (*Prénom d’emprunt)

    - La benne aux trésors - Parce qu’ils sont souvent encore propres à la consommation, les invendus alimentaires jetés sont l’objet de convoitises. Certaines personnes n’hésitent pas à soulever le couvercle de “la benne aux trésors”.

    Superviseur des magasins Dia à la Réunion, Eric Dany se souvient : “Il y a des gens qui attendaient la fermeture de certains de nos magasins pour aller fouiller nos poubelles et récupérer ce qui leur semblait encore valable. Depuis, nous avons mis en place une nouvelle procédure : nous javellisons tout ce que nous jetons. Dans certains de nos magasins, les bennes sont enfermées dans les réserves. On se dégage de toutes responsabilités en cas d’intoxication alimentaire”.

    Cette pratique, très répandue en métropole et aux États-Unis, s’appelle le freegan (de free : gratuit et de vegan : végétalien). Elle consiste pour ses adeptes, à récupérer dans les poubelles, tout ce dont les grandes surfaces se sont débarrassées et qui n’a pas encore été broyé ou compacté.

    Selon la loi, tout ce qui est déposé dans une poubelle n’a plus de propriétaire.

    - Quid de la restauration rapide ?

    Au Mac Do de l’avenue de la Victoire, on donne aussi vite à manger que l’on répond aux questions des journalistes. Au sujet de leurs invendus, un responsable répond sèchement : “Il ne nous reste jamais rien sur les bras, tout est vendu chaque jour”.

    Devant notre insistance, l’homme s’impatiente et parvient à lâcher : “S’il nous reste des sandwichs ou autres, c’est jeté. En fait, on s’en tient à la charte mise en place par notre société et qui est valable dans tous nos restaurants à travers le monde : tout ce qui n’est pas parti au bout de dix minutes est automatiquement mis à la poubelle. C’est comme ça, on ne cherche pas à savoir pourquoi.”

    Devant un tel gaspillage, certains employés n’hésitent pas à s’affranchir des règlements. Christophe, 33 ans, raconte :

    « Mon meilleur ami travaillait dans un de ces restaurants. Chaque fois qu’il devait faire la fermeture, il m’appelait quelques minutes avant afin que je l’attende sur le parking situé à l’arrière du restaurant. Là, il me donnait des sachets remplis de hamburgers. Il n’y en avait tellement que même à plusieurs, on n’arrivait pas à tout finir. Comme on ne pouvait pas se résoudre à les jeter, on donnait ce qu’il restait à des SDF que l’on croisait au hasard dans la rue. »

    http://www.clicanoo.com/index.php?id_article=181444&page=article

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  • Le Nouvel Observateur : "Frères humains, devenez végétariens !"

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    Les bovins ruminent 30% de nos céréales.

    Frères humains, devenez végétariens !

    Il suffirait de renoncer à la viande pour soulager la pénurie de grains tout en préservant l'environnement et notre santé

    "L'élite intellectuelle dans les pays développés trouve parfaitement normal de s'inquiéter de la surpopulation dans le monde, mais elle oublie toujours un fait. La vraie surpopulation, c'est celle du bétail."

    L'auteur de ces phrases n'est pas un vachophobe excentrique ou un végétarien fanatique mais l'économiste américain Jeremy Rifkin, auteur, entre deux essais sur le travail ou les nouvelles technologies, du passionnant Beyond Beef, un essai sur l'impact dévastateur de l'industrie de l'élevage.

    Surpopulation ? Avec 1,4 milliard de vaches, notre planète croule en effet littéralement sous le bétail : le poids cumulé de tous ces ruminants est supérieur à celui de toute la population humaine avec ses 6 milliards d'habitants !

    Et c'est de pire en pire. La production de viande a été multipliée par cinq depuis les années 1950, pour passer à 265 millions de tonnes. Et devrait encore doubler sur les vingt années à venir.

    De quoi affoler les experts en alimentation, qui se demandent bien comment la terre pourra nourrir les 3 milliards d'humains supplémentaires de ces prochaines décennies.

    La concurrence entre les animaux d'élevage et les hommes s'annonce très rude. Car 80% de l'alimentation animale proviennent de cultures qui conviendraient également à la consommation humaine : maïs, soja.

    A l'ère de l'élevage industriel, nos bêtes accaparent à elles toutes seules 60% de la production mondiale de céréales, soit 670 millions de tonnes ! Un volume qui suffirait amplement à nourrir les 850 millions d'êtres humains souffrant de malnutrition.

    En fait, d'un point de vue malthusien, la viande n'est pas « rentable ». On estime qu'un végétarien consomme en moyenne 180 kilos de grains par an alors qu'un consommateur de viande en gaspille 930 kilos par an.

    Pour comparer le rendement de diverses spécialités agricoles, les agronomes calculent un taux de conversion alimentaire qui correspond au rapport entre le nombre de protéines consommées et produites.

    Pour obtenir 1 calorie de poulet, il faut ainsi environ 4 calories de nourriture végétale. Idem pour le porc ou les oeufs. Pour le lait, on grimpe à 8. Et pour le boeuf, à 17, voire bien plus !

    En comparaison, la pomme de terre est bien moins gourmande, son taux de conversion n'étant que de 0,46.

     

    Et encore, on ne compte pas les besoins en eau : pour produire 100 grammes de boeuf, il faut 25 000 litres d'eau. 

    Glouton, notre cheptel est aussi expansionniste. Au total, l'élevage et la production des aliments pour le bétail squattent 78% des terres agricoles mondiales, soit 30% de toute la surface du globe, trois fois plus qu'en 1960.

    « Sur un hectare de terrain, un agriculteur peut nourrir une trentaine de personnes s'il le consacre à la culture de légumes ou de fruits. S'il produit des oeufs ou de la viande, le ratio passe à cinq personnes. Et à beaucoup, beaucoup, moins, s'il ne s'agit que de viande rouge », dit ainsi Bruno Parmentier, auteur de Nourrir l'humanité et directeur de l'Ecole supérieure d'Agriculture d'Angers.

    Des périls verts à quatre pattes

    Le plus insensé ? C'est que toute cette bidoche est en priorité destinée à 0,1% de la population de la planète, l'infime petite minorité des riches de ce monde.

    Notre consommation de viande est passée de 30 kilos par personne et par an en 1919 à plus de 100 kilos aujourd'hui. C'est trois fois plus que la quantité préconisée par les organismes de santé.

    Non seulement notre régime carnivore affame la planète, mais il nous tue aussi par la recrudescence des maladies de « biens nourris » : accidents cardiovasculaires, diabète, obésité...

