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Presse - Page 19

  • "La forêt ne gagne plus de terrain en France" (Le Monde)

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    C'est la rupture d'une tendance historique de plus d'un siècle : en 2008, la forêt a cessé de gagner du terrain en France, après une progression continue pendant plus de cent cinquante ans.

    Ce tournant majeur dans l'occupation du territoire a été observé par les statisticiens du ministère de l'agriculture, dont l'enquête Teruti sur l'utilisation du territoire a été publiée fin 2009 (Agreste, Chiffres et données, n° 208).

    Menée chaque année depuis les années 1960, l'enquête observe l'occupation des terrains sur plus de 300 000 points du territoire.

    En 2008, il est apparu que les sols boisés reculaient (16,946 millions d'hectares) par rapport au relevé précédent (16,974).

    Ce tournant s'inscrit dans un phénomène général et continu de conversion des terres agricoles vers d'autres usages : jusqu'à présent, ce mouvement s'opérait partie par boisement, partie par urbanisation.

    C'est maintenant l'urbanisation, ou "artificialisation des sols", qui absorbe les terres agricoles abandonnées.

    Les chiffres montrent aussi que l'urbanisation des sols s'accélère : de 54 000 hectares par an dans la décennie 1982-1992 à 74 000 hectares par an sur les années 2006-2008.

    Ce rythme dépasse largement la croissance de la population.

    Le sujet est pris au sérieux au plus haut niveau : le 25 janvier, lors de l'émission télévisée "Paroles de Français", Nicolas Sarkozy a ainsi dit : "Nous avons besoin de protéger les terres agricoles, parce que les terres agricoles, c'est l'équivalent d'un département qui disparaît par an, c'est une catastrophe."

    C'est en fait en dix ans que l'équivalent d'un département est absorbé par l'artificialisation, mais le danger est réel.

    "Le gaspillage des terres agricoles continue inexorablement, écrit André Thévenot, président de la fédération des Sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer). L'étalement urbain ne cesse de s'amplifier au détriment des espaces agricoles, forestiers et naturels périurbains, au risque de perturber les équilibres écologiques et territoriaux."

    Un spécialiste du cabinet d'études Solagro, Philippe Pointereau, s'inquiète même pour l'autonomie du pays :

    "Au rythme actuel de perte des terres agricoles, la France pourrait devenir franchement importatrice de denrées agricoles en 2050, et perdre son indépendance alimentaire."

    La cause essentielle du gaspillage de l'espace est le décalage entre le revenu agricole et le prix du foncier : il est toujours plus intéressant de vendre une terre à la construction que de la conserver en culture.

    Ainsi, le prix national des terres et prés libres est d'environ 5 170 euros l'hectare en 2008, selon les Safer.

    Mais si le terrain devient constructible, sa valeur est d'un coup multipliée par quatorze dans la Creuse, par cinquante dans la région toulousaine et même par... trois cents en région parisienne.

    Rares sont d'ailleurs les agriculteurs à tirer profit de cette culbute, puisque plus des deux tiers des exploitations sont en fermage.

    Taxer les plus-values

    Quelles solutions envisager ?

    Des offices fonciers achetant les terres pour la collectivité, comme le recommandait Edgard Pisani dans son ouvrage Utopie foncière, qui vient d'être réédité (Ed. du Linteau, 23 euros) ?

    Ou "un zonage pérenne et généralisé des terres agricoles", comme le souhaite M. Thévenot ?

    Quoi qu'il en soit, le facteur-clé sera une volonté politique de maîtriser cette surconsommation d'espace.

    Les élus locaux sont toujours tentés d'urbaniser, ce qui génère de nouvelles recettes fiscales.

    Le législateur a déjà essayé de freiner cette érosion des terres agricoles, mais en vain.

    La loi SRU de 2000 conférait aux schémas de cohérence territoriale (SCOT) - un document d'urbanisme créé par ce texte - l'obligation de prendre en compte la préservation des terres agricoles.

    "Les SCOT montent en puissance, mais leur couverture nationale n'est pas très forte", note cependant un agent de l'Etat.

    En 2005, les départements ont aussi été dotés de la compétence de protection des espaces périurbains avec un nouvel instrument, les PAEN, leur permettant d'acheter des terres agricoles et de jouer le rôle de bailleur.

    Mais sans succès jusqu'à présent.

    La loi de modernisation agricole, qui doit être discutée au Parlement après les élections régionales des 14 et 21 mars, va également tenter de réduire la consommation de terres agricoles.

    L'objectif en serait, selon le ministre Bruno Le Maire, de réduire de moitié ce gaspillage d'ici à 2020 à travers, notamment, la taxation des plus-values excessives.

  • "De la morale du Vivant au Droit de l’Animal" (Jean-Michel Vernochet)

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    Première partie

    En ce début de siècle, la condition animale reste en France un sujet de préoccupation mineur tant au plan sociétal que sur celui de la morale.

    Pourtant, nul n’ignore plus maintenant que l’animal, et en premier lieu les mammifères, dispose comme tous les vertébrés d’un cerveau et d’un système nerveux complexes.

    Qu’il a, à l’instar de l’homme, la capacité de souffrir, d’avoir du plaisir, des émotions, bref, qu’il a des intérêts propres.

    Que l’instinct (les comportements innés) est malléable et n’est pas cet étroit carcan comportemental que se plaisaient à décrire les biologues d’antan.

    À ce titre et à bien d’autres encore, l’animal a des « droits », c’est-à-dire qu’il doit bénéficier d’une protection contre l’arbitraire, la vilenie et les cruautés dont ne se privent pas les méchantes gens privées de discernement et de cette loi naturelle qui habite tout être doué de cœur et de raison.

    Ajoutons qu’en des temps dominés par le fétichisme du rendement économique et financier, en une époque essentiellement régie par un matérialisme aveugle et triomphant, il est essentiel d’œuvrer et de militer pour que l’animal en général, du plus grand au plus petit, ne soit plus considéré comme une vile matière première destinée uniquement à satisfaire les besoins des hommes et, de ce point de vue, consommable et destructible suivant les seuls caprices du Marché !

    Bien sûr les mentalités évoluent, trop lentement cependant.

    L’intolérance à l’égard de la souffrance animale est toujours considérée comme une sensiblerie déplacée quelque peu infantile et par là inopportune et ridicule ; un « sentimentalisme » moqué voire méprisé !

    Il est vrai que nous vivons à un âge où la jouissance immédiate s’est substituée à l’accomplissement de l’être, autrement dit à l’effort existentiel de perfectionnement des âmes.

    Il est vrai aussi que la reconnaissance des « droits des animaux » est une réforme difficile car elle touche à des conceptions et à des perceptions héritières du rationalisme de Descartes et du scientisme philosophique du matérialisme des Lumières.

    Inutile de dire que considérer l’animal comme autre chose qu’une « ressource » ne peut que contrarier des intérêts puissants, eux-mêmes greffés sur des habitudes culturelles admissibles du temps de l’économie de subsistance mais devenues parfaitement inacceptables au temps de l’exploitation industrielle de la nature.

