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Presse - Page 13

  • Le rappeur Orelsan condamné pour injure et provocation à la violence sexiste (Le Monde)

    Le rappeur Orelsan, Aurélien Cotentin de son vrai nom, a été condamné vendredi 31 mai à 1 000 euros d'amende avec sursis pour injure et provocation à la violence à l'égard des femmes par le tribunal correctionnel de Paris pour certains passages de ses chansons.

    Cinq associations avaient porté plainte contre lui pour huit de ses chansons, interprétées notamment lors d'un concert à Paris le 13 mai 2009.

    "Les féministes me persécutent, comme si c'était d'ma faute si les meufs c'est des putes", scande le rappeur dans l'un de ses titres, qui lui vaut une condamnation pour injure sexiste.

    Pour "renseigne-toi sur les pansements et les poussettes, j'peux t'faire un enfant et t'casser le nez sur un coup de tête", ainsi que "ferme ta gueule ou tu vas te faire 'marie-trintigner' (...)", il a été reconnu coupable de "provocation à la violence à l'égard d'un groupe de personnes à raison de leur sexe".

    Me Alain Weber, conseil des associations qui ont poursuivi le rappeur – le collectif féministe contre le viol, la Fédération nationale solidarité femmes, Femmes solidaires et le Mouvement français pour le Planning familial – s'est déclaré "satisfait pour le combat de la dignité des êtres humains".

    Selon lui, ce jugement de la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris crée une "première jurisprudence" sur le texte sanctionnant "l'incitation à la violence du fait du sexe".

    La ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem a salué "un rappel à la loi bienvenu" et "un signe encourageant pour la société française" montrant que "la tolérance à l'égard des violences faites aux femmes et des stéréotypes sexistes régresse".

    L'avocat de l'artiste, Me Simon Tahar, a déploré que le tribunal ait "permis d'ouvrir la voie large, grave, à la censure de la création artistique".

    En juin 2012, Orelsan avait été relaxé par le tribunal correctionnel de Paris alors qu'il était poursuivi pour "provocation au crime" pour sa chanson Sale pute.

    http://abonnes.lemonde.fr/culture/article/2013/05/31/le-rappeur-orelsan-condamne-pour-injure-et-provocation-a-la-violence_3421847_3246.html

  • Stevan Harnad : « J’ai honte d’avoir été végétarien pendant 50 ans »

    J’ai entendu parler de Stevan Harnad pour la première fois l’hiver dernier alors qu’il signait un plaidoyer pour le végétalisme dans la revue Québec Humaniste.

    Le chercheur, qui est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en sciences cognitives à l’UQAM, y faisait une démonstration troublante : plusieurs personnes cultivent une forme de psychopathie en exploitant les animaux pour leur propre plaisir.

    On sait en effet que les psychopathes ne sont pas troublés par la souffrance des autres êtres vivants.

    Pour atteindre leurs buts, ils n’hésitent pas à faire souffrir les autres.

    Puisque manger de la viande n’est pas nécessaire (Harnad, végétarien depuis cinquante ans et devenu végétalien il y a quelques années, en est la preuve vivante), il concluait simplement son article en affirmant son refus de faire souffrir des animaux pour son plaisir gustatif.

    Il n’est pas carnivore parce qu’il n’est pas psychopathe.

    L’article m’avait marquée par la simplicité et la puissance de son argumentation.

    « Si vous mangez de la viande, ce n’est certes pas parce que la viande est nécessaire pour votre survie, ni pour votre santé : c’est pour atteindre un but qui est à votre goût, peu importe la misère gratuite induite à d’autres êtres vivants, souffrants. »

    Il suffit souvent d’avoir réfléchi sérieusement aux conditions d’élevage ou d’avoir vu des images d’abattoirs pour être touché par cette souffrance.

    Par la suite, des pirouettes intellectuelles complexes deviennent nécessaires au maintien du statu quo, pour continuer de manger son steak « comme avant ».

    Je me suis moi-même longtemps protégée en disant ne pas vouloir savoir.

    Mais lorsqu’on sait, la seule façon de chasser la culpabilité, c’est de modifier ses habitudes alimentaires.

    À moins d’être un émule du Patrick Bateman de Bret Easton Ellis.

    Il y a quelques semaines, Stevan Harnad et moi étions tous les deux invités au colloque Animaux : conscience, empathie et justice dans le cadre du congrès de l’ACFAS.

    Je faisais la conférence d’ouverture; il clôturait la session.

    Je lui témoignais mon admiration pour l’intérêt qu’il portait à la cause animale et j’ai été médusée par sa réponse :

    « Tout ce que j’ai fait dans le passé n’a pas d’importance.

    Ce qui compte maintenant, c’est de mettre fin à l’exploitation animale. »  

    Pourtant, la carrière de Stevan Harnad est enviable : maîtrise en psychologie de McGill, doctorat en philosophie de Princeton, fondateur de la prestigieuse revue Behavioral and Brain Sciences, il est aussi l’un des phares du mouvement pour le libre accès (open access) en édition scientifique.

    J’ai voulu comprendre comment un des plus grands chercheurs du Québec en est venu à s’intéresser à la question animale.

    « Tout ce que j’ai dit était de l’hypocrisie »

    Dès le départ, il s’excuse.

    Il est devenu végétarien à l’âge de 17 ans mais a honte d’avouer que ce n’est que depuis trois ans qu’il est végétalien :

    « J’étais végétarien mais j’avais mis de côté la vraie question qui était la question de base : est-ce vraiment nécessaire de faire ces choses cruelles aux animaux?

    Pendant cinquante ans, je me suis permis de croire que je n’avais pas à convaincre les gens.

    J’ai même honte d’avoir répondu “vive la liberté” à des gens qui me demandaient si ça me gênait qu’ils mangent de la viande.

    Tout ce que j’ai dit était de l’hypocrisie.

    Je le vois clairement maintenant et je veux compenser pour ça. »

    C’est une conférence du juriste David Wolfson qu’il a entendue alors qu’il commençait à cohabiter avec les chats de sa mère décédée qui l’a convaincu de modifier son rapport aux animaux.

    Il reconnaît s’être trompé pendant des années.