    Et pour ne rien arranger, il contribue au réchauffement climatique. Selon un rapport publié en 2006 par la FAO, l'élevage est responsable de 18% des émissions des gaz à effet de serre. Soit plus que le secteur des transports !

    Avec leurs flatulences chargées de méthane, leurs tonnes de fumier gorgé de gaz hilarant, le fameux NO2 également des plus nocifs, sans compter les émissions d'ammoniac synonymes de pluies acides et leurs déjections qui polluent les nappes phréatiques, nos charmants bovins sont des périls verts à quatre pattes.

    L'extension de leurs pâturages fait des ravages. En Amérique centrale, 20% des zones sylvestres ont déjà été ratiboisées. Et c'est encore pire au Brésil, où 38% de l'Amazonie ont été sacrifiés pour les bovins.

    Une déforestation qui s'accélère avec les immenses plantations de soja destinées à nourrir nos vaches, toujours elles.

    Mon royaume pour une entrecôte. 

    Doan Bui pour Le Nouvel Observateur

     

     

    http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2270/articles/a374222-.html

  • Les mangeurs de chair animale s'empoisonnent aux OGM

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    Dans 95% des cas, les animaux que nous mangeons ont été nourris au soja transgénique, révèle mercredi Le Soir qui cite des chiffres de l'Association professionnelle des fabricants d'éléments composés pour animaux (Apfaca).

    L'essentiel des aliments pour bétail à base de soja, en Belgique, est d'origine transgénique. Et ces aliments comptent pour 80% des compléments protéinés des animaux.

    « Trois filières - biologique, conventionnelle et transgénique - ont existé juqu'au début de cette année », explique Yvan Dejaegher, directeur général de l'Apfaca.

    « Nous avons dû abandonner le cahier des charges lié aux filières conventionnelles sans OGM en raison du surcoût lié au transport et aux procédures de contrôle qu'il occasionnait pour les producteurs et la grande distribution », ajoute-t-il.

    Quant au bio, sur six millions de tonnes d'aliments composés pour animaux ingurgités chaque année en Belgique, la part biologique représenterait à peine 2,5% du marché. De son côté, la filière conventionnelle sans OGM ne représenterait plus que 2,5% contre 15% l'an dernier, selon l'Apfaca.

    Pour le ministre wallon de l'Agriculture et de l'Environnement, Benoît Lutgen (cdH), « il est urgent que le fédéral se saisisse de cette question. L'Agence fédérale de sécurité alimentaire pourrait très bien imposer un étiquetage après concertation avec le secteur », estime-t-il.

    Selon l'Organisation mondiale de la Santé, « les OGM sur le marché ont passé avec succès des évaluations du risque et il est improbable que cela présente un quelconque risque pour la santé humaine ».

    http://www.7sur7.be/7s7/fr/1502/Belgique/article/detail/267767/2008/05/07/Notre-betail-est-nourri-aux-OGM.dhtml

  • Investigation dans un elevage de production d'oeufs de Californie

    A film by Mercy For Animals

     

    Activists release video of chickens abused at Calif. farm

    An animal rights group on Tuesday released undercover video showing chickens at a major California egg farm being mistreated by workers and housed in cages so small they can't spread their wings.

    The Chicago-based nonprofit Mercy for Animals began circulating the footage as part of its campaign to promote a California ballot measure that would bar farms from confining hens, pregnant sows and calves in cages that are so restrictive the animals can scarcely turn around.

    The group's executive director planned to submit the grainy images along with a criminal complaint to the Merced County district attorney on Wednesday, claiming the conditions at the farm broke California's animal cruelty laws.

    The estimated 9.4 billion egg-laying hens and birds killed for meat consumption each year have no protections under federal animal welfare laws, according to the U.S. Department of Food and Agriculture.

    "We wanted to show consumers exactly what takes place behind the doors at these facilities when factory owners don't think the conditions are being filmed," said director Nathan Runkle, whose group promotes a vegan diet. "The hens are paying the hidden cost of factory-farm production."

    Runkle said one of the nonprofit's investigators shot the footage on a hidden camera he wore during the two months he fixed cages and repaired machines at egg-laying sites in Delhi and Hilmar in the San Joaquin Valley.

    The two facilities are owned by Turlock-based Gemperle Enterprises, which supplies NuCal Foods Inc., the largest distributor of shell eggs in the western United States. NuCal sells to several grocery chains including Trader Joe's, Raley's and SaveMart Supermarkets, Runkle said.

    The video features close-ups of chickens with open, infected sores that are crowded into metal cages holding rotting bird corpses. It also shows a worker stomping on a sick hen as it flaps its wings to avoid being kicked into a manure pit.

    Gemperle did not immediately returned calls for comment from The Associated Press on Tuesday. But in an interview with the Los Angeles Times, owner Steve Gemperle questioned whether the footage actually was shot at one of its farms, but said the mistreatment shown in the video violates company policy.

    Twice in the past two years, a separate animal rights group called Farm Sanctuary submitted video tapes and letters to Merced County law enforcement authorities showing other alleged abuses shot by an independent animal rights activist who penetrated Gemperle's facilities.

    The group said it never heard back from authorities about the tapes.

    "We are obviously not going to launch a persecution based on unsubstantiated video," Merced County District Attorney Larry Morse III said Tuesday. "If we have evidence of mistreatment of animals, it should be investigated by the sheriff's department, and if found to be legitimate, then should be forwarded to our office."

    NuCal Foods referred calls to the Pacific Egg and Poultry Association, whose spokesman Chris Myles issued a statement saying egg farmers and ranchers strongly disapproved of the abuses the worker shot on hidden camera.

    "Such images and actions are inconsistent, out-of-practice and in violation of our high standards for animal welfare," the statement said. "Our standards have been specifically developed by leading animal welfare scientists and researchers to promote and maintain humane, ethical and responsible animal care practices."

    State Sen. Carole Migden said Tuesday she didn't believe the egg-industry animal welfare standard was sufficient and endorsed the ballot measure that will be decided by voters in November.

    "I am horrified to see that farmers and workers would treat animals with such disregard," said Migden, D-San Francisco. "I don't think that is too much to ask from California's farms, and I am certain that consumers will embrace such compassionate changes in farm practices."

    http://www.businessweek.com/ap/financialnews/D90GS5M01.htm

  • La dignité des plantes

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    Chargé par les autorités suisses de se pencher sur le concept de « dignité de la créature », la Commission fédérale d’éthique pour le génie génétique dans le domaine non humain (CENH) a affirmé que les plantes avaient une dignité et une valeur morale.