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    Ainsi le Japon moderne ne parvient-il pas (parce qu’il ne le veut pas malgré la grande influence du Bouddhisme dans l’Archipel nippon) à renoncer à la consommation de viande de baleine présente même dans les soupes populaires, distribuées aux sans-logis dans les parcs de Tokyo.

    Interrogés, les diplomates japonais rétorquent que l’exploitation de la baleine est licite (en fait les tueries de baleines se font pour les Japonais sous couvert de recherches scientifiques qui ont ici bon dos !) et que la « ressource » n’est pas en danger.

    Remarquons que ce qui est réputé « licite » ne coïncide pas obligatoirement avec ce qui est « moral », et que le vivant n’est pas en soi une « ressource » ordinaire et que nous ne sommes plus au temps des sociétés de chasseurs-cueilleurs.

    Qu’il s’agirait par conséquent de rompre avec des pratiques alimentaires qui n’ont plus de justifications aujourd’hui sauf en tant que reliquat marginal. [1]

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    De la même façon, alors que les manteaux de fourrure ont perdu de leur attrait à la suite de campagnes de dénonciation, l’Union européenne n’en continue pas moins à autoriser l’importation massive de Chine des fourrures de chiens écorchés vifs et de chats ébouillantés vivants [2] qui orneront les capuches des parkas ou serviront à fourrer les bottes italiennes de sport d’hiver…

    Cela malgré une intention affichée de restreindre ou de faire cesser ce commerce honteux, il suffit de regarder autour de soi pour constater avec chagrin que les accessoires de fourrure sont plus nombreux que jamais.

    Commerce qui perdure grâce à l’ ignorance du public, ignorance entretenue par les silences de la grande presse qui par ailleurs se lamente de ses pertes de crédibilité et de lectorat.

    Pourtant, tous les espoirs sont permis, car l’histoire a montré que des considérations d’ordre moral ont existé de tout temps, depuis la plus haute Antiquité païenne, même si elles ne sont jamais parvenues à s’imposer avec suffisamment de force (voir dans la deuxième partie de cet article, la note sur la lutte de l’Église catholique, en Espagne et à Rome, au XVIe siècle contre la pratique inhumaine des corridas)… et que la loi d’airain du profit a contrebattues depuis deux siècles, les faisant passer au second plan malgré le dévouement et la constance de nombreuses sociétés de défense et de protection du monde animal.

    Aujourd’hui, l’exigence morale et civilisationnelle de reconnaître des droits fondamentaux à l’animal est une notion qui tend à s’imposer de plus en plus largement, à contre-courant des puissants intérêts financiers que cette idée contrarie.

    Pensons aux normes déjà imposées dans le monde occidental, mais encore trop peu appliquées, quant au « confort » des animaux destinés à la consommation humaine.

    L’idée est là et elle progresse parce qu’elle s’impose d’elle-même, parce que les hommes, malgré la dureté des temps, n’ont pas totalement renoncé à être autre chose que de purs consommateurs, cet homo æconomicus qui est au monde de l’ultralibéralisme ce qu’était l’homme nouveau des régimes collectivistes.

    Un tel changement des mentalités ne pourra et ne devra au final que se traduire par d’impératives et nécessaires réformes législatives.

    Retour sur l’histoire…

    Le Code civil français de 1804 ne considérait l’animal que comme un bien meuble relevant d’un patrimoine et par conséquent d’un propriétaire.

    Or, si le code pénal de 1810 sanctionnait dans certains cas la destruction des animaux, cela n’était qu’en considération du dommage éventuellement subi et en réparation à l’atteinte portée au bien possédé.

    Aujourd’hui encore l’on parle de campagnes de destruction de « nuisibles », les rats par exemple et les pigeons des villes [...], mais aussi des animaux sauvages considérés comme étant en surnombre parce que les chasseurs les voient comme des concurrents et recourent à l’argument massu : « ils font des dégâts », qui résume et justifie tout, surtout le pire comme dans le cas des renards, des hérons mangeurs de truitelles et des chats sauvages, protégés en principe, mais exterminés, en particulier dans les grands massifs forestiers du Jura, de la Côte d’Or ou de la Haute Marne, ou encore des malheureux blaireaux, gazés, lacérés, étripés…

    Depuis l’aube de l’âge industriel, l’homme, qui s’éloigne chaque jour davantage de sa proximité ancestrale d’avec le monde naturel, mène une guerre intensive contre le monde animal.

    Animaux passés du statut d’Ilotes chassables et corvéables à merci sous l’ancien régime [un jour au moins par an les jeunes Spartiates, lâchés dans la nature, lançaient des équipées sauvages contre leurs « vilains »], au statut de « ressources naturelles » - autrement dit, de marchandises – exploitables jusqu’à ce que mort de l’espèce s’ensuive, c’est-à-dire jusqu’à l’extinction.

     

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    Et les choses n’ont fait qu’empirer au long des XIXe et XXe siècles… de l’ivoire des morses ou des éléphants, à l’huile des cachalots et l’ambre gris des baleines, les peaux de tout ce qui portait fourrure ou les parures de la gent volatile destinées aux chapeaux des dames…

    Et, en ce dernier cas, ce ne fut pas un phénomène marginal, puisque, pour cette raison, l’aigrette blanche, oiseau autrefois totem, manqua d’être éradiquée du Nouveau Monde.

    De ce point de vue, l’article 524 établissait concrètement (et tout à fait délibérément) une confusion des animaux et des choses en tant que biens mobiliers en englobant dans le terme d’« objets » à la fois les animaux domestiques et les instruments aratoires utiles à la culture.

    Et dans le cas où l’animal était indispensable au fonctionnement de l’exploitation agricole, comme les animaux de trait, celui-ci ressortait du patrimoine immobilier par destination.

    En 1850, l’action de Victor Hugo[3] aboutit à ce que l’Assemblée Nationale adopte la première loi française consacrée à la protection animale, la Loi du comte Grammont qui était toujours en vigueur un siècle après et souvent invoquée par les tenants de la cause animale et la presse.

    Cette loi sanctionne les brutalités et mauvais traitements envers les animaux domestiques mais dispose, pour que ces actes soient répréhensibles, qu’ils aient été commis en public.

    Il s’agissait ainsi davantage d’une loi « humaniste » qu’« animalière » en ce sens qu’elle ne visait qu’à sauvegarder l’ordre public face à cet objet de réprobation et de colère que pouvait constituer le spectacle d’animaux maltraités.

    Spectacle courant dans nos villes où les chevaux, épuisés à la tâche, étaient fréquemment rudoyés par les commis et les goujats.

    La mentalité juridique ne connaîtra d’évolution notable qu’en 1959 avec le décret qui fait disparaître l’exigence de maltraitance publique prévue dans la loi Grammont et envisage la remise de l’animal maltraité à une œuvre.