    Sur les relations qu’on peut développer avec les animaux comme sur les stratégies à adopter pour convaincre nos semblables d’arrêter de les exploiter.

    La question du nombre d’animaux tués revient d’ailleurs constamment dans le discours du professeur Harnad.

    Ses présentations contiennent toutes le kill counter, où le nombre d’animaux tués défile sous nos yeux.

    Il ne manque pas non plus de rappeler que la croissance de la population humaine est exponentielle, que la quantité absolue de mal que l’on inflige aux autres humains, comme aux autres animaux, augmente sans cesse.

    La quantité de souffrance sur Terre est supérieure à ce qu’elle a jamais été.

    « On fabrique pour plaire à nos goûts des quantités faramineuses d’êtres souffrants. Beaucoup plus que jamais. Ce taux de croissance excède le taux de croissance de nos réformes. »

    D’où l’importance de la question et l’urgence d’agir.

    Alors que plusieurs chercheurs de sa génération préparent leur retraite, Stevan Harnad s’est engagé pour la cause animale avec la même fougue que ceux à qui il enseigne.

    Mais comment fait-on le lien entre toute une carrière de recherche en sciences cognitives et la question animale?

    D’abord, Harnad refuse de théoriser sur les questions animales.

    Il préfère la voie de l’activisme.

    Mais ses travaux lui donnent des pistes pour mieux comprendre les humains qu’il essaie de convaincre.

    « Je m’intéresse à la conscience, mais mes recherches portent surtout sur les origines du langage.

    Je cherche à savoir à quoi servait le langage, quel est son avantage évolutif.

    Comment se fait-il que les gens ne tiennent pas compte des horreurs nécessaires pour remplir leurs assiettes?

    C’est qu’on croit que les animaux qu’on mange ne ressentent rien.  

    Je me demande d’où vient cette croyance.

    D’un côté, c’est lié à la conscience.

    D’un autre côté, c’est lié au langage.

    Si ces animaux-là parlaient, on n’en serait pas là. »

    Et maintenant ?

    Stevan Harnad est optimiste.

    La majorité de l’humanité n’est pas psychopathe.

    C’est plutôt l’ignorance et le déni qui expliquent nos comportements carnivores.

    Il est donc possible de convaincre les gens de modifier leurs habitudes en leur montrant les horreurs qui se cachent derrière nos choix alimentaires et en leur rappelant que l’exploitation des animaux n’est pas nécessaire.

    L’ampleur de la tâche ne lui fait pas peur : celui qui est né à Budapest l’année où on mettait fin à la 2e Guerre Mondiale et qui a étudié la psychologie humaine pendant toute sa carrière est bien placé pour savoir que le monde peut changer.  

    On a envie de le croire et de le suivre.

  • En Allemagne, le véganisme en forte hausse

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    Le journal Le Monde en ligne traite du véganisme en Allemagne.

    L’article commence bien : gros plan sur Veganz, une récente chaîne allemande de supermarchés végans, qui « ne connaît pas la crise », « où se pressaient des centaines de personnes le jour de l’ouverture »  ; avec une description de « son rayon « viandes, saucisses et poissons », entièrement à base de produits végétaux » parmi lesquels « des schnitzels (une escalope panée) à base de protéine de blé, qui ressemblent à s’y méprendre à de la viande ».

    frys_crumbschnitz[1]

    Les fameux simili-schnitzels

    Quelques chiffres :

    • On dénombre en Allemagne près de sept millions de végétariens.
    • Le pays compte environ 700 000 végans. Un végan pour dix végétariens, en somme.
    • Le nombre de végans allemands augmente de 20 à 30 % par an.

    Hélas, trois fois hélas, même dans un article expliquant que les gens se dirigent vers le végétalisme, le journaliste ne peut y croire.

    Et l’article de gloser sur les additifs présents dans les simili-carnés, les traces d’OGM potentielles…

    Avant de conclure sur cette perle :

    « Le salut pour les gourmets végans viendra peut-être de la viande in vitro, fabriquée à partir de cellules d’animaux, sur laquelle travaillent des scientifiques dans le monde entier. »

    (Je serais ravie et satisfaite, pour que cesse la souffrance animale, que l’humanité se mette à se nourrir de viande cultivée in vitro. Mais je n’y toucherais pas personnellement. Au-delà du fait que je me sens bien en ne consommant aucune chair, les bénéfices santé d’un régime végé ne sont plus à démontrer depuis des décennies.)

    Je suis toujours sidérée de voir à quel point les articles qui traitent de végétarisme ou végétalisme ont toujours une conclusion de parti pris où l’auteur, pris d’une panique soudaine à l’idée de se passer de viande, cesse de décrire et se met subitement à freiner des quatre fers en invoquant toutes les raisons qui lui traversent l’esprit.

    Lili Gondawa

    http://www.vegactu.com/actualite/en-allemagne-le-veganisme-en-forte-hausse-5558/

  • Les humains, prédateurs suprêmes, cancer de la Terre

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    Les humains sont le cancer de la Terre.

    Le quotidien Le Monde* a un vocabulaire plus feutré : « L'homme est une espèce prédatrice sous-estimée ».

    C’est en effet l'espèce qui a le plus d'influence sur le fonctionnement des milieux naturels.

    A première vue, la découverte n'en est pas une.

    Les biologistes s'intéressent à la fois au sommet de la chaîne alimentaire (les grands prédateurs) et à la base de la pyramide, la quantité de végétaux disponibles.

    L'ensemble forme ce qu'on appelle « l'équilibre prédateur-proie ».

    Le modèle Lotka-Volterra montre une évolution cyclique.

    Mais l’homme influence aussi bien le mécanisme descendant que ascendant.

    Dans une région au sud de l'Alberta, qui présente une densité de population à peu près équivalente à celle des campagnes françaises, des chercheurs canadiens ont remarqué une double influence humaine.

    D'une part, la production de fourrage liée à l'agriculture et à l'élevage augmente les ressources alimentaires des herbivores.

    D'autre part, en journée, la simple présence de l'homme écarte les prédateurs.

    Résultat : Le nombre d'herbivores augmente et les espèces sauvages sont stressées.

    En France, Florent Mouillot, a établi que les paramètres humains sont dix fois plus influents que ceux liés au climat pour expliquer le déclenchement des incendies.