    Rappelons que, depuis 1992, la Constitution fédérale prévoit, dans son article 120, la possibilité pour la Confédération de légiférer sur l’utilisation du patrimoine germinal et génétique des animaux, des végétaux et d’autres organismes.

    En 2003 déjà, la Confédération avait voté une loi améliorant le statut juridique des animaux en les considérants comme des êtres vivants doués de sensibilité.

    Désormais, les plantes aussi doivent faire l’objet d’un respect moral en tant qu’ « organismes individuels doués d’intérêts propres ».

    « Nul n’est autorisé du point de vue moral, et sans justification valable, à traiter de façon arbitraire ou à endommager une plante, de manière à en empêcher la croissance ou à compromettre ses chances de reproduction. »

    Par ailleurs, une nouvelle ordonnance sur la protection des animaux entrera en vigueur le 1er septembre prochain.

    Parmi les mesures prises par ce texte, citons la formation des futurs propriétaires de chiens et d’animaux sauvages, la mise en place d’un service spécialisé en protection des animaux dans chaque canton, l’interdiction d’utiliser des aquariums transparents sur les quatre côtés…

    © genethique.org

    http://www.genethique.org/revues/revues/2008/mai/20080507.7.asp

  • Ecosophies : la philosophie à l'épreuve de l'écologie

     

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    Jeudi 29 et 30 mai 2008, Jeudi 29 et 30 mai 2008, 9h30-17h30

    L'ambition de ce colloque à dimension internationale est de porter dans l'espace public français une réflexion en profondeur sur les enjeux philosophiques et politiques de l'écologie.

    En remettant en cause la rationalité du modèle dominant de "civilisation", la crise écologique repose avec urgence la question de la possibilité pour nos sociétés d'opérer des changements radicaux.

    La compréhension du monde commun que l'écologie met au défi de partager demande une réévaluation collective des présupposés, des principes et des catégories fondamentales selon lesquelles nous percevons et délimitons le même et l'autre, le possible et l'impossible, le vivant et le mort, le juste et l'injuste…

    C'est dans cet esprit  que d'éminents représentants des courants philosophiques les plus importants de l'éthique environnementale américaine, sont invités ici à présenter leurs travaux et échanger avec des philosophes et scientifiques français.

    Colloque organisé en partenariat avec le Collège International de Philosophie, l'Institut Véolia, le Ministère de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables.

    JEUDI 29 MAI 2008, 9H30, à l'auditorium

    Ouverture du colloque

    Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat à l'environnement, MEEDDAT (sous réserve)

    JEUDI 29 MAI 2008, 10H-13H, à l'auditorium

    Les valeurs de la Nature - Habiter la Terre (I)

    Catherine Larrere, professeur de philosophie, université Paris-I

    John Baird Callicott, professeur de philosophie, university of Austin, Texas

    Mark Sagoff, professeur de philosophie, Maryland School of Public Policy, university of Maryland

    JEUDI 29 MAI 2008, 14H30-17H30, à l'auditorium

    Les valeurs de la Nature - Habiter la Terre (II)

    Michel Serres, philosophe, membre de l'Académie française

    Andrew Light, professeur de philosophie, département of philosophy, university of Washington

    Dale Jamieson, directeur de recherche, New-York university

    VENDREDI 30 MAI 2008, 9H30-13H, à l'auditorium

    Biodiversité : de la science à la politique (I)

    Virginie Maris, Muséum national d'histoire naturelle

    Julien Delord, Centre d'enseignement et de recherche sur l'environnement et la société, ENS

    Lucien Chabason, Institut du développement durable et de relations internationales

    VENDREDI 30 MAI 2008, 14H30-17H30, à l'auditorium

    Biodiversité : de la science à la politique (II)

    Donato Bergandi, maître de conférence, Muséum national d'histoire naturelle

    Raphaël Larrere, directeur de recherche, Institut national de la recherche agronomique (Inra)

    Nathalie Blanc, chargée de recherche, Centre national de la recherche scientifique, Cnrs-Ladyss Paris-7

    http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/college/v2/html/2007_2008/cycles/cycle_279.htm

  • Messere Gaster ou la tyrannie du ventre

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    « Les végétariens ne sauveront pas (tout de suite) la planète »

    Le végétarisme est peut-être une des solutions pour sauver la planète. Mais on n’arrivera pas de sitôt à en convaincre ceux qui salivent à l’idée d’un gros morceau de boeuf bien saignant : parce que le rapport à la nourriture est quelque chose de trop émotif pour être modifié par des arguments froidement rationnels.

    C’est la seule conclusion sur laquelle tout le monde a semblé s’entendre, au terme d’un Bar des sciences sur le végétarisme présenté au Cégep de Saint-Laurent la semaine dernière.

    Pour le reste, même les positions mitoyennes ont laissé froids une partie des cégépiens — comme celle voulant que le végétarisme ne soit pas « la » solution, mais « une » des solutions.

    Ce sont plutôt les positions « pro-viande » qui ont provoqué le plus d’applaudissements, comme lorsqu’un étudiant est venu proclamer au micro qu’il continuerait d’adorer son barbecue et ne voyait pas en quoi la planète s’en porterait plus mal.

    Au cours de la première heure, les arguments n’avaient pourtant pas manqué : un kilo de viande nécessiterait 13 kilos de produits de la terre, a estimé la diététiste-nutritionniste Anne-Marie Roy, en plus de monopoliser les trois quarts des terres agricoles du Québec.

    Et voilà que les Chinois veulent à leur tour suivre ce modèle, s’est inquiété Éric Darier, de Greenpeace.

    Soyons réalistes, a avancé la journaliste Ariane Krol, de La Presse, en se risquant prudemment à jouer à l’avocat du diable : on ne changera pas les habitudes de la population du jour au lendemain. « Réduire notre consommation de viande, oui, mais pas l’abolir. »

    Étonnamment nombreuses furent les interventions à base d’une rumeur ou d’un vague souvenir. « J’ai entendu dire que » ou « J’ai lu quelque part » prenaient ainsi valeur d’arguments scientifiques solides, autant pour défendre les avantages pour la santé d’une alimentation végétarienne que la valeur vitaminique d’un kilo de viande.

    Mais si le végétarisme n’est qu’une solution parmi d’autres (il faudra tôt ou tard réduire la circulation automobile, abandonner l’eau embouteillée, etc.), par quoi commencer ?