    La loi de novembre 1963 va, elle, créer le délit d’acte de cruauté, repris de l’ancien article 453 du code pénal.

    On verra ensuite apparaître dans une loi de juillet 1976 l’allusion – tardive, mais mieux vaut tard que jamais -  à la qualité d’« être sensible », étendue aux espèces sauvages maintenues en captivité… ce qui exclut du bénéfice de la loi les animaux sauvages en liberté qui peuvent de cette façon continuer d’être joyeusement massacrés : pensons aux pratiques toujours d’actualité de la destruction des nuisibles et autres « puants » selon des méthodes particulièrement répugnantes.[4]

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    À partir de cette époque, les tribunaux correctionnels auront la faculté de remettre en cause fermement la notion d’animal-objet issue de la pensée cartésienne [5] et plus généralement de modifier l’orientation juridique française à l’égard du monde animal, celle-ci contrastant fortement avec les mœurs britanniques et germaniques en la matière.

    En effet à Londres, la première association de protection de l’animal remonte à 1821 (Society for the Prevention of Cruelty). Notons toutefois que sous Napoléon III, en 1860, la SPA (Société protectrice des Animaux) fut reconnue d’utilité publique.[6]

    De cette façon, le tribunal correctionnel de Strasbourg dans un jugement du 19 mai 1982, a pu déclarer en s’appuyant sur a loi du 10 juillet 1976 qu’: « un animal dont la sensibilité a été légalement reconnue par la loi […] ne peut être assimilé à une chose ».

    Jugement qui cependant, en principe, conduirait à exclure l’hypothèse du vol en remettant en cause la notion de propriété d’un animal parce qu’alors existerait une contradiction [juridique] entre protection de la sensibilité animale et droit de propriété.

    Étant protégé pour lui-même, l’animal est de fait et par voie de conséquence protégé le cas échéant contre son propriétaire.

    De ce point de vue, il n’existe pas encore de disposition contraignante applicable aux  détenteurs d’animaux domestiques quant à une obligation légale d’assurer le bien-être dicté par les impératifs biologiques inhérents à son espèce.

    Une nouvelle étape est franchie dans le nouveau Code pénal de 1992, lequel ne fait plus figurer les infractions commises au détriment des animaux dans le même chapitre que celui réservé aux infractions contre les biens, marquant une nette distinction entre les êtres vivants  fussent-ils propriété privée et les biens proprement matériels.

    En outre, le maître de l’animal ne possède pas l’abusus à son égard [le caractère « consommable » d’un bien issu du droit romain  pour lequel le propriétaire pouvait librement disposer de ses biens, usus et abusus] mais doit se comporter envers lui selon des normes éthiques encadrées par la loi pénale.

    Pourtant, malgré ces progrès sensibles, le statut de l’animal n’est pas, paradoxalement, aujourd’hui encore, fondamentalement détaché du chapitre des biens meubles et n’est finalement défini que par le critère de « mobilité ».

    Paradoxe que, pour l’animal, la qualité d’« être sensible » n’apparaisse toujours que dans le Code rural [7].

     

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    Un fait lié au militantisme des « œuvres d’assistance aux bêtes d’abattoirs » trop souvent victimes de traitements  ignobles hier comme aujourd’hui encore; ce à quoi s’ajoute la longue lutte antivivisection et pour la protection des animaux d’expérimentation. [8]

    En clair, en droit français, l’animal ne possède donc pas de personnalité juridique, qui seule lui conférerait la capacité de jouissance de « droits » [droit à ne pas être massacrés, torturés, martyrisés, gavés à outrance, incarcérés hors-sol, etc.] au même titre que les humains, personnes physiques, ou que les groupements organisés d’individus, personnes morales.

    La question de savoir si l’animal est ou non un sujet de droit n’est pas donc pas tranchée !

    Sans doute faut-il à ce propos créer une nouvelle catégorie juridique désignant la personnalité animale et les droits qui lui sont attachés.

    À commencer par le droit de n’être pas la victime perpétuelle de l’ignominie d’individus sans foi ni loi, indifférents à la détresse et à la souffrance aussi bien des animaux soumis à leur arbitraire qu’à celles de leurs semblables… une catégorie d’individus transnationale et transculturelle hélas fort nombreuse !

    Pour ce faire, il faut donc impérativement finir par accorder aux animaux un statut juridique spécifique… mais encore faudrait-il sortir de l’épistémè cartésienne et rompre avec l’héritage du droit romain [usus et abusus, res nullius] pour sortir d’une conception dominée par la seule valeur économique - et marchande - de l’animal, et pas seulement de nos animaux domestiques ou des animaux « supérieurs ».

    Traiter les poissons pris dans les chaluts, comme un vulgaire chargement de houille a quelque chose de choquant, comme d’ailleurs toute activité industrielle rapportée au vivant.

    Par extension, il suffirait d’un pas de plus pour légiférer sur un statut juridique, non plus de l’animal uniquement, mais  étendu à l’ensemble du vivant, ce qui est déjà le cas dans la protection d’écosystèmes particuliers et de réserves naturelles.

    Pour conclure provisoirement notre propos…

    Il est maintenant grand temps, en considération des ravages que cause à la nature sa surexploitation industrielle, d’élaborer une véritable « morale du vivant » et  à partir de là, un droit de la vie et à la vie pour les toutes les créatures, grandes et petites, qui constituent le système holistique du vivant.

    Cette démarche ne doit évidemment pas se voir réduire à une manifestation de sensiblerie déplacée ou de sentimentalisme, elle s’impose tout au contraire d’un point de vue strictement praxéologique dans la mesure où l’on sait désormais que les formes de vie apparemment les plus humbles peuvent être aussi la clef de voûte sine qua non de l’architecture biologique.

    Une telle conception des relations de l’homme, des sociétés humaines et de la Nature va évidemment à rebours de la vision trivialement utilitariste et instrumentale selon laquelle la nature est strictement conçue et perçue comme  « ressource » exploitable.

    Il s’agit d’opérer un renversement de l’idéologie ultralibérale - notamment dans sa variante libertarienne [9] - qui fait  marchandise et commerce de Tout ; ce que nous voyons particulièrement avec la montée en puissance du brevetage du vivant et l’appropriation de molécules naturelles (d’origines animales ou végétales) ou de modèles bioniques, lesquels, par définition, appartiennent a priori au patrimoine universel de l’Humanité.

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    Pour ce faire, notons que l’humanité savante et pensante, nos élites et nos oligarchies dirigeantes devront consentir à une nouvelle révolution copernicienne [10] au terme de laquelle l’homme perdrait sa place au centre du monde et rejoindrait une place plus modeste et plus excentrée, certes mais plus conforme à la réalité des choses et du cosmos, dans la galaxie du vivant.