    Ce n’est pas seulement  les fumeurs ou les pyromanes qui sont malveillants, mais la densité humaine, trop importante, joue un rôle prépondérant.

    Au nombre d’hommes s’ajoute des moyens techniques démesurés de détérioration des chaînes alimentaires, fusils de chasse ou filets de pêche, artificialisation des sols, gaz à effet de serre d’origine anthropique, etc.

    Le résultat, c’est que tous les cycles vitaux sont détériorés.

    Oui, l’espèce humaine est une espèce prédatrice redoutable, oui l’homme est l’animal dominant, oui l’image de l’homme comme cancer de la Terre est une bonne métaphore.

    Mais seulement une métaphore !

    * LE MONDE | 20.05.2013, L'homme, une espèce prédatrice sous-estimée

    http://biosphere.blog.lemonde.fr/2013/05/22/les-humains-predateurs-supremes-cancer-de-la-terre/#comment-5215

    9 commentaires à Les humains, prédateurs suprêmes, cancer de la Terre

    1. Paul Ehrlich, la Bombe « P »(1971)
      « Lorsque des cellules vivantes prolifèrent sans contrôle, il y a cancer ; l’explosion démographique c’est la multiplication sans contrôle des êtres humains. Si nous ne soignons que les symptômes du cancer, le malade peut en être soulagé quelques temps : mais tôt ou tard il mourra, souvent après d’atroces souffrances. Tel sera le destin d’un monde atteint d’explosion démographique si les symptômes seuls sont traités. Nous devons reconvertir nos efforts et tenter l’ablation du cancer Cette opération demandera de nombreuses décisions qui sembleront brutales et sans pitié. La douleur pourra être intense. Mais la maladie a fait de tels progrès que seule la chirurgie la plus énergique pourra désormais sauver le malade. »

    2. L’état de la planète, rapport de l’Institut Worldwatch (1999)
      « Exactement comme un cancer qui étend ses métastases et finit par détruire les systèmes vitaux sur lesquels il repose, une économie en expansion continue détruit de plus en plus rapidement l’hôte qui le nourrit, l’écosystème terrestre. La croissance pour la croissance, c’est l’idéologie de la cellule cancéreuse. »

    3. Yves Paccalet dans son livre L’humanité disparaîtra, bon débarras ! (2006)

    4. « L’homme est un organisme vivant. Comme tous ses homologues, il se reproduit et il consomme. Il a besoin de respirer, de manger… Ce faisant, parce qu’il engloutit beaucoup plus d’énergie et de biens matériels que les espèces sauvages, et parce qu’il prolifère, il détruit à grande vitesse la seule maison dont il dispose : la Terre. (L’humanité disparaîtra, bon débarras ! éditions Arthaud p.19 » « Lorsque, dans un végétal ou un animal, une population cellulaire augmente de façon aberrante, elle déstabilise l’édifice. Elle accapare l’oxygène, l’eau et la nourriture. Les cellules conquérantes ont besoin de celles qui les entourent pour vivre, mais elles les asphyxient, les assoiffent et les affament, tous en les intoxiquant avec leurs déchets. A terme, les envahisseuses ruinent l’édifice dont elles sont une pièce. Elles se suicident. Pour le médecin, une population excessive de cellules prend le nom de « tumeur ». Si le processus de multiplication s’emballe, la tumeur devient maligne : on a affaire à un cancer. Une seule bête colonise en masse la planète entière : l’homme bien sûr ! Nous ne sommes ni le fleuron, ni l’orgueil, ni l’âme pensante de la planète : nous en incarnons la tumeur maligne. L’homme est le cancer de la Terre. Le cancer est une métaphore. Il en existe bien d’autres… p.49 à 5

    5. Al Gore, dans son livre Urgence planète Terre, 2007 : « Nous les humains, exercerions une action pathogène, comme si nous étions une sorte de virus qui irriterait la planète, lui donnerait la fièvre, et menacerait ses fonctions vitales. Les écologistes radicaux assigneraient à notre espèce le rôle d’un cancer généralisé, dont nos villes seraient les métastases et qui, pour nourrir sa propre expansion, priverait le globe des ressources qui lui sont nécessaires pour rester en bonne santé. Le problème de cette métaphore, c’est qu’elle n’indique qu’un seul traitement possible : l’élimination des hommes de la surface de la Terre. 

    6. Dire aujourd’hui que l’Homme est le cancer de la Terre ne revient pas selon moi à faire preuve d’anti-humanisme, au contraire. L’Homme est un cancer au sens où il prolifère au détriment de toutes les autres cellules et où cette prolifération menace l’ensemble de l’équilibre écologique de la planète. Ce constat me semble imparable, aussi désagréable que soit le mot cancer.
      Mais on peut définir l’humanisme autrement qu’à travers une valorisation permanente de notre espèce par elle-même. On peut le définir comme un respect envers l’ensemble du vivant et vers l’ensemble de l’avenir. En ce sens, comprendre qu’aujourd’hui notre prolifération a, dans sa nature comme dans ses conséquences, un caractère cancéreux constitue la première marche peut-être nécessaire vers un humanisme mieux conçu qui engloberait la tendresse pour le monde et qui mettrait sa préservation au premier rang des préoccupations. La guérison n’a probablement pas d’autre voie. Comme cela pourrait être le cas pour un individu, l’excès d’égo dont fait preuve notre espèce finit par poser problème.

    7. Tout le monde s’accorde sur le constat de l’homo sapiens PS (prédateur suprême). Rester là à regarder la tumeur s’agrandir, comme le font tant de reportages et de documentaires actuellement, c’est aussi participer au suicide collectif. Il y a donc urgence à mettre en oeuvre très rapidement la deuxième marche en prenant les mesures politiques qui s’imposent et en passant, par un virage à 180 degrés, d’une politique nataliste à une politique résolument anti nataliste. Les deux mesures urgentissimes à prendre sont la suppression des allocations familiales et la suppression des compléments de retraite pour avoir élevé des enfants. Il faut casser au plus vite l’ »impôt braguette » comme disent si joliment nos compatriotes des départements d’outre-mer !