    Faut-il se fixer des objectifs chiffrés, comme le FAO (Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation), qui propose une réduction de moitié de notre consommation de viande ?

    Ou bien commencer par revoir notre « modèle agrochimique », c’est-à-dire réduire considérablement l’usage des pesticides, comme le réclame Greenpeace ?

    Faut-il mieux sensibiliser les gens au fait que les protéines dont ils ont besoin ne se trouvent pas uniquement dans la viande ?

    Mais que dire de ceux qui, à l’inverse, affichent avec fierté ne nourrir leurs jeunes enfants qu’avec une alimentation 100 % végétalienne (aucun produit animal, comme le lait ou les oeufs) ?

    Les éleveurs québécois de boeufs ou de poulets peuvent dormir tranquilles : pour l’instant, leur avenir n’est pas menacé...

    Pascal Lapointe

    http://www.sciencepresse.qc.ca/node/20453#comment-1057

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  • Réflexions sur l’éthique animale avec Jean-Baptiste Jeangène Vilmer

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    Les rencontres « Animal et Société », cycle de négociations destinées à faire évoluer les relations humains/animaux, sont l’occasion de nous entretenir avec Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, philosophe et juriste, spécialiste de l’éthique animale.

    Il nous éclairera sur les différentes approches du statut de l’animal, et sur l’état des réflexions actuelles, dont la richesse et la complexité sont relativement méconnues en France.

    Ce printemps s’ouvrent à Paris, sous l’égide du ministère de l’Agriculture, les rencontres appelées « Animal et Société ».

    Présentées parfois comme le « Grenelle de la protection animale » qui fait suite au « Grenelle de l’environnement » de l’automne dernier, ce cycle de réunions va mêler aussi bien des exploitants agricoles que des ONG de la défense animale, ainsi que des politiques et des scientifiques, afin de réfléchir aux relations humains/animaux et tenter de déboucher sur des avancées concrètes.

    Comme l’indique M. Michel Barnier, ministre de l’Agriculture :

    « S’appuyant sur des débats d’opinion animés, sur des réflexions scientifiques et éthiques renouvelées, la question du rapport entre l’homme et l’animal a acquis, en une trentaine d’années, une importance sans précédent. »

    (http://www.animaletsociete.com)

    Le chercheur Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, à la fois philosophe et juriste, a enseigné l’éthique à l’Université de Montréal et vient de publier aux Presses Universitaires de France (PUF) l’ouvrage Ethique animale, qui est une référence en français sur le sujet. Il va répondre à nos questions sur un sujet de société qui est en train d’émerger en France comme une préoccupation importante.

    L’utilisation des animaux par les humains recouvre des secteurs d’activités très différents, et les problèmes qui en découlent sont nombreux. Un panorama de la situation est donné dans la deuxième partie de votre livre Ethique animale. Pouvez-vous nous donner quelques exemples qui sont révélateurs de l’ampleur des problèmes ?

    Afin de livrer un tour d’horizon assez complet, j’examine six catégories en particulier : les animaux de consommation, de recherche, de divertissement, de compagnie, les animaux sauvages et les animaux de travail. Et, au sein de chaque groupe, un certain nombre de problèmes.

    Certains sont bien connus, parce qu’ils sont eux-mêmes spectaculaires ou qu’ils donnent lieu à des réactions spectaculaires de la part des militants : on pense assez spontanément aux abus de l’élevage industriel, à l’expérimentation animale, la corrida, la chasse aux phoques ou aux fourrures de chiens et chats, par exemple.

    D’un point de vue purement quantitatif, la question des animaux de consommation devrait être une préoccupation première. L’homme consomme annuellement plus de 53 milliards d’animaux d’élevage, qui représentent plus de 20% de toute la biomasse animale terrestre et, en Occident, 98% de la totalité des animaux avec lesquels nous sommes en interaction.

    A titre de comparaison, les animaux tués pour la consommation alimentaire sont 100 fois plus nombreux que la somme de tous les animaux tués dans tous les autres secteurs indiqués ci-dessus. C’est la raison pour laquelle la question du végétarisme est souvent présentée comme une priorité dans la stratégie des défenseurs de la condition animale.

    On peut douter, toutefois, de la pertinence d’une approche seulement quantitative, car la cruauté d’une pratique ne se juge pas au nombre de ses victimes. La corrida tue un nombre infinitésimal de taureaux par rapport aux abattoirs, mais elle le fait d’une certaine manière qui non seulement ne vise pas à minimiser la souffrance de l’animal, mais encore s’expose devant un public.

    De ce point de vue, par l’exemple qu’elle donne, par le rapport à l’animal qu’elle perpétue, envers et contre les principes et les lois les plus élémentaires en matière de bien-être animal (puisqu’elle est une exception, j’y reviendrai), je considère que cette pratique est autant préjudiciable à la condition animale que les abus de l’élevage industriel.

    Si l’on pense, maintenant, aux autres aspects de l’exploitation animale, moins médiatiques peut-être mais tout aussi préoccupants, j’examine par exemple la captivité des animaux sauvages dans les cirques et les zoos, les courses de lévriers, les combats d’animaux, l’alimentation des animaux de compagnie, le phénomène de la viande de brousse, l’impact de la médecine traditionnelle, le sort des poissons - dans les aquariums, lors de la pêche de loisir et dans la pisciculture -, la situation des animaux militaires et les conséquences des exercices militaires sur la faune sauvage, ou encore la bestialité, c’est-à-dire le fait pour un homme d’avoir des relations sexuelles avec un animal.

    Bien entendu, la notion de « problème » est elle-même problématique : certains voient des problèmes d’éthique animale là où d’autres ne voient que l’exploitation habituelle des animaux. Tout dépend de la conception que l’on a de l’animal - être vivant sensible, digne de considération morale, ou produit de consommation comme un autre.

    De ce point de vue, cette deuxième partie sur les « problèmes » est conditionnée par la première partie consacrée aux « idées », c’est-à-dire aux différentes théories du statut moral de l’animal.

    Bien qu’il soit aujourd’hui parfaitement établi scientifiquement que les animaux ont une vie émotionnelle et affective riche, et qu’ils sont autant que l’humain capables de souffrir, ils restent presque toujours considérés comme des êtres de peu d’importance.

    Cela se vérifie aussi bien dans la façon dont les humains traitent concrètement les animaux, que dans le langage courant qui traduit un mépris profond de l’animalité (« être un animal », « se conduire comme un animal », etc.). Comment expliquez-vous cet état d’esprit ? A-t-il une justification rationnelle ?