    Un tel retour au réel devrait lui permettre à la fois de mieux gérer son propre destin et la nature dont il est partie prenante (infiniment plus qu’un simple environnement), et de progresser vers une harmonie (intérieure tout aussi bien) ou si l’on veut, un équilibre, sans doute nécessaires à la pérennité de l’espèce humaine elle-même, en tout cas essentiels à la reconstruction de la Civilisation dévastée par tous les excès (criminels) du monothéisme du Marché.

    ***

    Notes

    1- http://www.green-is-beautiful.com.fr/la-chasse-baleiniere-de-la-consommation.html

    2- http://www.fourrure-asie.info/fur_china.pdf

    3 - Victor Hugo accepta la présidence de la ligue Antivivisection en 1883 en déclarant dans son discours inaugural : « La vivisection est un crime ! »

    4- http://www.antichasse.com/cruelle_deterrage.htm

    5- René Descartes est en effet l’un des précurseurs de l’idéologie matérialiste de l’animal-machine réputé (comme pour le « philosophe » Malebranche - dont le chien avait des “poulies mal graissées” lorsque son maître le battait) ne pas ressentir la douleur; courant de pensée vivace qui débouchera et justifiera ultérieurement la vivisection.

    6- http://www.spa.asso.fr/83-un-peu-d-histoire.htm

    7- La loi du 19 novembre 1963 créé le délit d’actes de cruauté envers les animaux et son décret d’application du 9 février 1968 souligne la nécessité de n’entreprendre que des expériences utiles, et de n’utiliser qu’un nombre d’animaux restreints.

    En France, jusqu’à la loi 76-629 du 10 juillet 1976, la faune et la flore étaient considérées comme res nullius, c’est-à-dire, comme n’appartenant à personne.

    Depuis, elles sont devenues patrimoine national et donc de facto protégées.

    En ce qui concerne l’animal, le droit pénal français a évolué d’une conception “animal-bien mobilier” à celle d’animal-être sensible.

    Cependant quelques espèces animales, les espèces “gibiers” ou “nuisibles” peuvent être capturées ou détruites selon des règles précises.

    Le patrimoine naturel national désigne l’ensemble des ressources non produites par l’homme et situées sur le territoire d’un État particulier. http://www.cons-dev.org/elearning/ethic/EA9.html

    8- Au niveau de l’expérimentation animale, des règles ont été établies : USA - Code of Federal Regulations, 1976 ; GB - Universities Federation for Animal Welfare, 1978 ; France - L’Animal de laboratoire au service de l’homme, Congrès international, 1978 ; France - Principes d’éthique de l’expérimentation animale, 1979 ; Canada - Canadian Council on Animal Care, 1980-1984 ; Europe - Commission des Communautés Européennes, 1983 ; France - Bonnes Pratiques de Laboratoire (BPL) dans le domaine de la toxicologie expérimentale, Instruction du 31 mai 1983 et Arrêté du 20 janvier 1986 ; Europe - Convention sur la protection des animaux vertébrés utilisés à des fins expérimentales, 18 mars 1986 et directive 86/609/CEE du 24 novembre 1986 ; France - décret 1987, relatif aux expériences pratiquées sur les animaux suivi de l’institution d’une Commission nationale de l’expérimentation animale ; Europe - Directive 88/320/CEE du 7 juin 1988 concernant l’inspection et la vérification des Bonnes Pratiques de Laboratoire. http://www.cons-dev.org/elearning/ethic/EA9.html

    9- http://fr.wikipedia.org/wiki/Libertarianisme

    10- http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_copernicienne

    Jean-Michel Vernochet

    http://www.terrefuture.fr/de-la-morale-du-vivant-au-droit-de-l%E2%80%99animal-1190

  • Revue : "Offensive" n° 24, "Nature et animalité"

    OFFENSIVE 24
    Trimestriel d¹Offensive libertaire et sociale (OLS)
    décembre 2009, 52 pages, 5 euros

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    Analyses
    Contre l'Europe
    De la guerre à la paix
    L'autonomie contre l'autarcie

    Histoire
    Le bolchévisme contre le peuple

    En lutte
    Pour des livres de papier

    DOSSIER
    Nature et animalité
    Contre l'idée de nature
    Ethique et politique animales
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    Une autre biologie
    Un autre genre d¹aliénation
    Mémoires sélectives
    Oppression des femmes et exploitation des animaux

    Horizons
    Rawa, des femmes afghanes en lutte

    Entretien
    Le travail mort-vivant

    Alternatives
    La case de santé

    Contre-culture
    Livres, Musique ; Arts vivants - cinéma

    http://offensive.samizdat.net/

  • Horreur dans l'Ain (Revermont) : le sanglier adopté par une jument abattu

    Lussie, la petite laie adoptée par une jument comtoise, a été tuée jeudi après-midi par un chasseur / Photo Henri Barth

    La belle histoire qui avait commencé en 2007 à Neuville-sur-Ain a pris fin cette semaine.

    Lussie, la femelle sanglier adoptée par une jument, a été abattue jeudi par un chasseur

    Coup de fusil malheureux ou bêtise, la belle histoire entre une jument comtoise et une petite femelle sanglier s'est terminée, jeudi, du côté de Résignel, sur la commune de Neuville-sur-Ain, de façon tragique.

    Nombreux sont les habitants à pester, contre ce coup de fusil, qui a mis fin à une bien belle histoire d'amour… sauvage !

    Rappelez-vous, c'était le 18 mai 2007, et l'édition du Progrès faisait l'écho d'une bien belle histoire entre une femelle sanglier et une jument comtoise.

    Cette dernière avait pris soin d'allaiter le sanglier, vraisemblablement orphelin.

    Le propriétaire de la Comtoise, Bernard Monnet, avait été le premier à apercevoir cette belle scène d'amour.

    Matin et soir, la femelle sanglier baptisée Lussie par les habitants avait pris ses habitudes.

    Tous les jours, c'était le même manège pour Lussie : elle arrivait vers sa mère jument, tout en grognant, et venait profiter de la couche à côté de cette belle Comtoise qui s'occupait comme une bonne mère de cette bête sauvage adoptée.

    La télévision est même venue sur place, pour révéler cette belle histoire à travers le petit écran.

    C'était un peu l'attraction au village.

    Encore dernièrement, Lussie venait, le soir, voir sa mère jument, en se faisant discrète.

    Elle avait jusqu'à présent été préservée.

    Mais jeudi après-midi, la belle histoire s'est terminée puisque la femelle sanglier a été abattue.

    Bernard, le nemrod de Résignel, ne décolère pas de cette fin tragique.