      Rédigé par : Michel CLAIRE | le 23 mai 2013 à 15:29 | | Alerter |
    8. Merci pour cet article et également à Didier Barthès qui a parfaitement résumé mes propres pensées sur le sujet.

      Rédigé par : Méryl | le 23 mai 2013 à 17:05 | | Alerter |
  • Qui torture un animal nonhumain torture un animal humain

    Devant le siège du magazine allemand "Spiegel".

    LE MONDE | 13.05.2013

    Par Frédéric Lemaître

    Les laboratoires pharmaceutiques occidentaux ont, pendant des années, testé des médicaments sur des habitants de la République démocratique allemande qui, le plus souvent, n'étaient pas au courant de ces pratiques.

    Selon l'hebdomadaire Der Spiegel du 13 mai, plus de 50 000 personnes auraient servi de cobayes.

    En 2010, la télévision publique MDR avait évoqué le chiffre de 2 000 personnes.

    Certaines d'entre elles sont mortes en raison de leur traitement.

    L'hebdomadaire a eu accès à des archives de médecins, mais aussi à celles du ministère de la santé et de l'agence du médicament de la RDA.

    Il fait état de plus de 600 tests effectués en collaboration avec plus de cinquante hôpitaux à travers tout le pays, dont l'hôpital universitaire de La Charité à Berlin-Est.

    Pour les laboratoires, ces essais offraient l'avantage de pouvoir être réalisés beaucoup plus discrètement à l'Est qu'à l'Ouest.

    Pour l'Allemagne de l'Est, l'argent reçu (jusqu'à 800 000 marks ouest-allemands, soit 400 000 euros par test) permettait souvent d'acheter de nouveaux matériels.

    Le système se serait même institutionnalisé à partir de 1983, avec la création d'un Bureau de conseil pour le médicament à Berlin-Est, qui pouvait recevoir jusqu'à 40 représentants de firmes pharmaceutiques occidentales par semaine.

    Selon le Spiegel, les laboratoires Bayer, Schering, Hoechst, Boehringer, Pfizer et Sandoz se sont livrés à ces pratiques dans tous les domaines : chimiothérapie, antidépresseurs, médicaments pour le coeur.

    Plusieurs décès ont été constatés, notamment lors d'essais concernant le Trental, un produit destiné à améliorer la circulation sanguine développé par Hoechst (fusionné depuis avec Sanofi) ou encore lors d'essais du Spirapril, un médicament contre la tension de Sandoz (racheté depuis par le suisse Novartis).

    La plupart du temps, les patients n'étaient informés ni des risques encourus ni des effets secondaires des médicaments absorbés.

    Des comptes rendus de réunions impliquant le groupe Hoechst indiquent explicitement qu'il n'était pas nécessaire d'associer les patients.

    D'ailleurs, parfois, ceux-ci en auraient été bien incapables, comme ces trente bébés prématurés qui, quelques jours après leur naissance, ont reçu de l'érythropoïétine (EPO) testée par le laboratoire Boehringer (racheté par Roche) ou ces alcooliques en pleine crise de delirium tremens à qui a été administré du Nimodipine de Bayer, qui améliore la circulation sanguine cérébrale.

    Aujourd'hui, les laboratoires concernés affirment que les tests ont été effectués en respectant les normes en vigueur, mais que les multiples restructurations dans les entreprises concernées rendent les recherches difficiles.

    De même, l'hôpital de la Charité détruit ses archives au bout de trente ans.

    La pharmacie est loin d'être le seul secteur concerné par ces pratiques peu recommandables.

    En 2012, le géant du meuble Ikea a reconnu avoir eu recours au travail forcé de prisonniers politiques de l'Allemagne de l'Est.

    Ceux-ci avaient raconté avoir subi des mauvais traitements lorsqu'ils ne remplissaient pas les objectifs fixés par l'administration carcérale.

    On évalue à plusieurs milliers le nombre d'entreprises occidentales ayant ainsi recouru à la main-d'oeuvre forcée des pays d'Europe de l'Est.

    http://abonnes.lemonde.fr/europe/article/2013/05/13/l-allemagne-de-l-est-a-fourni-des-cobayes-aux-laboratoires-de-l-ouest_3176085_3214.html#liste_reactions

  • Cessons de nommer "islamophobie" et "blasphème" toute critique de l’islam

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    Le temps est venu de tirer un trait sur le terme « islamophobie », fréquemment employé pour signifier un préjugé contre les musulmans.

    Malheureusement, ce terme s’emploie aussi pour discréditer les critiques de l’islam, lesquels jouent pourtant un rôle nécessaire dans le débat sur les rapports entre l’Occident et la communauté musulmane mondiale.

    La question est importante étant donné que plusieurs pays – le Danemark, la Grande- Bretagne et les Pays-Bas – se voient actuellement contraints à réexaminer leur politiques d’immigration et de culture à la lumière de conflits orageux entre les immigrants musulmans et la population native.

    Ces tensions ont récemment capté l’attention du public à la suite d’une séries de manifestations violentes, dans une vingtaine de pays, contre le film controversé Innocence of Muslims(L’innocence des musulmans).

    Selon plusieurs spécialistes, journalistes et militant-es, les réactions européennes et nord-américaines témoignent d’un préjugé inconvenant que certains ont baptisé « islamophobie ».

    Mais à notre avis, l’utilisation de ce terme, et de ses variantes « islamophobe » et « islamophobique », est non seulement déplacée, particulièrement dans le cas des dissidents néerlandais Geert Wilders et Ayaan Hirsi Ali, mais inappropriée et mérite d’être répudiée.

    Il faut bien sûr reconnaître qu’il existe un certain degré d’hostilité à l’égard des musulmans dans les pays de l’Occident.

    Cette hostilité était bien en évidence lors de la guerre des Balkans dans les années 1990 : l’Occident s’inquiétait bien peu du massacre de nombreux musulmans qui résultait des conflits armés entre les factions ethnoreligieuses qui se disputaient le territoire de Bosnie-Herzégovine.

    L’intervention tardive de l’Occident, en 1995, pour protéger des civils musulmans contre l’agression des croates catholiques et des serbes orthodoxes n’a pas réussi à impressionner favorablement les musulmans du monde.