    Rationnelle, non, mais il n’en est pas moins puissant, et c’est tout le problème. Le mépris de l’animalité que vous décrivez est la marque de l’anthropocentrisme moral qui domine nos relations avec les animaux - dans le monde occidental en tout cas - depuis deux millénaires. On aurait tort, à mon avis, de concevoir ce comportement comme une exception, un cas particulier.

    Cette préférence pour le genre humain, de la part des humains, est dans la stricte continuité d’autres comportements au sein même de l’humanité, comme le racisme et le sexisme, qui cette fois sont unanimement dénoncés, précisément parce qu’ils ont lieu entre humains, c’est-à-dire « entre nous ».

    Les discriminations selon l’espèce (spécisme), la race (racisme) ou le sexe (sexisme) ne sont jamais que des manifestations d’une préférence plus fondamentale pour le soi, que certains aiment fonder dans la biologie, et dont l’histoire, faut-il le rappeler, peut aussi être celle de la barbarie.

    Lorsque le juge Posner, après de nombreux autres, après Nozick qui invoquait déjà « le principe général selon lequel les membres d’une espèce donnent légitimement plus de poids à leurs semblables », utilise cet argument de la préférence pour les siens afin de justifier l’exploitation animale, Singer a raison de répondre en citant Himmler faisant l’éloge de la préférence nationale et avouant son indifférence quant au sort des « autres races » comme les Russes ou les Tchèques.

    Et qui ignore qu’en France aussi, ce genre de raisonnement peut conduire à préférer « sa famille à ses amis, ses amis à ses voisins, ses voisins à des inconnus, des inconnus à ses ennemis » et, en bout de ligne, « les Français, puis ensuite les Européens, enfin les Occidentaux »... ?

    Mais dans le cas des animaux, dira-t-on, cette discrimination est bien fondée sur une justification rationnelle, puisqu’ils sont moins intelligents que nous, qu’ils ne disposent pas de ces facultés intellectuelles (la rationalité, l’abstraction, la projection, la compassion, le sens de la justice, etc.) qui garantissent notre différence définitive et qui, de ce fait, nous autorisent à les mépriser et donc à les exploiter comme bon nous semble.

    Tout est dans ce double lien de causalité : la supériorité de nos facultés intellectuelles, qui signifie donc l’infériorité des animaux, serait une justification rationnelle au mépris profond de l’animalité et, par voie de conséquence, au peu de cas que nous faisons de leur souffrance.

    Or, c’est précisément ici que, depuis Rousseau au moins, un certain nombre de penseurs dénoncent un sophisme : quel est le lien entre les facultés intellectuelles d’un être et la considération que nous lui devons eu égard à sa capacité de souffrir ?

    Aucun, sans quoi nous devrions en toute logique avoir autant de considération morale pour les animaux que pour les cas marginaux humains que sont notamment les enfants, les séniles, les comateux, les handicapés mentaux profonds, qui dans certains cas ont moins de capacités intellectuelles que des animaux supérieurs adultes.  

    C’est le mot fameux de Bentham : « Un cheval ou un chien adulte est un animal incomparablement plus rationnel, et aussi plus causant, qu’un enfant d’un jour, ou d’une semaine, ou même d’un mois. Mais s’ils ne l’étaient pas, qu’est-ce que cela changerait ? La question n’est pas : peuvent-ils raisonner ? ni : peuvent-ils parler ? mais : peuvent-ils souffrir ? »

    La tradition utilitariste anglo-saxonne va donc montrer que l’utilisation des critères intellectuels traditionnels pour exclure les animaux de notre champ moral n’est pas rationnelle, comme le rappelle également Sidgwick : « la différence de rationalité entre deux espèces d’êtres sensibles ne permet pas d’établir une distinction éthique fondamentale entre leurs douleurs respectives ».

    Cette question n’est pas seulement philosophique, elle a aussi de nombreux aspects sociologiques, des plus passionnants. Ce sont les « stratégies d’exclusion » auxquelles je consacre un chapitre. Il s’agit des stratagèmes, des alibis et de l’ensemble des actions mises en œuvre pour justifier l’exploitation animale et ses abus, tout en modérant la culpabilité des acteurs et des spectateurs.

    De ce point de vue, « l’infériorité » des animaux, ou en tout cas ce qui est présenté comme tel, joue un rôle important puisqu’il s’agit d’un mécanisme puissant permettant de se distancier d’eux sur le plan émotionnel. Rappelons également que cette soi-disant certitude est en fait culturellement variable.

    James Serpell remarque que seules les cultures ayant domestiqué des animaux défendent leur infériorité. Il en déduit que nous dénigrons les animaux parce que nous les domestiquons. L’infériorité des animaux serait alors « une véritable doctrine politique, propagée pour faciliter l’exploitation animale ».

    La « protection animale » est apparue au Royaume-Uni au XIXe siècle, elle fait désormais partie du paysage associatif et sociétal de la France et de beaucoup d’autres pays. Elle n’est pas basée sur des réflexions théoriques de fond sur le statut de l’animal.

    Celles-ci sont arrivées beaucoup plus récemment (bien qu’elles aient des racines anciennes) et des réflexions approfondies ont été réalisées, surtout dans le monde anglo-saxon, pour former ce que l’on appelle l’éthique animale. Pouvez-vous nous en donner un aperçu ?

    L’éthique animale peut être définie comme l’étude du statut moral des animaux, c’est-à-dire de la responsabilité des hommes à leur égard.

    Il s’agit naturellement d’une question millénaire mais le mouvement contemporain, qui s’est rapidement constitué en discipline universitaire donnant lieu à des centaines de formations et des milliers de publications, a son origine dans l’Angleterre des années 70, plus précisément à l’université d’Oxford où se trouvaient réunis, durant ces années, ceux qui sont devenus des acteurs majeurs de l’éthique animale (Ryder, Midgley, Singer, Regan, Clark, Linzey, etc.).

    Le retournement qu’opère l’éthique animale anglo-saxonne par rapport à la tradition, c’est-à-dire essentiellement l’anthropocentrisme moral, consiste précisément à affirmer la pertinence de la souffrance comme critère de considération morale.

    Ceux qui considèrent la capacité de souffrir, conscience incluse, comme un critère suffisant de considération morale sont généralement des utilitaristes qui raisonnent en termes d’intérêts et qui cherchent à maximiser le bien-être animal (animal welfare) en minimisant la souffrance.

    La figure la plus connue de ce courant est bien entendu Peter Singer : « c’est le critère de la sensibilité (...) qui fournit la seule limite défendable à la préoccupation pour les intérêts des autres ».