    « Étant chasseur moi-même [J'espère que cette tragédie, M. Bernard Monnet, vous fera  réfléchir et définitivement renoncer au meurtre des animaux, qui sont des êtres sensibles comme vous et moi, qui ont donc, comme vous et moi,  des droits inaliénables : le droit de vivre, le droit de ne pas être massacrés, le droit de ne pas être exploités, et le droit d'être libres. M. P.], j'avais pris soin de prévenir qu'il fallait préserver cette belle laie et je suis vraiment en colère contre ce coup de fusil idiot ! ».

    http://www.leprogres.fr/fr/permalien/article/2461435,179/Revermont+%3a+le+sanglier+adopt%C3%A9+par+une+jument+abattu.html?xtor=EPR-2-[Le+Progr%C3%A8s+-+L%27actualit%C3%A9+de+l%27Ain]-20091213-[Revermont+%3a+le+sanglier+adopt%C3%A9+par+une+jument+abattu]-51008-20091213082230

  • "Aïd : le jour d’avant" (Mustapha Hammouche)

    http://courirlesrues.blog.lemonde.fr/files/2007/12/aid-1.1197630541.jpg

    Dans une ambiance de kermesse, les montreurs de moutons peuplent de leurs ouailles les espaces nus dans et autour des cités.

    Les abords des routes et des autoroutes, près des villes, sont ponctués de parcs à moutons improvisés.

    Des terrains vagues, et parfois des placettes, sont transformés en bergeries pour les besoins du commerce ovin de l’Aïd.

    Les jours qui précèdent la fête du sacrifice submerge ce qui fait office de milieu urbain de leur lot de bêtes et de fourrages et de déjections. Les gens n’ont de commentaires que sur la qualité de leurs acquisitions respectives.

    Entre les lamentations sur la cherté du bétail, ils jubilent du poids de viande qu’ils comptent obtenir de leur “sacrifice”, se régalant d’avance des mets qu’ils pourront tirer des grasses bêtes.

    Dans un parfait consensus que toutes sortes d’usages nous imposent désormais, nul ne commente le spectacle d’un bouchon routier au niveau d’un marché improvisé, celui d’un troupeau arpentant les rues de quartiers résidentiels ou le concert de bêlements fusant de l’immeuble.

    Blasphème que de s’irriter des dommages collatéraux d’une piété en progrès !

    C’est tout bénédiction pour nous, même si c’est surtout tout bénéfice pour les maquignons.

    Il se trouve que le regain de dévotion s’accompagne de l’éclosion de multiples commerces qui se justifient par leur statut de sous-traitance religieuse.

    Pas besoin de se soumettre à quelque réglementation, à quelque convention d’évolution sur la voie publique ou quelque norme d’hygiène quand le business consiste à satisfaire les besoins des fidèles.

    Et les besoins les plus impérieux semblent correspondre aux deux périodes de l’Aïd et du Ramadhan !

    Ces moments réputés dédiés au sacrifice et à l’endurance se transforment en opportunités d’accomplissement de nos fantasmes alimentaires.

    Autour de ces repères de dévotion, s’est élevée toute une gastronomie de l’abondance.

    Les repas qu’on y conçoit feraient rougir d’envie les plus impies des épicuriens !

    Des agents se contentent de régler une circulation volontairement déréglée par la tolérance des corrals le long des routes.

    On ne sévit pas contre la religion — puisque c’est elle qui endosse beaucoup de nos travers —, d’autant plus que l’État a pris le parti de tolérer ces débordements au lieu de contenir les activités et comportements débridés qui se développent autour du culte.

    Dans deux jours, des trottoirs, des places et des parkings seront barbouillés de sang de moutons qu’on aura égorgés à même le sol, comme de vénérables actes de dévotion.

    Avant le carnage, beaucoup de pères ahuris inviteront leurs enfants qui, depuis quelques jours, ont affectivement investi dans l’agneau, devenu pour eux animal de compagnie, à assister à la tuerie.

    Et comme il faut célébrer les fêtes de la religion d’État, l’ENTV sera là pour filmer et transmettre le “bonheur” des gosses sans se soucier de leur possible traumatisme et la communion du peuple algérien qui, après avoir éclaboussé tout son environnement, s’apprête à vivre quelques jours de bombance parfaitement justifiés par la religion.

    Mustapha Hammouche

    http://www.liberte- algerie.com/ edit.php? id=50594

  • "Le scandale du combat de moutons" (Mustapha Hammouche)

    Avant l'Aïd....jpg

    Comme s’il ne suffisait pas de les égorger, il fallait les obliger à s’encorner.

    À Boumerdès, à El-Achour et sûrement un peu partout dans le pays, les moutons dédiés au sacrifice de l’Aïd ont été forcés à se combattre, les jours précédant la saignée.

    Des après-midi durant, des béliers sont opposés dans des combats parfois sanglants, mais toujours douloureux pour ces bêtes que des humains obligent à s’affronter, jour après jour, pour le plaisir de quelques ahuris et l’intérêt de quelques écervelés attirés par l’odeur du gain.

    Ce combat de moutons cornus, probablement organisés par quelques spéculateurs qui ont senti la bonne affaire dans ce jeu qui, lui aussi, semble réunir les deux carburants qui semblent faire mouvoir notre société : l’argent et la violence.

    Ainsi, une foule de jeunes se réunit, chaque soir, sur un terrain vague, pour suivre des duels de bêtes, encourageant leur favori, hurlant de ravissement et vociférant de colère.

    Les mises reprennent après chaque pause, faisant du symbole sacré du sacrifice d’Abraham le prétexte à une entreprise de jeu.

    Là, l’appât du gain paraît faire bon ménage avec la ferveur religieuse, sous le regard complaisant d’une société et d’autorités qui ont pris l’habitude de ne voir que ce qui les éclabousse.

    On passe son chemin, tant que le scandale est étouffé. 

    Que des badauds se rassemblent pour se distraire de n’importe quoi pour compenser la désertification récréative, cela se comprend.

    Que la tartuferie arrive toujours à concilier l’avidité et la piété, cela se sait.

    Mais qui se développe, dans l’insouciance générale, une mode qui consiste à se divertir et à parier sur la souffrance d’innocentes créatures, déjà promises à l’abattage qui de plus est, est révélateur d’un inquiétant déclin culturel.

    Bien sûr, l’on peut parader en criant les chiffres de la rédemption : des dizaines de milliers de hadjs et des millions de moutons sacrifiés !

    Mais à qui peut-on faire croire que l’ostentation et le zèle de dévotion puisse contrebalancer la descente aux enfers spectaculaire, aux plans politique et culturel ?

    À la fin, c’est soit sa santé morale, soit ses maux sociaux qui marquent le mouvement profond d’une société et le destin d’un peuple.

    Dans la pratique, l’Aïd, une fois passée la prière, tourne au scandale hygiénique et écologique, tant les égorgements sont exécutés presque en tout lieu, y compris sur la voie publique, pour deux ou trois jours voués aux agapes largement commentées au quatrième jour.

    Aujourd’hui, et pour le bonheur de quelques désœuvrés et de quelques parieurs, il faudrait que la bête condamnée soit préalablement et publiquement suppliciée !

    La barbarie ordinaire, celle qui s’attaque à la nature, à la flore et la faune non humaines, avance tranquillement dans cette société qui n’ose plus réagir à ses propres frasques.

    Elle a commis, contre toute raison, la faute irrémédiable de dépénaliser le crime terroriste.