    Les abus atroces subis par des prisonniers irakiens au centre de détention Abu Ghraib pendant la Seconde Guerre du Golfe, largement condamnés comme des actes de torture, constituent un autre exemple de l’hostilité antimusulmane.

    Mais accuser toute critique d’islam d’être motivée par une haine profonde, basée sur la peur irrationnelle, constitue une erreur sérieuse, qui se manifeste justement par l’usage excessivement fréquent du terme « islamophobie ».

    Au fait, dans ce débat, le seul sentiment que l’on pourrait légitimement qualifier de phobique serait le mépris inconditionnel manifesté par bon nombre de musulman-es envers toute personne qui exprimerait une opinion incompatible avec leur religion.

    Mais nous avons peu d’espoir qu’une formule comme « infidélophobie » puisse devenir d’usage courant dans un proche avenir.

    La construction stratégique du mot « islamophobie », dont la racine est « islam » et non « musulman », a un objectif qui dépasse de loin la lexicologie.

    Ce terme a été conçu d’abord et avant tout afin d’assimiler la croyance religieuse - un choix de comportement -, au concept de race -, une catégorie involontaire.

    Ainsi, la simple et nécessaire critique d’une religion est transformée en un prétendu racisme, provoquant ainsi la réprobation de tous ceux et toutes celles qui s’opposent aux préjugés raciaux mais tombent dans le piège de confondre ces deux phénomènes pourtant complètement distincts.

    Bien entendu, préjuger que l’ensemble des citoyen-nes musulman-es sont suspect-es et indignes de confiance serait comparable à une forme de racisme.

    Toutefois, l’étude et la réfutation de l’islam ainsi que de sa prétendue autorité morale et métaphysique est un projet légitime et nécessaire, entièrement compatible avec une société pluraliste qui valorise la liberté de religion.

    En effet, la liberté de croyance, pour être réelle et universelle, doit forcément comprendre la liberté de critiquer les croyances et les croyant-es, un concept qui semble être étranger à l’idéologie socio-politique de l’islam.

    Au delà de son hostilité pour le libre examen intellectuel, la tolérance aveugle des attitudes anti-Occident qui se manifestent dans l’islam intégriste a des conséquences directes pour la santé et la sécurité de l’Occident.

    Par exemple, les meurtres, les attaques physiques et l’intimidation, dont les hommes gais d’Amsterdam ont été les cibles, perpétrées par des musulmans enragés devant l’homosexualité, le fatwa contre Salman Rushdie pour avoir écrit Les versets sataniques, l’affaire des caricatures danoises, ainsi que les récentes attaques contre les ambassades américaines en Libye et en Égypte sont tous des exemples de violence liée à ces attitudes.

    Nous pouvons être certain-es que si nous nous abstenons d’engager le débat sur les dogmes de l’islam par souci de rectitude politique, il faudra nous attendre à de nombreuses confrontations physiques du même genre à l’avenir.

    Et puisque le terme « islamophobie » traduit la désapprobation d’un tel engagement, il est clair qu’il faut bannir ce terme de notre vocabulaire.

    Au même titre que l’islamophobie, l’utilisation sans ironie du terme « blasphème » et sa promotion comme concept légitime par les apologistes de l’islam constituent une menace certaine pour toute société ouverte et laïque.

    La libre expression est une condition préalable absolument essentielle aux débats qui portent sur les valeurs et la morale.

    Cette liberté d’expression est incompatible avec toute croyance considérée comme sacrée et indiscutable, car on doit permettre même la contestation la plus profane.

    Plus important encore, l’influence sournoise des termes comme blasphème et islamophobie est avilissante et pour les musulman-es et pour les non-musulman-es, et ce, pour deux raisons.

    Premièrement, elle est de connivence avec la volonté de l’islam d’infantiliser ses adhérent-es, leur faisant croire que toute pensée critique en matière de foi serait immorale.

    Deuxièmement, elle se base sur la présomption que les musulman-es, en particulier ceux et celles vivant en Occident, n’auraient pas la maturité intellectuelle suffisante pour voir confronter la critique de leurs croyances, et que la culture de leur communauté se résumerait à des textes et pratiques archaïques.

    C’est la pire des injustices, l’abandon lâche et vil de tout scrupule. Pour corriger cette situation, il faut abandonner cette expression insensée « islamophobie ».

    ***

    À propos des auteurs

    . Jackson Doughart étudie à l’Université Queen’s. Il est conseiller de l’Alliance laïque canadienne et signataire du Manifeste athée de Libres penseurs athées.

    . Faisal Saeed al-Mutar est étudiant à Baghdad, Irak et écrit sur les sujets de religion et de laïcité.

    - Cette traduction du texte original publiée le 26 septembre 2012 dans The National Post a d’abord été publiée sur le site Libres penseurs athées.

    Les auteurs ont autorisé la reproduction de leur article sur Sisyphe.

    http://sisyphe.org/spip.php?article4418

    Mis en ligne sur Sisyphe, le 10 mai 2013

  • "Ma patronne, cette féministe" (Le Monde)

    Sheryl Sandberg, directrice générale de Facebook.
    LE MONDE | 06.05.2013 à 13h20 • Mis à jour le 06.05.2013 à 14h53

    Par Sylvie Kauffmann

    Deux hommes ont compris le rôle des femmes dans l'économie : Muhammad Yunus et Warren Buffett.

    Ils ont, respectivement, 72 et 82 ans.

    L'économiste bangladais et Prix Nobel de la paix Muhammad Yunus a créé une banque de microcrédit pour aider les habitants des zones rurales à sortir de la pauvreté.

    Il a choisi de prêter de l'argent aux femmes plutôt qu'aux hommes car, disait-il, il avait la certitude qu'elles en feraient un meilleur usage.

    Aujourd'hui, 96 % des actionnaires de sa banque, qui a accordé plus de 4 milliards d'euros de prêts, sont des femmes.

    Le financier américain Warren Buffett a été un peu plus long à faire son coming-out.

    Mais cela valait la peine d'attendre : le texte qu'il publie dans Fortune est à la fois ébouriffant et touchant.

    M. Buffett, troisième fortune mondiale, s'émerveille des formidables progrès accomplis depuis 1776.

    Pourtant, note-t-il, ce succès a été atteint en n'utilisant "que la moitié du talent du pays".