    Ceux qui, au contraire, considèrent que la capacité de souffrir n’est pas un critère suffisant de considération morale et ajoutent d’autres exigences sont généralement des déontologistes qui raisonnent en termes de droits et qui attribuent des droits moraux et/ou légaux aux animaux (animal rights).

    Pour Regan, par exemple, le critère de considération morale n’est pas la seule capacité de souffrir, mais la valeur inhérente d’individus qui sont sujets-d’une-vie (subject-of-a-life) - notion dont la définition est relativement étroite, qui ne concerne dans les faits que les mammifères âgés d’un an et plus, en laissant de côté la question de savoir ce qu’il en est des animaux moins évolués.

    Pour Wise, également, la capacité de souffrir n’est pas un critère suffisant de considération morale : il lui ajoute l’exigence d’être titulaire d’une « autonomie pratique », c’est-à-dire la capacité de partager certaines tâches cognitives avec les humains (par exemple réussir le test du miroir, qui ferait la preuve d’une conscience de soi).

    Définition encore plus étroite, qui ne laisse passer que les humains, certains grands singes (chimpanzés, bonobos, orangs-outans, gorilles), les dauphins et les éléphants.

    Peut-on dire que c’est cette commune capacité de souffrir entre les hommes et les animaux qui est à la base de l’éthique animale contemporaine ?

    Oui. Les animaux, au moins certains d’entre eux (laissons de côté la question des cas-limites), partagent donc avec les humains la capacité de souffrir. Reste que cette communauté n’implique pas une identité entre les souffrances respectives des uns et des autres, ni même d’ailleurs au sein de chacun de ces groupes.

    On peut noter deux différences essentielles. La connaissance humaine, d’une part, qui permet notamment de se représenter la souffrance, peut elle-même être source de souffrance, ce qui double la charge : le condamné à mort souffre de savoir qu’il va mourir dans six mois, tandis que le bœuf l’ignore.

    L’ignorance animale, d’autre part, peut également être source de souffrance, puisque l’animal sauvage, par exemple et contrairement à l’homme, ne peut pas distinguer entre une tentative de le capturer pour le détenir et une tentative de le tuer.  

    Ceci étant dit, ce qui intéresse l’éthique animale au-delà de ces différences est ce que partagent les hommes et les animaux et, surtout, ce que cette commune capacité de souffrir implique pour les premiers relativement aux seconds.

    Pourriez-vous développer plus particulièrement la théorie de Peter Singer, professeur de bioéthique à Princeton University, qui a signé la préface de votre livre Ethique animale ?

    De cette commune capacité de souffrir, Singer déduit qu’ « il est impossible de justifier moralement le fait de considérer la douleur (ou le plaisir) que ressentent les animaux comme moins importante que la même quantité de douleur (ou de plaisir) ressentie par un être humain ».

    Cette commune capacité de souffrir implique donc une égalité de considération. De là, il est important d’éviter deux confusions.

    D’abord, l’égalité de considération que prône Singer n’est pas l’égalité de traitement. Ce sont les intérêts de chaque être qui sont pris en compte, et avoir une égale considération pour des individus ayant des intérêts différents peut évidemment conduire à un traitement différent :

    « La préoccupation pour le bien-être des enfants qui grandissent aux Etats-Unis peut exiger que nous leur apprenions à lire ; la préoccupation pour le bien-être des cochons peut ne rien impliquer d’autre que de les laisser en compagnie d’autres cochons dans un endroit où il y a une nourriture suffisante et de l’espace pour courir librement. »

    Ensuite, l’égalité de considération n’est pas l’égalité des vies. C’est ici qu’apparaissent les limites du critère de la souffrance. L’égalité de considération ne vaut que lorsqu’il s’agit de la souffrance, et non de la vie des êtres en question.

    Car, en matière de souffrance, le fait que l’homme soit par ailleurs plus intelligent, plus raisonnable, plus libre si l’on veut que l’animal n’a aucun impact sur leur intérêt commun à ne pas souffrir (tant que les capacités cognitives humaines n’augmentent pas le degré de souffrance).

    Par contre, cela a un impact sur leur intérêt à vivre, comme le montre l’exemple suivant. Si nous avions le choix entre sauver la vie d’un humain normal et celle d’un humain handicapé mental, nous choisirions probablement de sauver la vie de l’humain normal (ce faisant, on présuppose que sa vie vaut plus la peine d’être vécue que celle de l’autre).  

    Mais si nous avions le choix entre faire cesser la douleur soit chez l’un soit chez l’autre, il serait beaucoup plus difficile de se décider (ce faisant, on présuppose qu’ils ont un intérêt égal à ne pas souffrir). Pourquoi ?

    Car on estime que tuer un être rationnel, capable de penser abstraitement et d’élaborer des projets revient à lui ôter davantage que la vie, à le priver de l’accomplissement de ses efforts.

    Singer conclut donc que « cela signifiera en général que s’il nous faut choisir entre la vie d’un être humain et celle d’un autre animal nous devons sauver celle de l’humain ; mais il peut y avoir des cas particuliers où l’inverse sera vrai, quand l’être humain en question ne possède pas les capacités d’un humain normal ».

    Bien entendu, un certain nombre d’auteurs ne sont pas d’accord avec cette position, qui n’accorde aucune valeur inhérente à la vie en elle-même. Tous les déontologistes qui défendent le caractère sacré de la vie, ceux-là mêmes qui s’opposent dans d’autres domaines de la bioéthique à l’avortement ou à l’euthanasie, dénoncent le manque de profondeur et les dangers de l’utilitarisme.

    Comment la France s’est-elle inscrite dans cette démarche de réflexions et de positionnements sur la question animale ?

    Elle ne s’est pas vraiment « inscrite » dans le sens où la plupart des auteurs français ignorent le débat anglo-saxon.

    Singer dans sa préface rappelle que Animal Liberation, qui s’est vendu à plus de 500 000 exemplaires, a été traduit en italien, espagnol, allemand, hollandais, suédois, finnois et japonais avant de l’être en français, presque vingt ans après sa parution.

    Son livre, qui aujourd’hui encore reste le seul ouvrage majeur d’éthique animale anglo-saxonne accessible aux francophones, est épuisé depuis longtemps et aucune action n’est entreprise pour le rééditer.

    Enrique Utria, doctorant en philosophie, a récemment achevé la traduction de The Case for Animal Rights (1983) de Regan, une autre référence incontournable en éthique animale. Il a visiblement beaucoup de mal à trouver un éditeur.