    Aujourd’hui, toutes les infamies revendiquent, devant un tel renoncement, le pardon que mérite un crime mineur dans un système où le crime absolu peut être absout. 

    C’est que la violence est une pulsion entière ; si elle s’exprime contre nous depuis quinze ans, c’est parce que nous l’avions tolérée quand nous nous croyions hors de portée de ses effets.

    Mustapha Hammouche

    http://www.liberte- algerie.com/ edit.php? id=104862

  • Affaires Polanski/Mitterrand : merci, Michel Onfray

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    Enfin un homme qui PARLE... Michel Onfray : merci. M.P.

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    Je vomis sur les amis de Polanski

    Les télévisions ayant levé le siège, les intellectuels de Saint-Germain-des-Prés sont repartis ailleurs distribuer leurs bons points, professer en chaire cathodique et donner des leçons au monde.

    Personne ne sait désormais ce qu’il advient du réalisateur de films présumé coupable d’avoir violé une jeune fille de 13 ans après l’avoir alcoolisée, puis grassement indemnisée pour acheter son renoncement aux poursuites.

    Chacun sait en revanche qu’un ministre ayant payé des jeunes garçons thaïlandais pour jouir enfin, continue à officier dans les palais lambrissés en prenant soin de ne plus intervenir sur rien.

    Ce panier de crabes s’est calmé.

    On va donc pouvoir enfin pouvoir penser un peu sur la question pédophile.

    Peut-on alors renvoyer  les éternels beuglants de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui pérorent depuis si longtemps sur la Bosnie, la Palestine, le Rwanda, la Tchétchénie, Israël, et défendent Roman Polanski, lire la Déclaration des droits de l’enfant du 20 novembre 1959 ?

    Ces compagnons de route de leurs amis pédophiles (j’ai souvenir d’avoir lu et entendu BHL, Finkielkraut, Bruckner, pour les plus visibles, défendre la prescription du crime pédophilique) y apprendraient que les Nations unies, il y a cinquante ans, tout juste, ont signé ce texte concernant les enfants, il est vrai des faibles par nature, le contraire des puissants utiles pour une carrière.

    Cette déclaration méconnue proclame la nécessité d’une protection particulière et celle de soins spéciaux pour les enfants à cause de leur manque de maturité physique et intellectuelle ; elle proclame l’intérêt supérieur de l’enfant ; elle demande qu’il puisse se développer d’une façon saine avec de l’attention, de l’éducation et des soins ; elle invite à tout mettre en œuvre pour qu’il développe ses facultés et trouve sa place dans la société de façon digne ; elle affirme qu’il doit être le premier à recevoir protection et secours ; elle décide que « l’enfant doit être protégé contre toute forme de négligence, de cruauté et d’exploitation, il ne doit pas être soumis à la traite, sous quelque forme que ce soit » (art. 8) ; elle réprouve toute activité qui nuirait à son développement moral, mental, psychique…

    Voilà, me semble-t-il, un programme intéressant : comme les enfants sont [, à l'instar des animaux,] des victimes désignées dans ce monde de prédateurs impunis, des proies silencieuses, incapables de s’organiser en groupe de pression, nullement à même de faire entendre leur voix dans les médias ou de façon publique, encore moins aux prochaines consultations électorales, quelle aubaine pour les marquis de Sade à la petite semaine, les pédophiles du Net, les parents déglingués et autres délinquants relationnels, sinon les violeurs mondains – académiciens, écrivains, cinéastes, membres de jurys littéraires prestigieux, ministres et autres abonnés au Who’s Who !

    Une société ne vaut que par le statut qu’elle accorde à ses marges, à ses minorités.

    Avant-hier, le Prolétariat, les Juifs, les Tziganes ; hier, les Handicapés, les Homosexuels ; aujourd’hui, les Sans-papiers, les Sans logement, les Sans travail, les Sans domicile fixe, les Précaires, les Chômeurs, les Fins de droit ; demain, les Prisonniers ?

    Peut-être, c’est d’ailleurs souhaitable.

    Mais quand les Enfants ?

    Je vomis sur les amis de Polanski…

    Michel Onfray

    Siné Hebdo, 25 novembre 2009

  • Incendie à la faculté de médecine de Limoges : plusieurs morts sont à déplorer

    http://www.droitsdesanimaux-shop.net/images/carte_postale_anti_vivisection_recto.jpg

    Mon courrier à M. Patrice Herreyre en réponse à son article paru dans La Montagne le 22/11/2009

    Monsieur,

    Je prends connaissance de votre article sur l'incendie qui a récemment eu lieu à la faculté de médecine de Limoges.

    Vous écrivez : "Aucune victime, mais le préjudice scientifique est énorme", avant de remarquer plus loin : "les animaux de laboratoire n’ont pas survécu à l’incendie".

    Il y a donc bien eu des victimes : les martyrs torturés par les vivisecteurs de ladite faculté.

    Les animaux non humains sont des êtres sensibles.

    Ceux qui étaient enfermés pour subir des expériences dans les locaux limousins incendiés en sont morts, et je trouve particulièrement scandaleux de voir qu'un journaliste, en 2009, continue à considérer les animaux comme des "choses" au point de ne pas les voir comme des victimes - ici doubles, puisqu'avant de périr par le feu, elles ont été torturées par des "chercheurs" sans âme, qui gagneraient à se tourner vers l'avenir en se détournant du modèle animal pour embrasser les méthodes substitutives à la vivisection, cruelle et scientifiquement non pertinente (voir le site d'Antidote ici : http://www.antidote-europe.org/equipe_fr.htm
    qui ne manquera pas d'intéresser le journaliste que vous êtes).

    En espérant que, sur les animaux, votre regard changera, je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de mes salutations distinguées.

    M. P
    .

    *******************************************************************************************************

    L'article incriminé :

    D'importants moyens ont été déployés, hier, à la faculté de médecine de Limoges, pour lutter contre un incendie qui a détruit l'animalerie.

    Aucune victime, mais le préjudice scientifique est énorme.

    Le feu s’est déclaré dans un local proche de l’animalerie de la faculté de médecine, vers 15 h 30.

    « Nous étions en pleine session de la “Formation médicale continue du Limousin”, explique le Dr Gérard Terrier. Nous avons entendu la sirène d’alarme, nous sommes sortis. Personne n’a été touché. »

    En revanche, les animaux de laboratoire n’ont pas survécu à l’incendie.

    Pour de nombreux services du centre hospitalier, cette perte est irréparable : les études qui étaient menées grâce à eux duraient depuis des mois, voire des années.

    Et ces travaux sont désormais réduits en cendres.

    Prévenus rapidement, les sapeurs-pompiers de Limoges ont déployé un important dispositif.

    La proximité du centre hospitalier universitaire et de ses milliers de malades, de visiteurs et de soignants, rendait indispensable de telles précautions.

    Heureusement, personne n’a eu besoin d’être évacué.