    C'est ce qui lui donne confiance dans l'avenir des Etats-Unis : au fur et à mesure que tombent les "barrières structurelles" à la participation des femmes aux décisions, la voie s'ouvre à l'autre moitié du talent.

    "LAVAGE DE CERVEAU"

    Enfin, presque.

    Car, se désole le "sage d'Omaha", "un obstacle subsiste : les limites que s'imposent encore les femmes elles-mêmes".

    Regardez sa grande amie Katharine Graham.

    Sa mère et son mari lui avaient infligé un tel "lavage de cerveau" que lorsqu'elle hérita du Washington Post en 1973, cette femme remarquablement intelligente douta de ses capacités.

    Quelques hommes de son entourage enfoncèrent le clou.

    "Les pressions qu'ils exercèrent sur elle étaient une véritable torture", écrit-il.

    Elle tint bon, heureusement.

    Pendant ses dix-huit ans à la tête du groupe, l'action du Washington Post augmenta de 4 000 %.

    En 1998, un Pulitzer couronna son autobiographie, Personal History.

    Pourtant, jusqu'à sa mort en 2001, "Kay continua à douter d'elle-même".

    Sheryl Sandberg n'a pas croisé Katharine Graham, mais le doute elle connaît bien.

    Elle lui a consacré un livre, Lean In, sorti le 2 mai en France sous le titre En avant toutes (JC Lattès, 250 p., 18 €).

    Directrice générale de Facebook après avoir fait ses armes chez Google, Sheryl Sandberg, 43 ans, y expose une théorie qu'elle défend depuis trois ans dans les universités, les grands-messes d'idées de la high tech et jusqu'à Davos : si le monde continue d'être dominé par les hommes, ce n'est pas seulement à cause du plafond de verre imposé par un système masculin conservateur.

    C'est aussi parce que les femmes, par éducation et parfois par confort, doutent de leurs capacités et manquent d'ambition.

    Plus diplômées et qualifiées que jamais, elles stagnent aux niveaux subalternes dans les hiérarchies.

    Le moment est venu, plaide-t-elle, de "foncer dans le tas".

    La féministe qui fonce dans le tas, c'est la posture inverse de la féministe victime.

    Sous ses dehors parfaits d'executive woman à qui tout sourit - carrière, amour, enfants, argent -, Sheryl Sandberg a infléchi le grand débat du moment pour les femmes ; celui du rapport entre travail et famille.

    La passion des Américains pour ce sujet avait déjà été démontrée par l'ampleur des réactions à un article, paru dans The Atlantic en juillet 2012 d'Anne-Marie Slaughter.

    Aujourd'hui professeur à Princeton, elle a choisi en 2011 de renoncer à un poste important auprès de la secrétaire d'Etat d'alors, Hillary Clinton, au bout de deux ans, incapable de concilier de manière satisfaisante les exigences de ce poste et celles de ses enfants adolescents.

    Pourquoi, demandait alors Anne-Marie Slaughter, "les femmes ne peuvent-elles tout avoir" ?

    La réponse de Sheryl Sandberg est, finalement, assez brutale : elles peuvent, si elles veulent.

    En six semaines, 300 000 exemplaires de son livre s'envolent.

    Dans le New York Times, Anne-Marie Slaughter juge "malheureux" que la DG de Facebook mette plus l'accent sur les obstacles internes qu'externes à la promotion des femmes.

    Au même moment, une autre femme de la Silicon Valley, Marissa Mayer, 38 ans, fraîchement nommée, en pleine grossesse, à la tête de Yahoo!, met les pieds dans le plat.

    A peine arrivée, la nouvelle PDG annonce la fin du télétravail dans l'entreprise, au motif que les gens sont plus innovants en équipe : tous au bureau !

    Cette décision, prise par une femme, lui vaut des critiques d'une rare virulence, qui renforcent le "backlash Sandberg".

    Une étude de la Harvard Business Review, constate, en avril, que le trio Slaughter-Sandberg-Mayer suscite un buzz massif sur les réseaux sociaux.

    Séparément, elles n'y seraient pas parvenues mais, à trois, la masse critique impose le débat.

    Pas toujours à leur avantage.

    Sheryl Sandberg, et plus encore la blonde Marissa Mayer, voix du "féminisme patronal", agacent.

    Elles sont "super-intelligentes", mais "terriblement autoritaires".

    C'est une découverte : les femmes dirigeantes sont autoritaires.

    Sandberg et Mayer ont en plus le défaut d'être devenues riches, ce qui leur retire le droit de parler des mères au travail, un peu comme si Bill Gates, philanthrope, ne pouvait se battre contre la malaria puisque sa fortune l'a préservé de la maladie.

    Pour attirer le talent, Mayer a multiplié la durée du congé maternité par deux chez Yahoo! et offre huit semaines de congé paternité.

    En Allemagne, Angela Merkel, plutôt du genre à foncer dans le tas, a dû s'incliner devant sa ministre du travail, Ursula von der Leyen, et accepter des quotas pour imposer les femmes dans les conseils d'administration.

    Le débat continue.

    On l'attend en France.

    kauffmann@lemonde.fr

    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2013/05/06/ma-patronne-cette-feministe_3171663_3232.html

  • "Refuser d'être un homme : Pour en finir avec la virilité", par John Stoltenberg (éd. Syllepses)

    par M éditeur

    Communiqué

    John Stoltenberg, Refuser d’être un homme. Pour en finir avec la virilité. Avant-propos de Christine Delphy, Mickaël Merlet, Yeun L-Y, Martin Dufresne, Patric Jean

    • Un manifeste contre l’identité sexuelle masculine dominante.


    • Un livre insurrection qui traduit les idées féministes en une vision du monde et une identité morale que les hommes peuvent revendiquer et incarner sans fausse honte.

    L’identité masculine en tant que rapport social doit être transformée : tel est le postulat de ce livre.

    L’identité sexuelle masculine, la pornographie, la suprématie masculine et le militantisme proféministe, autant de questions qu’aborde cet ouvrage devenu un classique.