    Tant que les ouvrages anglo-saxons ne seront pas traduits et publiés en français, et tant que les penseurs français ne feront pas l’effort de lire l’anglais, la France ne pourra pas « s’inscrire » dans cette discipline.

    Coupée du développement de l’éthique animale anglo-saxonne, la France développe sa propre approche, plus fidèle à sa tradition, qui ne s’inscrit pas dans l’éthique à proprement parler mais plutôt dans la philosophie classique ou première, au sens d’ontologie.

    Il ne faut donc pas confondre l’éthique animale, qui est l’étude de la responsabilité morale des hommes à l’égard des animaux, et la philosophie de l’animalité (Animal Philosophy), qui examine la manière dont la tradition philosophique considère l’animal (s’il pense, s’il raisonne, en quoi consiste son essence, son être-au-monde, ce qui le distingue de l’humain), dans une perspective souvent historique, des Grecs à nos jours, mais qui a tendance depuis quelques années à privilégier certains courants (existentialisme, phénoménologie, herméneutique).

    La contribution française se fait remarquer à un niveau très théorique, où l’on examine le « devenir-animal » de Deleuze et Guattari pendant que Derrida et Nancy discutent l’humanisme de Heidegger et Lévinas.

    Cette branche distincte, dans laquelle s’inscrivent les ouvrages récents de Florence Burgat et Elisabeth de Fontenay, est passionnante mais ne relève pas de l’éthique au sens relativement appliqué où nous l’entendons ici.

    Si l’éthique animale existe malgré tout en France, c’est essentiellement grâce à des organisations, et à deux d’entre elles en particulier : la Fondation Ligue Française des Droits de l’Animal (LFDA) et les Cahiers antispécistes, auxquelles je consacre une section. La distinction entre ces deux familles est assez claire.

    D’un côté, la LFDA défend un welfarisme modéré qui ne remet pas en cause l’exploitation animale, en particulier l’alimentation carnée, ni le primat de l’homme.

    De l’autre, les Cahiers défendent un abolitionnisme inclusif, c’est-à-dire qu’il intègre un welfarisme non spéciste, qui remet en cause l’exploitation animale et défend le végétalisme.

    Autrement dit, pour reprendre la ligne de séparation tracée par David Olivier dans le tout premier numéro de la revue, la LFDA relève de la « défense animale », tandis que les Cahiers prônent la « libération animale ».

    Par ailleurs, ils offrent depuis longtemps sur leur site internet un grand nombre d’articles et d’extraits d’ouvrages anglo-saxons qui donnent au lecteur francophone un aperçu sérieux du débat anglophone.  

    Il y a, pour finir, une troisième catégorie d’auteurs français, qui s’intéressent à l’éthique animale pour s’y opposer assez frontalement, dénonçant volontiers « l’extrémisme anglo-saxon », caricaturant le plus souvent sans les avoir lus les penseurs d’outre-Atlantique, réduisant leur combat à de la sensiblerie, pour les décrédibiliser, et rappelant sans cesse combien l’amour des animaux peut impliquer « la haine des hommes ».

    Ce sont les humanistes spécistes français, auxquels je consacre également une section (Ferry, Chanteur, Ariès).

    Il y a donc un décalage marqué entre les pays anglo-saxons et la France, celle-ci ayant visiblement des difficultés à faire émerger la question animale comme un sujet digne de considération.  

    Souvent la question du traitement des animaux passe pour un problème sans grand intérêt. Elle est parfois classée comme sous-catégorie de l’écologie, ce qui n’est pourtant pas le cas.

    Quelles sont les raisons de cette spécificité française à l’égard de la question animale ?

    J’en vois au moins trois types.

    Premièrement, des raisons philosophiques, en premier lieu desquelles se trouve l’influence de l’humanisme, qui met l’homme au centre de l’univers, lui subordonne l’environnement (c’est le fameux projet cartésien de « se rendre comme maître et possesseur de la nature ») et se convainc qu’augmenter la considération pour l’animal menacerait le piédestal humain, comme si l’un et l’autre étaient dans des vases communicants, comme si l’on ne pouvait pas travailler à améliorer la situation des deux, dont l’exploitation est d’ailleurs plus imbriquée, voire commune, qu’on ne croit.

    Il y a également l’ethnocentrisme, cette imperméabilité dont je parlais tout à l’heure, qui fait qu’on s’intéresse assez peu aux autres traditions (anglo-saxonnes, mais aussi orientales) qui sont susceptibles de remettre en cause la hiérarchie sécurisante dans laquelle nous avons placé l’homme et l’animal.

    L’exception française est également causée par la manière dont nous concevons la philosophie, souvent confondue avec son histoire comme en témoignent les auteurs français qui n’abordent des questions éthiques pourtant très contemporaines qu’à travers un catalogue d’auteurs illustres, et la dignité du travail intellectuel en général, puisqu’on a tendance, en France, à faire l’éloge de l’abstraction et à mépriser les problèmes trop concrets, à privilégier la forme sur la matière, et donc à placer les questions d’éthique appliquée, dont fait partie l’éthique animale, loin derrière les intrigues autrement plus nobles de la métaphysique. 

    Deuxièmement, des raisons culturelles. Singer, dans sa préface, insiste sur l’importance de la tradition gastronomique française. Je plaisante également en disant que les Anglais ont sans doute moins à perdre à devenir végétariens. Ce qui est à la fois faux (parce qu’on mange très bien en Angleterre) et vrai (puisque les Anglais ne font pas de leur cuisine l’un des aspects fondamentaux de leur identité).

    Il y a également nos exceptions culturelles. Ce sont les exemples bien connus de la corrida, protégée au même titre que les combats de coqs par l’alinéa 7 de l’article 521-1 du Code pénal, comme une exception valable aux lois existantes sur le bien-être animal, lorsqu’une « tradition locale ininterrompue » pourra être invoquée, et du foie gras, qui depuis l’automne 2005 fait partie du « patrimoine culturel et gastronomique protégé en France ».

    Le livre montre à la fois comment les pratiques elles-mêmes sont problématiques et pourquoi le raisonnement qui permet de les protéger est fallacieux, notamment parce qu’il se fonde sur l’appel à la tradition, un sophisme connu depuis deux millénaires sous le nom d’argumentum ad antiquitam : ce n’est pas parce qu’une pratique existe depuis longtemps qu’elle est juste.