    Le feu ne s’est pas propagé aux autres bâtiments et a rapidement été circonscrit par les pompiers.

    Une enquête devra désormais être menée pour déterminer les causes d’un sinistre sans conséquences humaines mais aux conséquences scientifiques très importantes.

  • Les grenouilles sont plus vivantes avec les cuisses

    grenouille verte.jpg

    Tuer une grenouille pour manger ses cuisses est aussi absurde qu'abattre un éléphant pour son ivoire.

    C'est la position de la Société vaudoise pour la protection des animaux, qui part en campagne.

    Explications.

    Chaque année, les Suisses avalent 120 tonnes de cuisses de grenouilles, dont 90% sont importées d'Indonésie.

    Après la fourrure et le foie gras, la Société vaudoise pour la protection des animaux a lancé le mois dernier une campagne dans le plus grand des cantons francophones du pays, histoire de convaincre ses habitants de boycotter la délicate gourmandise batracienne.

    Ses militants jugent inacceptable le commerce de grenouilles. Manger les cuisse de grenouilles est cruel, nuisible sur le plan écologique, et encourage un gaspillage « choquant ».

    « Une grenouille pèse 125 grammes. Vous lui enlevez les cuisses, qui représentent 20% du poids total, et jetez le reste », selon le président de la Société vaudoise pour la protection des animaux (SVAP).

    Dans le cas du bœuf (50%) et du porc (40%) aussi le gaspillage est grand, mais pas à ce point, ajoute Samuel Debrot.

    Dans sa campagne, la SVPA qualifie le commerce mondial de grenouilles d'absurdité écologique et sociale.

    En Indonésie, premier exportateur mondial (5'000 tonnes), les grenouilles sont capturées et vendues par les agriculteurs qui en tirent un revenu d'appoint.

    « Mais moins de grenouilles, c'est davantage de moustiques et d'autres insectes », explique Samuel Debrot.

    Résultat, les agriculteurs indonésiens sont contraints d'acheter de pernicieux insecticides en grande quantité pour protéger leurs récoltes.

    Raison qui a poussé l'Inde à interdire l'exportation de grenouilles.

    Point de bascule

    Les cuisses de grenouilles fleurissent aux quatre coins du monde, des cafétérias scolaires aux restaurants huppés en Europe, jusqu'aux bancs des marchés et la table familiale en Asie et en Amérique du Sud.

    Selon les experts, un milliard environ de grenouilles sont prélevées de leur milieu naturel pour finir dans l'assiette des humains chaque année.

    La France et les Etats-Unis sont les deux principaux importateurs.

    Quelque cinq millions en font les frais en Suisse, essentiellement dans la région francophone du pays.

    Elles sont importées congelées d'Indonésie et de Turquie.

    La loi suisse par contre, sur place, protège les grenouilles et interdit de les tuer, de les capturer et de les élever.

    A l'échelle mondiale, un tiers des amphibiens sont officiellement en danger, conséquence de la destruction des habitats, du changement climatique, de la pollution et des maladies.

    Et leur commerce qui croît pourrait conduire à l'extinction une partie de ces espèces.

    Certains scientifiques vont jusqu'à craindre que le commerce de grenouilles reproduise la situation des grandes pêcheries.

    « Le fait est que le processus n'est pas graduel", selon Corey Bradshaw, professeur associé à l'institut de l'environnement à l'Université d'Adelaïde, cité par le Guardian.

    « Il y a un point de bascule.

    C'est exactement ce qui s'est passé avec la surexploitation de la morue dans l'Atlantique Nord.

    Avec les grenouilles, on ne dispose d'aucune donnée, aucun traçage, ni gestion du stock.

    Nous aurions dû apprendre de l'expérience de la pêche, mais il semble que ce n'est pas le cas.»


    Fermer boutique

    Sylejman Gjocaj, propriétaire à Payerne du restaurant du Cheval-Blanc, spécialisé dans la cuisse de grenouille, est préoccupé par la campagne anti-cuisses, qui s'ajoute à la récente interdiction de la cigarette dans les établissements publics.

    « Si j'arrête de cuisiner les cuisses de grenouilles, je peux fermer boutique », assure-t-il.

    Huit clients sur dix viennent chez lui pour ses fameuses cuisses au beure, persil, échalotes, accompagnées de frites.

    Un menu qu'il propose depuis quinze ans.

    Ceci dit, Sylejman Gjocaj dit comprendre l'argument du gaspillage et considère l'élevage de grenouilles comme une piste.

    L'argumentation de la SVPA porte sur un autre point encore. De l'étang à l'assiette, les grenouilles endurent des « souffrances injustifiables ».

    Chassées de nuit à la lampe par des agriculteurs armés de filets et de crochets, elles sont capturées et mises dans des sacs par 300, avant d'être transportées sur de longues distances sur lesquelles beaucoup meurent.

    Les grenouilles vivantes sont par la suite découpées et éviscérées.

    Dans la plupart des cas, elles agonisent durant de longues minutes, selon la SVPA.

    Un impact incertain

    « Mais la chose n'est pas aussi cruelle que couper l'aileron des requins avant de les remettre à la mer », compare dans le quotidien 24 heures le propriétaire du restaurant du Tramway à Lausanne.

    Les cuisses de grenouilles de Pierre Meylan sont importées de Turquie par Les Escargots du Mont-d'Or à Vallorbe.

    La Turquie, qui protège les grenouilles durant les trois mois de la saison de l'accouplement, ce qui rend les choses plus écologiques, juge Bernard Fivaz, directeur de l'importateur.

    En Turquie, les grenouilles sont du reste endormies par le froid avant d'être tuées, ajoute ce dernier.

    A ce stade, l'impact de la campagne de la SVPA est incertain.

    Selon un mini-sondage du journal gratuit 20 minutes, 56% des personnes interrogées n'estiment pas cruel de tuer les grenouilles pour les manger.

    De l'autre côté de la frontière suisse, en France, les activistes des droits des animaux ont déjà tenté par le passé de convaincre leurs compatriotes de boycotter la délicatesse française la plus stéréotypique.

    Mais ils ont fait choux blanc, à quelques cuisses près.

    Simon Bradley, swissinfo.ch
    (Traduction de l'anglais: Pierre-François Besson)

    http://www.swissinfo.ch/fre/a_la_une.html?siteSect=109&ty=st&sid=11484440

  • Gary Steiner : "Animal, Vegetable, Miserable" (The New York Times)


    Published: November 21, 2009

    Lewisburg, Pa.

    LATELY more people have begun to express an interest in where the meat they eat comes from and how it was raised.

    Were the animals humanely treated?

    Did they have a good quality of life before the death that turned them into someone’s dinner?

    Some of these questions, which reach a fever pitch in the days leading up to Thanksgiving, pertain to the ways in which animals are treated. (Did your turkey get to live outdoors?)

    Others focus on the question of how eating the animals in question will affect the consumer’s health and well-being. (Was it given hormones and antibiotics?)