    Au-delà des « stéréotypes », il montre l’investissement actif dans le pouvoir sur l’autre instillé dans le rapport aux femmes et aux hommes, dans la sexualité et le contrôle social de la procréation et, en fin de compte, dans l’identité sexuelle masculine elle-même.

    Ce livre interpelle tous les hommes qui s’interrogent sur les rapports de genre dominants dans la société.

    Il ouvre l’espoir d’un changement basé sur le consentement, la réciprocité et le respect dans les relations entre les hommes et les femmes.

    Les hommes ont le choix, nous dit John Stoltenberg, ils peuvent refuser l’identité masculine dominante.

    Au moment où se multiplient les tentatives de restauration de la masculinité (ébranlée par le mouvement des femmes), sous le prétexte de rétablir les droits soi-disant bafoués des hommes, John Stoltenberg témoigne de la construction sociale de la virilité dans ses différentes conséquences : viol, homophobie, chosification sexuelle, pornographie, violence conjugale, militarisme et contrôle masculin de la procréation des femmes.

    Ses coups de sonde trouvent dans le quotidien des hommes – homosexuels comme hétérosexuels – des résistances et des accointances avec le projet radical d’une véritable égalité sexuelle, en validant une identité morale intime, qui place la justice au-dessus du plaisir encore éprouvé à « être un homme ».

    Cet essai traduit les idées féministes dans une vision du monde que les hommes peuvent revendiquer et incarner sans fausse honte.

    Sommaire
    Avant-propos de Christine Delphy, Mickaël Merlet, Yeun L-Y et Martin Dufresne

    Partie 1 : Éthique de l’identité sexuelle masculine
    L’éthique du violeur
    Comment le sexe vient aux hommes
    Objectification sexuelle et suprématie masculine

    Partie 2 : Politique de l’identité sexuelle masculine
    Érotisme et violence dans la relation père-fils
    Désarmement et masculinité
    Du fœtus comme pénis : l’intérêt personnel des hommes et le droit à l’avortement
    Qu’appelle-t-on du « bon sexe » ?

    Partie 3 : Pornographie et suprématie masculine
    Sexe et interdit de langage
    Pornographie et liberté
    Affronter la pornographie comme enjeu de droits civiques

    Partie 4 : Militantisme et identité morale
    Militantisme féministe et identité sexuelle masculine
    Les autres hommes
    Violence conjugale et désir de liberté

    L’auteur

    John Stoltenberg, né en 1945, est un militant proféministe américain.

    Il a publié de nombreux ouvrages sur les rapports sociaux de sexe.

    Cofondateur de Men Against Pornography et de Men Can Stop Rape, militant proféministe et compagnon de feue Andrea Dworkin, John Stoltenberg demeure l’analyste le plus attentif de la masculinité contemporaine.

    Refuser d’être un homme. Pour en finir avec la virilité, par John Stoltenberg. Avant-propos de Christine Delphy, Mickaël Merlet, Yeun L-Y et Martin Dufresne

    Parution : 8 mai 2013
    Prix : 24,95 $
    Pages : 272 ; format : 150 x 210
    ISBN : 978-2-923986-72-2
    Collection : Mobilisations

    L’ouvrage a été traduit de l’anglais (États-Unis) par Martin Dufresne, Yeun L-Y et Mickaël Merlet.

    Mis en ligne sur Sisyphe, le 7 mai 2013

    http://sisyphe.org/spip.php?article4417

  • Gaucho, Cruiser, Poncho... : des insecticides retirés 10 ans trop tard (Le Monde)

    Les insecticides sont mis en cause par des ONG et la Commission européenne dans l'effondrement des colonies d'abeilles.

    Triomphe pour certains, amère défaite pour d'autres.

    L'annonce par Bruxelles d'une probable suspension, dès le 1er décembre et pour deux ans, de trois insecticides dits néonicotinoïdes, impliqués dans le déclin des abeilles domestiques (Apis mellifera) et des pollinisateurs sauvages (papillons, bourdons, abeilles solitaires, etc.), a été saluée, lundi 29 avril, comme une victoire par le monde apicole et les organisations de défense de l'environnement.

    Mais elle peut aussi, au contraire, être interprétée comme une cuisante défaite.

    Tardive et pusillanime, la décision de la Commission apparaît plutôt comme le symptôme d'une formidable faillite des systèmes d'évaluation des risques.

    Et, plus généralement, d'un grave défaut de vigilance des pouvoirs publics sur les questions de risques environnementaux – ce même travers qui a conduit au scandale du chlordécone (Le Monde du 17 avril) dans les Antilles françaises.

    De fait, les firmes agrochimiques ne sortent nullement perdantes de leur affrontement avec les apiculteurs et les défenseurs de l'environnement.

    Au contraire.

    Les pesticides aujourd'hui sur la sellette auraient, à l'évidence, dû être retirés du marché voilà de nombreuses années.

    Pour comprendre, il faut savoir que les molécules de la famille des néonicotinoïdes sont les insecticides les plus efficaces jamais synthétisés.

    A cette foudroyante efficacité s'ajoute une autre innovation.

    L'un des principaux modes d'application de ces substances consiste à en enrober les semences avant leur mise en terre.

    La plante sécrète alors le toxique tout au long de sa vie.

    Le traitement n'intervient donc pas ponctuellement, en fonction des attaques de ravageurs : il est permanent.

    Il transforme, par défaut, des millions d'hectares de grandes cultures en champs insecticides.

    Le déploiement de ces technologies – dès le milieu des années 1990 en France – a correspondu, dans le temps, à une forte accélération du déclin des abeilles et des insectes pollinisateurs, ces petites bestioles qui fournissent à l'agriculture européenne un service de pollinisation estimé par Bruxelles à environ 22 milliards d'euros par an.

    Ce n'est que début 2013 que l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a rendu un avis scientifique très sévère sur les fameux néonicotinoïdes (imidaclopride, clothianidine et thiaméthoxame) ; c'est sur la foi de cet avis que la Commission a proposé la mise en oeuvre du moratoire sur ces produits, commercialisés sous les noms de Gaucho, Cruiser, Poncho, etc.

    UN RISQUE INACCEPTABLE POUR LES ABEILLES

    Un tel avis aurait pourtant pu être formulé par l'EFSA à partir du savoir scientifique disponible il y a déjà dix ans.