    Troisièmement, des raisons politiques. La France, qui a la réputation d’être la lanterne rouge de l’Europe en matière de protection animale, ne doit pas cette situation à l’opinion publique qui, si l’on en croit les sondages, est plutôt soucieuse du bien-être animal, mais plutôt à l’influence des groupes de pression.

    Deux des volets principaux de l’éthique animale appliquée concernent l’élevage et la chasse. Or, la France, premier producteur mondial de foie gras et troisième de volailles, est un pays d’éleveurs et ses chasseurs sont les seuls en Europe à dépasser la barre du million. Ils sont d’ailleurs très fortement – et non proportionnellement – représentés à l’Assemblée nationale.

    Vous avez enseigné l’éthique animale à l’université de Montréal, comment cela s’est-il passé ? Des enseignements analogues sont-ils dispensés dans des universités, écoles ou instituts en France ?

    J’étais chargé de cours au département de philosophie de l’université de Montréal de 2004 à 2007. On m’a proposé un cours d’éthique à la faculté de médecine vétérinaire, particulièrement délicat sur le plan pédagogique puisque les apprentis vétérinaires étaient connus pour être rétifs aux spéculations philosophiques.

    Dans ce genre de situation, lorsque l’enseignant se trouve face à un public étranger à sa discipline, il est important que chacune des parties fasse un pas vers l’autre afin que la rencontre puisse se faire sur un terrain commun.

    J’ai donc limité mon enseignement aux relations entre les hommes et les animaux, dans une perspective assez pratique, qui durant deux ans a pu donner lieu à un véritable cours d’éthique animale au sens où on l’entend dans le monde anglo-saxon.

    Les étudiants canadiens sont assez réceptifs à cette discipline qui, culturellement, ne leur est pas étrangère. Nombreux sont les jeunes déjà bien informés, puisqu’ils lisent l’anglais et ont un accès aisé à la littérature sur le sujet, qui a également pu être abordée dans certains cours du secondaire et du Cégep (lycée).

    Les végétariens ne sont pas rares. Les médias n’hésitent pas à faire une place à l’éthique animale quand l’actualité l’exige. Bien entendu, certains débats sont plus compliqués au Canada qu’ailleurs, la chasse aux phoques par exemple, et des étudiants en médecine vétérinaire habitués à manipuler quotidiennement de nombreux animaux peuvent parfois manquer de recul sur leur propre pratique et développer des tendances mécanistes.

    C’est pourquoi il me semble important que l’enseignement d’éthique vienne de l’extérieur de l’école vétérinaire, afin d’ouvrir les étudiants aux sciences humaines et sociales et compléter leur formation, en évitant le repli sur soi et la réflexion en vase clos.

    En France, il y a généralement des enseignements d’éthique dans les écoles vétérinaires, mais ils sont beaucoup plus spécifiques, souvent limités au strict nécessaire, c’est-à-dire aux seules interactions que le vétérinaire est susceptible d’avoir avec des animaux (de laboratoire, de compagnie, parfois sauvages).

    Il s’agit davantage d’éthique vétérinaire que d’éthique animale. On cherche certainement à améliorer le bien-être animal et la pratique du professionnel, mais je serais surpris qu’on discute beaucoup de l’abolitionnisme, des droits des animaux, ou qu’on puisse remettre en cause l’expérimentation animale. Or, l’éthique animale, c’est cela aussi.

    Quant aux autres disciplines, notamment la philosophie et le droit, il n’y a quasiment aucun enseignement dans les universités, écoles ou instituts en France. Quelques personnes, à l’échelle individuelle, parviennent à aborder ces questions lors de leurs séminaires, par exemple Catherine Larrère à Paris-I ou Florence Burgat à l’EHESS.

    Mais il n’existe pour l’instant aucun cours d’éthique animale en tant que tel, et l’écrasante majorité des étudiants français ignorent tout de cet important domaine qui donne lieu, outre-Atlantique, à des centaines de formations universitaires et à des cours distincts dans près de la moitié des facultés de droit, par exemple.

    On peut donc souhaiter que les débats, réflexions, études et enseignements se développent autour du sujet de l’éthique animale dont la complexité et la richesse sont parfois sous-estimées. M. Jeangène Vilmer, nous vous remercions d’avoir répondu à nos questions.

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    Interview réalisée par Franck Michel

    Maître de conférences à l’université Paul Cézanne (Aix-en-Provence). Thèmes qui me tiennent à coeur : statut de l’animal, droits des animaux, liberté d’expression dans le monde, responsabilité morale dans les choix de consommation : alimentation carnée, commerce éthique et équitable.

    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=39564

  • Des peupliers OGM en Belgique

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    Greenpeace alerte Paul Magnette et ses collègues Onkelinx et Crevits sur les risques d'une autorisation

    BRUXELLES - En Belgique, il est totalement interdit de cultiver des organismes génétiquement modifiés depuis 2002. Un principe de précaution qui risque bientôt d'être battu en brèche. Le Conseil de biosécurité vient en effet de rendre un avis favorable à la culture en plein champ de peupliers transgéniques.

    À charge désormais pour les ministres compétents (environnement et santé publique) de suivre ou non cet avis et d'accéder à la demande du Vlaams Instituut voor Biotechnologie (VIB) de Gand.

    L'idée de départ peut sembler louable, puisque ce projet a pour ambition d'utiliser ces arbres transgéniques afin de produire moins de lignine et faciliter ainsi la production d'agrocarburants, souvent présentée comme la solution aux problèmes des changements climatiques.

    L'essai en plein champ est la dernière étape avant la commercialisation.

    Face à ce projet, Greenpeace a décidé d'alerter les ministres compétents, et les militants se sont rendus hier aux cabinets des ministres Magnette (environnement), Crevits (Région flamande) et Onkelinx afin de faire entendre leur voix.

    « Greenpeace ne s'oppose pas à la recherche scientifique, mais mène campagne contre la dissémination des OGM dans l'environnement, y compris sous forme d'essais en champ. L'essai en champ de peupliers OGM ne débouchera pas sur un mieux pour la collectivité. Au contraire, c'est un pas vers la commercialisation d'arbres transgéniques qui nous éloigne d'une agriculture durable respectueuse de l'environnement et non préjudiciable aux changements climatiques », indique l'organisation qui s'étonne du fait que cet essai grandeur nature pourrait être autorisé alors que le Printemps de l'environnement dispose d'un atelier consacré à la thématique.

    « Cela manquerait de cohérence », conclut Greenpeace.

    M. Ka.

    http://www.dhnet.be/dhjournal/archives_det.phtml?id=820247