    None of these questions, however, make any consideration of whether it is wrong to kill animals for human consumption.

    And even when people ask this question, they almost always find a variety of resourceful answers that purport to justify the killing and consumption of animals in the name of human welfare.

    Strict ethical vegans, of which I am one, are customarily excoriated for equating our society’s treatment of animals with mass murder.

    Can anyone seriously consider animal suffering even remotely comparable to human suffering?

    Those who answer with a resounding no typically argue in one of two ways.

    Some suggest that human beings but not animals are made in God’s image and hence stand in much closer proximity to the divine than any non-human animal; according to this line of thought, animals were made expressly for the sake of humans and may be used without scruple to satisfy their needs and desires.

    There is ample support in the Bible and in the writings of Christian thinkers like Augustine and Thomas Aquinas for this pointedly anthropocentric way of devaluing animals.

    Others argue that the human capacity for abstract thought makes us capable of suffering that both qualitatively and quantitatively exceeds the suffering of any non-human animal.

    Philosophers like Jeremy Bentham, who is famous for having based moral status not on linguistic or rational capacities but rather on the capacity to suffer, argue that because animals are incapable of abstract thought, they are imprisoned in an eternal present, have no sense of the extended future and hence cannot be said to have an interest in continued existence.

    The most penetrating and iconoclastic response to this sort of reasoning came from the writer Isaac Bashevis Singer in his story “The Letter Writer,” in which he called the slaughter of animals the “eternal Treblinka.”

    The story depicts an encounter between a man and a mouse.

    The man, Herman Gombiner, contemplates his place in the cosmic scheme of things and concludes that there is an essential connection between his own existence as “a child of God” and the “holy creature” scuffling about on the floor in front of him.

    Surely, he reflects, the mouse has some capacity for thought; Gombiner even thinks that the mouse has the capacity to share love and gratitude with him.

    Not merely a means for the satisfaction of human desires, nor a mere nuisance to be exterminated, this tiny creature possesses the same dignity that any conscious being possesses.

    In the face of that inherent dignity, Gombiner concludes, the human practice of delivering animals to the table in the form of food is abhorrent and inexcusable.

    Many of the people who denounce the ways in which we treat animals in the course of raising them for human consumption never stop to think about this profound contradiction.

    Instead, they make impassioned calls for more “humanely” raised meat.

    Many people soothe their consciences by purchasing only free-range fowl and eggs, blissfully ignorant that “free range” has very little if any practical significance.

    Chickens may be labeled free-range even if they’ve never been outside or seen a speck of daylight in their entire lives. And that Thanksgiving turkey?

    Even if it is raised “free range,” it still lives a life of pain and confinement that ends with the butcher’s knife.

    How can intelligent people who purport to be deeply concerned with animal welfare and respectful of life turn a blind eye to such practices?

    And how can people continue to eat meat when they become aware that nearly 53 billion land animals are slaughtered every year for human consumption?

    The simple answer is that most people just don’t care about the lives or fortunes of animals.

    If they did care, they would learn as much as possible about the ways in which our society systematically abuses animals, and they would make what is at once a very simple and a very difficult choice: to forswear the consumption of animal products of all kinds.

    The easy part of this consists in seeing clearly what ethics requires and then just plain doing it.

    The difficult part: You just haven’t lived until you’ve tried to function as a strict vegan in a meat-crazed society.

    What were once the most straightforward activities become a constant ordeal.

    You might think that it’s as simple as just removing meat, eggs and dairy products from your diet, but it goes a lot deeper than that.

    To be a really strict vegan is to strive to avoid all animal products, and this includes materials like leather, silk and wool, as well as a panoply of cosmetics and medications.

    The more you dig, the more you learn about products you would never stop to think might contain or involve animal products in their production — like wine and beer (isinglass, a kind of gelatin derived from fish bladders, is often used to “fine,” or purify, these beverages), refined sugar (bone char is sometimes used to bleach it) or Band-Aids (animal products in the adhesive). Just last week I was told that those little comfort strips on most razor blades contain animal fat.

    To go down this road is to stare headlong into an abyss that, to paraphrase Nietzsche, will ultimately stare back at you.

    The challenges faced by a vegan don’t end with the nuts and bolts of material existence.

    You face quite a few social difficulties as well, perhaps the chief one being how one should feel about spending time with people who are not vegans.

    Is it O.K. to eat dinner with people who are eating meat?

    What do you say when a dining companion says, “I’m really a vegetarian — I don’t eat red meat at home.” (I’ve heard it lots of times, always without any prompting from me.)

    What do you do when someone starts to grill you (so to speak) about your vegan ethics during dinner? (Wise vegans always defer until food isn’t around.)

    Or when someone starts to lodge accusations to the effect that you consider yourself morally superior to others, or that it is ridiculous to worry so much about animals when there is so much human suffering in the world? (Smile politely and ask them to pass the seitan.)

    Let me be candid: By and large, meat-eaters are a self-righteous bunch.

    The number of vegans I know personally is ... five.

    And I have been a vegan for almost 15 years, having been a vegetarian for almost 15 before that.

    Five.

    I have lost more friends than this over arguments about animal ethics.

    One lapidary conclusion to be drawn here is that people take deadly seriously the prerogative to use animals as sources of satisfaction.

    Not only for food, but as beasts of burden, as raw materials and as sources of captive entertainment — which is the way animals are used in zoos, circuses and the like.

    These uses of animals are so institutionalized, so normalized, in our society that it is difficult to find the critical distance needed to see them as the horrors that they are: so many forms of subjection, servitude and — in the case of killing animals for human consumption and other purposes — outright murder.

    People who are ethical vegans believe that differences in intelligence between human and non-human animals have no moral significance whatsoever.

    The fact that my cat can’t appreciate Schubert’s late symphonies and can’t perform syllogistic logic does not mean that I am entitled to use him as an organic toy, as if I were somehow not only morally superior to him but virtually entitled to treat him as a commodity with minuscule market value.

    We have been trained by a history of thinking of which we are scarcely aware to view non-human animals as resources we are entitled to employ in whatever ways we see fit in order to satisfy our needs and desires.

    Yes, there are animal welfare laws.

    But these laws have been formulated by, and are enforced by, people who proceed from the proposition that animals are fundamentally inferior to human beings.

    At best, these laws make living conditions for animals marginally better than they would be otherwise — right up to the point when we send them to the slaughterhouse.

    Think about that when you’re picking out your free-range turkey, which has absolutely nothing to be thankful for on Thanksgiving.

    All it ever had was a short and miserable life, thanks to us intelligent, compassionate humans.

    Gary Steiner, a professor of philosophy at Bucknell University, is the author of Animals and the Moral Community: Mental Life, Moral Status and Kinship.

    http://www.nytimes.com/2009/11/22/opinion/22steiner.html?pagewanted=1&_r=1&partner=rss&emc=rss&adxnnlx=1258999957-AA67fq2m3kDPcsdzPn5QOw