    En 2001, le ministre de l'agriculture, Jean Glavany, avait réuni un groupe d'experts (le Comité scientifique et technique de l'étude multifactorielle des troubles des abeilles, ou CST), composé de chercheurs d'universités et d'organismes publics de recherche (CNRS, INRA, etc.).

    Dans son rapport, rendu en septembre 2003, le CST avait déjà fermement conclu que l'imidaclopride (commercialisé sous le nom Gaucho) présentait un risque inacceptable pour les abeilles. Sans, bien sûr, écarter la contribution des pathogènes naturels (virus, varroa).

    Surtout, écrivaient les experts, les scénarios d'exposition des abeilles à l'imidaclopride étaient "en accord avec les observations de terrain rapportées par de nombreux apiculteurs en zones de grande culture, concernant la mortalité des butineuses, leur disparition, leurs troubles comportementaux et certaines mortalités d'hiver".

    Le rapport du CST, s'il a conduit à l'interdiction du Gaucho en France, a été ensuite commodément oublié.

    Et ce bien qu'il eut été simple de l'étendre aux autres néonicotinoïdes.

    Le moratoire proposé en 2013 par Bruxelles a donc une décennie de retard.

    Tardif, ce moratoire fait aussi l'impasse sur des faits scientifiques établis par les agrochimistes eux-mêmes.

    Les trois molécules visées ne seront retirées que deux ans, alors que leur persistance dans l'environnement peut excéder plusieurs années.

    Elles ne seront, en outre, suspendues que pour certains usages : elles demeurent utilisées pour les céréales d'hiver au motif que celles-ci ne sont pas au contact des abeilles.

    Les trois néonicotinoïdes continueront donc à s'accumuler et à se disperser dans l'environnement.

    La Commission n'a donc pas complètement pris acte de l'état des connaissances accumulées sur ces nouvelles générations d'insecticides.

    Mais il est vrai que certaines "expertises" ont entretenu le pouvoir politique dans une ignorance "socialement construite" sur le sujet.

    L'histoire des sciences jugera probablement avec sévérité les divers rapports – comme celui rendu en 2008 par la défunte Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) – reprenant à leur compte, parfois dans des conditions d'intégrité discutables, la vulgate des agrochimistes : les troubles des abeilles étant "multifactoriels", les nouveaux produits phytosanitaires n'y joueraient aucun rôle déterminant.

    Il a ainsi fallu plus d'une décennie pour se convaincre qu'organiser la présence permanente, sur des millions d'hectares, des insecticides les plus puissants jamais inventés pouvait éventuellement avoir un effet sur ces insectes que sont les abeilles.

    Il reste désormais à se convaincre de cet autre truisme : ces produits ne disparaîtront pas du jour au lendemain de l'environnement.

    Il faudra bien plus de deux ans avant que les effets de leur retrait ne se fassent pleinement sentir.

    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2013/05/03/les-insecticides-gaucho-cruiser-et-poncho-enfument-la-ruche_3170809_3232.html

  • Les services secrets prédisent l'enfer pour 2030 (Le Matin)

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    Nous sommes de plus en plus nombreux sur la Terre

    ce qui provoque des conséquences alarmantes. (Image : Keystone)

    Surpopulation, guerre de l'eau, manque de nourriture et épuisement des ressources de la planète, un rapport du National Intelligence Council dresse un constat qui fait froid dans le dos pour les années à venir.

    Par Christine Talos

    A quoi ressemblera la Terre en 2030 ?

    Combien serons-nous ?

    Y aura-t-il assez à manger pour tout le monde ?

    Où devrons-nous vivre ?

    Autant de questions qui peuvent être des facteurs d'instabilité dans le monde et auxquelles le National Intelligence Council (NIC) américain vient de répondre dans le rapport Global Trends 2030 publié récemment.

    Crucial

    La question de la démographie est cruciale pour l'avenir de la planète.

    Et la Terre devrait accueillir 8,3 milliards d'habitants en 2030, rappelle l'étude rapportée par Le Monde, contre 7,1 aujourd'hui.

    Mais surtout contre 2,5 milliards en 1950.

    Autant de chiffres qui ont des conséquences pour l'état de santé de la Terre.

    Des conséquences d'abord alimentaires.

    Car la demande en nourriture devrait augmenter de 35% d'ici 2030.

    Or, les rendements agricoles, même s'ils continuent de s'améliorer, n'arriveront pas à répondre à la demande et nous vivons déjà sur les réserves selon le rapport du NIC, le bras analytique et prospectif des services de renseignement américains.

    On consomme plus que l'on produit

    « Au cours de sept des huit dernières années, le monde a consommé plus de nourriture qu'il n'en a produit.

    Une grande étude internationale estime qu'en 2030, les besoins annuels en eau atteindront 6900 milliards de mètres cubes, soit 40% de plus que les ressources durables actuelles », note l'étude.

    Pire encore : le rapport souligne que presque la moitié de la population mondiale vivra dans des régions touchées par la sécheresse, provoquant ainsi de gros risques de guerre pour l'eau.

    Mad Max n'est décidément pas loin...

    En outre, les pays émergents sont en train de changer leur régime alimentaire et consomment de plus en plus de viande.

    Or, la production de viande exige beaucoup d'eau et de céréales également avides de liquides.

    Le rapport souligne aussi que 60% de la population mondiale vivra en ville en 2030.

    Là aussi, les conséquences seront graves pour l'environnement.

    Car l'urbanisation croissante « a conduit à des réductions drastiques des forêts, des changements négatifs dans le contenu nutritif et la composition microbienne des sols, des altérations dans la diversité des plantes et animaux supérieurs ainsi que des changements dans la disponibilité et la qualité de l'eau douce ».

    Bref : l'avenir ne s'annonce pas franchement rose en terme de sécurité alimentaire.

    Reste à savoir comment les Américains, qui ont refusé de s'engager récemment sur la limitation des gaz à effet de serre lors des négociations de Doha, vont empoigner le problème décrit minutieusement cette fois pour leurs propres services de sécurité.

    (Newsnet)

    http://www.lematin.ch/sante/environnement/Les-services-secrets-predisent-l-enfer-pour-2030/story/20903589